Bonne lecture à tous et à toutes :)


Chapitre 5

La poétesse sorcière Gelidaine a écrit un jour « tout échec n'est que le début d'un nouveau défi" en introduction de son recueil Contes éphémères. J'ai relu son ouvrage cette nuit. Deux fois. Pour m'empêcher de pleurer. Et pour me donner du courage pour avancer. N'était-ce pas justement ce à quoi je m'attendais ? Bien sûr. Mais supputer les choses et les voir brutalement surgir dans la réalité sont deux choses très différentes et je crois avoir minimisé l'impact que cette lettre gentille me ferait. Je l'ai relu des dizaines de fois avant de la montrer à Cath. Je ne suis pas vraiment certaine que répondre à Réginald soit dans mon intérêt. Je cherche à l'oublier. A oublier la douloureuse pique qui s'est enfoncée dans ma poitrine pour venir détruire ce qu'il me restait de rêve de romance. A oublier combien il est séduisant quand il dévoile ces fossettes ou quand il se dispute avec James à propos de qui est la meilleure équipe cette année. Pour ma part je mise sans conteste sur celle de Serdaigle. Elle a un capitaine, Théo Harville qui leur a déjà fait gagné deux fois de suite la coupe des Trois Maisons.

Gelidaine refermée, mon lit encore calfeutré derrière les rideaux pourpres, je trempe ma plume dans mon encre. La pose sur le parchemin vierge avant de l'y retirer avec incertitude. Je laisse la plume d'oie caresser mon menton tout en fixant la tache noire figée sur la feuille. Est-ce vraiment une bonne idée ? Il a l'air si sincère et si gentil. Et il a vraiment tenu à ne pas me faire de la peine… Je dois penser à moi, à ce que je veux maintenant que le point final a été apposé sur mes élucubrations fantaisistes. Il a été douloureux mais pas inattendu. Il m'ouvre de nouvelles possibilités en m'en fermant d'autres.

Est-ce que j'ai envie d'être amie avec le garçon dont je suis encore amoureuse ?

Oui.

Mais je ne sais pas encore si c'est pour les bonnes raisons. Je repose ma plume et referme mon encrier. On verra plus tard, rien ne presse. Lui-même n'a pas été trop empressé de me répondre. Je pose ma tête sur mon oreiller, fixant le plafond. C'est peut être un bon départ de me faire de nouveaux amis. Pas que Chris, Marianne et Cath soient de mauvais amis. Ils sont géniaux, même si Marianne a des tendances égocentriques certes… et que Cath vit dans une bulle délirante… et adorable soyons franc. Et même si Chris n'est pas la personne la plus effusive qui soit, il est toujours là pour ses amis. Mais je suis loin d'être très entourée. A vrai dire j'ai toujours eu du mal à m'ouvrir aux autres, le complexe de la timidité n'ayant jamais aidé non plus. Alors peut être que c'est l'occasion de faire connaissance avec quelqu'un sans avoir à me soucier du regard qu'il peut poser sur moi. Après tout, il connaît déjà mon plus gros secret. Qui n'en est donc plus un.

Pas de rougissement. Pas de gorge serrée. Ni de mains moites. Pas de regard baissé. Encore moins des sueurs froides. Il n'y aura plus de Fred la timide. Il n'y aura plus que Fred.

Je rouvre mon encrier.

Cher Réginald,

Tu n'as pas à t'excuser, à vrai dire je savais pertinemment quelle serait ta réponse. Ça a bien sûr été douloureux, mais pas inattendu. Tu ne sais même pas qui je suis, c'est mieux comme ça après tout. Je voulais juste que tu le saches pour que je puisse passer à autre chose. Maintenant c'est fait.

Je serais ravie d'être amie avec toi, mais je ne suis pas sûre de pouvoir te regarder en face en te demandant quel est ton poète préféré sans rougir affreusement. Ça serait gênant pour toi et pour moi. Alors… Peut être pourrions nous juste correspondre par lettres ? Je sais, c'est un peu vieux jeu mais je crois que je ne suis pas capable de te dire qui je suis. Pas tout de suite du moins.

PS : je ne suis pas un garçon, juste au cas où un doute subsisterait

OoOoOo

« On aurait pu aller à la Cabane Hurlante !

- Parce que tu n'y es pas déjà allée avec John ? demandé-je.

- Non, hausse-t-elle des épaules, il voulait aller dans un bar en « sans fantôme pour nous emmerder ». »

J'échange un regard entendu avec Chris. Il n'y a guère que notre Cath pour ne pas se rendre compte que cette excursion à pré-au-lard n'était pas purement innocente. Évidemment qu'il est intéressé, mais je sais qu'elle ne l'a même pas compris. Pourtant ce n'est pas le garçon le plus subtile que je connaisse. Loin de là même. Je pensais réellement qu'il avait abandonné l'idée de la suivre comme un furoncle mais visiblement non, pire encore, il veut sortir avec elle. Non pas que John n'ai pas des qualités, c'est un bon batteur. Je vous l'accorde c'est peu, mais c'est hélas tout ce que j'ai pu trouvé aux vues de son comportement insistant et déplacé envers elle. J'avais espéré qu'à Pré-au-lard Cath se retrouve dans une situation qui l'obligerait à lui dire clairement qu'elle n'est pas intéressée.

A vrai dire, Cath n'a jamais été intéressée par un garçon. Elle peut les trouver beaux et attirants mais ça ne va pas plus loin. La seule chose qui puisse la faire se jeter sur eux c'est la possibilité qu'ils soient des loups-garous ou des vampires ou je ne sais quelle créature sordide et sournoise. Voir Nino Caravelo ci-dessus. Elle fronce les sourcils en passant devant Folk's avant de brusquement animer sa barbaraignée pour se coller sur la vitrine.

« Oh ! Le nouveau manuel illustré de Terreur nocturne des moldus est sorti ! »

Je la regarde, amusée, avant de tourner mon attention sur Chris. Il grimace en tentant d'enlever les morceaux de la barbaraignée de Cath sur sa manche. Du bout des doigts j'en enlève un dernier tandis qu'il s'apprête à demander à Cath de faire plus attention. Elle lui attrape le bras et l'entraîne à sa suite dans la boutique. S'écriant qu'il faut absolument qu'il vienne voir. Je les suis silencieusement avant de constater avec plaisir que c'est l'une des boutiques désertées du village. Je peux donc à mon aise laisser courir ma main sur le rayonnage pour essayer de dénicher quelques trésors de lyrisme. Sans avoir le malaise d'être regardée de travers pour avoir l'orgueil de passer pour supérieure intellectuellement.

Un cri d'exclamation me parvient soudain et je passe la tête par-dessus une étagère pour constater que Cath a vu l'étiquette du prix. Pas qu'elle soit radine, loin de là à mon humble avis. Elle dépense sans compter pour ce qu'elle aime et ne soucie pas vraiment d'économiser. Mais je suppose que depuis l'achat de sa jolie robe pour la soirée de Slug sa bourse a dû sérieusement diminuer. Ses parents lui envoient de l'argent certes, mais quand on a dix enfants… Je glisse ma main dans ma poche pour en sortir mon porte-monnaie avant de l'ouvrir.

« Tiens, je lui tends l'argent.

- Mais Freddy ! proteste-t-elle.

- Prends ! sourié-je, ce n'est pas comme si j'en manquais tu sais.

- Ouais mais bon, grommèle-t-elle sans pour autant prendre la main.

- Ça me fait plaisir, assuré-je.

- Non, secoue-t-elle la tête en le reposant, j'en ai pas vraiment besoin de tout façon ! Où est Chris ? »

Et vivement elle s'éloigne pour partir à la recherche de son meilleur ami. Non vraiment elle n'a pas besoin de ce manuel, elle a des étagères d'encyclopédies et de beaux grimoires dans sa chambre. Mais… j'aime vraiment la voir s'enthousiasmer. Avoir cet éclat excité dans les yeux. Et la savoir heureuse. C'est la Cath que je connais, que je préfère. J'attrape l'ouvrage avant de me diriger vers la caisse. En cadeau, elle ne pourra pas le refuser.

OoOoOo

« Eh salut ! fait Marianne en s'asseyant à notre table, alors, vous êtes allés à la cabane hurlante finalement ? »

Je relève la tête de mon milkshake à la fraise. Elle me sourit largement, visiblement ravie de passer sa sortie à Pré-au-lard avec George en tête-à-tête. Je glisse un regard vers lui, installé nonchalamment sur une chaise, il parle à une fille assise pourtant à une autre table. Un sourire séducteur accroché au visage. Je sais bien que c'est dans sa nature d'être charmeur et de rechercher l'attention mais de là à aller regarder ailleurs en plein rendez-vous amoureux avec sa petite amie. Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, je n'ai certes aucune expérience amoureuse d'aucune sorte, mais Marianne étant mon amie je me dois de la mettre en garde. On dit toujours que dans un couple, une des deux personnes est plus amoureuse que l'autre et j'ai la désagréable impression que c'est Marianne. Ce qui n'est pas étonnant, elle s'investit toujours dans ce qu'elle fait. Parfois avec peut-être trop de ferveur mais c'est toujours en ayant de bonnes intentions. Elle est persuadée, à raison j'en suis sûre, qu'un couple durable est fondé sur l'honnêteté et des sentiments profonds alors elle fait en sorte de donner ça à Willoughby. Mais il ne lui rend pas.

« C'est qui ? glissé-je en désignant la blonde.

- Qui ? fait-elle en se retournant.

- La fille avec qui parle George…

- Oh ! C'est Olivia Crawford ! sourit-elle avant froncer les sourcils. »

Je ne dis rien, la laissant scruter le spectacle désagréable. Je ne sais pas si elle voudrait que je lui caresse l'épaule. Pas tout de suite. Elle se retourne alors vers moi, souriant de toutes ses dents à ma plus grande perplexité.

« C'est rien ! Qu'est-ce que tu vas t'imaginer Freddy ! Tu lis un peu trop de romans ? »

Avec un clin d'œil amusé elle se détourne avec ses bières-au-beurres. Je baisse les yeux, je ne crois pas pourtant me tromper en pensant qu'il n'est plus aussi attentif qu'aux premiers jours et que son regard a la fâcheuse tendance de dériver vers d'autres horizons. Marianne ne veut peut-être pas le voir, elle est si amoureuse de lui. C'est compréhensible, c'est son grand amour. Son premier amour. Elle ne veut sûrement pas voir qu'il n'est peut être pas aussi reluisant, magique, que le laisser entendre les films qu'elle regarde.

Je retourne mon attention à notre table, Chris a les yeux rivés dans la direction de Marianne. Je le fixe avec compassion, les meilleurs d'entre nous ne sont jamais les gagnants. Cath me jette un coup d'œil mais comprend instantanément qu'amener le sujet sur la table ne ferait que nous gâcher le plaisir de cette journée. Je lui souris avant de lever mon verre.

« A nos ASPICS !

- Quoi ?! s'exclame-t-elle. Mais c'est dans longtemps !

- C'est cette année quand même…

- Justement, faut oublier !

- C'est un peu alcoolique comme remarque ça non ? se moque Chris.

- Pas du tout, c'est pragmatique, défendé-je en riant. »

OoOoOo

« Il a failli ne pas être sélectionné dans l'équipe, c'est pour ça qu'il était pas attentionné en ce moment tu vois… Mais ça allait mieux quand on s'est retrouvé tous les deux…, soupire-t-elle d'aise allongée sur son lit. J'étais certaine qu'ils allaient le prendre, même s'il a pas fait une saison super l'année dernière il est très bon ! »

Plongée dans la relecture de ma dissertation d'Histoire de la Magie, j'hoche la tête. Il ne lui en faut pas plus pour qu'elle se lance dans la description non-exhaustive de son rendez-vous.

J'ai toujours eu envie d'aller à un rendez-vous amoureux. Savoir que je plait assez à quelqu'un, que je vais ressentir ces doutes, ce gène, ces petites maladresses qui font surement le charme d'un premier tête-à-tête. Savoir que j'en vaut encore la peine. Inutile de préciser que je fais partie de ses joueurs de la vie éternellement sur le banc de touche, à amener eau, serviette et attention à la poursuiveuse fébrile et essoufflée. Marianne a toujours eu du succès. Et j'ai toujours écouté les moindres détails, même insignifiants, de ses rendez-vous. Je pourrais décrire minutieusement les tulipes écarlates de la théière de chez Suzzie's, le sourire de Benjamin, les tâches de son de Gaëtan ou encore le tic angoissé de Tristan. Comme si j'y avais été, si j'avais passé une heure ou deux à rire avec un garçon séduisant. Comme si je m'étais moi aussi sentie attirante le temps d'une heure ou deux.

J'ai eu un temps la désagréable sensation de vivre par procuration. J'ai sombré dans la morosité et une remise en question sévère. Probablement ma « crise d'adolescence ». Puis j'ai compris que non, je ne vivais pas par procuration parce que je ne me satisfaisais pas des récits de Marianne. Que ça ne palliait pas au désert sentimental de ma vie amoureuse. Mon imagination en était émoustillée, ma curiosité éveillée mais je ne faisais que revivre à travers ses paroles. Je ne les vivais pas.

Je me suis sentie un temps inférieure à Marianne, en suis même venue à avoir de la rancœur envers elle pour m'imposer ainsi sa vie trépidante et me rabaisser au rang de confidente aigrie, frustrée et envieuse. Je me suis reprise, je ne serais jamais comme elle d'une beauté solaire, lumineuse ni d'un caractère explosif et éclatant. Elle n'a jamais voulu me faire sentir inférieure, elle voulait juste se décharger de ses émotions et l'avis d'une amie fidèle. Alors si je ne peux pas être comme elle, je peux en revanche m'assumer et m'améliorer, à mon échelle, en combattant sur mes propres fronts. Gagner des batailles qui ont de la valeur. Relever les yeux pendant une conversation avec des inconnus. Ne pas avoir la voix qui tremble quand Slughorn me demande d'expliquer une potion. Me déclarer enfin à Réginald.

Oscar Wilde a écrit « Soyez vous-même, les autres sont pris ». Je suis timide, le resterais probablement toute ma vie, je suis une amoureuse inconditionnelle de la poésie, d'un charme discret et de nature réservée. Et si même Margaret Thatcher, Donald Duck et Slughorn ont su se trouver quelqu'un, je ne vois pas pourquoi moi j'en serais incapable. Alors je fais des efforts pour me donner la possibilité de rencontrer la bonne personne. Parce que oui, voyez-vous, il me reste encore assez de crédulité pour penser qu'elle existe et que je pourrais alors raconter à Cath comment s'est passé mon rendez-vous galant.

Cath a son petit succès elle aussi, bien que des fois elle ne sache pas vraiment dans quoi elle s'embarque quand un garçon lui demande d'aller à Pré-au-Lard avec lui. Des fois il finit par comprendre qu'elle n'évolue pas dans la même sphère que lui, des fois excédé et impatient il met cartes sur table. Je me souviens de Vincent Malhone qui l'a embrassé brusquement la rendant complètement abasourdie le soir en me racontant ça. La plupart abandonnent malgré la beauté et la gentillesse débordante de Cath, d'autres comme John Thorpes s'acharne avec cette lueur perverse qui me donne bien souvent envie de lui arracher Cath et de l'emmener le plus loin possible de ses sales pattes de mufle. Je lui en ai bien touché deux mots, pour lui expliquer que ce garçon ne voulait pas être son ami et qu'il ferait tout pour qu'elle soit sa copine. Catherine ne m'a pas cru et à vrai dire ce n'est pas étonnant je n'avais pas beaucoup de fermeté dans la voix, j'avais peur de lui faire de la peine.

« Il ne m'a pas encore proposé d'aller au bal de Noël avec lui, soupire Marianne en se retournant vers moi, tu crois qu'il prépare quelque chose de romantique ?

- C'est un peu tôt non ? Le bal n'est pas pour tout de suite… tenté-je.

- Mais c'est important ! fait-elle, le bal de notre dernière année à Poudlard doit être parfait ! »

Elle fait mine de réfléchir avant de sourire rêveusement.

« Si ça se trouve il va me demander ça avec une rose comme dans les films moldus… »

Je dissimule un sourire amusé avant de murmurer.

« Ne te fais peut être pas trop de films, tu sais qu'il n'est pas très romantique…

- ça va s'arranger Fred ! m'assure-t-elle, pour moi il va l'être un peu !

- Derek m'a demandé de sortir avec lui ! s'exclame soudain Pénélope Grazia en déboulant dans notre chambre.

- NOOOON ? bondit Marianne sur elle, c'est trop cool ! »

Et en un instant, tout notre dortoir se met en émulation pour connaître absolument tous les détails pour pouvoir les raconter au reste de Poudlard demain au petit déjeuner.

OoOoOo

Le cours de Potion est salutaire à la réflexion, entre deux gargouillements significatifs de ma potion grip'sou je me plonge avec délectation sous la table dans les poèmes de Lord Byron. La tempête passionnée et harassante qui le déchire me fait tourner fébrilement les pages pour plonger un peu plus dans les méandres de ses tourments. Henry paresse dans son coin en attendant que la potion finisse de bouillir, discutant avec Jason sur le rebondissement inattendu dans le procès Birckman, un mangemort notable dans la dernière guerre.

« Aaaah ! Monsieur Morland ! C'est bien aimable à vous de nous faire la grâce de votre présence ! siffle soudain Slughorn. »

Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, intriguée. James foudroie du regard Slughorn qui reste bouche-bée devant l'insolence de son retardataire. Avant de lui bafouiller dans ce qui semble être un semblant d'ordre.

« Eh bien prenez place, ne restez pas planté là voyons ! »

S'en suit alors une levée de conversations, sans nulle doute dû à l'état dans lequel James est alors qu'il s'assoit à côté de John, devant Henry et moi. Là, mon partenaire de potion s'écrit.

« Bordel James, qu'est-ce qui t'es arrivé ?! »

Je dois avouer que je n'aurais pas mieux dit moi-même. Quoi que sûrement avec des mots différents. James arbore une arcade en sang et une naissance d'hématome au coin de l'œil gauche. En d'autres termes, il est salement amoché.

« Trois casse-couilles qui ont foutu un sortilège chelou sur leurs visages, crache-t-il furieux. J'ai pas vu leurs visages… Je suis sûr que c'est Forbes.

- Forbes ?! écarquille des yeux Henry, Harvey Forbes ?! Tu as vu son uniforme ?

- Non… Mais il paraît que je suis un sang de bourbe, grince-t-il. Cette lavette a trop peur de venir tout seul, un enfoiré ! Je vais te le…

- Monsieur Morland ! Si je tolère votre retard ce n'est pas pour supporter vos bavardages ! »

Je fronce les sourcils, ne sachant trop quoi penser de cette altercation plutôt inattendue. Je glisse un regard vers Catherine qui bouillonne près de son chaudron. Probablement dévorée par sa curiosité légendaire et sûrement par l'inquiétude. C'est son frère jumeau, ils ont toujours été très proches. Elle croise mon regard et je lui adresse un sourire rassurant. Rien qu'un accrochage, un petit accrochage. Elle hoche la tête mais inutile d'espérer qu'elle se concentre sur son grip'sou maintenant. Réginald a lui aussi levé les yeux vers nous, attiré par l'effervescence à la naissance d'une rumeur sans doute. Je rougis brusquement et baisse le nez dans ma potion.

« Bien ! J'espère que vous avez suivi attentivement les instructions, nous allons passés à la dégustation !

- La dégustation ?! s'écrie Harriet.

- Eh oui Miss Smith ! se moque-t-il en reniflant par-dessus son chaudron, j'espère pour vous que vous avez été minutieuse ! Sinon…

- Sinon ? fait-elle d'une voix chevrotante. »

Henry Tilney explose de rire devant sa tête décomposée.