Bonne lecture !
Chapitre 6 :
« Est-ce que tu pourrais donner ça à ton frère de ma part ? me demande Isabelle en me tendant une boîte rouge satinée. C'est ses chocolats préférés… »
J'accepte la boîte avec un sourire attendri. C'est tellement mignon ! Et le tissu est tellement doux ! Je soulève le couvercle et y trouve en effet de nombreuses rangées de petites boules marron clair. Chocolat au lait, fourré de crème d'éclat de noisettes, j'en mettrai ma main à couper ! Pour sûr que mon frère ne pourra résister.
« C'est tellement gentil, Isa ! m'écrié-je en relevant les yeux vers elle. Je peux en prendre un ?
-Oui, rit-elle en arrangeant l'une de ses longues mèches. Je suppose que c'est que justice… après tout, c'est toi qui vas lui porter !
-Bien vrai ! salué-je. Merci ! »
J'attrape l'une des friandises et la fourre dans ma bouche.
« Hummm…, apprécié-je en remuant les épaules. Jamie va les adorer !
-J'espère que ça lui remontera le moral… j'ai appris ce qui s'était passé avec ces Serpentards. Il… enfin, James va bien ?
-Oh oui ! la rassuré-je. Mon frère, c'est un costaud ! C'est rien pour lui, ça ! Un jour, il m'a promis qu'il kidnapperait un troll des montagnes pour moi ! »
Elle a un petit sourire en coin en hochant la tête et je lui demande l'autorisation pour prendre un second chocolat. Elle allait me répondre quand Fred arrive alors pour nous rejoindre dans le Hall. Je l'embrasse sur la joue dès qu'elle est assez proche et je me demande aussitôt si elle a reçu une lettre de Régi pendant la nuit ! Cette relation épistolaire est tellement excitante, elle paraît sortir tout droit d'un des feuilletons qu'on regarde avec Cindy et Maman, le samedi midi, quand je suis à la maison ! Cindy dit que les relations épistolaires comptent parmi les plus romantiques car tout passe par les mots et c'est un lien spirituel qui se forme, en oubliant les apparences et le physique, et tous ces facteurs superficiels… Cindy avait l'air d'ailleurs super jalouse dans sa dernière lettre, répétant combien Fred avait de la chance ! Et Cindy, c'est une experte, attention.
« Salut, Fred ! Comment tu vas ? lui demande Isa.
-Pas encore très bien réveillée… Qu'est-ce que c'est, Cath ? m'interroge Fred en pointant du doigt la boîte.
-Oh ! Des chocolats qu'Isa m'a donnée ! T'en veux ?
-Euh… Cath… c'est pour James, rappelle-toi !
-Oh, t'en fais pas, Isa ! rassuré-je Isa tout en présentant la boite à Fred. On est huit à la maison, Jamie a appris à partager ! »
xOxOxO
« Pourquoi il en manque la moitié, là ?
-Hum ? C'est pas la moitié, ça ! J'en ai juste donné à Fred et Chris ! Et deux à John ! Oh et juste un tout petit à une petite Serdaigle qui pleurait parce qu'elle avait eu un T en Histoire… mais ça fait pas la moitié, ça ! Compte, tu vas voir, l'encouragé-je en m'asseyant à côté de lui dans le canapé. Je dirais que t'en as encore les deux-tiers, même...
-COOL, raille-t-il en me jetant la boite sur les genoux. Bouffe tout, d'façon, je m'en fous, j'en veux pas de sa merde…
-Quoi ? T'es fou ! Ils sont délicieux ! lâché-je, incrédule. Elle a dit que c'étaient tes préférés !
-Ouais, encore une autre bonne raison pour pas me les gâcher, grogne-t-il en se touchant son arcade blessée. Après, je vais me mettre à penser à elle quand j'en mangerai… elle m'a déjà suffisamment gâché la vie comme ça. »
Je soupire et pose la boite à ma gauche, sur un coussin jaune. Mon frère jumeau se gâche la vie tout seul, aussi, c'est le meilleur pour ça. Il prend toujours tout à cœur. Je ne l'ai jamais vu lâcher le morceau, même quand il était question de qui prendrait la dernière part de tarte à la mélasse. Et il prend parfois des semaines avant de pardonner ! Mais je pensais quand même qu'il se laisserait attendrir par une magnifique boîte de chocolat.
« Tu devrais même les vendre, fais-toi donc de la thune sur mon cœur brisé, Cathouille, ça me fait plaisir, ironise-t-il. Et après quand je me serai suicidé, j't'autorise même à me gratouiller le foie et les tripes pour que tu puisses faire mumuse une dernière fois...
-Bah qu'est-ce que j'ai fait ?
-Tu t'empiffres les chocolats que ma salope d'ex infidèle t'a filé pour m'acheter ! »
Je roule des yeux en riant. Il voit vraiment le mal partout, c'est dingue. D'une main, j'attrape un chocolat et je le mâchouille avec bonheur devant son air dégoûté.
« Au fait, t'as encore mal à ton arcade ? m'enquis-je.
-A ton avis ! s'agace-t-il. Mais ils doivent morfler bien plus que moi, ces chiens, crois-moi… ils étaient peut-être trois mais ils ont pris cher !
-Je sais ! Tu m'as raconté ! m'enthousiasmé-je. T'es vraiment trop fort, Jamie !
-Ouais, j'sais…, fait-il avec un sourire satisfait. Mais Dylan m'a dit que j'étais pas le premier à qui ils s'en prenaient…
-Dylan ?
-Ouais, t'sais, le mec à Poufsouffle. Greyjoy, là, Dylan Greyjoy. Ils s'en sont déjà pris à lui aussi…
-Pourquoi ?
-Parce que c'est des putains de fils de mangemort, Cath ! Ils ont pas avalé que leurs parents se sont fait massacrer ou pourrissent à Azkaban ! »
Je me passe la langue sur ma lèvre, en réfléchissant. Alors, ce serait parce qu'on est né-moldus qu'ils ont frappé mon frère ?
« Fais gaffe, Cathouille… ça chauffe ces temps-ci pour les gens comme nous. Si tu croises des Serpentards en bande quand t'es toute seule, tu cours, c'est clair ?
-Dacc ! affirmé-je avec un grand sourire. J'suis trop bonne en sprint, en plus !
-Ouais ! Surtout quand tu m'as chouré un truc que tu veux pas que je récupère ! Et arrête de bouffer ces chocolats !
-Mais t'en veux pas ! me défendé-je. Faut bien les manger ! C'est trop bon, ce serait du… »
Il m'arrache la boite des mains et l'envoie d'un geste de poignet dans les flammes de la cheminée qui avalent les pauvres chocolats d'Isa sans même une arrière-pensée. Quel gâchis, me lamenté-je en me pourléchant les lèvres encore sucrées.
« Fred et Chris les adoraient…
-Ouais, bah vous avez qu'à vous taper Isa ! C'est pas trop compliqué, visiblement ! En attendant, vous aurez pas mes chocolats !
-T'avais dit que je pouvais les manger ! Et même les vendre ! lui rappelé-je avec accusation.
-Ahah, c'était un test ! T'aurais dû refuser ! Sœur indigne. »
Sœur indigne ? C'est qui celui qui affame l'autre, déjà ? C'est lui le frère indigne…
xOxOxO
« Le bal, c'est trop loin ! J'ai vraiment trop hâte ! »
J'ai un petit sourire face au soupir déçu et excité à la fois de Marianne tandis qu'on marche en direction de la Grande Salle, après notre cours de Potion. Les autres filles ne perdent pas un instant pour joindre les lamentations de Marianne et mon regard se perd devant nous, courant sur les armures et les tapisseries qui décorent le couloir. Jamie m'a dit qu'il allait bien « kiffer » au bal avec son air de Grand Méchant Loup, alors j'ose espérer qu'il mettra un truc drôle dans les boissons ou retournera la pièce à 90°, ou lâchera des araignées géantes et des lutins… ce serait tellement drôle…
« C'est surtout l'after du bal qui sera intéressante…, ajoute Fanny sur un ton coquin.
-Oh, arrête, Fann ! rit Marianne.
-Quoi, arrête ? C'est pas que moi qui le dis… et puis, si je sortais avec Georges, moi aussi j'attendrais avec impatience la fin de la soirée…
-T'es pas croyable ! Avec Fred, on est des vraies romantiques ! assène Marianne en attrapant Fred par le bras. Et ce sera la plus belle soirée de toute notre scolarité ! »
Fred rigole doucement en la regardant et je souris. C'est vrai que c'est une belle paire de romantiques ! Même si elles n'appartiennent pas vraiment à la même catégorie… Marianne est plus passionnée et convaincue. Elle n'a jamais cet éclat de tristesse dans le regard quand on parle d'amour comme je le surprends parfois dans celui de Fred. Fred, elle aussi, elle sait ce qu'elle veut mais elle ne serait pas prête à tout pour ça, parce qu'elle est plus douce, plus réfléchie et moins égoïste.
Je me mordille la lèvre, songeuse, en me tournant vers Chris qui, comme à son habitude, nous attendait à la fin de notre cours. Il marche avec raideur et sa mâchoire est crispée. Il ne regarde personne, se contentant de marcher à notre hauteur, mais là encore, je la vois, cette lueur douloureuse. Je lui prends la main et il tourne vivement la tête, vers moi, étonné. Je lui souris, passant son bras moi-même autour de mes épaules, en me faisant la remarque que je préfère mille fois ma Freddy-romantique que la Marianne-romantique… Je sais que Fred, même épanouie avec Régi, jamais elle ne parlerait de son bonheur devant un garçon qui l'aimerait autant que Chris aime Marianne. C'est moche d'être aussi égoïstement romantique.
« Et si on allait voir l'entrainement de Jamie, ce soir, Chris ? lui proposé-je. Parfois, y'en a qui tombe… le plus souvent, ils s'assomment contre les anneaux ou les gradins, mais c'est drôle quand même !
-Ouais…, fait-il avec un vague sourire. Pour qu'on passe pour des groupies, après…
-Bah oui, et alors ? »
J'aime mon frère, il est trop fort, c'est le meilleur, bien sûr que je suis sa groupie !
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Je tourne une page de Simetierre, frissonnant encore de la dernière phrase et trépignant de lire la suite. Merlin, que Stephen King a une belle imagination ! Et ses personnages sont toujours tellement intéressants, je rêverai de les rencontrer en vrai ! Qu'ils me racontent ce que ça provoque à l'intérieur de vivre de pareilles choses… quelqu'un qui est mort et qu'on aime tellement que l'on ne peut l'accepter et qu'on fait revenir à la vie… quelle horreur ! Je me triture une mèche de cheveux, en dévalant les lignes du regard, absorbée.
Puis la sonnerie retentit, coupant notre fantôme de professeur dans sa longue narration de la Grande Guerre Sorcière. Il n'a vraiment pas le talent de Stephen King ! Même lorsqu'il raconte des atrocités, sa voix reste fade et insipide, c'est ennuyeux à souhait… Je lui ai demandé un jour ce que ça faisait d'être un fantôme et s'il comptait passer le reste de l'éternité à déblatérer les mêmes choses, génération d'élèves après génération, s'il n'avait pas d'autres dessins lugubres, peut-être une vengeance ou alors des personnes à hanter ? Il m'a regardé pendant dix longues secondes avec ses yeux transparents puis, sur son ton neutre, il m'a demandé si j'avais bien tout appris sur la Révolution numéro huit-cent milles quarante et une des Gobelins. Vraiment inintéressant pour un fantôme.
Je ferme mon livre et attrape ma sacoche en cuir pour la poser sur ma table, et ranger mes affaires. Mais je suis surprise d'entendre la voix de notre professeur s'élever. D'habitude, il nous laisse partir sans ne plus rien ajouter, traverse le mur du fond et disparaît je-ne-sais-où.
« Madame la Directrice a prévu une sortie pédagogique dans un musée du temps de la Grande Guerre pour illustrer ce cours, vous êtes priés de faire signer ces autorisations par vos tuteurs légaux… »
Une feuille se pose sur ma sacoche et j'échange un coup d'œil avec Fred. Génial, la fameuse sortie de la GG… chaque année, on y a droit… c'est bien simple, le musée, on le connaît par cœur. Et en plus, il est politiquement correct. Aucune photographie de blessés, pas une écorchure, rien… et il y a toujours des élèves qui passent la journée à pleurer leurs proches morts… alors que moi, pendant la guerre, j'étais juste à la primaire de Mullburd, à jouer dans la cour de récré avec Jamie et Cindy, alors, la seule guerre que je connaissais, c'était celle à coup de gravillon, de bombe à eau et de pâte à modeler ! Je passe la journée à les regarder et à me demander ce que ça fait d'avoir perdu une personne que l'on aime, à me demander si moi aussi je pleurerais à leur place si jamais j'étais amenée à arpenter les pièces d'un musée qui illustre le décor de leur mort.
Je me lève et sors de la salle, en suivant Fred. Elle se retourne vers moi après avoir passé la porte, sur le point de me dire quelque chose, lorsque c'est John qui se plante devant moi. Il m'attrape le poignet avec un « faut que je te parle, poupée ! ». J'ai à peine le temps de faire un petit geste de la main à Fred qui a déjà son fameux air John-me-casse-les-potirons plaqué sur le visage. C'est assez étrange venant d'elle qu'elle témoigne une telle répulsion envers quelqu'un. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle est une philanthrope absolue, amoureuse de l'être humain et de chaque individu, mais elle est quand même très tolérante. Mais John, ah John, elle ne l'aime pas du tout ! Plusieurs fois, elle m'a conseillé de l'éviter… Allez savoir pourquoi !
On vire à gauche, au premier croisement, et il s'arrête. Je m'arrête en m'apprêtant de lui demander ce qu'il y a mais il me pousse contre l'un des murs. Je l'observe avec étonnement tandis qu'il me fixe avec ses yeux marron. Il n'est pas très-très grand –moins grand que mon frère, ça c'est sûr, et encore moins que Henry- mais il arrive quand même à me surplomber de dix bons centimètres… ce qui, d'aussi proche, là, bloquée entre lui et le mur contre mon dos, parait tout de suite énorme. Une sensation bizarre se répand dans mon ventre et je me mords la lèvre.
« John…, dis-je.
-J'veux que tu sois ma copine, poupée. On a assez tourné autour du pot.
-Quoi ? m'enquis-je en le repoussant de deux mains contre son torse. Quel pot ? Je suis déjà ton amie !
-Arrête de faire style de pas capter ! Aucune meuf peut être aussi conne que ça ! éclate-t-il en faisant un pas en arrière de colère. Tu sais très bien de quoi j'te parle ! Tu me plais à mort ! Ca fait deux ans que j'te courre après ! DEUX PUTAIN D'ANNEES ! »
Immobile, j'enregistre ces paroles, sa rage et sa bouche qui se tord, la veine qui palpite sur le côté de son large front, ses mains qui tremblent. Ce n'est que lorsque je goutte le sang dans ma bouche que je me rends compte que je me suis percée la lèvre à force de la mordre trop fort. Une partie de moi se révolte suite à son insulte –non, je ne suis pas conne, il n'était juste pas clair !- mais tout le reste est bien trop occupé à être stupéfaite et affligée. Je le détaille du regard. Petit pour un garçon, une légère acné sur son visage trop allongé… et ses lèvres trop épaisses qui me font penser à une bouche de singe. Et ses cheveux blond doré qui sont trop… pas assez… Je secoue la tête.
« T'es mon ami, John… Je… t'es juste mon ami, je veux pas sortir avec…
-T'es pas en train de me foutre un râteau, là ? gronde-t-il, agressif. Ne me fous pas un râteau, Cath… »
Mais le malaise et l'incompréhension que je ressentais jusqu'à présent se muent alors en irritation et en énervement. Je viens de lui dire ! Il ne peut quand même pas me forcer à sortir avec lui comme ça ! Je fais ce que je veux, d'abord !
« J'ai pas envie de sortir avec toi, John, ok ?! m'exclamé-je. J'suis désolée mais je veux pas ! T'es juste un ami, c'est tout !
-Et toutes ces sorties, c'était quoi ? Une façon de me pomper mon fric ?
-C'est toi qui m'invitais !
-Ouais, c'est ça, ricane-t-il. Allez, ça va, j'me barre, ça m'fait chier ! »
Après un dernier regard flamboyant, il s'en va le pas rageur et je le suis des yeux, les sourcils froncés, tout bonnement scandalisée. Ça me rappelle ce garçon qui m'avait embrassée de force, une fois, et ceux qui avaient essayé de me forcer à danser un peu trop collé-serré avec eux pendant des soirées… et maintenant c'est au tour de John. Pourquoi les garçons doivent-ils être si fourbes et dissimulateurs, voir sournois ? Je fais la moue en braquant un sale regard sur la tapisserie où un chevalier offre un bouquet de fleurs à une princesse. Si elle l'accepte alors quoi, c'est comme signer un contrat ? On ne peut pas aller se promener avec un ami garçon, passer une après-midi avec lui, sans que tout de suite ça veuille dire qu'on veut sortir avec lui ? Jamais Chris ne m'a fait ce coup-là, à ce que je sache, et je passe bien plus de temps avec lui qu'avec John ! Alors, si John me fait ce genre de scène, qu'est-ce que ce serait pour Chris ?!
« Humpff… D'façon, John a toujours été un peu idiot… Il comprend pas bien les choses, grommelé-je avant de soupirer. Pff, c'est trop nul… »
Je roule des yeux en entendant des pas s'approcher. Génial, il revient ! Je croise les bras sur ma poitrine et tourne ma tête vers lui, bien décidée à lui dire que si c'était une blague, je ne l'ai pas apprécié, et que si ça ne l'était, ben… je n'ai pas appréciée, non plus ! Une ombre se profile sur le sol du couloir mais une seconde plus tard, c'en est trois, puis quatre qui l'accompagnent. Ah bah ce n'est pas Jo…
Ah, ce n'est certainement pas John ! Et les bras m'en tombent tandis que je me redresse, fixant avec des yeux exorbités les cinq silhouettes qui sont tout au bout du couloir à m'observer comme je les observe. Enfin, j'imagine. C'est assez difficile à dire parce que leurs visages sont brouillés comme ceux des personnes qui passent dans les reportages moldus et qui désirent garder l'anonymat… Je ne connaissais pas ce sortilège mais c'est carrément flippant comme vue, tellement incroyable que je me rends compte que ça fait maintenant plusieurs secondes que je les dévisage, stupéfiée. Puis, mon attention tombe sur les longs et épais morceaux de bois aux nuances de bruns différents qu'ils tiennent… Des battes de Quidditch. Et pourtant, ils ne sont pas vraiment habillés pour un match de Quidditch, compte tenu qu'ils sont simplement dans leurs pantalons noirs d'uniforme et tee-shirts blanc simplement décorés d'un phénix embroché, au-dessus d'un feu vert. D'accord…
Je suis secouée d'un violent frisson et je m'éloigne du mur contre lequel j'étais encore adossée. C'est des meurtriers, j'en suis certaine ! Un gang spécialisé dans l'homicide organisé ! Je le sais, je le sens dans mes tripes ! J'aurais bien dit qu'ils ont la tête de l'emploi mais comme ils n'ont pas qu'une masse de beige flouté sur leur face, je m'abstiendrais…
« Euh… vous êtes qui ? demandé-je. Qu'est-ce que vous… »
Puis, ils se mettent à avancer vers moi ! Merlin, je vais mourir ! Défoncée par cinq battes de Quidditch qu'ils sont en train d'agiter posément, comme des majorettes ! Il y aura du sang et de la cervelle partout ! Peut-être même qu'ils me violeront avant !
Trébuchant à moitié, je fais volte-face et me mets à courir comme une dératée, les entendant très clairement me poursuivre, malgré le sang qui bat bruyamment dans mes tympans. J'ai l'impression que mon cœur bat dans ma gorge, menaçant de sortir à tout moment, mais je continue à courir en lançant quelques coups d'œil par-dessus mon épaule pour les voir à seulement quelques mètres derrière moi. Bon sang, ils vont me rattraper ! Je hurle des sons incompréhensibles dans l'espoir de rameuter quelqu'un, de temps en temps, mais je garde surtout toute mon énergie et mon souffle à ma course.
Je dérape à droite de façon plus ou moins contrôlée et regarde les grandes portes de l'infirmerie, comme si c'était un oasis qui apparaissait devant moi après une épopée pas loin d'être mortelle dans le désert. A la base, je voulais foncer dans les portes pour les ouvrir mais je n'ai tellement plus de force que je me les prends seulement en pleine face, en provoquant un sinistre bruit de craquement de bois. A bout de souffle, au bord de la panique et de la chute, je regarde derrière moi pour m'apercevoir qu'ils ne sont plus là. Une vague de soulagement me fait lâcher la poignée à laquelle je me cramponne et je m'écroule par terre, avalant ma salive pour essayer d'apaiser cette sensation de brûlure tandis que je crache pratiquement mes poumons.
« Ohh… pff, c'était moins une… j'ai failli-j'ai failli crever…, bredouillé-je en posant une main sur mon cœur et m'adossant contre l'un des battants de la porte. J'cours vite, n'empêche… »
Puis, la porte s'ouvre en fracas et je sursaute comme une malade en criant à la mort. Heureusement, ce n'est que l'infirmière qui m'observe comme s'il m'était poussée une deuxième tête.
« Miss ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous ne vous êtes quand même pas prise la porte ? »
J'éclate de rire en acquiesçant. C'était quand même fichtrement excitant !
