Et bonne lecture!
Coralie : Salut ! ça fait longtemps Coralie :) C'est sympa de te lire et de voir ton avis sur notre délire austinien XD C'est normal d'avoir une préférence, on s'identifie toujours à quelqu'un un peu plus ! As-tu répéré de quel livre de JA vient Fred ? ,) Est-tu une fan de JA ? De rien pour le travail, c'est surtout un plaisir :)
Chapitre 11
Cath a absolument tenu à ce que l'on revienne au chevet de David Lehnsherr. Pour lui soutirer des informations, même s'il semble assez évident qu'il n'a aucune envie de les lui donner. A son honneur il ne la jette pas comme une malpropre. Peut-être profite-t-il simplement des chocogrenouilles qu'elle lui a apportées pour l'amadouer. Et c'est sûrement le cas.
« C'est important, combien ils étaient ?
- Très exactement
- Oh ben… au moins cent hein !
- Cent ? Hum… note-t-elle consciencieusement, peut être un sort d'altération de perception… ou alors on t'a frappé très fort à la tête !
- C'est sûrement ça !»
Il s'esclaffe de sa crédulité avant d'engouffrer une nouvelle sucrerie. Et de me faire un clin d'œil complice. Je rougis jusqu'à la racine de mes cheveux, mal à l'aise. Détourne les yeux. J'ai un instant le souffle coupé. Je n'ai pas voulu m'asseoir mais j'aurais mis fait. J'ai l'air d'une godiche debout sans bouger et me tortiller nerveusement les doigts. Une parfaite imbécile. David Lehnsherr est très séduisant. Même amoché, sur un lit de l'infirmerie, il est indéniable qu'il est très mignon. Il a de très beaux yeux verts, toujours en mouvement. Un peu comme sa bouche qui ne cesse jamais de parler.
J'ai l'impression que sa conversation avec Cath s'éternise depuis déjà dix minutes.
Je suis mortifiée, pourquoi est-ce que ça fait cinq minutes que je pense à sa bouche ?
C'est extrêmement gênant. Je songe un instant à me balader dans l'infirmerie pour m'esquiver. Mais rejette l'idée, ça ne ferait qu'attirer l'attention sur moi. Je m'empourpre encore plus de mon malaise. Pourquoi ai-je accompagné Cath me demanderez-vous si David Lehnsherr me met aussi mal à l'aise ? Parce qu'il faut bien que quelqu'un l'accompagne, que quelqu'un la croit. Et je la crois. C'est trop étrange et elle est fermement convaincue qu'il y a une autre bande qui agit en secret. Peut-être même qu'elle s'oppose à la première, celle des visages flottés. Mais quel est son but ? Quels sont leurs buts ? C'est très étrange. Et malgré l'atmosphère euphorique de l'arrivée du bal, il y a comme un air légèrement inquiétant qui plane. Les élèves font attention.
« Fred ? On y va ? me demande gentiment Cath en m'attrapant le bras.
- Oh… euh oui, oui, hoché-je la tête.
- Salut les filles ! Repassez quand vous voulez ! Avec des choco ! »
Et ce salut envoie une décharge dans mes veines, faisant battre frénétiquement mon sang. Je baisse le regard sur mes pieds et ne le relève qu'une fois hors de l'infirmerie. J'ai la désagréable envie de me prendre le visage entre les mains pour faire cesser ça. Depuis quand le premier garçon venu me fait perdre tous mes moyens déjà si fragiles ? Je secoue la tête, chassant le visage tuméfié de David et sa trop bonne humeur. Mon cœur se serre. C'est probablement le contrecoup de l'affaire Réginald. Je ne me pensais pas aussi désespérée pour projeter le flot de sentiments que j'ai pour lui sur quelqu'un d'autre, juste pour me forcer à tourner la page.
Je ne dois pas me laisser aller à la tristesse. Il ne le mérite pas, il n'est pas la personne dont je suis amoureuse. C'est si dur de se rendre compte de combien on a été aveugle. Combien on a été idiot. Tout cet amour, toutes ses émotions qui m'ont tourmentées n'avaient donc pas de fondement ? Cela signifie que non seulement c'est de sa faute à lui si j'ai si mal, que c'est de sa faute à elle aussi mais de la mienne également. C'est triste de se sentir aussi pathétique.
« C'est bizarre, marmonne Cath, David est le premier Serpentard à se faire tabasser et il est de sang pur… C'est pas un peu bizarre si c'était des enfants de mangemorts ?
- Un traitre à son sang alors ? cité-je.
- Ben c'est bizarre… répète-t-elle, il a déménagé d'Allemagne ya cinq ans alors il a aucun rapport avec tout ça… Non ça colle pas, ya aucune raison Freddy ! »
Il a déménagé d'Allemagne ? Mais comment sait-elle tout ça ? C'est donc ça l'accent… Je n'irais pas jusqu'à dire que ça rajoute un charme mais… Je rougis brutalement. Je suis tellement malmenée par mon état que je ne fais que m'enfoncer encore plus. Cath me jette un regard circonspect, elle ne me demande pas si ça va. Parce qu'elle sait que ça ne va pas en ce moment. Elle passe son bras autour du mien en souriant. Tout simplement. C'est justement ce dont j'ai besoin.
« On va interroger Peeves ! fait-elle énergiquement. »
OoOoOo
« Cath sort avec John, lâche Chris.
- Quoi ? écarquillé-je les yeux par dessus mon parchemin. Mais… comment est-ce possible ?
- Je sais pas, fait-il désabusé. Je croyais qu'elle l'avait jeté.
- Elle ne l'aime pas, statué-je, alors… pourquoi ? »
Il secoue la tête en soupirant.
« Avec Cath des fois… »
Ce n'est pas une raison. Je ne comprends pas ce revirement de situation. Elle n'est pas amoureuse de lui, je pourrais en mettre ma main au feu. Cath n'a jamais été amoureuse, je le sais bien. Et s'il y a un domaine où j'excelle c'est bien celui d'être amoureux. Elle ne l'est pas. En un mois elle ne m'a pas parlé de lui outre mesure. Son ami lui a manqué. Un peu. Mais ça ne va pas au-delà. Alors… qu'est-ce qu'il l'a poussé à accepter de sortir avec lui ?
Je referme le recueil de Pablo Neruda. Je n'ai plus envie de me plonger dans ses poèmes en sachant que ma meilleure amie sort avec un garçon violent, colérique, possessif et jaloux. Sans qu'elle ait la moindre once d'amour pour lui. Je laisse mon regard s'égarer vers la fenêtre et la cour du château embrumée. Une odeur d'humidité s'infiltre dans la bibliothèque. Je frissonne un instant, tirant sur les manches de mon jersey. Les lieux sont déserts un dimanche matin.
« J'ai trouvé un super bouquin sur la momification en Egypte ! Il t'explique comme on extrait le cerveau à partir d'une simple…
- T'étais pas censée faire ta dissertation sur les Botus Lonculus Cath ?
- Oh ça ! hausse-t-elle les épaules. Non mais il faut absolument que vous sachiez qu'en fait…
- Cath, la coupé-je doucement, tu sors avec John ?
- Ah ! fait-elle légèrement mal à l'aise avant de sourire, oui…
- Mais… murmuré-je lentement, pourquoi ?
- Si ça se trouve c'est l'homme de ma vie, explique-t-elle.
- Quoi ? Mais tu n'en es même pas amoureuse…
- Peut-être que si.
- Peut-être ? répète Chris incrédule.
- Eh ! Cath ! s'écrie soudain Henry, j'peux te parler trente secondes ? »
Nous levons tous les trois notre attention sur lui. Il a un sourire large et légèrement gêné. Je fronce les sourcils. Ce n'est pas dans son comportement habituel. Cath hoche la tête avant de le suivre. J'échange un regard avec Christ. Laissant courir nerveusement mon index sur la couverture cornée de mon ouvrage. Je n'ai jamais parlé de Pablo Neruda dans mes lettres, c'est l'une des rares que je peux encore lire sans me sentir humilité. La seule avec qui mon cœur est en sécurité. Me demandant si un jour la poésie pourra me faire oublier toutes ces absurdités de la vie. Si un jour elle m'empêchera d'avoir mal.
« Ça va Cath ? demande tout à coup Chris. »
Je sursaute et relève les yeux sur elle. Elle a l'air parfaitement sonnée. Elle s'assoit sans rien dire avant de dire d'une voix lointaine. Comme si soudainement elle venait de prendre conscience de la réalité. Inquiète, je lui attrape gentiment la main.
« Henry m'a demandé d'aller au bal avec lui. »
Elle a l'air désolé. Et un court instant je me fais la réflexion que je ne saurais dire si elle l'est pour lui ou pour elle.
OoOoOo
« Tu crois qu'il va dire quoi hihihi ? s'excite Cath.
- Quelque chose de très posé et galant sûrement, affirmé-je.
- Oh oui…. C'est bien notre Christ de faire son gentleman ! »
Je n'irais pas jusqu'à dire que nous avons l'air d'auror en planque mais nous ne sommes pas loin de donner cette impression, dissimulées à l'angle d'un couloir à envoyer des coups d'œil indiscrets à Eliza et Christopher à l'autre bout du couloir. Ça n'est sûrement pas la demande la plus romantique qui soit mais elle a le mérite d'être honnête. Et l'honnêteté est une vertu rare.
« Tu crois qu'Henry va m'en vouloir ?
- Non, lui sourié-je gentiment. Il te taquine souvent, il t'aime bien Cath. Il t'apprécie vraiment. Il pourrait pas te détester parce que tu n'as pas voulu aller au bal avec lui. Surtout que tu n'aurais pas pu dire oui, tu étais engagée ailleurs.
- C'est vrai mais bon… soupire-t-elle, John aussi m'aime mais il a plus voulu être mon ami.
- John est… particulier, répondis-je lentement, il est pas comme Henry. »
Elle hoche lentement la tête. Je lui caresse doucement le dos sans rien ajouter. Christ nous rejoint alors, un air satisfait dessiné sur ses traits. Je lui souris gentiment, c'est bien qu'il arrive à tourner la page. Il a souffert depuis trop longtemps, il ne le mérite pas. Personne ne mérite ça.
« Alors ! Elle a dit quoiiiii ? lui saute dessus Cath.
- T'es pas censée connaître la réponse ? lui lance-t-il.
- Je l'avais bien dit qu'elle tomberait sous ton charme ! La malédiction n'aura pas lieu !
- La malédiction ? Quelle malédiction ?
- Vous en faîtes pas ! passe-t-elle ses bras dans les nôtres, je m'occupe de tout ! »
OoOoOo
Susan est présente dans la boutique. Ça n'aurait pas dû m'étonner, toutes les jeunes filles de Poudlard de la deuxième à la dernière année arpentent les rayonnages de Dolche Noche à la recherche d'une toilette parfaite pour le bal de Noël. Je suppose qu'à un mois du fameux évènement, la propriétaire n'a pas encore atteint son pic de fréquentation et pourtant une foule est déjà rassemblée autour des articles chatoyants et brillants. Et Susan est là avec quelques-unes de ses proches amies, à choisir une robe somptueuse qui s'assortira à ravir avec son beau cavalier. Je baisse le regard. La main toujours figée sur un cintre, le cœur serré. Je n'ai plus les forces psychologiques pour pleurer, il ne me reste plus qu'une lassitude pensante et une tristesse étouffante. J'ai toujours pensé que j'étais une romantique pragmatique, la vérité est en fait que je ne suis guère mieux que Marianne et ses fantasmes un brin naïf.
« Fred ! m'apostrophe Cath en passant la tête devant le rideau de la cabine d'essayage. Viens voir ! »
J'entrouverte légèrement le rideau d'un velours rouge fête pour la contempler dans son troisième choix de robe. Une robe courte, bustier, qui part en évasé à la taille pour onduler gracieusement autour de ses hanches. Je rentre l'étiquette puis m'éloigne pour la regarder soigneusement.
« Tu es magnifique Cath, soufflé-je avec admiration.
- T'as regardé le prix ?! se contorsionne-t-elle pour essayer d'atteindre la fameuse étiquette.
- Ne t'inquiète pas, rassuré-je, s'il faut je t'aiderai.
- Pas question ! s'exclame-t-elle, je vais pas faire l'aumône !
- Pour ton cadeau de Noël, négocié-je.
- Hum… bon, d'accord… fait-elle avant de sourire, on la prend ?
- Tu pensais réellement que j'allais te laisser la reposer dans le rayonnage ? rié-je, bien sûr qu'on la prend. »
Même si j'ai déjà acheté et emballé son cadeau de Noël. Dans la file d'attente de la caisse, Isabelle Thorpes saute sur Cath. Radieuse. Si je ne savais pas que James allait au bal avec Marina, la capitaine de son équipe, je serais portée à croire qu'il vient juste de lui proposer de laisser une deuxième chance à son couple. La raison de son euphorie se fait vite savoir.
« Cath je suis tellement conteeeeente que tu lui ai laissé une chance ! Vous êtes faits l'un pour l'autre c'est évident ! Je l'ai toujours su ! Je te l'ai toujours dit ! Vous formez un couple adorable ! »
John et Cath forment un couple tout sauf adorable. Et aux vues de l'enthousiasme un peu trop débordant qu'Isabelle porte à cette nouvelle je suis portée à croire qu'elle n'est pas étrangère au changement d'avis de ma meilleure amie. Cath est trop entière pour accepter d'être divisée et perdue, elle n'aime pas être déchirée. Elle ne l'était pas. Isabelle a dû la manipuler, et il est à mon grand regret assez facile de manipuler Cath en la prenant par les sentiments.
Isabelle fait comme si je n'existais pas. J'aurais aimé lui demander franchement quel a été son rôle dans cette affaire qui fait croire à Cath que John est l'homme de sa vie. J'aurais aimé lui dire d'une voix cassante de se mêler de ses affaires et de la laisser tranquille, mais le regard hautain qu'elle me lance et la facilité avec laquelle elle et Cath s'entendent me laisse muette. Je détourne le regard, lâchement. Qu'y puis-je maintenant ? Cath ne semble pas vouloir en démordre. J'espère simplement que le temps lui fera comprendre ce que c'est d'être réellement amoureuse de quelqu'un. D'être amoureux à n'en plus pouvoir respirer, à n'en plus pouvoir être soi-même.
Par la fenêtre derrière le comptoir, j'aperçois Susan et ses amies dans la rue enneigée. Elles rejoignent sur le trottoir d'en face Edward, Oscar et Réginald. Je ne peux pas décrocher mes yeux de sa chevelure recouverte de flocons. Ou de son sourire ravie de la revoir. J'aimerais le détester de tout mon être. J'aimerais vraiment ne plus avoir à penser à lui, plus jamais.
« Allez viens ! On va rejoindre Christ ! J'ai envie d'un bon chocolat chaud ? Pas toi ?
- Si, sourié-je doucement, vraiment très envie. »
De l'éloigner de ma vue.
OoOoOo
« On est à un moins d'un mois du bal Freddy ! siffle Marianne entre ses dents, même Lorolei Lee a trouvé son cavalier !
- La plupart des élèves n'ont pas encore trouvé leur robe… répondis-je.
- Mais tu es bien trop mignonne pour rester sur le carreau ! s'insurge-t-elle, je refuse de te laisser te morfondre sur un pauvre type comme de Courcy ! »
Je ne prends même pas la peine de lui demander de ne pas parler aussi fort. Tout le monde discute dans son coin pendant les cours d'Histoire que nous avons en commun avec les Serpentard. Susan est deux rangs devant moi, m'a ignoré royalement en me voyant. Comme si je n'avais jamais existé. Que j'avais été éradiquée de sa vie amoureuse comme on retire la poussière d'un meuble. Sans état d'âme. Si elle m'avait harcelé sans relâche, si elle s'était moquée continuellement, aurait-ce été pire ? Ou mieux ? Me savoir si médiocre qu'on m'a oublié à l'instant où la farce de mauvais goût est finie…
« Pénélope m'a dit qu'Oscar avait encore personne ! Tu sais le copain d'Eward et Blanche ?
- Et de Réginald, soufflé-je. »
Marianne soupire, lâche un « désolé ». Je me replonge dans ma version illustrée des poèmes du sorcier poète Patersong, les aquarelles s'animent au rythme des vers et des pages. C'est un de mes plus vieux recueils, maman me l'a offert pour mes six ans quand j'ai su lire autre chose que les exercices d'école. Je souris satisfaite de savoir qu'un de mes plus chers souvenirs n'a pas été livré à Susan. Ce sont des contes en rime et en vers mais il me rappelle mon voyage à Amsterdam avec papa et maman le Noël de mes six ans. La photo du repas en famille me sert de marque-page. De beaux souvenirs. Je connais chacune des sonorités des phrases, comme une chanson sans cesse répétée.
« J'ai entendu dire que Cath va voir ce Serpentard là… Len-quelque chose, qu'est-ce qu'elle a découvert sur ces agresseurs ?
- Lehnsherr, corrigé-je.
- Quoi ?
- Il s'appelle David Lehnsherr.
- Okay… arque-t-elle un sourcil, tu le connais ?
- Non, rougissé-je, je suis allée à l'infirmerie avec Cath c'est tout…
- Et alors ? Ya des rumeurs qui circulent mais je préfère savoir de Catherine si c'est vrai que ya une autre bande qui s'en prend aux élèves. C'est eux qui s'en sont pris à Lenerr-machin ? »
Lehnsherr. Je ne sais pas comment il fait pour prendre avec autant de désinvolture le fait d'être le sujet de toutes les discussions et les ragots de Poudlard. Il a toujours ce sourire ravi et nonchalant quand Cath me traîne pour aller lui extorquer des informations. Mon cœur a un raté, je me mets soudainement à rougir, comme une sombre sotte. Marianne me décoche un coup d'œil étonné qui ne fait qu'accroitre mon malaise.
« T'es sûre que ça va ? »
J'hoche lentement la tête.
« Mais si tu préfères y aller toute seule c'est toi qui voit hein Fred… c'est juste que comme tout le monde aura un cavalier, ça va pas être super drôle hein… »
Quoi qu'il en soit, ça ne me dérange pas. J'ai la conversation d'une doctorante en littérature selon Susan, qui pourrait bien vouloir discuter avec moi et être mon cavalier avec des goûts aussi ennuyeux ? J'hausse les épaules et me replonge dans mes vers. Et même si je vais avec quelqu'un au bal, ça sera grâce à Cath. Je ne fais pas confiance à Marianne pour me trouver un cavalier, ses illusions romantiques pourraient me mener à ma perte.
Si ma perte n'est pas encore advenue.
