Bonne lecture !
Coralie : Oui c'est bien Catherine Morland, la fana de livres gothiques de JA :) et bien joué pour trouvé la fille de Lady Susan (un peu bcp maltraitée par sa mère !) - même si ya eu de l'aide. Pour Frederika c'est sûr que c'est pas facile de dépasser le trauma d'avoir été humiliée publiquement et ridiculisée. Tu verras qu'on a repris des trucs des deux livres et mis tout dans le mixeur à fanfiction ! ;) héhéhé on s'amuse bien !
Chapitre 12 :
Etre en couple avec John change des tas de choses. Quand Gryffondor et Poufsouffle partagent le même cours, il nous a demandé, à Fred et à moi, de venir s'assoir juste derrière lui et je trouve ça sympa qu'il ne m'ait pas imposée de troquer mon habitude d'avoir Fred comme voisine pour passer tous mes cours à côté de lui, car il sait que c'est ma meilleure amie et que c'est important. Il vient aussi m'attendre à la fin des autres cours et il m'embrasse, m'attrape par la main et m'emmène pour rejoindre ses copains dans leur salle-commune. Et ils parlent des floutés, de résultats de Quidditch et de BD, de filles, et je m'ennuie profondément, alors j'ai le temps de réfléchir. A ma robe parachute dont le rose pastel va être accordé à la cravate de John parce qu'il dit que c'est ce que font les couples. A la façon avec laquelle parfois il me plaque contre le mur pour m'embrasser et que c'est tantôt agréable, tantôt long et inconfortable. A ces interminables moments où il me fixe sans sourire et que j'essaye d'analyser, pour ne plus être si ignorante et aveugle, pour savoir. Savoir s'il me reproche quelque chose ou si c'est juste comme dans ses films où le garçon n'a d'yeux que pour la fille parce qu'il la trouve si jolie ! Parce que c'est tellement frustrant, tellement handicapant de ne pas voir les signes !
Parce que, avouons-le, je suis incapable d'interprêter un ton ou une phrase, encore moins un sourire ou un regard ! De trouver la motivation qui se cache derrière un geste ou une attitude, toutes ses règles que les filles connaissent sur le bout des doigts ! Et moi, c'est une catastrophe… Ces garçons qui ont prétendu que je les avais laissé croire que j'étais intéressée parce que j'étais gentille et que je leur souriais, et que j'acceptais d'aller à Pré-au-Lard avec eux, puis John qui m'a accusée de ne pas vouloir voir qu'il prenait soin de moi depuis plus deux ans parce qu'il avait craqué pour moi et… et Henry.
Je pose la fourchette, plus une seule miette d'appétit en moi. John mange son poulet à ma droite en riant avec ses copains tandis que Fred écoute Marianne et leurs amis parler ensemble. Depuis que je sors avec John, je mange à la table des Gryffondor et, par la même occasion, avec Fred et les autres filles. Ce sont John et Marianne qui sont à l'origine de l'idée, et séparément, de surcroît parce que ça tombait sous le sens, ont-ils dit, et que c'était plus pratique pour tout le monde.
« Non mais de toute façon, ce mec a jamais su ce qu'il voulait ! pose Marianne en assaisonnant sa salade. Une fois, il veut Jess, une fois c'est toi !
-Je sais ! s'indigne Rita. Pourtant, c'était clair, je suis pas teubé ! Quand il m'a dit qu'il avait hâte de me voir dans ma robe, je sais que c'était pour me dire qu'il voulait y aller avec moi !
-Ouais…, se bidonne Oscar. Ou c'est juste qu'il voulait te mater le boule ! »
Je me mords la lèvre et cesse d'écouter cette conversation pour tourner la tête vers John et se copains :
« … M'en fous, mec, parle pas de ma reum comme ça !
-Elle est bonne, ta daronne, putain ! J'le dis, c'est tout ! Tu préfères que je dise qu'elle est dégueulasse ?
-J'préfère que tu la fermes, bouffon !
-Ca va, les mecs, intervient mon copain en riant. C'est vrai, gros, c'est pas cool de parler de sa mère… Perso, fais ça et j'te défonce !
-Toi, c'est ta sœur qu'est bonne ! »
Clint et Franck se tapent dans la main en riant, attendant que John s'énerve et réplique, mais je me retourne et cherche Chris des yeux, à la table des Poufsouffle. Bien sûr, il ne nous a pas suivies à la table des Gryffondor mais mange plutôt avec Eliza pour qu'ils apprennent à se connaître. Je me sens mélancolique en le voyant, la tête baissée sur son assiette, à l'autre bout de la salle. Depuis la première année, c'est avec lui que j'ai passé tous mes repas…
Quand il relève la tête pour parler à Eliza, il me voit tout de suite et je ne perds pas un instant pour m'armer de mon plus grand sourire et de lui faire un geste de la main. Il a son sourire en coin et je l'entends presque me dire « Bah alors, Cathie, qu'est-ce qui t'arrive encore ? ».
Mon sourire diminue et se fait plus sincère, et je lui refais un petit geste avant de me retourner à nouveau vers Fred qui ignore les deux conversations, et se contente de manger. Mais elle me jette un coup d'œil entre chaque bouchée, et ça me fait rire parce que c'est tellement elle, la vigilance sereine.
« Tu veux pas des spaghetti à la bolognaise, Cath ? me demande-t-elle. Tu ne t'es quasiment rien servie…
-Oh ouiii ! dis-je. Bonne idée, Freddy ! Des pââââtes, des pâââtes, chantonné-je en me servant. Oui mais des Panzanni ! »
Elle rigole et secoue la tête, et j'amoncelle les pâtes dans mon assiette. Mon appétit est revenu et ma bonne humeur aussi parce que c'est nul de s'en faire pour si peu. Bien sûr que ma vie change, et que c'est bizarre et déroutant, mais il nous en faudra plus, à Chris, Fred et moi, pour nous paralyser !
« Je suis sûre que les vampires adorent les pâtes à la bolo ! lancé-je à Fred en attaquant mon plat de ma fourchette que je fais tourner dans mes pâtes. Parce qu'on dirait vraiment du sang, comme ça ! D'ailleurs, la sauce tomate c'est un peu du sang de tomate… Oh mais ça veut dire que je suis un vampire de tomate parce que je pourrai jamais vivre sans pâte-bolo…. Enfin, ceci étant dit, je suis pas immortelle mais je t'ai dit que j'ai trouvé un livre à la bibli qui disait que des chamans mongols avaient… »
xOxOxO
Il ouvre de grands yeux sur le bouquet que je lui tends.
« Bah quoi ? fais-je. C'est pas des orties !
-Ouais mais bon… j'préférais quand tu m'amenais des Chocogrenouilles…
-Sauf que j'en avais plus ! »
Je m'assois dans l'une des deux chaises qui encadrent son lit et il passe encore quelques secondes à faire le deuil des friandises que je ne lui ai pas apportées avant de se mettre à rire et tripoter les pétales des marguerites. Je n'ai pas pu retourner à Pré-au-Lard pour renflouer mon stock et je suis totalement à sec, niveau chocolats ! Et Maman m'a toujours dit qu'on allait jamais rendre visite à quelqu'un sans un cadeau, peu importe que ce soit pour un dîner ou pour aller voir une personne à l'hôpital. Ou Tata Malory au cimetière. C'est le geste qui compte.
Alors, j'ai changé les plumes de Filou, l'hibou de Jamie et moi, en marguerites !
David sort demain soir de l'infirmerie, après deux semaines de repos, donc. Et c'est sûr qu'il va beaucoup mieux, il n'y a plus une seule ecchymose sur son visage. Je suis allée le voir tous les soirs et certains midi, avec Fred pour la plupart des fois même si elle ne parle pas beaucoup et ne participe pas aux interrogatoires. J'essaye de le faire me parler mais je me suis rendue compte que tout ce qu'il me sort n'a ni queue, ni tête… au début, j'ai cru que c'était le traumatisme qui lui avait grillé deux-trois neurones mais, en fait, j'ai fini par comprendre qu'il ne veut tout simplement rien me dire ! Ce qui est très bête ! Parce qu'il n'est pas dit qu'ils ne vont pas revenir pour le frapper une seconde fois, même s'il ne lâche aucune information ! Mais bon, les victimes donnent toujours du fil à retordre aux détectives ! Enfin sauf quand elles sont déjà mortes…
« Bon, alors, Cath ! Ta première question du jour ? plaisante David.
-Non ! Comme c'est ton dernier jour, je t'interroge pas ce soir !
-C'est trop gentil, ça, Cath-cath ! rigole-t-il. Mais, t'sais que, d'accord, je me barre enfin de l'infirmerie mais je reste quand même à Poudlard ?
-Bah oui, mais bon, ça se fête quand même ! C'est une page qui se tourne !
-Sûr ! » se marre-t-il.
Ce qu'il faut savoir sur David, c'est qu'il rigole tout le temps. Non, vraiment. Tout le temps !
« D'ailleurs, ça tombe bien parce que j'voulais te demander un truc…, me dit-il en se redressant un peu dans son lit. Fred a quelqu'un pour le bal ?
-Freddy ? OH ! fais-je en me plaquant les mains sur mon immense sourire. Tu veux y aller avec elle ? Mais c'est fantaaaastiiiique, Davidouuuu, m'écrié-je en me penchant vers lui. En plus, elle adorait venir te voir ! Tu veux que je te la réserve ? Je suis sûre qu'elle sera d'accord !
-Ouah ! lâche-t-il en riant. Toi, tu sais, comment t'occuper des rescapés ! »
xOxOxO
Je la vois avec Marianne et les autres Gryffondor, mais aussi les Serdaigles avec qui ils vont avoir cours de Sortilège, dans le couloir. Je ne pouvais pas garder la bonne nouvelle pour moi encore plus longtemps alors j'ai décidé de faire un détour sur mon chemin pour aller à mon cours de métamorphose. J'accélère, même si je courais déjà, ma sacoche rebondissant contre ma jupe et crie son nom. Fred a tout juste le temps de se retourner que je lui bondit dessus et lui apprends avec essoufflement :
« Je t'ai trouvé le garçon parfait pour le bal ! En plus, tu l'adores !
-Vraiment ? rit-elle en rougissant, lançant un coup d'œil à Marianne. C'est fantastique…
-Tu as demandé à Cath de te trouver un cavalier ? s'étonne Marianne.
-Bah non ! fais-je. C'est pas son genre ! Mais un ami m'a demandé si elle avait quelqu'un, donc ça tombe bien ! Et d'ailleurs, Chris aussi a eu un succès fou ! Hihihi ! Bon, me repris-je en regardant ma montre et me retournant vers Fred, Je t'en parle ce soir ! J'ai mon cours Méta à l'autre bout !
-Il ne fallait pas venir seulement pour me dire ça, Cath, tu vas être en retard, s'inquiète Fred.
-Je coure vite ! la rassuré-je. Allez, à ce soir ! »
Je fais un geste de la main à Chris qui est aussi là, plus loin, avant de tourner des talons et repartir en courant, déjà le souffle court d'avoir tant couru à l'aller et parlé tant et si vite, mais ça ne m'empêche pas de trottiner parce je sais que McGonagall ne supporte pas les retardataires. Mais je n'aurais jamais pu survivre à deux heures de cours, sans avoir vendu une partie de la mèche à Fred ! J'aurais trépigné sur place et n'aurais pas écouté un mot !
Mais au bout de plusieurs minutes, je n'arrive plus à tenir le rythme et un point de côté me transperce l'abdomen, alors je finis par m'arrêter en me massant l'endroit qui brûle de l'intérieur. Qu'est-ce que je déteste les points de côté ! Ca ne sert vraiment à rien… c'est juste une ancre qui t'attrapes pour t'empêcher de courir plus longtemps, un petit hameçon qui te prend pour un ver de terre ! Je serre les dents et grommelle en marchant rapidement.
« Qu'est-ce que tu fais là, Catherine ?
-Tu devrais pas être en cours ? »
Je relève les yeux que j'avais gardés sur le sol, devant moi, sans même me rendre compte et je suis stupéfaite de ne pas m'être rendue compte qu'à moins de dix mètres, trois personnes sont là. Une cagoule enfoncée sur la tête et des regards aux prunelles rouge vif dirigées droit sur moi. Je ne fais qu'un autre pas avant de m'arrêter, à bout de souffle et les joues brûlantes, mais surtout le cœur battant la chamade. Encore ?!
Je fais volte-face, m'apprêtant à courir pour échapper à mes agresseurs une seconde fois, mais c'était sans compter le quatrième type encagoulé que je n'avais même pas entendu s'approcher par derrière. Je pensais avoir des difficultés à respirer mais c'est lorsque ses yeux rouges me transpercent, que j'ai vraiment le souffle coupé. Il me pousse violemment et je trébuche avant de tomber sans douceur contre le sol, criant de douleur quand mon coccyx cogna.
Ça y est, je vais me faire tabasser comme David. Ce ne sont pas les mêmes qu'avant, je le sais ! C'est ceux de David ! Je lève les yeux vers celui qui m'a poussée et sa cagoule noire accentue tellement la méchanceté qui brille dans son regard sanglant que je m'attends à tout moment à le voir dégainer un hachoir de boucher.
« Tu fais la gentille petite fille fragile mais t'es pas si sage que ça… Mais par contre, je vais te montrer à quel point tu es fragile.
-Je... »
Je ne sais pas à qui m'adresser. Ils sont tous les quatre, autour, et leurs visages sont aussi inaccessibles et morts que ceux des floutés, enfouis dans leurs cagoules sombres. Il n'y a que leurs regards rouges qui clignent et qui me fixent, qui se froncent et se plissent. Je n'ose pas essayer de me lever et cherche quoi répondre mais ma cravate rayé jaune et noir se resserre soudainement, s'enfonçant dans mon cou. J'écarquille les yeux, porte les deux mains à mon cou, essayant de faufiler mes doigts dans mon col de chemise, griffant ma peau, me tordant les doigts à m'en faire mal mais je suffoque et la pression s'intensifie.
« Fallait pas fouiner dans la merde, » dit l'un d'eux en s'agenouillant face à moi. Il passe la main dans mes cheveux, rigole. Je lui échappe, rampe, tire sur ma cravate, touche le sol et je vois des pieds passer sous mes yeux qui se voilent, des étoiles me brûlant la rétine, des épines me perçant la gorge et les poumons. « T'aimes le danger, est-ce que tu le sens, le danger ? Tu vas… »
Je n'entends plus rien. Ne vois plus rien. Le feu est partout. Plongée dans un volcan, la lave me rentrant par tous les pores. Ça ne fait même plus si mal que ça. Dure une éternité.
Puis, ça refait mal violemment. Mon cerveau cogne et mes yeux vont sortir de ma tête. Je tousse et respire, m'étouffe, toussant et avalant de l'air. Mon prénom sonne à mes oreilles qui bourdonnent. Ça n'en finit pas. Le sol tremble horriblement et, enfin, ma vue revient. J'ai tellement mal que je me mets à pleurer. Je vais mourir, c'est sûr !
« Cath ! Calme-toi, tout va bien… Respire et calme-toi, respire… »
Je continue de tousser violemment, comme si mes poumons voulaient passer par ma gorge. Ils sont encore là ? Qu'est-ce qu'ils vont me faire maintenant ? Je vois le couloir à travers mes larmes mais plus personne, je suis encore par terre. Mais quelqu'un me tient contre lui. Je sanglote, tousse et respire, et ça fait mal. Je me rends compte que ce n'est pas le sol qui tremble mais moi. Je tremble si fort que j'essaye de tenir quelque chose, n'importe quoi, pour arrêter.
« C'est fini, calme-toi…
-Ils sont où, ils, ils… ils sont ? » m'entendis-je dire alors.
Ca fait combien de temps que je répète ça ? Les bras se resserrent autour de moi et je me cramponne. Qu'on me refasse pas ça. Jamais.
« Ils ne sont plus là, ça va aller, d'accord ? Tu es en sécurité, maintenant. »
Un souffle chaud est contre mon oreille tandis que mon cœur se repose enfin, que mon sang se calme et que ma respiration ralentit, mes sanglots se meurent. Mais la peur grandit, sourde, mon cerveau se remet en marche et je ne veux pas que ça recommence. Je lève les yeux et reconnais avec un soulagement qui augmente mes larmes le visage rassurant de Henry. Je me plaque contre lui, regardant autour de nous pour être sûre qu'ils ne sont vraiment plus là. Le couloir est vide. Il n'y a que nous deux qui sommes échoués au sol.
« Comment t'as-t'as fait ? arrivé-je à demander.
-J'en ai stupéfixé deux, de ces connards mais ils ont réussi à se barrer rapidement, raconte-t-il avec colère. Et comme t'étais au sol et… »
Il ne continue pas et me caresse les cheveux. Surement pour calmer mes tremblements qui n'ont pas diminué. Je revois les cagoules, les yeux rouges. Ce sont eux. Je sais que ce sont eux qui ont fait ça à David.
« Mais… quand je suis arrivé, ils avaient déjà rompu le sort de ta cravate… je pense pas qu'ils voulaient te tuer… »
Moi aussi.
« Ils voulaient juste te faire mal. »
xOxOxO
« Merci. »
Je caresse du pouce la céramique le bol en céramique fumant. Il est si chaud, presque brûlant, et ça me détend et relaxe mes doigts qui sont encore un peu crispés. Je fixe le thé vert au lait et au miel que les elfes-de-maisons m'ont préparé, suite à la demande de Henry. Je tourne la tête vers lui qui, assis sur sa chaise orientée directement sur moi, m'observe avec inquiétude. J'ai envie de lui sauter dans les bras pour ne plus le lâcher car je lui en suis si reconnaissante ! Je sais qu'ils ne comptaient pas me tuer mais si j'avais repris connaissance, toute seule, dans ce couloir froid et désert, c'aurait été un cauchemar. Et pas ce genre de cauchemar exaltant, non ces cauchemars vivaces et surtout réels. Je ne sais pas comment j'aurais pu réagir.
« Merci, Henry, répété-je en secouant la tête. Merci !
-Arrête, Cath ! réplique-t-il en posant la main sur mon épaule. T'as vraiment pas à me remercier.
-Quoi ? Bien sûr que si !
-T'es sûre de vraiment pas vouloir qu'on aille à l'infirmerie ? Ce serait vraiment mieux…
-Non, c'est bon, » m'entêté-je.
Je fixe ses yeux marron aux rebords vert-gris. De tellement beaux yeux. Je me rappelle de sa déception quand je lui ai dit que c'était John mon cavalier, mon petit-ami aussi, à la bibliothèque. Ca m'a fait tellement de peine. C'est la première fois que Henry est venu me voir dans un autre esprit que celui de se moquer de moi, ça m'a tellement surprise et, un instant, j'étais touchée et heureuse. Étrangement. « Ah, d'accord… c'est cool alors… enfin, tant pis mais c'est cool pour toi, Cath », m'a-t-il dit. Il l'a plutôt bien pris et ça m'a soulagée mais quand je suis retournée à la table pour retrouver Fred et Chris, je n'ai cessé de me demander si ça aurait changé quelque chose si j'avais su que Henry voulait m'accompagner au bal avant. Avant que je décide de sortir avec John. Si j'avais su, est-ce que j'aurais choisi Henry ? Le meilleur ami de mon frère qui a passé toutes ces années à me chercher des poux et à m'énerver, que je supportais assez mal et qui, pourtant, était drôle et si mignon… et grand et musclé…
Je retourne à ma tasse, me touchant la gorge qui s'est noué et qui me fait mal, et observe les elfes-de-maison s'affairer dans les cuisines.
« Cath ! Je t'emmène à l'infirmerie !
-Non, Henry ! Je veux pas que ça se sache !
-Quoi ?! C'est quoi cette histoire ?
-Je veux pas, s'il-te-plait, dis rien ! Après ils sauront que j'ai parlé et ils ont dit à David qu'il fallait qu'on se taise…
-Qui ça « on » ? Les victimes ? ironise Henry avec colère. Non mais tu te fous de moi ? »
Un peu. Parce que ce n'est pas vraiment la raison. Je sens seulement qu'il ne faut pas que je le dise. Tout d'abord parce que mon frère va aller le dire à Papa et à Bruno, notre plus grand frère qui est vraiment… enfin, presque pire que Jamie. Parce que ça va inquiéter Maman et Fred. Et c'est vrai que j'ai aussi peur qu'ils reviennent mais d'un autre côté, je leur en veux tellement, tellement, pour ce qu'ils m'ont fait. Et que tout le monde apprenne qu'ils s'en sont pris à quelqu'un d'autre impunément, c'est vraiment une trop belle récompense ! Et surement pas !
« Ne dis rien, je t'en prie, insisté-je en me retournant à nouveau vers lui. Je t'en supplie, je veux pas. »
Il me dévisage, crispe sa mâchoire si bien dessinée, un long moment avant de se passer la main sur le visage. Je me sens coupable de lui demander ça mais j'ai vraiment besoin qu'il ne dise rien.
« D'accord, Cath, d'accord, si tu veux… bois ton thé, d'accord ? »
J'acquiesce, lui souris et lève le bol à mes lèvres. Je ferme les yeux tandis que le liquide chaud et doux se fraye un chemin en flamme dans ma gorge, et ça fait plus de mal que de bien.
Mais ce n'est peut-être qu'une impression.
