Bonne lecture !
Coralie : T'inquiète pour les réponses, c'est pas comme si on était noyé sous les reviews xD Pour JA, on est des fans donc ça donnait encore plus envie et normalement tu dois deviner certains traits de caractère et évènements de l'intrigue qui font référence à celle de JA ! Même si parfois, peut-être qu'on va tordre le cou à l'histoire orginiale mais chuuuut tu verras bien. Tant mieux si le mystère reste complètement opaque ! C'est le but ;D Bonne lecture Coralie !
Chapitre 14
« Alors, je pense que y'a un truc qui cloche et qu'on a pas compris ! Tu sais comme dans les polars ! Tu sais, y'a toujours LE suspect idéal, l'amant de la victime ou l'ex-mari… pour que les détectives tombent pile-poil dans le panneau et zappent tout le reste ! Et ben, là, c'est pareil ! » aséné-je avec aplomb. Je suis assise sur mon lit et farfouille dans ma boîte en cuir bordeau que j'ai hérité de Mamie, où j'entrepose toutes mes boucles d'oreilles. « Et moi, je suis certaine que c'est pas les Serpentard !
-Ah d'accord… »
Je lève le menton en fronçant des sourcils, interpellée par la réponse de Fred qui est dans la salle-de-bain. On est dans mon dortoir pour nous préparer pour le bal qui va commencer dans trois quarts d'heure. J'ai proposé à Fred qu'on aille plutôt dans le sien pour qu'on puisse être avec Marianne, qui est certainement… sa deuxième meilleure amie ? Je ne sais pas trop. Est-ce qu'on peut numéroter ses amis ? Ça sonne bizarre. Enfin, quoiqu'il en soit, je lui ai proposé ça et elle m'a vivement répondu qu'elle préférait mon dortoir.
Les filles avec qui je le partage sont déjà descendues, plus prêtes que prêtes depuis une demie-heure, mise à part Ronda qui ne veut pas aller au bal et qui est enfermée derrière les épais rideaux de son lit à baldaquin qu'elle a insonorisé magiquement pour pouvoir lire tranquillement. Je sais, c'est étrange. Mais c'est une grande féministe et elle n'a pas cessé de nous expliquer combien un bal, où chaque femme devait porter une robe et les hommes, des costards, étaient sexistes. Et que bien sûr, l'homme menait la danse… et euh la pression sexuelle exercée sur la cavalière pour coucher avec son cavalier, après le bal, ou dans un délai d'une semaine… ou un ou deux mois… à vrai dire, elle divaguait vachement, je comprenais pas tout !
J'attrape des boucles différentes, une en forme de triangle noir et une autre qui est un long pendant en plume rose et blanche qui iront avec ma coiffure un peu spéciale, pour laquelle j'ai regroupé mes cheveux bruns sur le côté pour les faire cascader sur mon épaule gauche. C'était l'idée de Fred ! Et c'est vrai que ça va vachement bien avec ma robe ! C'est une robe rose pâle, elle a un bustier en forme de cœur et une jupe parachute froissé, elle est vraiment belle ! D'ailleurs, la robe aussi c'est grâce à Fred ! Elle m'a aidé à la payer pour Noël ! Je l'adore !
Je me lève de mon lit en enfilant mes boucles d'oreilles, et marche pieds nus vers la salle-de-bain où je trouve ma meilleure amie, le visage pratiquement collé contre le miroir. Elle s'applique du mascara et je me fige un instant, les mains près de mon oreille, en voyant comme ses mains tremblent.
« Merlin, Fred ! m'alarmé vas te faire mal !
-Oh ! sursaute-t-elle. Cath ! Je… »
Elle se tourne vers moi dans sa longue robe d'un marron profond comme un délicieux pot de Nutella, dont le col en V est très bien dessiné et le tissu scintille sous les lumières de la salle-de-bain. Et les mêmes nuances chocolatées brillent dans ses cheveux qu'elle a relevés en un chignon très sophistiqué. Elle expire et inspire avec difficulté, et elle est vraiment très pâle. Je m'avance vers elle et lui prends le mascara des mains en la détaillant du regard, inquiète.
« Tu es stressée à ce point… ?
-Je… Oui, souffle-t-elle. C'est ridicule, je sais mais… Je ne sais pas pourquoi je me mets dans un tel état…
-Tu veux que je te mette ton mascara ? offris-je en souriant.
-Je veux bien, merci, Cath… »
Je ris un peu et lui lance un grand sourire tandis qu'elle s'assoit sur le bord de la baignoire et je me mets au boulot, concentrée à ne laisser aucun pâté et à ne pas lui planter l'engin dans ses beaux yeux bruns. Je remarque qu'elle sert le rebord de la baignoire avec tant d'acharnement que ses jointures blanchissent.
« C'est à cause de David ? demandé-je alors que j'ai fini l'œil droit. C'est parce qu'il te plait pas assez… ou parce qu'il te plait trop ? »
Elle rougit subitement et j'hoche du menton en riant, saisissant le message. C'est génial ! Je ne pensais pas avoir aussi bien choisi ! Enfin, certes… c'est lui qui m'a demandé donc c'est lui qui a choisi mais… oh ! Une ampoule s'allume dans ma tête et je finis l'œil gauche pour pouvoir la rassurer sans qu'elle ne cille, ne frémisse ou… euh provoque un mouvement dangereux pour sa vue !
« Tu sais, je pense que tu lui plais encore plus ! Puisque c'est lui qui voulait dès le départ sortir avec toi ! Il est déjà sous le charme, t'as pas à t'angoisser, Freddy !
-Mais… et si je l'ennuyais ? Et si je n'étais pas celle qu'il pensait… ?
-A mon avis, tu es encore bien mieux que celle qu'il pensait que t'étais, il pourra jamais être déçu, la rassuré-je en rebouchant le mascara. David est super chouette, ce sera un cavalier génial ! »
J'attrape alors ma baguette que j'avais laissée à côté du lavabo quand j'avais fixé ma coiffure magiquement et me retourne vers Fred pour intensifier et amplifier l'effet du mascara et le rendre résistant. Je note avec soulagement que Fred a l'air nettement moins stressée et je m'assois à côté d'elle sur le bord de la baignoire. Elle me regarde et me sourit, me remerciant encore une fois pour le coup de pouce de maquilleuse. Je pose ma joue sur son épaule nue, pensive et silencieuse, nous observant dans le reflet face à nous. Mon imagination tracent des silhouettes aux visages floutés et encagoulés, dans nos dos, mais je baisse le regard sur nos pieds nus sur le carrelage.
J'ai compris une chose ; la peur, c'est un jeu dangereux qu'on idéalise, qu'on fantasme. Depuis que je suis gamine, tout ce que je veux c'est me retrouver face à des monstres, les découvrir, les voir comme on regarde un miracle qu'on est les seuls à voir. Tellement unique et excitant. Je voulais qu'on me courre après dans des bois sombres et que je puisse voir un cadavre de mes propres yeux. Savoir ce que ça fait. La vérité, la brutale et authentique réalité de la vie et de la mort, de la peur et de l'horreur, de la souffrance et du mal à l'état pur. Cette adrénaline, ce cœur palpitant qui loupe des battements et l'estomac qui se retourne.
Mais, en fait… c'est juste ne plus pouvoir respirer, se retrouver au sol entouré de gens qui vous veulent du mal, c'est penser mourir et tout perdre. Et ça n'a plus rien de drôle. Alors, désormais, ce n'est plus un jeu, pas vrai ? Comment disent mon frère, Dylan et Eliza ? Ah oui, c'est la guerre. Je ne suis toujours pas d'accord…
Je dirais plus que c'est une enquête policière.
xOxOxO
On grimpe les quelques marches qui nous mènent au Hall et je resserre mes bras autour de celui de Fred lorsque je la sens se tendre. Elle baisse un regard anxieux sur moi et je me rends compte que son appréhension, qui s'était calmée, refait surface de plus belle. Je lui frotte son bras nu à la peau couverte de chair de poule. Il faut dire qu'il gèle, dans les couloirs de ce vieux tas de briques qu'est notre école ! Il n'y a bien que les fantômes pour ne pas éternuer ! Et, encore plus, en plein mois de décembre et en robe de bal !
Heureusement, Fred a eu la bonne idée de jeter un sort de chaleur à son châle et à ma courte veste grise, qui a le minimum de tissu pour qu'on puisse l'appeler une veste. Mais, franchement, allez-vous trouver quelque chose de chaud à mettre pour un bal sans être parfaitement ridicule ! C'est encore plus dur que de démêler cette histoire de bandes criminelles organisées à Poudlard !
D'ailleurs, je scanne la petite vingtaine de personnes qui patientent dans le Hall et pas une seule fille ne porte quelque chose de plus épais qu'un châle, et chacune donne l'air de se les peler sévère ! Je me félicite donc d'avoir osé la veste ! Je repère alors une touffe blonde, près des deux grandes portes béantes qui donnent sur la Grande Salle ! Je bondis sur mes sandales à hauts talons blanches et lui fais un large geste pour lui faire savoir qu'on est là. Aussitôt, il me répond, un large sourire lui dévorant le visage.
« Regarde ! Il est super heureux de te voir ! observé-je. Je suis sûre qu'il t'attend depuis troooop longtemps !
-Tu penses… ? souffle Fred. »
On marche droit sur lui mais une main s'enferme sur la mienne et mon cœur bondit si fort dans ma poitrine que j'en lâche un cri. Je me retourne et tombe sur John, grognon dans son ensemble gris anthracite et sa cravate aussi rose que ma robe.
« Tu viens de m'passer devant, m'accuse-t-il.
-Ah bon ? m'étonné-je. Je t'avais pas vu, John !
-Ca fait dix plombes que je poireaute ! Et tu cherches même pas à savoir si j'suis là quand t'arrives ?! »
Son ami Clint pose une main sur son épaule avec un air goguenard que j'apprécie moyennement et je me demande de qui il se paye la tête ; John ou moi ?
« Y'a un problème ? » s'enquit David.
Je me tourne vers lui, m'apprêtant à lui dire bonjour puisqu'il vient de nous rejoindre et qu'il se tient désormais juste à côté de Fred, mais John m'attrape la main, lui décoche un regard agressif et m'entraîne derrière lui, enfermant ma main dans une poigne qui ne laisse pas vraiment la liberté du choix. Je fronce les sourcils, ouvrant la bouche, outrée et c'est seulement après qu'on ait entré la Grande Salle, décorée de blanc, de rouge et de vert, de branches de sapins enneigés et de flocons qui tombent du plafond magique, que je m'écrie :
« Qu'est-ce qui te prend ?!
-Ta copine, là, elle se tape un Serpentard, elle est au courant ? fait-il en me traînant vers le buffet.
-C'est son cavalier !
-C'est un fils de pute ! »
J'arrache ma main de la sienne et il se retourne vers moi en plissant les yeux et tordant sa bouche, comme il le fait toujours quand il est énervé. Et ça ne le rend vraiment pas beau du tout. Mes sourcils se froncent plus encore. Il se rapproche de moi, s'incline un peu pour se mettre à ma hauteur et pointe un doigt autoritaire sur moi :
« T'approches pas des Serpentard, pigé ? »
Son visage s'encagoule et ses yeux deviennent rouges mais je cligne des yeux et les détourne, mon cœur battant à cent à l'heure. Pourquoi ma tête continue de les voir partout ?
Il pose sa main sur mon épaule nue puis il la remonte le long de mon cou avec affection, sous mes cheveux. Je reporte mes yeux sur lui pour le voir me sourire pour la première fois de la soirée.
« C'est pour ton bien que j'dis ça, bébé. Faut pas trainer avec ces bâtards. Tu veux boire quoi ?
-Ce que tu veux. »
Il m'embrasse et se retourne pour me servir un verre. Je le regarde faire puis lui dis :
« Tu sais, John, j'aurais pu être répartie à Serpentard… c'est arrivé à certains sang-de-bourbes…
-Hein ? fait-il, distrait. Qu'est-ce que tu racontes ?
-Et tu m'aurais détesté, et tu m'aurais insultée… »
Il se tourne vers moi, clairement perdu et tendu, n'appréciant pas ce que je suppose.
« Est-ce que tu m'aurais tapée ?
-Arrête de raconter des conneries ! crache-t-il. Arrête avec ces conneries ! »
Je dévisage son visage rouge de colère, ses grimaces de fureur et la bouteille de jus de citrouille qu'il maniait et qu'il repose évidemment sur le buffet. Je fixe les gouttes orange sur la nappe immaculée.
Le problème, c'est que je ne pense pas que ce soit des conneries.
xOxOxO
« Ouais, ce match va être un truc de ouf, grave…
-Les Blue Devils vont s'faire défoncer, c'est même pas la peine de te bouger le cul à Manchester !
-Mais ta gueule, mec, tu t'y connais même pas !
-Ouais, j'm'y connais pas, c'est ça… Vas-y, on parie 10 Gallions et…
-Bon ! m'agacé-je en me tournant vers John. On va danser quand ?!
-Cath, tu ne vois pas qu'on parle là ? s'énerve John avec un mouvement de la main colérique. Et on a déjà dansé !
-Une fois ! m'indigné-je. Et c'était y'a dix mille ans !
-Bon, princesse, tu danseras tout à l'heure, ok ? me lance Franck de l'autre côté de la table basse. Nous casse pas les couilles, là ! T'as qu'à pas sortir avec un mec qui raconte de la merde sur le Quidditch !
-Bah bien sûr ! » ironisé-je.
Mais ils m'ignorent et reprennent leur précédent grand sujet de conversation ; le Quidditch pro. Autant, j'aime bien quand on parle des équipes de Quidditch de nos maisons mais, sincèrement, qu'est-ce qu'on peut bien avoir à faire des performances de personnes qu'on ne connait même pas ? Et, en plus, c'est leur métier de jouer au Quidditch, bien sûr qu'ils sont doués, marquent des buts et font des pirouettes ! Est-ce qu'on paye 50 gallions pour regarder un cuisto faire une pièce montée à la citrouille ?
Et, en plus, on est au bal de Noël ! Pas à un forum de Quidditch ! Pourquoi on resterait plantés, les fesses sur une banquette, toute la soirée ? C'est vraiment frustrant ! Je ne sais pas depuis combien de temps je les écoute s'insulter et sortir les mêmes arguments en boucle mais ça me parait une éternité… et les deux cavalières de Clint et Franck sont à l'autre bout de la banquette à commérer, de l'autre côté… Tout ce que fait John pour marquer ma présence, c'est garder son bras autour de mes épaules, ce qui est sûrement très attentionné mais c'est pas ça qui m'occupe ! Il croit quoi ? Que son costard va se mettre à me taper la discute ou que je suis en plein papotage télépathique avec sa cravate ? J'aimerais bien, tiens !
« Bah, alors ! Vous dansez pas ? »
C'est Isa qui vient d'arriver dans son interminable robe rouge flamboyante en soie étincelante. Je bondis sur la banquette pour me tourner vers elle qui s'assoit à côté de moi, après avoir plaqué une bise contre la joue de John qui lui dit vaguement un « salut », trop plongé dans sa conversation, et je l'accueille avec un sourire chargé de soulagement. Elle rigole et s'exclame :
« Et ben, t'es heureuse de me voir, dis donc !
-Ouiiiii ! répondis-je en riant. Je m'emmerde à mourir !
-Oh, je vois, tu voudrais être toute seule avec ton chéri… »
Elle me lance un clin d'œil et je ne peux pas m'empêcher de faire la moue. John m'agace, j'ai envie de l'étrangler avec sa cravate copieuse de couleur. Mais c'est vrai, d'un autre côté, que je préférerais être seule avec lui plutôt qu'avec les autres… Au moins, John est gentil avec moi et s'occupe de moi quand il n'y a pas ses amis idiots.
« Où est ton cavalier, à toi ? lui demandé-je.
-Oh, avec ses amis aussi, répond-elle en roulant des yeux. Mais je m'en fiche, ce n'est de toute manière pas avec lui que je voulais y aller…
-Oh, ah bon ? C'était avec qui, alors ? »
Elle me regarde, abasourdie, avec un froncement de sourcil et un mouvement de la tête qui veut clairement dire « Allo ? C'est le moment où t'atterris, Cath !».
« Ah oui ! rié-je en me tapant le front. C'est vrai ! Jamie ! Désolée, Isa !
-Ca fait rien, Cath, dit-elle en s'appuyant contre la banquette et regardant la foule qui danse. Qu'est-ce que ça change, après tout ? Il est avec sa capitaine, maintenant… »
Honnêtement, je sais qu'elle a dit « capitaine » mais vu la manière dont elle a prononcé le mot, elle aurait bien pu dire « Petite connasse de péripatéticienne, fille d'hippogriffe galeux croisé avec un macaque enragé ». Ce qui ferait un drôle de croisement, d'ailleurs… Déjà que l'hippogriffe est le mélange d'un cheval et d'un aigle, j'imagine à peine ce que ça pourrait bien donner…
« Je devrais l'oublier, pas vrai ?
-Mon frère ? m'étonné-je. Je sais pas comment, hein… Il est génial !
-Merci, c'est réconfortant, Cath ! »
Je fais une grimace, désolée. Oui, ça manquait peut-être un peu de tact… mais n'empêche que c'est vrai… Moi-même, jamais je pourrais oublier mon frère !
« Mais je suis sûre qu'il t'a pas oublié, non plus ! la rassuré-je en posant une main sur son bras. Il était vraiment amoureux, tu sais !
-J'espère, en tout cas, me sourit-elle. Tu veux qu'on aille danser ?
-OH OUIIII ! »
xOxOxO
« KiiitKaaaatt ! Ehooo ! On arriiiiive !
-Davidouuuu, tu nous as emmené Freddyyyy !
-C'est qui le Big Boss ? »
David se dirige vers nous à grands pas de conquérants mais avec l'enthousiasme de Doctor Who, en un peu moins cinglé. Il a déjà laissé tomber sa veste et sa cravate, et sa chemise verte pâle a deux boutons en moins, ce que je conçois parfaitement parce qu'il fait une chaleur de folie, ici, on se croirait dans un four micro-onde géant… et je nous vois bien en innombrable popcorn s'entassant au fond d'un pot, bondissant et sautant, les uns sur les autres, englués de caramel fondant…
Je dansais avec Isa, Chris et Eliza, ces deux-là nous ayant rejoint il y a peu, et je m'élance en direction de Fred pour lui sauter dessus. Elle rit et je la sens se détendre quand je lui attrape sa main de libre, je comprends aussitôt que David a dû user de tous ses charmes, même les plus cachés, pour la convaincre de venir danser avec nous.
« David a eu trop raisoooon, cette chanson est SUPER ! »
You light me up inside
Like the 4th of July
Whenever you're around
I always seem to smile
« Je sais ! s'exclame David en passant un bras par-dessus mes épaules et celles de Fred. Je suis trop fan… And people ask me how well you're the reason why...
-I'm dancing in the mirror and singing in the shower !" terminé-je.
La La Di, La La Da, La La Da
Singing in the shower
La La Di, La La Da, La La Da
Singing in the shower
On sautille sur place, en chantant comme on peut, le sourire au lèvre et se balançant de gauche à droite, et David, entre nous deux, baisse un sourire, mignon à croquer, à ma meilleure amie qui le lui rend comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, et je chante que plus encore… La La Di, La La Da, La La Da...
Chris et Eliza dansent devant nous. Il la tient par la main et la fait virevolter, et elle rit aux éclats, même si je ne l'entends pas à cause de la musique, c'est évident qu'elle rit, et Chris a lui aussi un sourire qui lui dévore le visage comme lorsqu'il est super heureux. Ce qui n'est pas arrivé depuis sacrément longtemps.
Think of you when I'm going to bed
When I wake up, think of you again
You are my homie, lover and friend
Un bras s'enroule alors autour de moi et tout un corps entier se plaque contre mon flanc. Je lève les yeux pour rencontrer le regard pétillant de malice de Henry. Une gigantesque fontaine de chaleur coule dans mon ventre et j'en oublie les paroles de Becky G. Je sais juste qu'elle parle d'un garçon et d'un bonheur qui fait chanter et danser, tout le temps, et que je danse et que je chante, et que je suis heureuse. Et il y a Henry juste là.
La musique s'éteint presque, des petites percussions tambourinant avec douceur et la chaîne humaine se brise. David défait son bras de mes épaules et se tourne vers Fred qui le regarde, les yeux très grands ouverts et Henry continue de danser, un peu en me souriant. Et mon cœur bat très, très fort, ça c'est certain. Et bien plus vite que ces percussions.
There ain't no guarantee
But I'll take a chance on we
Baby let's take our time
Quelqu'un derrière moi me pousse et je me rapproche sous le coup vers Henry, même si je n'ai pas vraiment lutté contre, et il pose une main sur mon bras comme pour m'empêcher de vaciller, même si je ne pense pas que ce serait arrivé. Mais sa main me brûle la peau, mais avec douceur, ce qui est assez étrange. La musique s'accélère, devient plus forte et il se penche vers moi pour chanter très fort :
« Singing in the showeeeeerr ! »
J'éclate de rire et on reprend le dernier refrain de plus belle. Et Merlin, qu'est-ce qu'il est beau ! Je ne l'ai jamais trouvé si beau ! Est-ce qu'il était aussi beau, il y a trois ans, trois mois… trois semaines ? Honnêtement, j'ai des doutes…
La musique s'éteint sur des « La La Di », et des « La La Da » et des « singing in the shower », et j'ai juste envie qu'elle recommence. Mais c'est une mélodie de rock qui prend la relève avec bientôt un chanteur bien connu qui lance « I Want You to Want me ! ». Henry me sourit et on se remet à danser, mais on me pousse brutalement et la seconde d'après, je suis dans les bras de John avec sa plus belle tête énervée. Et je soupire, subitement irritée moi aussi. Qu'est-ce qui lui prend d'un coup ?
« Je croyais que tu voulais pas danser ?! m'énervé-je, par-dessus la musique.
-J'dérange, p't-être ? » claque-t-il sur le même ton.
Je ne réponds rien, me contentant de renifler en détournant le regard, cherchant Henry mais je ne le trouve nulle part. Génial. Je passais enfin un bon moment, un vrai bon moment, digne de tous ces films avec des bals fantastiques, et il a fallu que John arrive ! Et il me sert si fort près de lui que j'ai l'impression de suffoquer ! Sérieusement, est-ce que c'est comme ça qu'on danse ? En étouffant sa partenaire ? Il m'énerve tellement !
« C'est pas un slow, John !
-Et alors, qu'est-ce qu'ya, putain ?! »
Je ne lui réponds rien, me demandant moi-même ce qui se passe. Mais tout ce que je sais c'est que je préfère danser avec Henry, et que je suis vraiment furieuse, avec un immense sentiment de frustration qui me dérange et me met sur les nerfs. Mais, franchement, pourquoi est-il venu ? Alors qu'il ne voulait même pas danser.
Didn't, didn't I, didn't I see you crying ?!
C'est tellement énervant.
xOxOxO
I do it right
Give it to you how you live
J'observe, assise au pied du mur, mon verre de bière-au-beurre posé par terre à côté de moi, bon nombre de mes camarades rejouent la même mascarade de chaque amorce de slow. De nombreux couples se regardent, tournent la tête à gauche, à droite, se retournent. Je ne sais pas trop ce qu'ils cherchent. Peut-être quelqu'un d'autre que celui qui attend devant eux ou peut-être seulement qu'ils hésitent comme la dernière fois de faire le premier pas. D'autres sont certains, ça se voit qu'ils savent ce qu'ils font. Comme Chris qui présente sa main galamment à Eliza qui l'accepte instantanément. Ou David qui retient Fred qui voulait s'en aller. D'ailleurs, je me dis que beaucoup ne sont pas à l'aise avec les slows parce qu'ils ont peur de ce que ça peut signifier, parfois. Parce que certains donnent plus de signification aux choses que d'autres… Comment savoir ?
Moi, par exemple, j'ai passé plusieurs danses dans les bras de John alors que ce n'était pas des slow. Est-ce que ça aurait dû avoir une quelconque importance ? Parce que je ne l'ai pas trouvé. Et j'ai passé chaque seconde à la chercher. Mais est-ce que c'est ça aussi être en couple, danser un rock comme un slow et que ça soit normal ? Que ça ne fasse rien ? J'ai entendu des gens dire que la magie ne durait pas. On peut être bien avec quelqu'un, avoir trouvé la bonne personne et s'ennuyer en dansant avec elle. Parce qu'il n'y a déjà plus ces petits papillons dans mon ventre quand il m'embrasse. Et que je les aimais bien, ces papillons.
Can we pretend
That everything is like yesterday
What if I just wanna feel you touching me?
Je soupire et trinque à cette histoire de couple ennuyante et compliquée, buvant mon jus de citrouille, laissant la musique et la pénombre me bercer. Ce serait le moment idéal pour les encagoulés ou les floutés d'attraper un élève et de le tabasser, dans le brouhaha, parmi les ombres, l'euphorie générale, cette sorte de transe dans laquelle tout le monde est plongé… Personne ne remarquerait rien. Mais bon, même les encagoulés ou les floutés doivent être bien trop occupés à profiter de la soirée. C'est des ados comme nous, ils sont sûrement là, dans cette foule, à danser un slow avec des filles.
« Qu'est-ce que tu fais là, Cath ? »
Mon cœur loupe un battement et je tourne la tête vers Henry qui s'assoit à côté de moi, par terre. Sa chemise gris clair est largement déboutonnée, sa cravate dénouée pendant de part et d'autre de son col, et ses manches retroussées jusqu'à ses coudes. Il étend l'une de ses jambes, pose un bras sur le genou de sa seconde jambe pliée et me regarde avec un mélange incroyable d'inquiétude et d'amusement. Je passe quelques secondes à regarder ses beaux yeux où les lumières de plus en plus tamisées de la salle se reflètent puis lui réponds :
« Je sais pas… je déprime, je crois…
-Pas venue avec le bon cavalier, alors… »
Peut-être.
Je ne saurais pas trop dire s'il dit ça sérieusement ou s'il plaisante. A vrai dire, soyons franc, je ne sais jamais avec certitude ce que pensent les gens. Je pense qu'ils sont trop bons menteurs et comédiens pour ça. Ou trop compliqués.
Let's pretend you never lied
So I can give it up all night
"Va voir John et fais-le danser, me conseille-t-il.
-J'aime pas danser avec lui, avoué-je.
-C'est con, parce que c'est lui ton copain.
-Je sais. »
Swallow my pride, and learn to forgive
When I'm looking for love, I pretend
Je finis ma bière-au-beurre et repose mon verre, lance un coup d'œil à David qui fait rire Fred et Chris qui berce Eliza au rythme de la musique. Il y a aussi mon frère, sur une banquette, plus loin qui embrasse lentement sa cavalière, sans se soucier de rien, comme beaucoup d'autres couples. Je suis allée lui demander si elle était sa petite-amie. Il a haussé les épaules et a répondu « Qui en a quelque chose à foutre, Cathouille ? ». On fait ce qu'on veut, au diable les règles qui ne veulent rien dire, m'a-t-il dit. En total désaccord avec tout ce qu'on s'est toujours dit avec Cindy. Les relations ont une importance, pas vrai ? Les papillons, tout ça ? Ou pas ?
Je sens alors Henry me toucher les cheveux pour ranger une mèche de cheveux derrière mon oreille et mon cœur s'emballe, et toute une ruche d'abeille s'anime et bourdonne dans mon ventre. Sans comparaison possible avec les papillons de John, et sa colère, et sa brutalité, et ses grimaces de singes. Au diable les règles…
Je me tourne complètement vers Henry pour poser mes lèvres sur les siennes, chaudes mais pas trop. Chaudes comme il faut.
It's you
A love that never ends
I pretend it's you
That I'm in love with
Il a les yeux écarquillés quand je rouvre les miens et que je m'éloigne un peu, me mordillant la lèvre parce que je sais que j'aurais sûrement pas dû, parce qu'il y a des règles même si elles nous plaisent pas et même si on ne sait pas vraiment pourquoi elles existent.
« T'as un copain, tu peux pas faire ça, Cath, me dit-il.
-Oui… sauf que je l'ai fait, pas vrai ? »
Et que si les encagoulés ou les floutés peuvent tabasser quelqu'un dans le noir sans être vus, je peux certainement embrasser Henry sans que personne ne le voit, non ? Juste parce que j'en ai envie. C'est toujours mieux que de faire semblant.
« Ouais, tu l'as fait… »
Il me sourit, m'attrape le visage à deux mains et m'attire contre lui.
Pretend that I care when I don't care
