Bonne lecture !
Chapitre 17
« Marianne, écoute !
- J'ai plus rien à entendre de ta part ! claque-t-elle avec véhémence.
- Tu peux pas foutre en l'air tout ça pour une histoire d'agression !
- Une histoire d'agression de nés-moldus ! corrige-t-elle. »
George a la mauvaise idée de lever les yeux au ciel, Marianne le dévisage avec mépris. Ses boucles blondes tressautent autour de son beau visage tandis qu'elle lui fait remarquer qu'étant née-moldue elle-même elle aurait bien pu finir entre les griffes de ces terroristes.
« Je t'aurais protégé ! s'agace-t-il.
- Parce que les autres nés-moldus eux peuvent aller crever peut être ?!
- C'est pas ce que je voulais dire !
- C'est exactement ce que tu voulais dire ! Si ça se trouve t'en fais même partie hein ! »
Maladroitement je tente de leur faire remarquer ma présence au milieu de leur dispute post-relation. Mais ni l'un ni l'autre n'en ont rien à faire, vraisemblablement. Autant en amour qu'en dispute, ils sont aussi absorbés l'un par l'autre. Je décide donc que mon avis n'est pas requis dans la situation immédiate - bien que Marianne aura peut-être envie de pleurer sur mon épaule après les cris et les insultes. D'ailleurs comme un miracle, Irma Dalrymple vient juste de libérer les premières années et la salle de cours est libre d'accès pour la DCFM.
« Bonjour Miss Vernon, me salut-elle. »
Je bredouille un salut en retour avant de me glisser sur le banc près de la fenêtre. Encore cinq minutes de tranquillité avant que Marianne revienne à la charge me faire le réquisitoire de George avant de plonger dans une déprime amoureuse qui la rend trop fragile à mon goût. Posant ma joue contre ma paume, je regarde la neige glisser sur les branches des arbres du parc et tapisser silencieusement le sol.
« Ahahah n'importe quoi ! éclate de rire soudainement Susan. »
Je sursaute et lève les yeux sur elle accompagnée de Reginald et de leur troupe habituelle. Mais c'est surtout lui qui capte mon attention, à l'aise et narquois il dégage cette aura brillante qui m'a toujours attirée. Je m'abreuve de son image, le ventre noué. Mon regard accroche celui de Susan qui me lance un regard hautain et froid. Avant de lui prendre la main pour le faire s'asseoir à côté d'elle. Je rougis, mal à l'aise.
« Fred ! »
Mon corps entier se braque pour se préparer à la vue de David. Mes oreilles tressaillent de plaisir en entendant l'accent qui ondule sur sa voix. Il semble essoufflé.
« La place est prise ? me sourit-il. »
Avant de s'asseoir aussitôt pour enchaîner sur son précédent cours, de Potions.
« T'aurais dû voir la gueule de Slug ! Il était couvert de morve de troll ! Maxwell a encore frappé fort ! Même s'il s'est pris quatre heures de retenue ! »
Il rit encore de la scène cocasse de Slughorn au sol couvert de morve, se rapprochant finalement de son homonyme de toujours, la limace. Je ne peux m'empêcher d'avoir un petit rire. David semble ravi de ma réaction puisqu'ignorant le reste de la classe qui s'installe, il se rapproche de moi. Un petit sourire au coin.
« Est-ce que tu m'évites Fred ? »
Bouche-bée, je reste muette ne sachant pas quoi offrir comme démenti à une vérité plus qu'incontestable. Ses yeux vert inquisiteurs et sérieux finissent de me déstabiliser et la culpabilité me dévore soudainement les tripes.
« Euh… c'était ma place, s'élève la voix de Marianne. »
Je relève les yeux sur elle. Elle fronce les sourcils avant de se pencher sur nous narquoisement.
« Quoi vous sortez ensemble en secret ? »
Je change brutalement de couleur tandis que David lance du tac au tac.
« Ca se pourrait bien ! »
Marianne le jauge de la tête au pied avant de me lancer un clin d'œil approbateur. Soufflée je la regarde s'asseoir près de Pénélope tandis que David se retourne vers moi.
« Tu n'as pas répondu à la question.
- Je suis désolée… bafouillé-je.
- Désolée de quoi ? fronce-t-il les sourcils. De ce qu'il s'est passé ? »
Désolée de ne pas savoir quoi faire. Désolée de ne plus comprendre où j'en suis. Désolée d'être amoureuse de Réginald, et de pourtant de le désirer lui. Sans raison. Désolée d'être aussi faible et idiote. Désolée de l'avoir embrassé ? Malgré la culpabilité d'avoir apprécié, je ne regrette pas un seul instant. C'est la chose la plus ébranlante et la plus brûlante qui me soit arrivée depuis longtemps. La plus vivante aussi.
« Non, soufflé-je doucement.
- Mr Lehnsherr comme toujours en train de discuter ! s'exclame Irma Dalrymple. Au lieu de contempler Miss Vernon pourriez-vous me dire comment contrer le sort d'Alduril ? »
Je rougis tandis que sans se démonter David se retourne vers elle. Et avec son aisance naturelle lui donne la bonne réponse pour son plus grand mécontentement.
« Par un sortilège Diraptus. »
Sans un commentaire, elle se détourne de lui pour choisir une nouvelle proie.
« Ca voulait pas dire qu'on sort ensemble et tout hein… fait-il nonchalamment tout bas. Enfin… Enfin moi ça m'plairait bien. »
La surprise me saisit. Et le plaisir ensuite. Je coule un petit coup d'œil à Réginald bien loin de mon univers, bien loin de me respecter. Qui s'est moqué de moi tout comme Susan, Rita et Pénélope. Qui m'a trouvé idiote et stupide. Qui m'a piétiné moi et mon cœur. Pourquoi je continuerai de souffrir à cause de lui ? Pourquoi je continue de subir sans rien dire ? Pourquoi je devrais ressasser encore et encore mon humiliation et en restais là, à contempler mon égo détruit et à ré-entendre leurs rires mesquins ?
Surtout quand un garçon beau à tomber comme David qui m'a fait perdre pied en un baiser, aimerait sortir avec moi.
Mais sortir avec quelqu'un c'est juste... trop grand pour moi. Je ne sais pas si je pourrais jamais m'ouvrir, être totalement à l'aise avec quelqu'un d'autre que Cath. Il faut s'engager, accepter qui on est et se présenter comme cela, sans masque à l'autre. Ma promesse de changement du début d'année me revient en tête. Est-ce que j'en serais capable ?
Est-ce que j'en serais capable ?
« Enfin, continue-t-il lentement... C'est comme tu l'sens. »
Et sur ces entre-faits, il retourne à l'exercice théorique demandé par Miss Darlymple. Et une pointe de déception creuse ma poitrine. Qu'il abandonne si vite, qu'il se détourne pour m'oublier et passer à autre chose me rend soudain consciente du fait que oui, j'ai envie de passer du temps avec lui. Merlin... Et de l'embrasser à ne plus sentir mes lèvres.
Rougissante et tremblante, je souffle.
« A moi aussi. »
Mais il n'a pas entendu. Je pourrais me rétracter, je pourrais fuir. Faire comme si les mots n'étaient jamais sortis de ma bouche. Tout en moi crie pourtant le contraire, comme s'il était sûr que c'est la meilleure chose à faire. La meilleure sans discussion.
« A moi aussi, répété-je. »
Il se tourne vers moi, et lentement un sourire ravi se dessine sur son visage. Les joues en feu j'y répond avec ferveur. Sa main effleure la mienne.
Cette fois je vais faire les choses dans le bon sens, d'abord connaître la personne et après tomber amoureuse.
OoOoOo
« Oui, euhm... Le dosage doit être parfait, faites extrêmement attention. Parfait Miss Vernon ! s'enthousiasme Slughorn en passant à côté de moi. Prenez exemple Miss Morland au lieu de bailler aux corneilles ! »
Je fais mine de ne pas réagir et continue de faire glisser l'eau de Sibérie dans mon chaudron. Mon partenaire n'est guère causant ce qui commence sérieusement à m'inquiéter. Il n'est pas dans la nature d'Henry de ne pas imiter Slughorn pendant l'un de ses cours. Je lui jette un coup d'œil, le regardant émincer nos queue de lézards l'air particulièrement songeur.
« Est-ce que tu a finis avec les lézards ?
- Ouais, ouais... »
Je devrais probablement lui demander ce qui le tracasse... Mais... Je lâche un soupir et mélange doucement la mixture émeraude. D'un vert qui rappelle étrangement les yeux de David. Je pique un fard monstrueux. Aujourd'hui, depuis le cours de ce matin, tout me rappelle David. Je brûle d'envie de le dire à Catherine, même si un part de mon être s'inquiète de son jugement. Elle sait que je suis amoureuse de Réginald, que va-t-elle penser de tout ça ? Que je mène en bateau David ? Que je suis une hypocrite ?
Mon cœur se serre. Je n'ai pas l'impression d'être une hypocrite, même si ma conscience moralisatrice semble me le rappeler sans cesse. C'est juste... naturel. Et grisant. C'est comme monter sur un balai pour la première fois tout en sachant qu'on est résolument fait pour la terre ferme. On sait que c'est fou, illogique. Et pourtant on est irrésistiblement attiré.
« Au fait t'es au courant de la soirée de Slug demain soir ? »
Ma rêverie éclate brutalement. Je me tourne vers Henry.
« J'avais oublié, soufflé-je. Je ne sais pas si je vais venir...
- C'est juste un dîner, pas une réception, me prévient-il.
- Je ne sais pas si c'est mieux...
- La prochaine fois c'est Tom Hanks le joueur de Quidditch qui vient ! Faudra inviter Cath ! Appuie-t-il.
Étonnée, je le dévisage. A moins que plane sur l'identité de Tom Hanks un doute le faisant passer pour un éventreur en série il y a peu de chance qu'il intéresse Cath. Henry se reprend avec empressement.
« Pour qu'elle ramène un autographe à James !
- Tu es son ami non ? Demandé-je. »
Il se tait, avant de brusquement s'écrier.
« Je crois qu'il faut que ça boue un peu plus ! »
Et se penche pour attiser le feu, me laissant tout à fait perplexe. A-t-il dans l'idée d'inviter Cath ? Se souvient-il qu'elle est la petite amie de John ? Elle a déjà dit non une fois... Pourquoi vouloir retenter le coup quand le fracassement est imminent ?
OoOoOo
« Henry était étrange en Potions...
- Ah bon ? fait Catherine, et... qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Rien de vraiment spécial, il n'avait juste pas l'air très naturel...
- Ah.. »
J'échange un regard avec Christ, lui comme moi remarquons la mine étrange de Cath. Son ton détaché est pour le moins surprenant. Je me fais la réflexion que peut-être pense-t-elle qu'il rumine son invitation rejetée et qu'elle en est gênée. Mais il n'avait pas l'air de lui en vouloir en vérité. Je ne vais la brusquer pour savoir ce qui la tracasse, je sais bien qu'elle se confiera à moi si elle n'est pas bien. C'est un accord tacite depuis des années, cette confiance en l'autre et en sa présence et son soutien.
Je tripote machinalement mon sac, ne sachant pas vraiment comment annoncer que David et moi avons décidé de sortir ensemble. De but en blanc me paraît un peu impromptu mais...
« Eliza ! »
Cath et moi sursautons pour nous retourner vers Christ qui s'est levé brusquement du banc sur lequel on est assis dans le parc. Il enfile son sac et nous prévient qu'il nous retrouve tout à l'heure, avant de s'élancer à grandes enjambées vers Eliza. Qui le salue d'un geste de la main amical.
« Tiens tiens, me souffle malicieusement Cath, ils ont l'air de s'apprécier non ?
- Et Marianne est célibataire maintenant... commenté-je sur le même ton.
- Tiens dooooonc... rit-elle avec satisfaction. Il s'en fiche ou c'est moi ?
- Je... Je crois bien qu'il s'en fiche... »
Catherine laisse éclater sa joie en un sourire, je ne peux m'empêcher de l'imiter. C'est bien pour Christopher de ne plus être focalisé sur Marianne et malheureux à cause d'elle. Mais nous n'avons pas tôt fait de nous réjouir que Christ revient d'un pas traînant vers nous. Je fronce les sourcils, jetant un coup d'œil à Eliza qui s'en va rejoindre son amie.
« Tu lui as proposé de venir à la prochaine fête de Slughorn ? demandé-je.
- Ouais... marmonne-t-il en se rasseyant.
- Et alors ? Qu'est ce qu'elle a dit ? s'impatiente Cath, elle veut bien ? Faut dire qu'au bal entre vous...
- Elle a dit qu'elle était pas intéressée.
- Hein ? s'écrit-elle. Sérieux ?
- Peut-être que c'est vrai, les soirées de Slughorn ne sont pas d'un grand intérêt... tenté-je de l'excuser.
- Mais on s'en fout de Slug, le principal c'était d'être avec toi non ?!
- C'était l'idée, marmonne-t- il.
- C'est pas normal, continue Cath, si ça se trouve une de tes admiratrices secrètes la menace !
- Qui ?
- C'est bien pour ça qu'elle est secrète Christ... »
Et malgré l'air un peu sombre de Christ, je ris.
« Et si on allait boire un chocolat chaud ? proposé-je. »
Sur cette proposition notre petit groupe se met en marche vers Poudlard dressé sur son imposant rocher. En entrant, je frisonne du plaisir simple de sentir la chaleur ambiante se diffuser sous mes vêtements, m'arrachant un frisson.
« Hé Kitkat ! Faut absolument que tu m'dises si t'es libre pour le nouvel an ! »
Je tressaille. David de tout son éclatant charisme s'arrête à notre hauteur, entouré de ses amis dont les noms me sont tout à fait inconnus. Je croise son regard, il se rend soudainement compte de ma présence. Et si je ne sais pas du tout comment aborder les choses, lui en revanche ne s'encombre pas de ces considérations. Il passe un bras autour de mes épaules et plaque un baiser sur ma joue.
« Ca va Fred ? »
Je me sens rougir jusqu'à la racine de mes cheveux et esquisse un sourire tendre. Si les amis de David ne semblent pas le moins du monde étonnés, Cath et Christ me dévisagent avec ahurissement. Je tente une mine désolée mais ma meilleure amie n'en a que faire, elle me bondit dessus en s'écriant.
« JE VEUX TOUT SAVOIR ! »
