Chapitre 15
Sam s'étira paresseusement, déployant lentement les bras au-dessus de sa tête sur l'oreiller. Nu comme un ver sous les draps froissés qui le couvraient jusqu'au nombril, il exhibait son torse sculpté aux tétons durcis ainsi que le noir de ses aisselles, et semblait n'avoir que peu l'envie d'ouvrir les yeux. Encore euphorique de la nuit qu'il avait vécue, il craignit peut-être de laisser s'échapper par ses paupières ouvertes les images fantastiques qui lui emplissaient la tête, et resta là un moment, à se prélasser dans son lit comme un chat placide réchauffé par les rayons du soleil. Il prit finalement une lente et profonde inspiration, gonflant ses pectoraux à leur pleine amplitude, et esquissa un sourire qui parut éclore sur ses lèvres comme un bourgeon printanier.
Il ne s'était jamais senti aussi bien de toute sa vie.
Il avait la sensation d'être encore enveloppé par ce parfum qui ne lui appartenait pas, mais qu'il lui manquait en même temps quelque chose, comme une épaisseur de peau, cette peau dont la chaleur l'avait continuellement enveloppé au cours de la nuit. C'était déjà du passé, et il aurait pu se forcer à se lever maintenant qu'il était réveillé, mais le souvenir quasi irréel des dernières heures était encore frais et, en restant dans les draps, il avait l'impression de prolonger un peu de ces instants qu'il n'oublierait jamais. En déplaçant lentement les jambes, il parut chercher à retrouver celles qui lui avaient disputé la place, mais il eut pas besoin de fouiller le fond du lit pour savoir qu'il était seul, à présent.
Du moins, le crut-il : une odeur de café chaud lui monta soudain aux narines, et tout en tournant la tête vers la porte grande ouverte, il laissa ses yeux se poser sur Dean, deux tasses dans les mains, approchant sans bruit, un simple peignoir vert noué à la taille. Les cheveux humides et à demi ébouriffés, il venait manifestement de se doucher, et l'échancrure de sa sortie de bain, qui ne descendait pas plus bas que le haut de ses genoux, laissait voir la plus belle part de son torse. Il adressa à son cadet un bref haussement de sourcils, puis posa les yeux sur lui, non sans trahir l'intérêt qu'il porta de toute évidence à l'envergure de son poitrail et de ses larges bras dénudés, avant de lancer :
- Enfin réveillé ?
En ramenant les bras près du corps, Sam observa Dean pendant quelques secondes. Son aîné lui parut détendu mais un peu sur la réserve, une pointe d'anxiété lui semblant nuancer la tonalité nonchalante de sa voix et, derrière son allure placide, sa posture donnait le sentiment d'une prudence superflue. Sam ne s'y attarda pas davantage, heureux de le voir toujours présent, apparemment en bonne forme, et son cœur se souleva subitement dans sa poitrine, l'incitant à se redresser un peu en répondant d'une voix ensommeillée que précéda un long soupir :
- Hum... Quelle heure il est ?
- Presque onze heures, marmotte, informa Dean en approchant suffisamment pour poser une des tasses sur la table de chevet. Tiens, café.
Il fit deux pas dans la direction opposée, trempant ses lèvres dans sa propre tasse. Sam s'appuya sur un coude, tendant ainsi ses muscles devant Dean qui capta du coin de l'œil son changement de position.
- Merci, fit le puîné d'une voix empreinte d'une sérénité absolue, un regard presque rêveur braqué sur son frère. J'avais vraiment besoin de dormir, je crois.
Il bailla et passa une main dans ses cheveux pour se dégager le visage, mobilisant son bras dont le biceps gonfla, révélant parallèlement sa profonde aisselle velue. En aspirant une gorgée de café, Dean regarda les pectoraux de Sam en en longeant les lignes ciselées, et en comparant le court des poils qui lui hérissaient le torse à ceux qui lui noircissaient la région axillaire, il se fit la remarque qu'il n'y avait pas qu'à l'entrejambe, que son frère entretenait sa pilosité.
- Et alors ? lui demanda-t-il. Ça va ?
Il y avait clairement derrière cette question, exprimée avec une retenue qui en dit long, un sous-entendu qui n'échappa guère à Sam. Il se sentait l'âme et le cœur trop légers pour seulement songer à peser ses mots, et avec la plus entière sincérité il répondit :
- Si ça va ?
Il y réfléchit l'espace d'un battement de cil, et confia, libéré :
- Ouais, je me sens... mieux que jamais. Je me sens délivré du poids qui m'étouffait, cette sensation d'être rongé de l'intérieur, elle a disparu... T'y es pas pour rien.
Dean vit les yeux de son frère, qu'il n'avait jamais trouvés si clairs, le fixer avec une lueur étrange et, gêné, il tenta de s'abriter derrière sa tasse, absorbant une gorgée de café tandis que ses pommettes rosirent, ce qui fit discrètement sourire Sam. Celui-ci renaissait, après les affres et les tiraillements de la veille ; à sa pose alanguie et l'éclat sur son visage c'était une évidence pour Dean qui, entre allégresse et embarras, peinait à se positionner par rapport à la nuit insensée qu'ils avaient passée. La confusion - entre autres considérations - embrumait ses pensées, et parce qu'il vit bien qu'il ne savait pas par quel côte aborder les choses, Sam vint en aide à son frère en retournant d'une voix engageante :
- Et toi ? Ça va ?
Presque surpris par la question, Dean, qui piétinait plus qu'il ne faisait les cent pas devant le lit de Sam, tourna lestement la tête vers lui pour le voir se replacer plus à son aise, glissant lentement vers le fond du lit pour mieux pouvoir redéployer ses longs bras au-dessus de sa tête. L'aîné des Winchester revit le torse splendide de son cadet s'étaler de toute son envergure, chaque muscle superbement dessiné derrière la pilosité modérée qui en soulignait les traits les plus épais, et le regard tout à la fois pénétrant et désarmant de paix que Sam s'entêtait à lui lancer sans faillir, le troubla plus qu'il l'aurait voulu.
- Tss, commença Dean, l'air bravache. Évidemment, que ça va...
Mais son sourire fanfaron ne tint pas plus longtemps qu'un tas de sable sous la vague et ses traits retombèrent tout net à force de ressasser les choses impensables qui s'étaient produites.
- Enfin... y'a quand même eu des trucs... On… a ptet un peu perdu les pédales... non ?
Il eut un brusque soupir nasal en esquissant un sourire des plus gênés, et se gratta le coin de l'oreille sans plus savoir où poser son regard.
- Juste un peu ? fit Sam sans volonté de provocation, croisant les bras sous sa nuque avec indolence et mettant ses jambes en mouvement sous les draps pour plier un genou. On les a perdues complètement, tu veux dire... Mais vu tout ce qui est arrivé ces derniers jours, ça nous pendait au nez...
Dean braqua un regard consterné sur son frère, dodelina de la tête, puis revint d'un pas leste vers la table de chevet où il lâcha sa tasse avant de grimper sur le lit. Il s'installa à la hâte tout près de Sam, qui se décala légèrement pour lui faire de la place, et s'adossa à la tête de lit, les jambes tendues d'une raideur nerveuse, chaussons fourrés aux pieds.
- Bordel, j'ai l'impression que… c'était pas nous, déversa Dean d'une voix rauque, ses yeux grands ouverts à demi tournés vers Sam. Que…Qu'on a joué un... Un porno gay !
- Tu connais ? fit Sam d'un air moqueur. Y'a une partie gay, sur ton site Asian-truc, là ?
Dean lui jeta cette fois franchement un regard torve, et lui asséna un coup de coude dans le pectoral, juste au niveau du tatouage anti-possession qu'ils arboraient tout deux sur la poitrine.
- Arrête de te foutre de ma gueule, tu veux ? Je suis sérieux, là !
Sam haussa les épaules.
- C'était du sérieux cette nuit aussi, dans mes souvenirs... Et alors, quoi ? On s'est lâché, c'est fait, mais... même si j'aurais jamais imaginé qu'un truc pareil nous arrive, je regrette pas une seule minute de ce qu'on a fait.
Durant un court instant, Dean resta à le regarder d'un air estomaqué. Puis, aussi songeur qu'égaré, il laissa son regard viser le pied du lit, avant d'admettre à mi-voix face à l'assurance de son frère, en même temps qu'il fit son introspection :
- Je... Je crois que je le regrette pas non plus, enfin... Tant pis si ça me vaut un nouvel aller simple pour l'Enfer mais... je dois reconnaître que… Enfin… Que ça m'a fait du bien, et… Pas seulement parce que j'ai pris un pied monumental...
En tournant lentement les yeux vers Sam, il capta le sourire un brin narquois que sa confidence avait fait naître sur les lèvres de celui-ci et durcit un peu les traits de son visage. Il se racla la gorge en se raidissant davantage, manifestement très mal à l'aise, quand Sam lui avoua avec douceur :
- Y'a pas que toi qui as aimé ça, rassure-toi... J'ai jamais autant joui que cette nuit. Je me doutais que t'étais doué, mais là... On dirait que t'as fait ça toute ta vie.
Dean chercha à cacher l'effet que le compliment produisit sur lui, mais ses efforts pour empêcher la fierté d'éclairer son visage eut l'effet contraire. Bouffi d'orgueil, il prit alors un air désinvolte et se hasarda à répondre, du bout des lèvres :
- Tu... Tu m'as bien aidé, t'étais... très chaud... Plus que je t'en croyais capable, tu caches bien ton jeu...
Il se sentit éminemment ridicule après s'être entendu, craignant par ailleurs d'avoir été trop franc mais, Sam ne prit pas ombrage de la remarque.
- Je me suis étonné moi-même, si tu veux tout savoir, avoua-t-il. Mais, je te l'ai dit : je le regrette pas une seconde. Ça montait tellement que c'en devenait insupportable, il fallait bien trouver un moyen pour que la pression redescende... Et je comprends de quoi tu parles, quand tu dis que ça t'a fait du bien, parce que moi aussi je me sens revivre.
Il regarda son frère qui partageait manifestement le même sentiment. Mais Sam vit aussi, au regard vague de Dean et à la tension de ses traits, combien il peinait à assumer sereinement ses actes, et cela aussi il le comprenait.
- T'es bien sûr que ça va ? s'enquit-il d'un ton neutre, gardant le bras droit sous sa nuque pour tapoter la cuisse de Dean du revers de sa main libre.
L'intéressé opina mollement du chef, sans trouver à redire à ce contact, sauf peut-être qu'il aurait préféré que son cadet visât une partie nue, plus bas, là où sa cuisse n'était pas couverte par le tissu du peignoir. Pensée qu'il fut heureux de garder muette.
- Ça dépend de ce que t'entends par là, nuança-t-il cette fois, visiblement ébranlé. J'ai pris un pied d'enfer, c'est vrai, toute façon comment je pourrais te dire le contraire ? Comme toi, je me sens soulagé d'un poids, comme si le poing qui me broyait le bide avait fini par se desserrer. Enfin. C'était plus arrivé depuis des jours, mais... Ça enlève rien au fait que j'aie... baisé avec mon frère, et que même si je sais bien que ça devrait me faire gerber, me faire crever de honte et de remords... j'arrive pas à ressentir ça. Pas vraiment.
Il en termina là, laissant un lourd silence s'installer alors que Sam prit acte de cette confession. En dépit des sentiments contradictoires, voire même conflictuels qu'il pouvait éprouver lui-même, le plus jeune des Winchester fut heureux de constater que son aîné ne reniait pas totalement ce qu'ils avaient partagé, et que la manière parfaitement libre, infiniment passionnée et faisant fi de toute raison avec laquelle Dean s'était conduit au cours des dernières heures, n'était pas forcément vouée à être occultée, comme il l'avait craint.
- Comment ça pourrait ne pas te perturber ? avança Sam d'un air absent, les yeux fixant un point invisible à mi-chemin entre le sol et le plafond. Baiser avec un autre mec, avec mon propre frère... Ressentir ce... désir incontrôlable, contre-nature... J'aurais traité de malade mental n'importe qui m'aurait dit que ça m'arriverait. Avec ou sans âme.
- C'est arrivé, énonça Dean d'un regard tout aussi vague. Et je sais toujours pas ce qui nous a poussés à le faire. Si c'est vraiment nous, ou... Eux.
Malgré la plénitude extatique dans laquelle il baignait, Sam se sentit piqué par une pointe de contrariété en voyant le sujet revenir sur le tapis, en dépit de la liberté absolue avec laquelle ils s'étaient longuement donnés l'un à l'autre. Il doutait moins que jamais que les Érotes n'aient été qu'un révélateur de désirs déjà bien présents, ce que son frère, lui, n'arrivait visiblement toujours pas à accepter.
- C'est parce que tu ne ressens pas ce que tu pensais devoir ressentir, que tu te poses toujours la question ? demanda Sam d'un ton las.
Dean le regarda avec incertitude, sans que Sam daignât lui rendre son regard. L'aîné des deux hommes cherchait toujours à éprouver le rejet et le dégoût de lui-même que ses actes auraient dû lui inspirer, comme si persister à désirer son frère était la preuve ultime qu'une influence surnaturelle continuait de le dominer, mais plus passait le temps et plus se multipliaient les fautes, plus sa conviction que ses pulsions lui venaient d'ailleurs s'atténuait. Se donner la possibilité de se raccrocher à l'idée qu'il n'était pas véritablement responsable de sa conduite lui offrait l'espoir d'en être absous, pourtant il sentait bien que c'était là se mentir. Que c'était bien au tréfonds de ses tripes qu'avait pris ce feu qu'il nourrissait pour son frère, et que la main qui mettait le feu n'était pas nécessairement celle qui craquait l'allumette.
- Je me la pose, parce que... Tant que je le fais, je peux encore dire que je ne suis peut-être pas fautif, livra-t-il sans fard, avec une fragilité et une sincérité authentiques.
Sam tourna la tête et le regarda avec intensité. Sans un mot, il attendit que les yeux de son frère croisent les siens, puis il se redressa jusqu'à s'adosser à son tour à la tête de lit pour se placer à sa hauteur, alors que Dean afficha un air résigné et préoccupé. L'expression de Sam devint si vive qu'il sembla en colère, et en posant une main sur la joue de son aîné pour l'obliger à bien le regarder au fond des yeux, il répéta :
- Pour la énième fois, tu n'as rien à te reprocher, Dean. Tu ne m'as rien imposé, ce qu'on a fait je l'ai voulu de toutes mes forces, à chaque fois. Est-ce que je ne te l'ai pas montré assez clairement, cette nuit ?
Ses pupilles accrochées à celles de son frère, Dean ne put le nier. Devant son silence, Sam continua :
- J'ai baisé avec toi parce que j'en avais envie plus que n'importe quoi d'autre, et j'y ai pris plus de plaisir qu'avec n'importe qui d'autre. Je sais que c'était pareil pour toi, et qu'on l'ait voulu tous les deux c'est tout ce qui importe, pour moi. Je me fous que ce soit bizarre, de la folie, ou ce que tu veux, on n'a de comptes à rendre à personne, ce qu'on a fait ne regarde que nous, et si c'était à refaire je referais exactement la même chose.
Sam appuya son regard encore un moment et, noyé dans le vert de ses yeux, Dean demeura confus, partagé entre hésitation et envie d'abandon. Il sentit la chaleur des doigts de son frère qui se mirent à remuer doucement sur sa joue, faisant crisser les poils de sa barbe de quelques jours, et ses paupières devinrent lourdes. Presque par instinct, il posa une main sur celle de Sam et, envahi par le brusque désir de ranimer l'incandescence de leur étreinte qui réchauffait déjà son sang, le cadet de la fratrie retourna presser les lèvres contre celles de son aîné. Dean eut un geste de recul, comme un réflexe, mais le contact infiniment doux de la bouche de Sam sur la sienne annihila instantanément toute velléité de protestation, et il accepta avec délice de lier sa langue à celle de son frère, dans un long baiser qui exprima tout l'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre.
- Sam, tenta-t-il de freiner par la voix, alors que le sang se mit à bouillir dans ses veines et son corps à s'enflammer. Je...
Sam ne le laissa pas poursuivre. Il accentua la pression de ses baisers, lui léchant et lui mordillant les lèvres avant de le museler de plus belle en emmêlant leurs langues avec fièvre, et Dean rendit les armes. Il se saisit du visage de son frère pour donner encore plus de force à leur baiser, laissa s'exprimer sa fougue en réponse à l'enthousiasme de Sam, et alors qu'ils se perdirent en soupirs sonores, goûtant l'autre avec délice tout en cherchant ponctuellement à reprendre leur souffle, le plus jeune des Winchester détourna soudain la tête, privant Dean de sa bouche. Déconcerté, l'aîné de la fratrie tenta d'abord de rattraper les lèvres de Sam en tendant les siennes mais, ne réussissant qu'à effleurer sa pommette, il rouvrit les yeux pour le voir attiré par un point d'intérêt en contrebas et s'apercevoir, en suivant son regard, que son peignoir n'avait pas suffi à contenir son excitation. De fait, le pénis de Dean avait infiniment durci pour émerger de sous le tissu, se frayant un chemin entre les pans de sa sortie de bain. La main de Sam alla l'empoigner avec délicatesse et le jeune homme se mit à caresser le membre turgescent avec gourmandise, ses yeux vissés sur le gland généreux et aux courbes fluides de son frère qui luisait dans le clair-obscur de la chambre, une goutte translucide déjà juchée à son sommet.
- T'aimes ça, hein ? se réjouit-il d'un sourire fat en constatant l'effet qu'il faisait à son aîné. Putain, Dean, ta queue est dure comme la pierre, tu bandes à mort...
Dean, les yeux troubles, prit autant de plaisir à voir qu'à sentir les doigts de Sam sur son sexe et eut un rictus d'ivresse, grisé qu'il était déjà par ces sensations incroyablement puissantes qui déferlaient de nouveau en lui, telle une vague de douze mètres. Sans s'en rendre tout à fait compte, il activa ses hanches pour faire lui-même monter et descendre son pénis dans la main de son frère, tout en empoignant sèchement la crinière de celui-ci afin de reprendre leur baiser là où ils l'avaient interrompu.
- Viens là, commanda-t-il d'un souffle guttural en écrasant sa bouche humide contre celle de Sam.
Trop heureux de pouvoir laisser libre cours à ses envies coupables, le plus jeune des deux hommes répondit à cet appel à la luxure en transformant l'étreinte en un baiser torride, bousculant Dean pour le forcer à se coucher sur le dos, puis sortit des draps pour le chevaucher de sa nudité, à califourchon sur son abdomen. Sans se poser de questions, Dean accepta d'être ainsi soumis et en profita pour agripper à pleines mains les fesses fermes et musclées de son frère, renouant avec le contact de ces hémisphères de chair entre lesquels il s'était outrageusement soulagé un peu plus tôt. Les Winchester semblèrent se dévorer l'un l'autre tant leurs bouches s'obstinèrent à demeurer grandes ouvertes l'une face à l'autre. Indéfectiblement liés, emportés dans leur redoutable élan, ils s'abandonnèrent de nouveau au désir et à leur jouissance de le satisfaire, sans penser à rien d'autre, jusqu'à ce que Sam, une seconde fois, mît un terme à l'étreinte en se dressant, heureux et pantelant, au-dessus de Dean de toute la hauteur de son torse splendide.
- Quoi ? balbutia Dean, complètement étourdi, en contemplant la beauté du poitrail de son frère qui enflait et désenflait magistralement au rythme de sa respiration.
Il ôta sa main droite du fessier de Sam pour la plaquer contre ses pectoraux et les balayer fébrilement, frissonnant de délectation face à leur dureté et leur envergure. Il ne put nier l'attrait qu'il éprouvait pour ce corps d'homme entre ses bras, différent de l'amour qu'il portait au corps d'une femme mais tout aussi clair à ses yeux, et il ne put nier non plus que ce qui lui plaisait par-dessus tout dans ce corps viril où il promenait ses doigts, c'était le fait qu'il s'agisse de celui de son frère. Cette idée perturbante lui brouilla l'esprit une seconde, mais la piqure des tétons bien dessinés de Sam, durs et pointus au centre de leur vaste aréole brune, suscita chez lui une telle excitation quand il passa dessus qu'il sentit un véritable courant électrique lui remonter le long du bras. Un éclat vicieux dans le regard, Dean mobilisa alors ses deux mains pour se saisir simultanément des deux tétons de son frère et, avec le parfait dosage de force et de douceur, les pinça pour les faire rouler entre ses doigts, déclenchant chez Sam un long soupir comblé qui le ravit.
- C'est plus sensible que des nichons de nana, remarqua Dean d'un sourire vaporeux, l'eau lui montant à la bouche au souvenir des gémissements qu'avait poussés Sam chaque fois qu'au cours de la nuit, il lui avait suçoté les mamelons. Tu sais, ça ?
Il baissa les yeux et continua de plus belle lorsque, non sans satisfaction, il vit à quel point Sam prenait plaisir à ce traitement, son sexe incroyablement durci pointé vers lui, l'extrémité du gland humide et ouverte.
- Ah ouais ? défia le cadet de la fratrie, dont le souffle court et la peau moite trahirent la félicité qui le baignait. C'est la seule comparaison avec tes conquêtes qui te vient à l'esprit, t'as déjà oublié ce que tu m'as dit ?
Sous les yeux de son frère qui s'arrondirent, Sam afficha un air bravache et commença à reculer pour pouvoir se placer dans la position idéale. Il débarrassa ainsi le ventre de Dean de sa présence en glissant le long de ses jambes, mais il buta très vite contre un obstacle dans son dos, son fessier heurtant un objet particulièrement dur et chaud dont la nature ne fit aucun doute. D'un rire sec et bref, juste pour le plaisir d'y porter les yeux avant de s'y intéresser plus directement, Sam jeta alors un œil derrière lui et vit le pénis de Dean qui s'était logé verticalement dans le creux de ses fesses et qui s'y dressait, aux abois, comme un grand-mât.
- T'as encore faim ? susurra Sam en frottant lascivement les fesses contre le membre de son frère dont il ne sut soudain plus vraiment de quelle manière il préférait s'en servir. T'as envie de revenir te mettre au chaud, c'est ça ?
Comme à moitié sonné, Dean poussa un long soupir muet, bouche entrouverte et paupières à demi closes, en laissant ses mains glisser lentement le long des flancs ciselés de Sam jusqu'à retourner s'étaler sur ses fesses. Dean les empoigna si fermement, et les écarta si nettement, que Sam sentit une goutte de fluide remonter à la surface de son anus déjà mis à rude épreuve, et bien qu'il n'aurait pas dédaigné être visité de nouveau par son opiniâtre invité, il choisit finalement de satisfaire sa première envie, au grand dam de Dean qui le vit reculer et enjamber son phallus pour descendre jusqu'à ses tibias. À la fois curieux et frustré, mais comprenant bien l'idée qui trottait dans la tête de son cadet, Dean l'observa jusqu'à le voir placer la tête au-dessus de son bas-ventre, et le sourire goguenard que Sam lui adressa lui confirma que son hypothèse était la bonne.
Le cadet des Winchester dénoua alors hâtivement la ceinture du peignoir pour en ouvrir brusquement les pans, dévoilant la nudité de son frère, et en plaquant sèchement la main sur le torse de ce dernier, bras tendu, il se mit à en parcourir avidement la surface glabre, la marquant de ses caresses. Dean, transporté dans un autre monde, poussa un soupir extatique, interminable, et alors que Sam se pencha sur son sexe en érection pour le prendre en bouche, le poitrail de l'aîné de la fratrie se souleva démesurément, ses poumons s'emplissant d'une bouffée de pure extase lorsqu'il sentit son pénis glisser sur la langue de son frère jusqu'à s'enfoncer dans sa gorge chaude. Esclave de ses sens, renouant instantanément avec la jouissance qui ne l'avait pas quitté de la nuit, il écarta inconsciemment les cuisses pour faire toute la place à Sam, et en posant les deux mains sur sa tête, lui caressant les cheveux, il renversa la sienne en arrière pour pousser d'un râle :
- Oh, putain, oui... Suce-moi, suce-moi la bite, Sammy, vas-y...
Sam, qui se passait fort bien d'encouragements, répondit derechef avec voracité à ses instincts lubriques, enserrant le membre ardent de son frère de ses lèvres closes pour commencer à le faire vivement coulisser entre elles, chaudes, douces et glissantes. À l'abri des regards mais pas de la conscience de Dean qui se mit à haleter en serrant dans ses poings la chevelure soyeuse de Sam, celui-ci entreprit d'affoler le gland de son aîné en en titillant vivement l'extrémité du bout de la langue, et aussi entreprenant qu'il l'avait été quelques heures plus tôt, il chercha sans réserve à en introduire la pointe dans le méat de Dean, lequel sentit un frisson de plaisir extrême traverser son phallus comme la foudre s'abattant sur un paratonnerre. Les joues creuses, Sam leva les yeux pour prendre la mesure de la jouissance qu'il offrait à son frère, et en engloutissant son sexe encore plus profondément au fond de sa gorge il accentua parallèlement les caresses sur son torse, lui griffant la peau avec la volonté de l'entendre exprimer sa joie.
Dean, lui, aux anges, se laissa gagner sans retenue par la jubilation que lui procurait la fellation, et à la façon d'un chat sous l'effet d'une herbe euphorisante, il remua placidement les cuisses pendant que son frère continua de s'activer entre elles en faisant preuve dans cet art nouveau d'une habileté surprenante. Les yeux clos, une expression de totale béatitude sur le visage, le premier-né se concentra sur les sensations fabuleuses que la bouche de Sam faisait courir le long de son sexe, se délecta des bruits de succion autant que des petits ronronnements de plaisir qu'il sentait faire vibrer la pomme d'Adam de son frère, et quand la main de Sam vint lui envelopper les testicules il poussa un grognement exalté. Il l'avait dit durant la nuit, et le pensait plus encore à présent : son frère avait un indéniable talent pour cette caresse, tant et si bien qu'il la pratiquait bien mieux que la plupart des filles qui avaient partagé son lit, et Dean, très vite, commença à se crisper, rattrapé par un plaisir qui menaçait de plus en plus de déborder.
- Attends, gémit-il en faisant pourtant tout pour que Sam continue d'aspirer son sexe avec une ardeur égale. Sam, attends, pas si fort, je vais...
Se sentant atteindre dangereusement le point de non-retour, Dean essaya de se retirer malgré l'effort surhumain que cela lui coûta. Il plaça une main sur le côté de la tête de son frère pour l'inciter à réfréner ses élans, mais Sam ne l'entendit pas de cette oreille et le repoussa d'un geste déterminé.
- Jouis dans ma bouche, commanda-t-il en s'interrompant juste le temps d'adresser cette supplique vaporeuse d'un regard pénétrant. Donne-moi ton jus, vas-y, ne te retiens pas.
Sam engloutit le pénis de Dean avec tant d'allant que son nez se frotta à sa toison, et Dean, ébaubi par la concupiscence dont son cadet faisait preuve, acheva de perdre le contrôle. Ses yeux écarquillés braqués sur Sam, il éjacula tout à coup au fond de sa gorge, comme il en avait reçu l'ordre, et la force des saccades qui l'ébranlèrent fut si violente qu'elle en fit bourdonner ses tempes. Chaque muscle de son corps se contracta âprement ; son sperme gicla furieusement dans la bouche de son frère, et il poussa un cri étouffé à chaque bordée, porté par une onde d'extase pure. Sam, comblé, reçut le fruit de la jouissance de Dean en sentant les jets de sperme fouetter sa langue, éclabousser sa gorge, saturer ses papilles et ses fosses nasales de parfums âcres qui lui donnèrent un haut-le-cœur, mais il refusa pourtant d'en recracher la moindre goutte et s'employa même à aspirer le suc avec une force dédoublée. Il avala résolument l'essentiel du fluide chaud et gluant qui se déversait abondamment dans sa bouche, et tout en malaxant les bourses dures comme des œufs de son frère pour maximiser la vigueur de son éjaculation, Sam grogna sans retenue son propre plaisir. Tirant avec délice sur le pénis de Dean en le suçant avidement, il dénombra pas moins de dix jets qui emplirent sa bouche au rythme des gémissements languissants que poussa tout du long son aîné, et lorsqu'enfin ce dernier cessa de gémir, que son corps accepta de se décrisper un peu et qu'il retomba fourbu, il sentit les lèvres de Sam relâcher son sexe avant de le voir revenir l'embrasser. Rompu, vaincu, Dean se laissa totalement faire, accueillant son frère avec docilité, acceptant le contact collant et salé de sa bouche sans broncher, et il ne fut pas le moins prompt à mêler de nouveau sa langue à celle de Sam, toutes deux engluées de salive et de sperme.
Sans interrompre le baiser vorace qu'ils nourrissaient goulûment, ce dernier se replaça à cheval sur le ventre de son frère, et sentant sur sa peau nue tout le poids des parties viriles de son cadet, Dean s'en saisit immédiatement, empoignant fermement le phallus de Sam qui poussa un gémissement blessé. Les vannes de ses désirs coupables grandes ouvertes, l'aîné de la fratrie tâta le pénis turgescent pour en redécouvrir l'incroyable dureté, le parcourut sur toute la longueur pour s'en remémorer les splendides dimensions, quand poussé par l'urgence et au prix d'une morsure involontaire, Sam s'arracha à leur baiser torride pour avertir en catastrophe :
- Arrête, pas comme ça, tu... Ah !
Mais la sommation arriva trop tard. Tout à coup, les abdominaux de Sam se creusèrent et durcirent puis un premier trait de sperme jaillit comme un geyser, volant tel un carreau d'arbalète pour s'écraser sur le cœur de Dean. Tout à la fois surpris et impressionné par la puissance du jet qui vint lui cuire la peau, l'aîné des Winchester lâcha un cri interloqué qui fut aussitôt suivi d'un deuxième, encore plus marqué, alors que poussant comme un meuglement de douleur, Sam décocha un second tir, puis un troisième, maculant chaque fois davantage le torse de Dean. Saisi par la violence du phénomène, celui-ci écarta les mains comme s'il avait été mis en joue par une arme à feu, et ne put que contempler les rafales de sperme s'abattre sur lui les unes après les autres, jusqu'à laisser ses pectoraux et son estomac couverts d'épaisses traces blanches qui lui firent bientôt s'écrier :
- Wow, putain, Sam...! C'est quatre juillet, mec ! Bordel !
Englué du creux du cou jusqu'au nombril, le tatouage anti-démons barré en deux jusqu'au mamelon, Dean faillit tremper un doigt dans les coulures qui lui zébraient le poitrail mais il ne sut par où commencer face à l'abondance de fluide qui lui maculait le corps. Pantelant, toujours à cheval sur ses hanches, Sam prit alors conscience de la pagaille qu'il avait mise et, en tâchant de reprendre son souffle, il balbutia en constatant l'ampleur des dégâts :
- D... Désolé, je... J'ai essayé de te prévenir, mais...
- T'inquiète, fit Dean sans savoir s'il devait se redresser tout de suite ou chercher d'abord à se nettoyer un peu, encore étonné de n'éprouver aucune répulsion pour la substance dont il était couvert. La vache, t'es sûr que c'est une bite, que t'as entre les jambes, et pas une fusée pour feux d'artifices ?
Malgré la passable confusion qu'il ressentait d'avoir joui si vite et si intensément, Sam n'était pas peu fier de son effet et de l'aspect follement excitant qu'il avait involontairement donné à son frère, nu sous lui, beau et sexy à tomber, comme paré de peintures de guerre. Il ne mit dès lors pas longtemps, agité par un doux frisson, à se pencher sur lui, et Dean le laissa faire sans rien dire, incrédule, en sentant soudain la langue de son cadet glisser méthodiquement sur son buste. Une onde de chaleur envahit l'aîné des deux hommes en voyant son frère ramasser un à un, de ses lèvres, les longs bandeaux visqueux qu'il avait lui-même déposés ; sous sa langue caressante, douce et langoureuse, un merveilleux fourmillement excita la peau de Dean qui se couvrit de chair de poule, et il posa délicatement la main sur la nuque de Sam pour la lui caresser avec tendresse. Ce dernier, alors, vint placer la tête au-dessus de celle de son frère, versant dans ses yeux un regard à la profondeur insondable où Dean, l'air complètement désarmé, plongea corps et âme, puis leurs lèvres se rapprochèrent jusqu'à se frôler, se toucher, se coller, et ils s'embrassèrent une fois encore avec une passion éperdue, leurs langues se mêlant à nouveau sans vergogne à la semence âcre et salée qu'ils goûtèrent à l'unisson.
Comme un pacte scellant leur volonté d'abandon, et leur acceptation définitive de transgresser des règles qu'ils avaient toujours crues gravées dans la pierre.
