Salut tout le monde !

Comme promis, voici la suite !

Bonne lecture !

3

L'eau chaude de la douche lui fit du bien mais ne chassa pas vraiment la fatigue qui l'assaillait.

Jack essuya d'un coup de serviette le miroir au-dessus du lavabo et entreprit de se raser.

Il avait vraiment une tête à faire peur…

Une fois lavé et habillé de propre, il se sentit néanmoins redevenir un homme. Ne voulant pas s'absenter trop longtemps, il prit juste le temps d'avaler un café au mess.

Il regagnait la chambre de Sam en boitillant sur ses béquilles lorsqu'il percuta presque le Général Hammond.

– Colonel ! s'exclama ce dernier.

– Mon Général, répondit O'Neill en se mettant comme il pouvait au garde à vous.

Hammond sourit :

– Repos, Colonel. Comment allez-vous ?

– Je récupère, Général.

– Et Sam ?

– Pas de changement, Monsieur.

Georges soupira :

– Je vois… Je suppose que vous retourniez auprès d'elle ?

– Avec votre permission, Monsieur…

– Allez-y Jack et faites-moi prévenir s'il y a quoi ce que soit de nouveau.

Avec un dernier salut, Jack reprit sa route vers l'infirmerie.

Il y croisa Janet qui insista pour lui faire passer la fameuse IRM qu'elle lui avait promis. Il eut beau lui dire que ça allait, il ne put échapper aux griffes de la médecin-chef. Elle en profita pour l'obliger à manger tandis qu'elle étudiait les résultats de son examen.

Finalement, alors qu'il était sur le point d'exploser, Janet déclara :

– C'est bon, vous pouvez y aller, Colonel. Votre genou guérit correctement. Évitez encore de forcer dessus, d'accord ?

– Tout ce que vous voudrez, Doc… tant que je peux rejoindre ma femme… supplia-t-il presque.

Elle lui fit signe qu'il pouvait enfin disposer.

Avant de quitter la pièce, Jack s'arrêta néanmoins sur le seuil et se retourna. Janet lui jeta un coup d'œil intrigué.

– Au fait, merci d'avoir envoyé Daniel tout à l'heure…

Janet lui offrit un sourire triste et doux et murmura simplement :

– C'est normal.

Pris dans les affres de sa propre souffrance, il en avait presque oublié que Janet était la meilleure amie de sa femme et que les membres de SG1 étaient sa famille. Dans les bons comme les mauvais moments.

– Elle va se réveiller, ajouta encore Janet.

Sa voix semblait ferme et confiante et O'Neill se demanda qui elle cherchait à convaincre : elle ou lui.

Lorsqu'il regagna la chambre de Sam, Jack y trouva Teal'c, assis de l'autre côté du lit, face à Daniel. Les deux hommes étaient silencieux mais, il régnait dans la pièce une douce quiétude, remplie d'amitié et d'espoirs. Daniel se leva en voyant Jack entrer et lui céda la place sans un mot. Il se contenta de lui poser une main amicale sur l'épaule avant de se diriger vers la porte. Teal'c se leva pour imiter l'archéologue.

Le Colonel les retint alors qu'ils allaient sortir :

– Merci les gars…

Étonnés, les deux hommes s'immobilisèrent. Jack en profita pour ajouter :

– Je suis certain qu'elle apprécie de vous avoir à ses côtés. Alors, n'hésitez pas à repasser.

Daniel sourit et Teal'c s'inclina vers Jack pour le saluer.

Une fois à nouveau seul avec sa femme, Jack s'assit au bord du lit de Sam. Il caressa son visage, remit ses cheveux en place et saisit sa main dans la sienne.

– Il faut que tu te réveilles, ma douce… souffla-t-il dans l'espoir qu'elle l'entende. Je ne peux pas vivre sans toi…

Il resta ainsi un long moment, le regard dans le vide, comme hypnotisé par le son discret du moniteur cardiaque derrière elle. Son pouce formait des cercles caressants sur le dessus de la main de la jeune femme. Elle ne portait ni sa bague de fiançailles ni son alliance.

Janet les lui avait remises lors de son entrée à l'infirmerie, avec ses plaques militaires.

Le moniteur émit tout à coup un bip plus fort et Jack, inquiet, s'arracha à ses pensées et scruta l'écran avant d'entendre :

– Jack…

Aussitôt, son regard se posa sur les yeux bleu azur de Sam et l'homme sentit un sanglot broyer sa gorge.

Elle revenait à elle. Enfin !

– Eh ! parvint-il à articuler. Te revoilà !

Il caressa tendrement sa joue. Sam ferma doucement les paupières un instant et déglutit avec peine.

Sans lâcher sa main, Jack attrapa le gobelet sur la table de nuit et approcha la paille des lèvres de sa femme. Elle but une gorgée, puis une autre avant d'écarter son visage. Jack reposa le verre.

– Comment tu te sens ? Il faut que je prévienne Janet !

Sans attendre sa réponse, il saisit la poire d'appel et l'écrasa fermement, déclenchant une alerte au bureau des infirmières.

Un peu perdue, Sam semblait faire l'inventaire de ses blessures. Elle regarda sa main bandée, perplexe, puis fixa à nouveau Jack à la recherche de réponses.

Janet arriva en courant et sourit en voyant sa patiente enfin réveillée. Jack s'écarta du lit pour la laisser passer. La Doc examina Sam et lui demanda si elle avait mal quelque part.

La jeune femme hocha la tête faiblement. Elle semblait peiner à garder les yeux ouverts. Avec un halètement, elle répondit qu'elle avait mal dans la poitrine.

Frasier écouta longuement son cœur et ses poumons.

– On va lui faire repasser un scan, ordonna-t-elle à l'infirmière qui l'assistait.

Jack blêmit.

– Mais, elle va mieux…

Janet ne répondit pas mais son regard parlait pour elle. Elle était inquiète.

L'infirmière remonta les barrières latérales pour transporter la jeune femme vers la salle d'examen. Elle n'avait pas atteint le couloir que Sam se mit à convulser.

Janet se précipita, donnant des ordres que Jack ne comprenait pas. Deux autres infirmiers arrivèrent en renfort. Jack vit qu'on enfonçait des aiguilles dans les bras de sa femme et que Janet tentait de la maintenir pour éviter qu'elle ne heurte les barreaux.

Les secondes parurent durer des siècles mais, finalement, Sam se détendit et s'effondra sur le lit, inerte.

– Allez, on se dépêche ! ordonna Janet.

Jack les regarda emporter sa femme et ses jambes cédèrent sous son poids. Il s'affaissa lourdement le long du mur et posa sa tête entre ses genoux pour contenir une violente envie de vomir et un sanglot.

Au bout d'un temps indéterminé, il sentit deux bras puissants le soulever de terre sous les aisselles et Teal'c l'accompagna jusqu'au lit de camp. Jack s'y allongea sans protester. Daniel le recouvrit d'une couverture et lui murmura de dormir un peu.

– Sam… souffla Jack avant de sombrer.

– Elle va bientôt revenir, Jack. Tout va bien.

Lorsque Jack rouvrit les yeux, il faisait nuit. Une veilleuse était allumée au-dessus de la porte de la chambre médicalisée. Une forme familière était allongée dans le lit à côté du sien : Sam. D'autre le coin opposé de la chambre, Teal'c était assis en tailleur et semblait plongé en pleine méditation. Il en émergea cependant immédiatement dès que Jack tenta de se redresser.

– Vous devriez vous reposer encore, O'Neill.

– Comment va-t-elle ?

– Le Dr Frasier a dit qu'elle allait s'en sortir. Les caillots sont en train de se dissoudre dans son organisme. Elle a fait une embolie pulmonaire tout à l'heure, mais Janet a pu intervenir à temps et retirer le caillot par coelioscopie.

Jack poussa un soupir de soulagement. Il se leva et s'approcha de sa femme. Il avait besoin de la toucher pour s'en assurer.

Malgré l'obscurité, Jack sentit que le visage de Sam était plus frais et son souffle plus régulier. Sentant la main de son mari caresser doucement sa joue, elle bougea et s'y appuya, cherchant son contact. Jack déposa un baiser sur son front à la lisière de ses cheveux et souffla à son oreille :

– Je t'aime, Sam…

Lorsqu'il recula, la voix éraillée de Sam lui répondit :

– Je t'aime aussi…

Jack étouffa un cri de joie.

Teal'c éclaira une lampe pour constater que la jeune femme avait ouvert les yeux.

– Je vais chercher le Docteur Frasier, leur dit-il tandis que Jack déposait une pluie de baisers sur le visage de son épouse.

Janet arriva seule quelques instants plus tard. Sa blouse froissée témoignait d'une rude journée.

La Doc posa une main douce sur le front de Sam, examina ses yeux, écouta ses poumons et son cœur puis, sourit, soulagée :

– Je pense que tu es sortie d'affaire. Il faut te reposer maintenant. Tu dois reprendre des forces.

Tournant son regard vers Jack, elle ajouta :

– Et vous aussi, Colonel !

Les larmes aux yeux, Jack serra Janet dans ses bras et répondit :

– Merci, Doc… Merci !

– Je vous laisse. Teal'c et moi sommes à côté s'il y a quoi que ce soit, sonnez.

Elle sortit, les laissant seuls.

Jack remonta le drap sur la poitrine de Sam, s'assurant qu'elle n'aurait pas froid.

– Tu veux encore un peu d'eau ?

Sam secoua la tête mais tendit sa main dans sa direction. Il s'en saisit et se rassit au bord du lit, veillant à ne pas l'écraser.

Elle ferma les paupières, rassurée de le sentir tout près d'elle.

Lorsqu'un moment plus tard, il chercha à se libérer de son étreinte pour aller se recoucher, les doigts de Sam se crispèrent sur les siens.

– Sam… Il faut que je dorme… souffla-t-il, à regret, vaincu par la fatigue.

Elle se poussa un peu, lui faisant une place sur son lit.

– Sam… protesta faiblement Jack. Je vais t'écraser. Je suis juste à côté, sur le lit de camp, promis…

Mais elle ne voulait rien entendre et refusait de le lâcher. Il finit par céder et s'allongea sur le flanc, à ses côtés. Sam se colla à lui et enroula son bras autour de sa taille. Elle nicha sa tête au creux de son cou et soupira doucement.

Jack ferma les yeux et sourit. Sa chaleur, son odeur, son souffle contre sa peau. Il se sentait revivre.

Il se força à rester réveiller le temps que la respiration de sa femme devienne profonde et régulière puis, lorsqu'il fut certain qu'elle dormait paisiblement, il céda à son tour à l'épuisement.

Lorsque Janet entra dans la chambre vers six heures du matin pour voir comment allaient ses patients, elle les trouva tendrement enlacés, comme deux adolescents sur un lit trop étroit. Elle ne put s'empêcher de sourire et referma silencieusement la porte sur leur repos.

Un mois s'était écoulé depuis leur mésaventure sur P6X959.

Jack avait récupéré même si son genou était encore un peu sensible et Sam avait passé la veille son dernier scan de contrôle.

C'était la reprise des missions off world.

Tandis que le Général Hammond leur expliquait les objectifs de leur prochaine mission, Jack jeta un coup d'œil en coin vers son Second, assise à côté de lui, à un bon mètre de distance.

Elle fixait l'écran de projection avec une concentration exagérée.

Les quinze derniers jours avaient été compliqués entre eux.

Très compliqués même… à tel point qu'il avait dormi la moitié du temps dans ses quartiers au SGC et l'autre moitié dans le lit de la chambre d'amis.

Ils avaient eu une violente dispute. Leur première depuis qu'ils étaient « ensemble ».

Ils en avaient vu d'autres avant, essentiellement lorsqu'elle contestait un ordre direct mais, jamais à ce point.

Il avait eu le malheur de lui demander de prolonger un peu son arrêt de travail ou de demander à Hammond d'être affecter pour quelques mois au labo. Il avait eu tellement peur de la perdre – deux fois en si peu de temps ! – qu'il ne pouvait même pas envisager l'idée de la revoir en première ligne avec SG1, surtout avec ce qui se profilait avec Apophis et les Réplicateurs.

« Hors de question que tu me cantonnes à la base ! Nous étions d'accord ! »

La réponse de Sam avait été nette et cassante. Limite outrée.

Il aurait dû savoir que le terrain sur lequel il mettait le pied était miné. Après tout, il se rappelait encore la manière dont elle lui avait tenu tête devant un aréopage de gradés lors de son premier jour au SGC…

C'était probablement la fougue avec laquelle elle l'avait défié ce jour-là qui l'avait charmé en premier, avant même son corps de rêve et ses magnifiques yeux clairs…

Enfin, bref…

Il avait tempêté, s'était énervé face à ses objections et avait fini par lui hurler dessus, comme à chaque fois qu'il ne parvenait pas à contrôler ses émotions. Les arguments qu'il avait tenté de rajouter n'avaient fait que la mettre un peu plus en colère Surtout celui où il avait mentionné qu'elle était sa femme et qu'il ne supporterait pas de devoir saluer son cercueil et recevoir son drapeau des mains du Général Hammond !

Grosse erreur !

Sam n'avait pas du tout apprécié. Elle s'était figée

Comme d'habitude, il avait tout fait de travers… Il n'était décidément pas doué avec les mots.

Au bord des larmes, Sam avait quitté la maison en claquant la porte.

Comme elle ne revenait pas au bout de deux heures et qu'elle était partie sans papiers et sans téléphone, Jack avait pris la voiture et avait fait le tour du quartier une bonne dizaine de fois. Il n'était rentré que tard dans la nuit, sans l'avoir retrouvée.

En pénétrant dans la maison plongée dans le noir, il avait été sur le point d'appeler la police pour déclarer sa disparition mais, il avait vu un verre à moitié vide, posé sur l'îlot de cuisine. Un verre qui n'était pas là quand il était parti.

Montant l'escalier quatre à quatre, il s'était précipité vers leur chambre pour se heurter à une porte fermée de l'intérieur.

– Sam ? Sam, ouvre-moi ? Mais où étais-tu enfin ?

Mais, il avait eu beau frapper contre le battant, la porte était restée obstinément fermée et Jack avait dormi sur le canapé.

Le lendemain, Sam était descendue, les yeux cernés, les épaules tendues. Elle avait pris un café, sans croiser le regard de Jack. Ce dernier, contrarié, n'avait pas prononcé un mot non plus.

Sam avait quitté la maison en prenant sa voiture. Elle n'était pas revenue de la journée, ni de la nuit.

Le lendemain, Jack s'était décidé à appeler la base. Il espérait secrètement qu'elle serait à son labo, en train de passer ses nerfs sur son réacteur à Naquadah. Mais personne ne l'avait vue. Il avait ensuite téléphoné à son frère puis, en désespoir de cause, à Daniel. L'archéologue lui avait laissé deviner à demi-mots qu'elle avait trouvé refuge chez lui et qu'il valait mieux lui laisser du temps.

La nuit suivante, n'en pouvant plus du canapé qui lui brisait les reins, Jack avait fini par investir la chambre d'amis, incapable de dormir dans leur lit si elle n'y était pas.

Depuis, Sam n'avait répondu à aucun de ses messages.

Préférant encore la base à une maison vide, Jack avait donc eu du temps pour terminer tous ses rapports en retard et pour faire un maximum d'entraînements de boxe avec Teal'c.

Le retour de Sam à la base ce matin n'avait rien changé. Elle paraissait toujours aussi furieuse. Elle pouvait être tellement têtue… comme Jacob, avant Selmack…

Sam fit semblant d'ignorer le regard de son mari posé sur elle avec insistance. Elle feuilleta le dossier devant elle : la nouvelle planète se nommait P3R118.

C'était une planète glaciaire mais ses habitants avaient une technologie prometteuse et vivaient sous un dôme qui les protégeait des conditions extérieures extrêmes. Le Gouverneur Calder semble disposé à recevoir une équipe terrienne pour discuter d'un accord. Les habitants de cette planète se montraient avide d'en savoir plus sur le fonctionnement de la Porte des Etoiles. Sam songea qu'ils espéraient probablement trouver un monde plus accueillant pour leur peuple.

Elle referma le dossier et écouta Hammond leur donner les dernières recommandations.

Une planète glacée… voilà qui n'allait pas réchauffer sa relation avec Jack. Quoique…

Avec nostalgie, elle se rappela leur mésaventure en Antarctique, celle qui avait bien failli leur coûter la vie mais qui avait eu le mérite de les rapprocher. À l'époque, elle avait admiré Jack, pour sa capacité à lui remonter le moral malgré les circonstances.

Elle était tombée amoureuse de lui dans cet écrin de froid et de glace.

Avec un pincement au cœur, elle se souvint de leurs deux corps blottis l'un contre l'autre, partageant la même chaleur, et de son choix de mourir à ses côtés plutôt que de tenter sa chance sur la lande enneigée.

Peut-être que cette mission leur permettrait d'aplanir leurs difficultés de couple.

Peut-être qu'il comprendrait que sa place était auprès de lui et de SG1, off world, comme avant…

A suivre…

Merci d'avance pour vos messages