Comme ils en avaient pris l'habitude, Hermione et Drago s'installèrent dans la bibliothèque, près de la cheminée. Ils avaient discuté longuement, en évitant toutefois le sujet de leur mariage, continuant ainsi de se découvrir. Puis, ils avaient pris un livre et Hermione s'était blottie contre Drago avec un soupir satisfait.

Elle commençait à somnoler, engourdie par la chaleur et bercée par la respiration de Drago, lorsque des bruits sourds la firent sursauter. À demi endormie, elle cligna des yeux en regardant autour d'elle, perplexe, puis elle nota l'expression tendue de Drago. Il soupira et marmonna, avec une expression honteuse.

— Ne fais pas attention. Ce n'est rien…

Il n'eut pas le temps d'en dire plus que plusieurs Aurors faisaient irruption dans la pièce, baguettes en main.

Hermione se leva d'un bond, furieuse, mais Drago l'attira contre lui, essayant de la garder en sécurité.

L'un des Aurors ricana d'un air mauvais et annonça, avec un plaisir évident.

— Pris sur le fait en train d'agresser une victime innocente… Cette fois, mangemort, ton compte est bon !

Si Drago se figea, Hermione laissa exploser sa colère et avança vers les Aurors, les yeux brillants et les joues rouges, leur reprochant leurs manières, leur arrivée cavalière et leurs allégations stupides.

Horrifié, Drago tendit la main vers elle, sans oser bouger, craignant de déclencher les hostilités. Le moindre mouvement de sa part serait vu comme une agression, même s'il n'avait aucune intention d'attaquer… même s'il n'avait pas sa baguette à la main. Cependant, il était inquiet pour Hermione et il aurait aimé pouvoir la garder derrière lui, en sécurité.

Les Aurors avaient les yeux fixés sur Hermione, surpris de sa réaction et Drago envisagea sérieusement de se précipiter vers la cheminée pour envoyer un message à Harry Potter. Cependant, il avait à peine fait un pas de côté que le regard du responsable du petit groupe — celui-là même qui l'avait accusé d'agresser Hermione — revenait sur lui, les yeux plissés, suspicieux.

Drago s'immobilisa aussitôt et il déglutit, regardant Hermione avec inquiétude, craignant pour sa sécurité.

La jeune femme n'avait pas la moindre conscience du danger. Elle reprochait aux Aurors leur intervention stupide, consciente qu'ils essayaient de s'en prendre à son fiancé.

Voyant qu'aucun d'entre eux ne semblait prêt à reculer, elle grogna et elle fit volte-face, avant de se diriger à grands pas vers la cheminée, jetant au passage un regard inquiet en direction de Drago.

Il semblait effaré de ses réactions et elle lui adressa un léger sourire, espérant le rassurer. Elle n'avait pas le moindre doute qu'elle était en sécurité, aucun de ces idiots n'oserait s'en prendre à elle, mais elle savait qu'ils n'auraient aucuns scrupules à attaquer Drago, quel que soit le prétexte qu'ils invoqueraient.

Hermione ne comptait pas leur laisser le temps d'en venir là et elle se dépêchait d'agir pour leur couper l'herbe sous le pied.

Arrivée devant la cheminée, elle attrapa une poignée de poudre de cheminette et elle la jeta dans les flammes en murmurant le nom de la personne qu'elle souhaitait joindre, de façon à n'être entendue de personne. Elle comptait bien sûr l'effet de surprise et elle se réjouissait déjà du désordre qu'elle allait provoquer.

Ignorant les protestations des Aurors dans son dos, elle s'agenouilla souplement et plongea la tête dans la cheminée, avant d'expliquer la situation rapidement.

Hermione n'osa pas rester en communication trop longtemps, aussi elle coupa la communication et revint près de Drago rapidement, soulagée de voir qu'il était indemne. Il lui jeta un coup d'œil nerveux et elle lui répondit d'un sourire complice, avant de se coller à lui, espérant une intervention rapide pour mettre fin à cette situation insensée.

L'Auror en chef de la petite troupe aboya une série de questions, exigeant d'Hermione qu'elle lui révèle qui elle avait contacté et prenant à témoin ses collègues pour prétendre qu'elle était sous imperium, probablement la marionnette du Mangemort à ses côtés.

Bien qu'elle ait fortement envie d'avancer et de frapper l'homme pour sa stupidité, Hermione préféra se maîtriser et rester près de Drago, en espérant que sa présence dissuaderait les Aurors de passer à l'attaque.

Finalement, la cheminée s'illumina de vert et une silhouette imposante en sortit tranquillement. Kingsley Shakelbolt regarda autour de lui, les sourcils froncés, en époussetant sa robe sorcière.

Les Aurors le fixaient, les yeux écarquillés, incrédules.

Le ministre s'éclaircit la voix, avant de hocher la tête en direction du couple enlacé.

— Et bien, Hermione, quel est le problème ?

La jeune femme haussa les épaules en pointant du doigt le groupe d'Aurors.

— Il me semblait que les Aurors étaient chargés de traquer les mages noirs. Je n'avais pas connaissance qu'ils avaient également un rôle d'intimidation ou qu'ils débarquaient chez les gens en soirée pour les menacer !

Kingsley renifla et il lança un regard noir au petit groupe en tenue officielle. Puis, il reporta son attention sur Hermione.

— Il n'y a pas de blessés ?

Hermione haussa les épaules.

— Nous allons bien, mais j'ignore s'ils sont seuls ou si un autre groupe est en train de terroriser ma future belle-mère.

Le sorcier hocha la tête et fit face aux Aurors, le visage fermé et les bras croisés.

— Et bien messieurs ? Puis-je avoir une explication sur ce comportement indigne ?

Les Aurors échangèrent des regards nerveux jusqu'à ce que leur responsable — celui qui avait menacé Drago — prenne la parole, visiblement agacé d'être réprimandé par le ministre en personne.

— Mission de sauvetage, monsieur. Nous avons reçu un signalement d'une personne prisonnière et sous imperium. Il est de notoriété publique que…

Kingsley leva la main pour le faire taire, et sa voix tonna.

— Qui a validé cette supposée mission ?

L'Auror déglutit, mal à l'aise, puis il haussa rapidement les épaules.

— Je l'ai fait. En l'absence de gradés, les signalements les plus inquiétants peuvent être traités dans l'urgence et…

Hermione intervint, avec un ricanement moqueur.

— Dans l'urgence… il me semble que la Gazette a annoncé notre mariage depuis un certain temps, pourtant.

Kingsley eut un bref sourire.

— Effectivement. Mon bureau est à quelques pas des quartiers des Aurors et personne n'est venu me demander mon avis… pourtant, monsieur Malefoy ici-présent a été innocenté des charges qui pesaient sur lui.

L'Auror tenta de protester, mais un regard noir du ministre le fit taire immédiatement et baisser la tête.

Kingsley soupira avant de grogner.

— Êtes-vous venus seuls ou y a-t-il d'autres Aurors dans cette maison ?