Chapitre XXVIII
Un soir très tard dans la nuit, alors que le jeune garçon dormait profondément, une voix sèche le tira de son sommeil brutalement :
-Malefoy, Nott, debout ! Je dois vous informer de quelque chose immédiatement !
Tandis qu'il se levait et s'habillait en vitesse Théodore eu un très mauvais pressentiment. Une fois prêt, il suivit le Professeur Rogue dans son bureau, la boule au ventre, accompagné de Drago Malefoy. Le maître des potions les fit pénétrer dans son sombre bureau et les fit asseoir en face de lui de l'autre côté du bureau.
Théodore échangea un regard inquiet avec son compagnon et attendit.
-J'ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer, Messieurs…Hier soir vos pères ont été incarcérés à la prison d'Azkaban à cause d'une mission au Ministère qui a très mal tourné.
Le jeune Nott parvient à rester stoïque à l'entente de cette nouvelle (et il en était secrètement très fier) à l'instar de son compagnon qui poussa un cri de stupeur. Cependant, cela n'eut pas l'air d'émouvoir le Professeur Rogue qui continua son monologue :
-Je suis conscient que cela vous met dans une position délicate tous les deux, néanmoins, Monsieur Malefoy, même si je comprends que cela puisse vous avoir affecté, ne vous cause pas de problème immédiat.
Théodore vit son camarade, furieux, ouvrir la bouche pour répliquer mais il n'en eu pas le temps.
-En revanche, pour vous Monsieur Nott, cela s'avère plus compliqué…Etant encore mineur et n'ayant plus de tuteur légal, l'école est obligée de vous proposer de vous prendre à sa charge durant l'été jusqu'à votre majorité. Vous êtes bien entendu dans le droit de refuser…
Le choix du jeune garçon fut vite fait et il déclara en tentant de maîtriser les tremblements de sa voix :
-Je vous remercie mais je préfère décliner votre proposition et celle de l'école…
Théodore savait parfaitement que maintenant que son père avait été reconnu publiquement comme mangemort et qu'il se trouvait hors d'état de nuire, les Aurors s'en donneraient à cœur joie pour procéder à une perquisition complète du manoir. Loyal à sa famille, il était hors de question qu'il abandonne le manoir qui leur appartenait depuis des siècles.
Ce n'est qu'une fois de retour dans le dortoir qu'il prit pleinement conscience de la situation et que ses angoisses ressurgirent. Depuis la mort de sa mère, ce qui terrorisait le jeune garçon s'était de se retrouver seul, livré à son propre sort. Même si les relations qu'il entretenait avec son père n'était pas toujours des meilleures, il savait qu'il n'avait rien à craindre tant qu'il était sous sa tutelle. Dorénavant, il se trouvait à la merci du Ministère et devrait se débrouiller seul.
Roulé en boule sous ses draps, Théodore lutta un moment contre ses émotions, mais la digue finie par céder et n'y tenant plus il éclata en sanglot, trempant son oreiller de larmes. La seule chose qui le consola un peu, c'est qu'il était certain, qu'à l'autre bout du dortoir, son camarade faisait de même…
Le lendemain, l'adolescent s'éveilla à l'aube dans un état léthargique à causes de ses pleurs de la veille. Profitant du sommeil de ses camarades, il se rendit silencieusement dans la salle de bain. En s'observant dans le miroir, il prit peur. Ses yeux clairs étaient encore remplis de larmes et étaient rougies et gonflés. Sa peau d'albâtre était encore plus pâle que d'habitude et ses cheveux noirs paraissaient terriblement terne. Poussant un long soupir, Théodore s'activa à rendre son allure plus présentable car il était hors de question qu'il paraisse vulnérable aux yeux des autres.
Alors qu'il tentait de faire dégonfler ses yeux grâce à de l'eau de rose (que sa mère affectionnait particulièrement) la porte de la salle de bain s'ouvrit doucement, le faisant sursauter.
-Désolé, je ne voulais pas te déranger…
-Ce n'est rien…marmonna-t-il en rougissant, honteux que son ami l'ai découvert dans un tel état.
-Malefoy vient de me raconter…Je sais que tu refuseras très certainement ma proposition mais tu peux venir chez moi cet été…
-C'est gentil, mais ils vont très certainement perquisitionner le manoir et je préfère être sur place à ce moment-là…
Son ami hocha la tête d'un air compréhensif et le laissa seul.
Pendant les deux jours qui le séparait du départ de l'école, il erra dans la salle commune et mangeait à peine. Personne n'avait osé l'approcher, pas même Blaise. Le jour du départ arriva bien trop vite au goût de Théodore qui comme à son habitude s'installa seul dans un compartiment du Poudlard Express. Durant la dernière heure du trajet son ami vint le rejoindre. Les deux garçons restèrent silencieux quant au moment de descendre du train, le jeune Zabini l'obligea à lui faire face en l'attrapant par l'épaule et lui dit avec un sérieux qui étonna Théodore :
-Ecris moi si tu as un problème ou si tu as besoin de quoi que ce soit. Je me fiche de ta prétendue fierté, je pense que tu es assez intelligent pour demander de l'aide en cas de situation critique. Prend soin de toi, Théodore…
-Je le ferai…murmura-t-il visiblement ému.
Trainant sa lourde malle et la cage de son hibou, il jeta un dernier regard à son ami parti rejoindre sa mère, puis prit la direction du Chaudron Baveur. Le pub était rempli et l'adolescent se sentait très mal à l'aise. Il avait pour intention de prendre la poudre de cheminette jusqu'à un pub de Carmody, le petit village le plus proche du manoir et de faire le reste du chemin à pied. Cependant, lorsqu'il avait réfléchi à ce plan pour rentrer chez lui, lors d'une de ses nuits blanches entre deux crises d'angoisses, il avait négligé le fait qu'il devrait porter ses lourds bagages…
Le jeune Nott senti la panique l'envahir mais se força à prendre sur lui et à ne rien montrer. Il devait au moins ça à son père, enfermé à Azkaban. S'approchant du comptoir, il expliqua la situation à l'homme qui s'y trouvait, ne révélant bien évidemment pas la vérité sur son identité et sa filiation, et lui demanda s'il pouvait faire partir ses bagages en direction de Carmody juste après lui par la cheminée. Sans trop se poser de question l'homme accepta et Théodore pénétra le premier dans la cheminée et regarda avec appréhension sa malle et la cage d'Héraclès. Pouvait-il vraiment faire confiance au barman ?
N'ayant pas d'autre choix, après avoir lancé une poignée de poudre, il disparut dans le conduit de la cheminée pour se retrouver presque instantanément dans un second pub, assez sombre, qu'il connaissait bien, étant venu plusieurs fois avec son père. Se faisant le plus discret possible, Théodore attendit de longues minutes ses bagages qui finirent par arriver à bonne destination. Le barman avait bien tenu parole. S'en saisissant rapidement, le jeune homme sortit du pub, ne voulant pas attirer l'attention sur lui.
Il marcha pendant une bonne heure, avant d'apercevoir l'imposante stature de son manoir. Le portail de fer finement ouvragé, s'ouvrit devant lui dans un grincement. La bâtisse paraissait lugubre, éclairée par la faible lumière du ciel qui était gris et qui menaçait de laisser tomber une trombe de pluie dans les heures suivantes. En s'approchant, Théodore constata que le jardin était rempli de mauvaises herbes et qu'une multitude de plantes grimpantes et vénéneuses envahissaient les murs. L'adolescent grimaça et monta les marches du perron avant de fouiller dans les poches de sa cape, pour en ressortir une grosse clef d'argent. Depuis sa première rentrée à Poudlard, son père lui avait donné un double des clefs de la porte d'entrée du manoir, juste au cas où et en cet instant précis, Théodore ne pouvait que remercier la prévenance de son unique parent.
Pénétrant à l'intérieur du manoir, une ambiance étrange qui ne lui était pas habituelle, le fit frissonner. L'intérieur de celui-ci n'était pas plus chaleureux que d'ordinaire mais ce n'était pas la faible luminosité qui dérangeait le jeune homme, c'était l'étrange calme qui y régnait. Instinctivement, Théodore se rendit au salon, s'attendait naïvement à trouver son père assis dans son fauteuil favori, imaginant que les paroles du Professeur Rogue n'était qu'un sombre cauchemar. Lorsqu'il découvrit le salon totalement vide, la panique l'envahi. Il fit rapidement le tour des autres pièces et dû se rendre à l'évidence. Le manoir était véritablement vide, son unique pilier parental n'était plus là et il allait réellement devoir passer l'été seul.
Luttant pour ne pas laisser la panique le contrôler, il procéda méthodiquement. D'abord monter sa malle à l'étage pour déballer ses affaires puis faire un état des lieux des placards pour voir s'il avait de quoi se nourrir. Théodore commença par relâcher son hibou à la cave où celui-ci avait élu domicile, ensuite il traîna sa lourde malle dans sa chambre. Plier et ranger ses habits, et autres effets personnels lui avait permis de ne pas trop penser mais la solitude le rattrapa vite lorsqu'il redescendit au salon qui était toujours désespérément vide…
Ouvrant les placards, le jeune homme poussa un soupir. Il n'y avait pratiquement rien à manger et il allait être obligé de se rendre jusqu'à Carmody, le village voisin pour faire quelques courses alors qu'il détestait ça.
