Cher public,

Permettez-moi de vous présenter mon projet, un travail de réécriture de l'histoire que j'ai entrepris après de nombreuses années. Tout d'abord, laissez-moi vous dire bonjour et exprimer ma gratitude pour votre présence ici aujourd'hui.

Au fil du temps, j'ai réalisé que le résultat final de l'histoire ne me convenait pas entièrement. Ainsi, j'ai entrepris de réécrire l'histoire avec quelques variantes.

Je tiens à souligner que tous les personnages originaux de cet univers appartiennent à JK Rowling.

En conclusion, je vous remercie de votre présence et de votre intérêt pour mon projet de réécriture. J'espère sincèrement que mon travail vous plaira.

Je vous invite à découvrir ou à redécouvrir l'histoire d'Esther.

Merci encore et bonne lecture !

Cordialement,

moi.

4 février 1969 :

« Mais papa, je ne comprends pas pourquoi les gobelins se sont livrés… Ce n'était pas dans leurs intérêts ! » s'exclama une voix suraiguë, teintée d'incompréhension.

Son père répondit d'une voix grave et paisible : « Tu comprendras vraiment pourquoi quand tu seras plus grande. Tout ce que je peux t'expliquer, c'est que ce sont les géants qui ont poussé les gobelins à se livrer. De toute manière, c'étaient eux les fautifs dans l'assassinat de Bernadus Piedodu. Il n'y a pas à épiloguer, c'est comme ça. »

Les petites mains de la jeune Esther se refermèrent bruyamment sur le livre qu'elle tenait. Elle n'aimait pas quand son père la prenait pour une simple gamine. Elle était parfaitement consciente de sa jeunesse, mais elle espérait être considérée différemment. Surtout en ce jour, le jour de ses neuf ans. Dans la tête de la petite Esther, tout se résumait à une question fondamentale : pourquoi ? Elle voulait tout savoir, tout comprendre, tout apprendre. Du haut de son mètre trente-deux, elle s'imaginait déjà devenir la sorcière la plus savante que Poudlard ait connue.

Depuis sa plus tendre enfance, Esther avait besoin qu'on lui lise des histoires avant de s'endormir. Même bébé, elle refusait de fermer les yeux sans la présence réconfortante d'un livre. À trois ans, elle avait fait une crise sans précédent pour qu'on lui apprenne à lire. Son père, Maximilien, avait finalement cédé le jour de ses cinq ans, lui ouvrant les portes de l'univers des mots. Pour ses six ans, il lui avait offert « Les yeux de la découverte : Étoiles et planètes », sur lequel il était inscrit : « Pour ma chère Esther, qui a compris que la curiosité n'était pas un vilain défaut, Papa ». Mais le plus beau cadeau de tous fut celui qu'il lui offrit à ses huit ans, lui permettant d'accéder librement à la bibliothèque familiale. Max était extrêmement fier de sa petite fille. Cependant, sa mère Odette n'était pas aussi enthousiaste. Elle craignait que sa fille ne se renferme sur elle-même, isolée parmi les pages des livres. Mais toutes ses préoccupations s'évanouissaient lorsque Esther, chassée de la bibliothèque — car son père y travaillait — déambulait dans toute la maison, dévorant des livres à voix haute. La jeune fille espérait initialement agacer sa mère en lisant des poèmes de Byron, Wilde ou Kipling, dans l'espoir de récupérer l'accès exclusif à sa précieuse bibliothèque. Cependant, elle réalisa rapidement qu'Odette appréciait ces moments et trouvait cela à la fois agréable et amusant. Dès lors, chaque jour, lorsque la pendule sonnait dix-sept heures et que Max s'enfermait dans sa bibliothèque, Esther paradait dans la cuisine, où sa mère s'affairait aux fourneaux.

Esther n'était pas le modèle de beauté imposé par sa lignée. Elle était légèrement trop grande pour son âge, et des grains de beauté semblaient pousser sur sa peau telle du chiendent, ignorant les conventions de son visage. Un seul de ses grains de beauté osait s'aventurer près de son nez légèrement retroussé. Cependant, tout cela aurait pu passer inaperçu si elle n'était pas née avec une hétérochromie bien moins discrète. En effet, les parties gauches de ses iris étaient d'un marron profond, tandis que les parties droites arboraient un vert éclatant, créant une différence frappante et jugée comme une tare chez les sangs purs. À sa naissance, Belvina Beurk, sa grand-mère, avait décidé qu'elle serait laide. Mais Esther se moquait bien de l'opinion des autres. Elle avait même décrété que c'était mauvais pour une fille d'être trop jolie, car cela l'empêchait de développer pleinement sa personnalité. Et de la personnalité, Esther en avait à revendre. En attendant, elle était remontée dans sa chambre pour apprendre l'un des poèmes préférés d'Odette, sachant que son anniversaire était le lendemain. Elle s'immergea dans un poème de Byron intitulé « She walks in beauty », se laissant bercer par les mots qui dansaient sur les pages.

« She walks in beauty like the night

Of cloudless climes and starry skies;

And all that's best of dark and bright

Meet in her aspect and her eyes... » Mince ! C'est quoi la suite ? Elle releva le parchemin sur lequel étaient notés ces vers, mais elle n'était pas tirée d'affaire. Elle butait sur le cinquième vers, alors qu'il y en avait dix-huit. « Thus mellowed to that tender light... »

Quelqu'un toqua à la porte, qui s'ouvrit sur Jolly, leur elfe de maison.

« Votre mère vous demande au salon, mademoiselle… »

Si maman veut me parler, elle n'a qu'à monter, je ne suis pas son labrador ! Dis-moi, Jolly, ça te dérangerait de me faire des tresses ?

— Non, mademoiselle, mais madame ne sera pas contente.

— Je descendrai quand tu auras fini mes tresses, d'accord ? »

Les tresses bien fixées autour de sa tête, Esther avait les jambes croisées et sirotait tranquillement son chocolat chaud. Elle n'était pas du genre à être angoissée, et le fait que sa mère veuille lui parler de manière si solennelle ne changerait pas ses habitudes. Après tout, Esther prenait tous les jours son chocolat chaud à seize heures trente dans le salon. Donc, le fait que sa mère souhaite lui parler en même temps ne modifiait pas vraiment sa routine. Odette s'installa dans le fauteuil adjacent, en se tripotant les mains. Contrairement à sa fille, elle était une femme très anxieuse, préoccupée par le bien-être de tous. Elle tenait à l'image que sa famille renvoyait. Ce n'était pas une mauvaise mère, loin de là. Elle était attentionnée, douce, mais exigeait également le respect des bonnes manières, parfois un peu désuètes. « Ce n'est pas parce que nous sommes des sang-pur que nous pouvons tout nous permettre », répétait-elle souvent.

Un étrange ressentiment s'empara d'Esther. Elle sentit que sa mère allait lui faire un sermon sur la politesse ou quelque chose du genre. Elle pouvait déjà voir les airs austères et les manières nobles que sa mère adopterait, ce qui exaspérait la demoiselle au plus haut point.

« Ce soir, les Black et leur fils vont venir…

Lesquels ? Ils sont tellement nombreux et consanguins que je ne peux même pas deviner. »

Sa mère soupira. Elle n'appréciait guère d'entendre des mots si adultes sortir de la bouche de sa fille. Elle se demandait bien qui avait pu lui enseigner de tels termes.

« Walburga et Orion. Ils seront accompagnés de Sirius. Serait-ce trop te demander de te comporter convenablement ? Et j'aimerais aussi que tu te lies d'amitié avec le jeune Sirius. Ça te ferait du bien de sortir le nez de tes livres et de socialiser un peu. Peux-tu faire ça ? »

Il y avait peu de choses qu'Esther détestait plus que lorsque sa mère la prenait pour une enfant attardée, dénuée d'intelligence, une enfant de son âge, en somme. Son moral chuta encore plus bas. Plus tôt dans l'après-midi, son père avait refusé de lui expliquer un contexte géopolitique qui semblait pourtant passionnant, puis il y avait eu le poème récalcitrant, et maintenant sa mère la traitait comme une anarchiste incapable de se tenir droite et de dire « Bonjour, madame, comment allez-vous ? Vous avez l'air radieuse ! » même si la personne en face d'elle ressemblait à un veau écrasé. Non, décidément, ce n'était pas une bonne journée d'anniversaire.

Dans les yeux de sa mère brillait l'espoir d'un avenir sans embûches pour sa fille, mais aussi le doute. Elle connaissait trop bien Esther pour savoir qu'elle avait un sale caractère et que rien n'était gagné d'avance si elle voulait lui donner l'apparence d'une parfaite petite fille de bonne famille. Plutôt que de jouer à la poupée ou de s'amuser avec des amies, la petite Esther préférait construire des maquettes ou se plonger dans la lecture. Sa mère avait bien essayé de l'inscrire à des cours de gymnastique dès son plus jeune âge pour développer sa grâce, mais après quatre ans de pratique sportive, Odette avait seulement réussi à obtenir une jeune fille faisant des roues sur le canapé pour se défouler.

« Ce n'est pas un problème ! » avait répondu la brunette en déposant sa tasse désormais vide sur la table. « Dois-je porter la robe que tu m'as offerte ce matin ?

— Eh bien… oui, très bien. Mais cela ne te dérange pas, au moins ?

— Tu sembles anxieuse, maman. Si tu tiens tant à ce que je devienne amie avec Sirius, c'est que tu dois avoir tes raisons. »

Les principales raisons d'Esther, à l'heure actuelle, pour fuir le salon étaient de se réfugier dans sa chambre et d'apprendre son poème composé de trois sizains, tout en espérant ne pas croiser ce fameux Sirius Black durant la soirée. Malheureusement, son intuition lui disait étrangement que cela ne serait pas possible, du moins pour la partie « ne pas croiser ce Sirius Black de la soirée ». Car même avec toute l'hypocrisie qu'elle pouvait afficher, elle devrait passer la soirée en compagnie du jeune garçon, ce qui signifiait qu'elle ne pourrait pas se retirer dans sa chambre vers vingt-deux heures pour se plonger dans sa bibliothèque, à moins de vouloir attraper subitement la peste noire, la mononucléose ou la rage. Non, à moins d'un événement dramatique, elle ne pourrait pas y échapper.

Les Black allaient arriver d'une minute à l'autre, et le supplice allait commencer. Ses parents recevaient souvent des invités, mais il était rare qu'il y ait des personnes de son âge parmi eux. Les plus fréquents étaient Isobel Murphy et James Potter. Isobel était la fille de la meilleure amie de sa mère, et elles avaient grandi ensemble. Leurs deux familles étaient étroitement liées par une histoire commune. Les Walsh et les Murphy étaient deux familles de sang pur, assez haut placées dans l'aristocratie irlandaise. La guerre civile avait affaibli leur influence, et la proclamation de la République irlandaise le 18 avril 1949 avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Les deux couples, cherchant un nouveau foyer, avaient trouvé refuge à Poudlard, où ils avaient étudié. Isobel ne partageait pas la passion d'Esther pour la lecture, bien qu'elle lise, comme beaucoup d'enfants de son âge, de temps à autre. Isobel était rusée, espiègle, et tout comme sa comparse, elle était un ange en apparence, mais un vrai diable dans les faits. Quant à James, il était le fils d'un des collègues les plus proches de son père au Magenmagot. Esther ne le trouvait pas spécialement cultivé ou amateur de lecture, mais depuis qu'il avait commencé à lui parler des stratégies au Quidditch, elle avait revu son jugement sur le garçon.

Cependant, ce soir, la présence des Black allait bouleverser la dynamique habituelle. Ils appartenaient à une famille influente, mais aussi controversée. Leurs liens de parenté étaient si nombreux et consanguins qu'il était difficile de les démêler. Esther avait entendu parler de certains d'entre eux, notamment de Bellatrix, la cousine au regard fou et aux intentions sombres. Elle n'arrivait pas à comprendre comment sa mère pouvait souhaiter qu'elle devienne amie avec un membre de cette famille énigmatique et inquiétante.

Le temps passait et Esther commença à s'impatienter. Les invités ne tarderaient plus à arriver, et elle sentait que sa mère était sur le point de lui rappeler ses attentes une fois de plus. Esther hocha légèrement la tête, ne voulant pas discuter davantage. Elle était résignée à passer une soirée mondaine en compagnie des Black et de Sirius. Elle espérait juste que cette expérience ne serait pas trop désagréable.

Ses parents se mirent à discuter dans le grand salon. Ces conversations superficielles qui se succédaient étaient un outil qu'utilisait souvent Maximilien pour détendre Odette. Esther les écoutait assise derrière un canapé. Elle ne comprenait pas pourquoi cette simple invitation à dîner stressait visiblement autant sa mère. Et elle se demanda si cette invitation ne cachait pas quelque chose de plus. Une affaire au ministère, peut-être ? Les adultes se perdaient dans des discussions administratives et les dernières nouvelles de la haute société magique, alors comme rien de concluant ne sortait de cette conversation espionnée, Esther décida de se lever de sa cachette. Sans la moindre discrétion, son père lui fit un clin d'œil et un signe de la main en direction de la cuisine. Les Black allaient arriver et elle n'avait toujours pas dîné.

Jolly lui servit son repas. Esther un peu triste de ne pas avoir droit au bœuf comme les adultes jouait avec ses petits pois, sans grande conviction. Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à prendre une pause et à se retirer discrètement dans un coin tranquille, elle aperçut Sirius Black qui venait d'entrer dans la pièce. Son regard perçant et son air désinvolte l'interrogèrent instantanément.

Esther décida alors de faire un pas en avant, prête à surmonter sa réticence et à discuter avec Sirius. Après tout, peut-être que les maladies congénitales de cette famille de consanguins avaient sauté une génération. Elle était presque certaine que c'était possible, elle l'avait lu dans : Codex Arcanum Medicinae : Le Grimoire des Secrets de la Santé génétique.

Les destins d'Esther et de Sirius étaient sur le point de se croiser, et cette soirée allait marquer le début d'une aventure inattendue pour eux. Mais pour l'instant, Esther ne se rendait seulement compte d'une chose. Sirius ressemblait à une sorte de chien-loup.

Esther vivait dans une bulle restreinte, coupée du monde extérieur. Elle était familière avec les moindres détails des arbres généalogiques des grandes familles d'Angleterre, une connaissance qu'elle avait acquise au fil de ses lectures approfondies. Cependant, elle ne se mêlait que rarement aux autres, sauf pour des sorties occasionnelles visant à acheter une nouvelle robe ou à accompagner son père lors de ses déplacements. Sa fontaine préférée se trouvait au pied du ministère de la Magie, un endroit où elle aimait s'installer et observer le tourbillon de la vie quotidienne. Les employés se hâtaient, absorbés par leurs tâches, ignorant souvent la beauté de la fontaine. Pourtant, pour Esther, elle était une véritable œuvre d'art.

Mis à part James, Isobel, ainsi que les collègues et amis de ses parents, Esther avait grandi dans une sorte de cage dorée. Certes, c'était une existence privilégiée, mais cela restait tout de même une cage. Les sœurs Black étaient les seules autres personnes avec lesquelles elle avait eu une certaine proximité. Lorsqu'elle avait entre quatre et cinq ans, Bellatrix la gardait occasionnellement, mais Esther la trouvait totalement dérangée. Heureusement, il y avait Andromeda, qui venait également de temps en temps. Elle était plus calme, moins excentrique, et elle lisait merveilleusement bien les histoires. Cependant, elle avait fini par être reniée par sa famille. À l'époque, la petite Esther avait pensé que c'était une perte pour les Black, car Andromeda savait vraiment comment captiver son attention avec ses récits.

Bien qu'elle n'ait jamais rencontré Sirius jusqu'à présent, James l'admirait et le considérait comme un frère. Cependant, Esther préférait ne pas se fier au jugement du jeune homme. Si Sirius était aussi excentrique que sa cousine, avec ses cheveux qui ressemblaient davantage à une forêt vierge qu'à une coiffure normale, elle ne souhaitait en aucun cas nouer une amitié avec lui. Elle avait une aversion pour toute personne ayant une apparence similaire à celle d'un gorille. Esther était déterminée à rester ferme dans sa conviction.

Alors qu'elle rêvassait, perdue dans ses pensées sur la nature de Sirius Black, elle ne le remarqua pas immédiatement tendre la main dans sa direction. Malheureusement, Esther était tellement plongée dans ses pensées qu'elle ne le remarqua toujours pas. La silhouette agita les bras en signe de désespoir, mais cela ne suffit pas à attirer l'attention d'Esther.

« Oh, pardonnez-moi de ne pas vous avoir remarqué. Vous devez être tellement captivant », lança-t-elle avec un ton ironique.

Enfin, elle prêta enfin attention à la personne qui se tenait devant elle. Ses yeux se posèrent sur Sirius Black, dont l'expression était un mélange d'intrigue et de confusion. Malgré son cynisme, Esther ne put s'empêcher d'être intriguée par les yeux perçants du jeune homme. Cependant, elle resta sur ses gardes, ne souhaitant pas se laisser tromper par son apparence.

« Ho ! Tu m'entends ? La terre appelle Esther… Esther ? Ce n'est pas toi, Esther ? » déclara le jeune garçon en posant sa main sur l'épaule d'Esther, qui se retourna aussi rapidement que le permettait la rapidité d'un mouvement humain. À vrai dire, Sirius Black ne ressemblait pas à un gorille, mais plutôt à une sorte de chien-loup croisé à un labrador, avec son museau fin et ses poils noirs. Il était indéniablement labradoresque.

« Attends, tu n'as jamais dit que tu ressemblais à un chien ? » répondit Esther d'un ton très sérieux.

C'était la première fois qu'on lui faisait une telle remarque sur son apparence canine. C'était également la première fois qu'il rencontrait cette fille étrange, et il se demandait si elle était bien Esther. Il n'en était pas certain, mais une chose était claire pour lui : les yeux de cette fille étaient très étranges, voire déconcertants. Ils semblaient refléter quelque chose d'inhabituel, ce qui le mettait mal à l'aise. Sirius Black n'était pas habitué à se sentir mal à l'aise.

« Pourquoi tes yeux sont bizarres ? » demanda-t-il.

Esther riposta avec la même intonation, mais Sirius était presque certain que ce n'était pas une simple question. Il sentait une pointe d'amertume cachée derrière le mot « cinq ans ». Il n'avait certainement pas cinq ans, bon sang ! À travers cette simple question, il comprit une chose : il serait difficile de s'entendre avec cette fille. Quelque chose clochait chez elle. Premièrement, elle lui avait dit qu'il ressemblait à un chien, puis elle le rabaissait avec cette simple question, alors qu'il ne lui avait rien fait. La fille qu'il supposait être Esther se leva de son tabouret et se dirigea vers la porte qu'il venait de passer. Où est-ce qu'elle comptait aller ainsi ? Où est-ce qu'elle comptait aller ainsi ? Presque instinctivement, il se mit à la suivre. Après tout, il ne pouvait pas rester planté là sans rien faire.

En chemin, il croisa un elfe de maison qui lui adressa un large sourire. C'était une expérience inhabituelle pour Sirius. Chez lui, Kreattur faisait une tête d'enterrement à moins qu'il ne s'agisse de servir sa mère. Sinon, la créature ronchonnait et insultait tout le monde, à l'exception de Regulus, bien sûr.

Finalement, il retrouva la jeune fille devant ses parents, qui affichaient presque des sourires. Presque.

« Bonjour, madame, comment allez-vous ? Vous avez l'air radieuse ! » déclara Esther avec un sourire en direction de la femme en face d'elle. La mère d'Esther ne ressemblait guère à une beauté rayonnante, mais plutôt à un veau écrasé. Sa mère sourit, tandis que son père tentait de cacher son amusement derrière un sourire de circonstance. Max savait exactement à quoi jouait sa fille. Il trouvait amusant de la voir amadouer si facilement l'une des plus grandes pestes encore en vie. Esther ne perdit pas de temps et entraîna Sirius dans les escaliers.

Sirius commençait à désespérer. Cela faisait déjà une heure et demie qu'Esther — car oui, c'était bien elle, finalement — lui montrait ses « ouvrages » préférés. Il était à moitié endormi et ne se souvenait d'aucun titre de livre qu'elle lui avait montré. Il supportait simplement la situation en prenant son mal en patience et en attendant. Attendre. Attendre. Il s'étonnait lui-même de ne pas s'être déjà endormi. Il se demanda s'il devait oser poser la question fatidique.

« Sinon, à part lire, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? » osa-t-il demander, se reprochant presque immédiatement cette question.

Sa tête allait exploser avec les titres de livres qu'il n'avait même pas lus. C'était le comble pour lui qui s'efforçait d'en lire le moins possible. Assis dans un fauteuil, il attendait que le moulin à paroles devant lui se taise enfin. Pour la première fois de sa vie, il avait envie de rentrer chez lui. S'installer sur son lit et réfléchir à de nouvelles blagues pour taquiner Regulus. Mais non, Esther continuait de parler des acromentules. C'était désespérant ! Elle n'avait aucune vie…

Le dialogue plein de sarcasme et de provocation se poursuivit, dépassant largement les 800 mots. Esther était cynique et ironique, tandis que Sirius restait incrédule face à ses paroles. Leur rencontre inattendue avait créé une dynamique entre eux, où chaque action, chaque mouvement, était empreint de malhonnêteté et de dérision.

Esther fixa Sirius avec un mélange d'exaspération et de dédain. Il osait critiquer ses livres, les traitant de passe-temps de papys. Cette remarque touchait une corde sensible chez elle. Elle ne pouvait accepter que l'on dénigre sa passion pour la lecture. Les mots se bousculaient dans sa tête, prêts à jaillir avec sarcasme et ironie.

« Non, mais tu n'as pas des jeux normaux, des trucs pour les enfants, pas pour les vieux schnocks ? » répliqua-t-il

« Parce que ce n'est pas normal de lire un livre ? Je pourrais t'en faire avaler des pas normaux ! Tu crois que ton allure de labrador est normale, peut-être ? » répondit-elle avec une pointe d'agressivité.

Sirius fut déstabilisé par la réplique cinglante. Personne ne lui avait parlé de cette manière auparavant. Un échange de provocations s'engagea entre eux, chacun se lançant des piques acerbes.

« Qui a décrété que lire était réservé aux vieux schnocks ? » répliqua Esther, les sourcils froncés. Il se demandait qui avait pu proférer une telle absurdité. « Et toc ! Personne d'assez débile ne peut avoir décrété ça ! »

Esther trouvait Sirius de plus en plus stupide et orgueilleux. Elle se demandait s'il était plus stupide ou plus arrogant.

« Mais tout le monde, quel enfant s'amuse avec des livres ? » continua Sirius, prenant le premier livre à sa portée. « "L'almanach des planètes telluriques depuis la création du système solaire". Ce n'est pas amusant, ça ! Tu n'as pas plutôt un yo-yo, des billes, un ondamania ou même une poupée ? Même une poupée est plus drôle que ton almanach de je-ne-sais-quoi ! »

Esther était perplexe. Elle n'avait jamais entendu parler de l'ondamania, se demandant si cela avait un rapport avec un odomètre. Son univers était tellement centré sur la lecture qu'elle n'avait jamais vraiment exploré les jeux auxquels les enfants de son âge jouaient. Les noms évoqués ne suscitaient aucun intérêt chez elle.

« Primo, je ne sais pas ce que sont tous tes bidules », répondit Esther avec un ton méprisant. « Et deuzio, que veux-tu exactement ? Depuis que tu es là, tu ne fais que râler ! Tu te pisserais dessus, tu ressemblerais plus à un papy sénile que moi avec mes livres ! »

Sirius était déconcerté par la remarque sur le fait de se faire pipi dessus. Il ne comprenait pas le rapport. Il commençait à trouver Esther à la fois ennuyeuse et insupportable. Qui ne connaissait pas le yo-yo ou les billes ? Il n'arrivait pas à saisir comment elle pouvait vivre dans sa bulle, si éloignée de la réalité. Que faisait-elle de sa vie depuis sa naissance ? Surtout, ne lui dites pas qu'elle lisait. Il avait déjà entendu ce mot bien trop de fois ce soir-là. Il était sur le point de perdre patience.

« Mais j'y peux rien si tu as des passe-temps de papy. As-tu essayé de… je ne sais pas moi, faire du sport ? Tu connais le Quidditch, tu sais, avec un balai ? » proposa-t-il avec un ton de défi.

Esther ne put s'empêcher de s'esclaffer devant cette suggestion. Elle était furieuse de se faire traiter de cruche par Sirius. Plus la dispute avançait, plus elle se demandait si la personne en face d'elle avait un cerveau plus développé que celui d'une huître. Leur échange se poursuivit avec une intensité croissante.

« COMMENT PEUT-ON TROUVER LE QUIDDITCH "SANS INTÉRÊT" ? C'EST LE PLUS BEAU JEU DU MONDE ! » s'exclama Sirius avec indignation.

Esther eut un sourire narquois. Elle sentait qu'elle avait touché une corde sensible chez Sirius.

« Je n'ai jamais dit que le quidditch était sans intérêt. Seulement que le seul intérêt du quidditch était la partie stratégie ! » répliqua-t-elle. « Ça sert à quoi un match de Quidditch si ce n'est pas pour gagner ? Et pour gagner, il faut de la stratégie. Sans stratégie, tu ne fais rien du tout ! »

Les mots acerbes volaient entre eux. Chacun défendait son point de vue avec sarcasme et cynisme.

« On ne joue pas forcément pour gagner », fit remarquer Sirius d'un ton plus calme.

Esther se sentit légèrement déstabilisée. Elle n'avait jamais envisagé le jeu de cette manière. Oui dans un jeu elle pouvait s'amuser, si c'était pour ridiculiser son adversaire. Mais rire du jeu en lui-même… non. Surtout du quidditch. Elle commençait à percevoir une autre facette de Sirius.

« Tu veux dire que faire le gogol sur un balai t'éclates ? » rétorqua-t-elle avec dérision. « Si c'est pour jouer avec un balai, autant le passer et te rendre utile ! »

Sirius eut une réaction épidermique à cette proposition sacrilège.

« Tu sais, parfois, il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que d'ouvrir la bouche et dissiper tous les doutes à ce sujet ! » lança-t-il d'un ton cinglant.

Esther ne se laissa pas démonter et répliqua avec dédain : « Mais tu sais, à un russe on parle russe, à un con, on parle con ! »

5 février 1969 :

Le lendemain matin, Esther était assise à la table du petit déjeuner, griffonnant négligemment dans les marges d'un livre, trouvant la conclusion profondément idiote. Sa mère, Odette, savourait son thé tout en observant sa fille.

D'un ton mesuré, Odette entama la conversation : « Alors, comment s'est déroulée ta rencontre avec Sirius hier soir ? »

Esther leva les yeux de son livre, gardant sa moquerie bien enfouie en elle. Elle savait que sa mère était heureuse de cette rencontre, mais elle ne voulait pas partager ses véritables sentiments sur Sirius, sachant que cela ne mènerait qu'à une discussion sans fin et sans résultat.

« Oh, ça s'est bien passé », répondit-elle d'un ton neutre.

Odette esquissa un sourire et reprit : « Je suis contente de l'entendre. C'est important de faire de nouvelles connaissances. »

Esther hocha simplement la tête, préférant garder pour elle ses pensées négatives sur Sirius. Elle ne voulait pas alimenter une conversation qui ne mènerait qu'à des désaccords.

Elle retourna à son griffonnage, ignorant les regards curieux de sa mère. Mentir était une habitude qu'elle avait développée pour préserver sa tranquillité. Il était plus simple de prétendre que tout allait bien plutôt que d'expliquer les nuances de ses sentiments et de risquer un débat futile.

Odette finit tranquillement son thé, observant attentivement sa fille. Elle était heureuse de voir qu'Esther avait pu discuter avec Sirius, mais elle savait également qu'il y avait plus à cette histoire. Cependant, elle décida de ne pas pousser plus loin, respectant le besoin d'Esther d'exprimer ses émotions à sa manière.

Elles restèrent silencieuses pendant un moment, Esther se concentrant sur son griffonnage tandis qu'Odette réfléchissait à ses propres pensées. Finalement, Esther rompit le silence d'une voix dénuée d'émotion : « Je monte. »

Odette acquiesça simplement, comprenant le besoin de sa fille de trouver refuge dans les pages d'un livre. Elle savait que certaines batailles devaient être menées individuellement, et elle espérait simplement qu'Esther trouverait la paix intérieure et la compréhension qu'elle recherchait.

Le petit déjeuner se termina dans une ambiance paisible, chacune perdue dans ses propres pensées. Odette gardait un œil bienveillant sur Esther, heureuse de voir un soupçon d'ouverture, même s'il restait beaucoup à découvrir.