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Un grand merci aux personnes qui ont laissé des reviews, aux favoris et follows (:
Petite note : Comme cela a déjà été mentionné dans les chapitres précédents - et l'est à nouveau dans ce chapitre-ci - j'ai décidé de placer le moment où Severus est confronté à Remus sous sa forme de loup-garou à la fin de leur cinquième année ; toutefois j'ai relu le troisième tome de la saga (en vue de la Partie II de cette fic, héhé) et il n'est pas précisé en quelle année cet événement s'est produit... Je ne sais plus si c'est dit à un autre moment dans la saga (il faudrait que je relise tout... ce qui n'est pas une mauvaise idée ^^). Mais ici j'avais envie d'écrire que cela s'était produit à la toute fin de leur cinquième année, afin de laisser un an de (relative) tranquillité avant que Sirius et Severus n'entament leur relation. Voilà pour la petite précision !
Et sur ce, je vous souhaite une agréable lecture ~
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Partie I
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Chapitre 4
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Sirius avait passé le reste de son week-end noyé dans ses pensées, essayant vainement de détricoter dans son esprit tout ce qui s'y était emmêlé récemment. Il avait tenté de repartir de zéro, mais n'avait pas vraiment su par quel bout commencer.
Pour comprendre les récents événements, devait-il d'abord commencer son cheminement intérieur au début de sa relation avec Snape, le jour de leur arrivée pour leur première année à Poudlard ? Ou plutôt au fameux dernier week-end de leur cinquième année, lorsqu'il avait induit la rencontre entre le serpentard et la version loup-garou de Remus ? Ou alors à leur sixième année, à partir de laquelle les hostilités avaient cessé ? Peut-être devait-il plutôt commencer à son changement d'humeur, qu'il savait s'être exacerbé depuis le début du mois de janvier... Ou bien devait-il reprendre à partir de cet étrange baiser qu'il avait donné à Snape il y a quelques temps à peine ?
Les paroles du serpentard avaient tourné dans son esprit depuis leur conversation dans la salle d'étude. Se pouvait-il, vraiment, qu'il puisse draguer Snape sans même en avoir conscience ? La voix de la méfiance souffla dans son esprit que les serpentards étaient de vicieux manipulateurs et que peut-être que Snape lui avait dit cela simplement pour lui retourner le cerveau. Oui mais, si c'était totalement hors de propos, pourquoi Sirius se sentirait-il autant impacté par cette possibilité ?
Il s'était ensuite mis à réfléchir à comment il considérait Snape. Certes il avait été leur ennemi d'adolescence. Oui, cela faisait un an et demi qu'ils ne s'étaient pas ouvertement faits la guerre. Non, Snape n'avait pas pour autant acquis quoi que ce soit de sympathique entre temps. Sirius se rappela néanmoins qu'un sentiment se rapprochant peut-être d'une forme de sympathie lui était venu lorsque la – supposée – homosexualité de Snape avait été révélée et moquée au grand jour.
Sirius avait-il inconsciemment perçu Snape comme un semblable ? Il était vrai qu'il ne connaissait pas grand monde d'autre attiré par le même sexe à Poudlard. Il y avait certes eu ce beau joueur de Quidditch de Serdaigle l'année précédente avec lequel il avait fait quelques petites choses peu catholiques dans les vestiaires ; mais à part lui... Une autre idée lui vint alors à l'esprit. Se pouvait-il qu'il ait embrassé Snape et puisse inconsciemment le draguer parce qu'il était frustré sexuellement ? Cela lui semblait un peu tiré par les cheveux. Qu'il puisse considérer Snape comme un semblable du fait de sa – probable – orientation sexuelle était une chose à la limite concevable, mais de là à le trouver sexuellement désirable..!
Sirius enfouit soudainement la tête sous son oreiller, mortifié par le tour que prenaient ses pensées de si bon matin alors que la semaine n'avait même pas encore officiellement commencée.
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De son côté, Severus non plus n'en menait pas large. Le comportement de Black à son égard était hautement perturbant.
Certes, que Sirius Black vienne perturber son quotidien n'était pas une grande nouveauté puisque dès le départ, dès l'instant où Severus avait posé un orteil dans le Poudlard Express à onze ans, Black et Potter l'avaient pris en grippe ; puis, parfois secondés par Pettigrew et Lupin, ils l'avaient ensuite malmené pendant de longues, très longues années. Leurs attaques l'avaient poussé dans ses retranchements, l'obligeant à réagir toujours plus fort, tant dans ses actes que dans l'émotionnel : Severus avait ressenti de la haine pour les quatre gryffondors - Potter étant bien évidemment en haut du podium, mais les trois autres suivaient tout de même de près. La vengeance avait viré à l'obsession, poussant Severus à traquer toute opportunité de contre-attaquer et même, dans l'idéal, de les faire renvoyer. Il avait sincèrement cru tenir le bon bout, lors de leur cinquième année, en tentant de coincer Lupin pour son étrange absentéisme... Mais au final il s'était fait avoir : car bien sûr que Dumbledore, ce vieux gâteux, avait été au courant que Lupin était un loup-garou. Bien sûr qu'il l'avait, en âme et conscience, autorisé à intégrer une école pleine de proies potentielles. Le vieux fou n'avait donc renvoyé ni Lupin, ni les trois autres gryffondors ayant participé à ce que Severus qualifiait clairement de tentative de meurtre... Ils avaient à peine écopés d'une punition. Sa vie n'avait-elle donc que si peu de valeur ?
Suite à cet incident le quatuor de gryffondor s'était néanmoins calmé vis-à-vis de lui, stoppant leurs coups fourrés. Voyant cela, Severus avait songé à contre-attaquer d'autant plus fort ; toutefois il en était venu à apprécier un peu de calme... Alors il avait continué à surveiller ses arrières ainsi qu'à guetter des possibilités à saisir pour faire renvoyer les gryffondors... Néanmoins, peu à peu les conflits s'étaient taris : Potter avait arrêté de faire de lui son souffre-douleur et Black et les autres avaient suivi comme de bons petits chiens, tandis que Severus commençait à profiter d'une vie à Poudlard sans harcèlement.
De fait, pour en revenir à Black : son comportement avait était perturbant pendant cinq ans ; puis pendant un peu plus d'une année un calme relatif s'était installé... Du moins jusqu'à il y a quelques jours.
Ce soir-là Severus n'avait pas pu s'empêcher de se moquer de cet abruti lorsqu'il l'avait croisé dans le couloir des cachots - les vieilles habitudes sûrement... Au vu du regard noir que le gryffondor lui avait lancé, il avait été persuadé que Black lui ficherait son poing dans la figure et que la trêve serait brisée par le retour de la violence qui avait été habituelle lors de leurs premières années... Mais non, cette fois le comportement du gryffondor avait été perturbant d'une toute autre manière, inédite, et d'autant plus déstabilisante. Franchement, que lui était-il passé par l'esprit ? Severus n'arrivait toujours pas à comprendre.
Et puis, la veille, Severus avait eu beau avoir joué l'assurance sur le moment, il n'empêche que sa petite discussion avec Black l'avait perturbé encore un peu plus. Lorsqu'il avait émis à voix haute l'hypothèse que le gryffondor le draguait, il s'était attendu à ce que celui-ci lui sorte son rire ressemblant typiquement à un aboiement, ou se mette à fanfaronner pour se moquer un peu plus de lui. Mais Black n'avait nullement réagi de la sorte. Il semblait réellement avoir pris cette hypothèse en considération, ce qui laissait sous-entendre que, peut-être, Severus avait touché quelque chose. Ça n'avait pourtant été au départ qu'une pique destinée à lui faire remarquer qu'il avait un peu trop tendance à user de son horripilant côté séducteur avec tout ce qui bouge. Parce qu'il était Sirius Black, tout simplement. Non pas parce qu'il était Sirius Black voulant draguer Severus Snape. L'idée était particulièrement absconse, et le rendait quelque peu nauséeux...
Severus n'arriva pas à manger grand chose au petit-déjeuner avant de se rendre au cours de potions du début de semaine.
Une fois installé dans la classe, il remercia mentalement Slughorn d'avoir repris les cours habituels : il n'était pas sûr d'avoir eu la force suffisante pour survivre à un autre moment aux côtés de Black. Il remarqua d'ailleurs que ce dernier s'était installé au fond de la salle avec ses crétins d'amis et avait repris ses airs habituels, comme si de rien n'était. Les changements d'humeur, voire même carrément de personnalité, dont le gryffondor pouvait faire preuve commençaient sérieusement à inquiéter Severus. Non pas qu'il s'inquiète pour Black ; comme il le lui avait dit, Severus s'inquiétait avant tout pour lui-même. Il ne souhaitait pas particulièrement être de nouveau la cible des lubies du gryffondor de quelque manière que ce soit.
Alors, à la fin du cours, il fit ce qui lui sembla le plus approprié. Lorsque la sonnerie retentit il ramassa ses affaires et s'approcha du bureau de Slughorn.
« Professeur ? Excusez-moi, est-ce que je pourrais vous parler ?
- Mais bien sûr mon garçon » lui répondit le professeur de son air bienveillant.
Severus attendit que tout le monde – et Black tout particulièrement – soit bel et bien sorti de la salle. Lorsqu'il fut seul avec le professeur de potions, il commença à partager ses inquiétudes.
« Voilà, monsieur, je, hm... Et bien, je voulais vous parler de Sirius Black.
- Allons bon, commença Slughorn. Que s'est-il passé encore ? Vous vous êtes disputé ? Vous n'en êtes pas venu à vous battre j'espère ?
- Non monsieur, il ne s'agit pas de ça. C'est juste que... Et bien... Sirius Black me semble un peu... étrange.
- Monsieur Snape, seriez-vous en train de critiquer votre camarade ?
- Non, enfin... C'est juste que, je me demande si... S'il ne ferait pas une sorte de euh, dépression, ou quelque chose de ce genre. »
Slughorn parut sincèrement surpris par ces propos.
« Vraiment ? » demanda-t-il d'un ton légèrement suspicieux.
Severus hocha la tête, ne voyant pas bien comment qualifier autrement le dérangement qu'il percevait chez le gryffondor.
Le professeur de potions prit alors un air pensif... puis ravi.
« Je vois que vous êtes sérieux. Et bien, je n'aurais jamais imaginé que cette petite expérience de travail en binôme pourrait aboutir à ce qu'un élève de Serpentard se soucie d'un de ses homologues de Gryffondor..! »
Severus s'apprêtait à répondre, outré que le professeur puisse lui prêter de pareilles intentions, mais celui-ci ne lui laissa pas le temps de corriger.
« ...Si vraiment vous êtes inquiet à propos de la santé de monsieur Black, et bien... Peut-être que je pourrais en toucher un mot à sa directrice de maison. Cela vous semble-t-il être une réponse appropriée à vos inquiétudes, monsieur Snape ? »
Severus ne sut pas vraiment quoi répondre alors au final il haussa simplement les épaules en silence.
« Bien. Dans ce cas, le professeur MacGonagall sera informée. A présent jeune homme je vous conseille de prendre la route de votre prochain cours afin de ne pas arriver en retard. »
Severus hocha la tête puis, sans un mot supplémentaire, quitta la salle de potions, incertain de ce qu'il pensait de cette courte discussion. Mais une fois dans le couloir, à peine eut-il refermé la porte qu'il manqua de peu de faire une crise cardiaque. Car juste là, Sirius Black l'attendait de pied ferme.
« Non mais ça va pas ! s'exclama Severus. Tu veux me faire faire une crise cardiaque ?
- Ce que tu peux être sensible » taquina le gryffondor.
Severus se pinça l'arrête du nez, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il se sentait particulièrement irrité mais tentait de refréner ses pulsions meurtrières.
« Tu m'expliques le pourquoi de ta présence ? demanda-t-il quelque peu impatiemment. Non parce que là comme ça on pourrait croire à un guet-apens.
- Attention Snape, revoilà ton côté parano. »
Sirius eut un petit sourire en voyant l'air offusqué du serpentard. Il se décida toutefois à répondre à sa question.
En effet, en voyant que Snape avait demandé à parler à Slughorn à la fin du cours, Sirius n'avait pu réfréner sa curiosité. Il était d'abord sorti de la salle avec les autres maraudeurs puis, un peu plus loin, avait prétexté avoir oublié quelque chose dans la classe. Il était donc revenu sur ses pas, bien décidé à attendre Snape.
« Je peux savoir ce que tu as dit à Slughorn ? demanda-t-il plus sérieusement. Ça me concerne, n'est-ce pas ? »
Severus lui aurait volontiers rétorqué une phrase bien sentie sur son propre "côté parano" si seulement il n'avait pas visé juste.
Devant son silence, Sirius commença à s'impatienter.
« Tu lui as demandé de ne plus travailler avec moi, c'est ça ? »
Severus retint de justesse un rire au travers de sa gorge, le transformant en toussotement suspect. Ah, Black et ses réactions d'enfant mal-aimé...
« Black, répondit-il lorsqu'il eut reprit contenance. Tu es prié de ne pas projeter tes angoisses abandonniques sur ma personne. »
Cela eut le mérite de faire rougir le susnommé.
« Je n'ai pas demandé à Slughorn que l'on ne travaille plus ensemble » clarifia-t-il définitivement.
Severus se demanda néanmoins pourquoi l'idée ne lui était pas venue à l'esprit plus tôt.
« Ah, répondit Sirius. ...Et donc ?
- Et donc... Je lui ai simplement dit que tu n'avais pas l'air d'aller bien.
- Tu... Quoi ?
- Enfin, pour être exact, je lui ai dit que je pensais que tu faisais peut-être une dépression ou un truc du genre.
- Pardon ?! »
Sirius se mit soudain à éclater de rire.
« Black, continua Severus de son air sérieux. Ce n'est pas un sujet particulièrement drôle.
- Mais... Tu..! »
Il se mit à rire de plus belle, agaçant d'autant plus Severus au passage.
« Et... reprit le gryffondor entre deux rires. Et, il t'a pris au sérieux ?
- Ben, oui. »
Nouveaux rires. Severus se pinça de nouveau l'arrête du nez.
« Tu veux bien arrêter ? marmonna-t-il, agacé.
- Tu... Tu as dit à Slughorn que... Et lui... Il t'a cru ! Merlin, Snape... C'est tellement... mignon ! »
Sirius repartit dans un nouveau rire tandis que Severus prenait l'air le plus outré de toute sa vie.
« Retire ça tout de suite ! s'exclama-t-il. Et arrête de te bidonner comme ça !
- Allons Snape... Tu t'inquiètes pour ma soi-disant dépression mais, regarde... Tu es en train de me soigner ! »
Severus ne sut pas où il puisa la patience qui lui permit d'attendre que Black stoppe son fou-rire sans le frapper violemment.
« Je ne suis pas sûr que te bidonner de la sorte puisse être considéré comme une forme de thérapie Black.
- Que tu dis ! » rétorqua le gryffondor, essuyant une dernière larme de rire.
Severus leva les yeux au ciel.
« Bien. Si tu as fini, tu m'excuseras mais j'ai un cours auquel je dois assister.
- Attends » répondit Sirius tout en attrapant le bras du serpentard qui avait fait mine de s'éloigner, ce qui provoqua un brusque frisson chez ce dernier.
« Lâche-moi » exigea-t-il abruptement.
Sirius lui lança un regard interrogateur mais le lâcha doucement, levant ensuite les mains en signe de paix.
« Je voulais juste te demander... Enfin, tu sais, on n'a pas décidé de quand est-ce qu'on continuerait ce fichu devoir... »
Severus se dépêcha de trouver une réponse pour pouvoir échapper au plus vite à la présence du gryffondor.
« ...Ce samedi, même heure ?
- C'est d'accord. »
Severus hocha la tête puis reprit prestement la direction de son prochain cours.
Sur le chemin, frottant machinalement son bras là où Black l'avait touché, il se demanda avec anxiété si à tout hasard la folie de ce dernier pouvait être contagieuse.
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Les gryffondors et les serpentards de septième année finissaient leur journée par un cours commun de soins aux créatures magiques. La semaine précédente Sirius avait fait tout son possible pour fuir le regard d'un certain serpentard au grand nez. Cette fois-ci néanmoins Sirius fixait ledit serpentard sans aucune gêne, essayant de décrypter ce qu'il pouvait bien se passer dans l'esprit de Snape. Mais ses talents en télépathie étaient particulièrement limités, et le fait que Snape reste obstinément à regarder tout sauf dans sa direction l'empêchait de trouver d'éventuelles réponses dans son regard. Alors, Sirius se posait simplement plus de questions.
Est-ce que Snape était sérieux avec cette histoire de problème mental ? Sirius s'était effectivement questionné sur une éventuelle dépression voire de l'anxiété, mais ne pensait tout de même pas être tombé si profondément dans la souffrance psychologique. Est-ce que le serpentard exagérait ? Se payait-il sa tête ? Ou bien était-il véritablement inquiet ? Il avait dit être avant tout inquiet pour lui-même, mais... Se pouvait-il qu'il soit aussi un peu inquiet pour Sirius ? Il se rabroua mentalement : tout cela avait-il une quelconque importance ?
« Sirius, est-ce que ça va ? chuchota Remus à sa droite.
- Hein ? Ah euh, oui, pourquoi, j'ai raté quelque chose ?
- Non, rien de passionnant, mais... Est-ce qu'il s'est passé quelque chose avec Snape ?
- Quoi ? Mais non mais pas du tout, pourquoi est-ce que tu demandes ça ?
- Je ne sais pas, peut-être parce que tu le fixes sans ciller depuis le début du cours ? »
Sirius pesta mentalement, avant d'assurer à Remus qu'il ne regardait personne en particulier, qu'il était juste perdu dans ses pensées, voilà tout.
Merde. Si maintenant même les autres commençaient à percevoir quelque chose à propos de lui et Snape... Enfin, y avait-il seulement quoi que ce soit à percevoir ? Sirius était complètement perdu. Tout cela n'était pas bon pour son anxiété.
Soudain, il prit une décision. Se tourmenter avec des questions sans réponses ne le mènerait à rien. Il rassembla tout son self-control et décida donc de faire tout son possible pour relâcher un peu la pression : pour les jours à venir, il tenterait de se laisser porter simplement au gré des prochains événements sans se soucier de Snape, de son avenir ou de quoi que ce soit... Il décida qu'à partir de maintenant il vivrait uniquement et pleinement dans le moment présent.
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La suite des aventures de Sirius fort de son nouveau mantra - ainsi que les prises de tête de Severus - seront à suivre lors de la prochaine publication ; à bientôt !
