Lorsq'il se réveilla, Stiles fut surpris de ne pas reconnaître le plafond de sa vieille Jeep. A la place, il fixait béhatement un joli lustre suspendu à un plafond crème. L'hyperactif tourna la tête à droite, grimaçant lorsque son crâne l'élança. Il ne reconnaissait pas la décoration.

Il faisait face à un écran plat certainement hors de prix, un tableau d'un artiste inconnu accroché juste au-dessus. Entre lui et la télévision, une table basse en verre était posée sur un tapis noir à l'air duveteux. Sans vraiment y penser, Stiles laissa son bras glissé le long du canapé et empoigna une touffe du tapis entre ses doigts. Effectivement, il était incroyablement doux.

Puis, une main se posa sur son front et la douleur qui vrillait son crâne disprarut aussit-tôt. Stiles quitta du regard le salon, remontant le long du bras inquisiteur jusqu'à croiser le regard amusé de Peter.

« Est-ce qu'il y a un seul instant de ta putain de vie où tu n'as pas eu l'air de te fendre intérieurement la poire ? » ne trouva-t-il rien de plus intelligent à dire.

Peter haussa les épaules, disparaissant dans ce que Stiles imaginait être la cuisine. Il laissait ainsi le temps au jeune homme de se redresser et de reprendre ses esprits. Lorsqu'il revint à ses côtés, Stiles fronçait les sourcils, le regard perdu dans le vide. Il tentait veinement de se souvenir de comment il avait atterri chez le lycanthrope, mais c'était le trou noir. Rien ne lui revenait à l'esprit.

Lui laissant le temps de se reprendre, Peter déposa une tasse devant l'hyperactif avant de s'installer dans le fauteuil à sa droite. Il observa l'adolescent réfléchir à toute allure, chacune de ses émotions visibles sur son visage.

Stiles fit un geste pour attraper la tasse, mais la chaleur de la porcelaine contre sa paume agit comme une sorte de déclencheur. Il se revoyait, quelques heures plus tôt attraper de la même façon le thé qu'une veille dame lui avait servit. Une vieille dame ? Oui, c'était celle de l'entretien d'embauche pour vivre chez elle en échange des tâches ménagères. Mais pourquoi est-ce que cette fichue tasse l'effrayant tant ? Ce n'était pas comme si elle était empoisonnée, si Peter devait le tuer, ce ne serait pas par un moyen aussi détourné.

Alors, ce n'était pas cette tasse-là précisément qui l'effrayait, c'était celle de la grand-mère. La grand-mère avait essayé de l'empoisonner ? Oui, Stiles s'en souvenait désormais alors que sa paume se pressait de plus en plus contre la porcelaine chaude. Il se souvenait de tout, de ses vertiges, de son mauvais préssentiment, de la prise de Hart sur sa cuisse, puis sur son bras. Il revoyait son regard calculateur se poser sur lui et de son agacement lorsqu'il avait réussi à s'enfuir.

Et puis, il y avait eu Peter. Peter qui lui avait très certainement sauvé la vie. Sans lui, Stiles auraient déambulé en ville, drogué et en pleine crise de panique.

Comme si tous les évènements de la veille était dûe à cette fichue tasse, Stiles s'en détacha bien rapidement, comme si ses doigts l'avaient brûlé. Ne sachant plus quoi pensé, Stiles tourna son regard perdu dans celui curieux de Peter.

« Ce n'est pas si chaud que ça, tu ne vas pas te brûler.

- C'est du thé. » déclara Stiles, comme si cela expliquait tout.

« Oui, c'est du thé. » sourit Peter en portant sa tasse à ses lèvres.

Un long silence s'étendit entre eux alors qu'il ne se quittait plus des yeux.

« Que s'est-il passé ? » demanda finalement Peter au bout de ce qui sembla être une éternité à Stiles.

L'hyperactif secoua la tête de droite à gauche, il ne voulait pas en parler. Peter hocha de la tête et Stiles se sentit comprit. Scott l'aurait déjà harcelé de question, Derek l'aurait poussé contre un mur pour lui faire cracher la vérité, Lydia l'aurait manipulé pour lui tirer les vers du nez sans même qu'il ne s'en rende compte et son père … son père l'aurait fait s'assoire dans la cuisine et ne l'aurait pas laissé partir avant qu'il ne parle. Mais Stiles n'aurait pas parlé, parce qu'il ne parlait jamais de ses problèmes et ils se seraient disputés, encore.

Pourtant Peter avait accepté son refus alors qu'il avait tous les droits de savoir. Stiles ne savait pas comment réagir, c'était la première fois depuis bien longtemps qu'il se sentait compris.

« Tu vas venir vivre ici. »

Ce n'était pas une question, mais pas un ordre non plus. C'était une proposition à laquelle seule oui était attendue. Mais Stiles ne s'en offusqua pas, Peter le laissait faire ce qu'il voulait depuis deux semaines et semblait juste inquiet que sa situation s'aggrave davantage. De toute façon, Stiles n'avait plus envie de fuir la seule personne qui semblait réussir à le calmer le comprendre dernièrement. Il hôcha la tête.

« On a donc un accord, tes services et en échange, je veux que revienne dormir ici tous les soirs ou au moins que tu me préviennes si tu t'en vas. Je m'en fiche de savoir ce que tu fais de ta vie si tu ne veux pas m'en parler, je veux juste ne pas avoir à te chercher dans tout Beacon Hills. »

Stiles sourit amèrement. Il aurait tant aimé avoir ce genre d'accord avec son père. Aucune obligation de justifier ses moindre gestes et le réconfort d'un foyer ou une oreille attentive si besoin. Mais il comprenait que Noah n'aurait jamais pu agir comme Peter, parce qu'il était son enfant qu'en tant que père, il se devait de veiller à sa sécurité.

Stiles poussa le plaid qu'il avait toujours sur les genoux afin de pouvoir se redresser. Doucement, il s'approcha de Peter et lui retira sa propre tasse des mains. Le loup-garou se laissa faire, ne comprenant pas où l'hyperactif voulait en venir. Puis, Stiles grimpa sur ses genoux, ainsi à califourchon sur le lycanthrope, il se sentait affreusement vulnérable. Mais c'était le deal, Stiles ne reviendrait pas sur sa parole.

L'adolescent se pencha sur Peter, posant maladroitement mais avec beaucoup de douceur ses lèvres sur les siennes. Ses mains glissèrent entre leurs corps, le loup figé en-dessous de lui. Il défit le bouton du jeans de Peter, les mains tremblantes. Stiles avait envie de pleurer, mais il n'avait nulle part d'autre où aller et l'idée de dormir une nuit de plus dans sa Jeep lui était insupportable.

Ce ne fut que lorsqu'il fit glisser la braguette du loup né que Peter reprit ses esprits. Il écarte vivement son visage alors que ses grandes mains empoignaient les pognets frêles de l'hyperactif. A force de ne manger qu'un repas et demi par jour, Stiles avait fini par perdre quelques kilos et il s'étonnait que personne ne s'en était rendu compte.

« Je peux savoir ce que tu fais ? » claqua Peter, le regard froid. Il avait perdu son éternel sourire en coin.

Ne comprenant pas ce qu'il avait fait de mal, Stiles baissa le regard. Il semblait être au bord des larmes, alors Peter détendit légèrement sa prise sans pour autant le lâcher.

« Mes services. » Peter fronça les sourcils. « Tu as dit mes services en échange d'un lit. »

Soudain, la réalisation frappa Peter. Stiles avait prit ses avances moqueuses au sérieux, le premier soir où il l'avait vu hésiter devant une annonce d'un institut de massage douteux. Peter n'avait pas pensé un seul instant que Stiles avait réellement hésité à accepter l'offre, mais plutôt à dénoncer l'entreprise à son père. Encore moins qu'il penserait que le loup-garou pourrait offrir de l'argent au gosse en échange de sexe.

« Putain Stiles. » jura le loup-garou, lâchant ses mains pour le serrer contre lui.

Il serra l'adolescent contre son torse un moment, frottant son dos et sa tignasse rebelle en essayant de trouver les bons mots. Peter était un bon orateur, mais seulement pour manipuler ses interlocuteurs et obtenir ce qu'il souhaitait. Mais certainement pas pour réconforter ses comparses.

« Jamais je ne te ferai chanter en échange de sexe, Stiles. » le garçon se tendit contre lui. « Je parlais juste de faire le balai, la cuisine, les courses et de me servir de chauffeur de temps en temps. Ce genre de choses. »

Stiles gémit, se sentant incroyablement honteux soudainement. Il venait de se ridiculiser face à l'aîné de la meute. Il tenta de se redresser, voulant fuir à toutes jambes le plus loin possible. Mais Peter ne le laissa pas faire, il n'avait pas besoin d'entendre les pensées de Stiles pour comprendre ses intentions. Il continua simplement de lui caresser le dos.

« Tu ne vas nulle part. » grogna le loup. « Je ne sais pas ce qui t'es arrivé, mais tu es en sécurité maintenant. Tu vas rester ici et juste oublier tout ce compromis. »

Stiles devint soudainement aussi mou qu'une poupée de chiffon entre les bras de Peter. Il était en sécurité. Peter ne lui voulait pas de mal. Il avait simplement mal interpréter la situation. Il avait quelque part où dormir et n'avait plus besoin de s'inquiéter de ses moindre repas.

Stiles fondit en larmes, le visage fourré contre le torse de l'adulte. Il n'en avait rien à faire de ressembler à un gamin à cet instant, tout ce à quoi il pouvait penser était le soulagement qui prenait toute la place dans son cœur. Depuis plus de deux semaines, c'était bien la première fois que l'anxiété ne monopolisait pas son odeur et Peter sourit.

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Stiles, épuisé par les pleurs et ses dernières nuits très courtes, n'avait pas tardé à se rendormir. Peter n'osa pas bouger, de peur de le réveiller. Si bien que lorsque Stiles papillona des yeux quelques heures plus tard, ils étaient toujours dans la même position.

Il avait des fourmis dans les jambes et ne sentait qu'à moitié ses bras. Mais Stiles ne se releva pas immédiatement. Il était bien là où il était, le cœur de Peter battant un rythme régulier sous son oreille, masquant les voix provenant de la télévision. C'était l'avantage de faire une sieste avec un loup-garou, Peter pouvait parfaitement entendre le reportage qu'il regardait bien que le volume soit au minimum. Merci l'ouïe lupine.

Peter avait immédiatement sentit l'humain se réveiller et Stiles le savait. Il savait aussi que Peter savait qu'il savait. Pourtant, le loup-garou lui laissa tout le temps dont il avait besoin pour émerger, retrouver ses esprits et garder son calme. Stiles sourit, c'était fou à quel point le lycanthrope était doué pour savoir exactement ce dont il avait besoin.

Pourtant au bout d'une dizaine de minutes, Stiles n'eut pas le choix et se leva maladroitement. Ses jambes étaient enquilosées et il s'effondra au sol, sur le tapis duveteux. Peter lui lança un regard moqueur et l'adolescent éclata de rire. Il avait eu peur d'être traité comme une petite chose fragile à cause des derniers évènements, mais c'était bien mal connaître Peter. Il n'était pas réputé pour infantiliser ou surprotéger les gens.

« Je vais faire à manger. » s'exclama finalement Stiles, une fois le contrôle de ses jambes retrouvé. « Tu veux un truc en particulier. »

Peter grogna et Stiles prit cela comme un « fais ce que tu veux tant que c'est mangeable. » Un sourire aux lèvres, il prit rapidement ses aises dans la cuisine, fredonnant une mélodie qui n'avait de sens que pour lui.

Stiles ouvrit le frigo et quelques placards, analysant les aliments qu'il avait à disposition. Haricots en boîtes, aiguillettes de poulet, poivron, jambon, riz, pâtes, chorizo, maïs, crème, petits pois, steak haché … Peter avait un peu de tout.

Le loup-garou l'entendit crier un tonitruant « Bingo ! » lorsque l'humain tomba sur une barquette de crevettes fraîches. Stiles rit en réalisant que ce n'était pas parce qu'il était à moitié loup que Peter ne mangeait que des steaks bien saignants. Sa vision du big bad wolf en prenait un coup.

Retrouçant ses manches, Stiles commença par faire bouillir une casserole d'eau et couper les tranches de chorizos en quatre avant de les mettre dans une poêle à feu doux. Puis, il décortiqua les crevettes et les coupa en petits morceaux avant de les ajouter dans la poêle. Dans le même temps, il versa le riz dans l'eau bouillant et mis un minuteur sur son téléphone. C'est fou comme avec des plaques à induction, l'eau bouillait plus rapidement que sur la vieille gazinière de son père.

Une fois le riz cuit, il l'ajouta à la préparation avec une conserve de petits pois et couvra le tout avec un couvercle. Stiles ouvrit deux placards avant de trouver les épices. Peter n'avait pas de safran, mais du curcuma en fera un bon substitut pour cette fois.

En attendant que la cuisson se termine, Stiles prépara la table. Il versa un verre de vin à Peter, la bouteille déjà ouverte était posée sur un coin de la paillasse et un verre de sirop à la pêche pour lui. Puis, il plaça la casserole sur la table et commença à servir les assiettes le temps que Peter n'arrive.

« C'est prêt ! » cria-t-il.

Dans le salon, le loup-garou grimaça au soudain son aigü. Peter allait devoir rappeler à Stiles que vivant avec un lycanthrope, il n'avait pas besoin de s'égosiller pour se faire entendre.

« Paëlla revisitée ! » ennonça fièrement l'hypercatif. « Très revisitée. » précisa-t-il en voyant le sourcil levé de Peter.

Sous son regard inquisiteur, le loup en prit une première bouchée avant d'hocher avec satisfaction de la tête. Voyant le regard de Stiles s'illuminer, Peter eut l'impression qu'il venait de lui faire une centaine de louanges sur son repas. Comprenant la surprise du Hale, Stiles s'expliqua.

« Mon père n'aime pas beaucoup ma cuisine. Il n'aime pas les légumes, le poisson ou … En fait il n'aime rien si ce n'est pas de la viande ou des féculents cuit dans une motte de beurre. » se plaignit l'hyperactif.

Peter le comprenait. Si Stiles faisait ce genre de repas tous les jours, ça devait être décevant de ne recevoir que des plaintes.

« De quoi parlait ton reportage ?

- Pearl Harbor. »

Le visage de Stiles s'illumina.

« Tu aimes aussi les docus sur la guerre ? Je les trouve fascinant, c'est fou à quel point les humains sont doués pour créer des problèmes et nuls pour les résoudre. Tu savais que … »

Peter ne put placer un seul mot de tout le repas, mais il ne s'en plaignit pas. Cette journée l'avait épuisé, il n'avait pas dormi toute l'après-midi et une partie de la soirée contrairement à l'hyperactif. De plus, écouter Stiles était surprenament agréable. Peter fut même étonné d'apprendre plus de choses en l'écoutant parler et divaguer qu'en une heure de reportage à la télévision.

Finalement, cette colocation avec Stiles Stilinski pourrait peut-être, éventuellement, presque devenir agréable.

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Scott était soulagé. Cela faisait deux semaines que son meilleur ami agissait étrangement. Non, s'il y réfléchissait bien, ça remontait à bien plus longtemps. Mais ces deux dernières semaines avaient été vraiment inquiétante. Il avait presque l'impression de revoir le Stiles de l'époque suivant le décès de sa mère.

L'hyperactif ne faisait plus de blagues, se perdait dans ses pensées, séchaient les cours à tour de bras et se renfermait de plus en plus. Scott avait eu peur pour lui, mais toutes ses approches avaient été balayées par un geste de la main et un sourire qui sevoulait rassurant, mais qui dans les faits ne le faisait que paniquer davantage.

Scott décida que la prochaine fois qu'il verrait Stiles, il le forcerait à parler lorsque ce dernier avait ignorer toute la meute en sortant des cours pour monter dans la voiture de Peter Hale. Peter Hale, bon sang !

Mais Stiles n'était pas venu en cours le lendemain. Scott était allé chez Stiles le soir même, mais le Jeep de l'hyeractif n'était pas dans la cour et la lumière dans sa chambre était éteinte. Scott avait sérieusement commencé à s'inquiéter, surtout que l'hyperactif ne répondait pas à ses appels.

Le lendemain, Scott était décidé à parler de ses inquiétudes à Isaac. Cependant il n'en eut pas besoin. Stiles était là, fouillant dans son casier et débordant d'énergie. Il agissait comme si les deux denrières semaines n'avaient jamais eu lieu, blaguant comme à son habitude. Scott eut du mal à arrêter de le fixer bêtement. En fait, il n'y avait pas réussi jusqu'à la fin de la journée.

Son air stupide ne se fit que plus grand lorsqu'il vit l'hyperactif monter une nouvelle fois dans la Mustang de Peter à la fin des cours. Avec tout ça, il avait totalement oublié de questionner Stiles sur son comportement étrange.

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« On va où ? » fronça des sourcils Stiles en remarquant qu'il prenait la direction opposée à l'appartement de Peter.

« A ta voiture. »

Peter dut entendre le rythme cardiaque de l'adolescent accéléré, puisqu'il ralentit un petit peu, prenant le temps d'observer l'expression de Stiles. Son visage était complètement décomposé, et Peter ne comprenait pas pourquoi.

« Non, s'il te plaît. » Peter s'arrêta le long du bas-côté de la route. « Dépose-moi plutôt à l'hôtel. Je ne veux plus dormir dans ma voiture. »

Peter comprenait finalement le cheminement de pensées de l'hyperactif. Il lâcha le levier de vitesse pour bloquer les mains de Stiles qui se grattait nerveusement les paumes. L'hyperactif sembla immédiatement se calmer au contact.

« Stiles, je te l'ai dit. Tu peux vivre chez moi jusqu'à ce que toi, tu veuilles partir. Je ne vais pas te mettre à la porte.

- Je ne veux pas partir. » chuchota l'hyperactif, comme s'il s'agissait d'une grosse confidence.

« Bien. On va juste chercher tes affaires. Tu ne vas pas porter les mêmes vêtements indéfiniment. »

Stiles sourit et hocha la tête. Peter redémarra et son co-pilote s'empressa d'allumer la radio. Il s'arrpeta sur une station qui passait du Queen, Stiles monta le volume et chanta jusqu'à leur arrivée à sa Jeep.

Peter secoua la tête, il ne s'habituerait jamais aux brusques changement d'émotions du gamin.