Bonjour à toutes et à tous !

Bon, alors ? Ce vœu, c'est pour quand ? Bientôt, mais pas tout de suite. Pour l'instant, les événements s'accélèrent pour notre jeune Tony Stark. La vitesse sera même... vertigineuse à certains moments.

Bonne lecture !


Chapitre 5 : Le Rendez-Vous

Tony arriva au bar, presque à l'heure. Carina l'attendait à une table, une pinte de bière à peine entamée devant elle. Il commanda la même chose, puis vint se présenter à la jeune femme.

Carina était d'agréable compagnie, drôle et charmante. C'était quelque chose que Tony avait déjà remarqué quand ils discutaient en ligne, et cela se confirmait. Elle lui raconta avec humour comment ses parents étaient arrivés aux États-Unis, et ils se rendirent compte avec stupeur que la grand-mère de Tony était originaire du même village qu'eux. Ils regrettèrent de ne jamais avoir mis les pieds au Mexique, ni l'un ni l'autre, alors que la frontière n'était pas si loin, toute proportion gardée.

Puis ils parlèrent de leurs passions, informatique pour Tony, course à pieds et nature pour Carina. Elle faisait une petite course sur la plage tous les matins ou le soir quand elle n'avait pas le temps. Il expliqua qu'il développait ses propres petits programmes informatiques chez lui. Ils commandèrent un deuxième verre.

Ils parlèrent vaguement de leurs projets de vie. Tony resta vague, mais Carina développa longuement à propos de voyages qu'elle aimerait faire, les endroits magnifiques qu'elle rêvait de visiter, des lieux où la main de l'homme n'avait pas encore eu trop d'impact, et où la faune et la flore se développaient tranquillement.

Ils parlèrent également de leurs projets sentimentaux. Ni l'un ni l'autre ne souhaitait s'engager dans quelque chose de sérieux, et leur flirt tranquille passa au niveau au-dessus. Ils commandèrent un troisième verre, du vin cette fois. Quand celui-ci fut fini, ils sortirent dehors, prendre l'air un peu plus frais du soir. Ils gloussèrent tous les deux quand un pas un peu incertain plaqua Tony contre Carina, augmentant considérablement leur proximité physique. Ils s'embrassèrent à pleine bouche, dans la rue, affamés d'un désir brûlant, d'un manque presque. Deux êtres solitaires qui s'étaient trouvés pour se tenir compagnie l'espace d'une nuit.

Jusqu'à ce que quelqu'un empoigne Tony par les épaules pour l'éloigner de la jeune femme.

« Eh, regarde qui j'ai trouvé Garrett ! »

Un homme brun, les cheveux coupés courts, le força à se retourner pour faire face à un autre homme, au crâne rasé et à la moitié du visage brûlée. Il s'agissait de Garrett, le bras droit de Stane, dont on racontait que c'était ce dernier qui avait brûlé le visage de son partenaire pour le dissuader de le trahir. Tony ignorait si la légende était vraie, mais cela donnait un air patibulaire à l'homme déjà peu sympathique. L'autre homme, celui qui tenait Tony par les épaules dans une poigne de fer, était Ward, un homme de main de Garrett, qui le suivait partout où qu'il aille. Ils formaient un duo chargé de rappeler à l'ordre les « collaborateurs » de Stane qui ne rentreraient pas dans le rang.

« Dégage, ordonna Garrett à Carina qui, écoutant son instinct de survie, s'enfuit rapidement. Tony Stark, dit-il en détachant les syllabes lentement. Le patron est triste, tu sais. Tu n'as pas répondu à son message.

— J'allais-

— Tais-toi. Je n'ai pas posé de question. En fait, je ne vais pas te donner le choix. Tu vas prendre ton téléphone, et tu vas répondre au patron. Tu vas lui répondre quelque chose qu'il veut entendre. Tu vas lui répondre que tu es très honoré par sa proposition, et que, évidemment, tu acceptes. T'as bien compris ? »

Tony hocha frénétiquement la tête. Ward fouilla ses poches et lui tendit son téléphone qu'il prit d'une main tremblante. Il avait parfaitement conscience que ce soir-là allait changer sa vie. Il ouvrit la section des messages et tapa exactement ce que lui avait dicté Garrett, dont il pouvait voir le flingue pointer sous sa veste :

Je suis très honoré par votre proposition, et je l'accepte avec plaisir.

La réponse ne se fit pas attendre.

À la bonne heure ! Je suis fier de toi Tony ! Rejoins-moi à la villa que je puisse t'expliquer ce qui t'attend pour les prochains jours.

Tony n'avait pas du tout envie de se retrouver à nouveau piégé dans l'immense villa froide et impersonnelle avec le parrain de Miami. Mais il n'avait pas le choix pour rester en vie.

« Suis-nous, intima Garrett. »

Ward le poussa dans le dos pour le faire avancer jusqu'à une voiture, où il monta à l'arrière. En moins de dix minutes, ils arrivèrent à la villa. Entre-temps, Tony avait reçu un texto de Carina :

J'ai été ravie de te rencontrer. S'il te plaît, n'essaye plus de me recontacter.

Ou comment Stane faisait même capoter sa vie sexuelle.

Heureusement, les deux gorilles se tinrent éloignés de lui à partir de l'instant où ils franchirent la porte d'entrée. Stane l'accueillit, aussi exubérant qu'à l'accoutumée.

« Tony ! rugit-il en le voyant entrer. Viens, viens, entre. Tu veux à boire ? Il faut que nous fêtions notre tout nouveau partenariat ! Prends un cigare. Tu as déjà fumé un cigare ? Ce sont des Cubains évidemment. Des Behikes, les cigares les plus chers du monde.

— Je l'aurais deviné, se risqua à dire Tony. »

Stane partit dans un grand rire.

« Je t'aime bien petit ! Je sens qu'on va bien s'entendre, toi et moi. Viens, je vais te montrer le matériel que j'ai pour toi. »

Stane le cornaqua, un bras sur ses épaules, verre de whisky et cigare à la main, jusqu'à un grand bureau qui faisait face à la mer. Sur un immense plan de travail, conçu spécialement pour recevoir l'ordinateur, une machine dernier cri, flambant neuf, attendait qu'on l'essaye. Quatre écrans de 24 pouces surplombaient le tout. C'était du très beau matériel, comme Tony n'avait jamais osé rêver en avoir. Il imagina travailler à ses codes sur un poste pareil, à la vitesse à laquelle il pourrait programmer tout ce qu'il voudrait. Il en oublia la répugnance qu'il avait de travailler pour Stane, et de jouer au larbin pour le parrain. Plus rien ne compta pendant quelques instants que sa passion pour la belle mécanique informatique, et ce qu'il pourrait en faire.

Puis Stane vint rompre ce doux rêve.

« Alors, t'en penses quoi ? Pas mal, hein ? Évidemment, tu pourras configurer tout ça comme tu voudras, du moment que le travail est fait, ça m'est égal. Tu veux voir ton studio maintenant ?

— Mon quoi ? s'étrangla Tony. C'était pas dans l'arrangement !

— Je me suis dit que ce serait quand même plus sympa que ton petit appartement pourri. Tu auras toute l'intimité dont tu auras besoin, ne t'inquiète pas !

— Mais, mon appart » -

— T'inquiètes, je te dis. Je m'arrangerai avec le proprio si c'est une histoire de préavis. Tu peux emménager demain, ou après-demain, comme tu veux. »

Comme il voulait. Selon les souhaits de Stane. Encore une fois, Tony fut un peu ébloui. Le studio était en fait un petit deux-pièces, une chambre et un séjour, avec salle de bain et cuisine, meublé luxueusement comme le reste de la villa. Plus que tout autre chose, cela fit peur à Tony. Perdre son indépendance pour vivre constamment surveillé. Il savait que Stane avait un gros appétit et que ses talents en informatique aiguisaient sa convoitise, mais jamais il n'avait imaginé que le parrain puisse vouloir le surveiller en permanence. Mais à bien y réfléchir, ce n'était pas idiot. Stane lui offrait un très haut poste dans son organisation mafieuse. De grandes responsabilités. S'il avait eu l'âme plus ambitieuse et scélérate, il aurait accepté le marché avec joie. Car ils avaient aussi parlé rémunération, très très haute rémunération. De quoi vivre plus que confortablement et arroser ses meilleurs amis en même temps. Mais Tony n'était ni désespéré, ni un gangster dans l'âme. Il était tombé dans ce milieu plus ou moins par accident, et même s'il était difficile d'en partir, il n'avait jamais cessé d'espérer fonder sa propre entreprise et faire fortune dans les technologies de pointe.

Alors quand il rentra chez lui, raccompagné par les deux hommes de main, il n'avait plus qu'un seul objectif :

« Il faut que je quitte la ville. Ce soir. »

Loki était toujours sur le canapé, et avait à la main une tasse fumante de ce qui ressemblait à du thé (où avait-il trouvé du thé, il n'y en avait pas chez Tony). Il leva les yeux de la tablette, et fixa le jeune homme blême qui venait de rentrer.

« J'en conclus que ton rendez-vous s'est vraiment mal terminé, dit-il platement puis trempa ses lèvres dans le liquide fumant.

— Stane s'attend à ce que j'emménage chez lui pour bosser pour lui à temps plein dès demain, ou après-demain. Je dois quitter la ville. Hors de question que je trempe dans quelque chose de plus grave que la vente de coke. Pas question que je contribue à détruire totalement les ennemis de Stane. Et s'il me demandait de briser mes propres amis ? Je ne pourrai même pas refuser, sous peine de me prendre une putain de balle dans ma putain de tête ! Merde ! »

Très agité, Tony regarda par la fenêtre, à travers les persiennes. Garrett et Ward faisaient les plantons dans leur gros SUV.

« Merde ! répéta Tony. Merde, merde ! Je peux pas sortir ! »

Il passa violemment la main dans ses cheveux, tirant douloureusement sur son cuir chevelu.

« Explique-moi ce qu'il se passe, offrit Loki. Pour voir si j'ai envie de t'aider ou pas. »

Après une hésitation, Tony raconta tout. Si au départ, il voulait résumer les événements des derniers jours, il se retrouva à narrer la manière dont il avait quitté l'université, pour tomber dans la contrebande et le recel de produits technologiques pour ensuite être repéré par Stane qui le draguait depuis quelques mois et qui lui mettait désormais le couteau sous la gorge pour l'embarquer plus profondément au sein de son organisation. Loki écouta attentivement en finissant son thé, posant des questions de temps à autre quand Tony s'embrouillait ou digressait, puis quand le jeune homme se tut, l'homme en costume noir prit un air grave, semblant réfléchir. Pendant ce temps, Tony envoya un rapide message à Rhodey et Happy pour les prévenir qu'il devait quitter Miami au plus vite. Il reçut des réponses presque aussitôt, car il avait réveillé Happy, et Rhodey, en bon insomniaque, ne dormait que peu la nuit.

Tous les deux s'inquiétaient très franchement de cette décision précipitée au milieu de la nuit, mais Tony était décidé. Il devait partir. C'était une question de vie ou de mort. Jamais il ne pourrait faire le travail demandé par Stane. Il prévint ses amis que son appartement était surveillé par les hommes de main de Stane, mais qu'ils pouvaient passer par l'arrière-cour, en escaladant une grille s'ils voulaient vraiment entrer dans l'immeuble.

En attendant, Tony avait des bagages à faire. Et Loki pensait toujours sur le canapé.

« Quel était le vœu que tu souhaitais faire ? demanda-t-il alors que Tony avait sorti un gros sac de sport et essayait d'y mettre le plus de vêtements possible.

— Quoi ? Pourquoi tu me demandes ça maintenant ? De toute façon, ça m'aidera pas pour la suite. Là, tout de suite, c'est pas d'argent dont j'ai besoin. »

En disant ces mots, il bougea son armoire, manquant de la faire tomber au sol, pour récupérer une boite à biscuits en métal scotchée à l'arrière, contenant une liasse de billets de cinquante, qu'il gardait pour les coups durs, et un Beretta 92 ainsi que des munitions. Il chargea l'arme et la glissa dans sa ceinture, dans son dos, et prit tout le cash.

« Je peux téléporter des gens. »

Cela eut le mérite d'arrêter les gestes de Tony. Dans son esprit trop étroit d'être humain normalement constitué, il n'avait jamais envisagé la possibilité même de faire un doigt d'honneur monstrueux aux lois de la physique et de pouvoir quitter son appartement en une fraction de seconde.

« Téléporter, répéta bêtement le jeune homme. Je-, euh, d'accord. Pourquoi pas. Ça m'enlèverait une sacrée épine du pied, et… attends, je dois faire un vœu pour ça ou pas ?

— Disons que dans ma grande mansuétude, je t'accorde ce service totalement gratuitement, pour le moment. J'attends de ta part une forme quelconque de rémunération, mais cela peut attendre.

— Attends, pas d'accord. Je suis pas naïf au point de signer un contrat sans avoir lu les petites lignes. Quel type de rémunération ?

— Je ne sais pas encore, mais je vais y réfléchir. Ne t'inquiète pas, Anthony Stark, je ne te demanderai pas ton âme.

— Mouais, pas convaincu, mais j'ai pas trop d'alternatives pour le moment. »

À cet instant de lourds coups de poing ébranlèrent la porte d'entrée.

« Merde ! jura Tony. C'est qui ?

— Rhodey, ouvre-moi connard. Tu crois quand même pas te barrer comme ça ? »

Tony leva les yeux au ciel, sentant d'avance la discussion longue et pénible alors qu'il devait faire vite. Il regarda Loki qui eut une moue, et s'effaça lentement jusqu'à devenir invisible.

« C'est tellement classe ! s'extasia Tony le plus doucement possible. »

Seul un rire venant de nulle part lui répondit, puis il ouvrit la porte. Rhodey s'engouffra dans l'appartement et pointa son index droit sur la poitrine de son ami.

« C'est quoi ces conneries ? Tu te barres comme ça, sans préavis ?

— Stane accélère les choses. Il m'a envoyé Garrett et Ward pour me forcer à accepter sa proposition. Je suis censé lâcher mon appartement, et emménager à la villa demain. »

La mâchoire de Rhodey se décrocha.

« Ok, ça craint. Ça craint vraiment plus que ce que je pensais. Il a vraiment l'intention de t'exploiter au maximum.

— Contre cinquante mille dollars. Par mois.

— Eh, ben, mon salaud ! siffla Rhodey. Dommage que ce soit un boulot aussi craignos. Tu te serais fait des couilles en or. Mais tu vas faire comment pour te barrer ?

— J'ai quelques idées, je vais m'en sortir, t'en fais pas.

— Bien sûr que je m'en fais ! Tu es pas capable de remplir ta déclaration d'impôts à temps si je te le rappelle pas. Est-ce que tu connais ta date d'anniversaire au moins ? Franchement sans moi, tu feras pas cent mètres. »

Tony eut un sourire. Rhodey était son plus vieil ami, rencontré pendant le tout début de son adolescence, ils avaient fait les quatre cents coups ensemble, et entre eux, c'était à la vie à la mort. Mais aujourd'hui, il devait laisser Rhodey derrière pour espérer s'en sortir. À son expression, le visage de Rhodey se ferma.

« Putain, t'es sérieux. Tu vas vraiment faire cavalier seul sur ce coup ? Et si les mecs de Stane te retrouvent ? Ils vont te faire la peau !

— Mais ils toucheront pas la tienne. Ni celle de Happy. Vraiment, ça va aller. J'ai un plan de secours, mais je peux rien te dire. Le mieux que tu as à faire, c'est protéger ta mère et ta sœur, et quand les choses iront mieux pour moi, je reprendrai contact, et je vous sortirai de Miami.

— T'es bien confiant, gronda Rhodey. Et t'es une putain de tête de mule. Prends soin de toi, mon frère. Putain, j'arrive pas à croire que j'ai dit ça. »

Les deux amis étaient beaucoup trop émus par la situation. Pour la première fois depuis le renvoi de Rhodey de l'armée, ils allaient être loin l'un de l'autre. À des centaines, des milliers de kilomètres peut-être, pour une période longue et indéterminée. Ils se tombèrent dans les bras, dans une étreinte virile, fraternelle et émue.

« Fais pas de connerie, fit Rhodey incapable de lâcher son frère de cœur. Tu vas me manquer, frère.

— Toi aussi, tu vas me manquer p'tit con.

— Connard

— Salop

— Imbécile

— Moi aussi je t'aime.

— Ouais. J't'aime. T'as intérêt à m'envoyer des cartes postales. Je préviendrai Happy. Il va t'en vouloir.

— Je sais. Barre-toi maintenant, faut que je finisse de préparer mes affaires. »

La porte se referma, clôturant un chapitre de la vie de Tony. Il poussa un soupir et ne sursauta même pas quand Loki se matérialisa à ses côtés.

« Tu es prêt ? demanda le génie. »

Il tenait l'énorme sac de Tony dans la main gauche et la lampe dans la main droite.

« J'ai pas fini de-

— Tu t'éternisais. Alors j'ai mis toutes tes affaires dans le sac. Comme vous restiez devant la porte d'entrée, c'était assez facile de ne pas être remarqué. Par contre, tu ne pourras pas le porter je pense, il est devenu trop lourd.

— Toutes mes affaires ? s'étrangla Tony. Mais, y a quelque chose que tu ne peux pas faire ?

— Être libre, rétorqua Loki amèrement.

— Ouais, désolé, pardon. Merci. Pour mes affaires. Et pour la téléportation. Surtout ça. Tu connais New York ?

— Non.

— C'est la plus grande ville des États-Unis. Ce serait chouette si tu pouvais m'emmener là-bas. Attends, t'as peut-être besoin d'une carte, ou je sais pas ?

— Pense très fort à l'endroit où tu souhaites aller. Je m'occupe du reste. »

L'instant d'après l'appartement miteux du quartier populaire de Miami était vide de tout occupant.


They are going for an adventure ! Il se pourrait même que ce soit palpitant !