Bonjour à toutes et à tous !
Au chapitre précédent, Tony réclamait son premier (et dernier jure-t-il) vœu. Dans ce chapitre-ci, la magie opère et la vie de Tony et ses amis va bien changer.
Bonne lecture !
Chapitre 7 : La Magie
En vingt-quatre heures, l'application fut achetée une dizaine de fois. En quarante-huit heures, quarante fois. Un blog spécialisé en ligne fit un article dessus, conseillant à ceux qui voulaient une petite application légère de gestion des données de l'essayer, et les ventes passèrent à deux cents. Un gros site consulté par des dizaines de milliers de personnes chaque jour publia un comparatif, où la petite application reçut une note très honorable, et un commentaire qui se concluait par « vaut qualitativement la plupart des applications similaires, et est d'un coût moindre », ce qui fit bondir les ventes à quatre mille achats.
En quatre jours, Tony avait récolté presque quatre mille dollars, minorés des impôts bien sûr, et de la part prise automatiquement par les plateformes, mais c'était un succès, un gros succès.
Il donna le feu vert à ses amis, leur achetant même des places d'avion pour les faire venir. Happy n'avait pas de famille, mais Rhodey devait venir avec sa mère et sa sœur, qu'ils arrachaient littéralement à son lycée, ses amis, sa vie. Heureusement, l'adolescente était suffisamment intelligente pour comprendre que rester à Miami était dangereux et qu'elle risquait sa vie. Roberta et Jeanette ne firent donc aucune difficulté et prirent l'avion avec autant de bagages qu'elles purent. Tony, pendant ce temps, trouva un appartement à louer à la semaine, suffisamment grand pour faire dormir tout le monde. Le jour où ils arrivèrent, soulagés d'échapper à l'influence de Stane, l'application dépassa les dix mille ventes.
La semaine suivante, son dossier était suffisamment solide pour contracter un prêt à la banque et monter sa startup.
Deux mois après sa fuite de Miami, il était donc à la tête de sa propre entreprise et gagnait suffisamment d'argent pour embaucher Rhodey comme comptable. Le pauvre n'avait pas la formation adéquate, mais il arrivait à s'en sortir grâce à internet, et se formait sur le tas. Happy lui servait de secrétaire, et les trois hommes s'en sortaient pas trop mal dans la grande ville de New York. Pendant ce temps, Tony travaillait à rendre ergonomique et joli son système d'exploitation pour téléphone, un programme révolutionnaire qui corrigerait ses bugs lui-même. C'était très ambitieux, mais Tony était confiant. Il avait peu d'améliorations à ajouter, juste à rendre l'objet utilisable par des néophytes.
Le chef d'entreprise ne logeait plus depuis longtemps à l'hôtel, mais dans un petit appartement, pas plus grand que celui de Miami, mais plus confortable. Happy s'était trouvé un studio, et Rhodey, sa sœur Jeanette et leur mère Roberta avaient gardé l'appartement dans lequel ils avaient logé tous ensemble.
Le quotidien de Tony était devenu à la fois monotone et excitant. Excitant parce qu'il travaillait enfin à temps plein sur un sujet qui le passionnait avec ses amis, et ils envisageaient un avenir radieux. Monotone, car sa vie était devenue un très classique métro-boulot-dodo. Il se levait tôt, partait travailler, et rentrait chez lui. Heureusement que la présence de Loki pimentait un peu sa vie. Le génie irascible n'était jamais avare de commentaires piquants, ou de réflexions salées. Mais ils s'entendaient bien. Loki vaquait à ses occupations la journée, parcourant New York — il était allé jusqu'à Central Park et y retournait régulièrement, en pestant contre ces humains qui bétonnaient la nature — parfois « empruntant » des livres, des films ou des albums de musique dans les magasins, pour s'occuper. Tony n'avait rien dit, car il n'était pas très bien placé pour faire des leçons de morale à un être même pas humain. Néanmoins, il commençait à ne plus savoir quoi faire des livres que Loki ramenait. Puis un jour, ils discutèrent de la possibilité de révéler son existence à Rhodey et Happy.
« Non.
— Pourquoi ? demanda Tony.
— Je n'ai pas envie de rencontrer d'autres humains.
— Ce sont mes amis ! Ils seront ravis de rencontrer la personne à qui je dois mon succès.
— Tu dois ton succès à toi-même. La magie n'a fait que donner un coup de pouce à la chance. Si l'application avait été mauvaise, elle aurait eu beaucoup moins de succès.
— Oh, ravi de le savoir. Mais tu peux quand même t'attribuer douze pourcents de la réussite.
— Je te demande pardon ? J'ai lancé le sort qui a mis l'application sous les yeux de ces journalistes. Je mérite un peu plus de douze pourcents !
— Ah ! Voilà ! J'avais peur que tu sois cassé. Tu es loin d'être modeste d'habitude.
— Je disais ça uniquement pour que tu n'insistes pas.
— Je sais, mais ça m'a fait peur quand même. Bon, je peux les inviter quand pour que tu les rencontres ?
— Jamais ! »
Deux jours plus tard, Tony faisait entrer Rhodey et Happy dans son appartement.
« Ok les copains. J'ai quelque chose à vous dire, et c'est un peu dur à avaler. Voilà, j'ai fait une rencontre.
— Tu as rencontré un homme, le coupa Rhodey.
— Oui, mais-
— J'ai toujours su que tu étais bi. Il s'appelle comment ?
— Non. Non, c'est pas ça. C'est un homme, quoique… mais c'est pas mon petit copain. C'est la personne responsable, en partie, de mon succès.
— Tu as un sponsor ? demanda Happy.
— Non. C'est un génie.
— Un partenaire ? Pourquoi tu nous-
— Non ! Laissez-moi parler ! »
Les deux autres se turent.
« Vous vous rappelez la lampe à huile de chez Hammer ?
— Oui, tu l'as prise avec toi pour une putain de raison inconnue, mais je ne vois pas- »
Tony interrompit Rhodey d'un mouvement de la main agacé.
« C'est la lampe d'Aladin. Littéralement. »
Les deux autres cillèrent. Happy se pencha vers Rhodey et murmura :
« Il a jamais pris de coke pourtant ?
— Je t'entends, connard, répliqua vertement Tony. Et je suis pas drogué.
— Burn-out ? murmura Rhodey penché lui aussi vers Happy.
— Je vous entends ! s'énerva Tony. Et je suis pas fou ! Il y a un génie dans cette lampe !
— C'est grave. On a pas assez d'argent pour une clinique, continua Happy. »
Tony leva les yeux au ciel.
« Loki, peux-tu s'il te plaît apparaître maintenant, avant qu'ils n'appellent les secours ? »
Mais personne n'apparut.
« Putain Loki ! On était d'accord !
— J'appelle le 911, fit Rhodey d'un air grave et inquiet. »
Heureusement, Loki cessa son petit jeu puéril, et apparut juste derrière Rhodey.
« Nul besoin d'importuner de braves gens, humains. Je suis là. »
Happy et Rhodey poussèrent des cris trop aigus pour être virils et bondirent sur place.
« Bordel ! jurèrent-ils en cœur.
— Anthony a été beaucoup plus loquace que vous lors de notre première rencontre. Son expression exacte a été, de mémoire "putain de bordel de merde".
— Vous êtes qui ?
— Les gars, je vous présente Loki, le génie de la lampe. Loki, voici Rhodey et Happy, mes meilleurs amis. »
La suite fut des plus absurdes. Les questions avaient plu, aussi indiscrètes et intimes que celles de Tony quand il avait fait apparaître Loki. Le génie avait été sommé de prouver qu'il était capable de magie, ce qui lui avait fortement déplu, et Tony avait été obligé de demander à ses amis de se calmer sur leurs exigences. Puis il avait expliqué l'histoire du vœu.
« Wouha ! Tony peut demander ce qu'il veut ? s'extasia Happy.
— Non, répliqua sèchement Loki qui semblait saturer.
— Il y a quelques contraintes. Mais de toute façon, je n'utiliserai pas les deux prochains vœux.
— Mais pourquoi ? s'étonna Happy.
— Parce que c'est de l'exploitation ! Loki est obligé d'exaucer mes vœux. Il est prisonnier de la lampe et esclave de son propriétaire. Si j'ai fait un vœu, c'est avec son accord, et dans une période d'urgence. Ça ne se reproduira pas. »
Rhodey hocha simplement la tête, Happy ferma la bouche et Loki parut satisfait d'une manière pédante qui lui ressemblait.
Il était étonnant de voir que l'apparence de Loki, bleue, donnait à ses expressions une singularité toute particulière. L'air hautain, pédant, ou colérique étaient tout à fait différents avec la peau bleue et les yeux rouges. Cela apportait, de l'avis de Tony, un sérieux et une prestance inégalable, même par le plus britannique des Britanniques, par le plus snob des snobs. Il n'était pas rare que Tony fasse une réflexion ou un compliment juste pour voir ces expressions sur son visage.
Sentant que ses amis étaient moins sous le choc, et ne désiraient plus arracher les réponses des lèvres de Loki, Tony les fit s'asseoir et apporta des bières. Il avait compris au début de sa cohabitation avec le génie que si celui-ci n'avait pas besoin de manger, boire ou dormir, il aimait ça tout de même. Quoique, dormir était une exception. Loki était constamment occupé, il était rare qu'il s'allonge pour ne serait-ce que fermer les yeux et se reposer.
« Bien, maintenant que les présentations sont faites, dit-il en distribuant les petites bouteilles décapsulées, j'ai un cadeau pour vous. »
Il prit dans une armoire trois boîtes blanches portant la mention « Huawei » et les tendit à ses amis. À l'intérieur reposaient des smartphones noirs et rectangulaires classiques, qui semblaient avoir été déjà manipulés.
« Ce sont vos nouveaux téléphones, informa Tony extatique. Ils fonctionnent sous O.S.C.A.R.
— Oscar ? répéta Happy. C'est comme ça que tu as appelé le système d'exploitation ?
— Yep. Operative System Completely Awesome and Relevant.
— On entre déjà dans la phase de test ? s'étonna Rhodey impressionné.
— Yep. Comme vous savez, Huawei est intéressé pour intégrer OSCAR à ses téléphones pour se démarquer de ses concurrents.
— Mais le catalogue d'applications sera très réduit, objecta Rhodey.
— C'est ce que je me suis dit, donc j'ai cherché une parade. »
Pendant que Tony parlait, Loki avait allumé son téléphone et commençait à se familiariser en silence avec l'interface qui changeait un peu de la tablette.
« La plupart des entreprises qui proposent des applications ont un site internet sur lequel on peut télécharger l'appli en apk. Il suffit pour le moment de télécharger ça et OSCAR fait le reste. Dans l'avenir je pense développer une mise à jour où OSCAR corrigera les bugs des applis, et enverra les modifications directement aux développeurs. C'est en attendant de composer un catalogue suffisamment fourni. Voilà.
— Ingénieux, admit Happy lui aussi ayant allumé le téléphone. »
Il pianota pendant plusieurs minutes jusqu'à pousser une exclamation satisfaite.
« Ça marche du tonnerre !
— Normalement, OSCAR est programmé pour corriger lui-même ses bugs, et prévenir quand un composant est défectueux. On a un mois pour le tester sur nos propres téléphones, et ensuite, je dois présenter le produit fini à Huawei, et c'est là qu'ils décideront de l'acheter ou non.
— Tu es confiant ? s'enquit Happy. »
Le regard de Tony parvint à ne pas glisser vers Loki.
« Oui. Je suis confiant. »
Deux mois plus tard, Huawei annonçait en grande pompe la sortie de son nouveau smartphone, muni d'un tout nouveau système d'exploitation révolutionnaire qui corrigeait lui-même ses bugs : le système OSCAR. La compagnie chinoise voulut racheter la petite startup Stark and co pour dix millions de dollars, mais à la surprise générale, Tony refusa.
« On vaut mieux que ça, donna-t-il comme seule explication. »
L'opération fut un immense succès planétaire. D'autres compagnies approchèrent la petite startup pour acheter les droits d'OSCAR, et en quelques mois, le tout nouveau système d'exploitation avait détrôné le mythique Android. Google tenta d'acheter Stark and co pour trente-six millions de dollars. Encore une fois, Tony refusa. Lorsque la nouvelle année arriva, ils étaient tous les trois immensément riches.
Tony possédait un duplex immense dans Little Italy, sur Manhattan, dans un grand immeuble de briques rouges, où il habitait avec Loki. L'existence du génie était un secret bien gardé. Quand Tony ou l'un de ses amis parlait de soi (ils avaient appris à lo genrer de manière neutre, quitte à inventer de nouveaux mots) à l'extérieur, ils parlaient du colocataire de Tony, mais évitaient toujours de le faire en présence de quelqu'un. C'était une demande très explicite de Loki.
Tony ignorait par quoi était passæ le génie au court du millénaire coinçæ dans sa lampe, obligæ de servir des hommes sans scrupules, ni considération, mais il sentait que chaque exigence de Loki était motivée par un mauvais souvenir. Iel refusait toujours de parler de soi, de comment iel avait été mauditæ, ni même ce qu'iel avait été obligæ de faire pendant tous ces siècles. Tony relevait les indices, patiemment, dans l'espoir qu'un jour son amiæ puisse s'ouvrir et lui parler.
Pour le Nouvel An, Loki avait clairement fait comprendre à Tony que fêter le passage de l'année nouvelle était, sinon complètement idiot, pour soi qui vivait des milliers d'années, au moins sans intérêt, et qu'iel préférait largement passer son temps à dévorer chaque livre de la planète, et découvrir tous les styles musicaux du monde, tout en gardant un œil sur la télévision pour regarder chaque programme digne de son intérêt. Tony avait ri et lui avait souhaité une bonne soirée avant de partir rejoindre la fête organisée chez Happy.
Le petit groupe d'amis avait décidé de faire une fête, sans inviter trop de monde. Étaient conviés des personnes qu'ils avaient rencontrées à New York depuis leur arrivée : la petite amie de Happy, Claire, qui venait de terminer ses études d'infirmière, Jeanette, la sœur de Rhodey et quelques amis à elle, une amie de Rhodey également, et deux ou trois autres personnes qui faisaient partie de leur entourage.
Tony arriva un peu en avance, ayant promis à Happy d'aider au moins un peu à l'organisation, même si, il fallait l'avouer, ce n'était pas son fort. La musique était déjà allumée dans le salon, et Jeannette était au téléphone dans l'entrée.
« Sur West Street. Je croyais que je t'avais envoyé l'adresse. Comment ça, c'est sur le téléphone de Lucia et il est dans le coffre ? Vous m'épuisez les filles. Vous en êtes où ? Ok, je te revois l'adresse par texto. Appelle quand tu seras dans la rue, je préviendrai la réception pour ouvrir le garage. Oui, ce sont les avantages à être riche, vous comprendrez quand vous lancerez votre propre maison d'édition de yaoi. Salut Tony, fit-elle en raccrochant. Désolée, mes amies sont perdues et bloquées dans les embouteillages. Elles arrivent de Brooklyn, donc, elles ne seront pas là avant un moment.
— Tu es très en beauté, comme d'habitude. Qui est déjà arrivé ?
— James est là, avec son amie, Virginia. C'est un monstre d'organisation. Elle a déjà tout pris en main. Elle supervise tout, tout en faisant la moitié du travail elle-même. À ta place, je l'embaucherais comme assistante de direction. Elle est beaucoup trop efficace pour être réelle.
— C'est peut-être un androïde, qui sait ? se moqua Tony.
— La copine de Happy est déjà là aussi, il veut absolument te la présenter. Tu connais Happy, il a besoin de ton approbation pour vivre, donc foire rien, hein.
— Comme si j'avais l'habitude de foirer des trucs. »
Il soutint quelques secondes le regard pas dupe de la jeune femme.
« Ok, je me tiendrai à carreau. Ça se passe bien la fac ?
— Ça pourrait être mieux si les profs n'imaginaient pas qu'on a que leur cours perso à travailler. J'ai réclamé des journées de quarante-huit heures au Père-Noël, mais apparemment ma lettre s'est perdue.
— Bienvenue dans le monde impitoyable des études ! »
Elle rit, puis son téléphone sonna à nouveau.
« Oui Marie ? Comment ça, perdues dans le Queens ? »
Tony rit et il s'éloigna pour rejoindre ses amis dans la cuisine. Jeannette avait beau l'avoir prévenu, il resta tout de même surpris de voir une femme rousse, au teint légèrement hâlé, occupée à dresser des petits-fours, donner des ordres à tout le monde autour d'elle.
« Bonsoir, claironna Tony en entrant.
— Vous devez être le fameux Tony Stark, répondit la femme rousse alors que Rhodey à côté d'elle n'avait même pas levé la tête de son travail. Enchantée, je suis Virginia.
— Je suis, en effet, Tony Stark. Enchanté. Vous avez mis au pas tout le monde apparemment ?
— Je crois que Harold et Claire sont occupés à sortir les verres et les bouteilles dans la salle à manger.
— Tony est arrivé ? entendit-on crier depuis l'autre côté du mur.
— Ouais ! répondit Tony sur le même ton. »
Il y eut un bruit de choc, puis un juron sonore, enfin son ami apparut accompagné d'une jeune femme à la peau sombre et aux cheveux légèrement ondulés. Une énorme tâche de vin rouge ornait sa chemise blanche.
« Ta légendaire maladresse a encore frappé, le taquina Tony.
— Ouais, je vais aller en changer. Tony, voici Claire, ma petite-amie. Claire, voici Tony, mon second meilleur ami, et je dis second dans l'ordre des présentations, ne te vexe pas. Vous serez tous les deux à jamais ex æquo dans mon cœur.
— Happy, mon ami, ça me touche beaucoup ce que tu me dis. Claire, enchanté de faire ta connaissance.
— Si vous n'avez rien à faire M. Stark, les interrompit Virginia, il reste des petits-fours à dresser, pendant que je mets ceux-là à cuire.
— Oui cheffe ! Bien, cheffe ! »
Une demi-heure plus tard, tous les petits-fours étaient cuits, les pâtisseries étaient au frigo en attendant d'être servies, les vins étaient débouchés et on envisageait sérieusement d'ouvrir la première bouteille de champagne.
Un ami de Jeannette arriva. Il se présenta sous le nom de Peter Parker et dit en rougissant affreusement qu'il admirait beaucoup le travail de Tony, et qu'il avait fouillé de fond en comble les lignes de code d'OSCAR pour l'améliorer.
« Les codes d'OSCAR ne sont pas censés être accessibles aux utilisateurs, répondit Tony d'une voix très froide. »
Le garçon à peine majeur se décomposa, mais Jeannette et Rhodey mirent chacun une grande claque derrière la tête de Tony.
« Je plaisante ! Je plaisante ! pleurnicha-t-il en se massant le crâne. Je suis super impressionné. Il me faut ton numéro pour que tu me montres ça. Tu fais quoi comme études ? »
Rassuré, le jeune homme expliqua qu'il s'était dirigé vers les sciences, notamment la chimie, mais qu'il avait un petit boulot de photographe pour un journal local pour boucler péniblement ses fins de mois. Passé vingt-deux heures, arrivèrent les dernières attendues, Marie et Lucia qui avaient mis beaucoup de temps à trouver le lieu de la fête.
« Tu m'avais dit de tenir le GPS, c'est ce que j'ai fait ! se défendait avec un fort accent français une jeune femme brune aux cheveux courts qui portait un pantalon de smoking et une chemise crème.
— Je t'ai dit de tenir le GPS pour m'indiquer la route ! Pas juste pour la déco ! répliqua une autre jeune femme aux cheveux très longs qui la suivait.
— La prochaine fois, on prendra un taxi, soupira la première. Bonjour tout le monde ! »
À la surprise générale, elles firent toutes deux la bise à chaque personne présente, donnant leurs noms par la même occasion. La jeune femme aux cheveux courts était Marie, et l'autre était Lucia. Elles arrivaient de France pour faire une année d'étude aux États-Unis d'Amérique et avaient rencontré Jeannette grâce au club d'écriture de l'université. À elles deux, elles mirent de l'animation, à se chamailler constamment.
La soirée était belle, l'alcool était frais et pétillant. Ils dansèrent, burent et s'embrassèrent à minuit. Tony envoya un texto à Loki, tout en sachant qu'il n'arriverait pas avant plusieurs heures. Il prit un taxi aux petites heures du matin, lorsque tout le monde décida soit d'aller se coucher dans l'une des chambres d'ami, soit de rentrer chez soi.
Dans l'immense appartement, il retrouva Loki qui lisait en face de la retransmission télévisée d'un opéra. Une soprano finissait sa tirade en point d'orgue avant que le canon ne reprenne le chant.
« Qu'est-ce que c'est ? demanda Tony en s'affalant peu élégamment sur le très long canapé, juste à côté de Loki.
— De l'opéra.
— Je vois ça, merci beaucoup.
— King Arthur, de Purcell. C'est parfois drôle.
— Et tu lis ?
— Les Hauts de Hurlevents. Ce n'est pas inintéressant.
— Purcell. Brontë. Hier c'était Shakespeare. Un jour je t'emmènerai en Angleterre.
— Je ne puis me permettre d'être vu, Anthony.
— Laisse-moi rêver, ok ? Tu veux jamais rien faire. Ça ne t'ennuie pas d'être constamment enfermæ dans l'appartement ? Ne jamais discuter avec personne, sauf moi ?
— Je me porterais mieux en effet si tu parlais moins.
— J'abandonne, soupira Tony en se levant. Je vais me coucher. »
Loki, Tony et leurs caractères parfois bien difficiles...
