Merlin finit de placer le protège-cou sur les épaules d'Arthur et de lier les lacets de ses protège-bras à ses poignets.

-Voilà, vous êtes prêt. Sourit Merlin.

-Mais toi non.

-Je n'ai pas besoin de protections.

-Je te trouve bien présomptueux. Ne m'as-tu jamais vu combattre ? Ou crois tu que je suis assez habile pour retenir tous mes coups ? Tu sais mon épée est tranchante et parfois, emporté par l'élan, on perd le contrôle de sa trajectoire un bref instant. Et c'est assez pour se faire mal. Alors mets au moins une de mes côtes de maille. Sinon je ne t'affronte pas.

Merlin se résigna. Touché de l'inquiétude d'Arthur, bien qu'il la trouve totalement injustifié. Il allat vers l'armoire et enfila une côte de maille. Il trouvait ces choses là bien trop lourdes et encombrantes. Discrètement, il jeta un sort pour qu'elle lui paraisse plus légère. Ce n'était pas triché. Arthur avait appris à se battre avec un tel poids sur les épaules, lui non.

-Es-tu prêt ? Que proposes- tu ?

-Hé bien… Je vois les choses ainsi. Nous pourrions commencer par un lancer de dague, vous êtes friand de cet exercice… Je l'ai sû dès notre première rencontre …

-Oui et tu l'a appris à tes dépens par la suite … Sourit Arthur en se rappelant que Merlin avait fini par prendre la place de celui qu'il défendait lors de leur première altercation.

Merlin se contenta d'un sourire à la fois frustré et nostalgique à la réminiscence de ces souvenirs.

-Et ensuite nous pourrions finir par un combat à l'épée classique. Je pense qu'au vu de l'espace que nous avons ici, ce sont les exercices les plus adaptés vu l'exiguïté de cette pièce.

-Oui tu as raison. Et heureusement, j'ai les appartements les plus spacieux de ce château.

-Chose sûr, ce serait bien plus difficile de pratiquer de tels exercices dans ma chambre !

-De quoi te plains tu que ta chambre est trop petite, puisque tu n'y dors jamais !

-Jamais .. C'est un bien grand mot messire… Je n'y suis point seulement lorsque je suis dans votre lit.

-Cesse de m'énerver Merlin. Ou tu n'assumera pas la puissance de mes coups.

Merlin eut un sourire en coin en déroulant sur la table le porte poignard qui devait bien en compter une quinzaine.

-Il va falloir que tu ailles chercher un bouclier aux armuries. Nous n'en avons point ici.

-Je n'en utiliserai pas.

-Et pourquoi cela ? S'indigna Arthur.

-Parce que je ne travaillerai point mes réflexes sinon. Cet entraînement n'est pas que pour vous.

-Alors quoi ? Je vais devoir te lancer ses poignards au visage ?

-Au visage ou ailleurs. Allons quoi ? Vous n'avez pas tellement de réticence lorsque j'ai un bouclier.

-Oui parce que c'est le morceau de bois que je vise en réalité et non ta tête.

,Pourtant une seule erreur de votre part et je me retrouve sans. De tête je veux dire.

-Je ne commet point d'erreur.

-Cela tombe bien, moi non plus. Pas dans ce domaine en tout cas. Dois-je une nouvelle fois vous faire démonstration de mes talents ? Comme avec l'eau tout à l'heure.

-De l'eau et une lame, ce n'est tout de même pas la même chose Merlin. Arthur attrapa une dague et la soupesa, appréciant son poids.

-C'est ce que nous verrons… Assura Merlin plein de confiance.

-Bien. Mais je ne viserai pas la tête et tu verras que tu me remerciera de t'avoir fait porter une cotte de maille.

-C'est ce que nous verrons, messire.

Arthur avait bien hâte de faire taire l'arrogance nouvelle de Merlin, lui d'habitude si humble. Un petit sourire satisfait s' anticipait au coin de ses lèvres lorsqu'il imaginait le conduire à la défaite.

-Prêt ? Cria Arthur avant de jeter sa première lame sans attendre de réponse. Cette dernière arrêta sa course à quelques centimètres du torse de Merlin et, fichée dans l'air quelques secondes, elle finit par dégouliner, liquide, sur le sol. Soudainement transformé.

-Vous voyez monseigneur. Lame ou eau, ça n'a point de différence pour moi.

Arthur serra les dents. Comprenant maintenant qu'à cet exercice, ses chances étaient moindre. Pas qu'il veuille réellement blesser Merlin mais il était son roi. Et le roi était censé protéger ses sujets et non l'inverse. Et se rendre compte depuis tout ce temps que c'était en réalité lui qui veillait sur sa personne, ça le mettait mal à l'aise. Tous les coups qui auraient dû l'atteindre et qui ont mystérieusement échoué, étaient- ce grâce à Merlin. Toutes les lances qui ont fait mouche au bon moment et que personne ne se souvenait avoir lancé. Tous ses éboulements et tremblements de terre survenus à leur faveur. Toutes ces flèches, bien que mal tirées, qui atteignèrent leurs cibles au moment critique, ou bien toutes celles, bienheureux, qui ne firent pas mouche. Est ce que tout ça c'était Merlin ? Il se savait redevable envers lui de sa vie et il pensait avoir payé cette dette depuis longtemps mais en réalité combien de fois ? Combien de fois l'avait-il sauvé ou aidé sans le dire ? Il était censé veiller sur lui et il avait faillit. Et si la plupart du temps son rôle de sauveur était une contrainte à ses yeux, il voulait vraiment protéger Merlin. C'était son serviteur. Il était à lui. C'était sa propriété et sa responsabilité. Et, bien qu'il apprécie d'être celui qu'on protège pour une fois, le fait que ça vienne de lui le frustrait en haut point. Il sentait la rage prendre possession de lui. Et cela se voyait aisément dans ses lancers qui s'enchainaient à une vitesse folle. Merlin devait user de toute sa concentration pour qu'aucune lame ne l'atteigne, tantôt les faisant dévier de leurs trajectoire ou tomber au sol. Lorsque la dernière dague tomba, tous les deux avaient le souffle court.

-Hé bien mon maître… Manquiez-vous d'exercice ou est ce l'idée de me blesser qui vous donne un tel entrain ? Se moqua Merlin, tout en félicitant à demi-mot les performances d'Arthur.

-Comme si j'avais du souci à me faire pour toi. D'ailleur quand je pense à combien de fois je me suis rongé les sangs alors que tu étais plus que capable de te sortir de toutes situations.

-Je ne suis pas aussi fort que vous semblez le croire. Voyez comme mon souffle est court.

-Pourtant tu n'as pas besoin de ma protection.

-Et cela vous contrarie t'il ?

Arthur fût piqué à vif de cette remarque.

-Bien sûr que non. C'est le temps perdu à le croire qui me contrarie.

-Si vous le dites… Sourit Merlin. Etes vous prêt pour la deuxième manche ?

-Je n'ai plus tant envie de me battre.

-Seriez-vous mauvais perdant ou avez- vous peur à ce point de vous faire dominer dans le domaine où vous excellez le plus ?

-Moi ? Dominé en escrime ? Le crois-tu vraiment Merlin ? Je vais te faire ravaler ton impudence. Le défia Arthur tout en dégainant. Le mettant en jout, il le menaça, une pointe de sadisme dans le regard.

-Je ne retiendrai pas mes coups Merlin. Et nous verrons alors qui domine qui.

-Mmmh … Je sens comme un léger ressentiment envers ma personne. Merlin se saisit d'une épée. - Mais soit, si cela peut libérer un peu votre colère dû à toute cette situation, alors j'encaisserai les coups.

-Tais toi donc. Et concentre toi.

Ils se dévisagèrent un long instant. Jaugeant de l'état d'esprit dans lequel était l'autre. Essayant de deviner par leurs simples regards pleins de défis et d'orgueil, d'à quel point ils ne devraient pas retenir leurs coups.

Comme on pouvait s'y attendre, c'est Arthur qui fit le premier pas. Faisant tournoyer son épée à l'aide d'un mouvement souple du poignet et qui était le signe distinctif de l'entraînement qu'avait reçu un Pendragon.

Il avança d'un pas de biais et frappa. Merlin ne reçut pas le coup seulement grâce à sa bonne posture de garde. L'épée contrant l'autre au-dessus de la tête. Ses bras tremblaient sous la force que mettait Arthur dans cette pression. Bientôt Merlin dû serrer les dents et ne pû que faiblir devant tant de puissance. Il mit un genoux à terre. Refusant de perdre aussi vite, sans même avoir eu le temps de se battre, il fit briller ses yeux et Arthur se sentit tomber en arrière, comme victime d'un croche-pied. Merlin eut à peine le temps de se redresser qu'Arthur était déjà debout.

-N'est ce pas de la triche ? Siffla t'il entre ses dents, mauvais, en direction de Merlin.

-N'en est ce pas oui, de s'être entrainé chaque jours que dieu fait tandis que je lavais vos chaussettes ? Sourit Merlin. Arthur lui accorda ça. Haussant les épaules pour accepter que chacun jouaient à présent avec ses propres talents. Mais il savait qu'une épée contre de la magie avait peu de chance d'atteindre son but.

-Comment marche la magie ? Demanda Arthur tout en commençant à tourner en arc de cercle face à Merlin qui reculait de côté à mesure. à l'affût du moindre geste. - Doit tu réciter quelque chose dans ta tête ou à mis voix ? Je t'ai déjà entendu le faire… Lorsque nous …

Arthur ne finit pas sa phrase. Merlin se demandait si son roi s'intéressait réellement à la magie où s'il tentait seulement de détourner son attention.

-La plupart des sorciers doivent apprendre des sorts par cœur et les réciter oui.

-Et pas toi ?

-Si, parfois, lorsque c'est un sort complexe, ou que je n'ai pas l'habitude de l'utiliser. Mais la plupart du temps j'agis seulement d'instinct. Il me suffit de vouloir vraiment très fort une chose pour qu'elle se produise. Parfois il me suffit de l'imaginer avec précisions. Et parfois oui il me faut parler la langue des anciens car les mots sont plus puissants que les pensées ou les gestes.

-Et lors d'un combat comme celui-ci il te suffit d'y penser ?

-Oui. Il faut dire que c'est un exercice que j'ai l'habitude de mener… Comment croyez-vous que j'ai survécu à toutes les attaques… La chance ne fait pas tout.

-Bien … Excellent. Alors il me suffit que tu ne sois plus capable de penser.

-Quoi ?

Mais Merlin n'eut pas le temps d'en dire plus que le roi se jeta sur lui. Merlin n'eut le temps que de relever son épée pour parer le coup. Mais son poignet souffrait de cette position. Il ne pourrait pas la tenir. D'un coup de pied sur la poitrine d'Arthur il se dégagea mais il n'eut le temps que de réajuster sa posture qu'il dû encore parer une attaque. Et une autre. Les coups s'enchaînaient rapidement et avec hargne. Arthur y mettait tellement de force que ses bras commençaient à faiblir. Les coups pleuvaient sans logique aucune. Il avait pourtant vu son roi s'entraîner maintes fois, respectant une technique, un plan d'attaque pour s'insinuer par delà la défense de son adversaire. Pourtant là il n'y avait aucune logique entre ses attaques. Le but était seulement de l'épuiser. Et il ne voulait pas l'admettre mais cela marchait à merveille. Merlin repoussa encore une fois la lame d'excalibur mais elle revient de face. Plongeante à toute allure. Merlin savait qu'il ne pourrait pas l'éviter. Et oubliant qu'il portait une cotte de maille car ne sentant pas son poid, il croyait son heure arriver. Ses yeux brillèrent malgré lui et la si fameuse épée du roi se souleva dans l'air à une telle force qu'elle vint se planter dans le plafond. Arthur, entraîné par l'élan de son geste, tomba sur Merlin, devenu trop faible sur ses appuis à force de fatigue, pour le retenir. Dans un grand fracas, ils s'écrasèrent au sol.

Arthur tandis les bras pour se décoller un peu de Merlin et regarda en l'air, son épée pendant du plafond.

-J'avais juste n'est ce pas ? Si tu n'as pas le temps de penser il t'es difficile d'utiliser la magie.

-Très … Le souffle de Merlin était court. Sa cage thoracique se soulevait à bon rythme et venait toucher l'armure d'Arthur à chaque bouffée d'air.

-Pourtant, en te sentant vraiment acculé tu as pû agir tout de même… Moi qui avait pensé trouver le moyen de battre un magicien…

-Si seulement vous voyiez que c'est moi, la meilleur des épées contre eux.

Arthur baissa les yeux sur Merlin. Son regard était déterminé.

-Es- tu aussi bon que tu le prétends? Je t'ai battu non ?

-Je ne suis pas bon en chevalier , mais la magie est un domaine que je connais bien, et où je suis doué autant que vous êtes pour le combat à l'épée.

Arthur ne savait pas quoi répondre, il n'avait jamais songé sérieusement à combattre la magie par la magie et bien qu'il ait relativement confiance en Merlin, l'utiliser comme une arme le dérangeait. Ce n'était pas son rôle. Il n'aurait jamais la reconnaissance d'une telle prise de risque. Soudain on frappa à la porte.