A/N : bon, c'est le dernier chapitre donc je vais pas dire trop de bêtises ici, rendez-vous à la fin pour le blabla important et bonne lecture !

Résumé du chapitre précédent :

Tout le monde assiste au match. Pendant le ballet des Veelas, Harry réalise qu'il n'est pas attiré par les femmes mais que tous les autres qui l'accompagnent le sont. Krum attrape le Vif d'Or mais l'Irlande gagne. Alors que tout le monde célèbre le match, les Mangemorts attaquent. Harry se retrouve séparé de ses amis et assommé dans la cohue.


La première chose qu'Harry nota lorsqu'il revint à lui, avant même d'ouvrir les yeux, fut le silence absolu qui régnait autour de lui. Il reconnut le bruit crépitant de quelques flammes assez loin de lui, mais rien de plus. Harry entrouvrit prudemment ses paupières, et la noirceur qui recouvrait le camp lui confirma qu'au moins une bonne partie de celui-ci avait dû être réduit en cendres.

Lorsque ses prunelles se furent habituées à la faible luminosité de son environnement, le Griffondor entreprit de se redresser en douceur. Une fois assis, il porta une main à sa tête et soupira de soulagement en constatant qu'il ne sentait aucune trace de sang. Seul son avant-bras droit portait une éraflure impressionnante, mais le sang avait déjà séché et Harry ne s'en inquiéta donc pas. Ses vêtements étaient sales et déchirés à un ou deux endroits, mais rien de plus.

Harry se releva, mais avant même qu'il puisse réfléchir à ce qu'il devait faire, une vague d'incompréhension s'abattit sur son esprit alors qu'il se remémorait les derniers instants avant sa chute. Les Mangemorts étaient les sorciers qui avaient juré fidélité à Voldemort, mais Harry était bien placé pour savoir que Tom n'avait aucune raison d'avoir ordonné une attaque de ce genre, encore moins pendant la finale de la Coupe du Monde de Quidditch.

Par ailleurs, même en supposant que Tom, son mentor et ami, l'ait trahi et veuille effectivement reprendre ses activités de mage noir, une démonstration de force de cette ampleur n'avait aucun sens. Un éclair de lucidité fusa dans l'esprit de Harry lorsqu'il repensa à son interaction avec Lucius et Draco un peu plus tôt dans la soirée. Est-ce que Lord Malfoy avait essayé de le prévenir du danger ?

Harry grogna de frustration en réalisant que toutes les questions qui se bousculaient dans son esprit étaient destinées à rester sans réponse pour l'instant. Ce fut après cette manifestation vocale de son mécontentement qu'il entendit un bruit de pas. Plus précisément, le bruit de pas de quelqu'un qui ne se préoccupe pas d'être discret au milieu d'un champ de bataille dévasté. Harry se fia aussitôt à son instinct et alla se cacher derrière un pan de tente pour se dissimuler à la vue de l'intru. S'il s'agissait d'un ami, le Griffondor pourrait toujours signaler sa présence en temps voulu.

Toutefois, un sorcier qui se promenait seul au milieu d'un campement de ruine après une attaque n'inspirait pas à Harry une confiance immédiate. Grâce à un trou dans le tissu, le jeune sorcier finit par distinguer un homme qui s'avançait dans les décombres en jetant de temps en temps un coup de pied dans les débris sur sa route. La lumière de la lune permit à Harry de discerner des vêtements noirs, et des cheveux bruns qui lui arrivaient juste au-dessus des épaules.

L'homme finit par s'arrêter dans un endroit à peu près dégagé, et regarda autour de lui avant de pointer sa baguette vers le ciel.

- Morsmordre !

Un éclair vert jaillit de sa baguette et forma l'image d'un crâne fantomatique dans le ciel, dont la bouche s'ouvrit pour laisser sortir un serpent. Le reptile s'enroula sur lui-même dans un motif très particulier, et Harry reconnut le symbole en quelques secondes.

La Marque des Ténèbres.

Le symbole que Tom avait gravé sur l'avant-bras gauche de ses fidèles lorsqu'il était encore Lord Voldemort, et qui servait à la fois de moyen de contact et de moyen de torture. Lucius lui avait montré sa marque un peu après son anniversaire, lorsque Harry avait demandé plus d'explications après que Tom l'ait évoqué dans une de leurs discussions.

Mais si l'homme en question se revendiquait comme un serviteur du Seigneur des Ténèbres, son attitude n'avait aucun sens puisque Tom n'était certainement pas derrière une telle attaque. Alors qu'il cherchait désespérément une explication, Harry appuya un peu trop fort sur le bois qui retenait le reste de la tente, et l'ensemble craqua dans un bruit immanquable au milieu du silence qui régnait.

L'homme tourna aussitôt la tête dans sa direction et le Golden Boy jura en silence. Il avait toujours sa baguette avec lui, mais sans connaissance des intentions exactes de l'homme en face de lui et de ses capacités, un duel était une très mauvaise idée. Le Mangemort commença à marcher dans sa direction, et Harry resta immobile pendant une seconde, analysant la situation au mieux pour trouver une porte de sortie.

Soudain, une voix au loin retentit dans le silence.

- Harry !

- Harry ! reprirent deux autres.

Le garçon à la cicatrice reconnut les voix de Neville, Hermione et Ron, et s'inquiéta immédiatement à l'idée que le sorcier inconnu prenne ses amis pour cible. Par chance, celui-ci s'interrompit dans son avancée et partit en courant dans la direction opposée, visiblement peu enclin à affronter plusieurs adversaires en même temps. Une fois qu'il fut parti, l'adolescent sortit de sa cachette et garda son regard fixé dans la direction que l'homme avait prise. Il entendit ses amis pousser des exclamations et se rapprocher de lui, mais ne tourna pas la tête.

- Harry ! fit Hermione en lui sautant au cou. Tu n'as rien ? Tu vas bien ?

- Par Godric, tu nous as fait une de ces peurs, ajouta Neville.

- Merlin, on a paniqué quand on t'a perdu, fit Ron.

Harry décrocha gentiment sa meilleure amie et jeta un coup d'oeil aux trois Griffondors d'un air rassurant.

- Ça va, rien de cassé.

- Qu'est-ce que tu regardes ? s'enquit Hermione.

La sorcière aux cheveux bouclés venait de remarquer la façon dont le brun fixait une direction d'un air préoccupé, et était à la fois intriguée et inquiétée par son attitude.

- J'ai cru voir-

Harry n'eut pas le temps d'achever sa phrase, car un cercle de sorciers se matérialisa soudainement autour de leur position, leurs baguettes pointées droit sur eux.

- Stupéfix !

- Expelliarmus !

- Petrificus !

Une série d'éclairs colorés jaillit autour d'eux, et les quatre adolescents ne durent leur salut qu'aux réflexes d'Harry, qui les fit tous tomber par terre en comprenant ce qui se passait.

- ARRÊTEZ ! C'EST MON FILS !

La voix d'Arthur Weasley mit fin à l'attaque, et il se rapprocha des quatre Griffondors en courant, imité par un autre homme, tandis que les autres sorciers se rapprochaient plus lentement en baissant leur baguette.

- Ron ! Harry ! Hermione ! Neville ! Vous n'avez rien ? s'inquiéta Arthur.

- Lequel a fait ça !? tonna l'autre homme. Ne mentez pas ! Vous avez été pris sur le lieu du crime !

Son intervention eut lieu alors que les quatre adolescents finissaient tout juste de se remettre debout. Le père de Ron le regarda avec une expression à la fois ahurie et indignée.

- Barty ! Ce ne sont que des enfants !

Autour d'eux, un murmure d'assentiment se répandit parmis les sorciers, et Harry fronça les sourcils.

- Un crime ?

- C'est la Marque des Ténèbres, murmura Hermione. Le signe de Tu-Sais-Qui. L'invoquer est considéré comme un crime et-

- Alors ? aboya le dénommé Barty. Lequel ?

- Monsieur Croupton, intervint un des sorciers. Peut-être pourrions-nous d'abord demander à ces enfants ce qu'ils font là ?

L'homme qui venait de parler d'une voix calme se rapprocha du petit groupe en faisant signe aux autres de continuer à explorer les alentours. Il posa une main sur l'épaule de Croupton, et le força à reculer d'un pas avant de s'adresser aux cinq autres. Harry remarqua les yeux d'un noir profond, les cheveux blond foncé et la mâchoire carrée rasée de près. Il portait un pantalon noir et une veste de la même couleur, ainsi que des bottes assorties.

Son attitude générale exprimait l'assurance tranquille de ceux qui ont l'habitude d'être obéis, tout en véhiculant une aura de menace passive. Le garçon à la cicatrice en conclut qu'il s'agissait à la fois d'un sorcier puissant, et d'un homme qui pouvait s'avérer très dangereux.

- Je suis Kharam Syalum, se présenta-t-il, un des Aurors affectés à la sécurité de la Coupe du Monde. Veuillez accepter nos excuses pour l'attaque, nous ne nous attendions pas à tomber sur quatre sorciers mineurs au milieu d'une scène de crime. Pourriez-vous décliner vos identités et la raison de votre présence, je vous prie ?

- Auror Syalum, protesta Arthur, ce sont-

- Il s'agit d'une simple formalité, monsieur Weasley.

Malgré la politesse impeccable de l'Auror, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'un ordre. Harry se remémora rapidement ce qu'il avait lu sur ses droits dans le livre offert par Neville pour son anniversaire, et retint une grimace en réalisant qu'il n'avait pas d'autre choix que de répondre aux questions posées.

- Je suis Harry Potter. Voici Hermione Granger, Neville Londubat et Ronald Weasley, enchaîna-t-il en les désignant. On a été séparés pendant qu'on fuyait l'attaque. Quelqu'un m'a fait tomber par terre, et j'ai été assommé.

- On a paniqué en ne voyant plus Harry, poursuivit Neville, alors on est revenus dès qu'on a pu pour le chercher.

- On venait juste de le retrouver quand vous êtes arrivés, acheva Hermione.

Syalum hocha la tête d'un air contemplatif, puis se tourna vers Harry avec une étincelle d'intérêt dans les yeux.

- Je n'imaginais pas ma rencontre avec le célèbre Garçon-qui-a-Survécu se passer ainsi, déclara-t-il avec une ébauche de sourire. Monsieur Potter, je suppose que vous ne voyez pas d'inconvénient à ce que je vérifie le dernier sort lancé par votre baguette ? Et avez-vous vu ou entendu quoi que ce soit qui puisse nous être utile entre le moment où vous vous êtes réveillé et celui où vos amis vous ont retrouvé ?

Harry fronça les sourcils à la première demande, mais remarqua le discret signe de tête de l'Auror vers Barty Croupton. Celui-ci semblait toujours mécontent, mais un peu plus calme à l'idée de l'examen. Le Griffondor ne fit pas l'effort de cacher son déplaisir en tendant sa baguette au blond, mais répondit tout de même.

- Allez-y. Et il y avait un homme au milieu des tentes, à peu près là, indiqua-t-il en tendant le bras. C'est lui qui a lancé le sort, je crois que c'était quelque chose comme Mormor.

- Morsmordre, le corrigea Kharam.

- Un homme ? s'exclama Croupton. Qui ? Dans quelle direction est-il parti ?

- Il s'est éloigné en courant par là quand il a entendu les voix d'Hermione et Neville, fit Harry en désignant la direction. Mais je ne sais pas qui c'était. Je n'ai pas vu son visage, juste qu'il était brun et habillé en noir.

L'Auror hocha la tête pendant que Croupton appelait les sorciers autour et leur ordonnait d'aller dans la direction indiquée par Harry. Syalum resta quelques instants de plus et lança un sort sur la baguette du Golden Boy, qui fut entourée d'un halo argenté pendant une poignée de secondes.

- Dernier sort lancé, Lumos, observa l'Auror. Je pense que cela suffira à vous laver définitivement de tout soupçon, monsieur Potter.

En même temps qu'il rendait la baguette au Griffondor, il se tourna vers le père de Ron, qui était resté à proximité des adolescents.

- Monsieur Weasley, je compte sur vous pour éloigner ces enfants d'ici. Un champ de bataille dévasté n'est pas un lieu pour des adolescents, aussi exceptionnels soient-ils.

- Comptez sur moi pour les mettre en sécurité au plus vite, Auror Syalum.

Le blond hocha la tête, les salua brièvement, et repartit à la suite des autres pour participer à la suite des recherches.

- Allez les enfants, partons d'ici, les pressa Arthur.

Les quatre Griffondors ne se le firent pas dire deux fois.

-o-oOo-o-

Sans surprise, ils rentrèrent immédiatement au Terrier, où les attendait tout le reste de la famille Weasley. Molly étouffa presque Harry en constatant qu'il allait bien, et soigna son bras écorché avant qu'il puisse prononcer un mot.

- C'était de la folie d'aller à ce match et de rester la nuit ! tempéta-t-elle. Je savais que vous n'auriez pas dû être aussi imprudents ! Harry, mon pauvre garçon, tu dois encore être sous le choc !

- M'man, Harry a affronté Tu-Sais-Qui à onze ans, rappela Fred.

- Et un basilisk à douze, ajouta George.

- Et il est allé retrouver un prisonnier en fuite à treize, conclut Bill.

La matriarche fronça les sourcils, clairement agacée par l'intervention de ses fils.

- Arrêtez immédiatement d'être aussi insensibles, tous les trois ! Harry n'est qu'un enfant et des évènements pareils sont traumatisants quoi qu'on en dise.

- Je vais bien, madame Weasley, parvint à glisser le concerné.

Molly se tourna tout de suite vers lui et lui adressa un sourire rassurant, son attitude changeant du tout au tout en à peine une seconde.

- Je t'ai déjà dit cent fois de m'appeler Molly, trésor. Et ne t'inquiète pas, je vais prendre soin de toi.

- M'man ! protesta Ron. Harry va bien ! Et nous aussi on s'est fait tirer dessus !

Avant qu'un débat mère-fils des plus houleux puisse se lancer, Arthur prit la parole d'un ton fatigué et avec un sourire un peu forcé.

- Chérie, la journée a été longue. Je pense que les enfants ont plus besoin de sommeil que d'autre chose, maintenant.

- Mais où avais-je la tête, fit Molly. Allez, tout le monde au lit ! Ouste ! Vous avez tous besoin de repos après ce qui s'est passé ! En pyjama et plus vite que ça !

Avec un manque d'enthousiasme plus ou moins évident, toute la fratrie Weasley et leurs invités retournèrent dans leurs chambres pour la nuit.

Et cette fois, Harry s'appliqua à faire ses exercices d'Occlumancie avec une attention toute particulière avant de laisser le sommeil l'emporter.

-o-oOo-o-

Le lendemain matin, Remus toqua à la porte avant même qu'il soit dix heures. Le loup-garou avait l'air complètement épuisé, et Harry se rappela que la pleine lune avait eu lieu la veille. Il se précipita vers le Maraudeur pour l'aider à s'asseoir, mais celui-ci se contenta de le serrer contre lui, en baissant la tête pour pouvoir lui parler sans être entendu.

- Godric soit loué, murmura-t-il, tu vas bien. Tout le monde s'est fait un sang d'encre.

Harry, au départ mal à l'aise avec la démonstration d'affection, se détendit un peu en sentant la vague de soulagement qui émanait de son ancien professeur. Celui-ci le laissa s'éloigner au bout de quelques secondes, et lui adressa un sourire apaisé. Il se tourna ensuite vers Molly et Arthur, qui étaient toujours assis à la table du petit-déjeuner avec le reste des occupants de la maison.

- Arthur, Molly, j'espère que vous ne m'en voudrez pas si je ramène Harry chez lui plus tôt que prévu. Avec ce qui s'est passé hier soir, je ne veux pas prendre le moindre risque pour sa sécurité.

- Mais naturellement, répondit Molly. Même si je suis un peu vexée qu'Albus ne considère pas cette maison comme assez sûre pour Harry... enfin, il sait ce qu'il fait.

- Mais... commença Ginny.

Arthur posa une main sur le bras de sa fille et lui sourit avec affection.

- Ginny, Remus a raison. Après l'attaque des Mangemorts, mieux vaut qu'Harry retourne à l'endroit le plus sûr possible pour le reste de l'été.

La benjamine de la fratrie fit une mine boudeuse, mais ne répondit pas. Satisfait, le patriarche des Weasley tourna un regard aimable vers son invité surprise, et leva sa baguette pour faire un geste vers la cuisine.

- J'imagine que vous allez repartir tout de suite ?

- Ce serait préférable, confirma Remus.

Arthur hocha la tête d'un air entendu, peu surpris par la réponse.

- Dans ce cas, tu veux un café pendant qu'Harry va chercher ses affaires ?

- Ça ne fera jamais que le quatrième ce matin, plaisanta le Maraudeur, mais je pense que je vais accepter. Harry ?

- Je reviens, répondit le brun.

Le héros de Griffondor fila dans les escaliers et monta le plus rapidement possible jusqu'au cinquième étage, où il s'habilla en un clin d'œil – contrairement au manoir Malfoy, prendre le petit-déjeuner en pyjama était acceptable au Terrier – avant de remettre toutes ses affaires pêle-mêle dans sa valise. Sans l'avouer en face des autres Griffondors, il était soulagé que Remus vienne le récupérer plus tôt que prévu. Le garçon à la cicatrice avait une myriade de questions à poser, et la plupart des réponses nécessitait une discussion avec Tom Jedusor ou Lucius Malfoy.

Le Griffondor redescendit en quatrième vitesse, et arriva dans la cuisine en même temps que Remus achevait de vider le contenu de la tasse orange qu'Arthur lui avait donnée. Le lycanthrope reposa le mug sur la table, et Harry se dirigea droit vers lui avant de se tourner vers les autres.

- Merci de m'avoir accueilli et de m'avoir emmené voir la finale, fit-il poliment.

- Harry chéri, pas besoin d'être aussi formel, le morigéna Molly. Tout le plaisir était pour nous, même si j'aurais préféré que les choses se passent autrement... vraiment, pour un évènement de cette envergure, on aurait au moins pu espérer que-

- Molly, nous devons vraiment y aller, intervint Remus.

- On se verra au train, sourit Harry en faisant un signe à ses amis.

- Rentre bien et fais attention à toi ! lui lança Hermione.

Le Golden Boy se contenta d'un sourire, et fit un dernier signe de la main avant d'accompagner Remus dehors. Une fois assez loin pour être sûr de ne pas être entendu, Harry laissa libre court à l'inquiétude qu'il ressentait.

- Comment va Sirius ?

L'ancien professeur soupira et indiqua à l'adolescent de s'accrocher à son bras.

- Comme un lion en cage, mais il ira mieux quand il te verra.

Harry grimaça, et se dépêcha d'attraper le bras du Maraudeur.

Ils eurent à peine le temps de passer les grilles du manoir que Dobby apparaissait pour les téléporter dans un des salons de la demeure. Harry, déjà nauséeux après avoir transplané, se sentit franchement mal en arrivant dans la pièce. Avant même qu'il ait le temps de récupérer, il se retrouva engouffré dans une étreinte imprévue pour la quatrième fois en moins de vingt-quatre heures.

- Siri, ton filleul a besoin de respirer, tu sais ?

L'animagus ignora complètement la remarque de sa cousine, et serra un peu plus fort l'adolescent contre lui pendant quelques secondes. Lorsqu'il le relâcha enfin, ce fut pour prendre son visage dans ses mains et l'observer attentivement.

Le mélange d'inquiétude et de soulagement qui s'affichait sur le visage de son parrain rappela à Harry une certaine soirée dans la Cabane Hurlante, et il força un petit sourire malgré ses nausées persistantes.

- Je vais bien, promis. J'ai juste un peu mal au coeur après le transplanage, mais c'est tout.

Sirius parut se détendre un peu après avoir jeté un coup d'oeil à Remus, qui hocha la tête dans une confirmation silencieuse. Le lycanthrope peinait toutefois à garder les yeux ouverts.

- Si vous ne m'en voulez pas, s'excusa-t-il, je vais vous laisser. La nuit a été longue pour moi aussi.

- Naturellement, fit Narcissa avec un sourire. Allez vous reposer, nous vous tiendrons au courant de ce qui s'est dit.

- Merci, Narcissa.

Lady Malfoy fit un gracieux geste de la tête, et l'ancien professeur prit congé des sorciers pour rejoindre sa chambre.

Dans le salon bleu, Harry s'assit sur le canapé le plus proche et constata avec un regard que sa valise avait disparu, probablement déjà transportée dans sa chambre. Il avait toujours du mal à se faire à l'efficacité des elfes de maison.

Lucius et Narcissa s'assirent en face de Sirius et Harry, et un plateau avec de quoi faire un petit-déjeuner convenable – ou convenable d'un point de vue Malfoy – apparut sur la table la plus proche. Harry se vit servir de force une tasse de thé et un croissant par son parrain avant de pouvoir dire un mot, et n'eut pas le temps de faire une remarque avant que son rival entre à son tour dans la pièce.

- Déjà de retour, Potter ? lança Draco. Je te manquais à ce point ou tu t'es finalement rendu compte que les Weasley sont insupportables ?

La petite pique fit sourire Harry, qui se lança aussitôt dans la joute verbale, un éclat malicieux dans le regard. Il attendit à peine que le blond soit assis dans un fauteuil bleu roi pour répliquer, toute sensation de nausée oubliée.

- Jaloux, Malfoy ? C'est pour ça que tu n'as pas pu t'empêcher de jouer les aristocrates hautains et vantards quand on s'est croisés ?

- Ce n'est pas de la vantardise quand c'est justifié, contra Draco.

- Si ça te fait plaisir d'y croire, fit Harry en riant.

Un toussotement les interrompit, et ils se tournèrent vers Narcissa. La sorcière blonde avait haussé un sourcil avec un air amusé, ce qui fit immédiatement taire les deux adolescents. Lucius arborait un petit sourire en coin, qui disparut pour laisser la place à une attitude sérieuse. L'impression de gravité était renforcée par l'ambiance générale du salon, entièrement tapissé dans des tons de bleu plus ou moins sombre. Harry sentit ses questions revenir en force, et posa la plus pressante dès que Lord Malfoy lui fit un signe de la tête.

- Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?

Le Griffondor savait que le père de son rival comprendrait qu'il ne faisait pas seulement référence à l'attaque. L'aristocrate pinça les lèvres, et posa sa propre tasse de thé à côté de lui.

- Un Mangemort a contacté une partie des anciens serviteurs du Seigneur des Ténèbres pour une attaque à la Coupe du Monde, répondit-il. J'ai été prévenu à peine une heure avant le match par un informateur fiable. Apparemment, celui qui les a appelé a insisté pour que je ne prenne pas part à l'action.

Harry enregistra l'information, et la coupla à ce qu'il savait déjà. Une possibilité folle lui vint en tête, et il sentit son visage perdre quelques couleurs. Tout le monde sembla s'en apercevoir, et Sirius posa une main sur son poignet avec un air inquiet.

- Harry ?

- Je... j'ai fait un rêve avant la Coupe du Monde, murmura le Golden Boy.

- Quel genre de rêve ? demanda son parrain.

- J'étais à Little Hangleton, au manoir des Jedusor.

Les quatre autres personnes présentes se tendirent aussitôt. Les trois adultes échangèrent de très brefs regards pendant la pause que fit le jeune Griffondor, mais toute l'attention de Draco était braquée sur son rival.

- Je suivais un jardinier moldu. Il est entré dans le manoir parce que quelqu'un avait allumé un feu dans une des pièces, poursuivit Harry. Quand on est arrivés devant la porte, il y avait trois personnes qui parlaient à l'intérieur.

- Est-ce que tu saurais dire de qui il s'agissait ? demanda Narcissa.

- Il y avait Pettigrew, un homme que je ne connaissais pas, et... et je ne l'ai pas vu directement parce que son fauteuil me tournait le dos, mais je sais que c'était Voldemort. Ce qui reste de son âme principale, en tout cas.

Lucius entendit distinctement sa femme et son fils prendre une inspiration brusque, et se retint d'extrême justesse de faire de même. Un tel rêve dans des circonstances pareilles ne pouvait pas être une coïncidence.

- Tu dis qu'ils parlaient, reprit-il, est-ce que tu te souviens de leur conversation ?

Le sorcier brun hocha la tête.

- Voldemort donnait une mission à cet homme. Et il lui a promis qu'il ferait de lui son bras droit s'il l'accomplissait.

- Qu'est-ce que c'était comme mission ? intervint l'animagus.

- Moi. Ils ont besoin de moi pour un rituel.

Un silence glacial tomba sur la pièce après sa déclaration, et Harry mit du temps à relever les yeux. Son regard croisa celui de son parrain, puis celui de Narcissa, de Lucius et de Draco. Un sourire mal à l'aise se força un chemin sur son visage, et il inspira avant de parler.

- Aucune chance que ce soit un rêve normal, pas vrai ?

- Potter, ironisa Draco, le mot normal ne s'applique pas à toi. Depuis le temps, tu devrais y être habitué.

L'intervention du Prince de Glace permit à la tension qui régnait dans la pièce de descendre d'un cran, et Sirius en profita pour réfléchir à voix haute.

- Ça me parait trop précis pour être un rêve. Mais vu ton niveau en Occlumancie, ça devrait être pratiquement impossible que Voldemort réussisse à entrer dans ton esprit pour t'imposer une vision.

- Peut-être pas si impossible que ça, intervint Lucius.

Les deux Griffondors se tournèrent vers l'aristocrate, dont une main reposait pensivement sur son menton. Il était visiblement en train de réfléchir à sa théorie en même temps qu'il la leur proposait.

- Harry s'est habitué à la présence mentale de Jedusor, rappela-t-il. Ça n'aurait rien d'absurde que son esprit ait instinctivement baissé ses défenses face à une présence familière.

- Mais pourquoi ça n'est arrivé qu'à ce moment-là et pas plus tôt ? objecta Harry.

- Le manoir Malfoy dispose de toutes sortes de protections, Harry, expliqua Narcissa. Une bonne partie d'entre elles sont vouées à protéger ses habitants d'une attaque mentale venue de l'extérieur. Je crains que la demeure des Weasley ne dispose pas de barrières d'une telle qualité.

Contre toute attente, Lucius et Sirius hochèrent la tête de concert dans un geste d'approbation silencieuse. Le premier parce qu'il n'avait aucun doute sur la supériorité de la demeure de ses ancêtres, le second parce qu'il avait un assez bon souvenir du type de protections qui étaient en place chez les Weasley. De son côté, Draco en tira ses propres conclusions.

- Donc tant que Potter reste ici, il n'aura pas de cauchemars ?

- En théorie, non, confirma Lucius.

- Je pense que la maison des Black devrait être assez bien protégée également, ajouta Narcissa.

- On doit aussi pouvoir mettre Poudlard sur la liste, poursuivit Sirius. Dumbledore n'a pas assez d'influence sur le château pour en diminuer les barrières, directeur ou pas.

Harry fronça les sourcils et regarda son parrain d'un air étrange. L'animagus évoquait l'école comme si elle était vivante.

- Pourquoi tu en parles comme si Poudlard avait ses propres barrières de protection ? Je croyais que c'était les professeurs qui les posaient ?

- Le château est une entité magique à part entière, avec son propre caractère, répondit Sirius. Les escaliers nous ont aidé à fuir McGonagall et Rusard plus d'une fois, avec James et Remus.

Le grand sourire qui s'épanouit sur le visage du Maraudeur confirma à Harry que son parrain avait un certain nombre de souvenirs correspondants en tête. Mais il ne put s'empêcher de rester bloqué quelques instants sur le fait que l'école était une entité consciente. Malgré les escaliers qui n'en faisaient qu'à leur tête, les salles qui se modifiaient à volonté et plusieurs autres indications du même genre, Harry ne s'était jamais imaginé que le château avait une forme d'existence propre.

- Cette charmante anecdote mise à part, rappela Narcissa, il me semble que nous avions d'autres problèmes sur les bras. Harry, est-ce qu'il s'est passé autre chose dans cette vision ?

Le jeune Griffondor se redressa sur son fauteuil, et n'eut pas besoin de se concentrer longtemps pour se remémorer les deux points les plus importants qu'il lui restait à aborder.

- Voldemort a un serpent qui s'appelle Nagini, et qui a l'air plus intelligent qu'un serpent normal. Et quand il a su que le jardinier écoutait à la porte, il l'a tué. C'est l'éclair vert de son sort qui m'a réveillé.

Sirius eut un hoquet choqué, pendant que Narcissa portait une main à sa poitrine. Même en rêve, assister à un meurtre n'était pas un événement à prendre à la légère et ils étaient estomaqués par le calme avec lequel Harry avait évoqué la chose.

Mais avant qu'ils puissent dire quoi que ce soit ou réconforter le héros de Griffondor, Draco se leva et toisa son rival avec un air de défi.

- Partant pour un duel en l'air, Potter ?

Harry sortit de l'atmosphère sombre de ses souvenirs en un clin d'oeil, et une flamme compétitrice s'alluma dans son regard.

- Toujours, Malfoy. En onze manches ?

- Peur de perdre si on monte le nombre ?

- Dans tes rêves. On se retrouve sur le terrain dans cinq minutes.

- Tenu.

Et les deux adolescents sortirent de la pièce avec un regard déterminé, sous le regard attendri de Narcissa, dubitatif de Lucius, et désapprobateur de Sirius. Lorsque la porte fut refermée, l'animagus se tourna vers sa cousine en fronçant les sourcils.

- Cissy, je n'aime pas du tout la façon dont ton fils drague mon filleul.

- Oh, arrête d'en faire tout un plat, Siri. Ils sont simplement en train de s'amuser.

- Ton blondinet est clairement en train de reluquer Harry.

- Mon Draco fait simplement preuve d'une attitude adaptée à la situation, répliqua-t-elle. Il a très bien compris qu'Harry a besoin de se changer les idées, et il a suggéré la meilleure option qui soit pour ça.

L'expression dubitative et menaçante de Sirius n'eut aucun effet sur l'aristocrate, qui se contenta de boire une gorgée de thé d'un air distingué.

- Harry est trop jeune pour les relations, point final, grommela-t-il.

Lucius estima qu'il s'agissait du bon moment pour intervenir avant que la relation entre les deux Black présents dans son salon dégénère. À titre personnel, lui-même ne voyait aucun inconvénient à ce que son fils se rapproche de son jeune invité. S'il ne s'agissait que d'une amitié, un sorcier comme Harry Potter était assurément une très bonne relation à créer et conserver, même d'un simple point de vue politique. Et si son fils avait l'intention de pousser les choses plus loin qu'une relation amicale... le charme Malfoy ferait le reste, Lucius en était convaincu. Toutefois, il évita soigneusement de donner son point de vue sur cette délicate question devant le parrain du Griffondor.

- Indépendamment des rapports entre Draco et Harry, il me semble que nous avons d'autres problèmes à considérer.

Sa déclaration sortit aussitôt les deux autres de leur affrontement visuel, et les ramena sur un terrain nettement plus sérieux. Sirius reprit le premier, son visage s'assombrissant en songeant aux implications de ce dont ils venaient de discuter.

- Cette histoire de vision ne me plait pas du tout.

- Moi non plus, appuya Narcissa. Lucius, tu penses que l'homme qu'Harry a vu en rêve est celui qui a rassemblé les autres ?

- Ça me semble plus que probable, répondit l'aristocrate. Mon contact m'a assuré que même si tout avait été organisé à la dernière minute, celui qui les avait appelé a insisté pour que je sois absent lors de l'attaque. Si le Seigneur des Ténèbres lui a promis de devenir son bras droit à ma place, cette attitude prend tout son sens.

Sirius fronça les sourcils, tandis que Narcissa et son mari réfléchissaient intensément. L'animagus avait conscience que leurs prochains mouvements seraient décisifs, et qu'il leur faudrait jouer leurs coups avec prudence. Les personnes qui résidaient actuellement au manoir Malfoy étaient en train de se retrouver au centre d'une partie d'échec des plus complexes.

- Il va falloir que je contacte les anciens Mangemorts un par un, déclara finalement Lucius. En leur faisant rencontrer le Tom Jedusor du carnet, je devrais pouvoir les convaincre de rejoindre notre cause sans trop de difficultés.

- Et les Mangemorts ont l'habitude de retourner leur veste, pas vrai ? ironisa Sirius.

Lucius dévisagea un instant son invité, qui lui rendit son regard sans ciller.

- Lord Black, déclara-t-il lentement, nos convictions sont différentes, et nos choix de vies jusqu'à maintenant le sont également. Mais puisque nous avons en commun la volonté de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger ceux qui nous sont chers, j'apprécierais que vous vous absteniez de m'insulter à l'avenir.

Sirius soutint son regard, et son visage se ferma légèrement pendant une minute. Puis un sourire entendu s'immisça au coin de ses lèvres.

- J'ai passé ma vie à renier les idéologies Sang-pur et à insulter les Serpentards, je ne vais pas changer maintenant, répliqua-t-il. Mais je ferai peut-être un effort pour Harry de temps en temps.

- Cela me semble être un compromis acceptable, à défaut de satisfaisant.

- Puisqu'on est d'accord, retournons aux questions importantes. C'est vraiment possible de retourner tous les Mangemorts ?

Lucius regarda sa femme, observa sa tasse de thé quelques instants en réfléchissant, et répondit en choisissant soigneusement ses mots.

- Peut-être pas tous, admit Lucius. Certains aspirent encore à une domination totale et par la force. Mais ce sont principalement ceux enfermés à Azkaban. Ceux qui sont encore en liberté devraient se ranger à une version plus modérée sans hésiter.

- Mais une telle conversion devra se faire sur le long terme, nuança Narcissa.

Lucius hocha la tête. Prendre le temps de contacter ses anciens camarades allait être une question de mois d'avancées prudentes et discrètes. Sans compter qu'il laur faudrait commencer à chercher les autres horcruxes dissimulés par le Seigneur des Ténèbres.

Ils leur faudrait également trouver un rituel qui leur permettrait de ressouder tous les morceaux de l'âme de Tom Jedusor en un seul bloc, sans mettre Harry en danger, tout en garantissant que la personnalité qui demeurerait serait celle qui les arrangerait le plus. Le tout sans éveiller les soupçons de Dumbledore, du Ministère et du sorcier inconnu vu par Harry.

L'année scolaire s'annonçait chargée.


A/N :

Et c'est la fin de cet été ! Merci infiniment à toutes les personnes qui sont arrivées jusque-là, j'espère que les élucubrations pondues par mon cerveau vous ont plu/ont continué à vous plaire pour celleux qui suivent depuis plus longtemps.

Maintenant, parlons organisation.

J'ai eu énormément de mal à écrire ces derniers mois de façon générale, et le tome qui retrace l'année du Tournoi des Trois Sorcier est à peine entamé. Par conséquent, et aussi pour éviter de me rendre malade sous la pression de publier, cette histoire va être mise en pause pour plusieurs mois. Que les choses soient claires, je n'abandonne pas ce projet !

Si tout va bien et que j'arrive à retrouver l'envie et l'énergie d'écrire sur cette histoire, j'espère pouvoir lancer la publication de la suite le sept janvier 2024. Je n'ai pas encore décidé du titre, mais ce sera "Harry Potter et *quelque chose*" comme pour les deux premiers tomes.

J'espère que vous avez pris plaisir à lire cette histoire jusqu'ici, et je vous dit à bientôt pour une prochaine aventure !

PS : hydratez-vous et pensez à dormir ! :p