Chapitre 3 : L'enfer
Il était vraiment en train de l'embrasser ? Maggie se figea l'espace d'un instant, surprise si ce n'était choquée. Mais ce fut quand il passa ses bras autour d'elle qu'elle s'éveilla. Oui, il l'embrassait bel et bien !
Elle voulut lui donner une gifle, mais ses bras étaient coincés par ceux de Negan. Prise d'une sorte de panique, elle plaqua comme elle put ses mains contre son torse et le repoussa violemment. Comment osait-il l'embrasser de la sorte ?
Il fit quelques pas en arrière, ce qui la libéra de son étreinte, lui permettant d'être beaucoup moins oppressée. Elle se sentait maintenant affreusement énervée, bien plus que choquée, mais elle n'arrivait plus tout à fait à se concentrer et ne parvint pas à dire le moindre mot. La seule chose dont elle fut capable, ce fut de se demander contre qui était tournée sa colère. C'était si étrange et contradictoire à la fois, comme si une partie d'elle en voulait à Negan pour son affront, mais qu'une autre en voulait à elle-même pour l'avoir repoussé.
Quand il reprit correctement son équilibre, il releva la tête, étrangement calme :
- Je… je suis sincèrement désolé, je… je ne sais pas ce qu'il m'a pris ! Je n'ai pas réfléchi et…
Elle ne l'écoutait pas vraiment. Son cœur battait aussi vite que si elle venait de fuir des assaillants et elle comprit qu'une bataille interne se jouait. Se pouvait-il qu'elle eût aimé ce baiser ? Elle en avait en tout cas la désagréable impression, puis quelque chose d'étrange en elle sembla s'éveiller, quelque chose qu'elle n'avait plus ressenti depuis une éternité : du désir !
- … sûrement la fièvre ou bien…
- Putain, mais ferme la Negan !
Sans plus de cérémonie, elle se rapprocha de lui et l'embrassa pour qu'il se taise enfin ! Pour ça, mais aussi et surtout, pour tenter d'éteindre la flamme qui se mit à lui consumer les entrailles.
…
C'était à n'y rien comprendre. Elle l'avait repoussé avec force, mais alors qu'il cherchait simplement à s'excuser et surtout à se trouver des excuses, elle s'était jetée sur lui. Il aurait bien aimé s'en insurger, mais bordel de merde, qu'est-ce que c'était bon de sentir une femme contre lui à nouveau, et quelle femme !
Il répondit au baiser de Maggie et chercha à poser ses mains contre elle. Elle le repoussa à nouveau, ou plutôt elle repoussa ses mains, sans pour autant briser le contact de leurs lèvres. Agacé, il aurait bien cherché à se reculer de lui-même, mais elle passa les siennes derrière sa tête, comme si elle avait compris ce qu'il voulait faire.
Il ne savait pas à quoi elle jouait, mais il ne comptait pas se laisser faire. Si elle avait le droit de poser ses mains sur lui, alors lui aussi ! Il profita ainsi que ses mains soient occupées dans sa nuque pour retenter sa chance en en mettant une sur sa hanche et une dans son dos.
Maggie bougea son bassin pour lui faire enlever avec beaucoup moins de conviction que tout à l'heure. Pire encore, au vu de sa proximité indéniable, ses mouvements eurent un effet ravageur sur ses instincts. Il n'avait plus envie de la lâcher, bien au contraire… il la désirait.
De ce fait, il la rapprocha de lui pour coller leur corps. Cette fois, elle ne chercha pas à se libérer de lui, mais au contraire, elle serra ses doigts dans les cheveux à l'arrière de son crâne. Il n'en fallut pas plus pour que Negan se sentît pousser des ailes. Il entama alors un mouvement dans le but de se rendre jusqu'à la chambre. Si seulement il avait eu la force de la porter, cela aurait été plus rapide, d'autant qu'elle ne lui facilita pas la tâche.
Elle avait pourtant clairement la même envie que lui, seulement, elle voulait mener la danse et cherchait à prendre le pas pour elle-même le diriger. À force de se contredire silencieusement, leur bouche étant toujours occupée, ils se prirent plusieurs meubles, puis le mur et enfin la porte avant d'arriver enfin jusqu'au lit.
…
Elle avait laissé son cerveau de côté, c'était un fait, elle ne voulait plus que répondre aux impulsions de son corps, mais bon sang, qu'est-ce que cet énergumène était têtu ! Il voulait la toucher et elle en avait envie, mais elle n'avait pas l'intention de le laisser avoir le dessus sur elle.
Après s'être pris dans tous les meubles et autres constructions possibles et imaginables en chemin, ils arrivèrent devant le lit où ils cherchèrent une fois encore à avoir le dessus l'un sur l'autre. Elle savait qu'il aurait eu le dessus sans mal en temps normal, mais elle avait ses chances aujourd'hui et elle décida de se débattre pour la victoire… et elle y parvint en lui faisant un croche-pied bien placé !
- C'est de la triche bordel ! se plaignit-il alors qu'elle se mit à cheval sur lui.
- C'est de la ruse, soit pas mauvais perdant chochotte ! répliqua-t-elle.
Pour être sûre qu'il ne reparte pas sur une de ses rhétoriques à la con, elle l'embrassa de nouveau tout en se faisant un malin plaisir de lui ouvrir son satané perfecto. Déjà en temps normal, elle détestait ce blouson de malheur, mais aujourd'hui plus que jamais. Ce fut donc avec une immense satisfaction qu'elle le lui retira. Il l'aida pour ce faire, ainsi que pour son pull et son tee-shirt, avant de s'empresser de l'aider lui-même à en faire autant avec ses vêtements. Il en oublia finalement son mécontentement d'être en dessous et bien vite, ils se retrouvèrent en sous-vêtements.
Elle entama rapidement des mouvements lascifs de bassin pour entraîner des frottements bienvenus entre son mont et le membre tendu de son amant. Elle ne mit pas longtemps à trouver la position idéale pour stimuler son point le plus sensible, comme si son corps avait une mémoire spécifique pour ce genre de petits détails, et ce, malgré ses années d'abstinence plus ou moins choisies.
Elle finit par relâcher les lèvres de Negan, bien trop occupée à se concentrer sur son bien-être alors qu'elle sentait son membre, bien dessiné sous la barrière de tissu entre eux, buter contre son bout de chair sensible. Elle poussa plusieurs soupirs de contentement tandis qu'elle l'entendait respirer de plus en plus bruyamment.
Après encore quelques instants de ce traitement, elle sentit que son plaisir atteignait des sommets. Il le remarqua au vu des mouvements qu'il commença à faire à son tour pour accentuer la butée contre son point sensible. Elle ferma alors les yeux et poussa cette fois un long râle de satisfaction alors que des décharges l'emportaient au loin.
Il aurait pu se plaindre d'être resté au-dessous, et Dieu savait qu'il en avait envie, mais il avait encore bien plus besoin de sentir cette femme contre lui. Il avait au moins gagné le droit de poser ses mains sur elle et, mieux encore, de l'entendre jouir. Elle était, même dans ce moment-là, pleine d'une retenue certaine qui rendit ce moment plus exquis.
Alors qu'elle profitait des bienfaits de son extase, il en profita, lui, pour pivoter et passer au-dessus. Alors qu'elle reprenait déjà ses esprits, elle se plaignit, mais il la fit taire par un baiser fougueux avant de se pencher sur elle pour murmurer :
- C'est ce qu'on appelle de la ruse, ne fait pas ta chochotte !
Fier de lui, il déposa cette fois ses lèvres dans son cou, puis sur sa clavicule, puis sur sa poitrine encore cachée sous un bout de tissu totalement inutile. Il tira dessus pour le faire passer sous le sein rond de sa partenaire et libérer ce premier objet de désir qu'il prit un malin plaisir d'embrasser. Cette sensation délicieuse lui avait manqué, bien plus qu'il ne l'avait pensé, d'autant plus quand il sentit Maggie bomber son torse pour l'inciter à continuer.
Il fit ensuite de même avec le second puis, alors qu'elle passa de nouveau ses mains dans ses cheveux, il passa l'une des siennes entre eux pour caresser son mont. Elle était humide, signe s'il en fallait un de plus qu'elle le voulait autant qu'il ne la voulait lui-même. Il passa alors sa main sous l'élastique afin de sentir sa chair chaude sous ses doigts et de la toucher avec plus de précision. Elle semblait réactive vu les bruits érotiques qu'il entendait sortir de sa bouche tandis qu'elle se trémoussait sous son corps.
Il remonta ensuite ses lèvres contre les siennes et entra en elle un doigt curieux pour savoir si elle était prête. Cela semblait être le cas, si bien qu'il en entra un deuxième et qu'il entama des mouvements pour lui donner un avant-goût de la suite. Elle poussa des grognements de satisfaction qui se perdirent dans la bouche de son amant, puis il relâcha ses lèvres pour murmurer à nouveau :
- Je veux te prendre… maintenant !
- Alors arrête de parler et fait le, maugréa-t-elle presque.
Negan eut un sourire sardonique et n'attendit pas plus pour baisser les deux derniers remparts qui leur restait, avant de se mettre en place. Malgré une légère appréhension qu'il tentait de camoufler, il plaça son membre engorgé à l'entrée de la grotte qu'il voulait tant explorer. Il commença lentement son avancée, observant avec délectation le visage tendu de plaisir de Maggie qui, les yeux clos, se mordait la lèvre inférieure. Que cette femme était belle bordel !
Quand enfin il fut entré, il se rendit vite compte que c'était comme faire du vélo : il n'avait pas oublié comment ça se pratiquait ! Il commença par des allers et retour lents puis accéléra dès qu'il fut clair qu'elle était apte, voir plutôt désireuse, à plus. Il aurait aimé que cet instant dure une éternité, mais il suffit qu'elle gémisse en le suppliant d'y aller plus fort pour que, quelques secondes après, il atteigne le nirvana en même temps qu'elle.
…
Quand Maggie se réveilla, elle sentit un bras lourd reposer sur ses côtes et une main contre son torse. Elle serrait contre elle l'avant-bras de Negan, et même quand elle s'en rendit compte, elle ne le lâcha pas.
Il était dans son dos, collé à elle et respirait calmement et régulièrement, elle pouvait sentir son souffle contre ses cheveux. Elle tenta de se souvenir comment ils avaient pu en arriver là, mais tout était encore flou dans sa tête. Elle se souvenait vaguement s'être sentie trahie alors qu'elle pensait qu'il prenait la fuite, puis soulagée en comprenant qu'il partait en réalité la secourir… mais elle avait surtout eu peur, et c'était toujours le cas.
Oui, elle était effrayée et c'était cela que son esprit tentait désespérément d'oublier. Elle ne craignait pas Negan, non, elle craignait qu'il ne l'abandonnât, mais surtout, ce qu'elle redoutait le plus, c'était la nature même de cette angoisse. Agacée, elle referma les yeux.
« Non… je deviens folle, c'est tout… je ne l'apprécie pas du tout ! »
« Mais bien sûr, tu as couché avec lui parce que tu le détestes ! » Lui répondit sa petite voix intérieure.
« J'ai couché avec lui par pure faiblesse ! Oui, c'est ça, je suis une femme et j'ai aussi des envies et des besoins et j'ai simplement laissé ces derniers prendre le dessus ! »
« Alors tu n'as qu'à le lâcher, te lever et te rhabiller maintenant que tu as répondu à ton besoin ! »
Maggie rouvrit vivement les yeux et voulut bouger, mais son corps ne répondit pas… qui essayait-elle de convaincre ? Elle ne voulait pas se lever et encore moins le lâcher…
Maudissant sa conscience qui la remettait face à la réalité, elle dut s'avouer vaincue. Si elle avait peur qu'il ne l'abandonnât, c'était uniquement parce qu'elle voulait qu'il reste. C'était simple et en même temps affreusement difficile à admettre : elle l'appréciait.
Son dos toujours collé contre son torse, serrant toujours son bras contre elle, Maggie se mit à pleurer. C'était une femme indigne, une mère horrible, une personne affreuse. Ne trahissait-elle pas le souvenir de Glenn à ce moment précis ? N'était-elle pas en train de pactiser avec le diable alors même que son fils était en danger ? N'avait-elle donc pas déjà commis suffisamment d'actes répréhensibles par la morale ?
Alors qu'elle se posait silencieusement toutes ses questions, elle se rendit compte que la respiration de Negan n'était plus la même. Il était réveillé, mais depuis quand ?
- Tu veux que je parte ? demanda-t-il doucement après un moment.
Il y avait tant d'hésitation dans sa voix…
- Non… reste…
Il la resserra contre lui un peu plus :
- Je sais ce que tu penses…
- Ça m'étonnerait, répliqua-t-elle.
- Tu penses que tu as pactisé avec le diable en personne, souffla-t-il.
Elle ne répondit rien, prise de court.
- Je sais que je t'ai fait du mal par le passé… je sais que j'ai été un tyran et que malgré toutes mes tentatives pour me trouver des excuses, je reste un monstre, continua-t-il doucement. J'aimerais te dire que je regrette tout ce que j'ai fait, je t'assure, mais ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière. En revanche, je peux t'assurer que je fais tout mon possible, depuis des années, pour corriger au mieux chacune de mes erreurs, ou au moins apprendre d'elles pour ne plus les refaire, et ainsi devenir meilleur…
Il fit une pause, cherchant visiblement ses mots, puis reprit :
- Tu as le droit de me haïr, je ne te le reprocherais pas, tu sais ? Tout est de ma faute Maggie, tu n'as rien fait de mal et tu n'as pas vendu ton âme au diable. Tout est de ma faute… alors énerve-toi contre moi, mais s'il te plaît, ne pleure pas.
Maggie lâcha la main de Negan qui se tourna lentement sur le dos, attendant sûrement qu'elle s'énerve contre lui. Elle ne bougea néanmoins pas et resta dos à lui, repassant en boucle chacun de ses mots dans sa tête. Il finit par se lever et elle l'entendit ramasser son pantalon avant de sortir de la chambre. Elle savait qu'il allait rester dans le salon le temps qu'elle réfléchisse, il n'allait de toute évidence pas partir sans son maudit perfecto.
…
Negan avait renfilé son pantalon et son tee-shirt et était aller boire et s'asseoir sur le canapé. Qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? Pourquoi l'avait-il embrassée ? Pire, pourquoi avait-il eu l'affront de coucher avec elle ?
Bien sûr, il l'avait toujours trouvé séduisante et son caractère de battante n'avait eu de cesse de lui plaire avec les années. Il avait même, à une époque, tenté de faire d'elle l'une de ses compagnes, quand il était encore un dictateur stupide. Et aujourd'hui, lui qui avait espéré avoir changé se rendit compte qu'il ne valait pas mieux que le Negan de ce passé lointain.
« T'es un sacré con mon vieux ! » se dit-il en enfouissant son visage dans ses mains.
Son cœur se serra dans sa poitrine. S'il avait fait ça, c'était par pur égoïsme, il méritait des baffes par centaines et se fustigeait de sa bêtise en imaginant qu'il ait pu la faire souffrir une fois encore. Lui, qui avait espéré son pardon, n'espérait aujourd'hui que de la voir s'énerver à nouveau.
La dernière fois qu'il avait à ce point souhaité ça, c'était quand Lucille avait appris son cancer… il s'en voulait tellement d'avoir été un sale type pendant qu'elle, parfaite, devait vivre un calvaire. Il n'avait même pas été foutu d'aller avec elle à son rendez-vous, préférant la tromper comme si elle lui était de toute façon acquise, comme si elle n'avait pas valu la peine d'être soutenue. Le jour où elle lui avait annoncé, il aurait aimé qu'elle s'énerve contre lui et pourtant, elle était restée si forte… jusqu'à la fin. Elle l'avait gardé auprès de lui en sachant ce qu'il avait fait et il l'avait laissé tomber. Lui, comme toujours, n'en avait fait qu'à sa tête, jusqu'à se rendre compte trop tard de son erreur.
Il fut sorti de ses sombres pensées par le bruit de la porte de la chambre. Maggie s'était rhabillée et avait séché ses larmes, retrouvant sa solidité et sa tête haute. Elle l'observa un moment et finit par dire d'une voix affreusement calme :
- Je t'ai dit un jour que je ne voulais plus continuer à te haïr et le temps a fait son œuvre. Je ne te déteste plus et pour cause, au fil des années, mais surtout durant ces dernières semaines… j'ai fini par te comprendre Negan. Tu as commis des erreurs, c'est sûr, mais j'en ai fait moi aussi. Tu as tué des gens innocents et inoffensifs, mais je ne compte plus le nombre de fois où cela m'est arrivé aussi en pensant bien faire pour protéger mon fils. Je n'ai pas pactisé avec le diable, tu as raison, mais depuis que toute cette merde a commencé, nous vivons en enfer et tous les survivants comme nous ont tendance à être des démons.
Maggie s'approcha de lui et le regarda de haut alors qu'il était toujours assis :
- Tu as réussi à réparer plusieurs de tes erreurs, ou du moins à apprendre d'elles. Aujourd'hui, je pense être en mesure de l'affirmer et surtout de l'accepter… tu es un meilleur toi qu'à l'époque. Je le vois dans ton regard !
En disant cela, ses yeux plongés dans les siens, elle respirait la sincérité et son cœur se sentit soudainement plus léger. Il avait déjà ressenti un tel soulagement, mais aujourd'hui, c'était une autre femme forte qui l'aidait à se sentir mieux. Puis Maggie reprit avec plus de hargne :
- Mais pour l'heure, j'ai beaucoup de choses à te dire et nous avons beaucoup de choses à organiser pour les prochains jours ! Nous avons mon fils à sauver.
Elle était de nouveau elle-même, mais avec quelque chose de plus, une légère différence en elle qui le rendit enclin à un nouvel espoir aussi étrange qu'inespéré. Soulagé, et de meilleure humeur, il se permit un de ses sourires en coin :
- Alors qu'est-ce qu'on attend pour se mettre au travail ?
