Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour la suite des aventures et surtout, du recrutement de l'équipage de Spades. Et plus je m'avance dans l'écriture, plus je réalise les différences entre la première version et la seconde. Outre le pitch de départ, plus on avance, plus on s'éloigne de la première version. J'espère vraiment que ça ne vous fera pas perdre de l'intérêt pour l'histoire.

J'attends donc vos retours !

Neko chan 124 : ... peut-être ? Je... je sais pas trop. Je ne pense pas. Du moins, pas pour l'instant. J'ai d'autres projets et Anges Déchus n'est pas pour l'instant dans la liste.

Mimi76lh : Et oui, ça y est, Ace est un grand garçon, ça y est. Et oui, il a reprit du poil de la bête, mais ça n'a pas été sans séquelles. Certaines d'entres elles sont contrebalancé par Iro qui a plus qu'un rôle de peluche/ mascotte/etc. pour cette histoire. Après, je ne dis pas qu'Ace a parlé de ce qui n'allait pas, juste qu'il s'était relevé. / Ce ne sera pas la première fois qu'un pirate fait le héros.

Yuwine : C'est pas fini pour Aarch et le pétage de plomb, malheureusement. / Oui, Frey existe toujours. Son rôle sera explicité plus tard et on aura toujours son fruit du démon qui est "Aigle Harpie", un aigle monstrueusement grand natifs de la jungle et qui est expert dans les acrobaties. / Oui, on va se marrer. Ou pas. Bisous et câlins à toi aussi.

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Ace baissa son fusil pour regarder l'homme dont il venait de tirer dans les jambes. L'individu à moitié nu était à présent au sol, rampant pour s'éloigner en sanglotant. Sans perdre un instant, le D. avança pour lui mettre un coup de crosse dans la tête, l'assommant proprement, avant de se tourner vers la raison de ses agissements. Son arme tomba par terre et il s'accroupit sur la pauvre femme au sol qui respirait faiblement.

- IRO ! Va chercher Chris et Patrick ! Maintenant ! rugit Ace en retirant sa chemise pour essayer d'endiguer le flot de sang de la pauvre fille qui s'était faite agressée.

Iro fit demi-tour immédiatement pour aller chercher du secours.

Que ce soit une travailleuse du sexe n'était pas une excuse pour la violenter au point qu'elle soit au sol à se vider de son sang après qu'il se soit soulagé les bourses et profité pour la dépouiller. Le D. serra les dents et fit pression sur la plaie béante avec sa chemise. Il ne laisserait plus personne mourir devant lui sans aider. Son regard était fixé sur sa chemise jaune qui virait au rouge contre la peau caramel de la fille pas plus âgé que lui.

- Allez, tiens bon, reste avec moi, je vais te sortir de cette merde… siffla le pirate à genoux dans l'allée crasseuse.

Si ça n'avait pas été pour son Haki ou les oreilles fines de sa panthère, il serait passé à côté d'elle, sans rien dire ni faire. Sans rien savoir. Et il l'aurait laissée crever comme une merde alors qu'elle n'était qu'une victime.

Rapidement, Chris arriva avec Patrick. Et Iro, sainte Iro, malgré le fait qu'il n'y ait qu'Ace et ses frères aptes à la comprendre (avec Rayleigh, Javier et Amelia dans une moindre mesure), avait réussi à faire comprendre au médecin de prendre son matos médical. Sans qu'il n'ait besoin de le demander, le médecin frisé récupéra la place d'Ace pour donner les premiers soins à la demoiselle afin de la rendre transportable.

- Pat, ce gars, on l'embarque. Elle a le droit de décider de sa sentence, siffla Ace. Ensuite, suivant quand elle se réveillera ou pas, faudra trouver son maquereau.

- Portgas D. Ace, justicier. Tu devrais songer à te reconvertir tant que t'as pas de prime, grogna Patrick.

- Et me faire enrôler de force, l'an prochain, dans la Marine par le malade mentale qui se prétend mon grand-père ? grinça le capitaine pirate.

- C'est quoi ça… souffla Chris.

Cela coupa le début de débat entre les deux autres pour attirer l'attention sur la demoiselle. Il lui avait écarté sa crinière d'encre noir pour mieux examiner une blessure qu'elle avait à la tête et s'était retrouvé nez à nez avec une oreille pointue.

- Y'a que toi, dans tout East Blue, pour trouver une nana qui ressemble à une elfe, soupira Patrick en regardant son capitaine qui lui adressa un air blasé.

- Si y'avait que les oreilles… j'ai jamais vu des gens avec des écailles, tu m'excuseras ! s'indigna le médecin.

Ace s'accroupit à nouveau auprès de la jeune blessée. Oui, il y avait bien de fines écailles qui courraient le long de sa peau, formant des arabesques mystiques. Avec délicatesse, il souleva une des paupières pour trouver un œil mauve comme une améthyste avec une pupille blanche comme le lait. Elle devait être fendue au naturel mais en réaction au manque de lumière, elles se dilatèrent. Il laissa retomber la paupière et remonta une lèvre. Chris allait lui demander ce qu'il fabriquait jusqu'à ce qu'un croc de serpent apparaisse. La jeune femme avait des crochets de serpent à la place des canines.

- Zoan, conclut Ace.

- Elle a un fruit du démon ? Oh merde… Ok, aidez-moi à la ramener au navire, je vais devoir appeler les Marches Tempêtes.

- Ils viendront pas pour une seule fille et de toute façon, il sera trop tard, pointa Patrick.

- Consultation, ducon ! N'importe qui souhaitant sauver une vie peut les appeler pour des conseils. Du moment qu'à la fin, quelqu'un est sauvé, c'est l'essentiel. Ace, tu la ramasses, j'ai pas votre force à tous les deux..

Ace se retint de dire qu'il avait de la force dans les mains et les bras, mais que le dos suivait plus depuis quelques années déjà. Il hissa avec précaution la demoiselle dans ses bras, Chris sur lui pour arranger la position de la demoiselle et sa minerve. Usant de la force de ses jambes et trichant au mieux avec son logia, le brun se releva, les dents serrées. Patrick attrapa par le col leur « prisonnier » après avoir quand même prit la peine de lui refermer le pantalon. C'est ainsi que le groupe prit la route de leur navire, Iro aux côtés d'Ace avec une fourrure d'un bleu sombre inquiet.

Une fois dedans, leur « invité » fut enfermé à la calle et la miss allongée sur la table de la cuisine qui avait été recouverte d'un drap propre afin que Chris puisse prodiguer ses soins sur une surface droite et rigide. Il avait pris le denden pour joindre le numéro d'urgence des Marches Tempêtes et avait à présent un confrère en ligne pour l'assister dans les soins à la demoiselle. Patrick fut envoyé avec une fiche à l'hôpital le plus proche pour y récupérer du sang qui pourrait aider la jeune femme, mais le temps qu'il revienne, Ace s'était porté volontaire pour donner le sien après avoir mis son anneau de kairoseki à l'oreille. Chris capta à cet instant les marques qu'il conservait de sa tentative de suicide et son regard disait qu'il en discuterait avec son capitaine une fois la demoiselle hors de danger. Pour l'instant, ils avaient à faire.

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Chris se détourna de la surveillance de sa patiente inconsciente quand Patrick et Ace revinrent. Et Patrick regardait d'un autre œil le D. à l'air orageux qui avait un petit sac dans une main.

- On dirait que tu as vu le démon, Patrick, nota le médecin.

- J'ai vu le diable en personne. Et pour une fois, j'ai envie de le rebaptiser Karma. Parce qu'il s'agit d'Ace, et avec ce qu'on a vu, dieu qu'on avait besoin d'un retour de karma, soupira le pauvre homme en s'asseyant sur une chaise.

Sans un mot, le capitaine pirate tira un sachet de poudre du sac en tissu qu'il avait à la main et le donna à son médecin.

- C'est ce avec quoi elle était droguée. Cela pourrait t'être utile pour l'aider à redevenir clean.

- Elle sera plus que ravie de cette option. Si je juge les marques de piqûres, elle s'est plus d'une fois débattue, soupira le médecin en rangeant le sachet de poudre dans sa sacoche.

- Ouais, on sait. Y'a cette femme, Valka, qui tient un cabaret assez clean, qui nous a renseigné sur les pratiques du proxénète qui avait notre petite elfe à sa charge, grommela Patrick. Notre invitée est connue comme le loup blanc. C'est la plus recherchée et la plus convoitée. Et la seule raison pour laquelle elle n'a pu prendre la fuite, c'est dans ce sac.

Le sac de tissu en question termina à côté de la brunette rafistolée mais inconsciente.

- Allez vous coucher, je vais prendre la suite, lança Ace en s'asseyant par terre contre le mur.

Iro vint se rouler en boule sur ses genoux pour avoir un câlin, chose à laquelle céda aisément son meilleur ami.

- Toi t'échappes pas, on doit parler des marques sur ton poignet, attaqua le frisé.

- Quelles marques ? se renseigna Patrick qui n'était pas là durant la découverte du médecin.

- Des cicatrices vieilles de cinq ans. Je ne veux pas en parler, Chris.

- Ace… commença le médecin.

- Christopher Walger, je ne veux pas en parler, merci. C'est mon histoire personnelle, je ne veux et ne peux pas m'attarder sur le sujet.

Et le jeune en profita d'ailleurs pour remettre correctement le large bracelet de cuir qu'il avait sur les deux poignets pour masquer les marques. A croire que son logia s'était ligué contre lui pour qu'il conserve en permanence un souvenir de ce qu'il s'était passé.

Il se laissa aller en arrière, collant sa tête au mur faisant que son chapeau se baissa sur son visage, le masquant. La conversation, avant même de commencer, était terminée.

- Il est tard, je sais pas, vous avez pas faim ou sommeil ? Je la surveille. Moins de chance qu'elle me fasse mal si elle se réveille et panique. Allez, zou.

- … toi, tu prévois une connerie, annonça Patrick avec un bref silence.

Iro commença à virer au rouge sous la colère. Ace leur disait de partir, ils ne comprenaient donc pas ?

- Elle m'a aperçu avant de perdre connaissance, vous, pas du tout.

Et il y avait aussi que maintenant qu'il était assis, avec l'épreuve pour son dos que ça avait été de transporter la fille, il n'allait pas se relever avant un moment.

Finalement, les deux autres acceptèrent et s'en allèrent. La porte se referma et le silence tomba sur la pièce. Le jeune homme soupira et recommença à câliner Iro. Avec ce qu'il s'était passé durant cette journée, la nuit allait être joyeuse.

- Et dire qu'on est sur le pas de la porte de Dawn, marmonna le pirate à sa camarade qui avait repris sa couleur neutre.

Iro le regarda puis retourna à sa toilette, une patte derrière la tête pour s'attaquer à la fourrure de son bas-ventre. Ace se contenta de souffler un peu sur les coussinets à deux doigts de son nez pour qu'ils soient décalés hors de son visage avant de rapportait son attention sur la demoiselle inconsciente sur la table.

Ce qu'il avait appris lui donnait la nausée. Vraiment. Et ça lui disait qu'il était un privilégié, aussi. Cette fille avait vécu l'enfer de bout en bout. Et il n'allait pas la laisser dedans.

Sa narcolepsie l'attaqua au milieu de ses planifications pour changer la vie de cette fille.

Iro ignora l'inconscience du brun en terminant sa toilette pour se recoucher sur les genoux du garçon. Lentement, ses paupières s'abaissèrent avant de se rouvrir brutalement. Elle tourna la tête vers la table et la fille dont la respiration avait commencé à siffler. Doucement, pour ne pas déranger le pirate inconscient, la panthère descendit de son lit improvisé pour se diriger vers la table reconvertie en lit de soin puisqu'ils n'avaient rien pouvant servir d'infirmerie. Elle grimpa sur le banc et se rapprocha d'un des bras de la jeune femme, le moins blessé, et y donna un coup de langue. Le membre frissonna et la main tiqua. Alors, Iro orienta son crâne juste sous la paume et y donna de très légers coups de tête, réclamant des caresses. La main sembla hésiter, puis difficilement, parvint à remonter le long de la fourrure pour trouver une oreille qui tiqua entre ses doigts. Avec une certaine hésitation, la demoiselle caressa la tête duveteuse de la panthère qui prit une délicate et douce teinte jaune pour exprimer son bienêtre et sa joie. Cependant, quand la malade chercha à se redresser, la panthère sauta sur le haut de la table, prenant garde à où elle mettait les pattes, pour se mettre au niveau de la frêle demoiselle et l'empêcher de bouger en posant une patoune douce et précautionneuse sur une épaule de l'elfe. Celle-ci ouvrit les paupières avec difficulté et siffla un instant de douleur devant la lumière, la faisant refermer les yeux, le temps que son cerveau rattrape le changement d'environnement, avant de les rouvrir avec précaution. Elle tenta à nouveau de se redresser mais Iro s'y opposa avec un petit gémissement triste et une fourrure virant au bleu grisé. Délicatement, elle se rapprocha de la tête de la brune en panique et se mit à ronronner. Le son était bas, doux, et apaisant. La jeune prostituée se détendit progressivement et son souffle se fit moins erratique. Alors, Iro récupéra le sachet de tissu qui avait glissé de la table entre ses dents et le reposa dessus, juste à portée de doigts de la brune qui du bout des ongles, rapprocha l'objet de sa paume de main avec une certaine difficulté, pour ensuite explorer la forme du gros livre à l'intérieur. Et cela la fit se redresser d'un bond, lui tirant un cri de douleur.

- Chris va avoir nos têtes si tu te fais mal.

La femme sursauta à la voix d'Ace qui s'était apparemment réveillé entre temps. Iro sauta de la table et vint léchouiller le visage de son ami qui avait un peu de mal à sortir de sa léthargie. Finalement, en se tenant au mur pour ne pas tomber, le brun se leva et retira son chapeau pour passer une main dans ses cheveux, même si deux éternels mèches retombèrent devant ses yeux de cendre.

- Est-ce que je peux m'asseoir ? demanda simplement le brun.

Avec une certaine hésitation, la jeune femme hocha la tête. Alors, lentement, sans geste brusque, les mains bien visibles pour montrer qu'il n'avait aucune mauvaise intention, le pirate vint s'asseoir à la table. Il offrit une main à la brune méfiante qui cachait sa peur du mieux qu'elle pouvait.

- Quoique tu imagines, je ne le ferai pas. Alors, tu peux respirer. J'ai récupéré ça et l'argent que l'on t'a escroqué au passage, informa le jeune homme en montrant le sac de tissu.

Doucement, elle défit le petit sac de tissu pour en sortir ce qui semblait être un grimoire. Elle passa des doigts tremblants sur la couverture et le ramena contre elle en fermant les yeux, se retenant clairement de pleurer. L'ouvrage manuscrit était clairement important pour elle, ça se voyait. Le brun appuya son menton sur son poing, reposant à moitié avachi sur le bord de la table, attendant qu'elle se calme.

- Qui es-tu ? Pourquoi m'avoir sauvé ? demanda-t-elle finalement avec une voix rauque pas plus haute qu'un murmure.

- Portgas D. Ace, pirate. Pas ce type de pirate.

Il dut faire la précision quand il la vit se tendre de peur.

- Si j'étais un salaud, je ne serais pas intervenu. D'ailleurs, en parlant de salaud, celui qui t'a agressé, il est dans la calle. Si tu veux réclamer ta vengeance, il est à ta disposition.

- Pourquoi… pourquoi tout ça ? Pourquoi m'aider ?

Ace cligna des yeux un brin perplexe.

- Pourquoi pas ? demanda-t-il à son tour.

- Je suis une pute sans nom depuis plus de cinq ans, je ne crois pas…

- Cela n'a rien à voir, coupa le jeune homme. J'ai vu quelqu'un se faire agresser, je lui ai porté assistance, c'est tout.

La réponse le frappa plus durement que le poing de Garp dans ses mauvais moments :

- Tu n'avais pas à te fatiguer, il aurait mieux valu que tu me laisses crever, cela aurait été la chose la plus charitable à faire.

Il inspira profondément et se pinça un instant le nez, avant de regarder à nouveau la fille.

- Tu connais que ça, je suppose ? Le trottoir, la drogue et rien de plus.

Un rire amer de la brune lui fit remonter un frisson dans le dos. Ce rire disait qu'elle avait vécu certainement pire que ce qu'il avait appris d'elle. Alors, il joignit les mains avec un air sérieux.

- Un an.

Elle fronça les sourcils, sans comprendre et Ace lui explicita ce qu'il entendait par là :

- Un an, je t'aide à devenir clean et je te montre qu'il y a autre chose en ce monde que ces saletés. Je veux te montrer l'adrénaline de l'aventure et la joie de la découverte.

Il eut un sourire aigre avant de reprendre.

- Et je pense qu'à deux, on s'en sortira mieux pour retrouver un brin de foi en le monde. Et si vraiment, c'est sans espoir pour toi, eh bien, je t'aiderai à partir avec dignité et sans douleur.

Elle le regarda d'un air indéchiffrable.

- Qu'est-ce que tu as à perdre ?

Son mouvement de tête, très léger, disait qu'Ace avait un point.

- Bienvenue à bord ?

Il lui retendit sa main qu'elle accepta de serrer cette fois.

- Puis-je avoir ton nom ?

- Je n'en ai pas.

Les sourcils du jeune homme sautèrent haut sur son front.

- Une arme ne mérite aucun nom si elle est défectueuse, se justifia-t-elle.

Elle disait ça comme si c'était la chose la plus normale au monde.

- Je sais pas qui t'a dit ça, mais je lui présenterai bien mon pied à son cul, si fort qu'il en cracherait du cuir jusqu'à la fin des temps, siffla avec colère le brun alors que ses yeux viraient lentement à l'argent. Écoute, pour l'instant, on va marcher aux surnoms, comme ça, tu auras tout le temps du monde pour te trouver un nom qui te convient, d'accord ? Parce que tu es une personne dotée de pensées et de sentiments. Tu es en droit de pouvoir t'identifier à un nom. C'est la chose la plus basique qui existe et personne n'a le droit de te retirer ce droit. Nous sommes bien clairs ?

Elle se contenta de hausser des épaules.

- Je vais aller dire à Chris, le médecin, que tu es réveillée, il voudra certainement t'examiner.

Nouvel haussement d'épaule.

En soupirant, le D. se leva et alla rejoindre la porte après avoir demandé à Iro de veiller sur la jeune femme.

- Merci.

Ace se retourna vers la jeune femme et lui sourit.

- Mais avec plaisir, l'elfette.

Et il quitta la cuisine. Il allait passer un coup de fil à Felipe pour des conseils sur comment aider la demoiselle à devenir clean… et savoir si on avait des informations sur la race de celle-ci, qu'il puisse retracer ses origines. Sa façon de parler d'elle comme une arme le faisait tiquer. Il avait une grande envie de leur toucher deux mots à sa famille, pour savoir pourquoi elle avait cette perception d'elle, comme si c'était sa définition, son profil, ce qu'elle était. Cela ne lui plaisait pas. Elle était une personne, pas une arme.

Il arriva sur le pont où il trouva les deux autres à bouffer des sandwichs, vu qu'Ace n'avait pas eu l'occasion de faire à manger (il était plus doué que les deux autres en cuisine, ce qui disait beaucoup du niveau général).

- Nous avons une nouvelle recrue, messieurs. Gardez le meilleur des comportements et peut-être qu'elle jugera utile de vous donner son nom. Ah et Chris, j'ai besoin du denden, j'ai un coup de fil à passer.

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Cette fille était déterminée. Et Ace pouvait comprendre pourquoi. Si l'appel à Javier ne l'avait pas avancé sur les origines de l'elfette, il avait appris un truc intéressant. Depuis une petite dizaine d'années, une nouvelle drogue avait été mise sur le marché, une substance à base de certaines algues et coquillages apte à entraver dans une certaine mesure les dons d'un devil's user. Qu'elle soit dangereuse pour la santé n'était pas un souci pour ceux qui la produisent ou l'achètent, parce qu'aucun des deux partis n'était généralement consommateur. Mais pour ceux qui cherchaient à réparer les dégâts derrière, c'était tout autre chose, surtout quand il s'agissait d'assister une fille sur la fin de l'adolescence à vomir son sang pour ne pas qu'elle se noie dedans. Sans compter que l'expérience l'avait tellement traumatisé que la jeunette refusait toute médication qui aurait pu l'assister, que ce soit à réduire ses tremblements que pour lutter contre les pertes de sang ou les douleurs thoraciques.

Mais elle survivait.

Elle s'accrochait.

Elle n'avait pas l'intention de se laisser crever comme ça.

Elle avait littéralement pris Ace au mot et le D. serait le dernier à vouloir la décevoir, d'où pourquoi il s'investissait personnellement dans le rôle d'ancre émotionnelle et physique dans l'épreuve qu'elle traversait.

Début février, alors qu'ils avaient fait le recrutement d'un nouveau membre d'équipage (un colosse au look quelque part entre le métalleux et le viking à l'humour beauf mais rationnel, fidèle et respectueux du nom de Robb), les premiers signes positifs de la réussite du sevrage brutal de la demoiselle se manifestèrent. Elle vomissait moins, arrivait à se déplacer seule sur le navire et surtout, elle recommençait à produire du venin (même si pour le coup, ce dernier point mena à une irritation de la gorge à cause des effets latent de la substance, irritation qu'elle noyait sous des litres de lait de riz). Fin février, alors qu'ils allaient mettre les pieds à Loguetown, autre chose se manifesta : une plume. Une plume en or apparut au milieu de la chevelure noire de la jeune femme. Plume qu'elle confirma appartenant à son zoan. Pour Ace, ça sentait le zoan mythique à plein nez.

De tout East Blue, il n'y avait que lui qui arrivait comme ça à trébucher sur une utilisatrice d'un zoan mythique sans savoir. Ce devait être dans la chance à double tranchant infernal qui était associé au D, d'après Rayleigh.

Mais ce n'était pas le sujet du jour.

Ace avait calculé son coup au millimètre près. Il avait progressivement fait monter en grade ses coups d'éclats, avant de montrer son visage, histoire de bien accrocher l'intérêt de la Marine sur lui. Mais il était temps de mettre en place ce projet qui tournait dans son crâne depuis un long moment.

Un très long moment.

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Une jeune femme passait dans la rue. Elle avait l'air tout juste sortie de l'adolescence. Elle avait l'air rachitique sous son grand manteau noir ouvert pour montrer un pantalon de toile noir et ample, maintenu par une ceinture de munition à sa taille, rentrée dans ses rangers. En haut, elle portait qu'une simple chemise noir nouée au-dessus du nombril. A l'épaule, un vieux fusil de la Marine et dans la main opposée, un bouquet d'hibiscus rouge sang importé directement de Baterilla.

Mais ce n'était pas ça qui faisait que les gens s'arrêtaient sur son passage. Après tout, ils étaient à Loguetown, c'était l'entrée de la Grand Line. Des gens étranges, on en voyait de temps à autre. Non, ce qui alertait les gens, c'était le fait que la jeune demoiselle à la peau basanée avait les yeux totalement bandés sous son stetson noir. Un épais tissu tout aussi sombre que le reste de sa tenue lui bandait le visage en masquant une partie du front jusqu'à s'arrêter au milieu du nez, lui coupant totalement la vue, pour s'attacher en un nœud serrer à l'arrière de son crâne dont le bas était proprement rasé pour clasher avec le haut qui était coiffé en une haute et longue queue de cheval d'ébène avec des reflets dorés et rosés. En dépit du fait qu'elle devait être physiquement incapable de voir devant elle, elle se déplaçait sans la moindre difficulté, si ce n'est un pas un peu plus lent et mesuré que le reste de la foule. Elle n'avait pas besoin de guide, comme si elle savait déjà où elle voulait aller.

Elle entendait des cris, des hurlements, comme remonté d'un passé aussi vieux qu'elle, si ce n'est plus. Les derniers moments d'une légende qui avait réussi là où d'autres avaient échoué.

C'est ainsi qu'elle arriva sur la grande place, devant l'échafaud où Gol D. Roger avait perdu la vie. Elle ne leva pas la tête vers le sommet qu'elle ne pouvait voir de toute façon. Elle s'arrêta à son pied, observer par quelques curieux.

- On peut vous aider, mademoiselle ? demanda un passant en s'approchant.

- Non merci, ma croix, je la porte seule, répondit doucement l'adolescente avec une voix sans émotion.

Et elle sauta.

Le saut était haut et agile, trahissant un entraînement que l'on attendait que de quelques pirates ou de gros noms de la Marine. Et avec délicatesse, comme si elle ne pesait rien, elle atterrit sans bruit sur le haut de la plateforme de bois. Elle se mit à genoux dessus, déposa son fusil à côté d'elle pour qu'il ne la dérange pas et positionna le bouquet sur le bois comme si c'était un vase avec son autre main. La première se plaqua sur le bois, et doucement, une odeur de brûlé s'en éleva alors que le chêne se consumait pour former un vague trou. Un trou juste assez large pour accueillir les fleurs. A l'aveugle, elle arrangea la forme du bouquet.

- Bonjour papa. Depuis le temps que je devais t'apporter des fleurs, j'espère qu'elles te conviennent.

- Bonjour mon ange. Tes fleurs sont magnifiques et me rappellent ta mère, répondit le vent avec un rire.

- OI ! DESCENDEZ ! CECI EST UN MONUMENT HISTORIQUE ! RIEN NE VOUS AUTORISE À GRIMPER DESSUS ! rouspéta un dépositaire de l'autorité depuis en bas.

En soupirant silencieusement, elle se releva après avoir repris son fusil et s'avança vers le bord. Elle posa la crosse du fusil au sol et appuya ses mains sur le canon.

- Si. J'en ai le droit. Et pour cause, c'est mon père que l'on a assassiné ici-même.

Cette simple explication aspira tout son de la place.

- Je suis simplement venu lui rendre hommage. Après, puisqu'on parle d'interdiction, il semblerait que mon existence même en soit une.

Un vilain sourire apparut sur le coin de ses lèvres.

- Doit-on reparler de pourquoi vous avez fait un si gros massacre en South Blue ? Pour ma peau, non ? Vous vouliez tuer un enfant et sa mère, deux personnes bien précises, mais pour cela, vous en avez sacrifié d'autres. Des centaines, que dis-je, des milliers. Des innocents morts… et vous avez échoué.

Un rire sans joie monta de sa gorge alors que le tissu au niveau de ses yeux devenait humide.

- Je les entends. Je souffre avec eux. Je porte leur désir de revanche, de rétribution, de justice. Je suis Gol D. Anabela. Et je suis le retour de karma.

- Tu as ma bénédiction. Amuse-toi bien. Porte mon flambeau, sourit le vent.

- Merci papa.

Elle tourna les talons sur l'échafaud et en rejoignant l'autre bord, elle sauta, disparaissant presque par enchantement.

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Javier regarda le journal avec d'un côté, une certaine fierté et de l'autre, un sentiment rampant d'inquiétude. Le croquis (assez fidèle pour une fois) de «la fille de Gol D. Roger » qui allait avec la prime absurdement haute était la cause de ses nouveaux cheveux blancs. Cette apparition avait réveillé de vieux maux en South Blue. La colère grondait, la révolte n'attendait qu'une étincelle. On avait rappelé à tous et toutes le tragique massacre qu'ils avaient subi, en plus de leur dire que non seulement il n'avait servi à rien, puisque l'existence de cette fille était la preuve de l'échec de l'opération, mais qu'en plus, on s'était trompé possiblement de lieu, puisque le fait qu'elle se manifeste en East Blue pour la toute première fois pouvait le laisser supposer.

Et derrière tout ça, dans la discrétion la plus totale, la prime d'Ace était sortie, signant le début d'ascension vers la Grand Line.

- Bon, on le poursuit pour lui botter le train ou on fait la fête ? demanda Pedro en se penchant par-dessus son capitaine assis à la table du mess avec le journal et les deux primes.

- On va en South Blue, histoire de contenir la colère montante encore un peu, décida Javier. Il veut faire tourner en rond les autorités, ainsi soit-il. Rouge aurait baissé les bras, elle aussi, à ce stade. Mais avant ça, j'ai un rendez-vous à donner. Je pense qu'il est temps pour Rhyddid de récupérer un dossier et d'avoir des explications.

- Tu vas vraiment t'expliquer avec lui ? s'étonna l'albinos.

- Surtout pour qu'il comprenne, s'il a fait le rapprochement avec la prime d'Ace, que ce n'est pas parce que le gamin est dehors que sa protection n'est plus nécessaire. Sabo doit partir d'ici une semaine, si j'en crois ce qu'on m'a dit à la dernière visite. Il reste Luffy et Amelia derrière. Luffy est une cible aussi juteuse qu'Ace. Et on a déjà eu la preuve que Garp n'est pas une menace suffisante pour empêcher le Buddha d'agir.

- C'est donc ça, l'instinct de protection selon les D, je me trompe ?

- Tais-toi, la Piedra.

Javier ramassa le journal ainsi que les primes. Il les mettrait sous verre. Cela le fit sourire tristement. Il se rappelait que Rouge avait fait ça avec chacune des siennes, allant jusqu'à faire un scrapbook avec tout article parlant de lui. Il soupira en rentrant dans sa cabine. Le temps passait, mais elle lui manquait toujours autant. Quand il retournait à Baterilla, il avait l'impression de revoir sa silhouette sur la falaise et s'attendait presque à la voir débarquer au port pour lui souhaiter un bon retour à la maison.

Il inspira profondément pour retrouver son calme. Il allait en avoir besoin s'il voulait pouvoir parvenir à faire cette conversation qu'il préparait depuis toutes ces années. Il déposa soigneusement les papiers sur son bureau encombré et s'assit devant ses deux dendens (l'un rouge et noir aux yeux de cendre et l'autre gros, gras et blanc) reliés entre eux. Il prit le combiné du coloré, réveillant les deux escargophones et composa le numéro qu'il avait appris par cœur à regret.

Il patienta un instant, assis sur sa chaise, regardant l'océan au travers le hublot de sa cabine, avant de se redresser et de l'ouvrir à l'instant où on décrocha à l'autre bout.

« Bureau des enquêtes internes, vice-amiral Rhyddid en ligne, j'écoute. »

Javier prit le ton de voix le plus agréable et professionnelle que l'on attendait d'un service touristique pour saluer l'homme au bout du fil.

- Bonjour, je viens vous faire part de la confirmation de la réservation d'une chambre dans le plus bel hôtel de Tijuana. La bouteille de tequila est offerte et votre séjour est déjà payé. Nous attendons simplement votre venue.

Aarch devait être tellement agacé par lui que même le denden avait une veine qui palpitait sur le haut du crâne et que les yeux rouges étaient assassins en écoutant le pirate qu'il avait clairement reconnu.

- Si vous hésitez toujours, sachez que la chambre qu'on vous a préparée a la plus belle des vues de South Blue. De nuit, on peut même voir la lueur du phare du Cap Jumeau.

« Ramène le jeu de carte, Javier. Je pense que tu vas plus avoir besoin que moi de la tequila, » grogna finalement le zoan.

Javier tira de l'un des tiroirs de son bureau un dossier avec le nom du soldat qu'il avait en ligne dessus et le récupéra pour s'éventer bruyamment avec.

- Nous vous recommandons de vous habillez légèrement, il fait si chaud à cette période de l'année que les dossiers compromettants servent de ventilateur. Nous vous attendons donc avec impatience, vice-amiral.

En réponse, un bruit de papier légèrement parcheminé se fit entendre de l'autre côté du denden.

« J'ai vu. J'ai actuellement une belle bouille à tâche de rousseurs sous les yeux. »

Ah, il avait vu passer la prime d'Ace et certainement fait le lien. Si Javier avait juste le nom de Araña sur sa prime, pour Ace, c'était son nom complet qui était inscrit.

« Bon, la semaine prochaine, c'est bon ? » demanda le marine avant que le blond ne puisse répondre.

Javier se tourna à moitié vers le mur de sa cabine où une carte des zones connues des Blues et de la Grand Line était affichée et mise à jour aussi régulièrement que possible. Il n'était pas loin de Shabaody, il devait encore faire sa livraison à Rayleigh pour le cadeau de majorité des trois garnements. Redescendre en une semaine en South Blue serait assez tendu, même en coupant par une Calm Belt, chose qu'il ne voulait pas risquer.

- Disons plutôt mi-juin. J'ai un rendez-vous en East Blue début mai que je ne veux pas rater. Quant au dossier, je ne parlais pas du genre que tu dois avoir sous les yeux mais plus de quelque chose qui concerne une créature mythique à poil et à plume. Je vous dis donc à bientôt, maître griffon.

« Prévoyez du café. »

Aarch raccrocha et Javier en fit de même.

Bon, faire son dépôt à Rayleigh et redescendre. Peut-être que sur la route, il tomberait sur Ace et lui botterait le cul pour son coup tordu.

- Du café, hun… faut que je vois avec Lope si on a encore l'infâme café de la Marine dans les cales. Cela serait bête de le dépayser.