Chapitre deux :
Alohaaaa ! AND HAPPY NEW YEAR ! J'espère que cette année 2017 vous apportera plein de bonnes choses :)
Je reviens aujourd'hui avec le second chapitre de Par Zeus, un chapitre quasiment totalement réécrit et qui n'a plus grand choses à voir avec l'ancien … j'ai eu un peu de mal à l'écrire, aussi j'espère qu'il vous plaira ^^ N'hésitez pas à laisser votre avis :) (c'est gratuit et ça m'aide à avancer ^^ )
Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit (22h38, heure où j'écris) et vous souhaite une bonne lecture,
A bientôt,
SP17.
P.S : Un grand merci rempli d'amour à Yona et Lulu-Folle pour leurs reviews:). Je n'ai pas trop le temps d'y répondre ce soir (la fatigue est en train de me gagner) mais sachez qu'elles me font énormément plaisir ! :) J'espère que la suite vous plaira tout autant !
P.S.2 : Lulu-Folle : Navrée d'apprendre que le prénom Noëlie-Rose ne te convienne pas ^^ je nomme toujours mes personnages avec des prénoms que j'apprécie, aussi, j'assume ce choix, qui est certes un peu étrange mais qui me plaît énormément ^^ :)
Vingt-cinq Août 1986,
Banlieue de Phoenix,
22h10.
Apollon savait où trouver Hécate. Ou tout du moins, comment la contacter. En effet, la Déesse de la Magie aimait beaucoup traîner dans les bars quelque peu douteux, où toutes sortes de gens, principalement attirés par tout un univers fantastique et emprunt de Magie Noire, se retrouvaient quotidiennement, de préférence après le coucher du soleil, pour échanger les dernières nouvelles. Le Dieu du Soleil trouvait ce passe-temps quelque peu étrange, voire morbide, et s'était souvent demandé si le Conseil des Olympiens ne ferait pas mieux de l'interdire mais au fond de lui, quelque chose lui disait que ce n'était pas une bonne idée : Hécate n'était peut-être pas une Olympienne, mais cela ne l'empêchait pas d'être puissante. Ses pouvoirs pouvaient faire des ravages, même chez les plus puissants d'entre eux. Et Apollon n'avait guère envie de finir en sushi.
« Nous y voilà … 436, Bakers Street. »
Avec un soupir qui témoignait de sa réticence à se rendre dans ce genre d'endroit, Apollon s'arrêta devant l'établissement et l'observa. La façade en briques rouges du « Obscurus Chimney » était aussi lugubre que l'univers qui régnait entre les murs : non nettoyée depuis un sacré bout de temps, elle était désormais recouverte d'une étrange substance noire et plusieurs briques manquaient à l'appel, laissant apparaître quelques trous dans lesquels les rats aimaient certainement s'infiltrer. La toiture n'avait pas bonne mine non plus, la majorité étant couverte d'une mousse verdâtre. L'unique fenêtre donnant sur la rue était condamnée par une planche en bois. Était-elle là parce que la vitre avait été brisée ou simplement pour rendre l'endroit encore plus sombre et malsain ? Le Dieu n'aurait pu le dire. Pour compléter le tableau, l'écriteau annonçant le nom de l'établissement pendait tristement, manquant de tomber sur la tête d'un passant au moindre coup de vent.
« Eh bien, voilà qui donne envie … », pensa Apollon avec une grimace.
L'envie de faire demi-tour et d'aller se réfugier dans l'un de ces restaurants luxueux dont il avait l'habitude se fit soudainement ressentir mais le Dieu du Soleil essaya de se ressaisir et de rassembler tout son courage : après tout, c'était pour une bonne cause. S'il renonçait à prendre contact avec la Déesse et retournait là d'où il venait, il n'aurait jamais l'existence tranquille qui l'avait poussé à contrarier son père. Pas de jolies filles, pas de virées en voitures luxueuses ni de tir à l'arc en plein centre-ville … et un Hermy qui lui dicterait quotidiennement ses moindres faits et gestes.
Cette dernière pensée le fit frissonner. Non, pour une fois dans sa vie, l'Olympien avait envie d'un peu de liberté. Il était donc hors de question que ce séjour soit gâché par son trop sérieux de meilleur ami.
Ce fut donc avec une nouvelle détermination que le Dieu du Soleil franchit le seuil de l'Obscurus Chimney, le cœur battant tout de même un peu plus vite que d'ordinaire.
XxXxXxXxXxX
Trente Décembre 1982,
Quelque part près de Long Island,
20h25.
La neige avait cessé de tomber. Le vent s'était calmé. Au centre de la clairière un immense feu crépitait, réchauffant ainsi les visages fermés des trois camarades. Aucun d'eux n'en était l'auteur et aucun d'eux ne savait comment il était apparu. Il était là, c'était tout. Autant en profiter. Cette idée avait d'abord froissé Hugo Walters qui, avec des mots et des gestes assez violents, avait tenté de dissuader ses camarades de s'y approcher. Cela ne pouvait être qu'un guet-apens. Un guet-apens organisé par un monstre très intelligent et assoiffé de sang. Mais ses essais de persuasion ne fonctionnant pas, et la fatigue et le froid aidant, le fils d'Arès avait fini par rejoindre Benjamin et Ambre, avançant lentement comme pour s'assurer que les deux jeunes gens, déjà installés près du feu, ne se faisaient pas soudainement attaquer par un monstre ou une bête quelconque.
« Et si c'est le cas, que fais-tu ? », avait alors prononcé une voix dans son esprit
« Je … Je ne reste pas, avait répondu le jeune homme après une courte hésitation. Je fuis. »
La voix l'avait ensuite traité de lâche mais Hugo n'en avait que faire. Il n'avait pas accordé grande attention à cela et cette soudaine et étrange conversation mentale avait rapidement disparu de son esprit. Après tout, il ne se considérait pas si lâche que cela. Il dirait même qu'il était plutôt prudent et qu'il commençait à en avoir assez : pour une raison qui lui restait inconnue – car ces deux-là ne pouvaient pas être des demi-dieux puissants, il en était sûr -, Ambre et Benjamin s'avéraient être de vrais aimants à monstres et à ennuis. En même pas deux jours, ils avaient déjà affronté une vingtaine de monstres. Le jeune homme n'en avait pas combattu autant en deux semaines de voyage solitaire et cette situation commençait à le lasser. Il était épuisé et avait bien envie d'abandonner ses camarades. Il avancerait plus vite sans eux, c'était une certitude. Surtout sans Ambre, à vrai dire. La jeune fille était d'une lenteur … Inimaginable. Et Benjamin était une vraie pipelette. Toujours un mot pour tout, même pour des choses extrêmement banales. Cela en devenait épuisant. Et puis, Hugo, bien que fils du Dieu de la Guerre – titre dont il n'était pas peu fier -, n'avait jamais aimé combattre. Il préférait être tranquille, visualiser les combats de loin plutôt que d'y participer. Cela était beaucoup plus palpitant. Beaucoup plus spectaculaire et sanglant. Du moins, c'était son point de vue …
Le cours de ses pensées furent soudainement interrompu par un gémissement de douleur. Contrarié, fronçant les sourcils, il tourna la tête dans la direction de ses deux camarades. Ambre, plus pâle qu'à l'accoutumée, mordait sa lèvre inférieure tandis que Benjamin remplaçait le bandage d'une main experte. Encore une blessure pour Blondie. Encore une autre. La dixième depuis que Hugo l'avait rencontrée.
« Je t'avais dit de ne pas intervenir, Jones, lança-t-il d'un ton sec, brisant ainsi le silence qui s'était installé entre eux depuis plus d'une heure. Mais vu que tu ne m'écoutes jamais … »
« Arrête de te prendre pour un messie, Walters. , le coupa presque Benjamin, sur le même ton et en ne prenant pas la peine de se tourner vers lui. Ton père est peut-être le Dieu de la Guerre, il n'est pas reconnu pour son intelligence. Tu sais ce que cela signifie pour toi. »
« Espèce de … »
Hugo, qu'une vague de colère avait envahi à l'entente des propos de Benjamin, s'était levé et dirigé vers le jeune homme, les poings serrés, haletant. Une forte envie de saisir Benjamin par le col de la chemise et de le soulever du sol le prit mais alors qu'il posait une main sur son épaule, son camarade se jeta sur lui et le cloua au sol, son genou au niveau du torse, ses deux mains sur les bras, l'empêchant ainsi d'esquisser le moindre mouvements. Irrité plus que jamais, Hugo grogna de fureur, tel un cochon en colère, et essaya de se dégager durant plusieurs minutes, sous le regard à la fois amusé et médusé d'Ambre qui ne savait pas quoi penser de la scène, mais n'aimait pas assez Hugo pour lui venir en aide. Après quelques gestes violents et inutiles, le fils d'Arès consentit à se rendre. Le regard brûlant d'une rage encore inconnue chez lui, il regarda son agresseur et lui demanda, d'une voix où perçait tout de même une pointe d'admiration :
« Bordel, mais c'est qui ton parent divin ?! »
« Aphrodite, répondit calmement Benjamin, amusé, un léger sourire aux lèvres, mais ne relâchant pas sa prise pour autant. Mais j'aime beaucoup les sports de combats. Et mon père était cascadeur. », ajouta-t-il à l'intention d'Hugo alors que celui-ci lui lançait un regard signifiant clairement « Arrête de te f***** de moi »
Comment un enfant d'Aphrodite pouvait réussir à faire une chose pareille ?! Le fils d'Arès avait du mal à le comprendre … pour lui, les enfants de la Déesse de l'Amour n'étaient que des petits peureux narcissiques qui passaient leur temps à se pouponner et à admirer leur reflet, tant ils étaient persuader d'être la perfection incarnée. Benjamin White, un fils d'Aphrodite ? Impossible … pas après la sacrée démonstration qu'il venait de faire.
« Et dire que tu m'as caché tout cela pendant deux ans., murmura Ambre à l'intention de Benjamin, alors que les deux jeunes hommes se défiaient du regard. Je veux dire, l'ascendance divine et tout le toutim. »
Sa tentative – volontaire ? - pour réguler la situation et détendre l'atmosphère sembla fonctionner. Avec un sourire triste, Benjamin se redressa et fit face à sa meilleure amie, toujours assise sur un tronc d'arbre, près du feu. La jeune fille semblait avoir repris des forces, le feu ayant fait baisser ses tremblements et fait disparaître la couleur violette installée un peu plus tôt sur ses lèvres.
« J'ai voulu te le dire dès la première semaine de notre rencontre, Amy. Crois-moi. J'ai voulu t'en faire part dès que j'ai su que tu étais comme moi. Mais tu n'étais pas encore prête. Alors j'ai préféré attendre le bon moment. Le moment critique où les monstres commenceraient à t'attaquer. Ce moment signifie toujours qu'il est plus que temps de révéler à un demi-dieu sa véritable nature. »
Tout en disant ces mots, Benjamin s'était rapproché du tronc où se trouvait Ambre. Après un sourire que la jeune blonde identifia sans peine comme un sourire d'excuse, le fils d'Aphrodite s'assit à ses côtés, passant amicalement un bras autour de la taille de la jeune fille. Celle-ci sourit et posa sa tête dans le creux de son cou. Hugo, qui s'était relevé en même temps que son camarade, fit mine de vomir tout en leur lançant un regard noir, la mine profondément dégoûtée. Voilà ce qu'il détestait chez les enfants d'Aphrodite : leur trop plein d'amour. Ecoeurant.
« Vous ne pouvez pas attendre d'être seuls avant de vous la jouer amoureux transis ? Un peu de respect, s'il vous plaît. Y'a des chambres pour ça. » , maugréa-t-il en s'asseyant à son tour, mais tout de même suffisamment loin d'eux pour ne plus avoir à les regarder.
« On ne fait rien de mal., lui répondit sèchement Ambre en lui lançant un regard noir qu'il ne put apercevoir. C'est juste un câlin. Et Ben est mon meilleur ami, pas mon copain. Tu n'as jamais fait de câlin à des amis proches ? … Pourquoi es-tu aussi antipathique ?», ajouta-t-elle après quelques instants, voyant que le jeune homme ne répondait pas et commençant à être énervée par son comportement qu'elle jugeait hautement désagréable.
« Ferme-la. » fut la seule réponse qu'elle obtint. Agacée, la jeune blonde amorça un geste pour se lever mais Benjamin attrapa son bras, la forçant à se rasseoir.
« Laisse tomber, Ambre., dit-il en lançant à son tour un regard noir à Hugo qui leur tournait le dos. Il semble incapable de la moindre tendresse. Je suppose que chez eux, on se tape plutôt dessus pour se dire à quel point on s'apprécie. »
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Vingt-cinq Août 1986,
Bar Obscurus Chimney,
22h25.
Même si le bar n'avait ouvert qu'en 1985, aucun élément intérieur ne pouvait attester de la quasi nouveauté de l'établissement. La luminosité y était nulle, obligeant Apollon à s'arrêter quelques minutes, les yeux plissés, pour laisser ces derniers s'accoutumer à l'obscurité. Le Dieu du Soleil n'était pas un grand amateur des endroits sombres, aussi ne pouvait-il pas s'empêcher de ressentir une certaine gêne à se trouver dans ce lieu. Lui qui était fait pour parcourir de grands espaces ensoleillés se retrouvait dans un endroit sombre et bas de plafond, dont les murs, il pouvait le déduire à l'odeur infecte qui régnait, étaient imprégnés d'humidité.
« De mieux en mieux … », soupira Apollon, dont les pieds s'enfonçaient dans une substance visqueuse inconnue à chaque pas supplémentaire.
L'envie de fuir était de plus en plus pressante et le Dieu se mit à espérer qu'Hécate ne fréquentait pas cet établissement. Après tout, il était tout à fait possible que la Déesse n'en ait jamais entendu parler …
« J'peux vous aider ? », s'exclama une voix féminine.
Apollon sursauta et recula d'un pas alors que devant lui apparaissait le visage de son interlocutrice, éclairé à l'aide d'une bougie. Vraisemblablement âgée d'une cinquantaine d'années, la femme dont il ne voyait pas très bien les contours du visage, le regardait de ses yeux injectés de sang, un sourire édenté aux lèvres. La lueur de la flamme accroissait ses rides ainsi que la pâleur de sa peau. Le tout lui donnait un aspect fantomatique assez angoissant.
« J'peux vous aider ? », répéta-t-elle de manière presque mécanique, alors qu'Apollon la dévisageait, troublé par son apparence effrayante et par la soudaineté de son apparition.
Était-elle arrivée silencieusement ou était-elle plantée là depuis un bon bout de temps ? Le Dieu ne pouvait éloigner aucune de ces hypothèses.
« Heu … oui … oui, je suis à la recherche de quelqu'un …, balbutia Apollon, toujours quelque peu stupéfait, Elle devrait normalement répondre au nom de Héloïse ou Rebecca, je ne sais pas si ... »
Le Dieu s'interrompit brusquement, les sens en alerte. Le sentiment d'angoisse et d'insécurité qui ne cessait de s'agrandir au fil du temps qu'il passait dans cet établissement prit soudainement tout son sens : telle une énorme gifle, des souvenirs lui revinrent violemment en mémoire, lui coupant le souffle durant quelques secondes. L'Obscurus Chimney n'était plus le bar qu'il avait été. Plus depuis cette horrible attaque en janvier dernier …
« Vous ne savez pas quoi ? »
Le ton de la femme parut encore plus mécanique qu'auparavant. Sa tête était désormais penchée sur le côté et une drôle d'étincelle brillait dans ses yeux. Un Mortel aurait sans aucun doute interprété ce comportement comme le signe d'une grande attention et d'une possible réflexion. Mais pour Apollon qui se remémorait à présent la tragique histoire du bar, il était évident que la femme était en train de réfléchir à la meilleure façon de le déguster. En salade avec quelques crustacés ou façon poulet rôti avec quelques pommes de terre ? Le Dieu du Soleil préférait ne pas le savoir. Il fallait sortir d'ici et vite, le Tartare seul pouvait savoir quel monstre sanguinaire se cachait sous l'apparence de cette femme !
« Oh, je …ah ! En fait, je n'avais pas vu qu'il était si tard !, lança Apollon d'un ton qu'il voulait décontracté en consultant une montre imaginaire à son poignet gauche. Je pense qu'elle doit être déjà rentrée chez elle … elle a légèrement peur du noir, vous savez ! Je repasserai une autre fois ! »
Et il se retourna, prêt à sortir au plus vite de cet antre monstrueux. Mais une main se posa lourdement sur son épaule et s'y agrippa fortement, lui arrachant une grimace.
« Mais restez, Seigneur Apollon ! Après tout, il y a bien longtemps que nous n'avons pas eu l'occasion de nous mettre un Olympien sous la dent ! »
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Vingt-cinq Août 1986,
Quelque part dans les rues de Phoenix,
23h02.
Insomniaque lorsque quelque chose l'énervait, Ambre avait quitté sa chambre du Rodwenn Hill pour arpenter les rues sombres de Phoenix. Une activité dangereuse pour n'importe quel adolescent mais qui l'était encore plus pour une demi-déesse. Car même si la principale ville de l'Arizona n'était pas reconnue comme l'une des villes où le nombre de monstres y était le plus important, il y traînaient toujours quelques-uns, prêts à sauter à la gorge d'un sang-mêlé inconscient.
Mais Ambre était une habituée de ces attaques surprises et avait donc prévu le coup. Un poignard dans la main gauche, la jeune fille avançait le plus silencieusement possible, les sens à l'affût du moindre danger. Le moindre changement de température, le moindre mouvement suspect, rien ne devait lui échapper, sous peine d'une mort horriblement violente.
« Quoique je ne serais pas contre un bon combat … », murmura la jeune fille alors qu'elle s'arrêtait pour patienter devant un passage piéton.
L'adrénaline. Voilà ce qui manquait cruellement à la demi-déesse depuis quelques temps. Oh bien sûr, comme dit précédemment, il lui arrivait parfois de croiser un monstre ou deux, là, en plein cœur de Phoenix. Mais cela restait tout de même assez rare et Ambre se surprenait parfois à regretter son ancienne vie. Les quêtes, les combats … ce n'était pas si mal après tout : cela servait au moins à canaliser son hyperactivité, ce trouble du comportement qui avait beaucoup de mal à s'adapter au milieu scolaire. Étudier, apprendre de nouvelles choses, Ambre aimait cela. Mais passer son temps assise sur une chaise peu confortable pouvait devenir une véritable torture. À un tel point que la jeune fille s'organisait régulièrement de longues et épuisantes séances de sport pour éliminer le trop plein d'énergie.
Le feu passa au vert et la jeune fille s'engagea sur le passage piéton, toujours aussi attentive à ce qui l'entourait. Le secret espoir de pouvoir combattre ce soir était désormais bien présent dans son esprit, toutefois accompagné d'une certaine réprobation de la part la plus raisonnable d'elle-même. Avait-t-elle le droit de penser ainsi alors que tous les jours, des dizaines de demi-dieux innocents étaient dévorés par d'impitoyables monstres mythologiques ? Et puis, depuis quand une personne saine d'esprit souhaitait sauter à pieds joints dans une situation dangereuse ?
Ambre s'apprêtait à se traiter de masochiste lorsqu'un bruit attira son attention. Sursautant, et se réprimandant par la même occasion de s'être laissée distraite par ses pensées, la jeune fille s'arrêta et tendit l'oreille. Des « boum » à répétition, comme-ci des objets lourds ne cessaient de tomber, voilà ce que lui évoquait le boucan. De nature plutôt curieuse, Ambre n'aurait sûrement pas hésité à aller voir ce qui se passait si l'aspect de la ruelle devant laquelle elle se tenait ne l'avait pas fait hésiter : très sombre et plutôt étroit, le passage dégageait une odeur peu ragoutante – un mélange d'humidité et de déchets en état de putréfaction qui soulevait le cœur de la jeune fille - et semblait infesté par les rats. Sa nature de demi-déesse lui indiquait qu'il s'agissait sûrement d'un repaire pour monstres mythologiques, et même si Ambre souhaitait se battre, elle n'était pas encore assez folle pour aller à la rencontre d'une centaine de créatures assoiffées de sang. Elle avait un certain talent pour le combat mais ne ferait en aucun cas le poids si elle s'engageait dans celui-ci.
« Et rappelle-toi que tu as promis à Matt' de rentrer en un seul morceau …, pensa-t-elle en se remémorant les nombreux efforts qu'elle avait dû déployer pour que son frère la laisse sortir. Et ce coin-là ne t'y aidera sûrement pas. »
Avec soupir, et après une dernière hésitation, la jeune blonde passa donc son chemin.
Enfin, elle essaya. Car elle avait à peine fait un pas qu'une tornade blonde arriva en courant.
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Vingt-cinq Août 1986,
Quelque part dans les rues de Phoenix,
Au même moment.
Hermès n'était pas serein. Pour tout dire, il était au bord de la crise de nerf : Apollon avait réussi à lui échapper. Il l'avait laissé seul une petite dizaine de minutes et le Dieu du Soleil avait trouvé le moyen de se sauver. Pour aller où ? Hermès n'en avait aucune idée, et cela le mettait encore plus en colère.
« Je lui avais pourtant dit de ne pas quitter la chambre ! Je lui ai même répété une bonne trentaine de fois !, s'écria-t-il alors qu'il sortait d'un énième pub et bousculait violemment un pauvre passant. Mais il faut toujours que Monsieur n'en fasse qu'à sa tête sans se préoccuper du bien-être des autres ! Qu'est-ce que Zeus dira si je ne le retrouve pas avant qu'il ne fasse de travers ? C'est encore moi qui vais prendre, pour sûr ! »
Légitimement énervé, le Dieu des Messagers shoota dans un cailloux, l'esprit en ébullition. Cela faisait désormais une bonne heure qu'il tournait dans les rues de Phoenix à la recherche de son demi-frère, en vain. Les bars les plus branchés de la ville, les discothèques à la mode, les restaurants les plus luxueux … Apollon ne se trouvait dans aucun de ces établissements qu'il affectionnait pourtant particulièrement. Et cela ne faisait qu'accroître l'inquiétude d'Hermès.
« Ne me dites pas qu'il s'est déjà attiré des ennuis … Non, pas dès le premier jour … ! », pensa-t-il à la fois agacé et inquiet.
George, qui se tortillait nerveusement en compagnie de Martha autour du caducée, s'apprêtait à répondre que si Hermès croyait qu'Apollon les attendait sagement assis sur un banc public, le Dieu se mettait clairement le doigt dans l'œil, lorsqu'un effroyable rugissement se fit entendre dans toute la ville, faisant dangereusement trembler toutes les surfaces vitrées. La pire crainte d'Hermès se confirmait.
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Trente Décembre 1982,
Quelque part près de Long Island,
20h25.
« Matthew ! Matthew, arrête-toi enfin !, s'écria un jeune satire, d'un ton à la fois exaspéré et inquiet. Il fait nuit noire et tu n'as pas eu l'autorisation de sortir de la colonie ! On va s'attirer des ennuis ! », ajouta-t-il en insistant sur le « on », dans l'espoir que son camarade fasse preuve d'un peu de compassion.
Mais Matthew Jones continua sa course folle sans lui prêter une quelconque attention. Il fallait qu'il la retrouve. Il fallait qu'il la retrouve avant que la situation dégénère. Avant que cette meute de monstres n'en fasse son prochain repas.
« Tu sais très bien que je ne peux pas m'arrêter, Jake !, finit par s'écrier le fils d'Iris alors qu'il continuait à s'enfoncer dans la forêt à une vitesse fulgurante. Ambre est en danger ! »
« En danger ? Tu as fait un rêve, Matt' ! Qu'est-ce qui te dit que c'est la vérité ? Tous les rêves des demi-dieux ne sont pas fait pour se réaliser, tu sais ! »
« Sinon les trois quarts couleraient actuellement des jours heureux aux Bahamas … »
Mais Jake n'obtint pas de réponse. Agacé et épuisé – il suivait son camarade depuis deux longues heures et la température ne dépassait pas les moins cinq degrés – le satire poussa un profond soupir et s'arrêta quelques secondes, le temps de reprendre son souffle et de vérifier s'il possédait toujours sa flûte de pan. Puis, clopin-clopant, la marche rendue difficile par l'énorme couche de neige qui recouvrait le sol, il s'empressa de rejoindre Matthew qui avait déjà disparu entre les arbres. Car même s'il était contre cette expédition secrète, le satire ne pouvait se résoudre à faire marche-arrière et à tenter de retrouver le chemin de la colonie par lui-même. Pas dans cette forêt infestée par les monstres.
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Vingt-cinq Août 1986,
Quelque part dans les rues de Phoenix,
23h03.
« Cours, jeune fille, cours ! », fut la première phrase qu'Apollon adressa à Ambre lorsqu'il
arriva à sa hauteur.
Les vêtements déchirés, les cheveux en bataille et quelques égratignures sur les bras et les jambes, le Dieu du Soleil avait eu quelques difficultés à échapper aux griffes de son agresseur et ne devait son salut provisoire qu'à une poêle rouillée sur laquelle il avait trébuché et dont il s'était servi pour assommer le monstre. Un geste maladroit et peu efficace qui n'avait fait qu'accentuer la colère et la détermination de son adversaire qui le poursuivait désormais dans le monde des Mortels, bien décidé à faire basculer l'Olympien dans l'abysse profond du Tartare.
« Mais cours, je te dis !, s'écria de nouveau Apollon, poêle en main alors qu'Ambre l'observait, incrédule et immobile. Il y a un psychopathe qui me poursuit ! »
Et il dépassa la jeune fille à toute vitesse, bien décidé à rester en vie.
« Mais alors pourquoi vous n'utilisez pas vos pouvoirs ?! », rétorqua Ambre d'un ton à la fois sceptique et cinglant.
La jeune demi-déesse avait suivi et rattrapé le Dieu du Soleil en quelques foulées alors que, derrière eux, un immense brouhaha indiquait que le monstre se rapprochait.
Les Dieux étaient-ils aussi stupides qu'elle le pensait ?
Pour toute réponse, Apollon lui jeta un coup d'œil agacé avant d'accélérer la cadence et de se précipiter dans un nouveau passage. Ambre eut beau lui crier qu'il s'agissait d'une impasse, le Dieu ne sembla pas l'entendre. Agacée, et ne sachant pas quoi faire – sa raison lui dictait d'aller de nouveau prévenir le Dieu tandis que son cœur lui disait de le laisser se faire massacrer – la jeune fille s'arrêta, en proie à une forte hésitation. Que faire ? Comment agir ? Avait-elle le temps de faire demi-tour avant que le monstre ne débarque ? Ne s'en voudrait-elle pas d'avoir participer indirectement au meurtre de quelqu'un, aussi Olympien soit-il ? Quelles seraient les conséquences d'un tel acte ? Des milliers de questions tourmentaient son esprit tandis que sa main se refermait un peu plus sur son poignard. Prendre la bonne décision pour ne pas souffrir plus tard, telle était la difficulté.
« Ambre ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? »
Hermès venait de surgir du fond de l'impasse, tenant par l'oreille un Apollon particulièrement penaud et faisant sursauter la jeune fille. Celle-ci ouvrit la bouche pour répliquer que cela ne le concernait en aucun cas lorsqu'un rugissement retentit, faisant trembler le sol et les maisons alentours. Le monstre était là, elle ne pouvait plus faire marche-arrière.
