Hello !
Non, je ne suis pas morte x)
Mais je suis obligée de vous avouer que cette fic est... plus ou moins abandonnée. J'ai changé de fandom, et en ce moment toute mon inspiration est sur My Hero Academia.
Vous pouvez me retrouver sur AO3, mon pseudo est également Ywena. J'écris en anglais mais pour un certain nombre d'entre vous, ce n'est pas un frein ^^
Bref.
Que dire? Je me suis attachée à cette fic. J'avais de grands plans. Mais ça fait plus d'un an que je n'ai rien écris sur Tsunami: au bout d'un certain temps, il faut se rendre à la raison. Si à la fin de l'année je n'ai pas retrouvé la moindre inspi, je posterai après ce chapitre une note détaillée de mes plans, pour vous raconter comment ça aurait dû finir.
Mais sinon... Il va falloir dire adieu à Tsunami.
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Je poste donc le dernier chapitre que j'ai d'avance. J'ai longtemps hésité à me poster, parce que c'est un chapitre trsite, qui fini mal, et ce n'est pas comme ça que je voulais finir la fic. Mais bon: il est écrit, il est prêt, et ça serai bête de le laisser moisir sur mon disque dur. Donc voilà.
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Ce chapitre s'appelle "Celui qui provoque la tempête" car le titre vient d'un épisode de Naruto... Celui du combat de Sasuke et Gaara, et du début de l'invasion, justement. Car, dans cet épisode comme dans ce chapitre, on a droit au combat de Gaara... et au début de l'invasion de Konoha.
Alors enjoy ! =)
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Celui qui provoque la tempête
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Durant le premier match, opposant Naruto Uzumaki à Neji Hyuga, c'était Naruto qui en était sorti vainqueur. Durant le second match, où Shikamaru Nara avait fait face à Temari, Temari était passée en seconde manche. Puis dans le troisième combat, Kidômaru de Kusa avait (brutalement) triomphé de Misuno, la petite kunoichi de Kiri. Durant le quatrième match, opposant Ino à Tenten, l'héritière Yamanaka l'avait emporté. Et durant le cinquième match opposant Sasuke Uchiha à Shizuma Hoshigaki, c'était Sasuke qui avait gagné. Il ne restait plus qu'un seul combat… Le sixième et dernier affrontement de cette première manche, et le clou du spectacle.
Et quel spectacle ce serait. L'essentiel du public en était inconscient, mais quasiment tous les ninjas présents savaient que l'affrontement qui aurait lieu dans l'arène marquerait le coup d'envoi d'une vague de violence d'une bien plus grande envergure.
Suna voulait affaiblir Konoha, Konoha voulait donner une leçon à Suna, et Kusa…Il était difficile de savoir ce que voulait Kusa, mais en même temps, il aurait été étonnant que Kusa veuille se tenir à l'écart. Les ninjas du pays de l'Herbe étaient belliqueux par nature, et ils avaient une longue rancœur envers Konoha. C'était un petit village qui avait été piétiné durant la dernière guerre : il était logique qu'ils veuillent renvoyer la balle à Konoha, leur faire comprendre ce qu'on ressentait quand son foyer devenait le terrain de jeu de puissances étrangères déterminées à vous réduire à néant. Mais Kusa était aussi un village en plein essor, dont la science, la puissance et la richesse croissait à un rythme fulgurant depuis des années. Un village qui accumulait des ressources, et qui était prêt à aller les chercher très loin de ses frontières. Aucune source officielle n'accusait Kusa d'être derrière les raids de pillards qui avaient ravagé les frontières du pays du Feu, affaibli le pays des Rizières, qui s'étaient même propagés jusqu'au pays de l'Eau : mais personne n'ignorait que le pays de l'Herbe était l'un des rares pays à s'être enrichi de nouveaux Jutsu et nouvelles techniques alors que les pillards affaiblissaient tous ses voisins, et c'était une trop grosse coïncidence pour être ignorée. Oui, Kusa était en plein essor, affamé de pouvoir et avide de nouvelles richesses… Serait-ce si étonnant que Kusa désire aller chercher ces choses à leur source, désormais ? Konoha regorgeait de trésors. Des Jutsu, des ninjas célèbres, de l'or, des rouleaux de techniques perdues, et des kekkei genkai en abondance…
(Mais, au final, Kusa voulait ce que voulait Orochimaru : et qui pouvait savoir vraiment ce que désirait le Sannin renégat ?)
Suna et Konoha, chacun prêt à se jeter à la gorge de l'autre. Kusa en arrière-plan, et sur le point de les trahir tous les deux : le sang du Kazekage déjà sur les mains, et prêt à ajouter l'Hokage à sa liste. Et Kiri, l'inconnue de cette équation, à la recherche d'alliance et de force, et qui allait découvrir les deux au pire moment possible. Oui, tout prédisposait cet examen Chuunin à tomber dans le chaos, pas vrai ?
Tout tient à si peu de chose.
Une mission, un appel à l'aide, un instant de pitié, une famille, un mentor, une ambition. Si Karin Uzumaki n'avait pas rejoint Konoha… Si Tsunami Uchiha n'avait pas été Maître des Sceaux… Les choses auraient été différentes. Si Konoha n'avait pas eu d'Uzumaki à brandir sous le nez du Kazekage, comme un pied de nez intentionnel… Alors Suna aurait sans doute davantage misé sur Gaara. Le Kazekage aurait considéré que le laisser se déchaîner suffirait à constituer l'essentiel de leur assaut. Mais Konoha avait placé Karin Uzumaki, élève d'une Uchiha Maître des Sceaux, face à leur précieux Jinchuuriki : alors Suna avait paniqué et augmenté sa force d'invasion. Dans un autre monde, où à peine une centaine de ninjas aurait attaqué le village, Konoha aurait repoussé l'invasion avec des pertes minimes. Qu'en serait-il ici, dans ce monde où Suna avait mobilisé presque trois fois ce nombre, et veillé à emmener de nombreux Jounins dans sa force de frappe principale ?
Tout tient à si peu de choses. Un match différent. Une fuite d'information. Une rivalité. Une vie, une divergence d'opinion, une opposition. Dans un autre monde, par le jeu de l'effet domino, Pakura aurait été trahie et abandonnée, lâchement assassinée avant de devenir trop gênante pour son pays. Mais ici, Pakura était en vie, et elle ne se laisserait pas abattre facilement. C'était peut-être ça le plus effrayant : cette solidité, cette rigidité inébranlable. Pakura était comme une montagne, et même le plus puissant des ouragans ne pouvait lui faire courber l'échine. Pakura suivait sa voie, inflexible, et on ne pouvait que s'écarter ou être écraser. Quelle perspective terrifiante, lorsqu'une kunoichi de son envergure décidait que son prochain objectif serait de renverser son Kazekage. Quelle perspective terrifiante, lorsqu'elle décidait de compromettre son sens moral pour sauver son village.
Tout tient à si peu de chose, vraiment. Une distraction, un instant de désintérêt, un changement de priorité. Dans un autre monde, Obito-Madara aurait tiré les ficelles du Mizukage plus longtemps, utilisant son pantin pour ravager le pays de l'Eau et propager la haine et la méfiance sur la moitié du continent. Mais dans ce monde-ci, Obito-Madara avait été trop occupé à surveiller Itachi, ignorant la vérité sur le massacre et voyant donc en Itachi une recrue au lieu d'une taupe. Et ainsi, Obito-Madara avait été distrait, sa surveillance s'était relâchée, et le Yondaime Mizukage avait été tué. Les rebelles avaient pris le pouvoir, et, dans un élan démocratique aussi rare qu'inattendu, avaient élu leur nouveau leader. Et Mangetsu (qui, lui aussi, dans un autre monde, aurait été victime de l'effet domino découlant des machinations de Danzō) avait été choisi pour faire renaître Kiri de ses cendres.
Oui, tout tient à si peu de choses. Un ordre, un silence, une absence, un secret, un piège. Si Danzō n'avait pas été tué alors qu'il tentait de persuader Hiruzen de la nécessité de tuer le clan Uchiha, alors Itachi aurait reçu des instructions après le massacre. Il aurait rejoint l'Akatsuki immédiatement, au lieu d'errer dans la nature durant quatre longues années avant d'être recruté. Et… Par conséquent, Orochimaru aurait quitté l'Akatsuki plus tôt. Cela lui aurait laissé plusieurs années de liberté pour construire de nouveaux laboratoires, fortifier des cachettes, et fonder un village. Mais les choses ne s'étaient pas passées comme ça. Orochimaru avait perdu quatre années de plus avec l'Akatsuki. Il n'avait pas eu le temps de fonder un village après les avoir quittés, pas s'il visait une attaque durant le prochain examen Chuunin de Konoha. Alors il avait conquis un village, au lieu d'en créer un.
(Quel chance que Kabuto soit infiltré à Kusa à ce moment-là, et soit justement en train de tremper dans une conspiration pour assassiner leur leader ! Son espion lui avait livré le village sur un plateau d'argent.)
Tout tient à si peu de chose : un coup de chance, une surprise, une victoire, un changement de timing. Si Itachi et Sasuke avaient été les seuls survivants du clan Uchiha… Si le Sharingan avait été rare, et que ses deux seuls détenteurs avaient été un nukenin intouchable et un gamin aux tendances autodestructrices… Si Orochimaru avait eu plusieurs années pour ruminer sa défaite face à Itachi, et faire grandir son obsession… Les plans du Sannin auraient été différents. Son avidité aurait été plus forte. Mais ici… Sasuke n'était plus aussi susceptible de s'auto-détruire, et son acquisition n'avait donc pas le même caractère d'urgence. Itachi n'était plus aussi invulnérable (après tout, il avait révélé sans complexe à l'Akatsuki qu'il était gravement malade). Et surtout, leurs Sharingan n'étaient pas les seuls à exister. Il y avait Tsunami, qui possédait le Mangekyō… Et Izumi et Hikari, qui avaient le potentiel d'éveiller leur Dôjutsu un jour. Alors non, même si Orochimaru désirait avidement mettre la main sur un Uchiha, ce n'était pas encore une obsession. Et en conséquence, le Sannin renégat n'avait pas un seul objectif, un seul kekkei genkai en vue. Pourquoi se limiter ?
Pourquoi ne convoiter que le Sharingan, quand il y avait tant de trésors qui ne demandaient qu'à être saisis ?
(Orochimaru avait été chassé de Konoha avant d'avoir terminé ses expériences, après tout, et pas uniquement celles sur le Mokuton. Ce village regorgeait de kekkei genkai qui ne demandaient qu'à être étudiés en profondeur, à l'aide de scalpels et d'injections. Dans un autre monde, la vengeance d'Orochimaru aurait été simple et brutale, à l'image de son obsession du moment. Mais ici… Oh, il n'était pas pressé. Il pouvait prendre son temps. Il pouvait jouer sur plusieurs tableaux, et poursuivre plusieurs objectifs en même temps.)
Tout tient à si peu de choses. Une personne. Un choix. Un rêve. Si Tsunade était restée loin de Konoha… Si Danzō n'était pas mort… Si la Racine n'avait pas été dissoute, emportant avec elle l'essentiel des forces de contre-espionnage du village… Si le clan Uchiha avait été réduit à un unique survivant, au lieu de survivre envers et contre tout… Il aurait fallu peu de choses pour que Konoha soit plus forte, ou bien qu'elle soit plus faible. Plus convoitée, ou plus méprisée. Est-ce que ça aurait changé les intentions de ceux qui comptaient l'envahir ? Probablement pas. Mais cela aurait changé leurs plans. Peut-être auraient-ils été moins prudents. Peut-être, au contraire, auraient-ils été plus hâtifs, effrayés à l'idée de rater leur chance.
Et pourtant… Même si le monde était différent… Même si les villages, les leaders, les ambitions de chacun avaient changé… Certains choses semblaient toujours immuables.
Comme cet examen Chuunin.
Comme l'anticipation avide dans le regard des spectateurs qui voyaient s'avancer Gaara au centre de l'arène.
Comme la tension dans la nuque des ninjas de Suna.
Comme le sourire glacé d'Orochimaru sous son voile de Kazekage.
– Sixième match ! annonça Hayate, l'examinateur. Gaara de Suna contre Karin Uzumaki de Konoha !
Pendant une seconde, le public entier sembla retenir son souffle.
… Dans les gradins, plusieurs ninjas de Suna et Kusa se déployaient lentement pour couvrir le plus d'espace possible. Certains étaient masqués, d'autres non. Chacun connaissait son rôle. Chacun connaissait sa cible. Kabuto Yakushi, déguisé en ANBU, sourit derrière son masque en se glissant dans l'ombre, à peine quelques mètres derrière Kakashi Hatake…
… Jirōbō et Tayuya prirent position près de la sortie, sans avoir besoin de se consulter du regard. Ils savaient que Kidômaru les rejoindrait dès qu'il pourrait. Ce stupide tournoi allait bientôt prendre fin, et ils pourraient enfin mettre fin à cette farce et révéler leurs capacités. Chacun d'entre eux avait une cible à trouver, neutraliser et capturer. Orochimaru-sama allait profiter de l'invasion pour mettre la main sur autant de kekkei genkai que possible, et ils ne pouvaient pas échouer…
… Adossé au mur du quartier général de la Section T&I, Ibiki Morino regardait la position du soleil sans un mot. Il ne semblait pas inquiet, mais tous ceux qui le connaissaient pouvaient sentir la tension dans l'air. Les cellules du sous-sol avaient été inspectées et nettoyés. Très bientôt, la Section Torture et Interrogation allait entrer en action…
… Quelque part dans les boyaux de la Section Intelligence, Kumadori aiguisait ses scalpels. Il n'était pas un combattant de première ligne, il n'était qu'un médecin légiste. Mais il était aussi un Chuunin, un expert en genjutsu, et l'un des trois élèves d'Hayama Shirakumo. Alors, quand l'horloge fixée au mur de la morgue indiqua qu'il était presque l'heure de l'invasion, Kumadori quitta posément son repaire. Les membres de la Section Intelligence aussi devaient faire leur devoir, et défendre le village…
… Dans les rues de Konoha, la police faisait mine de patrouiller comme si tout allait bien, mais chacun était tendu. Hayama Shirakumo, le capitaine de la police, ressemblait à une statue de marbre tant il était impassible. Peut-être aurait-il souhaité se trouver plus près de l'épicentre de l'invasion. Mais Hayama était le Capitaine de la Police de Konoha. Son rôle n'était pas dans le colisée : son rôle était ici, dans les rues du village, à veiller à ce que cet endroit reste sûr…
… Anko ne cessait de jeter des regards en direction de l'arène, et en direction du jardin d'enfant, non loin de l'Académie, où sa fille jouait innocemment. Kinako. Était-elle en sécurité ? Est-ce que l'Hokage parviendrait à repousser Orochimaru ? Est-ce que Tsunami irait bien ? Si longtemps, Anko avait été toute seule. Elle avait oublié ce que c'était, d'être terrifié pour quelqu'un d'autre…
… Tessen Togeito, posté près du colisée, fit machinalement tourner un kunai autour de son doigt. Il comptait tenter de passer Tokubetsu Jounin bientôt. Il en avait le niveau. Mais c'était dans des moments comme ça, juste avant le combat, qu'on ressentait le plus d'angoisse. Et si Tessen n'était pas assez fort ? Et si l'ennemi débordait le village ? C'était une pensée terrifiante…
… Ailleurs, son épouse se dirigeait vers les bunkers, accompagnant les civils de son clan. Amaya Togeito, anciennement Amaya Akimichi, était une kunoichi accomplie et en temps normal, elle serait restée combattre. Mais Amaya était aussi enceinte d'un peu plus de sept mois. Pourtant, son ventre se nouait d'angoisse à l'idée de laisser d'autres combattre tandis qu'elle se mettait à l'abri. Plus précisément, à l'idée de laisser Tessen, son mari, se battre à sa place…
… Quelques rues plus loin, à l'Académie, Iruka interrompit sa correction des copies d'élèves, et jeta un regard inquiet en direction de la fenêtre. Il n'avait pas eu de nouvelles. Il ne savait pas qui avait combattu, gagné ou perdu. Mais il savait ce qui allait arriver, et quels étaient ses ordres. Et il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre le signal…
… Une ANBU au masque de chouette, tapie dans l'ombre d'une cheminée quelque part sur les toits de Konoha, esquissa les mudrâ du Jutsu d'Invocation. Un instant plus tard, bien qu'il fasse plein jour, plusieurs chouettes au plumage pâle prirent leur envol…
… À l'hôpital où avait été transportée la petite Misuno, Tsunade releva brièvement la tête, comme avertie par un sixième sens. Mais elle était toujours en pleine chirurgie, reconstituant millimètre par millimètre la cage thoracique déchiquetée de la gamine étendue sur la table d'opération. Elle ne pouvait pas se laisser distraire. Elle retourna à sa tâche, focalisée sur son ninjutsu médical…
… Posté en sentinelle en bas des escaliers, loin du public mais en parfaite position pour intercepter d'éventuelles renforts, Kankuro tourna brusquement son regard vers l'intérieur du bâtiment lorsqu'il entendit la clameur du public. Le match de Gaara allait commencer. Cela signifiait que bientôt, le signal allait être donné. Kankuro ne pouvait s'empêcher d'être nerveux. Il n'aimait pas ce plan, il ne voulait pas que Pakura-sensei soit assassinée, mais il ne pouvait pas désobéir à son père…
… Dans les gradins, au premier rang et accoudée à la balustrade de l'arène, Pakura se tendit. Bientôt ce serait le signal. Elle devrait accomplir sa part du marché avec Orochimaru. Mais il lui faudrait d'abord se débarrasser des gêneurs, et elle pouvait déjà les voir, les hommes de Rasa qui faisaient mine de l'entourer d'un air désinvolte…
… À quelques dizaines de mètres de là, le cœur au bord des lèvres, Hikari se cramponna à la main de son demi-frère. À côté d'eux, Tenzō-sensei et les autres étaient tendus, mais pas autant que Neji et Hikari. Karin était leur famille. Et ils savaient à quel point Gaara était dangereux…
… Plus haut, dans la loge des Kages, le silence était absolu. Le Mizukage, l'Hokage et le Kazekage avaient tous les trois les yeux rivés sur les deux adversaires qui s'avançaient. Ils savaient tous que le combat ne se cantonnerait pas à l'arène (même Mangetsu, qui ignorait tout de l'invasion, ne pouvait pas avoir manqué la tension dans les airs) mais ils ne pouvaient détacher leurs regards des deux Genins. Ce serait d'eux que viendrait le signal du départ, mais surtout, ces deux-là… Le Jinchuuriki de Suna, et une Uzumaki maîtrisant le Fūinjutsu… Ils avaient le potentiel de déclencher un cataclysme destructeur. C'était ce combat-ci qui risquait d'être le plus violent et le plus mortel de tous. Ils en avaient bien conscience, et ils regardaient les adversaires se faire face, avides…
Le soleil était à son zénith.
Gaara et Karin se firent face. Deux enfants à la peau pâle et aux cheveux rouges, le visage grave, irradiant quelque chose de solennel et de féroce à la fois. Tous les deux avaient conscience que ce qui se jouait ici était bien davantage qu'un simple match. Un instant, le silence régna…
– Commencez ! déclarer l'examinateur.
Les dés étaient jetés.
Ils attaquèrent.
oOoOoOo
Karin bondit en avant.
Son cœur battait comme celui d'un lapin pris au piège et elle avait terriblement conscience du danger dans lequel elle se trouvait, mais il y avait un point où la terreur se transforme en quelque chose d'autre, en une force frénétique et furieuse qui vous pousse en avant. Face à une situation désespérée, l'être humain a toujours trois instincts primitifs : flight, fight or freeze. Fuir, combattre ou se figer. Et quand ils étaient acculés… La plupart des ninjas se découvraient une énergie insoupçonnée, une rage de vivre et une fureur terrifiée au-delà de ce qu'ils auraient imaginé. Le côté scientifique de Karin se demandait si ça ne tenait pas à la mentalité particulière qu'on avait quand on était poussé à bout : après tout, le chakra était un mélange d'énergie physique et spirituelle, alors n'était-il pas logique que le mental puisse l'influencer ? C'était comme la prétendue « volonté du feu ». Cette histoire d'amour qui rend plus fort, c'était n'importe quoi. La Volonté du Feu, c'était simplement une méthode de concentration de son chakra, focalisée par la puissance brute de ses émotions et canalisée par sa détermination.
Historiquement, la Volonté du Feu était créditée à Hashirama, et on racontait que c'était une doctrine Senju. Karin était poliment incrédule à ce sujet. Les Senju, qui ne donnaient même pas leur nom de famille à leurs enfants à moins qu'ils s'en soient montrés dignes, qui avaient un système hiérarchique rigide et un modèle familial quasi-inexistant, prôner la force de l'amour comme méthode de concentration ? Pfff ! C'était plutôt un truc qui venait des Uchiha, ça. Les Uchiha avaient tenté de cultiver une réputation de dignité et de froideur après la fondation du village, mais toute la documentation venant des guerres claniques indiquait que la sérénité n'avait absolument pas été leur truc. Les Uchiha avaient peut-être tenté d'émuler les Hyuga, se sentant sans doute insulté par leur classe, mais au fond, ils restaient un clan du feu : féroces, passionnés, furieux. Ah, le feu, d'ailleurs… Encore un indice indiquant que la Volonté du Feu était un truc qui venait de leur clan. Le nom avait peut-être été popularisé par Hashirama mais le concept ne venait certainement pas des Senju !
Quand on y pensait… Il était difficile de savoir ce qui venait des Senju et des Uchiha ou même de tel ou tel clan, tant les coutumes s'étaient mêlées à Konoha. De nombreux bouquins d'Histoire se contredisaient les uns les autres. On sentait que la version officielle avait souvent été révisée. Les plus anciens bouquins sur les Uchiha parlaient sans réserve de la force de leur amour et de la puissance dévastatrice de leur désespoir, mais ça s'estompait dans les éditions plus récentes, jusqu'à ne plus parler que de leurs hauts-faits sur le champ de bataille et de leur penchant pour la violence. De même, les vieux textes sur les Senju parlaient de discipline, de devoir et d'honneur, d'un leadership basé sur la force et non pas la lignée, et d'une ferme croyance en la supériorité de l'esprit sur l'émotion. Et puis ces textes changeaient, prônant une philosophie plus sentimentale, arguant qu'Hashirama avait été le modèle des Senju (alors qu'à l'époque des guerres claniques, il avait complètement excentrique, et que s'il n'avait pas été aussi fort, il aurait hors de question qu'il soit seulement considéré pour mener son clan !). Les Senju passaient pour les gentils, une preuve que la bonté triomphait toujours… Alors qu'en réalité, ils avaient simplement eu l'armée la mieux organisée.
Bref. On ne pouvait pas vraiment se fier à l'Histoire, ou plutôt à ceux qui la racontaient. Le passé était trop facilement tordu et manipulé. Il fallait se concentrer sur le présent.
L'esprit de Karin avait tendance à faire des bonds en avant totalement invraisemblables, parfois en plein milieu d'un combat, mais ça ne l'empêchait pas de rester focalisée sur le présent. En l'occurrence : la peur qui ne faisait que nourrir sa férocité. Le danger qui se trouvait face à elle.
Et son plan pour survivre à cette bataille.
Karin tenta d'abord une approche au taijutsu, testant la défense du sable de Gaara. Elle était aussi forte physiquement que Lee, mais pas aussi douée ni aussi vive, et même si elle parvint à asséner quelques coups, il devint vite évident qu'elle ne pourrait pas passer à travers son Bouclier de Sable. Elle bondissait, frappait, reculait, mais il parait constamment. Et pourtant Karin était loin d'être faible. Elle n'était pas Lee, ou Sasuke, ou Neji (eux, ils étaient des monstres du taijutsu) mais elle était forte. Chacun de ses coups faisait exploser le sol, et elle bougeait si vite qu'on peinait à la suivre du regard. S'il avait fallu faire un classement des Genins selon leurs prouesses en force et en vitesse, Karin serait sans doute arrivée juste derrière Neji, ce qui n'était pas mal du tout…
… Mais apparemment pas assez pour battre Gaara. Crotte ! Vraiment, seul Lee et peut-être Sasuke étaient à la fois assez costauds et assez vifs pour combattre cette barrière de sable au corps à corps. Karin n'y arriverait pas, pas à son niveau actuel. Il lui fallait prendre de la distance… Et passer à quelque chose de plus percutant.
– Doton : Mur de Terre !
Au lieu de s'élever entre elle et son ennemi comme un rempart, le mur sembla exploser du sol en ligne droite depuis Karin à Gaara, heurtant le Jinchuuriki comme un boulet de canon. VLAM ! L'impact fut si puissant qu'il passa à travers la défense du sable, et Gaara fit un vol plané en arrière, les yeux écarquillés par la surprise. Dans le public, il y eut des acclamations appréciatrices. Gaara n'était pas K. O. (il se relevait déjà) mais il avait été touché, il avait été blessé !
Excellent. Merci Tenzō-sensei, qui lui avait appris ce Doton lors d'un entraînement commun entre leurs équipes. C'était un Jutsu de rang B, et donc pas à la portée de la première brêle venue, et coûteux en chakra… Mais on pouvait l'utiliser de façon très créative. Karin esquissa un sourire carnassier et poussa son avantage :
– Doton : Étreinte Tectonique !
Elle plaqua ses mains sur le sol et ce fut le chaos.
La terre se fractura, se disloquant en gigantesque blocs se culbutant et se cognant comme les vagues d'un océan en plein typhon. L'examinateur poussa un glapissement outré et se mit à l'abri sur l'un des murs de l'arène, mais Gaara fut englouti par la tempête rocheuse. Le sol se déchaînait, se disloquait, aucun endroit n'était sûr : le rugissement assourdissant du cataclysme était si puissant que Karin sentait les vibrations jusque dans ses dents.
Cela ne dura pas longtemps. Trente secondes plus tard, le rugissement de l'avalanche prit fin, et peu après ses échos cessèrent de résonner dans toute l'arène. Le sol était absolument dévasté, comme retourné par un séisme. Il n'y avait plus un seul arbre debout. Des crevasses et des amas de rochers gigantesques avaient transformé le sol plat en paysage de fin du monde. Comme si un géant avait piqué un caprice et ravagé l'arène. Des blocs de terres et de roches de plusieurs tonnes étaient sens dessus-dessous. Le sol était devenu boueux, fracturé et instable… Et les oreilles de Karin sonnaient encore.
L'Étreinte Tectonique était supposée être un simple Jutsu de rang C, mais si on le surchargeait en puissance, les résultats étaient… très satisfaisants.
Pendant une, deux, trois secondes, tout fut silencieux. Karin s'efforça de respirer lentement. Balancer deux gros Jutsu comme ça, coup sur coup, avait sérieusement puisé dans ses réserves. Elle avait gaspillé peut-être un tiers de son chakra, et elle était sans doute la Genin la plus endurante de Konoha (après Naruto, peut-être). À présent, il fallait qu'elle mise sur des attaques plus subtiles. Ce genre de Jutsu était très efficace pour pulvériser un régiment d'ennemi, mais Karin, même si elle était une Uzumaki, n'avait pas encore le genre de réserves monstrueuse qu'on attend d'une spécialiste du ninjutsu.
Les secondes passèrent. Quatre… Cinq… Six… Il y eut des murmures de stupeur dans le public : est-ce que Karin avait réussi à abattre Gaara si aisément ? L'attaque avait été spectaculaire. Et il n'y avait plus aucune trace du Jinchuuriki à la surface. Comme s'il avait été enterré vivant par les mouvements tectoniques. Mais Karin, elle, ne baissa pas sa garde. Elle sentait que son ennemi était encore bien vivant. Son chakra se trouvait à quelques mètres en dessous du sol, et pas le moins du monde étouffé ou affaibli. Au contraire, il semblait grandir… grandir… L'adolescente écarquilla les yeux avec effarement, et bondit en arrière. Le sable, c'était le sable… !
Au centre de l'arène, le sol sembla s'écrouler sur lui-même. Dans un fracas de roc brisé et le grondement d'une cascade de sable, la terre s'affaissa, révélant ce qui ressemblait à une caverne souterraine entièrement faite de sable durci. Et au centre de cette caverne… Gaara, debout, impassible, indemne.
Il s'était caché dans un cocon de sable, le petit enfoiré. Pas étonnant qu'il ait survécu à ce Jutsu destructeur. Son sable… Son sable l'avait protégé. Non, son sable avait même profité du chaos ! Car les rochers qui s'écroulaient en révélant sa cachette étaient happés par le sable et broyés, devenant gravats puis gravillons puis grains de sables à leur tour, et Karin retint une grimace. Quelle idiote d'avoir cru pouvoir vaincre Gaara avec du Doton ! Le Doton était la terre, mais qu'est-ce que le sable sinon de la roche broyée ? Englouti par l'étreinte Tectonique, Gaara avait simplement pulvérisé le roc avec lequel il entrait en contact, se protégeant dans un bassin de sable… tout en augmentant ses munitions. La quantité de sable qui l'entourait à présent représentait presque cinq ou six fois le volume de sa gourde.
Gaara du Désert. Le nom était bien choisi. Pas Gaara, qui venait du désert : Gaara, qui amenait le désert avec lui, où qu'il aille.
Le sable se rua vers Karin. Et elle décida qu'il était temps de sortir les grands moyens.
(Oui, parce que techniquement, terraformer l'arène entière, c'était un truc de petit joueur. Karin Uzumaki avait exactement le même sens de la démesure que ses deux professeurs, Gai et Tsunami. Sinon, où aurait été le fun dans tout ça ?)
Elle attrapa un rouleau de stockage dissimulé dans les plis de sa ceinture, et l'ouvrit en le jetant dans les airs. Le parchemin se déroula comme une bannière :
– Fūinjutsu : Tsunami-surprise !
Ah ah. Tsunami. Quel excellent nom. Tsunami-shishou trouvait que c'était une appellation ridicule pour une technique, mais Karin pensait que c'était parfait. Surtout quand c'était grâce aux Invocations de Tsunami, qui étaient allées jusqu'à l'océan pour remplir ce rouleau de stockage, que cette technique avait été mise au point…
Avec un rugissement, le parchemin expulsa un véritable raz-de-marée d'eau salée.
Prenez un instant pour reculer, et contempler cette image. L'eau prend de la place. Une piscine olympique, mesurant cinquante mètres de long sur vingt-cinq mètres de large et deux mètres de profondeur, contient environ deux mille cinq-cents mètres cubes d'eau. Difficile à visualiser ? Pensez donc que ça fait plus de deux mille tonnes. Quand cette quantité de flotte est déversée d'un seul coup, ça fait du volume. De la force. Comme une avalanche d'eau sous pression. Le rouleau de stockage contenait environ deux fois cette quantité : de quoi transformer toute l'arène (qui était vaste et avait un sol en terre relativement poreux) en piscine… Mais surtout, de quoi écraser un être humain comme un moustique. C'était la force d'un bâtiment qui s'écroule, c'était la force d'un millier d'éléphants s'abattant d'un coup sur le sol, c'était assez pour faire trembler toute l'arène comme sous l'effet d'un séisme. Le sable battit en retraite vers Gaara, comme rattrapé par un instinct primitif de survie. À vrai dire, tout le sable accumulé sous lui se dressa et s'enroula autour du Jinchuuriki comme un hérisson se met en boule…. Et à peine un instant plus tard, la vague s'écrasa sur lui.
Même sans le voir à cause de la boue soulevée par le tsunami (ah ha), Karin pu sentir le chakra de Gaara baisser. Et pas juste sous l'impact, qui força Gaara à mettre toute sa force dans le sable pour que sa protection tienne le coup. Non, baisser physiquement. La vague avait enfoncé sa bulle de sable dans le sol comme un marteau qui s'abat sur un clou. Si Gaara n'avait pas eu cette défense, il aurait été réduit à l'état de compote sanglante.
Le public hurlait, hystérique et enchanté. Karin les entendait à peine : le sang battait à ses oreilles, et tout son être était focalisé sur le combat.
Le rouleau de stockage, projeté dans les airs au moment de la libération du tsunami, retomba mollement et fut immédiatement englouti par les flots déchaînés qui avaient envahi l'arène. Même la Grande Cataracte de Shizuma Hoshigaki n'avait pas fait ce genre dommage. Oh, il avait ravagé l'arène, mais Karin l'avait remplie. L'énorme vague s'était écrasée par terre, se propageant sur toute la surface de l'arène jusqu'à heurter les murs, provoquant des vagues dans l'autre sens : de sol humide, l'arène était devenue un lac boueux agité de vagues furieuses. La profondeur ne devait pas dépasser cinquante centimètres. Si Karin cessait de mettre du chakra dans ses pieds pour marcher sur l'eau, elle ne s'enfoncerait même pas jusqu'aux cuisses. Mais… c'était bien assez pour complètement noyer le sable de Gaara. Ça le ralentirait considérablement.
Et surtout : l'eau était un élément essentiel du reste du plan.
Karin avait un contrôle du chakra moyen, sans doute un peu faible pour un kunoichi, mais tout à fait acceptable pour une combattante de première ligne. Suffisant pour jeter des genjutsu, peut-être même apprendre la Paume Mystique si elle décidait de s'y mettre (ce qu'elle s'était jusque-là refusée de faire)… Et aussi pour utiliser quelques astuces façon Tsunami Uchiha. Comme manipuler de l'encre en y injectant son chakra. Karin sortit de sa ceinture un autre rouleau de stockage…
Et Gaara, qui en avait sans doute assez de se prendre des coups dans la figure, jaillit du sol dans une explosion de sable détrempé.
Son visage était déformé par un feulement de rage presque animal. Avec ses cheveux et ses vêtements trempés, il ressemblés à une sorte de créature sauvage et à demi-noyée. Pour la première fois depuis le début du combat, sa fureur était devenue si viscérale, si incontrôlée, que sa haine semblait se propager autour de lui comme une onde de chaleur. Autour de lui le sable se souleva, comme animé d'une vie propre, et se rua vers Karin. Même alourdi par l'eau, son sable était rapide, et la jeune Uzumaki battit vivement en retraite. Le sable était pratiquement sur elle, vite ! Elle attrapa un autre rouleau, l'ouvrant en grand juste avant l'impact…
– Fūin !
La masse de sable qui se ruait vers elle n'était que ça : une masse, une chose, une quantité unifiée de matière. Le sceau de stockage vide s'activa dès que le premier grain de sable toucha le parchemin : et tout le sable de Gaara se volatilisa, aspiré et scellé à l'intérieur du papier. D'un seul coup, plusieurs tonnes de roche broyées se volatilisèrent d'un coup. Karin venait de voler son arme à Gaara.
Enfin la majeure partie de son arme… Car ce n'était pas fini pour autant : Gaara avait toujours du sable sous ses pieds, autour de son corps, bref, il n'était pas sans défense. Il était affaibli, cela dit, et à en juger par son air dément, il en avait bien conscience. Avec ses yeux fous, l'eau boueuse qui dégoulinait de ses cheveux et ses vêtements, son visage tordu par la rage, et le feulement animal qui jaillissait de ses lèvres… Il semblait à peine humain. Un monstre, oui. Il n'avait jamais autant ressemblé à un monstre.
D'un geste furieux, il lança le reste de son sable à l'attaque. Karin serra les dents. Il attaquait, mais il avait moins de sable, alors ça voulait dire que… ! Elle contra avec une volée de shurikens : et comme elle s'y attendait, le sable fut obligé de se dresser comme une barrière pour protéger le Jinchuuriki, abandonnant son assaut. Il ne pouvait pas attaquer et se défendre en même temps. Enfin, il pourrait, s'il avait plus de sable…. Mais il n'en avait pas beaucoup, et il ne pouvait pas en produire très vite, parce qu'il fallait concasser la roche en tous petits morceaux, et que Gaara n'avait pas l'habitude de travailler sur un terrain détrempé comme celui-là…
Karin commençait à reprendre le contrôle de la situation. Elle le sentait. Gaara aussi devait le sentir, et cela ne fit qu'enflammer sa colère. Il laissa échapper un cri de frustration inarticulé.
– ASSEZ ! Ton sang… Je veux ton sang !
– Tu peux rêver ! feula l'Uzumaki.
Le sable repartit à l'attaque. Cette fois Karin répliqua avec des notes explosives, puis d'autres kunais, puis un Doton pour attirer Gaara sous la surface (et avec un peu de chance, le noyer). Toujours, le sable contra ses attaques. Affaiblie ou non, la défense absolue de Gaara était belle et bien… absolue. Mais niveau attaque, sceller son sable et le noyer comme un rat dans un égout l'avait grandement affaibli. Le sable était plus lent, toujours trempé (Gaara n'avait jamais appris à essorer son sable pour en évacuer l'eau !). Karin dut se retenir pour ne pas ricaner d'un air maniaque. Les grands rires de psychopathe en plein combat étaient plutôt une spécialité de Tsunami-shishou, mais là, ça aurait été parfaitement justifié. L'adrénaline, la peur et l'ivresse du combat lui donnaient envie de rire comme une démente. Gaara était fort, plus fort qu'elle, mais elle avait un plan, elle avait des armes, elle avait le Fūinjutsu, et elle allait le battre !
Elle tira de sa ceinture un troisième rouleau de stockage, plus petit. Cette fois quand elle l'ouvrit, ce ne fut pas un tsunami d'eau qui s'en déversa, mais des dizaines de fils d'aciers qui apparurent dans nuage de fumée et fusèrent vers Gaara pour l'enserrer dans une nasse de fils tranchants comme des rasoirs.
Profitant de la fumée, Karin brisa une grosse bouteille d'encre qui coula immédiatement sous la surface : mais ça, personne ne s'en rendit compte.
Avec un grondement presque animal, Gaara relança son sable à l'attaque, mais ce n'était clairement pas suffisant et il eut aussi besoin d'esquiver physiquement les fils d'acier…. Puis d'esquiver encore, parce que Karin les avait saisis d'une main et utilisait son chakra pour les guider. Elle n'était peut-être pas une médic au contrôle impeccable comme Izumi (qui pouvait sans problème manipuler dix fils d'acier de plusieurs dizaines de mètres comme si c'était de simples extensions de sa volonté), mais Karin avait quand même été élevée par des Uchiha, et les techniques de manipulation des fils étaient une de leur spécialité. Hikari, Sasuke, Tsunami, Izumi, même Neji savaient manier les fils d'aciers. Souvent en combinaison avec des shurikens ou des kunais, mais… Rien que par eux-mêmes, ces fils de métal tranchants étaient des armes redoutables. Faisant claquer les fils comme un fouet, Karin les relança à l'attaque, et cette fois elle bondit également en avant, se précipitant vers son ennemi. Gaara écarquilla les yeux.
Il battit en retraite, son sable réagissant instinctivement pour le protéger, et le rictus féroce de Karin s'élargit. Presque… Presque…
Maintenant !
L'encre qu'elle avait laissé couler sous la surface, faite avec son sang et gorgée de son chakra, répondit à sa volonté et claqua en place comme un élastique qui reprend sa forme. L'encre remonta à la surface d'un coup, s'étalant comme une fleur qui éclot instantanément, formant un motif de plusieurs mètres avec lequel absolument tous les ninjas de Konoha étaient atrocement familiers, un motif dont Gaara était le centre….
Le sourire de Karin devint carnassier.
(Elle était l'élève de Gai, mais surtout, elle était l'apprentie de Tsunami Uchiha… Et une Uzumaki. N'était-ce pas élégant de gagner en utilisant le sceau favori de son mentor, la fameuse note explosive instantanée ? Jadis, Tsunami avait battu Itachi avec cette technique. Et aussi forte qu'elle soit, la défense de Gaara n'était certainement pas un Susanoo.)
– Explosion !
Avec une déflagration assourdissante, son sceau explosa.
Même à la surface de l'eau, une note explosive de cette taille pouvait faire d'énorme dégâts. La détonation transforma l'intégralité du pédiluve boueux en un gigantesque geyser de vapeur, d'eau bouillante, de flammes et de boue surchauffée. Karin se protégea avec un Doton mais elle était trop proche, et elle laissa échapper un cri de douleur quand la vague d'eau en ébullition la heurta. Bon sang, ça brûlait, ça brûlait…. ! Elle se mordit les lèvres jusqu'au sang pour ne pas hurler, mais de toute façon la douleur lui avait coupé le souffle. Elle ne voyait plus rien avec cette vapeur, et bon sang elle allait être couverte de brûlure au second degré sur tout le corps… ! Bordel, elle y avait mis trop de puissance. Pouvait-elle continuer à se battre ainsi ? Est-ce qu'elle avait eu Gaara ?! Elle ne l'entendait pas mais son chakra était toujours là, erratique et terrifié, irradiant d'une terrible douleur et d'un sentiment d'horreur plus grand encore.
Karin essaya de détendre ses muscles et gémit aussitôt de douleur. Bon sang, si elle avait été ébouillantée à ce point, Gaara devait être carbonisé. Était-il en état de se battre ? Il faudrait qu'il soit un monstre pour s'être tiré indemne de cette explosion. Il avait été en plein milieu, et son armure de sable était détrempée, ce qui voulait dire que l'eau dans son sable, collée à tout son corps, était elle aussi entrée en ébullition. Si se faire ébouillanter n'avait pas mis ce gars hors-jeu, Karin ne savait pas ce qu'il fallait de plus. Elle, en tous les cas, n'était plus en état de faire grande chose. Pas avec ses blessures….
Ses blessures. Il fallait qu'elle s'occupe de ça, mais… L'idée d'utiliser cette technique… Rien que d'y songer, son estomac se soulevait. Peut-être qu'elle pouvait faire avec ? Ce n'était que des brûlures. Elle pouvait sans doute…
Au milieu du nuage de vapeur et de fumée, il y eut soudain un affreux hurlement d'effroi. La voix de Gaara.
– Mal… ! J'ai MAL ! J'AI MAL !
Oh non. Cela voulait dire que le combat n'était pas fini ! Affolée, Karin tâtonna sa ceinture à la recherche d'un autre rouleau de stockage… Et retint un cri de douleur quand sa main effleura sa taille. Bon sang, elle était brûlée de partout. Ses blessures étaient…. ! Argh, elle n'avait pas le choix. Karin réprima un haut-le-cœur. Elle jeta un regard furtif autour d'elle, mais avec la vapeur et la fumée qui avaient envahi l'arène, le public ne voyait sans doute pas clairement ce qu'elle faisait. Ravalant son dégoût, Karin se mordit la main… Et immédiatement, elle put sentir son chakra se propager son propre corps, activant ses capacités régénératives. Sa peau écarlate et brûlée se résorba, redevenant d'apparence saine.
La trace de morsure sur sa main se résorba elle aussi, et Karin ne put s'empêcher de ressentir un abject soulagement. Ça pouvait semblait stupide de penser à ça en plein combat avec un Jinchuuriki, mais en se mordant la main, elle n'avait pas pu s'empêcher de se souvenir, avec une clarté horrible, des bras de sa mère et de leurs innombrables cicatrices de morsures.
Elle expira profondément. Elle aurait une crise de conscience plus tard. Pour l'instant, la priorité était Gaara… Parce que cet enfoiré n'était apparemment pas assez malin pour s'avouer vaincu même après avoir été rôti et ébouillanté, apparemment. Karin glissa la main dans les plis de tissu de sa ceinture. Elle avait encore quelques armes dans sa manche : un second rouleau de stockage vide, quelques sceaux piège-à-loups pour l'immobiliser, des sceaux assommoir. Elle pouvait s'en sortir, si…
…. Une minute.
Qu'est-ce qui était en train de se passer dans les gradins ? Il y avait soudain beaucoup de chakra, tellement que même en ayant ses capacités sensorielles focalisées sur Gaara, Karin l'avait perçu. C'était… Comme si quelqu'un était en train de lancer un genjutsu sur…
Il y eut une gigantesque explosion dans la loge des Kages.
Et soudain, l'arène ne fut plus le seul endroit plongé dans le chaos.
oOoOoOo
Tout se passa d'un seul coup. Le genjutsu fut lancé sur les gradins par Kabuto, et les spectateurs commencèrent à s'affaisser. Bien sûr, la quasi-totalité des ninjas sentirent le piège et brisèrent l'illusion, mais l'attaque était déjà lancée. Dans les secondes qui suivirent, il y eut une énorme explosion dans la loge des Kages. Puis une explosion, plus grande et plus brûlante encore, au milieu des gradins, là où six ninjas différents s'étaient rués sur Pakura… Et ensuite…
Le pandémonium le plus total.
Des dizaines de ninjas se ruèrent les uns sur les autres, Kusa attaquant Konoha, Konoha attaquant Suna, Suna attaquant Suna, et Kiri attaquant tout le monde. Genin, Chuunin, Jounin, en uniforme ou en civil, tous étaient happés dans la bataille sans même avoir le temps d'établir une stratégie. Comme un bulldozer, Chōza Akimichi défonça un mur, libérant un passage pour le flot de civils affolés. Kakashi était déjà engagé dans un féroce affrontement avec Kabuto Yakushi, leur échange de taijutsu si vif qu'on peinait à les suivre du regard. Gai s'était rué à l'attaque contre une dizaine d'ennemis à la fois. Pakura n'était plus nulle part en vue, n'ayant laissé derrière elle qu'un gigantesque cratère et les cadavres desséchés des six personnes ayant tentées de l'attaquer en même temps (et qui portaient tous des bandeaux ninjas de Suna). Un ninja de Kiri esquiva un kunai, puis se mit à moissonner sans état d'âmes les combattants les plus proches (un ninja de Kusa, puis un Konoha, puis deux de Suna) avant de se retrouver engagé dans un féroce combat avec Asuma Sarutobi.
En moins de deux minutes l'affrontement se mit à déborder dans les rues, certains cherchant à fuir le combat et étant poursuivi sans merci, ou d'autres cherchant à attirer le combat dans un espace plus vaste afin d'avoir plus de liberté de mouvement. Et au même moment, les forces de Suna dissimulées dans la forêt attaquèrent les murs du village, envahissant les lieux comme une horde de bêtes sauvages.
Dans la loge des concurrents de l'examen, Kidômaru attaqua Sasuke avant même que l'écho de la première explosion se soit tu… Mais le jeune Uchiha était vif, et bondit hors d'atteinte. Kidômaru n'eut pas le temps de le pousser davantage : Ino Yamanaka et Naruto Uzumaki, jusque-là figés par la surprise, s'étaient jetés à l'attaque instinctivement. Kidômaru était fort, mais contre le Jinchuuriki, un Sharingan, et une gamine qui pouvait posséder ses adversaires ? Il allait mettre un temps fou à les tuer. Du coin de l'œil, il vit que Temari avait profité du chaos pour bondir dans l'arène, se précipitant vers Gaara, et il ne put retenir un rictus de mépris. Pathétique.
– Qu'est-ce qui se passe ? beugla Naruto en brandissant un kunai d'un air menaçant.
Oh, celui-là devait vraiment être stupide, s'il n'avait pas compris la situation. Kidômaru esquissa un sourire plein de dents, et se tourna vers Sasuke :
– J'aurais aimé t'apporter en offrande à Orochimaru-sama, Uchiha. Mais je n'ai pas de temps à perdre avec le menu fretin.
– Hey ! s'égosilla Naruto, furieux d'être ignoré. Tu m'as pas répondu !
– C'est une invasion, siffla Ino Yamanaka sans quitter Kidômaru du regard. Kusa attaque Konoha !
Il émit un ricanement mauvais :
– Bien vu, blondie. Kusa… Suna… Et Kiri, probablement, vu à quel point il est facile de leur faire perdre leur calme. Admirez le chaos, les enfants ! Le temps de votre précieux village est compté.
Et il se volatilisa en Shunshin, juste à temps pour éviter les shurikens lancés par Ino et Naruto en même temps.
En contrebas, dans l'arène, il y eut une volée de jurons. Temari avait passé un bras de Gaara sur ses épaules et s'enfuyait avec lui. Karin s'était lancée à leur poursuite. Sasuke pesta, et son regard se dirigea brièvement vers les gradins où régnait le chaos… Hikari, Neji, Izumi, Sakura, Kiba, est-ce qu'ils avaient besoin d'aide ? Non, ils étaient ensemble, ils avaient des gens pour veiller sur eux. Karin, en revanche, était en train de se lancer seule à la poursuite d'un ennemi redoutable. Sasuke ne pouvait pas la laisser partir sans renforts.
– Non, Sasuke-kun ! plaida Ino qui avait vu la direction de son regard. C'est trop dangereux !
Sasuke l'ignora, et fila à la poursuite de Karin. Ino poussa un grognement désespéré… qui se transforma en exclamation incrédule quand Naruto bondit également à la suite du jeune Uchiha, s'écriant à tue-tête qu'il n'était pas question d'être laissé en arrière.
Ino eu soudain très envie de fracasser quelque chose. Si possible le crâne de ces deux garçons stupides. Est-ce qu'ils n'avaient pas vu le bordel que c'était ? Il fallait se regrouper ! Porter secours aux civils ! Trouver un supérieur hiérarchique pour établir une stratégie ! Pas forcer comme des idées derrière le premier gars qui s'enfuyait ! Bon sang, ils étaient des ninjas, ils étaient supposés avoir une meilleur maîtrise de leurs instincts que des labradors !
Et justement, parce qu'ils étaient des ninjas… Ils ne pouvaient pas laisser un des leurs affronter seul un ennemi bien plus puissant. Gaara était blessé, mais il était incroyablement fort. Et avec Temari… Et peut-être d'autres renforts hors de l'arène… Sasuke et Naruto avaient beau être costauds, ils allaient se faire hacher menus.
– Ah, les garçons ! pesta Ino.
Et elle bondit sur leurs traces.
oOoOoOo
Le clan Hyuga n'était pas prompt à la panique. Ils étaient très attachés à leur image de ninjas froids et posés, maître d'eux-mêmes en toutes circonstances. Ils se déplaçaient avec précision et détermination, ils ne s'affolaient pas, et ils ne cédaient pas à la désorganisation. Ils étaient des Hyuga. Mais… À leur décharge, ils n'avaient jamais fait face à une invasion. Les plus jeunes n'avaient jamais vu la guerre. Alors était-ce vraiment leur faute, s'il n'était pas préparés ? S'ils tombèrent dans le piège ?
Les Hyuga se jetèrent à l'attaque. Mais ils furent vite éparpillés. Il y avait trop d'ennemis. Trop de surprise. Les Hyuga retombèrent sur leurs automatismes : éloigner les plus faibles (les poids morts, les fardeaux, les indésirables) tandis que les plus forts continuaient l'attaque. Renvoyer les plus vulnérables au district Hyuga, en sécurité. Car bien sûr, rien ne pouvait leur arriver au district, à la maison, pas vrai ?
Aussi, alors qu'Hiashi et les meilleurs combattants du clan restaient dans les gradins pour combattre, un groupe plus petit ne tarda pas à se détacher d'eux. Les deux princesses et quelques anciens de la Sôke, vaillamment gardés par une poignés de membres de la Bunke, battirent en retraite.
Cela aurait pu marcher, si une certaine personne n'avait pas eu l'instruction explicite de ramener un Byakugan à Orochimaru.
(C'était le problème d'Orochimaru : il en voulait toujours plus. Durant des années, il avait expérimenté sur tout un tas de cobayes issus des clans de Konoha. Danzō avait été un excellent fournisseur, toujours prompt à lui donner accès aux ANBU de la Racine dès lors qu'ils étaient un peu mutilés. Orochimaru s'en fichait, qu'un Yamanaka au regard vide ait perdu une main, ou qu'un Nara aux traits tirés ait eu la colonne vertébrale disloquée. Ce qui l'intéressait était leurs kekkei genkai, pas leurs capacités physiques. Ah, comment il avait pu s'amuser en ce temps ! Konoha abritait presque une centaine de clans détenteurs de kekkei genkai, et il fallait tous les explorer, les étudier, les disséquer. Comme c'était passionnant ! Orochimaru avait percé le secret de la manipulation des ombres des Nara, même s'il n'avait jamais pu la reproduire : il avait trouvé le moyen de contrecarrer les techniques Yamanaka : il avait isolé et manipulé le petit élément de chakra animal qui rendait les Inuzuka si compatibles avec leurs ninken… Oui, Orochimaru avait étudié tous les clans. Même les Senju, surtout les Senju. Mais il y avait un type de kekkei genkai dont certains clans étaient particulièrement protecteurs… Les Dôjutsus. Ces yeux merveilleux imprégnés de pouvoir. Ses recherches sur les Uchiha n'avaient jamais pu décoller. Quant à ses recherches sur les Hyuga, elles s'étaient toutes heurtées à un mur, et il ne savait pas si ça rendait les choses meilleures ou encore plus frustrantes ! Oh, mettre la main sur un Hyuga vivant n'était pas dur. Mais les recherches d'Orochimaru s'étaient toujours arrêtées là où le pouvoir du Sceau de l'Oiseau en Cage commençait. Impossible d'aller plus loin. Les Hyuga protégeaient les membres de la Sôke avec la même férocité que… eh bien, que les Uchiha protégeaient toute leur famille.)
(Alors bien sûr, maintenant qu'Orochimaru avait une opportunité de compléter ses recherches, il n'allait pas cracher dessus. Et confier cette sordide besogne à quelqu'un que ça dégoûtait… ah ah. Ça ne rendait la chose que plus savoureuse !)
Le petit groupe de Hyuga marchait d'un pas vif, presque militaire. Les six ninjas de la Bunke formaient un cercle défensif autour des deux princesses et des anciens. La Bunke, protégeant la Sôke, comme toujours. Hanabi et Hinata marchaient côte à côté, presque pressées l'une contre l'autre, tendues et effrayées. Depuis plusieurs années, les deux sœurs ne se parlaient quasiment plus. Leur père les avait dressées l'une contre l'autre, ou plutôt il avait dressé Hanabi contre son aînée tout en invectivant Hinata qui n'avait pas la force d'en faire de même. Mais là, en cet instant, rivalité et rancœur étaient oubliées : et elles se tenaient presque la main, redevenue seulement deux enfants effrayées.
Ils avaient atteint une vaste rue déserte. Quelques corps jonchaient le sol, témoignant d'affrontement, mais clairement le combat s'était déplacé ailleurs. Les Hyuga accélérèrent. Ils n'utilisaient pas le Shunshin, mais presque.
– Shakuton : Meurtre par la Vapeur.
Six orbes de pure chaleur apparurent autour de Pakura, illuminant la ruelle parallèle où elle se trouvait. Le temps que les Hyuga fasse face au danger, il était trop tard. Qu'auraient-ils pu faire de toute façon ?
Les six orbes fusèrent sur eux. Un des membres de la Bunke se plaqua au sol, attrapant Hinata et Hanabi pour les couvrir, et cela lui sauva la vie. Les autres, qu'ils tentèrent de parer les orbes de chaleur à mains nus ou avec des kunai, connurent tous le même sort. L'ancien qui tenta de repousser l'orbe de chaleur avec une attaque du Poing Souple était le plus près d'Hinata, et elle vit l'orbe passer à travers son attaque, heurter le vieil homme, et son hurlement…. ! Dans une colonne de vapeur, toute l'eau contenue dans son organisme s'évapora, les traits du visage du vieil homme se contorsionnant dans une grimace d'épouvante, se craquelant, se figeant juste au moment où son corps s'écroulait. Momifié vivant. Sa peau était devenue aussi sèche et craquante qu'un vieux parchemin, et lorsqu'Hinata chercha son regard, horrifié, elle réalisa avec un choc que ses yeux avaient explosés.
Hinata ravala un hoquet de terreur. Kurenai-sensei n'aurait pas flanché comme ça. Kurenai-sensei était forte, douce, calme, dangereuse et aimante à la fois, et Hinata voulait désespérément être comme elle. Alors elle ravala sa terreur, et tourna son regard vers l'ennemi.
Kō-san, le membre de la Bunke qui avait eu le réflexe de protéger les princesses, roula de côté et se redressa d'un bond, mettant les deux filles derrières lui d'un geste aussi féroce que futile. Il n'y avait rien qu'il puisse faire. Pakura s'avançait, calme et imperturbable, comme si elle ne venait pas d'éliminer sept personnes d'une façon horrible en moins de trois secondes.
Pakura s'immobilisa à trois mètres de Kō-san. Son regard était impassible et grave. La première fois qu'elle l'avait vu, Hinata ne l'avait pas reconnue, et pourtant Pakura était une kunoichi très distinctive, avec sa haute taille, ses cheveux verts et orange, et surtout la réputation qui la précédait. Une héroïne de guerre de Suna. Une Jounin de rang S. L'ultime détentrice du Shakuron, le kekkei genkai de la chaleur.
Le Shakuton était un kekkei genkai destiné à la destruction. Fusion de deux affinités élémentaires, le Katon et le Fuuton, c'était la chaleur à son plus extrême degré. Heurté par une attaque de Shakuton, la terre devenait pierre, le feu devenait hors de contrôle, les plantes mourraient… et le corps humain se desséchait au point d'être momifié vivant. Peut-être que le Suiton pourrait être une défense efficace. Mais sur ce point, Hinata réalisa avec horreur que les Hyuga étaient sans défense. Ils se battaient avec le Poing Souple, à mains nues, au corps à corps. Ils ne pourraient jamais battre Pakura, qui pouvait les tuer à distance sans le moindre effort.
– Hinata-sama, Hanabi-sama, murmura Kō-san sans quitter Pakura des yeux. Retournez au district Hyuga. Je vais la retenir.
Avant que les deux filles ne puissent protester, Pakura secoua la tête :
– Tu ne tiendras pas une minute, et je les rattraperai tout aussi aisément. Je n'ai besoin que d'une seule. L'autre peut partir.
Hinata cessa de respirer. Quoi ?! A côté d'elle, elle sentit Hanabi se raidir, réalisant sans doute ce que ça signifiait. Est-ce que Pakura serait à la recherche de… ?
– Non, déclara Kō-san d'un ton résolu. Je refuse.
– Ce n'est pas un choix qui est entre tes mains. J'ai conclu un marché. La paix et la prospérité de Suna… contre la tête d'une princesse Hyuga, non-endommagée. Je n'ai pas l'intention d'aller au-delà.
Puis le regard de Pakura s'adoucit, très légèrement, et elle déclara un ton plus bas :
– Mais sache également que, considérant l'identité de mon contractant, je n'ai pas l'intention de lui délivrer la princesse vivante.
C'était encore pire. Hinata déglutit, le sang battant à ses oreilles, terrifiées. Il n'y avait pas d'issue. Pakura était tellement forte. Kurenai-sensei avait dit que Pakura était tellement forte qu'elle aurait pu être Kazekage… et qu'elle était sans doute la seule personne capable de maîtriser Gaara, mis à part le Kazekage. Hinata avait vu de quoi Gaara était capable. Il était terrifiant, et il n'était qu'un Genin. Quels étaient les pouvoir de son sensei, une ninja de rang S ?! Kō-san n'avait aucune chance. Hinata et Hanabi n'avaient aucune chance non plus, et si elles restaient là, elles allaient mourir… !
Hanabi resserra sa prise sur la main de sa sœur. Hinata baissa les yeux sur elle, et réalisa avec un sursaut que sa petite-sœur tremblait. Elle avait les yeux rivés sur Pakura, et la mâchoire crispée pour se donner l'air brave : mais elle tremblait comme une feuille.
– C'est moi la cadette, chuchota-t-elle sans quitter l'ennemi du regard. Je ne porte pas le Sceau mais c'est moi qui aurais dû être… C'est moi qui dois…
Hinata comprit, soudain, et l'horreur remplaça la terreur. Hanabi était sa sœur cadette. Leur père avait sous-entendu qu'il comptait en faire une membre de la Sôke si Hinata continuait à être une disgrâce, à être faible et pleurnicheuse et inutile, mais il ne l'avait pas encore fait. Rien n'était officiel. Rien n'était définitif. Et donc, pour le reste du monde, Hanabi était destinée à la Bunke. Hanabi devait se préparer à être de la Bunke.
Hanabi devait être préparée à être utilisée comme une membre de la Bunke. A être utilisée, torturée, sacrifiée. Comme l'avait été leur oncle Hizashi, le père de Neji.
Non.
– Non, dit Hinata tout haut, sa voix tremblante mais audible.
– Onee-sama, je…
Doucement, Hinata poussa Hanabi contre Kō-san, puis elle s'écarta délibérément d'un pas sur la droite, quittant la protection de leur serviteur. Elle entendit son inspiration hachée, vit son tressaillement, et elle retint un sourire amer. Il avait compris.
Pakura ne bougeait pas, immobile, patiente. Son regard était fixé sur Hinata, à présent. Elle aussi, elle avait réalisé comment cela allait se finir. Hinata déglutit. Elle aurait voulu être capable de regarder son ennemi droit dans les yeux en faisant sa déclaration de guerre… Mais elle voulait que ses derniers mots soient adressés à quelqu'un qu'elle aime. Elle voulait pouvoir regarder le visage de sa petite sœur une dernière fois. Elle se retourna vers Hanabi et Kō-san, qui la fixaient avec la même horreur.
– Kō-san, dit-elle doucement. Ramène ma petite sœur à la maison. Je vais la ralentir.
– Hinata-sama, vous êtes de la Sôke, vous ne pouvez pas… !
– Tu es l'aînée, Onee-sama, tu n'as pas le droit, c'est à moi de… !
– Oui, les interrompit Hinata sans élever la voix. Je suis la fille aînée de la branche principale du clan Hyuga. Et ça signifie que c'est à moi de vous protéger, pas l'inverse. Pas à cause d'un sceau… pas à cause d'une tradition… mais parce que nous sommes un clan. Parce que nous sommes de la même famille, et que je veux protéger ma petite sœur.
Elle inspira profondément, retenant des larmes (d'émotion, de chagrin, de frustration, d'impuissance, de terreur) qui menaçaient de tomber. Puis elle pivota pour faire face à Pakura. Hinata activa son Byakugan, et lentement, pris une position de départ du Poing Souple.
A la périphérie de son regard, elle vit Kō-san hésiter, l'air déchiré. Puis il s'inclina vers elle. Il s'inclina bas, plus bas que la tradition ne voulait qu'on salue l'héritier, aussi bas qu'il aurait salué le chef de clan lors d'une cérémonie officielle.
– Hinata-sama, murmura-t-il.
Rien d'autre, mais ce simple mot, ce simple geste, était un soit une reconnaissance suffisante. Puis il se retourna, souleva Hanabi qui était restée pétrifiée, et bondit vers les toits. Hinata entendit sa petite sœur pousser un hurlement de protestation, appeler son nom, se débattant sans doute comme un beau diable. Mais dans le brouhaha distant des combats et des explosions, le son disparu très vite.
Il ne resta que Pakura et Hinata, face à face, immobiles et silencieuses.
Hinata se força à respirer calmement, profondément. Pakura ne pouvait pas utiliser son Shakuton contre elle puisqu'elle voulait son cadavre en bon état (ses yeux, elle voulait ses yeux, et Hinata essayait très fort de ne pas y penser), mais ça ne voulait pas dire que ça serait un combat facile. Pakura était une Jounin de rang S, alors qu'Hinata… Hinata était juste une Genin. La disgrâce des Hyuga.
Elle était devenue plus forte avec Kurenai-sensei. Un peu plus confiante, peut-être, aussi. En tous les cas, moins malheureuse. Elle avait découvert l'amitié et le soutien. Elle avait appris tout un tas de techniques non-Hyuga qui auraient fait rougir de honte son père, comme l'art de lancer des genjutsu, ou comment poser des pièges avec des fils d'aciers, ou comment manier les poisons. Ah, comme elle aurait voulu avoir ses senbons empoisonnés à présent ! C'était Ino qui les avait faits. Normalement, Hinata les avait toujours sur elle, mais aujourd'hui… Elle était habillée en civil, elle n'était venue assister aux combats qu'en tant que spectatrice. Elle avait déjà dû endurer plusieurs remarques acerbes de Père quand il avait vu qu'elle avait pris une pochette de kunais et de shurikens avec elle. Elle n'avait pas osé prendre plus.
Hinata était seule, et pratiquement désarmée, et face à une Jounin de rang S qui comptait la tuer. C'était une perspective terrifiante.
Et pourtant Hinata ne tremblait pas. Elle savait qu'elle ne pouvait pas gagner ce combat. Elle savait qu'elle allait mourir. Elle était terrifiée de mourir : elle aurait voulu se réconcilier avec Neji, et réussir à faire rire Yakumo, et passer plus de temps avec Ino, et pouvoir parler avec Naruto, et rendre Kurenai-sensei fière, et arrêter d'être une déception pour Père… ! Oh, il avait tant de choses qu'elle aurait voulu faire, elle ne voulait pas mourir, c'était tellement injuste ! Même avec le Byakugan activé, elle sentait les larmes lui monter aux yeux, déborder, ruisseler sur ses joues. Elle ne voulait pas mourir, elle avait peur, elle avait si peur.
Mais elle avait sauvé Hanabi. Elle avait protégé sa petite sœur. Son sacrifice ne serait pas inutile. Et même si les larmes coulaient, Hinata refuser de trembler. Elle avait fait son choix. Elle irait jusqu'au bout.
Pakura se mit en garde, elle aussi. Il y avait de la tristesse dans son regard, mais aussi, peut-être, une once de respect.
– Je ne rendrais pas les choses plus douloureuses que nécessaires, Hyuga-san.
Hinata savait que c'était une offre. Si elle se laissait faire, Pakura lui offrirait une mort propre et rapide. C'était tentant, aussi, d'échapper à ce combat sans espoir. Mais Hinata carra les épaules. Elle était peut-être faible et pathétique, mais elle était aussi une ninja. Une battante.
Elle ne ferait pas honte à Kurenai-sensei.
– Et je ne rendrais pas les choses plus faciles que nécessaires, Pakura-san.
La Jounin inclina légèrement la tête, acceptant son refus. Hinata ne mourrait pas sans honneur. Si ce combat était le dernier qu'elle livrait… un combat pour protéger sa famille… alors elle n'allait pas se rendre et être exécutée comme un animal à l'abattoir.
Le clan Hyuga s'en moquerait, sans doute. Ils l'avaient toujours vu comme un échec, une ratée. Mais Kurenai-sensei, Ino et Yakumo avaient cru en elle. Et Hinata leur ferait honneur. Son équipe méritait d'être fière d'elle, de la façon dont elle avait choisi sa mort.
Hinata leur adressa une prière muette. Elle aurait aimé faire ses adieux à son équipe. Elle aurait voulu dire merci, leur faire comprendre à quel point être aimée et appréciée avait changé sa vie. Mais il était trop tard, maintenant.
Pakura attaqua.
(Chaque action entraîne une réaction. Dans un autre monde Neji Hyuga aurait été plus violent dans son combat avec Hinata, et dans un autre monde elle n'aurait pas participé à la bataille pour la défense de Konoha. Dans un autre monde Pakura aurait été tuée des années plus tôt, victime de l'ambition de Kazekage, de la traîtrise de Kiri, et d'une fuite d'informations qui aurait sans doute pu être remontée jusqu'à Danzō. Et dans un autre monde, Orochimaru n'aurait guère cherché à posséder un Byakugan.)
(Mais ce n'est pas ce monde.)
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Voilà !
J'espère que ça vous a plu ^^ Du coup, ça sera sans doute le dernier chapitre de cette fic... Et dans quelques mois, je posterai la "note de fin" avec le début du chapitre suivant (j'avais écrit quelques pages avant de perdre l'inspi) et un résumé de mes plans.
Anyway.
Ce fut un plaisir de partager cette histoire avec vous =)
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