À l'aube, geôlier et prisonnier firent de nouveau un détour à l'infirmerie où Thatch dormait paisiblement. Il était allongé sur le côté, ronflant même un peu. L'amélioration de son état se voyait clairement, confirmée par ses récents réveils. Son ancienne pâleur mortelle n'était plus qu'un mauvais souvenir. Ace aurait voulu rester un peu plus longtemps auprès du blessé mais l'infirmier Catro lui jetait de sales regards tout du long de leur visite. Sa protection pour Thatch était compréhensible et le duo ne s'éternisa pas.

Sur le pont, l'air était assez lourd et chaud pour un début de matinée. Suivant la demande d'Ace, le phénix s'envola, armé de quelques outils météorologiques pour vérifier qu'aucune trombe marine ne se forme.

Pendant ce temps, Haruta et Izou -qui étonnamment les avait rejoints de bon matin- faisaient un pile ou face pour savoir qui devait garder leur cadet. Ces deux là semblaient d'une manière ou d'une autre beaucoup l'apprécier, pour une raison particulièrement mystérieuse à ses yeux.

La pièce tomba sur la tranche pour la troisième fois et roula jusqu'à l'océan, victime des lancés malchanceux du geisha. Ils s'accordèrent alors à le garder à deux, s'asseyant à ses côtés et discutant des dernières nouvelles du journal. Un peu amusé, Ace les écouta débattre des différentes informations. Il se laissa même suffisamment aller pour intervenir de temps en temps à voix basse, tout regardant sans entrain un bateau marchand passer au loin.

Heureusement, point de tornade marine à l'horizon malgré le temps lourd. Les mesures rapportées par Marco le confirmèrent définitivement. C'était un soulagement. Même si le Moby Dick pouvait passer au travers de tempêtes sans faire naufrage, cela pouvait définitivement causer de solides dégâts au navire.

Haruta finit par s'ennuyer de l'inactivité et partit affronter Atamos et Vista en un combat amical à l'épée. Bien que leur définition d' "amical" aurait habituellement suffit à tuer la plupart des humains normalement constitués.

Le trio restant se contenta de les observer, tout en commentant parfois les mouvements et techniques. Bien qu'Ace n'ait quasiment jamais touché d'épée de sa vie, il pouvait facilement admirer les professionnels en action.

Avec le recul, cela n'aurait pas dû les surprendre que leurs petits conciliabules finissent par attiser les suspicions. Marco et Ace ne le réalisèrent cependant que lorsqu'ils se firent kidnapper en plein milieu d'un couloir par un Namur déterminé.

Il les escorta sans explication jusqu'à une salle qu'Ace reconnut comme celle des commandants, même s'il n'y était jamais entré. À son grand regret, elle était gardée fermé lors de ses repérages nocturnes. Eh bien, au moins il avait enfin l'occasion de la visiter, pensa-t-il avec fatalisme. Il ignora résolument la pointe de stress qui menaçait de monter.

Quasiment tous les commandants étaient déjà là, assis autour d'une grande table dans une ambiance solennelle. Tout cela n'était définitivement pas rassurant, et l'envie de s'en aller commençait à se faire pressante. Les pensées s'accélèrent en un réflexe primaire et instinctif d'un animal pris au piège.

Deux portes, une grande fenêtre. Ses menottes fondraient sans mal et s'il était assez rapide pour devancer les commandants...

Le jeune homme inspira et expira doucement. Il ne fuyait pas, surtout avec ses nakamas à bord et aucun plan de secours. Il essaya en vain de ne pas s'inquiéter de la raison de sa présence ici. Peut-être était-ce le procès pour l'agression de Thatch ? Mais Macro en aurait été le premier prévenu et lui aurait dit, n'est-ce pas ? Il lui avait promis qu'il ne lui arriverait rien. Ace devait essayer de lui faire confiance.

Le phénix avait cependant l'air tout aussi confus que lui de cette convocation surprise. Deux autres semblaient ne pas avoir été avertis de la réunion : Haruta, qui se balançait impatiemment sur sa chaise et Izou à ses côtés, buvant un thé et l'air imperturbable. Les deux nouveaux arrivants s'assirent avec prudence sur les places libres à leurs côtés, sur leurs gardes. La tension fut rompue par la porte qui s'ouvrit à la volée sur Rakuyu.

-En retard comme toujours, le railla Vista.

Il reçut en retour un doigt d'honneur.

Une fois tout le monde installé, les commandants s'échangèrent tous des regards pour savoir lequel allait parler en premier. D'habitude, Marco prenait les devants, étant le plus avisé du groupe. Le jeu de regard continua un moment, personne ne se dévouant à la tâche.

Le phénix finit par se pincer l'arrête du nez, exaspéré.

-Bon. Parlez. Pourquoi nous avoir fait venir ici ?

Il posa sa question en fixant Joz, le désignant ainsi d'emblée porte-parole du groupe. Le Paramecia du diamant rentra un peu la tête dans ses épaules, mal à l'aise.

-Et bien... On en a discuté tous ensemble parce qu'on a remarqué depuis quelques jours que vous trois agissez bizarrement avec le prisonnier.

-Carrément bizarre, ouais ! approuva Blamenco en fronçant les sourcils. D'habitude Marco, tu es toujours super pointilleux sur ces histoires de sécurité et ceci cela, mais tu laisses passer des tas de trucs à ce gars.

Il y eut des murmures d'assentiment. Avec un peu plus d'assurance, Joz continua comme s'il n'avait pas été interrompu :

-Jiru pense que le prisonnier n'avait pas de menottes dans ta chambre hier, Fossa vous a entendus jouer aux cartes, et puis vous discutez souvent ensemble...

-En gros, on vous trouve bien trop amicaux envers quelqu'un qui a poignardé et battu presque à mort deux de nos frères, les accusa Blenheim en les pointant du doigt.

Nombreux se tendirent et s'agitèrent sur leur chaise, se remémorant le souvenir. Marco soupira doucement. Il aurait dû savoir qu'ils se douteraient de quelque chose. Malgré leurs turlupinades quotidiennes tendant à prouver le contraire, ses frères étaient tout sauf des idiots.

Il avait voulu les préserver d'avoir à prendre position tant qu'il n'y avait pas la preuve du témoignage de Thatch. Qu'ils sachent ou non n'allait rien changer, si ce n'est les jeter dans des nuits de doutes et de déchirements internes.

-Ne nous prends pas pour des imbéciles, on sait qu'il y a quelque chose, dit doucement Namur.

À ses côtés, Ace grattait doucement le bord de la table de ses ongles, le regard baissé et épaules contractées. Il semblait piégé dans cette grande pièce soudainement trop petite où il ne pouvait échapper aux regards de méfiance et d'aversion.

C'était si contrasté avec son comportement ouvert et détendu dans la chambre que le phénix marqua un temps d'hésitation. Ce n'était qu'une fois ses défenses remontées qu'il se rendait compte que le prisonnier les avait peu à peu abaissées ces derniers jours.

Le commandant réalisa dans un flash que si, pour lui, cela pouvait changer beaucoup d'être cru, ou au moins que sa version soit entendue. En ne révélant pas cette partie cruciale de l'histoire, il avait en fait obligé les autres à prendre position. Du côté de Teach. Bien sûr que tous allaient suivre la version officielle si rien ne la contredisait.

Il parcourut leur expressions déterminées à savoir la vérité, à comprendre. À ses côtés, Haruta lui fit un signe encourageant. Le blond se passa une main dans les cheveux.

-Les gars, c'est compliqué...

Tous se penchèrent plus ou moins discrètement en le sentant céder. Alors Marco commença à raconter. Pour une fois, ils se taisaient, dans l'expectative. Les deux autres commandants dans la confidence intervenaient deux ou trois fois pour ajouter quelques détails et leurs avis personnel. Ace restait en retrait, détaché comme si cela ne le concernait absolument pas. Mais du coin de l'œil, Marco pouvait voir des signes de nervosité. L'histoire se termina dans un silence maladroit.

-Ça fait beaucoup à assimiler d'un coup, avoua prudemment Kingdew de sa voix lente et profonde.

Atamos avait l'air perplexe.

-Donc la victime c'est le coupable et le coupable est la vraie victime ?

La dite victime grinça des dents, mécontent de l'appellation. Une fois que les commandants se remirent de leur stupeur et choc, un brouhaha se forma, tous ayant tour à tour des questions. Joz était tout aussi incrédule :

-Et Thatchi a été poignardé par Teach ? Notre Marchall D Teach ? Celui qui cuisine des tarte et aide les mouettes qui percutent les hublots ?

-Nous n'avons pas encore eu la version de Thatch, vous n'avez pas à prendre partie si vous ne le souhaitez pas, dit calmement Marco.

Il leur laissait le choix de ne pas le croire sur parole, bien qu'au fond de lui, il voulait les supplier d'accorder le bénéfice du doute à Ace. Mais Marco n'était pas aveugle sur son propre manque d'impartialité, et la simple neutralité de ses amis lui suffirait.

Ils se turent pour tourner vers lui un regard désabusé.

-Autant j'aimerais ne pas y croire, autant on sait que tous que vous êtes des boussoles à vérité, soupira finalement Namur.

-Ça dépend sur quel sujet, grogna Blenheim avec un regard pointu dirigé vers Haruta.

Ce dernier lui fit un clin d'œil, absolument pas repentant pour cette sombre histoire de rancune que les deux n'avaient jamais voulu expliquer. Avant qu'ils ne puissent partir dans un argument, Namur haussa le ton pour finir son propos :

-TOUJOURS EST-IL que vous ne vous êtes encore jamais trompés lorsque vous êtes tous les trois du même avis.

Beaucoup hochaient la tête à ces mots, bien que quelques uns hésitaient encore. La nouvelle de la trahison d'un frère les avait ébranlés. Ils recommencèrent à débattre entre eux sur différents points mais semblaient à peu près d'accord pour dire que les maigres preuves circonstancielles jouaient en défaveur de Teach.

Peu à peu les attentions se tournèrent vers Ace qui restait silencieux depuis le début. Il se redressa et croisa les bras, sur la défensive.

-Quoi ? finit-il par demander.

-On aurait dû demander ta version plus tôt, p'tit gars, s'excusa Rakuyu.

-Tu es le principal concerné, tu as ton mot à dire sur tout ça si tu veux, proposa doucement Joz.

Les yeux d'Ace s'écarquillèrent légèrement, surpris qu'on lui demande son avis et le cœur de Marco se serra.

-Peu importe. Thatch racontera bientôt ce qu'il s'est passé, ça suffira comme preuve, marmonna leur cadet d'une voix où transparaissait une touche de lassitude.

Il détourna de nouveau résolument son regard vers la table, bien qu'il semblait un peu moins tendu. Ses mains tortillaient son bracelet avec un mouvement incertain, comme s'il ne parvenait pas à réaliser son brusque changement de situation. Marco décala légèrement sa jambe jusqu'à toucher celle d'Ace en un appui silencieux.

Ce n'est que plus tard, de retour dans la sécurité relative de la chambre qu'Ace se permit enfin de souffler, se débarrassant de ses restes de tension réprimée.

-Ça s'est plutôt bien passé au final, fit remarquer Marco.

Le jeune homme fredonna un vague "mmh mmmh" affirmatif, déverrouillant ses fausses menottes d'un geste mécanique avant de rejoindre le coin le plus ensoleillé du lit. L'agitation semblait l'avoir fatigué. Le phénix n'insista pas. Il l'observa avec sympathie se blottir sur la couverture et fermer les yeux.


Ace émergea de son sommeil un peu plus tard, se sentant agréablement lent et engourdi. Le soleil s'étant décalé dans le ciel, il roula un peu jusqu'à le sentir de nouveau sur ses omoplates, et rencontra un obstacle solide, chaud et vivant dans sa quête héliotropique.

À sa surprise, Marco s'était assis dans le lit à ses côtés, feuilletant le journal à intervalles réguliers.

-Tu vas attraper un coup de soleil, le prévint aimablement son aîné sans même lui épargner un regard.

Ace fredonna un accord sans écouter, s'étendant un peu plus dans la flaque de lumière. Puis quand il enregistra enfin la signification des paroles, il répondit un peu plus précisément :

-Le soleil c'est du feu. M'donne de l'énergie.

Un peu comme les plantes à photosynthèse dans ces vieux livre de biologie de Mihar. Ses mots étaient à moitié étouffés, absorbés par le matelas mais Marco en comprit le sens car il dit d'une voix moqueuse :

-Très énergique en effet.

Ace bâilla pour toute réponse, papillonnant des cils pour se réveiller et s'habituer à l'éclairage presque douloureux. Il se retourna sur le dos pour voir son interlocuteur qui le regardait d'un air amusé. Le logia laissa tomber son bras devant ses yeux, décidant que ne plus voir était le moindre des maux.

-J'fais plus de narcolepsie si j'pas assez de lumière.

Cela attira assez l'attention de son aîné pour qu'il pose son journal en un bruissement froissé alors qu'il demandait :

-As-tu déjà vu un médecin pour ça ?

Ace secoua la tête pour toute réponse. Il n'y en avait pas dans les montagnes de son enfance, et en tant que pirate eh bien... Il n'avait tout simplement pas eu l'opportunité. Deuce avait essayé de réunir quelques informations sur la narcolepsie jusqu'à ce qu'Ace lui dise de laisser tomber. Ce n'était rien qui mettait sa vie en danger. Marco, cependant, ne semblait pas convaincu.

-Si cela arrive dans un combat ou dans une situation dangereuse...

-Ça n'arrivera pas, 'faut que je sois un peu plus détendu pour ça.

-Je préfère être prudent. Es-tu d'accord pour que je t'examine ? proposa Marco.

Ace se souvient avec un temps de latence que l'homme était techniquement un médecin. Et donc qu'il n'y avait aucun problème à accepter, malgré sa réticence envers tout ce qui était de près ou de loin médical. Il n'aimait tout simplement pas ça, mais la touche d'inquiétude dans les yeux du blond et son engourdissement somnolant le firent céder. S'il pouvait ainsi gagner quelques minutes supplémentaires sans devoir se lever, c'était même attrayant.

-Pourquoi pas, si je n'ai pas besoin de bouger pour ça.

Il entendit un petit rire et un frôlement de tissus, signe que Marco se déplaçait. Ace jeta un coup d'œil par dessus son bras et l'observa prendre quelques objets dans une sacoche avant de le rejoindre de nouveau.

Après lui avoir demandé la permission, le blond commença à le manipuler, mettant un stéthoscope sur sa poitrine puis prennant sa tension et testant ses réflexes.

Ace se laissa faire, amusé de l'air concentré et sérieux du médecin.

Le blond posa également des tas de questions sur la fréquence, les causes et les antécédents familiaux de sa narcolepsie. Sur ce dernier point, le patient se renferma brièvement, répondant qu'il n'en avait aucune idée. Marco ne poussa pas sur cette voie. Il avait depuis le temps compris qu'il s'agissait d'un sujet sensible.

L'interrogatoire continua sur ses habitudes de sommeil et s'il avait d'autres symptômes comme des paralysies du sommeil ou des hallucinations. Ses réponses semblèrent satisfaire le phénix. Apparemment la forme de sa maladie n'était pas vraiment grave, surtout qu'il sentait venir ses crises de sommeil.

Ace devait juste éviter de traîner seul trop près du bastingage pour ne pas accidentellement s'endormir et tomber dans la mer. Il roula des yeux, peu disposé à suivre ce conseil.


L'examen terminé, ils purent enfin aller au réfectoire pour le déjeuner. Suite à la réunion du matin, les commandants étaient beaucoup plus détendus autour d'Ace. Ils n'agissaient plus comme s'il pouvait à tout moment saisir le couteau à beurre pour les éventrer. Ils n'affichaient, bien sûr, aucune gentillesse ouverte envers lui. Cependant, il surprit quelques regards désolés qui le laissaient un peu maladroit à ce brusque revirement. Il ne voulait pas de leur pitié, mais c'était bizarre que toutes ces personnes puissent le croire... Ou plutôt croyaient en l'avis de Marco, Izou et Haruta. Avoir ces trois là de son côté sans preuves tangibles de son innocence le rendait déjà suffisamment perplexe.

Barbe Blanche, à l'opposé de la table, avait l'air satisfait.

Soudain, une tension gagna la table des commandants, rendant l'atmosphère pesante et électrique comme les prémices d'un orage. Surpris, Ace se tourna vers l'entrée où les regards se dirigeaient peu à peu et se figea en reconnaissant le nouvel entrant.

C'était une chose de savoir que Teach pouvait à tout instant sortir de l'infirmerie. C'en était une autre de brusquement l'apercevoir au détour du réfectoire. Il avait un plâtre au bras et encore quelques bandages là où le feu d'Ace s'était connecté particulièrement méchamment. Le jeune homme s'en sentit sombrement satisfait.

Malheureusement, le reste de l'équipage était ravi du retour inattendu de leur ami. Nombreux se rassemblèrent autour de lui pour lui parler, vérifier ses blessure et le féliciter pour son rétablissement. La pièce se fondit en un joyeux brouhaha alors que les commandants restaient étonnamment silencieux à la table.

Teach attirait de plus en plus l'attention, racontant quelque chose avec de grands gestes. À cette distance Ace ne pouvait entendre ce qu'ils disaient mais devina aux regards de plus en plus noirs qu'il recevait que cet ignoble traître parlait de l'attaque. Et il donnait assurément sa propre version des faits.

À vrai dire, le jeune capitaine s'y attendait. Les circonstances exactes de ce soir là étaient gardées secrètes. Marco n'avait pas non plus répandu le contenu du témoignage de Teach, pour ne pas attiser la répulsion de l'équipage envers son cadet. L'équipage cherchait des réponses et ne se contentait pas des quelques éléments qui avaient fuité par les infirmiers. Cependant, ce retour inattendu du pirate exacerbait de nouveau les tensions.

Ace en perdit l'appétit mais se força à finir sa troisième assiette pour ne pas montrer que la recrudescence de haine l'atteignait. C'était juste fatiguant. Il avait hâte que cette journée se termine, et midi venait à peine de passer.

Son regard rencontra celui perspicace de Marco. Ce dernier pencha subtilement la tête comme le ferait sa forme d'oiseau, l'étudiant quelques secondes. Puis il se tourna vers le reste de commandants pour prendre congé, prétextant un dossier important à finir. Ace le suivit avec reconnaissance hors de la pièce étouffante, un sentiment doux et diffus naissant dans sa poitrine.


Heureusement le début d'après midi fut beaucoup plus calme. Retombant dans leur routine des derniers jours, le jeune navigateur se retrouva de nouveau avec quelques documents de météorologie entre les mains. Il avait regagné sa place au sol, se moquant de temps en temps d'un passage particulièrement stupide.

Il avait remarqué que Marco lui confiait des documents de plus en plus sensibles au fil des jours. Certains pourraient même causer des problèmes au navire entre des mains mal intentionnées. Ce signe de confiance le faisait se sentir comme un imposteur. Il était toujours un capitaine ennemi après tout, le laisser consulter de tels choses pouvait être dangereux.

Il se demanda si Marco essayait d'une manière où d'une autre de le tester. Pourquoi ? Après tout, Ace n'avait montré aucun désir de rester. Une partie farouche de lui voulait lui dire d'arrêter de le sous-estimer, de ne plus le prendre pour quelqu'un digne de cette confiance déplacée. Il souhaitait pouvoir la réduire en cendres, détruire tout espoir insensé du commandant. Que ce dernier se trouve une autre œuvre de charité si cela l'amusait. Qu'il comprenne qu'Ace n'était pas censé être un ami et encore moins un camarade de son équipage.

Mais à chaque fois que l'envie de se rebiffer devait insoutenable, il lui suffisait de se plonger une seconde dans l'azur des yeux de Marco pour bloquer ces mots dans sa gorge. Et comme s'il devinait ses pensée, le blond lui adressait alors un de ses petits sourires mystérieux dont il avait le secret.

C'était vraiment ennuyeux.


Bien évidemment, leur paisible après midi fut interrompu une fois de plus par l'arrivée impromptue d'Haruta qui tenait un denden muchi dans sa main. Un denden muchi roux, un œil balafré par trois griffes.

-Marco ! Shanks a appelé et il demande à te parler personnellement !

Ace se figea, appuyant la mine de son crayon avec un peu plus de force que nécessaire sur le fin papier au sol. Marco cligna lentement des yeux, surpris.

-Poil de carotte ? Que veut-il ?

Haruta haussa les épaules et passa l'escargot à son ami avant de ressortir, pendant qu'une voix bien reconnaissable protestait vivement au surnom. Les lèvres de Marco s'incurvèrent contre son gré.

-Que me vaut le plaisir d'entendre ta douce voix ?

-Hé, j'appelle pour une vraie raison cette fois ! se plaignit le Yonko.

L'escargophone, malgré son léger sourire, affichait un froncement inhabituellement sérieux. Marco s'assit sur la chaise de son bureau, accordant son attention au roux. L'autre dut le comprendre car un lent souffle s'échappa de l'appareil. Puis :

-J'ai entendu des... Rumeurs sur ton équipage. Que Firefist aurait assassiné Thatch et un autre de vos gars, et que vous allez l'exécuter.

Marco fronça les sourcils, tapotant machinalement un crayon sur sa table. Les nouvelles allaient diablement vite sur les mers. Il suffisait qu'un seul pirate en parle à un civil pour que cela soit colporté avec plus ou moins d'exactitude à travers les mers. Il y avait même un commerce d'informations. Haruta s'amusait parfois à vendre de grotesques affabulations à prix d'or, envoyant sans remords les acheteurs dans une éternelle chasse au dahu. Beaucoup étaient prêts à payer cher pour connaitre la moindre faille des plus grands équipages.

Mais cette fausse rumeur sur l'attaque pouvait être vue comme un point faible et était préjudiciable aux Barbes Blanche. Il allait encore devoir faire la leçon à l'équipage de ne pas répandre les affaires internes dans le premier bar venu.

Cependant Shanks était généralement un ami, et n'appelait pas simplement pour faire des commérages. Alors Marco ouvrit la bouche pour rétablir les faits, bien qu'il ne comprenait toujours pas en quoi cela concernait le capitaine. Mais ce dernier lui coupa l'herbe sous le pied :

-Je veux dire, je connais la politique de votre navire sur le meurtre. Ça serait parfaitement votre droit bien sûr, vous venez de perdre deux membres d'équipage. Loin de moi l'envie de vous dicter quoi faire.

Le bavardage sonnait, presque... Nerveux.

-Les rumeurs font erreur, personne n'est mort, corrigea rapidement Marco pour l'empêcher de divaguer plus.

Un profond soulagement s'afficha instantanément sur l'animal.

-Bien, bien, très heureux de l'entendre, j'aime beaucoup Pompadour-man. Il fait de très bonne fêtes, dommage qu'il ait toujours refusé de nous rejoindre.

-Il a plus de bon sens que ça, se moqua Marco habitué aux tentatives de corruption d'équipage de Shanks.

Les deux sourirent, habitués à ces plaisanteries. Le yonko était comme une pie désirant chaque objet brillant, convoitant tout pirate qui attirait son attention, qu'il appartienne déjà à un équipage ou non. Un point commun qu'il partageait avec Oyaji, en plus de leurs goût pour le saké.

Le roux se recentra sur le sujet de son appel :

-En tout cas, s'ils ont survécu, ma demande aura l'air moins aberrante. En tant que vieil ami...

-Depuis quand ? renifla le blond avec sarcasme.

L'autre homme ignora sa mauvaise foi, ne prenant même pas la peine de relever son mensonge, et répéta plus fort :

-En tant que vieil ami, je t'en serais vraiment reconnaissant si pour Ace vous vous en teniez à quelque chose comme un simple exil.

Marco fronça les sourcils, autant à la demande qu'à l'utilisation du prénom de son prisonnier. Il jeta un regard vers le jeune homme qui écoutait, l'air partagé entre amusement, exaspération et affection. L'expression que Marco supposait avoir quand Oyaji s'inquiétait trop pour lui, quand il saute un repas voire une nuit de sommeil pour travailler.

Il secoua cette pensée et se força à se reconcentrer sur le roux. Quelque chose lui échappait définitivement, et il allait creuser pour comprendre.

-Sans bonne raison, je ne peux permettre à quiconque d'interférer dans les affaires du navire.

Il entendit une bref silence avant que Skanks ne dévoile :

-Cet enfant, j'ai déjà eu l'occasion de le rencontrer, assez longtemps pour voir que cette histoire m'a l'air franchement bizarre.

Marco cligna une nouvelle fois des yeux, perplexe. Les engrenages tournaient dans sa tête, essayant de comprendre. Bien sûr, les commandants savaient grâce à la division de renseignement qu'Ace et le yonko s'étaient rencontrés sans se combattre. Mais le blond ne soupçonnait pas qu'ils avait de tels liens proches. Il ne put s'empêcher de vouloir savoir à quel point.

-Est-il sous ta protection ? s'enquit-il.

La question était lourde pour un équipage aussi important celui du roux, tout deux le savaient. Il pouvait comprendre Shanks pour son moment d'hésitation alors qu'il pesait les conséquences de sa future déclaration.

Les yeux de l'escargot se décalèrent vers sa gauche, se tournant probablement vers une tierce personne présente dans la pièce. Marco parierait qu'il s'agissait de Benn Beckmann. Ils durent en discuter silencieusement d'après les différentes expressions se reflétant sur le denden. Quelques secondes incertaines passèrent.

L'attention de Shanks revint sur Marco et il hocha finalement la tête, ferme et déterminé.

-Ouais, il l'est.

Venant d'un capitaine ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Avec cette affirmation, un geste à l'encontre du jeune homme pourrait provoquer un conflit entre les deux équipages. Encore une fois, Marco réalisa que le garçon s'était d'une manière ou d'une autre fait des alliés puissants. Pourquoi se connaissaient -ils ? Étaient-ils d'une manière ou d'une autre apparentés ?

Ace, qui avait cessé de prétendre ne pas écouter, semblait franchement abasourdi de la déclaration et un peu inquiet. Il regardait le denden avec ce même froncement de sourcil particulier qu'il avait chaque fois qu'il ruminait ses pensée un peu trop profondément.

Le phénix détendit sa posture, maintenant que la position de Shanks était clarifiée.

-Bien. Tu seras ravis d'apprendre qu'Ace est en fait en sécurité.

Il entendit une exclamation soulagée dans l'appareil puis un joyeux remue ménage avec un grincement de chaise comme si le roux venait de se lever. Connaissant la tendance de son ami à lancer des fêtes pour tout et rien, Marco se dépêcha d'ajouter :

-Je ne peux pas t'en dire beaucoup plus pour le moment, cette affaire est complexe, strictement interne et tout ne peut pas être réglé immédiatement. Donc j'espère que tu pourras garder le silence sur ça.

Le désordre s'arrêta et l'escargot fit la moue, mais promit avec réticence. Shanks n'était pas du genre à revenir sur sa parole et comprenait l'utilité des secrets.

-S'il va bien, ça me suffit.

Ceci enfin réglé, le blond fredonna un faible "Hmmm" de réflexion et laissa planer une seconde de silence avant de dire :

-Je peux te laisser constater cela par toi même.

Sur ces paroles, il marcha jusqu'à Ace et lui tendit le denden. Il l'accepta avec un temps de latence, fixant l'animal sans y croire. Et un sourire si grand qu'il en devenait aveuglant traversa son visage. Il avait soudain l'air bien plus jeune et dynamique.

-ACE ! s'écria le roux en reconnaissant l'apparence de son escargophone.

-Salut Shanks !

-Comment va mon enflammé préféré ? J'espère que ce bon vieux Barbe Blanche te traite bien ?

Le jeune homme se leva pour faire les cent pas et commença un résumé passionné de ses dernières aventures. Cependant, Marco nota avec satisfaction qu'il laissait de côté toute l'histoire de trahison de Teach. Le prisonnier l'éluda, expliquant juste que son accusation n'était qu'un malentendu bientôt réglé.

Le commandant les écouta bavarder un moment, s'asseyant sur son lit tout en prétendant lire un de ses livres pour les laisser rattraper le temps perdu.

Ace finit par raconter quelques événements de son point de vue en gardant toujours un sourire aux lèvres, bien qu'il évitait de mentionner les parties trop sombres de son emprisonnement. Donc il se concentrait principalement sur son arrivée dans la chambre du commandant, dressant un portrait du blond bien plus élogieux qu'il ne le méritait.

-En tout cas, content de voir que Birdy prend soin de toi.

Le blond se redressa subtilement au ton taquin, captant le sous-entendu du yonko. Heureusement Ace ne le releva absolument pas, lui jetant cependant un regard furtif.

-Ouais, il est cool, acquiesça-t-il en baissant la voix dans l'espoir que Marco ne l'entende pas.

Shanks rit doucement, heureux pour son petit protégé. Sur le ton de la confidence, le roux lui avoua :

-S'il y a un gars à qui tu peux faire confiance, c'est bien lui. Mais ne lui répète pas sinon il va prendre la grosse tête.

L'escargot fit un clin d'œil complice et Ace rit, se couvrant la bouche pour essayer de le dissimuler. Marco roula discrètement des yeux, indulgent. Les deux continuèrent leurs messes basses encore quelques minutes, puis commencèrent à s'extasier à propos d'un certain... Luffy ?

N'était-ce pas le prénom du petit frère d'Ace ? Celui là même dont il parlait avec tendresse et exaspération ? Pourtant, à ce qu'il en avait compris, l'enfant n'avait pas encore pris la mer. Que Shanks le connaisse également était de plus en plus étrange. Un mystère indistinct qui s'épaississait lentement, hors de portée de Marco. Bien que, peut-être...

Il secoua la tête et repoussa toute théorie supposant que Shanks était en fait leur père. Il ne voulait certainement pas imaginer que le roux ait pu d'une manière où d'une autre procréer. Le monde avait déjà assez de problèmes sans devoir y rajouter de nouveaux porteurs des gènes probablement défaillants de son ami. Cela n'arriverait définitivement pas.

Après un dernier au revoir, les deux mirent fin à l'appel.

Ace resta un moment à caresser distraitement la coquille de l'escargot. Taraudé par ses hypothèses, Marco finit par céder à sa curiosité et ferma son livre dont il n'avait pas lu un mot :

-Alors, tu connais bien Shanks ?

Cela dut sonner suffisamment innocent car le jeune homme lui sourit presque timidement, l'air embarrassé.

-Oui, il a sauvé mon petit frère il y a des années, alors j'ai retrouvé pour le remercier et on a sympathisé. Je ne pensais cependant pas qu'il appellerait pour me faire libérer.

Pas de descendants-surprise donc. Le commandant hocha la tête en essayant de ne pas montrer son soulagement. Néanmoins, il restait dans cette histoire quelques choses d'indéfinissable qui le titillait. Peut-être parce c'était un peu excessif de demander telle une faveur pour un pirate juste rencontré quelques jours, en engageant sa réputation de capitaine. Avant de kidnapper Ace, ils avaient pourtant effectué une vérification standard des antécédents pour être sûr qu'il n'était affilié à aucune flotte. Il n'y avait aucune mention que les deux équipages étaient officiellement alliés.

D'un autre côté, il pouvait parfaitement voir le roux miser sur Ace. Pour l'un des rookies les plus prometteurs de la nouvelle génération, il était normal de le garder à l'œil. Il tendait à être ce genre de téméraire au cœur brave que le yonko affectionnait particulièrement.

-Tu penses que ton frère rejoindra l'équipage de Shanks ? demanda distraitement Marco.

À sa surprise, le jeune homme rit franchement, la tête secouée en signe de dénégation. Il s'assit à son tour sur le lit, son épaule rencontrant celle de son aîné.

-Pas moyen. Il doit être capitaine pour devenir le roi des pirates. D'ailleurs, il a fait une promesse à Shanks : quand il sera plus fort, il lui rendra son chapeau.

Le souffle de Marco se coupa. Il se rappela brusquement d'une curieuse rumeur il a une dizaine d'années. Le roux était revenu dans le nouveau monde après des semaines de disparition, un bras et son chapeau manquants. Les théories les plus folles avaient circulé parmi les pirates de la haute sphère sans jamais trouver de réponse. Et même ainsi, presque personne se souvenaient alors de la véritable origine du chapeau de paille. Qui appartenait jadis à Roger.

Beaucoup, sans en comprendre la valeur sentimentale, pensaient que Shanks avait simplement renoncé à porter le couvre chef. Bien sûr, c'était aussi une possibilité qu'il l'ait perdu ou trop abîmé dans un combat. Mais la coïncidence qu'Ace en parle soudainement semblait trop grande.

-Hey, dis moi... Est-ce que par hasard ton frère est lié de près ou de loin à la perte du bras de Shanks ? testa-t-il.

Un hochement de tête récompensa sa théorie, le jeune homme commençant alors à décrire une sombre histoire de bandits et de roi des mers.

-... Et depuis il a le pouvoir d'être élastique et il a été envoyé chez les bandits des montagnes pour être éloigné de la "mauvaise influence" de Shanks, conclut-il.

Le phénix, perplexe, se demandait comment des bandits pouvaient être une meilleure option que des pirates. Et comment le yonko mondialement redouté pouvait être assez stupide et irresponsable pour laisser trainer un fruit du démon à porté d'un enfant ; mais ça, c'était une autre histoire. Son non-ami avait une forte tendance à la stupidité.

-Et donc tu es allé vivre dans les montagnes avec lui ? questionna Marco pour éloigner ses pensées de l'idiotie désespérante du roux.

-Non, j'y vivais déjà pratiquement depuis que je suis né, et c'est là que je l'ai rencontré, et après il est devenu notre frère, rectifia Ace.

À la lueur taquine dans ses yeux, la confusion de Marco l'amusait. Ou diable étaient les parents de ces enfants ? Bien qu'après réflexion, les orphelins n'était malheureusement pas rares suivant l'instabilité politique des îles. Le jeune homme dut lire la question dans son expression car il expliqua, son sourire diminuant :

-Je suis orphelin depuis ma naissance. On n'a jamais su qui était la mère de Luffy mais son père l'a abandonné pour l'armée révolutionnaire.

Il plissa son nez avec un tic d'agacement, montrant tout ce qu'il pensait des pères déserteurs. Une partie de Marco ne put s'empêcher d'être d'accord. Mais il sentait une touche d'hésitation venant du plus jeune, comme s'il gardait confidentielle une partie de l'histoire.

-Au moins c'est une noble cause, essaya-t-il de le consoler.

Son cadet leva les yeux au ciel et réajusta sa position, leurs épaules se heurtant de nouveau en douceur.

-Il aurait dû y réfléchir avant de faire un enfant. Quoique, au moins j'ai connu Luffy grâce à ça... Mais il y a toujours son grand père qui nous rendait visite de temps en temps, un vieux grincheux qui nous pourchassait pour faire de nous des marines.

C'était visiblement une famille très particulière. Ace eut l'air de vouloir rajouter quelque chose puis se stoppa pour se mordiller les lèvres d'indécision. Le commandant ne le pressa pas, lui laissant le temps. Quand le jeune reprit, c'était d'une voix plus calme et basse, à la limite du murmure :

-On avait un autre frère. Ses parents étaient des nobles. Des pourritures. Il avait l'habitude de s'enfuir des semaines dans les bois avec nous.

Encore une fois, il semblait déchiré entre continuer son histoire et se renfermer, calfeutrer cette petite ouverture qu'il laissait entrevoir. Mais il n'aurait pas abordé le sujet de lui même s'il ne voulait pas en parler. Marco poussa très légèrement :

-Que s'est-il passé ensuite ?

Un instant, il crut qu'Ace n'allait pas répondre, sa main allant enserrer le tatouage à son bras en un réflexe inconscient.

-Ils voulaient l'utiliser pour renforcer la position de sa famille. Ils l'ont privé de toute liberté pour ça, en menaçant de nous tuer. Il avait juste onze ans. Il a essayé de prendre la mer, seul sur un radeau mais... il a croisé un dragon céleste.

Ces deux derniers mots étaient crachés avec plus de haine que Marco l'en croyait capable. Ses poings s'étaient serrés, rougeoyant d'une lueur infernale, irradiant. Toute sa posture montrait à quel point il souhaitait faire regretter ses actes à cette parodie d'humain. Connaissant la façon de faire des Dragons célestes, il n'y avait pas besoin de plus de détails pour deviner ce qu'il s'était passé.

L'épaule du blond rencontra de nouveau la sienne et s'y appuya, volontairement cette fois. Il dégageait une quantité absurde de chaleur qui apaisait le phénix. Il espérait que cela fonctionnait dans les deux sens.

Le jeune homme soupira et détendit ses poings, le désir de vengeance laissant place à une triste résignation. Rien ne ferait revenir son frère. Il y eut un moment de silence méditatif, chacun plongé dans ses pensées. Le commandant remarqua qu'Ace parcourait toujours du bout de l'ongle l'écriture sur son bras. Grattant machinalement la courbe des lettres sur sa peau.

Encore une fois l'envie de savoir le titilla et avant d'avoir pu s'en empêcher, il ouvrait de nouveau sa bouche :

-Est-ce que ton tatouage... ?

Cela surprit Ace qui se reprit néanmoins rapidement, quelque chose de doux passant dans son regard. Son pouce traça le S barré.

-Il s'appelait Sabo. C'était son Joly Roger : la première lettre de son prénom devant une croix d'os. L'idée n'était pas aussi cool qu'on le pensait, avec du recul, sourit-il avec nostalgie.

-Vous aviez l'air d'être de sacrées terreurs, commenta le blond.

Le sourire effronté du jeune homme ne fit que s'élargir au compliment.

Marco l'apprit, ils étaient en réalité bien pires que ça. Ace auparavant peu bavard devenait intarissable pour parler de ses frères. Un trio d'enfants sauvages qui terrorisaient civils, bandits et des prédateurs de dix fois leurs poids. Le phénix ne l'avouerait jamais, mais il était bien heureux de ne pas les avoir rencontré des années auparavant. Oyaji aurait certainement voulu recruter les enfants démoniaques. Pas sûr que le navire y aurait survécu.


NDA : Les commandants ont enfin confronté Marco sur leurs doutes, il gagne des alliés ! Shanks pourrait ou non avoir deviné la filiation d'Ace et chercher à l'aider en mémoire de ses parents...

Cependant on s'approche lentement de la fin, les prochains chapitres seront un peu plus mouvementés avec le retour de Teach sur le devant de la scène