Chapitre 6
Le Père
"Et merde…" soupirais-je intérieurement, le regard penché sur le test.
J'avais suivi les indications à la lettre. Depuis trois minutes exactement, j'attendais le résultat, le souffle court, enfermé dans les toilettes. Habituellement, je ne m'attardais en ces lieux que pour les tâches ingrates, contraint par ma condition de mortel. Je considérais déjà dégradant de m'asseoir sur cet étrange trône depuis que j'étais devenu humain, mais vomir mes entrailles tous les matins était d'un tout autre niveau. Tout aussi répugnant, certes, car aucun aliment que ce corps ingérait ne semblait vouloir être digéré. Aux premières lueurs de l'aube, j'avais pris l'habitude de courir vers la salle de bain pour rendre mon repas de la veille.
Tony était en général déjà dans son laboratoire à cette heure. Avec le champ de force opérationnel, la Terre bénéficiait désormais d'une protection inégalée. Tony avait travaillé d'arrache-pied pendant plusieurs mois pour élever ce bouclier. Chaque détail de cette technologie était pensé avec minutie, la moindre faille étant examinée et corrigée sans relâche.
Il n'avait donc pas eu à être témoin de mes glorieux rejets matinaux. J'avais fait promettre à Jarvis de ne pas dévoiler ma maladie à son créateur. Bien que le terme "maladie" ne soit pas tout à fait approprié pour qualifier mon état…
Les minutes semblaient s'étirer éternellement alors que je fixais le petit bâtonnet. Et là, sous la lumière jaunâtre des néons de la salle de bain, la petite marque distincte apparut enfin, montrant deux barres parallèles. Positif.
"Non," hurlait mon esprit. "Pas encore."
Je passai une main tremblante sur mon front, sentant la sueur perler sur ma peau. Des questions tourbillonnaient dans ma tête, amplifiées par la peur de l'inconnu.
"Et si il ne veut pas de l'enfant ?" ma conscience pleurait tout au fond de moi. "Et si ce corps ne supporte pas la grossesse?"
Les souvenirs douloureux remontaient à la surface, me ramenant à cette époque où j'avais tenu un enfant mort-né dans mes bras. Et maintenant, alors que je me trouvais face à la possibilité d'un nouvel être grandissant dans mon ventre, toutes ces anciennes blessures semblaient ressurgir.
Un besoin viscéral de protéger l'enfant monta soudain en moi. Les angoisses se bousculaient dans mon esprit, pesantes et inquiétantes.
La menace d'être rejeté par son père, celui que j'aimais de tout mon être, était l'une des plus déchirantes. Sa réaction, son refus de reconnaître cet enfant, me faisait frémir d'appréhension. Mais ce n'était pas ma seule source d'inquiétude. Les Chitauris, ces envahisseurs implacables, attendaient toujours leur moment pour coloniser la Terre, et j'avais maintenant la responsabilité d'un être vulnérable, de quelqu'un qui dépendrait entièrement de moi pour sa sécurité.
Et puis il y avait Thanos, patientant dans les recoins les plus sombres de l'univers que je fasse le moindre faux pas, cherchant à profiter de mes faiblesses pour accomplir ses desseins destructeurs.
Un sanglot m'étreignit la gorge. J'avais déjà connu la perte, le deuil déchirant d'un enfant mort-né, et je refusais d'accepter que cela se reproduise.
Tandis que je rejoignais le salon d'un pas incertain, j'essayais au mieux de camoufler mes inquiétudes. Moins de personnes seraient au courant de l'enfant, plus il aurait de chances de survie. J'en étais intimement convaincu.
Un souvenir de Thor, plaisantant avec ses amis alors que j'allaitais un poulain, me revint soudain en mémoire. Mon corps n'avait pas supporté de porter un enfant à l'époque. J'étais certainement trop jeune. Quelques heures après l'accouchement, la douleur dans mes seins avait été insupportable. Sigyn était alors venue m'apporter un horrible poulain malformé. La pauvre bête était née avec huit pattes et aucun Aras n'en avait voulu. Il était déjà honteux que j'aie porté un enfant, moi, censé être le Prince d'Asgard, un homme. Mais me voir nourrir un poulain monstrueux avait achevé de ternir ma réputation. Thor et ses camarades s'en étaient personnellement chargés.
Je l'avais nommé Sleipnir. J'ignore si mon lait avait des vertus divines, mais l'animal devint la monture la plus impressionnante à Asgard. J'avais créé un lien très particulier avec lui, et bien qu'il n'ai évidemment pu remplacer mon bébé, il m'était devenu cher.
À présent, face à cette nouvelle grossesse, je ne pouvais m'empêcher de craindre que l'histoire se répète, que mon corps ne soit pas capable de porter l'enfant à terme, que des complications ne surviennent, mettant en danger la vie de ce petit être.
Je me dirigeai vers le canapé, rejoignant les autres membres de l'équipe qui semblaient détendus et engagés dans une conversation animée. Mon cœur battait la chamade, et j'essayais de garder mon calme en m'asseyant. Tony me lança un regard perçant, mais je détournai rapidement les yeux, espérant qu'il ne remarquerait rien d'anormal.
Alors que je me fondais dans la conversation, j'avais l'impression que chaque seconde qui passait était une éternité. J'aurais aimé être capable de me confier, de partager mes inquiétudes avec eux, mais la peur de leur réaction, de leur jugement, me retenait. Je me sentais seul, déchiré entre le besoin de protéger cet enfant à venir et celui de me tourner vers mes amis pour trouver du réconfort et du soutien.
"Tout va bien, Loki?" demanda Bruce d'un ton préoccupé. "Je te trouve affreusement pâle."
Pendant ces sept derniers mois passés ensemble, j'avais pris l'habitude de leur parler dans la langue des signes. Chaque Avenger s'était fait un devoir d'apprendre assidûment le langage silencieux que j'utilisais pour leur parler.
"Je vais bien," signais-je avec un sourire que je voulais rassurant. "Je n'ai juste pas très bien dormi."
"Veux-tu que je te prépare un café?" demanda Tony en se levant précipitamment de son fauteuil.
"Non, merci Tony," signais-je rapidement. "C'est mauvais pour le bébé," pensais-je amèrement.
J'aperçus soudain le regard de Natasha sur moi, et j'enlevai précipitamment la main de mon ventre. Je ne m'étais pas rendu compte de mon geste instinctif, et il faudrait que je prenne garde avec l'espionne dans les parages. Elle était aussi observatrice que Sigyn.
"A présent, je sais que tu es vraiment malade!" s'exclama Bruce avec inquiétude. "Je ne t'ai jamais entendu refuser un café jusqu'à aujourd'hui !"
Tony vint me tenir fermement le menton pour m'obliger à le regarder dans les yeux.
"Que se passe-t-il, mon amour?" me demanda-t-il alors, les yeux brillants d'inquiétude. "Je vois bien que tu manges à peine. Quelque chose ne va pas?"
"Il n'y a aucun problème ! Tout va parfaitement bien dans le meilleur des mondes!" signais-je avec plus de véhémence.
"Pour un ex-dieu des mensonges," intervint Clint, "je trouve que tu mens très mal. Même moi, je vois que tu n'es pas dans ton état normal, Loki."
Les paroles de Clint me frappèrent comme une de ses flèches. Bien sûr, en tant que maître de la manipulation et des mensonges, j'avais toujours réussi à dissimuler mes véritables émotions derrière un masque d'assurance et d'indifférence. Mais aujourd'hui, face à mes amis, je me sentais vulnérable, incapable de garder mes émotions pour moi seul.
"Je... je suis désolé," signais-je d'une main tremblante, les yeux humides de larmes que je refusais de laisser couler. "C'est juste que... il y a tellement de choses qui se passent en ce moment."
Alors que Steve posait doucement sa main sur mon épaule, je sentis une chaleur apaisante se répandre au creux de mon ventre. J'avais toujours été distant avec ma famille, préférant garder mes problèmes pour moi, mais depuis que j'avais rejoint les Avengers, ils avaient réussi à percer cette carapace que j'avais tant peinée à bâtir.
"Je vais préparer des pancakes !" déclara le soldat avec bonne humeur, détendant l'atmosphère. "Mes pancakes vous font oublier tous vos soucis !"
" Avec ce slogan, tu pourrais déposer ta propre marque ! " Plaisanta Tony.
Un sourire se dessina sur mon visage, bien que mes pensées ne pouvaient s'empêcher de revenir sur ma situation actuelle.
Installés à la grande table, nous reprîmes des discussions plus légères, comme pour échapper un instant à la réalité. Tony continuait de caresser doucement mon dos, cherchant à me réconforter. Je savais qu'il voulait seulement être là pour moi, mais l'idée de l'inquiéter me pesait.
Lorsque Steve posa fièrement une assiette de pancakes sur la table, une vague de dégoût m'envahit. L'odeur de n'importe quelle nourriture m'était devenue insupportable. Je tentai de masquer ma réaction, mais mon teint avait dû passer du blanc au vert, car ils se relevèrent tous précipitamment de leur siège, inquiets.
"Bruce ! Il faut l'amener à l'infirmerie !" Exigea Tony en me prenant par le bras.
Bon sang, pourquoi ne pouvais-je être normal pour une fois ? Tout avait été si parfait pendant ces derniers mois. J'avais des amis, une famille qui m'acceptait tel que j'étais. Pourquoi fallait-il que cela me soit de nouveau enlevé ? Encore une fois, mon corps semblait me trahir. Ma magie ne parvenait pas à garder en bonne santé l'enfant dans mon ventre. J'avais quelques hypothèses sur le sujet, mais chaque solution envisageable me terrifiait. Si mon corps Aseir, voire même humain, ne parvenait pas à mener la grossesse à terme, c'était peut-être parce qu'ils n'étaient tout simplement pas conçus pour créer la vie. J'étais Jotun, et ce devait être dans un corps de Jotun que je devais donner naissance à mon enfant.
J'ignorais quand j'avais fermé les yeux, mais quand je les rouvris, je me trouvais déjà sur un lit de l'infirmerie, Tony me tenant la main avec sollicitude.
Je lui lançai un sourire fatigué. Il ne méritait pas ça, mon bel amour. Je l'aimais tant que mon cœur aurait pu imploser à l'intérieur de ma poitrine.
"Je suis désolé, Tony," signais-je. "Je ne voulais pas te causer de soucis."
Tony m'attira doucement dans ses bras, m'enveloppant d'une chaleur réconfortante. "Loki, tu sais à quel point je t'aime, n'est-ce pas ? Je peux te promettre, que quel que soit le problème, je serais là pour toi. Je ne t'abandonnerai jamais," murmura-t-il.
J'enfouis mon visage dans son cou, laissant échapper un sanglot étouffé. Les larmes coulèrent enfin, et nous restâmes quelques instants ainsi, simplement appréciant la présence réconfortante de l'autre.
Finalement, à contrecœur, je m'écartais de lui pour le regarder en face.
"Odin le savait, il savait que je ne pourrais jamais garder le bébé," annonçai-je par des gestes saccadés "Et aujourd'hui, l'histoire se répète. Je suis coincé dans ce corps, et cela va tuer l'enfant qui grandit dans mon ventre."
Je savais que les Avengers étaient tous présents dans la pièce, mais seule la réaction de Tony m'importait à cet instant. Ses yeux s'étaient écarquillés, passant de mon visage à mon ventre. Son esprit semblait avoir du mal à comprendre ce qui se passait, et je ne lui en voulais pas. Il est vrai que nous avions déjà fait des folies alors que j'arborais des traits physiologiques féminins. Mais de là à pouvoir procréer, il n'avait certainement pas cru cela possible.
"Je ne sais pas comment ce corps a pu concevoir un enfant, mais je sais que je ne peux pas le garder." signais-je avec une pointe de désespoir dans mes gestes. "Mon corps n'est pas adapté pour ça, et cela fait courir des risques au bébé..."
Soudain, Tony interrompit mon discours affolé en prenant doucement mes mains entre les siennes.
" Loki, essaies-tu de me dire que… tu es enceinte ?" Sa voix tremblait légèrement, tentant de contenir l'émotion qui menaçait de le submerger.
Avec une lenteur empreinte de résignation, j'acquiesçai, les larmes continuant de couler sans retenue sur mes joues.
" Et si j'ai bien compris… Ce n'est pas la première fois que ça t'arrive ?"
Tel un automate, je fis non de la tête, le regard perdu dans le vide.
" Je ne savais pas que c'était possible à l'époque," expliquais-je, les mains tremblotantes "J'étais un Jotun élevé parmi les Ases. On n'avait jamais vu un Prince tomber enceinte avant moi. Mais ma forme Ase n'était pas idéale pour porter l'enfant, et je l'ai perdu. Je ne sais pas combien de temps ma magie pourra garder ce bébé en vie. Je te le jure Tony, je ne pensais pas pouvoir de nouveau concevoir. Il y avait tellement de sang la dernière fois. La guérisseuse a dit que j'avais eu de la chance de survivre."
" Tu veux dire que… Ta famille savait que tu pouvais concevoir des enfants, mais qu'elle ne t'a jamais averti, et que ça a failli causer ta perte ?" demanda-t-il d'une voix chargée d'indignation. " Et moi qui pensais que toutes ces légendes nordiques avaient l'air foutu ! Mais la réalité est encore pire que la fiction ! Que vas-tu m'avouer la prochaine fois ? Qu'ils t'ont donné en mariage à un cheval et cousu la bouche ?
Tout mon être se figea aux mots de Tony. Je regrettais soudain de ne jamais avoir fait attention aux rumeurs que Thor s'était amusé à colporter parmi le neuf royaumes à mon sujet. Une vague de nausée m'envahit, et les voix de mes compagnons me parurent lointaines, noyées dans le flot de mes pensées chaotiques.
" Loki ? Loki, tu m'entends ? " s'écria Tony en me prenant par les épaules, cherchant à me ramener à la réalité.
Je tentais désespérément de reprendre mon souffle, mais mes pensées me ramenaient invariablement à Svaðilfari, à cette nuit où j'avais été contraint de faire mon devoir pour la sauvegarde d'Asgard. Les paroles d'Odin, les rires de Thor résonnèrent à nouveau dans ma mémoire, ravivant une douleur que j'avais tenté d'enfouir depuis longtemps.
" Svaðilfari ne demande qu'une seule chose en paiement contre la construction du palais divin" avait déclaré Odin du haut de son trône doré.
Les souvenirs douloureux me submergèrent, me replongeant à cette époque où j'avais été utilisé comme une vulgaire récompense. L'humiliation de cette nuit-là, où je n'avais été qu'un objet pour les désirs du bâtisseur.
"Ce ne devrait pas être un devoir trop difficile à exécuter ! Avait lancé Thor en ricanant. " Ce bâtisseur semble aussi Ergi que toi !"
J'avais eu du mal à accepter qu'on me touche de nouveau après ça. Svaðilfari n'avait pas été tendre…
La voix apaisante de Steve parvint soudain à percer le voile de mes pensées, me rappelant où et avec qui j'étais.
" Loki ? Tu m'entends ?" dit-il avec douceur. "Tu fais une crise de panique. S'il te plaît, respire avec moi."
Je pris une grande inspiration, essayant de me concentrer sur le souffle de Steve. Sa voix calme et régulière agissait comme une bouée de sauvetage.
Tony resserra son étreinte autour de moi, me faisant sentir en sécurité dans ses bras. Je pouvais sentir son cœur battre contre le mien.
"Je suis désolé, mon amour, je suis désolé..." répétait-il inlassablement à mon oreille
La main douce de Natasha vint caresser tendrement mes cheveux.
"Je vais les faire payer," murmura-t-elle d'une voix sombre. "Je leur ferai regretter d'être immortels, car ils souffriront tous pour l'éternité..."
Du coin de l'infirmerie, Bruce se tenait à la rampe du lit, semblant lutter contre la colère qui bouillonnait en lui.
"Loki," m'apostropha soudain Clint, qui était resté silencieux jusqu'alors. "Veux-tu de cet enfant ?"
Je me redressai d'un bond sur le lit, le regard déterminé. Chaque fibre de mon être hurlait la réponse.
"Bien entendu !" signais-je rapidement. "Ce bébé est une part de Tony ! Jamais je ne pourrais m'en séparer volontairement !"
Un silence éloquent s'installa dans l'infirmerie alors que mes mots résonnaient dans l'esprit de chacun. Je pouvais sentir leurs regards empreints d'une nouvelle compréhension
Et puis, soudain, une voix murmurée dans mon dos me fit me retourner. C'était Tony, qui se tenait là, les yeux remplis d'émerveillement et d'appréhension à la fois.
"Je vais être papa…" murmura-t-il avec un sourire radieux.
Un frisson de bonheur m'envahit à l'entente de ses simples mots.
"Mes amis, une petite visite de courtoisie s'impose !" déclara soudain Tony. "Qui est partant pour aller botter le cul divin de beau-papa ? Mon cher et tendre a besoin de redevenir un Djinn pour porter notre enfant…"
Je ne m'attendais pas à revenir si rapidement sur Asgard. Tony avait miraculeusement réussi à entrer en communication avec Thor. Le Bifrost s'activerait pour notre groupe dès que Steve ferait signe à Heimdall.
La tension était palpable dans l'air alors que nous nous préparions à traverser le pont arc-en-ciel. Mon cœur était serré, craignant qu'Odin ne me permette jamais de retourner sur Terre une fois que j'aurais mis un pied dans le pays des dieux. La dernière fois que j'avais foulé le sol d'Asgard, c'était dans des circonstances bien différentes. J'avais découvert ma parenté avec les Jotuns, renié Odin et Frigga, puis sauté dans le vide.
Mais les choses avaient changé depuis. J'avais ma place parmi les Avengers, et surtout, j'avais trouvé l'amour auprès de Tony. Cela faisait plusieurs mois que nous protégions activement la planète bleue, celle qui m'avait offert un foyer.
"Prêts à y aller ?" demanda Steve, brisant le silence qui s'était installé.
J'acquiesçai d'un signe de tête, serrant la main de Tony dans la mienne. Nous avions affronté tant de dangers ensemble, mais cette fois-ci, nous étions confrontés à quelque chose de différent. Retourner sur Asgard signifiait que des souvenirs douloureux ressurgiraient, et je n'étais pas sûr de la façon dont les Ases me recevraient après tout ce temps.
Le Bifrost s'illumina, et la sensation de chute libre nous enveloppa alors que nous étions transportés à travers l'espace et le temps.
Une étrange nostalgie m'envahit en revoyant le paysage familier d'Asgard se dessiner devant nous.
Lorsque nous atterrîmes, nous fûmes accueillis par Heimdall, son regard perçant chaque membre de l'équipe avant que le gardien ne hoche la tête en signe de salut.
Puis sans avertissement, une silhouette familière se précipita vers moi, me serrant dans ses bras.
"Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça !" s'écria soudain Sigyn en me secouant par les épaules. "Pourquoi t'être jeté du pont ? Sais-tu à quel point je t'ai pleuré ! Nous t'avons tous cru mort !"
Je me contentais de baisser les yeux au sol, honteux de lui avoir fait tant de peine.
Sigyn prit mon visage entre ses mains pour que je puisse la regarder dans les yeux.
"Nous te croyions perdu à jamais, Loki. Mais je suis soulagée que tu sois de retour. Les choses ont tellement changé en ton absence..." ajouta-t-elle en me souriant timidement.
À mon tour, je lui adressai un faible sourire, puis me reculai pour lui permettre de rencontrer Tony et les autres.
"Tu dois être Tony ! s'exclama Sigyn avec enthousiasme. Loki m'a tellement parlé de toi, de vous tous, j'ai l'impression de vous connaître déjà !"
Ses yeux s'attardèrent alors sur Steve, lui lançant un regard curieux. Le soldat se dandina mal à l'aise sur ses jambes, toujours aussi peu à l'aise avec les dames. Je ne pus m'empêcher de m'esclaffer silencieusement en voyant mon ami rougir lorsque la déesse le salua d'une étreinte d'ours.
Le reste du groupe s'avança pour se présenter à Sigyn, qui les accueillit avec une hospitalité chaleureuse.
Thor arriva peu de temps après.
"Loki, mon frère, tu es revenu," s'exclama le dieu du tonnerre avec une émotion palpable. "Tu nous as tant manqué."
J'eus du mal à en croire mes oreilles. Thor semblait sincèrement heureux de me revoir, mais je ne pus m'empêcher d'avoir un mouvement de recul lorsqu'il tenta de me prendre dans ses bras.
"Ne t'approche pas de lui," le réprimanda Tony d'un ton ferme, sentant ma gêne.
Thor parut surpris par la réaction de Tony, mais il obtempéra, me regardant avec un mélange d'inquiétude et de désarroi.
"Je suis désolé, Loki," dit-il d'une voix empreinte de regret. "J'ai tellement de choses à te dire, mais je comprends que tu aies besoin de temps."
Nous fûmes conduits au palais sous un tonnerre d'applaudissements provoqué par les Ases, accueillant par milliers notre cortège. J'avais du mal à réaliser ce qui était en train de se passer. Même Thor n'avait pas eu droit à un tel accueil lors de ses retours de campagnes.
"Je leur ai dit que sur Terre, tu étais devenu un dieu respecté," déclara Thor avec un sourire timide.
L'accueil chaleureux et l'attention que je recevais de la part des Ases étaient déconcertants. Après tout, j'étais toujours ce Prince raté et Ergi. Rien n'avait changé si ce n'était les paroles mielleuses de Thor pour leur endormir la cervelle.
Dans la grande salle du palais, une tension palpable régnait lorsque nous fûmes enfin présentés à Odin, Frigga à ses côtés. Tony ne cachait pas son mécontentement face à la façon dont mon père adoptif m'avait traité. Aucun membre de l'équipe ne plia d'ailleurs le genou devant le père de tous.
"Soyez les bienvenus au Valhalla ! Proclama Odin d'une voix puissante. Habituellement, nous n'accueillons les héros qu'à leur mort, mais vous avez combattu bravement pour défendre votre planète, et nous avons décidé de reconnaître votre grande valeur de votre vivant !"
Tony prit alors les devants, s'avançant vers le trône doré, le regard dur et déterminé.
"Odin, nous vous remercions pour votre accueil, mais nous avons des affaires à régler avec vous," déclara Tony d'un ton ferme.
Les regards des Ases se tournèrent vers Tony, surpris par son audace. Mais je savais que mon bien-aimé ne reculerait devant personne, pas même le roi des dieux.
"Qu'est-ce qui vous amène à poser des conditions ici ?" demanda Odin avec sévérité.
"Vous savez très bien ce qui nous amène," répliqua Tony sans détour. "Loki a failli mourir à cause de vos mensonges. Vous l'avez poussé dans les ténèbres en le privant de la vérité sur ses origines, en le traitant de monstre et en l'abandonnant à son sort. Vous n'avez pas été un père digne de ce nom. Nous sommes ici pour que justice soit rendue."
Les mots de Tony résonnèrent dans la salle du trône, provoquant un silence étonné. Jamais auparavant, on avaient vu quelqu'un oser confronter Odin de cette manière. Les yeux de mon père adoptif s'embrasèrent d'une colère contenue, mais Tony ne fléchit pas face à son regard méprisant.
"Vous parlez avec beaucoup d'assurance pour un simple mortel," répliqua Odin d'un ton cinglant.
"Je suis plus que cela," répondit Tony avec un sourire satisfait. "Je suis Iron Man, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger l'homme que j'aime et notre enfant à naître."
Odin fut visiblement surpris par cette révélation. "Un enfant à naître..." répéta-t-il, comme s'il avait du mal à assimiler cette nouvelle réalité.
Tony s'approcha de moi, ses yeux brillants de fierté, et posa délicatement sa main sur mon ventre arrondi. "Oui, Loki et moi attendons un enfant. Protéger ma famille est devenu ma priorité absolue. Je sais ce que vous souhaitez, Odin," continua Tony d'un ton résolu. "Vous voulez que Loki redevienne un dieu, un de vos propres fils. Mais il est temps pour vous de l'accepter pour ce qu'il est réellement. Loki est un Jotun, c'est sa véritable nature. Je refuse de le voir changer pour se conformer à votre vision étroite du monde. De plus, sa forme actuelle met en danger l'enfant qu'il porte. Allez-vous répéter les mêmes erreurs que par le passé ?"
Je vis Frigga serrer le bras d'Odin et lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Le visage du père des dieux se radoucit alors, laissant place à une sorte de compréhension. Odin semblait avoir pris une décision.
"Tu as raison, Tony Stark. J'ai commis des erreurs dans mon rôle de père, et je le regrette profondément…," admit le vieil homme d'une voix empreinte de sincérité.
Il tourna alors son regard vers moi, et je fus surpris de voir une lueur d'appréhension dans ses yeux.
"Si tu redeviens Jotun par ma magie, Loki, tu ne pourras jamais plus redevenir humain. En as-tu pleinement conscience, mon fils ?" me demanda-t-il d'une voix grave.
Je hochai la tête, le cœur serré. J'étais conscient que ce choix était définitif, mais je savais également que c'était la seule façon de garder l'enfant en vie.
Il leva alors son sceptre, imprégné du pouvoir d'Asgard, et murmura une incantation ancienne. Je sentis une énergie étrange m'envelopper, et une sensation de picotement se propagea dans tout mon corps. Je fermai les yeux, laissant le processus de transformation opérer en moi.
Lorsque j'ouvris les yeux à nouveau, je pouvais sentir que quelque chose avait changé. Mon corps était différent, mes traits maintenant marqués par ma véritable nature Jotun. J'avais retrouvé ma peau bleue, mes yeux rouges et mes cornes imposantes sur un front marqué d'étranges symboles tribaux. Il y eut des exclamations de surprise, des cris et même quelques pleurs de terreur devant ma nouvelle apparence. Cependant, il ne m'importait désormais plus de plaire aux dieux ou de me conformer à leurs attentes. J'étais fier de qui j'étais, humain, Jotun ou Ase.
Soudain, je réalisai que le sortilège de Thanos qui liait ma langue avait également été annulé. Je portai ma main à ma gorge et sentis avec soulagement que je pouvais à nouveau parler librement.
"Mère, Père, je vous remercie…," murmurai-je d'une voix émue.
Frigga s'approcha de moi avec douceur et m'enlaça dans ses bras.
"Mon cher Loki, nous avons commis tellement d'erreurs…Je sais que ce que nous t'avons fait subir est impardonnable. J'espère seulement que tu trouveras le bonheur parmi ces humains" dit-elle avec tendresse avant de s'écarter pour saluer les membres de l'équipe.
Odin me fixait de loin, et dans son œil valide, je crus apercevoir une lueur de regret. Tony me rejoignit à son tour, son sourire empreint d'émotion.
"Tu es magnifique," murmura-t-il à mon oreille.
"Tout cela n'aurait jamais été possible sans toi," susurrai-je à mon tour, un frisson parcourant ma peau lorsque ses doigts effleurèrent ma joue.
"Comme cette voix m'a manqué..." soupira Tony avec espièglerie.
Le reste de la soirée se déroula comme dans un rêve. Les torches crépitaient, projetant des ombres dansantes sur les murs ornés de fresques rappelant les exploits passés des dieux. Des tapis tissés aux motifs complexes recouvraient le sol de la salle du trône, ajoutant une touche chaleureuse et colorée à l'atmosphère.
Les tables, magnifiquement décorées, regorgeaient de mets délicats et de fruits exotiques, le tout accompagné d'hydromel aux arômes envoûtants. Les coupes s'entrechoquaient dans des toasts joyeux, les convives célébrant l'alliance naissante entre les Ases et les humains.
Au centre de la salle, les dieux et les déesses s'adonnaient à une danse enivrante, leurs mouvements gracieux entraînant les convives dans un tourbillon de couleurs et de sons.
Clint s'amusait à lancer avec adresse des pommes dorées en l'air, les transperçant de flèches sous les regards ébahis des dieux.
Bruce, quant à lui, s'était confortablement installé parmi les sages d'Asgard. Passionné par les discussions sur la magie et les mystères de l'univers, il échangeait avec enthousiasme ses connaissances avec les érudits.
Natasha, entourée des Walkyries, fascinait par sa grâce et sa force. Les guerrières semblaient hypnotisées par l'aura de l'espionne, cherchant à en apprendre davantage sur ses talents de combattante hors pair.
Steve se lançait avec entrain dans une compétition amicale d'épreuves de force avec les guerriers Ases. Les bras de fer se succédaient, sous les acclamations enthousiastes de la foule.
Soudain, Sigyn apparut, radieuse dans sa robe d'apparat. Elle invita Steve à danser, l'emportant dans une valse envoûtante. Le soldat, quelque peu maladroit et rougissant au début, se laissa finalement guider par la déesse.
"Ton amie est une femme merveilleuse !" s'exclama Steve en revenant vers moi quelques valses plus tard, son teint rosé par la danse et l'hydromel.
"Prends garde, Steve, c'est une vraie lionne. Quand elle tient un homme dans ses griffes, il n'y a plus moyen d'en échapper..." plaisantais-je en servant à boire au soldat.
"Qui a dit que je voulais m'échapper ?" répondit Steve avec un sourire taquin, acceptant la boisson que je lui tendais.
"Tes deux meilleurs amis qui se font les yeux doux..." s'amusa Tony. "Avoue que c'est plutôt cocasse qu'ils s'entendent si bien ! Et les gars, ça vous dit d'être le parrain et la marraine de notre bébé ?" Ajouta-t-il en direction des deux tourtereaux.
Les convives se délectaient de la gaieté ambiante quand soudain, Thor prit place au centre de la salle, faisant taire les conversations et stoppant net les danseurs. Intrigués, tous se tournèrent vers le dieu du tonnerre, s'étonnant de voir Mjölnir délaissé au profit d'un instrument plus mélodieux.
"Dignes Ases, chers invités, en cette nuit bénie par les étoiles, je souhaite offrir une humble offrande à mon frère Loki, langue d'argent," déclama-t-il d'une voix puissante qui résonna dans toute la salle du trône.
Un silence solennel s'installa, tandis que les premières notes de sa harpe résonnèrent doucement, enveloppant l'assemblée d'une douce mélodie. Les paroles de la ballade étaient comme des versets d'un poème oublié, évoquant les souvenirs de jadis.
Tu m'avais dit que tu savais
Que les murs pouvaient tomber
Et quand tu entendais
Le vent se lever
Je me souviens que tu avais peur
Que j'avais mis mes mains sur ton coeur
Je me souviens qu'on nous avait dit
Que tout serait bientôt fini
Thor avait l'air si vulnérable, ses mains caressant les cordes de sa lyre avec une délicatesse presque fragile. Ses cheveux d'or formaient une cascade autour de son visage, dissimulant ses expressions. On aurait dit que sa voix aurait pu se briser à tout instant, tant elle était chargée de sentiments.
Mon cœur se serra à l'écoute des paroles de sa chanson. Nul doute que c'était lui qui en était l'auteur. Qui aurait pu imaginer que le puissant Thor possédait une âme de barde ?
Alors, une question s'insinua en moi : derrière cette façade de bravoure et de fermeté, quel secret cachait-il ?
Un carré de lune tombait
Sur nos yeux qui se cherchaient
J'avais comme des serpents
Qui se battaient dans le ventre
Au pied du lit dе nos parents
On attendait que sе fatigue l'ouragan
Et tout doucement, la nuit
Nous invitait dans ses palais infinis
Des yeux d'un bleu glacial me transpercèrent alors de part en part et un étrange message tacite passa entre nous. La haine que j'avais toujours décelée dans son regard semblait s'être transformée en quelque chose de différent, de plus profond. Un sentiment que je n'aurais jamais osé nommer ou admettre. Alors que je le fixais, je ressentis un éclair de pitié pour ce dieu du tonnerre, réalisant que malgré toutes mes prétentions de finesse et de perception, j'avais été incapable de saisir la totalité de sa véritable essence. Tout comme il avait été incapable de voir la mienne…
Je me souviens que tu avais peur
Que j'avais mis mes mains sur ton coeur
Je me souviens qu'on nous avait dit
Que tout serait bientôt fini
Soudain un soleil s'est jeté
Sur le bleu de l'Horizon
Et tes larmes semblaient s'évaporer
Sous ses rayons
Au loin, la vallée brillait
Par la lumière que la neige reflète
Tandis que je me demandais
Où vont les tempêtes ?
A la fin de la mélodie, je hochai la tête en direction de cet inconnu. Oui, ce Thor-là m'était étranger, différent de l'homme que j'avais affronté pendant ces derniers siècles.
Le banquet continua tard dans la nuit, rythmé par les rires, les chants et les danses. Les liens se renforçaient, et une amitié véritable s'épanouissait entre les deux mondes. Bien sûr, les blessures du passé demeuraient présentes, profondes et encore à vif. Mes relations avec ma famille divine étaient complexes et chargées d'émotions contradictoires. Mais en cet instant, j'étais résolu à ne pas laisser ces conflits empoisonner cette fête.
"Allongés sur l'immense lit de ma chambre d'enfant, nous étions enveloppés d'une atmosphère paisible et étonnamment douce. La soirée avait été remplie d'émotions, bien loin de ce que j'avais pu imaginer. Thor s'était montré surprenamment aimant, Frigga avait serré ma main avec tendresse tout au long du repas, et Odin... il avait enfin accepté mon véritable moi.
Tout ce que j'avais toujours désiré, l'amour et l'acceptation de ma famille, m'avaient enfin été offerts. Pourtant, malgré cette abondance d'affection, je n'arrivais pas à trouver la sérénité. La perspective de vivre mille fois plus longtemps que Tony me terrifiait, et une partie de moi ne parvenait pas à être pleinement satisfait de la situation.
" As-tu conscience qu'à présent que je suis redevenu Jotun, je ne vieillirai plus à la manière des humains…" murmurais-je d'une voix incertaine.
" La vie est pleine de surprises…" répondit Tony avec tendresse. " Je me sens déjà chanceux de t'avoir retrouvé. Savoir que je te laisserais un morceau de moi en partant me rassure un peu…"
Mais ses mots n'apaisèrent pas mon humeur, et les larmes se mirent à perler de mes yeux. Tony me tira doucement vers lui, nos lèvres se rencontrant dans un baiser bâclé mais chargé d'une tendresse infinie. Un gémissement m'échappa involontairement lorsque je sentis la chaleur de son souffle et le goût sucré du jus de pomme de ses lèvres. Un sentiment de culpabilité me saisit en songeant qu'il ne pourrait jamais goûter à l'hydromel d'Asgard.
Je me détachais doucement de son étreinte pour parsemer de baisers son visage. J'appréciais la sensation de sa barbe rugueuse chatouillant mes lèvres, et je sentais Tony frissonner agréablement sous mes caresses. Ses grands yeux bruns brillaient d'amusement et de désir, rendant mon cœur encore plus fébrile.
"Loki…", me mit-il en garde avec un petit rire, mais je ne pouvais résister à continuer.
J'enroulais mes bras autour de son corps chaud, nos poitrines se pressant l'une contre l'autre.
"Touche-moi", le suppliais-je, le désir palpitant dans ma voix.
"Avec plaisir," sourit-il, son regard empreint d'une passion brûlante.
Ses lèvres tracèrent délicatement les lignes des étranges reliefs sur ma peau. Puis il descendit le long de mes pectoraux, ses yeux s'attardant avec une faim manifeste sur mes tétons déjà érigés par le désir. Mon souffle s'accéléra alors qu'il les caressait, les mordillant et les suçant avec avidité, faisant naître en moi une vague de plaisir.
"Tony...", soufflais-je, haletant sous ses caresses exquises.
"Ton corps réagit si intensément", commenta-t-il avec étonnement, avant de se délecter de chaque parcelle de moi.
Une secousse de volupté électrisa alors tout mon être.
"Je compte bien faire en sorte que ton corps se souvienne de cette nuit pour les siècles à venir...", murmura-t-il.
Je frissonnais lorsque sa main rugueuse et cornée, témoignant de ses années passées à construire des machines, glissa sur ma peau. Ses caresses étaient empreintes d'une tendresse sans pareille, et je me blottissais contre lui comme un chaton ronronnant, désireux de profiter de chaque instant de cette étreinte.
Ses doigts parcoururent délicatement mes cornes avec curiosité, s'attardant sur chaque détail.
"Steve m'a dit qu'il t'avait cassé une de tes cornes en Arctique " fit remarquer Tony.
"A-t-elle correctement repoussé depuis ?" , Voulus-je savoir.
"Je crois que l'une est un peu plus courte que l'autre", répondit l'homme avec une moue amusé sur le visage.
Je lui jetais mon coussin sur la tête, Tony se vengeant à m'assaillant de chatouille. Il attendit que je supplie pour sa clémence avant de se perdre à nouveau en caresse.
"Je veux connaître chaque centimètre de toi," me confia-t-il à voix basse, comme pour partager un secret. Sa main se posa alors sur mon ventre rebondi où résidait le fruit de notre amour. "Je veux prendre mon temps avec toi et… je veux te faire l'amour comme tu le mérites. Tu as tant donné aux autres, maintenant laisse-moi te montrer combien tu comptes pour moi…"
Et je le laissais me marquer dans ma chair comme aucun autre ne l'avait fait avant lui.
Un bruit retentissant de coups frappés à la porte résonna dans la chambre, nous tirant brutalement de notre sommeil. Mes sens s'aiguisèrent instantanément. À mes côtés, Tony se redressa, tout aussi alerte.
Je m'empressai de me revêtir pour rejoindre la porte d'entrée de ma chambre, où je découvris Sigyn, le visage pâle et inquiet, accompagnée de Thor et des autres Avengers. Mon cœur s'accéléra, sachant que leur présence ici n'augurait rien de bon.
"Sigyn ?" l'appelai-je d'une voix empreinte d'appréhension. "Que se passe-t-il ?"
La déesse prit une grande inspiration avant de dévoiler la sinistre nouvelle. "Les Chitauris viennent d'attaquer Asgard," déclara-t-elle d'une voix tremblante. "Il n'y a pas un moment à perdre. Nous devons évacuer le royaume."
"Pourquoi une mesure si drastique ?" questionna Tony, se joignant à nous.
"Je suis tellement désolé, Loki," murmura la déesse, les larmes aux yeux. "La reine a été assassinée."
Les mots semblaient flotter dans l'air, lourds de chagrin et de douleur. Ma mère, la douce et aimante Frigga, assassinée ?
"Qui ?" demandai-je d'une voix rauque, la colère montant en moi.
"Thanos" révéla mon amie, sa voix teintée de tristesse et de rage contenue.
Ce nom résonna comme une malédiction dans mon esprit. La colère bouillonnait en moi, alimentée par un désir ardent de vengeance.
Thor prit soudain la parole, le visage sombre. "Je vais partir l'affronter aux côtés de père, Loki."
"C'est de la folie !" m'écriai-je, sentant le poids de l'angoisse peser sur mes épaules. "Il possède les pierres d'infinité. Nous n'avons aucune chance contre lui."
"Pourtant, j'ai l'obligation d'essayer," répliqua Thor. "Notre devoir envers notre peuple prime. Les Ases doivent être mis à l'abri du danger. Nous devons agir rapidement et efficacement. Toi, Natasha et Clint, assurez-vous de la protection des Ases. Sigyn, Steve et Tony, préparez un vaisseau de croisière. Il doit être prêt à décoller dès que tout le monde sera à bord."
Chacun d'entre nous hocha la tête, comprenant l'urgence critique de la situation. Nous nous mîmes immédiatement en mouvement, suivant les directives de Thor. Dans une chorégraphie soigneusement orchestrée, nous guidâmes les dieux vers le vaisseau, formant un bouclier de protection contre les Chitauris qui tentaient de les atteindre.
Le temps nous était compté, chaque seconde avait une importance cruciale. Alors que le dernier Ase embarquait, nous vîmes Thanos et son armée se rapprocher, prenant l'avantage sur Thor, Odin et les vaillants guerriers.
"Démarrez le vaisseau !" hurla Thor, libérant les éclairs puissants de Mjölnir pour repousser l'ennemi.
Soudain, Odin se matérialisa devant nous, armé de son sceptre.
"Père, embarquez avec nous !" le conjurai-je.
"Tel un capitaine fidèle à son navire, je mourrai en mon royaume, mon fils," répliqua-t-il avec résolution.
Je savais que convaincre Odin était une tâche impossible. Surtout à présent que ma mère n'était plus là. Il ne fuirait pas devant l'adversité.
"Nous vous rendrons hommage, Père," assura Thor solennellement.
Un ultime échange de regards se déroula entre Odin et moi, et je sentis tout l'amour et la fierté qu'il éprouvait à mon égard.
Alors que nous embarquions à bord du vaisseau, Odin resta sur Asgard, prêt à sacrifier sa vie pour nous donner une chance de nous échapper.
"Cap sur Midgard !" annonça Thor d'une voix ferme, ajustant les commandes du vaisseau.
Le vrombissement des moteurs s'intensifia alors que notre vaisseau s'élevait dans l'atmosphère, laissant derrière lui les ruines d'Asgard. Cependant, à peine avions-nous gagné de l'altitude que les vaisseaux Chitauris, tels des essaims menaçants se lancèrent à notre poursuite. Leurs coques métalliques étincelaient sinistrement à la lueur des étoiles, révélant les armes mortelles qu'ils abritaient.
Les alarmes résonnaient dans le vaisseau, créant une cacophonie angoissante qui se mêlait au rugissement assourdissant des moteurs. Le vent sifflait à travers les conduits d'aération, apportant avec lui le parfum métallique de l'espace.
Quelques instants plus tard, notre vaisseau fut abordé. Bruce se métamorphosa en Hulk, son corps massif prenant forme dans un grondement titanesque.
Pendant ce temps, Natasha, Clint et Steve étaient déjà en position, armes levées. Les salves de tirs laser fusaient dans toutes les directions, repoussant les Chitauris qui se rapprochaient dangereusement. Natasha, le visage concentré, tirait avec une précision mortelle. Clint, l'œil fixé sur sa cible à travers la visée de son arc, décochait des flèches explosives. Steve, son bouclier vibrant au rythme des impacts, se lançait dans la mêlée, frappant avec une force surhumaine tout ennemi qui osait s'approcher trop près.
Face à nous, Thanos se dressa alors, son regard fixé sur moi.
"Tu possèdes quelque chose qui m'appartient, Loki !"
Un frisson d'appréhension traversa l'air tandis que les Avengers resserraient leurs rangs autour de moi. Nous étions prêts à faire front, à affronter cette menace colossale qui se dressait devant nous. Cependant, ce fut Thor qui passa à l'action en premier. Dans un geste vif, il activa un levier à proximité, et soudain, la salle de commande fut enveloppée d'une barrière magique. Cette frontière nous isolait non seulement de la menace imminente de Thanos, mais aussi de Thor lui-même, qui avait choisi de rester à l'extérieur.
"Que fais-tu, Thor ?" m'écriai-je, la voix mêlée d'incompréhension et d'inquiétude. Mon regard chercha le sien à travers la barrière scintillante, mais il était clair que le dieu du tonnerre avait une intention bien précise derrière cette décision impromptue.
"Le soleil brillera à nouveau mon frère…" Annonça Thor, ses yeux bleus troublés comme un océan déchainé.
Les éclairs puissants de Mjölnir frappèrent avec une force titanesque le sol, créant une cascade étincelante. Puis, tel un éclair lui-même, Thor se lança à l'attaque du sorcier.
"Thor !" Hurlais-je avec désespoir.
Mais il était déjà trop tard.
Dans un geste brutal, Thanos enserra la gorge du dieu du tonnerre de sa poigne de fer. Le marteau légendaire tomba lourdement au sol, laissant échapper un son grave et sinistre.
Soudain, comme si le destin avait choisi de faire une pause dans son implacable cours, la prise de Thanos se relâcha. Thor tomba sur le sol, inerte, son visage paisible comme s'il avait accepté son sort avec dignité.
La douleur et le choc m'envahirent alors, me laissant pantelant. Je sentis mes jambes fléchir sous le poids de cette nouvelle perte.
" Et bien, petit Jotun ? Ne veux-tu donc pas jouer avec moi toi aussi ?" ricana Thanos avec un sourire dément. " Donne-moi la pierre de l'espace, et aucun mal ne sera fait aux gens que tu aimes, je t'en donne ma parole."
La proposition du titan fou me glaça le sang. Une part de moi voulait tout abandonner pour sauver ceux que j'aimais, mais je savais que céder à ses exigences serait trahir la mémoire de Thor et condamner la galaxie tout entière.
"Loki, me pressa Tony, il faut partir, ou Thor sera mort en vain !"
Les larmes aux yeux, je lançai un dernier regard à mon frère tombé, jurant de le venger, lui aussi.
Nous nous engagions dans les dédales labyrinthiques du vaisseau, nos pas résonnant dans les couloirs métalliques alors que nous esquivions les attaques incessantes des Chitauris. Chaque recoin semblait désormais un piège potentiel. Les lueurs stroboscopiques des tirs lasers créaient une danse éblouissante autour de nous, un ballet mortel auquel nous étions forcés de participer.
Au cœur de cette mêlée chaotique, je ressentis soudainement une sensation humide entre mes jambes, une réalité que je n'aurais jamais imaginée dans un contexte aussi périlleux. Mon regard se baissa sur mes vêtements trempés, et une douleur aiguë me saisit brusquement au ventre, me coupant le souffle. Mon instinct de survie se heurta à la réalité incontestable : le bébé avait choisi le pire moment pour faire son entrée.
Un voile de préoccupation et d'inquiétude enveloppa les traits de Tony alors qu'il détectait mon malaise. "Loki ?" s'écria-t-il.
"Le bébé, Tony... C'est... maintenant."
"Que faites-vous tous les deux ?" nous interpella Steve, revenant en hâte vers nous.
Ignorant Steve et tout le tumulte qui nous entouraient, Tony se hâta vers moi pour me soulèver avec précaution dans ses bras.
"Tony ?" demanda le soldat à nouveau, cette fois d'une voix empreinte d'anxiété.
"Loki a perdu les eaux," annonça l'inventeur d'un ton grave, ses yeux fixés intensément sur les miens.
Steve hésita un instant, puis recouvra rapidement son sang-froid.
"Passez devant, tous les deux," ordonna-t-il d'un ton autoritaire, reprenant son rôle de leader avec détermination.
"Non, Steve !" m'écriai-je, conscient du danger. "Ne l'affronte pas seul ! Ce serait du suicide!"
"Il ne sera pas seul," assura la voix douce et réconfortante de Sigyn. La déesse s'avança prudemment vers Steve, prenant sa main dans la sienne avec tendresse.
"Nous avons un filleul à protéger..." ajouta Steve.
Ce cauchemar ne semblait jamais vouloir se terminer car, à présent, tous les Avengers étaient à nos côtés.
"Partez devant !" s'écria Natasha, la détermination brillant dans son regard. "Nous les retiendrons aussi longtemps que possible !"
Je refusai catégoriquement que mes amis se sacrifient pour moi et je les suppliai désespérément de partir avec nous.
"Tu t'es sacrifié tant de fois pour nous, Loki ! Pourquoi ne ferions-nous pas la même chose ?" répliqua Clint avec émotion.
"Hulk, protège le bébé !" ajouta le berserker, sa main massive frappant la paroi du vaisseau d'un puissant coup de poing.
À peine pouvais-je leur adresser un dernier regard, les larmes brouillant ma vision, qu'une nouvelle contraction me plia en deux, un cri de douleur m'échappant. Tony réagit instinctivement, me soutenant pendant une période indéterminée. Ma tête tournait, et à travers mes larmes, j'entendis ses paroles réconfortantes.
Finalement, Tony me déposa sur la selle d'un cheval. Nous nous trouvions dans les écuries du vaisseau, et je fus surpris de constater qu'il m'avait transporté ici sans faillir.
" Sleipnir ? " parvins-je à articuler, stupéfait que l'étalon ait été sauvé de la destruction d'Asgard.
"Sigyn a dit qu'il était important pour toi," annonça Tony en ouvrant la porte du sas, "Je me suis dit que tu serais heureux si nous l'emmenions sur Terre avec nous."
Puis il se pencha pour murmurer quelque chose à l'oreille de Sleipnir, mais je ne parvins pas à saisir ses paroles.
"Tony, que fais-tu ?" l'appelais-je avec urgence.
"Je protège tes arrières, mon amour," déclara-t-il d'une voix déterminée.
"Cesse tes absurdités, viens avec moi !" le suppliai-je, conscient que le temps pressait.
Mais Tony m'attira à lui, nos lèvres se scellant dans un dernier baiser.
"Je t'aime," murmura-t-il tendrement, "Ne l'oublie jamais."
Puis, d'un geste vif, il frappa la croupe de Sleipnir, faisant partir le cheval au galop. Je vis les racines d'Yggdrasil défiler devant moi, et je réalisai que chaque foulée nous éloignait de Tony à des années-lumière de distance.
Je voulus attraper les rênes pour diriger la monture d'Odin moi-même, mais mes mains étaient trop occupées à agripper la crinière du cheval. La douleur dans mon ventre s'intensifia, mêlée à la peur et à la tristesse de laisser Tony et mes amis derrière moi, à la merci de Thanos.
Enfin, Sleipnir nous déposa dans un champ désertique, composé de roche noire volcanique. Je tombai lourdement de son dos, un cri de douleur s'échappant de mes lèvres alors qu'une nouvelle contraction me saisissait. J'étais seul, complètement seul.
Les contractions devinrent de plus en plus intenses, et chaque poussée me rapprochait de la délivrance. Je me sentais vulnérable, mais je n'avais pas le choix, je devais continuer. La survie de mon enfant en dépendait.
Je m'allongeai sur le sol rocheux, serrant les dents pour étouffer les gémissements de douleur. Sleipnir semblait me soutenir par de petits coups de museau.
Je pris une profonde inspiration, me préparant pour la prochaine poussée. Même si j'étais seul, je sentais une nouvelle force m'envahir. Une force qui venait de l'amour que je portais à notre enfant, à Tony, à mes amis et à ma famille.
Les minutes semblaient s'étirer dans l'éternité. Mon corps était enveloppé d'une douleur brûlante, mais je sentais que chaque contraction me rapprochait du moment décisif. Avec une dernière poussée, l'enfant glissa hors de moi, dans ce monde inconnu. Un cri puissant s'échappa de ses lèvres, emplissant le silence de vie.
Épuisé, je m'affaissai sur le sol, le regard fixé sur le nouveau-né sanglant dans mes petit corps blanc était recouvert d'arabesques en relief. Il était magnifique.
"Bonjour, mon Anthony…" soupirai-je devant les yeux bruns larmoyants de mon fils.
FIN de la partie 1
J'espère que ce chapitre vous a plu. Il s'agit d'une série. Rendez-vous la semaine prochaine pour la partie 2 des Aventures chaotiques d'un dieu à la dérive. Pouvez-vous deviner où notre Loki a atterri ?
Avec Amour,
Miss_Healthy_OneShot
