Cette fic est écrite pour la 104ème nuit du Fof, il fallait le rédiger sur le thème "Chair" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP


Enfin, j'attends ce moment depuis si longtemps. Il m'a fallu tant d'énergie et de travail pour parvenir à ce résultat, mais je touche enfin au but.

Peter me tient dans ses bras avec toute la déférence possible, mais il ne mérite pas cet honneur. J'ai été obligé de me fier à lui pour ce procédé d'une délicatesse extrême, mais je n'avais pas le choix. Il me tient au-dessus du chaudron bouillonnant et semble hésiter. Lâche-moi bon sang ! Laisse-moi tomber et renaitre, misérable rat.

Enfin, je sens la tension de ses mains se relâcher, et la courte sensation de chute se termine lorsque je heurte le fond du chaudron un peu trop brutalement à mon goût. L'eau bouillante est à peine tiède autour de moi, et je me sens soudain envahi d'un immense bien être. Je n'ai pas de difficulté pour respirer. Je suis si bien dans ce cocon protecteur que tout ce qu'il se passait autour de moi me parait soudain bien dérisoire. Les mangemorts, la victoire, la conquête du monde sorcier, la domination du monde ne me paraissent plus si importants que ça. J'ai envie de rester ici pour toujours. Dans cette chaleur réconfortante.

Dehors, personne n'est suffisamment important pour me donner envie de me relever. Peter, les mangemorts, Harry Potter… Attendez ! Harry Potter. Celui à cause de qui tout cela est arrivé ? Celui que je me promets chaque jour de tuer avec d'infinies douleurs est ici ? Il est à seulement quelques mètres de moi, et je reste à paresser de ce bain ? Non ! Je dois retrouver un corps, je dois me relever et accomplir ma promesse immédiatement.

Alors que ce leitmotiv tourne dans ma tête avec force, je sais toute la paix qui m'avait envahi refluer, et une immense douleur s'emparer de ce qu'il reste de mon corps. Je me sens tirer, contraint, brisé et réparé. Des sensations étranges me viennent, des craquements résonnent dans mes os. La peau me brûle, la douleur devient bientôt insoutenable. Chaque seconde, je pense que je vais définitivement mourir tant je souffre. Un Doloris n'est qu'une agréable sensation de massage comparé à ce qu'il m'arrive. Mais un léger souffle d'air frais sur mon visage m'apaise un peu. Un souffle d'air ?

J'ouvre brutalement les yeux et même si la lumière dans ce cimetière est faible, elle m'éblouit quand même. Je m'appuie contre le rebord du chaudron pour retrouver mon équilibre. Je me tiens maintenant debout, mon corps encore sensible du traitement qu'il vient de subir. Mais je suis là. Vivant. Revenu d'entre les morts. Enfin !

J'entends Peter se précipiter vers mois pour me couvrir et me rendre ma baguette. Il a réussi à la subtiliser en s'infiltrant à Poudlard, dans le bureau de Dumbledore. Ce vieux fou n'a jamais dit que ma baguette avait disparu, lui et son obsession du secret m'ont une fois de plus bien rendus service. Peter l'a gardée en lieu sûr pour me la restituer aujourd'hui.

Avec elle, ma fidèle compagne, je suis enfin complet. Elle vibre sous mes doigts comme si elle me souhaitait la bienvenue et qu'elle était impatiente de faire ce que nous adorons faire. Tuer. Torturer. Terroriser. Notre sainte trinité.

Malgré la légère fébrilité qui m'envahit, je me force à me concentrer. Je dois me déplacer de quelques mètres pour sortir de ce chaudron. Je vais faire de la magie pour la première fois avec ce corps neuf. Va-t-il m'obéir aussi bien que l'ancien ? Je focalise mes pensées sur ma destination, et brusquement toutes les sensations si familières me reviennent. Cette liberté totale, comme si chaque atome de notre corps se désolidarisait de son voisin pour rejoindre sa destination. Ce n'est pas un transplanage classique, mais une technique de magie noire permettant de se déplacer selon une forme proche du vol sans balai. Elle permet de se battre tout en attirant la proie vers une destination bien précise. Aujourd'hui, il ne s'agissait que d'un test pour vérifier que ma magie n'avait pas subi de dommages lié à la disparition prolongée de mon corps.

En apparaissant exactement à l'endroit voulu, je sens la jubilation monter en moi. Sous ma peau, mon sang court dans mes veines. Mes muscles vibrent sous mes doigts. Toutes ces sensations qu'on oublie habituellement explosent en moi. Et c'est bon. J'éclate de rire. Ils pensaient m'avoir définitivement détruit ? Bande de misérables vermisseaux. Ils ne me vaincront jamais. Je suis trop fort pour eux.

Des sanglots sur ma gauche me tirent de mon hilarité. Qui se permet de me déranger dans un moment pareil ? La silhouette de Peter est prostrée sur le sol, secouée de spasmes incontrôlables. Ce garçon n'a jamais été fort. Il tremblait déjà en me révélant le secret pour retrouver les Potter, et il tremble encore alors que son maitre est revenu. C'est un faible. Il est faible et il doit être dominé pour vivre. C'est ainsi, c'est dans l'ordre des choses.

Mais il m'a été fidèle quand j'ai eu besoin de lui, alors je vais me montrer miséricordieux. Lorsque je l'appelle, il relève ses yeux humides de larmes et baignés d'espoir vers moi. Il me répugne. Il s'approche de moi, croyant que je vais l'aider à mon tour. Mais c'est mal me connaitre, je ne fonctionne pas comme ça. Je ne vais pas l'aider parce que je le lui dois, mais parce que j'en ai envie. Et pour avoir eu cet espoir parfaitement déplacé et grotesque, il va attendre avant que je le soigne. Il me tend son bras mutilé mais c'est avec jubilation que je lui demande l'autre. Il va me servir une dernière fois à convoquer mes partisans.

Je vois sa pomme d'Adam descendre puis remonter alors qu'il ravale ses sanglots. Lorsque ma baguette touche enfin sa marque, toute la force du réseau des Mangemorts me submerge. Quelle jouissance de sentir tout ce pouvoir entre mes mains, à ma merci. Il est un peu plus faible qu'avant, certains sont morts depuis la dernière fois, mais c'est toujours aussi puissant.

Les premiers bruits des transplanages résonnent dans mon dos. Ils sont revenus. Je suis revenu.

Lord Voldemort est revenu.