Cette fic est écrite pour la 108ème nuit du Fof, il fallait le rédiger sur le thème "Décharger" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP.
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La rumeur dit qu'au moment de notre mort, tous les souvenirs défilent devant nos yeux à toute vitesse. On se refait le film de notre vie au moment précis où on la quitte.
Je vois l'éclair vert se diriger vers moi, et je sens l'angoisse serrer son poing sur mon cœur. J'ai eu une vie extraordinaire, faite de joies immenses et de peurs insondables. Le regard noir de Severus brille un instant à la lumière du sort qu'il vient de me jeter et je sens mon corps qui bascule par-dessus le parapet de cette tour. La chute sera interminable depuis le sommet de la plus haute tour du château.
Tout mon corps est anesthésié, je n'entends pas l'air qui siffle à mes oreilles, la nuit est sans lune et seule la lumière blafarde de cette sinistre marque que j'ai combattu pendant la dernière partie de ma vie, troue les ténèbres dans lesquels je suis engloutis.
A mesure que les secondes s'écoulent, interminables, je sens mon cœur qui s'allège. Cette pression dans laquelle je vis constamment va enfin disparaitre. Plus personne ne va compter sur moi pour prendre la bonne décision, ou celle que personne ne veut prendre. Celle qui est nécessaire mais intolérable pour quiconque a encore une ombre de conscience. Je n'aurai plus à choisir quels innocents sauver et ceux qu'il faut sacrifier. La guerre continuera sans moi, mais avec les armes que j'ai laissées aux survivants, le mal pourra enfin être détruit.
Chaque mètre parcouru me rapproche du sol et de la fin. Je vais expier mes fautes et mes regrets. Toutes ces vies détruites par mes erreurs seront bientôt vengées. Severus, que je viens de condamner aux ténèbres et à l'exclusion, Harry, que je n'ai pas su protéger, Gellert, que j'ai moi-même condamné à une demi-vie. Et Arianna, ma jeune sœur qui n'a jamais pu avoir la place qu'elle méritait. Elle, si douce et si aimante, et qui restera peut-être le plus grand regret de ma vie. Sa mort a guidé toutes mes actions et a fait de moi un homme meilleur. Mais le suis-je vraiment devenu ? Ai-je accompli le bien autour de moi ? Non. Tous les gens qui m'approchaient finissaient invariablement par en souffrir. Ma mort ne sera qu'une malédiction de moins sur cette terre.
Oui, cet instant me terrifiait lorsque je l'attendais, mais je suis soulagé. Tous ces souvenirs, ces regrets et ces ténèbres vont disparaitre en même temps que moi. Un éclair de lucidité me traverse lorsque j'aperçois les lumières de la bibliothèque, je suis au niveau du troisième étage. Un instant plus tard, je vois le couloir du deuxième, puis les fenêtres du premier. Et le néant.
