Cette fic est écrite pour la 109ème nuit du Fof, il fallait le rédiger sur le thème "Compartiment" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP
Compartiment
Jamais il n'avait eu aussi peur de sa vie et les cauchemars où la lumière de la lune qui se reflétait sur les crocs démesurés le réveillait encore souvent la nuit. A chaque fois que le soir tombait, l'angoisse montait, insidieuse et révoltante. Cette blague dans la Cabane Hurlante avait failli lui coûter la vie, et sans l'intervention providentielle de James, il ne serait plus là pour en témoigner.
Mais ce cauchemar-là n'était pas le plus effrayant. Le souvenir qu'il redoutait encore plus avait eu lieu juste après la transformation de Lupin en loup-garou. Il avait été emmené dans l'infirmerie par James, dans un état quasi catatonique et n'avait plus osé dire un mot. Mrs Pomfresh avait rapidement été mise au courant de la situation et avait alerté le Directeur. Lorsque Severus l'avait vu entrer seulement quelques minutes plus tard, il en avait été soulagé.
Alors qu'il pensait depuis son arrivée au château que le vieil homme ne s'intéresserait jamais à lui, qu'il n'y en aurait toujours pour ses chers Gryffondor et qu'un Serpentard serait toujours coupable, il avait compris que pour une fois, les choses seraient différentes. L'incident avait été suffisamment grave pour que l'honorable mage se déplace en plein milieu de la nuit et vienne le voir pour s'assurer de son état. La boule de reconnaissance qu'il ressentit à cet instant était indescriptible.
Mais il aurait dû se méfier. La gravité inhabituelle dans son regard habituellement pétillant aurait dû l'alerter et il n'aurait pas du être surpris quand il lui avait dit.
« Severus, mon garçon. Tu ne dois rien dire de ce qu'il s'est passé ce soir. Lupin Ets un garçon comme les autres, il doit avoir droit aux même chances que les autres élèves. Si tu parles, personne ne te croira et tu auras de sérieux ennuis. Il ne s'est rien passé, tu dois oublier ce que tu as vu. C'est compris ? »
Il avait dit cela d'un ton si menaçant que Severus n'avait eu d'autres choix que d'acquiescer, terrorisé par ce qu'il venait de vivre et par les menaces à peine voilées du directeur. Celui-ci l'avait ensuite regardé droit dans les yeux, semblant évaluer la sincérité de sa réponse. Le résultat de son inspection sembla le satisfaire car après quelques secondes, il s'éloigna et sans un regard en arrière quitta le chevet de l'élève.
Mrs Pomfresh n'avait rien vu de cette fugace rencontre mais elle salua le directeur alors qu'il quittait l'infirmerie et entreprit de donner une potion calmante à Severus. Celui-ci fit semblant de la boire, il était inutile de lui offrir une chance de l'empoisonner.
Dès le lendemain, alors qu'il venait d'être autorisé à reprendre le chemin des cachots pour récupérer ses affaires, les paroles de Dumbledore tournaient encore dans sa tête. A quels ennuis faisaient-ils allusion ? S'en prendrait-il à lui ? Sa famille ? Ses camarades ? Et quand il disait qu'il devait oublier ce qu'il s'était passé, envisageait-il vraiment de… lui faire oublier ?
Severus savait que certains sorts pouvaient modifier la mémoire, mais il en savait assez peu sur le sujet, ne s'y étant jamais intéressé sérieusement. Il prit alors la résolution de combler cette lacune au plus vite. Merlin seul savait ce que pouvait faire le Directeur.
La magie de l'esprit faisait partie d'une section peu fréquentée de la bibliothèque et les jours suivants le virent souvent plonger son nez crochu dans quelques vieux grimoires. Il connaissait de nom l'Oubliette, mais il découvrit que des potions pouvaient avoir le même effet. Qu'il était possible de supprimer des souvenirs ou au contraire de les modifier. Qu'en implanter de nouveaux risquait de mener à la folie et qu'il était au contraire assez facile de les extraire pour les visualiser de l'extérieur. Un pan entier de cette magie de l'esprit consistait à comprendre et ressentir les émotions d'autrui, le plus discrètement possible. Il lui arrivait parfois de faire quelques essais pour tester ce qu'il lisait, et il ne lui fallut que quelques essais pour extraire un souvenir grâce à sa baguette. Le long filament argenté qui semblait s'y être collé avait quelque chose d'un peu enrage pour un néophyte.
Lorsqu'il trouva enfin un ouvrage évoquant la possibilité de se protéger des intrusions, il l'avait lu assidument. C'était bien plus difficile qu'il ne le pensait et plus d'une fois, il fut tenté d'abandonner. Compartimenter ses pensées, discipliner ses émotions, les connaitre et les trier pour pouvoir les contrôler. Tous ces concepts lui paraissaient à la fois très simples et très difficiles. Chaque soir, avant de dormir, il tentait d'appliquer les conseils des ouvrages, mais ses réveils nocturnes fréquents étaient la preuve que ses efforts ne payaient pas.
Il en était à la fois frustré et désespéré. Chaque jour, le directeur pouvait avoir envie de limiter les risques de fuite et lui laver le cerveau. Cette simple pensée lui redonnait du cœur à l'ouvrage et il essayait à nouveau. Compartimenter les pensées, discipliner les émotions, les connaitre et les trier pour les contrôler. C'était si difficile, pouvait-il y parvenir ?
