Cette fic est écrite pour la 109ème nuit du Fof, il fallait le rédiger sur le thème "Pansement" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP

Pansement

Le professeur de potions, comme les autres professeurs chargés de la protection de la Pierre Philosophale, avaient connaissance de sa présence et de sa nature, mais le Directeur avait fait en sorte de conserver le secret concernant les autres barrières magiques. C'était la moindre de précautions, mais un cerbère était peut-être un peu trop disproportionné. Lui-même n'aurait pas dû avoir connaissance de la présence de l'immonde bestiole. L'avertissement que le Directeur avait fait aux élèves concernant le troisième étage lors du banquet de rentrée leur avait déjà été fait quelques heures auparavant lorsque l'équipe enseignante avait été enfin au complet.

Lorsqu'un troll avait envahi les cachots, il avait soudain été pris d'un soupçon et s'était dirigé vers le couloir interdit pour contrer une éventuelle tentative de diversion. Bien lui en avait pris car quelques secondes après son entrée, il avait entendu des pas discrets derrière lui et avait juste eu le temps de se camoufler dans l'ombre avant de voir Quirrell et son agaçant turban entrer à son tour.

Sa panique visiblement non feinte face au monstre le rassura légèrement. Apparemment, il ne savait pas comment se défaire de cette étape et donc que la Pierre était encore en sécurité. Malheureusement, leur double intrusion avait réveillé le Cerbère qui commençait à s'agiter, Quirrell battit en retraite, mais coinça dans le même temps son collègue dans le couloir. Les trois tètes se situaient exactement sur le chemin séparant Severus Snape dans la sortie. Il était hors de question de sortir de son abri, mais sa disparition prolongée pouvait paraître suspecte, il devait donc trouver une solution. Et vite.

Tentant de se glisser sans faire de bruit le long du mur, il avança silencieusement. Le chien était trop énervé et aboyait à tue-tête, ne prêtant pas attention à ce qu'il se passait derrière lui. Un mètre, puis un autre. Il se réfugia dans le renfoncement d'une porte pour se couler dans l'ombre. Juste à temps, car l'une des têtes regarda à l'endroit exact où il se situait une seconde auparavant. Grognant et aboyant encore quelques fois, l'énorme bête se dirigea à nouveau vers sa place habituelle. En la suivant des yeux, Severus remarqua une trappe sur laquelle il se dirigeait. Était-ce cela qu'il protégeait ?

Un instant distrait par sa découverte, il s'était un peu trop penché et sa cape fit un mouvement un peu trop visible, déclenchant l'ire de la bête. Severus vit le Cerbère se jeter sur lui et ne dut son salut qu'à un réflexe de la dernière chance.

Il évita les crocs mais une patte griffue réussit à toucher sa jambe. Soudain, une douleur fulgurante lui traversa le mollet, remontant jusqu'au-dessus du genou. Il sentit sa jambe s'affaisser sous son poids, mais s'il chutait, il mourrait, il le savait. Rassemblant ses dernières ressources, il s'élança sans la moindre prudence et parvint jusqu'à la porte. Par chance, elle n'avait pas été verrouillée par Quirrell qui s'était enfui, totalement affolé.

Se jetant sur la porte pour empêcher le monstre de la rouvrir, il tenta de reprendre son souffle. Il venait d'échapper de peu à la mort et pouvait maintenant concevoir de sérieux soupçons contre son collègue. Sentant que sa jambe ne le soutiendrait plus très longtemps, il y jeta un coup d'œil, s'attendant à la retrouver dans un triste état.

Et ce fut le cas. Le sang coulait abondamment, et s'il ne trouvait pas un moyen de se soigner rapidement, il risquait d'y passer. Tentant de se souvenir des maigres sorts de soin qu'il connaissait, il les lança, les uns après les autres. Ce n'était clairement pas ses domaines de prédilection, et il parvenait tout juste à juguler l'hémorragie.

Soudain, la voix de Minerva l'appela au loin, lui demandant de venir en renfort pour aider des premières années qui étaient en danger. Il avait dû faire bonne figure, et les minutes qui s'écoulèrent lui parurent des heures. Potter et sa clique venait de risquer de mourir par pure bêtise. C'était absurde !

Claudicant dans les couloirs de Poudlard, le redouté professeur de Potions fulminait. Cette blessure lui faisait un mal de chien, c'était le cas de le dire, et il fallait qu'il trouve rapidement une solution pour se soigner. Marmonnant dans son absence de barbe, on pouvait l'entendre dire :

« Le directeur est complètement fou. Je le pense depuis des années, mais maintenant, j'en ai la certitude. Quelle personne sensée autoriserait le garde-chasse de Poudlard à mettre un cerbère dans une école fréquentée par des enfants ? Et surtout, sans la moindre protection particulière ? Il est fou, c'est certain ! »

Il est vrai que certains de ces adolescents pouvaient passer sous ses crocs sans qu'il en soit particulièrement affecté. Il avait même une liste assez précise en tête, avec des ordres de priorité si cela s'avérait nécessaire. Mais tout de même, cette légèreté concernant la protection des étudiants était préoccupante !

Il ne pouvait pas aller Mrs Pomfresh, car elle aurait posé trop de questions. Aucun de ses collègues ne pouvait l'aider, exactement pour la même raison. En apercevant le concierge au détour d'un couloir, il poussa un soupir de soulagement. Lui pouvait l'aider ! Malgré la répugnance qu'il lui inspirait, Rusard semblait lui vouer un culte assez dérangeant. Apparemment, il était le seul à traiter les élèves tels qu'ils le méritaient, ce qui lui assurait l'admiration du vieux Cracmol.

Il ne lui fallut que quelques instants pour trouver un mensonge convaincant pour la blessure.

« Professeur, je vais aller chercher de quoi vous soigner.

- Bien, je serai dans la salle des Professeurs. Je ne veux pas qu'on me voit comme ça. »

Mais lorsqu'il arriva, quelques minutes plus tard, là où l'attendait le professeur, celui-ci ne put s'empêcher d'avoir l'air consterné.

« Vous envisagez sérieusement de me soigner avec ça ? Vous voulez me donner le tétanos, c'est cela ?

- Le quoi ? Professeur. Cette boite à pharmacie est la seule que j'ai. Habituellement, les blessures sont soignées à l'infirmerie. »

Poussant un soupir, le professeur vit des bandages et des pansements d'un autre Age s'entasser dans la boite en métal. D'une propreté douteuse, ils semblaient avoir séjourné dans une eau croupie et ensuite piétinées par des centaures en colère. Il jeta un sort de nettoyage dessus. C'était un peu mieux. Puis un deuxième. Et c'est enfin au troisième que le résultat lui sembla convenable.

Rien que pour cela, Quirrell paierait cher cette petite histoire.