Cette fic est écrit pour la 114ème nuit du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Diner" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP
Diner
Je n'en peux plus. Cette situation devient insupportable, quand tout cela va-t-il s'arrêter ? Je sais que c'est pour mon bien qu'il me protège comme ça, mais je deviens folle dans cette inaction. Avant, mon maître me confiait des missions, j'étais plus utile à ses yeux que tous ses serviteurs réunis. Il me faisait une confiance totale et ne me punissait jamais. Il faut dire que j'ai tout fait pour qu'il en soit ainsi.
Je lui ai sauvé la vie. Lorsque je l'ai découvert, il n'était qu'un esprit errant, épuisé et, oserais-je le dire ? Effrayé. Mais j'ai immédiatement sentit que quelque chose était différent chez lui. Que nous nous comprenions et que nous étions comme deux aspects d'une même réalité. Je l'ai accompagné, guidé, nourris, pendant des mois, des années peut-être, nous étions seuls. Nous étions un.
Lorsqu'il a trouvé le moyen de revenir en Angleterre, il m'a emmenée avec lui. Ce voyage a été semé de tant d'embûches que j'ai cru le perdre mille fois. Nous n'étions plus seuls, mais nous étions à la merci de son serviteur. Ça ne me plaisait pas. A lui non plus. Lorsqu'il a pu reprendre son indépendance, j'ai cru que les choses redeviendraient comme avant. J'avais tort, elles sont devenue meilleures.
Son pouvoir grandissait et j'en profitais. Tout était possible. Mon maître agissait dans l'ombre, gagnait de l'importance et ne m'oubliait pas. Oh non, au contraire ! Combien de fois mon apparence a pu l'aider. Il était le seul à pouvoir communiquer avec moi, mais ses idiots de serviteurs ignoraient que je pouvais les comprendre. Leur petit projet de rébellion a été avorté grâce à moi. Ils ont cru qu'un traître se cachait parmi eux, mais ils avaient tort. Jamais ils ne m'ont soupçonnée, et même si cela avait été le cas, ils n'auraient rien pu faire contre moi. Ils n'auraient pas osé s'attaquer à moi et je suis bien capable de me défendre seule.
Ce que mon maître semble oublier, d'ailleurs. La bulle de protection qu'il a placée autour de moi est tellement forte qu'elle en est devenue très inconfortable. Dès que je veux bouger, je la sens qui m'oppresse et qui limite tous mes mouvements. Je ne peux même plus chasser car toutes les proies sont immédiatement détruites lorsqu'elles entrent en contact avec le sortilège. J'ai beau lui avoir parlé, il est inflexible. Alors je m'ennuie, je rumine et ne peut même pas tourner en rond. Et j'ai faim. Il me donne à manger parfois, mais il ne semble pas se rendre compte de mes besoins.
Il ne veut plus que je m'éloigne, dès que je quitte son champ de vision, il se lance à ma recherche. Je sais que les choses ne se déroulent pas de la manière qu'il le souhaite, quelque chose se prépare et je le sens fébrile, il a perdu son sang-froid et sa logique. Ce n'est pas bon, mais il refuse de m'écouter. Selon lui, jamais il n'a été aussi proche de la victoire totale. Lorsque je le vois, il est plus proche de l'âme errante que j'ai rencontrée en Albanie que du sorcier victorieux qui a émergé d'un chaudron lors de sa résurrection dans ce cimetière.
Lorsqu'un messager arrive en urgence, je comprends en même temps que lui que les choses vont s'accélérer. Il ne faut que quelques secondes pour que mon maître ne décide de transplaner vers une destination dont j'ai très souvent entendu parler mais où je ne suis jamais allée : Poudlard. Il me touche à peine que la sensation très désagréable du transplanage se fait ressentir.
La brise fraiche de ce début de printemps m'aurait fait frissonner il y a quelques années de cela. Mais c'est la diversité des odeurs que je sens qui attire mon attention. Une odeur lointaine de bois mais presque totalement couverte par celle de l'humidité. Une odeur fade de boue et de refermé me surprennent rapidement. Il fait sombre, je ne sais pas où nous sommes, mais ça n'a rien à voir avec le château que j'avais imaginé.
Une porte s'ouvre, laissant le passage à un autre serviteur que je ne connais pas. Il murmure quelques mots à mon maitre qui est, pour une fois, surpris. Il me jette un regard et semble hésiter :
"Reste là. Ne bouge surtout pas, je reviens bientôt."
C'est la première fois depuis des mois qu'il me laisse seule, l'heure doit être effectivement très grave. D'un signe de tête, j'acquiesce. Je n'ai pas le choix et il ne pourra rien m'arriver avec toutes les protections qu'il va sûrement mettre en place.
Le silence s'installe quand il quitte la pièce. J'attends sans rien faire, il me fait confiance, je ne dois pas le décevoir, mais cette faim lancinante commence à devenir problématique. Mon estomac me tiraille et je ne peux rien y faire. Finalement, je me roule sur moi-même pour dormir. Je n'ai que ça à faire et cela fera passer le temps plus vite.
En effet, c'est le bruit des pas de mon maitre qui me réveille. Je ne sais pas depuis combien de temps il est parti, mais il semble soulagé de me voir, saine et sauve.
"Nous allons encore rester un peu, mais ça ne devrait plus être trop long."
Soudain, d'autres bruits de pas se font entendre. Deux personnes approchent et lorsqu'ils passent la porte, je les reconnais. Un homme aux longs cheveux blonds, autrefois si apprécié de mon maitre et un autre, tout de noir vêtu, au nez aussi crochu que gras. Lui aussi a été en grâce, mais son manque de résultats commence à agacer mon maitre. Le blond s'éclipse rapidement tandis que la conversation s'éternise.
Soudain, je sens que mon maitre se tend. Quelque chose lui a déplu et il vient subtilement de changer d'attitude, je le connais suffisamment bien pour le voir, mais l'homme en noir ne s'en est pas rendu compte. Il est trop obséquieux, mon maitre a pris sa décision.
Lorsque je sens la pression de la bulle qui se relâche autour de moi, l'ivresse de la liberté me submerge. Je n'ai même pas besoin d'entendre l'ordre qu'il vient sûrement de me donner pour me jeter sur ce repas qu'il m'offre. L'homme a peine eu le temps de réagir que je suis sur lui. Il trébuche, surpris par la soudaineté de l'attaque, mais je ne lâche pas ma prise. Pouvoir enfoncer mes crochets dans la chair fraiche, la sentir qui se débat puis s'épuise est jouissif.
J'ai toujours trouvé cet homme antipathique et puis, j'avais tellement faim.
