Chapitre 6 - Celui qui avait des problèmes avec sa baguette magique

Le lendemain matin, un soleil radieux perça derrière les hautes fenêtres de la Grande Salle.

Je ne m'attardai pas pour le petit-déjeuner : après m'avoir confié mon emploi du temps, le professeur Chourave m'avertit que mon oncle repartait à Londres par carrosse.

Je me dépêchai d'avaler ma tasse de chocolat et enfournai un petit pain avant de courir en direction de l'infirmerie, craignant de le manquer avant son départ. Derrière les portes fermées, j'entendis la voix sentencieuse de Pomfresh qui donnait ses recommandations à mon oncle :

— Vous devez impérativement vous rendre à Saint Mangouste, Mr Forsythe. J'ai ressoudé les fêlures de votre crâne comme j'ai pu, mais vous devez voir un guérisseur.

— QUOI ? JE N'ENTENDS RIEN DE CE QUE VOUS DITES !

J'entrai dans l'infirmerie et faillis bien éclater de rire en voyant la tête de mon oncle enrubanné d'un épais bandage qui lui donnait l'air d'une momie égarée. Delora m'accorda un gentil sourire quand elle me vit, avant de prendre les choses en main : elle promit à Pomfresh qu'elle emmènerait le professeur à l'hôpital, s'il le fallait par la peau du c…

— BONJOUR EUGENE ! cria le professeur à mon encontre, craignant sans doute que je ne l'entende pas. TU VIENS FAIRE TES ADIEUX, C'EST TRES AIMABLE DE TA PART !

Delora leva les yeux au ciel, exaspérée. Elle sortit sa baguette magique et marmonna un « silencio ! ».

— Miss Whipple ! s'exclama Pomfresh, outrée par le geste - mais qui ne fit rien pour délivrer son patient du sortilège.

Delora haussa les épaules et ignora le regard furieux du professeur. Philémon, resté en retrait, fit mine de s'intéresser au Mimbulus Mimbletonia posé près des fenêtres. Au même instant, la cloche sonna, annonçant la fin du petit-déjeuner. Je jetai un regard navré à mon oncle et à Delora.

— Files avant que tu ne rates le début de tes cours ! me dit-t-elle. Nous nous reverrons très vite.

Mon cœur se serra lorsque je me rendis compte que je ne les reverrais pas avant un an. Madame Pomfresh prétexta devoir remplir des papiers administratifs et partit s'enfermer dans son bureau, nous laissant seuls pour faire nos adieux. Je sentis une boule d'angoisse enflammer mon estomac à l'idée de la longue séparation.

Delora fut la première à m'embrasser : deux grosses bises sur mes joues qui me firent rouspéter.

— Je n'ai plus dix ans !

— C'est tout comme ! dit-elle avec un rire toute en passant une main dans ma chevelure. Pas de bêtises surtout ! Travaille bien, range bien tes affaires et fais ton lit tous les jours. Sois un bon petit Poufsouffle et arrange-toi pour que je ne reçoive pas un hibou de la part de ta directrice m'informant que tu as mis le feu dans une salle de classe !

Ca n'était arrivé que sept fois ! Je le lui promis cependant, sachant qu'elle formulait là un vœu pieux. Je fis mine de ne pas voir ses yeux briller de larmes et me tournai vers le professeur.

Mon oncle me contempla, sa longue silhouette à la tête enrubannée avalant presque la mienne, les mains croisées dans le dos, les sourcils froncés. Ainsi, il m'impressionnait beaucoup et je m'efforçai de ne pas paraître trop intimidé en levant le menton d'un air assuré et en vrillant mon regard au sien (1).

— Adieu, Eugène, me dit-il dans le style ampoulé qui était le sien. Je suis sûr que Miss Whipple t'a donné ses derniers conseils : elles sont toute aussi valables à mes yeux. Je te souhaite une excellente rentrée scolaire.

— Merci mon oncle.

Philémon fut le dernier à qui je fis mes adieux : le demi-géant me conseilla surtout de m'amuser. Puis, par un ingénieux tour de passe-passe, je sentis la poche de ma robe de sorcier s'alourdir. Je savais ce que j'y trouverais : une tablette de chocolat de chez Honeydukes, son habituel cadeau avant notre séparation.

Je ne pouvais me résoudre à les quitter si vite, aussi me proposai-je de les accompagner au moins jusqu'à la grande porte de chêne : la sonnerie de début des cours n'avait pas encore retentie.

J'espérai croiser les copains en chemin pour les présenter à ma famille, hélas ! il n'y eut aucun signe d'eux. Des élèves quittaient le réfectoire dans un joyeux brouhaha et se dirigeaient déjà vers les salles de classe : Delora prit grand plaisir à me taquiner en passant une main dans ma chevelure hirsute ou refaire mon nœud de cravate afin de gentiment me ridiculiser devant mes camarades. Je me tortillai dans tous les sens pour lui échapper.

— Ca par exemple ! Algernon Forsythe ! s'exclama alors une voix derrière nous.

Delora agrippa mon oncle par le bras pour l'arrêter : le nouveau professeur de Défense contre les forces du mal, dont j'avais déjà oublié le nom, s'avança vers nous.

— DOCTEUR BREWSTER ! cria mon oncle, ravi de voir une vieille connaissance. PAR LES CULOTTES DE MORGANE, J'IGNORAIS TOUT DE VOTRE VENUE A POUDLARD ! QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ICI, VIEUX SACRIPAN ?

— J'ai été chargé par le professeur Dumbledore de reprendre le poste de professeur de Défense, expliqua-t-il. Mais, et vous ? Que vous est-il donc arrivé ?

— IL VA FALLOIR PARLER PLUS FORT, DOCTEUR, JE N'ENTENDS RIEN AVEC CE BANDAGE ! (2)

Delora prit une profonde inspiration, à deux doigts de jeter le professeur dans les eaux du lac noir pour servir d'apéritif au calamar géant. Je cachai un rire derrière ma main : pauvre Miss Whipple !

Le docteur Brewster serra la main de mon oncle tout en lui demandant d'une voix forte s'il allait bien.

— J'ai entendu parler des essais de votre machine volante…

— Je vais répondre, déclara Delora avant que le professeur ne hurle le moindre mot. Nous sommes venus à Poudlard à bord de l'Hypérion, mais nous avons été pris dans une tempête – je vous épargne les détails. Ce nigaud – je veux dire, le professeur – s'est fêlé le crâne durant la chute. Oui, l'Hypérion est réparable, oui, il va décaler son départ pour l'Amazonie en novembre prochain, et oui, j'espère obtenir l'accord du médecin-guérisseur de Sainte Mangouste pour l'enfermer à tout jamais à Azkaban – au cas où cela vous intéressait…

Le coin des lèvres de Brewster se levèrent très légèrement. Au côté de Delora, mon oncle hocha gravement la tête, en total accord avec ses dires.

— Quand il aura cessé de hurler, dites-lui que je serais ravi de partager une bouteille de Whisky Pur Feu en sa compagnie, en souvenir du temps passé à la Société des Explomigrateurs et des Aventuriers.

Delora le lui promit. Il se tourna vers moi, me dévisageant avec curiosité.

— Quel est donc votre nom, jeune homme ?

— Eugène Witty, marmonnai-je, mal à l'aise devant son regard inquisiteur. Je suis en cinquième année à Poufsouffle.

— Eh bien, Mr Witty, il me semble que vous commencez votre journée en ma compagnie, n'est-ce pas ?

Je jetai un rapide coup d'œil à mon emploi du temps avant de hocher la tête.

— C'est exact, monsieur.

— Nous ferons donc le chemin ensemble.

Il salua le professeur en lui donnant une tape amicale à l'épaule et saisit galamment la main de Miss Whipple pour y déposer un léger baiser. Eus-je la berlue ou vis-je les joues de Delora rougir de plaisir ?

Un dernier adieu et ils quittèrent l'école. Je regardai leurs silhouettes rejoindre la cour, où le professeur McGonagall les attendait : ils retournaient à Biggleswade en carrosse, tiré par des Sombrals. Quant à l'Hypérion, il avait déjà été expédié au manoir par les bons soins du professeur Flitwick (qui aurait cru qu'un si gros objet pouvait être envoyé par Portoloin ?).

— Allons-y, Mr Witty, ou nous allons être en retard, m'appela le professeur Brewster.

Sur le trajet, il m'apprit qu'il avait travaillé autrefois en compagnie de mon oncle sur la dernière espèce de l'Athelas, connu aussi sous le nom de la fleur des rois.

— Elle trône toujours dans la serre, dis-je alors tandis que nous rejoignions la tour de Défense contre les forces du mal. Elle a cependant son petit caractère et accepte d'être arrosé uniquement à une eau à 28°C accompagné d'un nuage de lait et de trois sucres.

Les Poufsouffles partageaient le cours avec les Serdaigles. Brewster salua mes camarades à son passage avant d'ouvrir la porte et il nous invita à entrer. Finn me donna un coup de coude lorsque je le rejoignis.

— Alors Witty, on fait copain-copain avec le prof ? me demanda-t-il, goguenard.

— Il connaît mon oncle, répondis-je à voix basse. Et puis, où étiez-vous passé d'abord ? Je vous ai cherché !

Bram me raconta que Doug avait eu le malheur de déplaire au Baron Sanglant en lui passant au travers du corps lorsqu'ils avaient quitté la Grande Salle. Connaissant le caractère susceptible du fantôme des Serpentards, je me doutais bien que Doug avait dû passer un très mauvais quart d'heure.

— Je compatis, mon vieux, dis-je en lui tapotant l'épaule.

— Je ne sais pas ce qui est le pire, soupira Doug. Le fait d'être la cible de Peeves ou de se faire enguirlander par le Baron…

Brewster réclama le silence tandis que nous prenions place : comme à mon habitude, je pris la table du fond, au côté de Bram qui sortait déjà ses plumes, cahiers, encre et livre. Puis, les bras croisés, il attendit le début de la leçon, suspendu aux lèvres du professeur.

Debout à côté du tableau noir, Brewster nous observa derrière sa paire de lunettes au cerclage doré : il était grand et mince, avait le visage ridé, arborait une large moustache en guidon, était affublait d'une chevelure ébouriffée et d'une paire d'yeux d'un bleu intense. Il n'avait pas revêtu la traditionnelle robe des sorciers mais un ensemble en tweed marron. Même le bout de sa cravate parfaitement noué disparaissait sous un veston brodé et l'éclat d'une montre brilla quand il consulta l'heure.

— Bienvenue à tous à ce premier cours de Défense contre les forces du mal, annonça-t-il, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon. Avant de commencer, je souhaiterais annoncer quelques règles simples : les cours débuteront une minute après la cloche, passé ce délai, la porte sera fermée à clef. De ca fait, si vous avez le malheur d'arriver en retard, je ne vous accepterais pas en classe. Aucune excuse ne sera tolérée. Et, pour le prochain cours, vous aurez dans l'obligation de me remettre vingt centimètres de parchemin sur la leçon manquée. Est-ce clair ?

— Oui, monsieur, murmura la classe.

— Je ne veux aucun bavardage durant les cours. A la moindre incartade, punition. Pareil pour l'usage abusif de vos baguettes magiques : si je vois la moindre étincelle, punition. Me suis-je bien fait comprendre ?

Nous hochâmes tous de la tête. Aurions-nous au moins le droit de respirer ? J'échangeai un regard avec Bram, qui n'en pensait pas moins.

— Bien, nous pouvons commencer.

Il fit d'abord l'appel. Une à une, les mains se levèrent à l'annonce du nom tandis qu'il griffonnait une croix sur son parchemin. Puis il posa sa plume, s'empara de sa baguette pour ensorceler une craie qui inscrivit son nom sur le tableau : Ugo Brewster.

— Votre précédent professeur m'a laissé vos cours de quatrième année. J'ai pu constater que vous avez déjà vu quelques maléfices : nous continuerons l'étude. Très bien : quelqu'un peut-il me donner la formule du sortilège de désarmement ? Mr Spellman, par exemple ?

Tous nos regards se tournèrent vers ce pauvre Doug dont les oreilles prirent une belle teinte pivoine. Il bafouilla la réponse d'une voix si minuscule que le professeur Brewster lui fit répéter.

— Respirez, mon garçon, je ne vais pas vous manger !

Doug prit une profonde inspiration avant de lancer un « Expelliarmus ! » d'une voix si forte que sa baguette crépita.

— Pardon, je ne voulais pas ! s'exclama-t-il, terrorisé.

— Ce n'est rien, sourit le professeur. La réponse est correcte. Pouvez-vous me dire ce qu'il se passe lorsque ce sort est prononcé ?

Plus confiant, Doug répondit que le sortilège permettrait de désarmer son adversaire et le professeur lui accorda cinq points. Lorsque Brewster eut le dos tourné pour noter le nom du maléfice sur le tableau, j'en profitai pour donner une tape sur le dos de Doug tout en murmurant : « bien joué ! ».

Ce premier cours porta essentiellement sur les sortilèges vus l'année précédente, afin de connaître notre niveau (qui n'était pas si lamentable que ça, malgré les vacances scolaires).

Poufsouffle et Serdaigle grappillèrent pas mal de point et je me fis la réflexion que le professeur Brewster était finalement fort sympathique.

Du moins, jusqu'à ce qu'il me demande de lancer le sortilège du bouclier.

— Moi ? bredouillai-je, soudain très pâle.

— A moins qu'il n'y ait un autre Eugène Witty dans cette classe, je parlais effectivement de vous.

Je me levai, mal à l'aise, me cognant le genou au passage et m'approchai du professeur. Celui-ci, les mains dans les poches de son pantalon, fronça des sourcils :

– Mon garçon, vous êtes dans un cours qui vous apprend à vous défendre, dit-il d'une voix sentencieuse. Pour cela, vous avez besoin de votre baguette magique, il me semble !

Penaud, je retournai à ma table pour prendre ma baguette, sous le rire de mes camarades.

– Très bien, annonça Brewster. Je vais vous lancer un sortilège de désarmement : il vous faudra contrer mon attaque en utilisant un bouclier. Pouvez-vous me rappeler la formule magique ?

Protego, répondis-je, tout en songeant que cela ne servirait à rien : autant lui donner tout de suite ma baguette !

Nous nous mîmes en place, l'un en face de l'autre. J'eus bon espoir que cette fois-ci, je réussirais à lancer un sort à la perfection. Je levai ma baguette, me préparai mentalement…

Expelliarmus ! lança le professeur.

Protego ! me défendis-je.

PAF ! PIF ! BOUM ! Après avoir lancées des étincelles bleues, ma baguette me sauta des mains, explosa dans les airs et se retourna contre moi pour m'asséner des coups sur la tête.

– Aïe ! Mais aïe enfin ! m'écriai-je en me protégeant la tête de ses attaques.

Serdaigle et Poufsouffle se tordirent de rire tandis que ma baguette me faisait payer l'audace de m'être servie d'elle. Le professeur lança un enchantement et elle tomba sur le sol, inerte.

– C'est bien la première fois que j'assiste à une telle chose ! marmonna-t-il, perplexe. Refaisons un essai, voulez-vous ?

Cette fois-ci, mon impétueuse baguette mit le feu à ma robe de sorcier, et je me contorsionnai dans tous les sens pour éteindre les flammes avant que le professeur agite sa baguette : « Aguamenti ! » s'écria-t-il avant que je ne me transforme en torche.

– Nous nous arrêterons là pour aujourd'hui, finit-il par dire avant de me faire signe de regagner ma table, un pli soucieux se creusant entre les sourcils. Très bien : est-ce que quelqu'un connaît les autres sortilèges de défense ?

Bram m'accueillit avec un pauvre sourire quand je repris place à ses côtés.

– Ca va ? me demanda-t-il d'un ton compatissant.

– A ton avis ? marmonnai-je en prenant en note la leçon du professeur qui s'inscrivait au tableau.

J'avais grande hâte de quitter la salle de classe, aussi poussai-je un profond soupir quand la cloche retentit à la fin du cours. Je rangeai à la hâte mes affaires, écoutant à peine les devoirs donnés par Brewster. Je ne fus pas assez rapide cependant puisqu'il me demanda de rester quelques minutes de plus.

Les copains furent navrés de me laisser, mais je leur fis signe que je les rejoindrais pour le cours d'histoire de la magie. Le professeur attendit patiemment que tous les élèves quittent sa salle de classe puis il agita sa baguette pour fermer la porte.

– Eh bien ! Monsieur Witty, et si vous me racontiez un peu ce qu'il vient de se passer dans mon cours ?

Je grommelai. Chaque année, c'était la même chose.

– Je n'ai aucune disposition à la magie, finis-je par dire un peu abruptement. Enfin, si, je l'ai, c'est juste qu'elle a dû mal à… s'exprimer.

– Avez-vous songer à changer de baguette magique ? demanda-t-il. Il peut arriver parfois que les affinités entre les baguettes et les sorciers soient plus difficiles à développer…

« Mais oui, bien sûr ! Changer de baguette, pourquoi n'y ai-je pas penser plus tôt ? » fus-je tenté de rétorquer, amer.

– J'en suis à ma septième baguette, professeur. Même Monsieur Ollivander a fini par s'arracher les cheveux.

– Cependant…commença le professeur.

Je le coupai aussitôt :

– Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, vous n'êtes pas le premier professeur qui s'intéresse à mes euh… problèmes magiques, marmonnai-je. Vos prédécesseurs se sont eux aussi exprimés sur le sujet sans trouver une explication rationnelle.

Le professeur Brewster tira les poils de sa moustache, les yeux plissés.

– Et cette situation vous conforte ? s'étonna-t-il.

« Euh, je… », bredouillai-je, mal à l'aise, les oreilles me chauffant désagréablement. Je finis par garder le silence, les yeux baissés sur le bout de mes chaussures pointant sous ma robe, bouillonnant de colère. Il s'imaginait quoi, au juste ? Bien sûr que non, mon manque de magie ne me convenait pas ! Je ne pouvais lancer un sortilège de défense sans faire de ravage ! Brewster fit signe à sa plume à papote de venir et il lui dicta un message.

– Je vous propose de nous voir deux fois par semaine après vos classes afin de reprendre les bases des sortilèges. Et il n'y a pas de mais qui tienne ! s'exclama-t-il en me voyant sur le point de me récrier.

La plume à papote lui tapota l'épaule et il s'empara du parchemin qu'il plia en deux. Puis il ouvrit la fenêtre et agita de nouveau sa baguette : le mot s'envola tel un oiseau tourbillonnant dans les airs.

– J'ai envoyé un mot d'excuse pour votre retard au professeur Binns, m'informa-t-il. Vous pouvez y aller, Monsieur Witty. Je vous verrais demain soir.

Je ramassai mon sac, la mâchoire crispée, et souhaitai la bonne journée au professeur avant de quitter sa salle de classe d'un pas rageur.

Tous les ans, c'était la même chose ! Le nouveau professeur s'étonnait de mes faibles lacunes avec ma baguette et m'imposait des cours. Je savais pertinemment comment cela se terminerait : au bout de quelques semaines, ne voyant aucun résultat satisfaisant, Brewster abandonnerait. Ils le faisaient tous… Avec le temps, j'avais fini par m'y faire. A quoi bon ? Pourquoi personne ne me laissait poursuivre ma scolarité en toute tranquillité ? Je n'aurais jamais aucune affinité avec ma baguette, mais j'avais développé une passion pour les potions et la botanique, et surtout, surtout ! je pouvais voyager dans les livres : quel sorcier pouvait se targuer de faire de même ?

Je courrais dans les couloirs de l'école pour rejoindre la salle de classe du professeur Binns, maudissant Brewster (3). J'ouvris le plus discrètement possible la porte avant de m'engouffrer par l'interstice. Binns ne me vit ni ne m'entendit, et je rejoignis la chaise libre à côté de Bram.

– Et alors ? me demanda-t-il en me passant son parchemin pour que je recopie le début du cours portant sur l'armée de l'air des hiboux déployée entre 1914 et 1918.

– Rien de nouveau. Je dois suivre des cours en plus, deux fois par semaine.

– Toutes mes condoléances.

– Tu crois que si je demande à Chourave, elle acceptera de parler à Brewster de mon cas désespéré ?

– Ne dis pas ça, me sermonna mon ami. Il est professeur, il est normal qu'il veuille t'aider ! Et puis, qui sait…

Finn se tourna alors vers nous, les sourcils froncés :

– Dis donc, c'est pas un peu fini de jaser vous deux ? Je n'arrive pas à me concentrer ! nous houspilla-t-il dans un murmure.

Un coup d'œil à son parchemin m'apprit qu'il jouait à une bataille navale avec Doug. Je secouai la tête avant de me plonger dans la passionnante bataille au-dessus de la Somme en 1916, luttant comme je le pouvais contre le sommeil et la voix lente du professeur Binns.


Note de bas de page :

1. Pour les besoins de la scène, l'autrice a levé le sortilège de rien.

2. Pour les besoins de la scène, l'autrice a relancé le sortilège de rien.

3. Il est sympathique Brewster, n'est-ce pas ? « Ne venez pas en retard à mon cours, sinon punition ! ». Mais ça ne le dérange pas de retarder les élèves pour le prochain cours ! Pffff…


Le mot de la fin :

Un grand merci pour les si gentilles reviews laissées ! J'espère que cette histoire vous plait toujours autant !

A très bientôt pour la suite !

Citrouille