Là encore, vous pouvez retrouver des traces d'Author-main xD En effet, l'idée que la mère de Jehd soit une Gerudo vient de là, ainsi que son physique. Je me suis rendue compte trop tard de la différence avec celui du jeu ^^'

Pour Link, je me suis inspirée de la série "Love at Twilight" de smilesrobotlover, sur Tumblr et Instagram (si vous aimez Midona et/ou le MidLink, ou Ghirahim, foncez, c'est magnifique)

(Les références sont disponibles sur mon Tumblr : encreboueuse)

Bonne lecture !


Jehd avait passé son enfance à observer ses parents s'entre-déchirer, comme d'autres assistaient à un spectacle de marionnettes. Avec un détachement du à l'habitude, au point de ne même plus sortir le nez de son activité actuelle pour tenter de les séparer ou de les apaiser. Non seulement il avait fini par comprendre que c'était parfaitement inutile - ils ne lui prêtaient pas attention - mais aussi que c'était ainsi que leur relation fonctionnait - c'était très clairement un genre de parade amoureuse !

Parfois, il observait avec envie tous ces parents « normaux » avec des disputes « normales », qui se hurlaient dessus pour du lait renversé ou pour un oubli basique, puis se faisaient la tête pour un temps aléatoire.

En tant qu'ancienne guerrière Gerudo émérite, sa mère avait un caractère aussi volcanique qu'on pouvait s'y attendre. Elle ne se laissait marcher sur les pieds par personne, et encore moins par son mari. Elle était la reine de leur foyer et se conduisait comme tel, n'hésitant pas à monter au créneau quand il était nécessaire de faire entendre sa voix.

Son père, lui, était d'une érudition renversante. Toujours le nez dans ses recherches, discourant sans cesse sur ses trouvailles ou sur les dernières avancées. Il l'asseyait sur ses genoux avant même qu'il ne sache tenir sa tête pour lui parler du monde vaste, de paysages au-delà des frontières d'Hyrule. De l'Histoire et des légendes. De la vie fourmillant dans le moindre buisson, de l'infiniment grand et l'immensément petit.

Sur les genoux de sa mère, il apprenait les chants et les rites, les contes et la chasse traditionnelle, la cuisine et l'artisanat. Elle lui enseigna les bases de l'art guerrier Gerudo et les peintures corporelles.

Il s'endormait au son des récits de courses de morses des sables ou des contes sur les Minish, ses rêves se parant des couleurs orangées du désert ou froides des Kokiri.

Il rendait autant grâce à Hylia, Din, Nayru et Farore que la déesse du Sable, sans distinction.

En plus de l'hyruléen commun, il maîtrisait aussi le gerudo ainsi que d'autres langues plus anciennes, lui permettant plus tard d'épauler son père dans ses recherches, puis de les reprendre quand il s'éteignit.

Dans sa garde-robe se mêlait la mode terne et chaste d'Hyrule et celle plus vive et audacieuse du peuple Gerudo. Parmi ses affaires d'hygiène, on pouvait trouver les poudres servant à colorer ses ongles ou son visage. Un coffret ouvragé trônait sur sa commode, rempli de lourds bijoux dont il se parait parfois.

Parmi la foule d'enfants hyliens, il détonnait avec sa peau bronzée et ses cheveux roux, et ça ne passa inaperçu aux yeux de personnes. Pire encore, son savoir et son langage bien trop développé pour quelqu'un de son âge n'améliora pas sa situation, et il se retrouva rapidement ostracisé par ses semblables.

Le jour où son père fut enterré, il pleuvait, une météo d'orage où il était quasiment impossible de voir à plus d'un mètre. Un peu comme lorsqu'il retirait ses lunettes.

La cérémonie avait été minable, expédiée, et bien peu de gens y avait été présent. À vrai dire, seuls lui et sa mère avaient bravé les éléments, se servant mutuellement de béquille alors que la pluie les lavait de leurs larmes. Ils avaient fini par se réfugier à la taverne de Telma, une compatriote de sa mère, et c'est là que celle-ci lui avait annoncé son départ.

L'alcool avait anesthésié leur peine pour un instant et il prit la nouvelle mieux qu'il ne l'aurait pensé. Mais c'était sans doute plus dû au choc du deuil qu'il digérait alors.

Elle l'avait embrassé sur le front, avait lissé cette mèche rebelle qui l'amusait tant toutes ces années durant, puis avait murmuré une bénédiction qu'il reconnut comme celle du voyageur. Puis elle quitta la taverne. Et il ne la revit plus jamais.

Quand il retourna dans la maisonnette où il avait grandi, il la retrouva vide de ses affaires. Il était officiellement orphelin de ses deux parents.


Tout ce que Link savait de ses parents, c'est qu'il n'en avait pas. Du moins, pas de biologique.

Moï l'avait découvert pleurant à chaudes larmes au creux des racines tordues d'un arbre. Il l'avait ramassé et s'était empressé de retourner à Toal pour le confier à l'épouse de Bohdan qui l'allaita puis l'allongea auprès de son propre nourrisson.

Jeune marié, il avait longuement hésité à en parler à Ute mais à l'instant où il s'ouvrit à elle, elle courut chez le maire pour interroger son épouse sur tout ce qu'il y avait à apprendre sur le soin aux enfants, pour revenir avec le bébé inconnu dans ses bras, lui chantonnant une berceuse à mi-voix.

Les années qui suivirent furent remplies d'enseignement, autant pour le village que pour la nouvelle petite famille. Le petit garçon était l'unique hylien parmi tous ces humains, et le deuxième enfant de la nouvelle génération. Par bien des égards, il leur apprit autant qu'ils lui enseignèrent.

Petit village coupé du monde, composé de réfugiés de la guerre précédente, le brassage culturel était présent, créant ainsi leur culture personnelle, mais chacun avait bien conscience que niveau hylien, ils tâtonnaient, ignorant les soins spécifiques à ce peuple et les maladie inhérentes.

Par bien des aspects, élever Iria demanda beaucoup moins d'efforts et de préoccupations que le petit Link bien que ce que fut un bébé assez calme et gentil. Mais tout le monde le traitait comme s'il était fait en verre, juste à cause de la forme différente de ses oreilles.

Les traditions toaliennes étaient peu raffinées et principalement basées sur des habitudes liées à la peur du lendemain, le besoin de protéger ses proches mais aussi de célébrer chaque jour paisible. Le calendrier était constitué de beaucoup de jours de fêtes bien que plus personne ne savait vraiment qui l'avait vraiment institué ni d'où ça provenait.

Bien que la région était connue pour ses fromages de chèvres et ses potirons, la famine et les maigres récoltes étaient aussi monnaies courantes, et il fallait composer avec. Quiconque était en état de travailler mettait la main à la pâte. Les animaux étaient plus nombreux que les villageois, les champs s'étendaient à perte de vue, le travail ne manquait jamais.

Très tôt, Iria et lui avaient appris à seconder les adultes à la hauteur de leurs capacités, se forgeant à travers les corvées jusqu'à finir par arrêter leurs choix.

S'occuper des chèvres avait quelque chose d'exaltant et le jour où il parvint à en arrêter une à main nue, personne dans le village ne pouvait faire semblant de l'ignorer, tellement il le serina.

Mais ce n'était rien en comparaison du jour où Ute annonça sa grossesse. Link fut tellement extatique que pendant un instant Moï caressa l'idée d'aller le faire dormir à la bergerie, histoire de pouvoir donner un peu de repos à ses oreilles.

Au moins, toute leur inquiétude en rapport avec une éventuelle jalousie fut écarté et le plus difficile fut finalement de convaincre le nouveau grand frère de poser le nouveau petit frère. Au moins, le temps qu'Ute l'allaite…

La naissance de Colin fut suivie par celle de toute une autre nouvelle génération et Iria et Link furent intronisés aînés et participèrent à leur tour à l'éducation de ce petit monde, bien que la jeune fille s'en sortit mieux que lui.

Il était un esprit beaucoup trop libre pour les règles rigides de l'enseignement. Lui, il était plutôt du genre à les guider à travers la forêt de Toal et leur nommer la faune et la flore qui s'y trouvaient, en faire un jeu, puis revenir tout crottés et se faire remonter les bretelles par tout le village.

Ce n'était pas très académique, mais c'était sa manière de procéder, sa personnalité. Alors, on le gourmandait gentiment puis on laissait couler. Après tout, ce n'est pas comme s'il y avait grand-chose à faire une fois les tâches réalisées ! Et tant qu'il n'en égarait aucun…

Le premier hylien qu'il rencontra fut le postier, et ce n'est même pas lui qui s'en rendit compte, mais Iria qui le pointa du doigt et demanda, avec toute la discrétion possible d'un enfant de cinq ans, pourquoi le monsieur avait-il de drôles d'oreilles « comme celles de Link ».

Jamais il ne se sentit réellement différent des autres villageois, pas plus avant qu'après cet interlude, mais il mentirait s'il prétendait ne jamais s'être posé de questions sur son identité.

Moï et Ute n'avaient jamais menti sur son adoption, mais attendirent qu'il lui pose des questions pour le lui annoncer.

C'était peut-être pour ça que son père adoptif l'avait pressé afin qu'il aille porter l'épée et le bouclier à la capitale, qu'il fraye avec d'autres hyliens, ses « semblables ». Mais lui n'en ressentait pas l'envie, rechignant clairement. Pas à l'idée de rendre service ! Juste de quitter tout ce qu'il connaissait, au profit d'inconnu, sous la simple excuse qu'il était « comme eux ».

Sans rejeter pour autant cette possibilité, il n'en voyait aucun intérêt. Faire la connaissance d'autres hyliens ? Mais pour quoi faire ? De toute façon, sa vie était toute tracée : il retournera à Toal jusqu'à la fin de ses jours, alors, quelle importance ?

Toal, c'était chez lui. Même s'il avait quitté la maison d'Ute et Moï au profit de sa propre demeure. Même s'il n'y était pas vraiment né.

Mais finalement, son libre-arbitre lui fut arraché et il n'eut d'autres choix que de prendre la route, de fréquenter tout un panel du peuple d'Hyrule, de nouer des amitiés, des inimitiés. De se faire un avis sur le monde extérieur à sa région natale.

De rencontrer Jehd. D'apercevoir dans ses yeux la même lueur que dans les siens. Celui d'un déraciné qui se demande, encore et encore, ce qu'il faisait sur ces terres, entouré de semblables qui ne l'étaient pas tant que ça.

Il lui tendit la main, le cœur battant la chamade, ne sachant ni pourquoi il faisait ça, ni ce qu'il attendait de sa part.

Mais quand il lui serra la main en retour, il n'eut plus aucun doute.

C'était peut-être ça, la maison.


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