Chapitre 1 :

Onimugen

Des pleurs, des pleurs déchirant raisonnaient dans le vaste espace qu'était le sanctuaire psychique des Bijû. Les sanglots d'un enfant s'élevaient, l'ambiance irradiant de tristesse, de douleur, de peur et de panique. Il était là, déversant une souffrance sans nom de ses perles d'eau qu'il ne parvenait pas à ralentir, essuyant ses yeux encore et encore de ses petites mains. À genoux au sol, avachi sur lui même, ses longs cheveux dorés tombaient en cascade sur ses épaules. Autour de lui, neuf démons à queues l'observaient, ne sachant pas trop comment réagir face à cet enfant d'à peine six ans qui subissait plus que jamais le destin des Jinchuuriki. Son démon, Kurama, le puissant renard à neuf queues, vint d'ailleurs s'allonger près de lui, soupirant avec mauvaise foi, comme si la scène l'exaspérait. Mais tous ici savaient qu'il n'en n'était rien. Jamais le renard n'aurait ainsi été poser son énorme joue tout contre l'enfant s'il ne voulait pas réellement le soutenir et ce, quoi qu'il prétende. Si la scène était invraisemblable pour les frères de Kurama, ils n'en dirent rien, s'abstenant de tout commentaire ou taquinerie à cet instant. Ce n'était vraiment pas le moment pour rire ou taquiner qui que ce soit. Face au petit garçon effondré, une jeune femme aux longs cheveux blonds clairs était agenouillée, une expression infiniment triste et fataliste au visage, des larmes sur les joues, un pâle sourire sur les lèvres.

- Je suis désolé, bredouilla l'enfant, je suis désolé, je suis désolé...

- Ce n'est pas de ta faute petit renard, répondit la blonde la voix étranglée. Ce n'est pas de ta faute. Viens par ici.

Elle tendit les mains vers l'enfant qui la regarda de ses grands yeux bleus douloureux et il se laissa faire lorsqu'elle l'attira contre elle pour le serrer dans ses bras. Il se blottit contre elle, pleurant toujours à s'en déchirer l'âme.

- Je suis désolé, sanglota-t-il de nouveau. Je ne veux pas faire ça. Je ne veux pas.

- Je sais petit renard, j'ai bien compris que tu était forcé et que tu n'avais pas le choix.

- Je suis désolé. J'essaye de les retenir, j'essaye de toutes mes forces...

- Je te vois trembler mais cesse. Cela ne sert à rien si ce n'est à te causer plus de problèmes encore par la suite.

- Je ne veux pas faire ça, pleura-t-il. Je ne veux pas.

- Ce n'est pas de ta faute petit renard. C'est eux les responsables, pas toi. Tu n'y es pour rien. Tu ne seras coupable de rien.

Elle cajola le petit garçon contre elle, retenant ses propres émotions pour lui. Ce destin, elle s'y attendait depuis longtemps. Tout les ninjas s'y attendaient mais pas comme ça, pas dans une telle tragédie.

- Nibi ? appela-t-elle doucement.

Son démon chat à deux queues se pencha vers elle. Ils ne s'étaient jamais bien entendu même si elle le maîtrisait. Mais elle avait vite compris que le petit blond lui, s'entendait très bien avec son démon allongé près de lui et qui le couvait d'un regard à la fois triste, furieux et protecteur. Mais il n'était pas le seul. La plus part des démons autour d'eux le faisaient. Elle ne savait pas pourquoi ni comment mais ce gamin connaissaient tout les démons et semblait avoir leur sympathie.

- Tu veilleras sur lui ? demanda-t-elle à son démon.

Celui-ci ne répondit pas mais elle ne s'attendait pas à l'entendre dire quoi que ce soit. Ils n'avaient jamais beaucoup parlé si ce n'était pour s'affronter.

- Je suis désolé, murmura le petit blond.

- Tu n'as rien à te faire pardonner, dit-elle alors que ses larmes coulaient. Ne te sens pas coupable, tu ne l'es pas et je ne t'en veux pas. Garde courage petit. Reste fort et bat toi. Bat toi pour toi même et pour moi aussi. Ne te laisse pas abattre d'accord ? Promet le moi.

- Je te le promet.

- C'est bien petit, c'est bien, dit-elle en le serrant contre elle.

Sa vie n'avait pas été simple en temps que Jinchuuriki mais elle n'osait imaginer ce qu'avait été celle de ce petit blond dont-elle ne connaissait même pas le prénom. On l'appelait Onimugen. C'était en tout cas ainsi que ses geôliers le présentaient. C'était un Jinchuuriki, celui de Kyûbi. Son village, Konoha, lui avait réservé le pire des traitements. Elle avait été choqué de découvrir un jeune ninja tellement bardé de sceau qu'il ne devait probablement pas pouvoir éternuer sans autorisation de ses maîtres. Ils en avaient fait une arme docile qui n'avait aucun contrôle sur elle même. C'était atroce à ses yeux et ce petit garçon n'était probablement pas au bout de ses peines dans la vie.

- Tien le coup petit et ne cesse jamais d'espérer et de te battre, pria-t-elle. Je suis heureuse d'avoir pu passer mes derniers instant avec toi.

L'enfant sursauta à cette déclaration mais il n'eut même pas le temps de relever la tête que la jeune femme avait disparu, évaporée. La douleur et le choc explosèrent en lui et il se tourna précipitamment vers Kurama allongé derrière lui, partant se cacher dans la fourrure rousse de sa joue pour pleurer et hurler sa souffrance dans le silence lourd des démons autour de lui.

Dans le monde réel, un petit ninja au masque d'oni noir et doré et à la tenue entièrement noire, se tenait là, droit et immobile. Dans ses mains, deux longs katanas recouvert de sang reluisaient à la faibles lueur des bougies éclairant cette vaste salle sans fenêtre. À ses pieds, la silhouette inerte d'une jeune femme blonde baignant dans une marre écarlate gisait.

- Lance le rituel de scellement ! ordonna froidement une voix dans le noir.

Tel un automate, il obéit sur le champs, plantant ses lames dans le sol et composant une longue série de mudras. Il plaqua ensuite ses mains dans le sang et les motifs de scellement peint à l'encre au sol s'illuminèrent. Une immense masse de chakra démoniaque s'éleva soudain du corps à l'agonie, prenant la forme d'un félin bleu rugissant qui se fit bientôt immense devant le petit ninja. Celui-ci enchaîna plusieurs autres techniques de fuinjutsu, mécaniquement, dans le silence. Et bientôt, ce qui n'était rien de moins que Nibi, le démon chat à deux queues était scellé dans son jeune corps. La souffrance explosa en lui sous le puissant afflux de chakra démoniaque pourtant, il n'émit pas une plainte, pas un son. Il attendit simplement sans bouger, observant les yeux vides à travers son masque. L'opération achevée, le corps tremblant de douleur et de faiblesse du Jinchuuriki s'effondra près de celle qui avait partagé son fardeau et qu'il venait de tuer de ses mains sans jamais l'avoir voulu.

- Ramenez le à sa cellule, ordonna-t-on de nouveau. Et informez le Hokage que notre Jinchuuriki porte désormais deux démons à queues en lui. Il devrait être heureux.

Une prise brutale se referma rapidement sur les vêtements du petit ninja et ce fut sans ménagement ou considération qu'il fut traîné au sol à travers les couloirs obscurs de cette base souterraine qui n'était rien de plus que l'endroit où il était enfermé lorsqu'on ne l'envoyait pas en mission. Sa dernière en date : capturer le Jinchuuriki de Nibi qui avait été repéré à la frontière du Pays du Feu. Il avait réussi même si ça n'avait pas été sans mal, il réussissait toujours. Il savait que ses geôliers cherchaient à obtenir d'autres Bijû pour augmenter leur puissance et c'était en lui qu'ils voulaient les enfermer. Il était leur meilleure arme, il le savait bien mais ils voulaient qu'il soit encore plus puissant pour surclasser tout les autres villages et les autres Jinchuuriki. Il pouvait désormais se mesurer aux villages qui avaient deux Bijû. Il n'était que cela pour Konoha, une arme, un objet, un bien. Et il était traité comme tel. Très vite, il fut ramené à sa cellule où il fut jeté comme à l'habitude avant d'être enchaîné lourdement. Les liens de fers étaient lourds et froids mais aussi chargés de sceaux afin de s'assurer qu'il ne pourrait rien faire. Comme si ce n'était pas suffisant, la pièce blindée était entièrement couvertes de sécurités du genre. Mais ce n'était pas comme s'il aurait pu tenter quoi que ce soit, les sceaux posés sur lui déjà bien trop lourds. On l'enchaîna, le laissant là au sol sans plus de soin, se fichant totalement des blessures qu'il avait reçu dans son affrontement contre la jeune femme blonde et son démon. On ne le soignait jamais de toute manière. Cette vie, il n'avait jamais connu que ça.

Il n'y avait que là où personne ne pouvait regarder qu'il avait une vie un peu différente. Dans son esprit, il pouvait bouger et parler et il avait quelqu'un. Il avait Kurama, son démon. Les débuts entre eux avaient été très compliqués mais la situation les avait poussé l'un vers l'autre. L'enfant avait recherché une présence, quelque chose, quelqu'un pour être avec lui, s'obstinant à revenir encore et toujours près de lui. Le seul ami qu'il pouvait espérer avoir. Et il avait fini par céder. Parce que le sort terrible de l'enfant était semblable au sien, voir bien pire, parce que ce petit soleil était irrésistible, parce qu'il ne voulait pas que son Jinchuuriki sombre complètement et facilite le travail de ses geôliers pour se servir de lui. Alors il l'avait aidé à se construire, à apprendre ce qu'il pouvait y avoir dans une vie normale, à se forger un caractère, à savoir ce que personne ne lui aurait jamais dis. Sans cela, il était certain que l'esprit de son hôte aurait déjà totalement sombré mais ce n'était pas le cas et il se battait encore et encore pour exister comme il pouvait, pour être une vraie personne et pas seulement une arme, un objet. Il le soutenait donc avec l'espoir d'un jour sortir de là avec lui ne serait-ce que pour faire un monumental pied de nez à ces barbares qui leur faisaient subir ça. Ils devaient travailler ensemble pour ça et de fil en aiguille, il s'était attaché à cet enfant, un enfant qui lui rendait mille fois chaque petite chose qu'il faisait pour lui, cherchant même à le protéger de ses bourreaux autant qu'il pouvait.

Et puis il n'y avait pas si longtemps, le petit était parvenu à accéder à l'espace psychique des démons à queues. Kurama pensait que c'était son envie, son besoin d'avoir des amis, une famille qui l'avait aidé à atteindre cet espace à travers lui et le lien que les Bijû partageaient. Le petit ne pouvait avoir de contact avec personne dans le monde physique alors il avait fini par trouver le chemin vers les seuls qu'il pouvait atteindre. Les Bijû. Tous avaient été très surpris par ce garçon très jeune qui avait été totalement émerveillé et heureux de les découvrir, de les connaître. Ils l'auraient probablement expulsé de là sans douceur si Kurama ne l'avait pas attiré entre ses pattes devant eux, grondant, protecteur. Cela les avait marqué alors qu'il était probablement le plus réticent au contact avec les Hommes. Ils avaient donc pris le temps d'en savoir plus sur le blond et très vite, ils étaient tombés sous son charme, touchés par son histoire. Aucun autre Jinchuuriki n'avait d'entrée ici et Yugito ne l'avait eu qu'à la veille de sa mort, attirée par la puissance mentale du petit renard se débattant pour ne pas exécuter cet ordre de l'abattre, d'abattre sa semblable.

Il n'y avait que dans cet espace psychique ou dans son propre esprit qu'il changeait un peu de vie, qu'il avait quelqu'un pour lui donner un peu de soutient et d'affection, de considération. Quelqu'un pour l'écouter et le câliner. Kurama le laissait venir se blottir contre lui dans sa geôle. Il ne se montrait pas vraiment doux ouvertement, l'air ennuyé mais ce n'était pas réellement le cas. Lorsqu'il s'enferma dans son esprit ce jour là, souffrant et plein de douleur autant physique que mentale, une seconde geôle s'était ajoutée près de celle de Kurama, renfermant Matatabi désormais. Le démon chat regarda le petit humain qui avait gagné l'affection des Bijû se traîner jusqu'à la cellule de Kurama, dans un état lamentable. Il pouvait sentir toute sa souffrance désormais, une souffrance atroce. Dés qu'il le put, Kurama vint soutenir son Jinchuuriki de son museau jusqu'à de qu'il puisse venir se blottir contre sa poitrine au creux de l'une de ses pattes. Il posa sa tête près de lui, l'entourant en silence, la minuscule silhouette disparaissant totalement dans son abondante fourrure. Souvent, il cachait ainsi son Jinchuuriki, tentant de le couper un moment de la cruelle vie qui était la sienne. Une vie d'enfermement, d'asservissement, d'entraînement exténuant des jours durant, de torture, de douleur, de combat, de noirceur et de cruauté. Lui même se demandait comme son hôte pouvait encore se montrer aussi souriant qu'il pouvait l'être en temps normal.

Itachi et Shisui Uchiwa n'avaient peut-être que treize ans mais ils n'avaient déjà plus rien d'enfants. Ils étaient des ANBU de Konoha, parmi les meilleurs et les plus puissants, probablement les plus forts lorsqu'ils faisaient équipe. Ils étaient parfaitement au fait de la politique, des jeux de pouvoirs, des guerres et de tout le reste, considéré par tous comme des adultes accomplis. Deux génies, deux Uchiwa, deux amis très proches. Un duo qui avait un rêve commun, un rêve de paix dans un monde plus que jamais tiraillé par les conflits. Seulement, c'était un rêve bien lointain dans l'état d'esprit dans lequel leur village se trouvait à l'heure actuelle.

Aujourd'hui Konoha était bien loin de la volonté pacifique de ses fondateurs et de ses quatre premiers Hokage. Le monde ninja entier était loin de la paix. Si autrefois Konoha avait eu à cœur d'éviter guerres et conflits, cela n'était plus vraiment une priorité maintenant. Si Itachi et Shisui avaient dû dater le changement de ligne de conduite de leur village, ils l'auraient assurément placé juste après la mort de leur Yondaime Hokage sacrifié pour sauver le village de Kyûbi, le démon renard à neuf queues. Cela s'était produit un peu plus de sept ans auparavant et avait comme marqué la fin d'une ère pour le village. Au lendemain de la mort du Quatrième, un Cinquième Hokage avait été nommé. Hirotoshi Shimura du clan du même nom, l'un des plus ancien du village. Un très bon ninja mais aussi un homme bien plus dur et radical que ses prédécesseurs. Après l'attaque dévastatrice de Kyûbi, le Conseil du village et le Daimyo du Pays du Feu avaient décidé de prendre une autre voie, jugeant les précédents Hokage trop gentils et laxistes, idéalistes pour assurer la sécurité du village et du pays, cette crainte renforcée par l'attaque du démon. Ils avaient donc choisis Hirotoshi comme Godaime Hokage.

Hirotashi Shimura était un homme bien plus froid, strict et dur que ses prédécesseurs. Il n'en n'était pas moins calme et réfléchis, plutôt intelligent. À l'image de son frère, Danzô Shimura, il plaçait les intérêts et la sécurité du village au dessus de tout, y comprit de la morale et de l'éthique. Les deux frères ne s'entendaient pourtant pas, rivaux, l'un préférant l'ombre, l'autre n'hésitant pas à tout faire en pleine lumière sans se cacher. Il était du genre à s'imposer aux autres par la force, peu diplomate et jamais enclin à la négociation. Il n'hésitait pas à employer l'assassinat ou autres moyens douteux lorsqu'il jugeait qu'il y avait menace pour le village ou le pays. Pour lui, Konoha était et devait rester le village caché le plus puissant. Il était d'avis que Konoha devait dominer les autres et les mener sous sa coupe. Il était donc inflexible avec leurs ennemis et même avec les alliés qui s'étaient fait rares sous son règne. Mais il l'était aussi avec ses propres ninjas. Depuis qu'il était devenu Hokage, on en demandait plus aux ninjas, des aspirants aux ANBU. L'enseignement s'était durcis dés l'académie. Les règles du village étaient plus strictes aussi. La vie a Konoha avait bien changé depuis qu'il était à sa tête, plus militaire qu'autrefois. Cela avait parfaitement convenu à certain, à d'autres beaucoup moins pour une raison ou une autre.

Une petite guerre de l'ombre avait d'ailleurs prit place entre le Hokage et son frère plus que jamais rivaux. Danzô et sa Racine avaient considérablement perdu en pouvoir et en marge de manœuvre sous son autorité. Après quelques années, la Racine avait été totalement détruite, ses membres sévèrement châtiés pour l'exemple, le Hokage rappelant qu'il était le seul à commander les ninjas de Konoha quels qu'ils soient. Cette action avait été plutôt apprécié au village bien que controversée par la violence avec laquelle elle avait été mené. Danzô en revanche, n'avait pas bien réagis au contraire comme on pouvait s'y attendre. Il jugeait son frère imprudent et arrogant, mais tout ceux connaissant leur conflit savaient qu'il s'agissait plus d'avoir plus de pouvoir que l'autre. Ils n'arrivaient jamais à s'entendre, convaincu l'un et l'autre d'être meilleur pour diriger le village et la défense du pays. Cela avait mené à un coup d'état exécuté dans l'ombre de la part de Danzô qui avait voulu faire assassiner son frère pour prendre sa place par un habile jeu de manipulation. Seulement, il n'était pas le plus fort à cet exercice.

Avec l'accession au pouvoir d'Hirotoshi, le clan Uchiwa avait retrouvé un peu plus de place au village. Mis à l'écart et surveillé depuis la trahison de Madara Uchiwa contre le Premier Hokage et malgré les suspicions sur leur implication dans l'attaque de Kyûbi, ils avaient regagné un peu plus de pouvoir sous le Godaime Hokage qui avait décidé de renouer avec eux, estimant ce clan ancien et puissant comme vital au village. Il s'était d'ailleurs fait un conseiller de Fugaku Uchiwa, actuel chef de clan, espérant rapidement retrouver les faveurs des porteurs du Sharingan ainsi. Cela avait permis à l'homme de tout savoir de ce qu'il se passait au village. Ce coup de Danzô, les Uchiwa l'avaient vu venir de loin et avaient décidé d'en profiter. Ils avaient donc pris la place de héros en intervenant au bon moment. Cela s'était soldé par la mort de Hirotoshi et l'arrestation de Danzô et de ses derniers partisans vites condamnés par les preuves apportés par les Uchiwa passant pour les gentils de l'histoire. Finalement, Fugaku Uchiwa avait été nommé Rokudaime Hokage.

Itachi et Shisui avaient observé tout cela, gardant leur avis pour eux, restant impliqués dans le clan d'apparence. Mais ils avaient en réalité plus tendance à la neutralité et à la prise de distance en eux. Tout deux savaient bien que Konoha ne changerait pas vraiment avec Fugaku à sa tête. Le chef du clan Uchiwa était tout aussi dur dans ses idées que son prédécesseur bien que peut-être un peu plus diplomate mais surtout manipulateur et calculateur, la chose pas forcément de bonne augure. Ils savaient qu'avec lui, Konoha serait certes défendue mais pas du tout en paix avec ses voisins, loin de là. Les relations entre les pays étaient plus que jamais tendues et un rien aurait pu mettre le feu aux poudres. Mais tout ce que les deux amis pouvaient faire pour le moment, était de rester dans l'ombre, de tout surveiller pour veiller sur Konoha et pour attendre une occasion de l'aider à prendre un chemin plus pacifique. Ils savaient parfaitement tout deux que leur clan ne devrait pas être à la tête du village, leur mentalité de puissance incompatible avec une paix durable, avec l'entente avec les autres. Mais il n'y avait pas mieux pour le moment. Hirotoshi n'était pas mieux et l'avantage d'avoir laissé le changement se faire avait été de se débarrasser de Danzô et de son frère trop dangereux tout deux. Fugaku n'était pas forcément une meilleure option mais lui au moins ne courrait pas après le Sharingan comme Danzô et Hirotoshi obsédés par le dojutsu.

Ils gardaient donc leurs idées et leurs pensées pour eux, sachant qu'il ne servait à rien de tenter quoi que ce soit pour le moment au village. Il n'y avait pas assez d'opposition sans compter que déstabiliser Konoha maintenant l'exposerait à une guerre dévastatrice. Le coup d'état allait déjà l'affaiblir un moment, rien ne servait d'en rajouter. Ils préféraient donc assurer leur position au village, auprès de Hokage, dans l'ANBU pour tout savoir de tout et tout le monde, de tout ce qu'il se tramait et ainsi, ils pourraient peut-être agir si le besoin d'en faisait ressentir. Ils avaient en tout cas la pleine confiance du nouvel Hokage qui était aussi le père d'Itachi, l'homme très fier de son héritier et génie de fils envers qui il n'avait aucun doute. Et c'était certainement pour cela que le duo était à présent avec l'Hokage, dans leurs tenues d'ANBU, masqués. Son investiture avait eu lieu la veille et il avait déjà décidé de leur confier un nouveau poste à tout deux. Pour cela, il les avait emmené dans une base dont-ils ne connaissaient même pas l'existence. Pour y entrer, il fallait rejoindre le pied des falaises où étaient gravés les visages de pierre des Hokage. Là, une petite trappe était cachée, dissimulée par de puissantes techniques.

- Votre nouveau poste est très important, fit le Hokage en les faisant entrer dans le lieu bardé de protections et de sceaux en tout genre. C'est même le poste le plus important des forces de Konoha, dit-il en les surprenant un peu.

Ils n'en montrèrent rien pourtant, ils étaient des plus intrigués. Cet endroit, jamais ils ne l'avaient remarqué et la manière dont-il était protégé était étrange. Il était certain que personne n'ayant été invité ne pourrait entrer sans énormément de difficulté et de risque. C'était un véritable coffre fort caché au fin fond d'un village surprotégé. Ils suivirent leur chef de clan qui descendait l'escalier de pierre se trouvant là, éclairé de torches, l'entrée se refermant soigneusement derrière eux.

- J'ai entièrement confiance en vous deux pour prendre ce poste et je n'aurais confiance qu'en vous pour cela, continua le Sixième Hokage. C'est absolument capital pour le village. Vous avez certainement tout les deux entendu parler de l'unité Oni ?

- Bien sûr, approuva Shisui.

Tout les ninjas de Konoha connaissaient l'unité Oni de nom et de réputation. Mais personne ne savait quoi que ce soit de plus précis sur elle. Il s'agissait d'une unité très secrète de Konoha, sous les ordres exclusifs du Hokage composée d'une petite poignée d'ANBU d'élites. Des ANBU qui, disait-on, maniaient une arme ou une technique très puissante. Cela faisait un an environ qu'elle était déployée au combat. Elle y allait toujours seule et cela même dans les pires situations. Elle était intervenue dans de violents combats avec Oto, Kumo et Kiri dernièrement, affrontant de grands groupes adverses à seulement quelques uns. Pourtant, elle était toujours revenue victorieuse et sans avoir laissé un seul survivant qui n'ait pas été fait prisonnier derrière elle, redoutablement efficace. Elle avait préservé la sécurité du pays plus d'une fois, celle du village et avait fait réfléchir leurs ennemis hésitants face à elle. Personne ne savait rien sur cette unité. Elle ne se montrait jamais, allait seule au combat et ne laissait personne survivre pour en parler. Même eux de leur haute place dans la hiérarchie ninja ne savaient rien sur elle.

- Je veux que vous preniez la direction de cette unité, annonça le Hokage en les surprenant. Je veux des personnes de confiance pour la diriger. Ses membres sont fidèles à Konoha mais je veux être sûr qu'ils restent dans leur devoir maintenant que je suis à la tête du village.

Les deux jeunes ANBU comprirent facilement. Si cette unité était réellement la plus puissante du village, il était logique qu'il veuille s'assurer de leur loyauté avec le chamboulement qui venait d'avoir lieu.

- En conséquence, vous allez tout savoir de cette unité dés aujourd'hui. Inutile de vous dire à quel point ses informations sont sensibles et doivent être gardés secrètes.

- Hai, répondirent-ils avec discipline en le faisant sourire.

- Le secret de cette unité réside en une seule chose : l'arme qu'elle manipule, expliqua-t-il. En réalité, c'est cette arme qui fait tout au combat. Les membres de l'unité ne sont là que pour la diriger et se charger de l'aiguiser, dit-il en les laissant perplexe.

- De quel genre d'arme s'agit-il ? demanda Itachi. Une technique particulière ?

- Non, un Jinchuuriki, lâcha-t-il.

Ils n'en laissèrent rien transparaître pourtant, un choc profond les saisis, leur génie faisant rapidement les connexions dans leurs esprits. Un Jinchuuriki. L'hôte d'un démon à queues. Une personne. Une personne qui pourtant ne valait pas mieux qu'une arme, un objet dans la bouche de l'Hokage. Et cela lui semblait habituel alors que son ton et son attitude laissait clairement voir que c'était bien ainsi qu'il considérait la chose.

- Votre rôle sera de le diriger pour l'emmener au combat ou en mission et faire en sorte qu'il fasse ce que l'on attend de lui. Il est parfaitement sous contrôle alors cela n'a jamais été un problème mais il faut garder un œil sur les démons qui cherchent comme toujours à se libérer de leur hôte et son réticent à laisser leur pouvoir être utilisé. Vous maîtrisez tout les deux le Mangekyô Sharingan, vous pourrez les surveiller et les tenir en laisse sans problème. Le Jinchuuriki est la meilleure et la plus puissante arme de Konoha. Invaincu jusqu'ici et il n'est pas près de l'être. Il nous sert à tenir en respect les autres pays et à faire comprendre à ceux qui tenteraient que Konoha n'est pas à prendre à la légère.

- Les démons ? releva Shisui.

- Il en a deux en lui, répondit Fugaku en les surprenant une nouvelle fois. C'est pourquoi il faut les garder à l'œil tout les deux. Les sceaux qui les tiennent sont très puissants mais je préférerais qu'on garde cela sous haute surveillance pour être certains qu'ils ne puissent se libérer et causer je ne sais quel cataclysme. Notre Jinchuuriki est le tout premier à avoir deux démons en lui. Il est l'hôte du démon chat à deux queues, Nibi et du démon renard à neuf queues, Kyûbi. L'hôte ne posera aucun problème, il a été parfaitement entraîné et conditionné. Ce sont les démons qu'il faut surveiller.

Ils arrivèrent au bas des marches et une chose était désormais claire pour les deux adolescents : on voulait autant empêcher d'entrer que de sortir d'ici. C'était comme une prison plongée dans l'obscurité.

- Cette base est l'endroit où l'on garde le Jinchuuriki lorsqu'il n'est pas en mission, expliqua Fugaku. Il est bien trop dangereux pour être sortit inutilement et nous devons nous assurer que toutes les informations sur lui restent secrètes. Seul les membres de l'unité Oni, le Hokage et ceux qu'il emmène éventuellement peuvent entrer ici.

Ils atteignirent finalement une grande salle où six personnes, six ANBU masqués attendaient, un kanji frappé sur chaque front étant la seule chose qui les différenciait. Il y avait les cinq éléments, Suiton, Raiton, Fûton, Dôton, Katon, et le sceau, Fuin. Ils saluèrent respectueusement le Hokage qui les présenta sous les noms des kanji qu'ils arboraient.

- Ils sont ceux qui entraînent et se chargent du Jinchuuriki depuis toujours, expliqua Fugaku. Ils pourront tout vous expliquer sur lui. Ils tournent ici par équipe de deux minimum pour le surveiller et l'entraîner. Je vous présente Suijin et Raijin, dit-il en désignant tour à tour Itachi et Shisui. Auparavant, vous étiez sous les ordres du bras droit du Godaime, vous êtes dorénavant sous leurs ordres, Suijin étant le plus gradé. Et ils prennent leurs ordres de moi exclusivement. Est-ce bien clair ?

- Hai Hokage-sama, répondirent-ils respectueusement.

- Bien, je vous laisse donc discuter des derniers détails. Vous viendrez me faire votre rapport tout à l'heure, dit-il aux deux Uchiwa.

- Hai, approuvèrent-ils.

Le nouvel Hokage s'en alla alors, laissant la nouvelle équipe faire connaissance.

- J'imagine que Maître Fugaku vient à peine de vous briefer sur ce que nous faisons, remarqua Fuin.

- En effet, approuva Raijin. Pouvez vous nous détailler davantage les choses ?

- Hum, approuva-t-il. Que vous a dit Maître Hokage ?

- Que notre rôle était de surveiller, entraîner et mener au combat le Jinchuuriki de Konoha et qu'il avait deux démons en lui, énonça Suijin le ton froid comme à son habitude. Qu'il était sous contrôle et que le principal était de surveiller les démons surtout.

- En gros c'est ça, acquiesça Fuin. On lui donné le nom d'Onimugen, le démon infini. C'est une arme redoutable. Il est très puissant. L'hôte n'est pas un problème. Le risque est que les démons décident de faire des leurs. C'est classique pour un Jinchuuriki que leur démon tente de se libérer pour tout ravager. Alors on tient ses sceaux à l'œil au maximum. Il n'y a jamais rien eu mais on n'est jamais trop prudent. Le travail est simple : le surveiller constamment, l'entretenir, l'entraîner, l'emmener en mission et lui donner ses ordres. En combat, il fait le boulot tout seul. Venez, on va vous le montrer.

Ils se mirent donc en route et ils en profitèrent pour faire une visite des lieux. Il y avait des espaces de vie pour l'unité, des réserves de vivres, d'arme et d'équipements, des espace d'entraînement, d'hygiène, de détente. Tout pour qu'ils puissent passer du temps ici confortablement. L'étage inférieur était consacré au Jinchuuriki avec de vastes salles d'entraînement renforcées très solidement, avec tout le nécessaire pour tout type d'exercice. Il y avait une armurerie très fournie mais aussi lourdement scellée et fermée, des réserves de nourriture de base, d'équipement, un espace d'hygiène des plus spartiate. Une salle était aussi visiblement destiné au fuinjutsu, certainement pour vérifier régulièrement les sceaux du Jinchuuriki. À cet étage, on ressentait le changement d'ambiance. Il n'y avait rien de décoratif, rien de superflus, rien de confortable, pas d'espace de détente, très peu de lumière. Il faisait froid, très silencieux. C'était austère, peu engageant. Clairement, l'endroit ne donnait pas envie d'y rester. Itashi et Shisui ne firent aucune remarque, gardant leurs émotions et leurs pensées pour eux, impassibles et froids d'apparence. Ils descendirent encore plus profondément pour atteindre un petit étage bardé de sceaux et de protections, de barrières faîtes pour empêcher de laisser sortir ce qu'il y avait ici.

- Pourquoi tant de précautions ? demanda Raijin. Je croyais qu'il ne posait pas de problème.

- Il n'en pose aucun. Nous avons veillé à cela et nous l'avons bien entraîné, répondit Fuin. Mais on n'est pas à l'abri que les démons prennent possession de lui et tentent quelque chose. Le Jinchuuriki est un faible d'esprit qui ne tiendrait pas un instant si les démons s'y mettaient. C'est pour ça qu'on prend énormément de précautions et qu'on surveille ses sceaux. On ne doit pas leur laisser une seule ouverture. Il est là l'animal, dit-il en ouvrant une trappe dans une lourde porte de métal.

Shisui s'avança le premier pour regarder à l'intérieur alors que Suiton appuyait sur un interrupteur pour allumer une faible lumière. Il découvrit alors une petite cellule de deux mètres sur deux tout au plus. Une petite silhouette immobile, vêtue de noire, était assise au sol contre le mur en face de la porte. Ses poignets et des chevilles étaient entravés de lourdes chaînes marquées de sceaux. Il portait un masque d'oni noir et doré, de très longs cheveux blonds cascadaient sur lui. Le petit Jinchuuriki ne donnait aucun signe de vie si ce n'était le très discret mouvement de sa respiration. Il n'y avait rien dans la cellule. Pas un lit, pas un coussin ou couverture. Rien d'autre que son prisonnier. Il recula finalement, laissant Itachi regarder à son tour. Ils ne dirent rien, n'eurent aucune réaction. Ils approuvèrent simplement pour les autres, se déclarant ainsi satisfais. Ils remontrèrent alors et on les conduisit dans une salle de travail à l'étage de l'unité. On leur donna les documents attrait au Jinchuuriki, à l'entraînement qu'il avait reçu, aux missions qu'il avait faîtes, à son parcourt... tout. Rien ne devait sortir de la base aussi, ils s'installèrent pour étudier tout cela.

Ils découvrirent alors ce qu'avait été la vie du Jinchuuriki. Enfermé depuis sa naissance et élevé dans un environnement cruel, dans le noir. Il avait été entraîné très durement à toutes les disciplines ninjas qu'il parvienne à les pratiquer ou non. Il avait été entraîné à résister à la torture. Il vivait dans des conditions très difficiles. Rapidement, il avait été enchaîné par tellement de sceaux et de techniques qu'il était normal qu'il ne cause aucun problème. Il ne devait même pas pouvoir faire un pas sans ordre. Les rapports stipulaient même qu'on s'était appliqué à détruire l'esprit du Jinchuuriki pour qu'il ne se rebelle jamais, qu'il obéisse parfaitement et vu ce qu'on lui avait fait subir, cela avait certainement fonctionné. Il n'avait vraisemblablement jamais été considéré comme une personne mais comme un objet, une arme et cette base était le placard dans lequel on rangeait l'arme. On l'entraînait très durement sans relâche, il n'avait que peu de repos vu son emploi du temps. On n'avait vraiment aucune considération pour lui et même son alimentation était limitée au nécessaire. Les précautions autour de lui étaient strictes, les procédures très établies, stipulant jusqu'à l'exacte quantité d'eau à laquelle il avait droit suivant ce qu'il faisait, son emploi du temps réglé à la minute.

Tout était très encadré autour de lui pour s'assurer de la sécurité, de la confidentialité et de l'optimisation de l'entraînement du Jinchuuriki. Il était évident que l'on voulait le rendre aussi puissant que possible, l'aiguisant constamment. Et lorsque l'on regardait la liste des techniques qu'il maîtrisait, on ne pouvait qu'être impressionné. Le Jinchuuriki avait une nature de chakra de vent et de feu grâce à ses démons. Il avait déjà assimilé beaucoup de techniques de ses éléments en plus de nombreuses autres. C'était un très bon combattant au corps à corps, sa vitesse étant assurément l'un de ses domaines de prédilection. Il savait utiliser de nombreuses armes également avec un don particulier pour les katanas. C'était un ninja remarquable et ce mot semblait même très faible lorsqu'on regardait ses résultats de mission très impressionnants. Il avait aussi une réserve de chakra bien plus grande qu'un ninja ordinaire, des capacités de régénérations impressionnantes. Cela parmi bien d'autres choses. Il était un ninja de très haut niveau. Et le plus incroyable dans tout cela était qu'il ne semblait pas encore se servir de ses démons, chose qui chiffonnait d'ailleurs l'unité et le Hokage sachant qu'il pourrait considérablement multiplier sa puissance en le faisant. C'était d'ailleurs en vu d'arriver à cela qu'on l'entraînait encore plus durement pour épuiser son chakra et l'obliger à recourir au démon. Mais ce n'était pas encore ça d'après les rapports.

Ils terminèrent leur lecture sans faire la moindre remarque ni montrer quoi que ce soit. Ils annoncèrent finalement à l'unité qu'ils observeraient les entraînements un moment pour voir comment fonctionnait le Jinchurriki et se faire à la manière de le commander à travers les sceaux qui lui étaient apposés. Et ils prendraient le train en marche pour le reste à partir du lendemain. Ils s'en allèrent ensuite, passant voir le Hokage comme il l'avait demandé. Froids et impassibles, ils firent leur rapport sur leurs impressions, expliquant qu'il leur faudrait un moment pour constater si oui ou non il fallait modifier quelque chose autour du Jinchuuriki ou si quelque chose n'allait pas. Ils savaient déjà que Fugaku voulait s'assurer que l'hôte était bien sous son contrôle et à l'abri, qu'il continuerait à être entraîné pour le rendre plus puissant et qu'il était toujours prêt pour aller au combat, qu'il remplirait ses missions. C'était là tout ce qui l'intéressait.

Ils s'en allèrent finalement, n'ayant besoin d'aucune parole pour s'entendre et se diriger bien loin de là, sur un terrain d'entraînement perdu dans la forêt. De nouveau en civil, ils s'assurèrent qu'ils n'y avait personne que ce soit pour voir, entendre ou sentir avant de se relâcher :

- Les enfoirés, gronda Shisui les poings serrés alors qu'il tremblait de rage.

Comme pour son meilleur ami plus tendu et fermé que jamais, glacial, cela exprimant une fureur sans nom chez lui, son Sharingan était bien actif dans ses yeux sous la colère qui le submergeait.

- C'est qu'un gosse, ragea Shisui. Un gosse de sept ans.

- Il a le même âge que Sasuke, remarqua Itachi tranchant. Et ils l'ont enfermé, asservis, torturé et détruit pour leur soif de pouvoir. C'est abjecte !

- Ils n'ont eu aucune pitié, aucune considération pour lui. Un enfant ! Un bébé quand ils ont commencé !

- Ils sont tombés encore plus bas que je ne l'aurais cru. Entraînement ?

- Ouais, j'ai besoin de me défouler.

Ce fut donc sans attendre qu'ils se lancèrent dans un entraînement de taijutsu des plus intense, tout deux ayant besoin de se déchaîner un peu pour se calmer. Ils s'affrontèrent un moment, déchargeant leur rage devant ce qu'il avait découvert aujourd'hui. C'était une horreur à leurs yeux. Comment avait-on pu faire cela à un enfant ? Un bébé ? Comment pouvait-on le traiter de la sorte ? Lui infliger un tel supplice ? Une telle vie ? C'était innommable pour eux, indigne de leur village. Voir cet enfant enchaîné dans ce petit cachot obscure, apathique et l'air tellement fragile ainsi les avait révulsé. Ce n'était pas quelque chose qu'ils pouvaient accepter et il leur avait fallu toute leur force de caractère pour ne pas exploser de colère dans cette base. Longuement ils s'entraînèrent, cela leur permettant de se calmer un peu, juste assez pour réfléchir plus clairement lorsqu'ils stoppèrent. Ils s'assirent l'un face à l'autre, s'assurant d'être toujours seuls.

- Alors, comment on fait ? demanda Shisui. On ne peut pas le laisser comme ça, posa-t-il. On ne peut pas laisser une telle chose continuer. Je ne peux pas accepter ça. Cet enfant n'a rien demandé, rien fait de mal.

- Je suis d'accord. On ne peut pas fermer les yeux sur quelque chose d'aussi grave. Quelque soit leurs motivations, aucun être humain ne devrait être traité de la sorte. Jamais je n'aurais cru voir ça à Konoha. Le Premier, le Second et le Quatrième Hokage doivent se retourner dans leur tombe s'ils peuvent voir ça. Je me demande si le Troisième est au courant.

- Cela m'étonnerait qu'il ait permis ce genre de chose. Ce n'est vraiment pas son genre. Soit il n'est pas au courant, soit il n'a pas eu le choix. Ils lui auraient forcé la main. Ce ne serait pas étonnant et vu comment ils tiennent cet enfant, il n'aura rien pu faire. Intervenir... sera comme une trahison envers Konoha et je doute que beaucoup de monde se dresse pour aider le Jinchuuriki de Kyûbi malheureusement. Sans parler de tout ces sceaux sur lui. Ce sera très difficile de le sortir de là. Le Troisième s'est retiré peu de temps après la nomination d'Hirotoshi Shimura comme Hokage. Il a eu beau s'opposer au nouveau pouvoir en place et à ses méthodes, il s'est soigneusement fait ignoré et mettre à l'écart. Il y a de grandes chances qu'il soit au courant mais dans l'incapacité d'agir. Cela m'étonnerait qu'ils l'aient laissé approcher ce garçon de près ou de loin.

- Certainement. Vu ses résultats, ils n'accepteront jamais de le laisser partir ou de ne serait-ce que perdre un peu de contrôle sur lui. On se demandait comment on avait pu si bien s'en sortir face aux attaques que nous avons subi dernièrement. On a perdu bien moins de ninjas que nos ennemis. Nous avons la réponse maintenant. C'est lui qui s'en est chargé. Il remplace pas mal de ninjas à lui tout seul en plus du résultat impeccable qu'il obtient. Ils peuvent l'envoyer se battre tout en restant tranquillement caché derrière lui sans effort à faire et ils ne vont certainement pas se passer de ça. Ils ne le laisseront pas partir si facilement et jamais ils n'accepteront de le libérer.

- Mais on ne peut pas laisser ça comme ça, posa Shisui en recevant un acquiescement de son meilleur ami. Que je sois damné si un jour je laisse faire une telle horreur dans mon propre village quelque soit les conditions, gronda-t-il.

Itachi lui sourit, expression à laquelle peu avaient droit venant de lui. Il reconnaissait bien là Shisui et son esprit noble et droit. L'un comme l'autre ne pourrait jamais accepter une telle chose. Leur village tournait déjà bien mal à leurs yeux depuis quelques années et ceci était la preuve de cette décadence honteuse qu'ils ne pouvaient pas permettre à un tel niveau. Certes le Jinchuuriki était important pour Konoha mais le village comptait énormément de ninjas de très haut niveau qui pouvaient le remplacer et rien ne justifiait de lui infliger un tel traitement. S'il devait servir Konoha, il devrait le faire de son plein grès sans subir un tel asservissement. Sinon, personne ne pouvait l'obliger à le faire. Il était une pièce importante d'un point de vue militaire mais c'était une personne et le facteur humain devait être pris en compte. Cet enfant n'était pas une arme ni un objet et ce qui lui était fait était d'une cruauté sans pareil. Quelque soit les motivations, tout deux ne pouvaient accepter ça. Sacrifier ainsi un enfant pour le village n'était pas une chose qu'ils pouvaient accepter.

- On ne va pas laisser ça comme ça, approuva Itachi. Mais agir va être très compliqué. Le faire sortir de là simplement n'est pas possible avec toutes les protections. Même si on parvenait à le faire sortir. Le contrôle sur lui est partagé par toute l'unité et le Hokage a le contrôle complet s'il le veut. Nous n'aurons pas la majorité donc s'ils lui ordonnent de revenir, il reviendra vers eux quoi qu'on fasse. Ça plus les sceaux d'invocations. Mon père pourrait le ramener près de lui en une seconde et cela peut importe où on le cachera. Tout ces sceaux sont un problème. En plus d'être extrêmement puissants, ils sont entrelacés les uns dans les autres. Les retirés... je ne sais pas comment faire.

- Pourtant il le faudra bien. Sans ça, impossible de le sortir de là et de le libérer. Les sceaux et les techniques qui l'enferment sont la clef de tout ça. Il faudra les annuler si on veut pouvoir l'aider. Et le sortir de là, le mettre hors porté avant qu'ils ne s'en rendent compte.

- Ça va prendre du temps de trouver comment faire, remarqua Itachi. En attendant, on pourra peut-être faire autre chose.

- Oui, s'occuper un peu de ce gosse. Il va falloir être discrets. S'ils s'aperçoivent qu'on le traite autrement que comme une arme, on va se faire écarter très vite et ton père nous soupçonnera. Mais bon sang, il est temps que quelqu'un s'occupe de lui. Qu'est-ce que tu en penses ? Au sujet de son esprit sois disant anéanti ? Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il doit être en pitoyable état mais totalement absent ? dit-il l'air dubitatif.

- J'en doute aussi. Pour que les sceaux et les techniques de contrôle fonctionnent, il faut un esprit à asservir. Ils pensent que si ça marche c'est parce qu'il y a les démons en lui et que cela fourni la présence nécessaire à l'efficacité de leurs techniques. Mais je voudrais vérifier ça moi même avant de me prononcer. On pourra faire ça simplement. Quand à l'aider, on trouvera bien quelque chose. On va observer et voir ce qu'on peut faire tout en restant discret.

Et ce fut ce qu'ils firent dans les jours à venir. Ils alternèrent leur présence dans la base pour tout voir. Ils purent alors voir de leurs yeux ce qu'était la vie du petit blond. On ne l'autorisait à retirer son masque que pour se laver et il n'avait alors pas le droit de leur faire face. Ainsi, il ne montrait jamais son visage. La raison était simple : on ne lui donnait pas d'identité, il n'y avait pas droit et son masque était ce qui lui enlevait le plus cela. Pas de visage, pas d'identité, pas de personnalité, le masque le faisant plus passé pour une marionnette. La partie inférieure de l'objet pouvait être détachée pour révéler sa bouche et lui permettre de manger. Il n'avait droit à aucune intimité. Lorsqu'il quittait sa cellule et qu'on lui retirait ses fers, la consigne était de ne jamais le lâcher des yeux. Cela incluait les passages à la douche ou aux toilettes. L'enfant ne bougeait pas sans ordre et il attendait toujours les ordres pour faire tout et n'importe quoi. Il ne parlait pas, sa voix scellée depuis toujours. Une arme n'avait pas de voix et on ne lui demandait pas son avis de toute façon. On ne sortait l'enfant de sa cellule que pour l'emmener se laver, aller aux toilettes, manger et boire.

Puis il allait à l'entraînement. Un entraînement qui durait souvent plusieurs jours d'affilés pour lui, les membres de l'unité se relayant, lui imposant un rythme d'enfer. Mais au bout d'un moment, cela s'apparentait à de la torture lorsque le garçon finissait blessé lourdement et à bout de force au point que cela aurait sûrement coûté la vie à un ninja ordinaire. On n'arrêtait que lorsqu'il s'écroulait complètement, en sueur, tremblant compulsivement, à court de chakra, en sang. On le traînait alors à sa cellule, lui remettait ses chaînes et on le laissait là sans plus de soin jusqu'à la séance suivante qui avait souvent lieu à peine quelques heures plus tard. On ne s'occupait jamais de ses blessures sous prétexte que le chakra de ses démons et ses dons de régénérations lui permettaient de guérir par lui même. Observer les entraînements leur avait permis de constater la grande puissance du garçon. C'était en effet un ninja de très haut niveau qui les égalait certainement malgré son jeune âge. Il le serait probablement encore plus s'il avait son libre arbitre pour pouvoir agir par lui même.

Il avait d'ailleurs une particularité à la fois étonnante et très belle. Lorsqu'il commençait à user de son chakra, il y en avait toujours qui débordait. Il en avait tellement en lui qu'il y en avait qui exsudait de son corps quand il se mettait à manipuler son énergie. Son chakra prenait alors la forme de petites feuilles d'érables de lumière dorée voletant autour de lui comme les feuilles tombant en automne. C'était splendide. Dans les rapports, il était écris qu'on avait parfois vu ces feuilles s'enflammer ou se faire de vent lorsqu'il utilisait des techniques fûton ou katon. Mais il ne semblait pas le faire volontairement. Ses feuilles de chakra restaient autour de lui, voletant doucement sans conséquence jusqu'à la fin du combat ou de l'entraînement en cour. Cela était certainement dû à l'immense masse de chakra en lui. La contrôler et l'utiliser devait être difficile et ces excès transpirant le démontraient.

Après deux semaines d'observation des deux amis et de nombreux entraînements pour évacuer leur colère, ils n'avaient pu que constater le calvaire de cet enfant blond. Ils avaient rapidement appris à manier les sceaux pour le contrôler et lui donner des ordres, désormais inclus dans les techniques eux aussi. Tant qu'ils étaient avec les autres, ils prenaient garde à leur image, ne traitant pas l'enfant différemment des autres pour qu'on ne les soupçonne pas de quoi que ce soit. Cela faisait longtemps que l'on n'avait plus le droit à l'erreur à Konoha. Si on donnait le moindre signe d'être contre le pouvoir en place, on se retrouvait surveillé de près et faire quoi que ce soit devenait compliqué. S'il s'agissait en plus du Jinchuuriki, il était certain que le Hokage serait prudent qu'il s'agisse de son fils ou pas et peu importe sa confiance en eux. C'était ainsi surtout dans leur clan.

Ce jour là, Itachi et Shisui avaient pris leur service ensemble auprès de l'enfant. L'unité composée de huit ninjas désormais, ils tournaient par équipe de deux auprès du Jinchuuriki pour s'occuper de lui, le surveiller et l'entraîner. Ils étaient toujours quatre dans la base au minimum et ils alternaient, prenant des pauses ou faisant leur rapport à l'étage de vie qui leur était dédié. C'était à deux qu'ils descendaient au cachot du garçon ce matin. Ils avaient prévu un exercice particulier aujourd'hui qui leur permettrait peut-être d'en savoir plus sur l'état de leur protégé. Ils arrivèrent rapidement, ouvrant les sceaux et les barrières pour entrer dans la petite cellule plongée dans le noir. Ils trouvèrent le petit blond au sol, comme on l'avait jeté après le dernier entraînement. Ils avaient eu le temps de s'assurer que malgré toutes les protections ici, il n'y avait rien pour les écouter, les regarder ou les espionner. Aussi, comme ils étaient seuls, ils pouvaient se permettre un peu plus de relâchement. Shisui vint s'accroupir près de l'enfant, soupirant de tristesse de le voir ainsi. Il passa une main délicate dans ses longs cheveux blonds tachés de sang.

- Il faut qu'on l'emmène se laver avant et manger aussi, remarqua-t-il.

Itachi approuva, venant se baisser près d'eux pour composer quelques mudra et déverrouiller les liens enfermant l'enfant. Celui-ci ne bougea pas d'un cil, se laissant totalement faire. S'ils auraient aimé le porter pour lui épargner des efforts, ne sachant pas si ses blessures étaient bien guéris et s'il avait récupéré ses forces mais ils ne pouvaient se le permettre au risque qu'on les voit. Ce fut en serrant les dents, détestant faire cela, que Shisui lui ordonna de se redresser doucement. Le garçon obéit, s'asseyant sans donner le moindre signe de faiblesse. Il l'inspecta du regard lui et ses vêtements en lambeaux. Puis il lui ordonna de se lever et de les suivre, ce qu'il fit sur le champs. Ils l'emmenèrent à sa salle de bain qui n'était rien de plus d'une petite pièce de roche avec un jet d'eau et un pain de savon. Shisui alla lui chercher des vêtements propres pendant que Itachi supervisait la douche, commandant à l'enfant de se déshabiller et de se laver. Comme toujours, il le fit simplement et l'aîné en profita pour analyser son état. Ses blessures n'étaient pas encore complètement guéris mais il allait relativement bien physiquement même s'il devait toujours être fatigué. Shisui revint rapidement, l'observant lui aussi pour s'assurer de sa santé, grimaçant à la vue des blessures. L'enfant se lava face au mur comme toujours pour ne pas montrer son visage avant de remettre son masque et de se tourner vers eux. Itachi lui donna une serviette pour qu'il puisse se sécher puis s'habiller, ses longs cheveux humides pendant dans son dos. Ils l'emmenèrent manger le repas auquel il avait droit, le même qu'à l'habitude puis ils le conduisirent dans une salle d'entraînement.

- Assied toi, commanda Itachi pour être immédiatement obéis.

Les deux Uchiwa prirent place en face de lui, activant leurs yeux. Leur but aujourd'hui était d'entrer dans l'esprit de l'enfant. Officiellement, il s'agissait de s'assurer que les démons étaient bien contenu mais pour eux, c'était l'occasion d'entrer en contact avec l'esprit du Jinchuuriki. Ils entrèrent sans mal, se retrouvant dans un lieux lugubre et froid, sombre. C'était une vaste salle sans fenêtre, inondée. Ici, ils n'étaient pas masqués, prenant leur apparence véritable. Ils n'eurent pourtant pas le loisir d'observer davantage, esquivant deux gigantesque patte fusant vers eux. Ils reculèrent, échappant de justesse à l'assaut pour atterrir plus loin, hors de portée. Ils se redressèrent, découvrant les deux immense cellules qu'il y avait en face d'eux, les grilles fermées par des parchemins de sceaux. Ils ne voyaient l'intérieur que de l'une d'entre elle avec le démon chat enflammé de son brasier bleu. Deux regards tranchant et haineux les fixaient. L'un était rouge sang aux pupilles fendues, l'autre bicolore avec une iris jaune, l'autre verte, les deux dépourvues de pupilles, celui de Nibi. Les deux pattes réintégrèrent chacune leur cellule, des grondements furieux faisant vibrer l'air, l'ambiance considérablement alourdie par la présence des deux démons à queue.

- Maudit Uchiwa, grogna une voix grave. Comment osez vous venir jusqu'ici ?!

- Kyûbi, comprit Itachi.

- Et donc Nibi, compléta Shisui en regardant les yeux vairons.

- Approchez donc que je vous étripe de mes griffes, feula le félin.

- On n'est pas aussi stupides, remarqua Shisui.

- Que venez vous faire ici ? claqua Nibi.

Ils regardèrent autour d'eux, cherchant la présence qui les intéressait pourtant, ils n'en trouvèrent aucune trace d'aucune sorte. Ils analysèrent rapidement les sceaux, les geôles et les démons. Tout semblait en ordre si on excluait l'absence de l'esprit du garçon. Les deux démons irradiaient de haine et de fureur dirigée entièrement vers eux. Il ne faisait nul doute qu'ils les auraient déjà dépecé s'ils pouvaient les atteindre. Peu à peu, ils purent distinguer Kyûbi et ses neuf queues derrière sa grille. Il était assis, l'une de ses immenses queues enroulée autour de lui.

- Où est le garçon ? demanda Itachi.

- Le garçon ? rit sinistrement le renard. Ah, vous parlez certainement de cet avorton qui nous sert de réceptacle. Vous devriez le savoir. Vous avez fait de l'excellent travail avec lui, dit-il en faisant ricaner Nibi.

- Ce n'est plus qu'un simple corps, dit-il. Un objet que vous manipulez en bons barbares misérables que vous êtes. Il n'est plus là depuis très longtemps et cela n'est pas pour nous déplaire. Un parasite en moins. Ne reste plus qu'à chasser les nuisibles ! s'exclama le félin en lançant une patte chargée de chakra vers eux.

Ils durent reculer un peu plus pour l'éviter. Le chakra des deux démons furieux s'était accumulé devant les geôles, les empêchant d'approcher s'ils l'avaient voulu. Rageur, le démon à deux queues réintégra sa cellule, secouant ses barreaux comme s'il voulait sortir pour les attaquer. Seulement, le sceau bien en place ne trembla pas une seconde, solide.

- Satané sceau, feula-t-il.

- Déguerpissez ! ordonna Kyûbi. Votre présence m'insupporte.

- Où est l'enfant ? redemanda fermement Itachi.

- Stupide avec ça, ricana Nibi. N'avez vous pas entendu ce que l'on vient de dire ?

- Ignore les, soupira Kyûbi. Les ninjas sont des abrutis et c'est encore pire avec les Uchiwa tellement arrogants.

- Donc vous allez me faire croire qu'il n'y a personne pour vous retenir et que pourtant, vous êtes incapables de prendre possession de ce corps, nargua Shisui. Pas si impressionnant que ça ces démons à queues, s'amusa-t-il.

Deux pattes meurtrières et furieuses fusèrent vers eux de nouveau, une masse de chakra démoniaque émanant brutalement des deux Bijû.

- Comment oses tu misérable ! tonna Kyûbi. Un jour ou l'autre, toi et tes camarades finirez déchiquetés sous mes crocs !

- J'attends de voir ça, se moqua Shisui en échangeant un regard avec Itachi.

- Nous reviendrons, assura celui-ci. Nous voulons aider cet enfant et s'il faut vous affronter aussi en plus des autres qui l'ont mis dans cet état, nous le ferons, assura-t-il froidement.

Les deux amis se retirèrent alors, réintégrant le monde physique et si cela n'était pas visible sous leurs masques d'ANBU, ils transpiraient. Non pas sous l'effort mais bel et bien sous la pression exercée par les démons. Ils avaient beau n'en n'avoir rien montré, faire face à deux Bijû furieux, même scellés, était difficilement tenable. Ils prirent un moment pour reprendre leur souffle et s'assurer que personne n'était là. Face à eux, l'enfant au masque d'Oni n'avait pas bougé d'un millimètre, assis en tailleur, le dos droit et les mains posées sur ses genoux. Il ne semblait pas du tout avoir été affecté par l'intrusion. D'un regard échangé, les deux amis firent comme ils avaient prévus, faisant mine de poursuivre l'examen sans pour autant faire quoi que ce soit. C'était la bonne excuse pour donner un peu de repos à l'enfant et repousser le prochain entraînement qu'il allait devoir enduré.

Dans l'esprit du petit blond, les deux démons avaient progressivement calmé leur colère d'avoir vu les deux Uchiwa s'introduire ici. Ils n'avaient pas manqué les derniers événements qu'ils pouvaient voir à travers les yeux de leur hôte. Il s avaient vu l'arrivée de ses deux là dans l'unité qui martyrisait leur petit rayon de soleil. Leur calme retrouvé et assurés que les deux intrus étaient bien partis de leur esprit, Kurama se rallongea sur l'eau, entourant étroitement un petit quelque chose blottit contre lui. Il recula la queue qu'il avait enroulé autour de lui, cachant et protégeant son Jinchuuriki qui réapparut. Il avait l'air intrigué et perplexe devant ce qu'il venait de se produire. Il s'approcha de la tête de son renard, s'asseyant contre son museau de manière à voir aussi Matatabi. Il s'était allongé contre la grille le séparant de la cellule de Kurama, observant cet enfant de plus en plus précieux pour les Bijû. Il était le seul à tout faire pour protéger les Bijû en lui, à les considérer, à s'inquiéter pour chacun d'entre eux, à les réconforter à sa manière, à leur faire confiance, à les aimer... Petit à petit, son sourire et son amour pour eux apaisait leurs âmes. Depuis le Rikûdo Sennin, celui qu'ils considéraient un peu comme un père, personne n'avait été ainsi avec eux et cela les touchait profondément. Kurama était toujours bougeons et réticent à l'admettre mais il était probablement celui qui aimait le plus l'enfant qu'il connaissait depuis sa conception dans le ventre de sa mère. Et le garçon lui rendait mille fois, souriant même quand Kurama faisait mine de l'insulter et de le repousser. Matatabi avait bien moins de scrupules à montrer et reconnaître son affection pour le petit blond, ronronnant volontiers lorsqu'il venait grattouiller ses oreilles.

- Il faut prendre garde à ces deux là, remarqua le renard. Avec leurs Sharingan, ils pourraient nous causer des ennuis.

- Ils étaient bizarres, fit le petit garçon l'air un peu perdu.

- En quoi ? demanda Matatabi curieux.

- Je ne sais pas. Une impressions bizarre, répondit-il en haussant les épaules. Je l'ai à chaque fois qu'ils sont avec moi. Je n'arrive pas à comprendre ce que c'est.

- Nous allons les surveiller de près pour voir ce qu'ils veulent exactement et quel est leur mission, remarqua Kurama. Si ce fou de Fugaku les a mis à la tête de l'unité, il doit avoir confiance en eux et leur Sharingan est évolué.

- Ils sont bizarres, répéta l'enfant pensif.

Leur service terminé, les deux amis quittèrent la base, retrouvant leurs tenues civiles avant de se retrouver au fin fond de la forêt pour discuter.

- Tu as eu la même impression que moi ? demanda Shisui.

- Oui. Ils protégeaient quelque chose ou quelqu'un.

- C'est ce que j'ai pensé aussi. Ils ont tout fait pour qu'on n'approche pas des cellules. Et j'ai senti cette présence au milieu de leur chakra démoniaque. C'était tellement faible que je ne suis pas certain mais...

- Je l'ai perçu aussi, remarqua Itachi. C'était infime mais c'était bien là. Je crois que c'était lui.

- Les Bijû ne l'ignorent sûrement pas et cette petite pointe d'énergie était en plein centre de celle de Kyûbi. Il aurait été dans sa geôle avec lui ? demanda-t-il l'air surpris.

- Vraisemblablement. Reste à savoir s'il est retenu ou s'il y était volontairement, remarqua Itachi.

- C'est sûrement ça qui rend son esprit indiscernable. Sans nos Sharingan et notre sensibilité, on ne l'aurait jamais repéré et il faut pouvoir entrer dans son esprit pour y parvenir. Si Kyûbi le retient, c'est sûrement pour le neutraliser complètement. Mais dans ce cas, pourquoi ne tentent-ils rien ? Ils ont largement la puissance pour forcer sur les sceaux surtout s'ils tiennent l'esprit du garçon pourtant ils ne font rien. La deuxième possibilité est qu'il y est volontairement. Et dans ce cas, ça collerait avec l'impression de protection que nous avons ressenti. Peut-être est-il ami avec ses Bijû ?

- Je n'ai jamais entendu parler de cette possibilité mais c'est envisageable, remarqua Itachi. Il est comme scellé avec eux depuis longtemps, il a grandi avec eux et en particulier avec Kyûbi alors il est possible qu'ils aient développé une quelconque relation. Mais c'est un enfant maltraité. Il est possible que Kyûbi l'ait embobiné. Il va falloir qu'on tire tout ça au clair. La situation serait différente pour chaque cas de figure.

- Le bon côté c'est qu'on sait qu'il est toujours là quelque part, sourit Shisui.

- Oui, c'est la meilleure nouvelles depuis qu'on a été affecté à ce poste, approuva Itachi.