Disclaimer : cet univers appartient à JK Rowling, etc...
Et voici ma première fanfiction, entièrement écrite par mes soins, qui portera sur une relation de mentor entre Harry et Severus Snape, et commence juste avant la rentrée en quatrième année. J'ai de grandes ambitions pour cette fanfiction, mais ne nous précipitons pas, tout vient à point pour qui sait attendre...
J'espère vraiment que l'histoire vous plaira, et je vous invite à me laisser plein de petites reviews pour me donner vos ressentis réguliers quels qu'ils soient...
Bonne lecture ;)
Le Serment à la Nuit: Chapitre I
Privet Drive
Harry se redressa sur ses genoux pour se débarrasser des épines fichées dans ses paumes.
Cette simple action lui donna un léger tournis qui ne s'arrêta que lorsqu'il eut replongé la tête dans le parterre de rosiers chatoyants du jardin.
Là-haut dans le ciel d'un bleu profond, le soleil brûlant du mois d'août rendait tout effort physique particulièrement pénible, ce qui n'empêchait pas tante Pétunia d'exiger de lui toutes sortes de travaux tels que tondre la pelouse en pleine canicule, laver de fond en comble la maison, débroussailler le jardin ou encore retaper l'abri à outils sous les railleries désobligeantes de son cousin Dudley et sa bande qui buvaient des sodas glacés...
Les bras endoloris par une matinée de travail, il donna un coup de sécateur dans une branche et la lança sur le tas qui s'amoncelait sur l'herbe qui avait conservé une couleur vert foncé aussi respectable que suspecte, au moment précis où sa tante passait la tête par la fenêtre de la cuisine :
« Le déjeuner est prêt, à table ! ».
Réfractaire aux restrictions d'eau imposées par les autorités Moldues en raison de la canicule qui frappait le sud du Royaume-Uni, l'oncle Vernon s'assurait que deux tuyaux d'arrosage automatiques rafraîchissent le jardin chaque nuit dans le secret de l'obscurité. Harry était pour le moins surpris qu'aucun voisin jaloux ne l'ait encore dénoncé à la police mais de toute façon, il supposait que la police avait d'autres chats à fouetter.
Depuis le début des vacances, la presse Moldue relatait ponctuellement des récits étranges d'agressions répertoriées dans le pays : des morts farfelues, des scènes de crime sans arme du crime ni effusion de sang, des corps sans vie aux yeux grands ouverts, des témoins évanouis et frappés d'amnésie soudaine. Des faits qui n'avaient pas manqué de susciter les regards en coin suspicieux lancés par l'oncle Vernon et prouvaient bien que ces curieux événements relevaient probablement de son monde. Les Dursley, sous couvert du tabou que leur inspirait le monde magique, avaient le nez fin lorsqu'il s'agissait de repérer toute bizarrerie qui de près ou de loin avait un lien avec la sorcellerie.
« Dépêche-toi et cesse un peu de rêvasser ! » l'alpagua la voix stridente de Pétunia.
Après s'être douché puis changé, Harry retrouva les Dursley attablés dans la cuisine, suivant les informations que passait une petite télévision dernier cri.
« Assieds-toi » lui lança tante Pétunia. « Encore un peu de crudités, Vernon ? Il reste des carottes, des tomates cerises et du chou râpé à la vinaigrette d'échalotes ».
Aussi haut que large, l'oncle Vernon évoquait un lamantin en colère et arborait une épaisse moustache à laquelle était accrochée un morceau de poulet froid. Il avait l'air de mauvaise humeur. De très mauvaise humeur. Et le régime forcé qu'il subissait, à base de fruits et légumes frais, ne devait pas y être étranger.
Quant à Dudley, il était à moitié endormi, ayant prolongé sa grasse matinée jusqu'à l'heure du déjeuner.
Alors qu'il se servait de la portion de crudités restant dans le plat, l'oncle Vernon leva ses yeux porcins et fureteurs vers lui.
« Pétunia m'a dit que tu taillais les rosiers ce matin » grogna-t-il. « J'espère que tu as terminé le travail, je ne compte pas repasser derrière toi et le jardin doit être impeccable avant notre départ pour les Iles Canaries ce soir. Tu t'occuperas tout à l'heure de la haie du fond, et je me chargerai moi-même de brûler les branchages quand tu auras fini, tu serais bien capable de mettre le feu à la maison ».
Harry écarquilla les yeux :
« Tailler la haie du fond ? ». Cette haie qui courait dans le fond du jardin était si haute et si fournie qu'il en aurait pour des jours ! « Mais... ».
« Ne me dit pas que tu rechignes à la tâche, espèce de petit fainéant ! Puisque tu es dans nos pattes, autant te rendre utile ! Tu tailleras cette haie, et je veux que ce soit achevé avant ce soir pour notre départ ».
« Ce soir ? Je n'aurai jamais le temps, il me faudra des heures et des heures pour tout faire et...».
« C'est pourquoi tu as donc tout intérêt à t'activer pour ne pas me désobéir. Tu sais quelle serait la punition dans le cas contraire ». Il plissa ses yeux et pencha la tête d'un air menaçant. Le sous-entendu était clair.
« Et il est inutile de protester ! » s'empressa de conclure tante Pétunia en voyant Harry ouvrir la bouche.
« C'est injuste ! » protesta Harry, faisant presque sursauter Dudley, qui fixait son assiette de betteraves rouges avec apathie. « C'est beaucoup trop de travail pour pouvoir le terminer avant ce soir, et sans protections en plus ! Pourquoi est-ce que je... ».
« Ce n'est pas le filleul d'un assassin notoire qui va me donner des leçons sur la façon dont je dois tenir cette maison ! » s'emporta l'oncle Vernon en brandissant sa fourchette sous son nez et Pétunia sursauta. « Tu vas faire ce que je te dis sans broncher, ou alors tu tâteras de ma ceinture, crois-moi sur parole ! C'est la moindre des choses pour qu'on doive supporter ta présence plutôt que de rester enfermé dans ta chambre comme un paresseux avec ton imbécile de hibou ! ».
« C'est une chouette, pas un hibou ! Et elle a un nom ! Elle s'appelle Hedwige ! ».
Harry avala rageusement une bouchée de légumes, le dos raide, s'efforçant de se maîtriser pour ne pas élever la voix contre son oncle. Il était dégoûté, mais ne tenait pas non plus à ce que Vernon se jette en travers de la table pour lui administrer l'un de ses soufflets dont il avait le secret. La veine qui palpitait nettement sur son front était déjà un bon indicateur de sa colère, et l'homme, dont il connaissait par cœur la plupart des réactions, couvait une mauvaise humeur latente depuis quelques jours déjà. La perspective de vacances aux Iles Canaries aurait pourtant dû le réjouir...
« Peu m'importe son fichu nom ! » beugla l'oncle Vernon, furieux à présent. Dudley redressa la tête avec un intérêt non dissimulé. « Surveille ton attitude et ton langage avec moi ! A mon époque on corrigeait l'insolence à coups de cannes bien administrés ! Ma sœur Marge a raison, nous sommes beaucoup trop laxistes à ton égard... Ça ne m'étonne pas que tes tarés de parents aient finis par se faire tuer, ton cinglé de père a très certainement dû provoquer la mauvaise personne, et voilà ce qu'il leur est arrivé ! Morts dans leur lit ! Comme des faibles et des couards ! ».
« Vernon ! » fit Pétunia dans un glapissement offusqué en jetant un coup d'œil à la fenêtre ouverte sur le jardin, dans la crainte que les voisins aient pu l'entendre.
« Je t'interdis de parler ainsi de mes parents ! » répliqua Harry avec agressivité. « Tu ne leur arrive pas à la cheville ! Ils valaient cent fois mieux que toi ! ».
Ce n'était certainement pas la plus intelligente des réparties, il en avait bien conscience, mais le mal était fait. L'homme s'étrangla avec les morceaux de carottes qu'il venait d'enfourner et toussa, déglutissant difficilement. Son visage avait désormais viré au rouge soutenu.
« PARDON ? OSE LE RÉPÉTER, POUR VOIR, ESPÈCE DE SALE PETIT... ».
« Tu as parfaitement entendu ! » s'écria Harry en reposant bruyamment ses couverts.
Avec une agilité qu'il ne lui aurait jamais soupçonnée, son oncle bondit de sa chaise qui se fracassa sur le carrelage, et fit le tour de la table. Esquivant de justesse la main boudinée qui frôla dangereusement son visage, Harry se rua hors de la cuisine sous les vociférations de Vernon.
Il avait dépassé les bornes et seule la fuite lui sauverait la peau.
« Reviens immédiatement ici mon garçon, nous n'en avons pas terminé ! ».
« Débroussaille-le toi-même ton fichu jardin ! » s'exclama Harry dans un accès de provocation en se précipitant dans le couloir.
Mon garçon... c'était craché avec un tel dégoût...
Vernon le rattrapa alors qu'il cherchait le trousseau de clefs perdu quelque part dans les profondeurs d'une poche de la veste de sa tante.
A quel moment exactement avait-il débouclé sa large ceinture, qui pendait déjà dans sa main comme un fouet ?
Harry sentit son estomac faire un bond périlleux.
La dernière fois...
Il arrivait que Vernon lui dispense des gifles quand il passait une mauvaise journée et avait décidé que la simple existence de son neveu l'irritait, variant parfois les plaisirs avec des coups de canne, dont il avait récupéré un modèle auprès de l'école de Dudley. Mais la ceinture ? La dernière fois qu'il avait sorti la ceinture, Harry avait mis des jours à s'en remettre... Il n'allait tout de même pas...
Vernon l'attrapa par les cheveux et le jeta dans le couloir, le faisant violemment se cogner contre son bon vieux placard sous l'escalier. Sonné, il voulut se retourner pour parer au danger mais une douleur aiguë lui déchira soudain le dos et il étouffa difficilement un gémissement de douleur.
La punition dura de longues minutes, la boucle en argent pur de la ceinture lui cinglant les bras, les reins, le dos à nouveau, les jambes.
Indifférent aux appels à la raison de Pétunia, Vernon fit pleuvoir les coups sans pitié, déchaînant toute sa violence contenue en l'agrippant par la nuque et le maintenant à genoux, ce qui lui permettait plus facilement de le fouetter. Et il avait beau se protéger comme il le pouvait de ses mains, il n'avait pas la puissance d'un homme adulte et ne pouvait rien faire d'autre que de subir en silence.
Harry encaissa coup sur coup, serrant les poings jusqu'à s'en faire mal.
« Arrête ça ! » hurla-t-il finalement, ayant jusqu'alors refusé de lui céder le moindre son. « Arrête ! ».
« J'en ai assez de ton insolence, ne me contredis plus jamais sous mon propre toit ! Tu es comme ceux de ton espèce : fainéant, idiot, ingrat, irrespectueux, dangereux... ».
Quand Vernon, rouge de rage, voulut reprendre son souffle, il profita de ce moment de répit pour lui donner un coup de genou dans le ventre qui eut le mérite de lui faire lâcher la nuque. Harry se jeta contre la porte d'entrée, tourna la clef dans la serrure et s'enfuit dans la rue sans plus réfléchir.
Chaque foulée lui faisait mal au dos et aux jambes, mais tant pis...
Il courut et courut encore pour mettre le plus de distance possible avec son oncle, ravalant les larmes de douleur qui menaçaient de le submerger.
Des semaines qu'il trimait sous les ordres des Dursley, s'épuisant à la tâche, sans une once de reconnaissance ou une marque de sympathie, en plus des remarques désobligeantes... S'il seulement il pouvait les transformer en crapauds et les enfermer dans un vivarium le temps d'un été... Le temps d'une vie, même.
Après quelques minutes de course effrénée dans les rues désertes de la ville, il se remit à marcher sous un soleil de plomb pour calmer les battements erratiques de son cœur.
Il faisait tellement chaud... Par chance, de noirs nuages d'orage s'amoncelaient au loin dans le ciel et il espérait qu'il pleuvrait rapidement.
Ses mollets meurtris le menèrent à la campagne, là où les habitations éparses faisaient la part belle à des champs blondis par la sécheresse et qui s'étendaient à perte de vue entre des îlots boisés. Il trouva refuge au bord d'une ancienne carrière de calcaire immergée bordée de buissons et d'arbustes, sûr que ni Dudley ni sa clique de voyous ne viendraient l'y débusquer.
Gagnant le couvert ombragé du petit bois, il foula les herbes sauvages et finit par s'étendre contre un arbre, se laissant apaiser par le spectacle des grands saules et des peupliers sereins qui bruissaient sous l'influence d'une brise légère.
Il avisa les marques rouges et cuisantes s'étalaient sur ses jambes, son ventre et ses bras, et ne retint pas une grimace de douleur.
Si seulement il avait pu écrire à Sirius pour qu'il vienne s'occuper des Dursley pour de bon...
Dès son retour de Poudlard, un somptueux ara bleu et or venu tout droit d'un pays qui fleurait bon les eaux turquoises et les palmiers lui avait rapporté des nouvelles de Sirius qui avait de toute évidence convolé dans une contrée tropicale. La voix nasillarde du perroquet aux longues plumes débarqué au milieu de la nuit avait tiré la famille de son sommeil, provoquant un ramdam malvenu et plus grave encore, le courroux de Vernon. Et il avait fallu toute la patience de Pétunia pour calmer son époux et le décourager de déplumer le pauvre oiseau - ils n'avaient pas besoin que le voisinage prévienne la police pour cause de boucan infernal, merci bien.
Après cet incident, Hedwige n'avait plus ramené que des écrits revenus systématiquement non ouverts.
Et ces lettres mortes n'étaient pas passées inaperçues aux yeux des Dursley, qui s'étaient aussitôt fait un plaisir de reprendre leurs bonnes vieilles habitudes.
« Où te caches-tu, Sirius ? » soupira Harry en croisant les doigts derrière la nuque.
Il avait soufflé ses quatorze ans et reçu quelques cadeaux, mais aucune nouvelle de la part de Sirius. Non pas qu'il exige une quantité exponentielle de cadeaux à chaque anniversaire, mais il avait pensé que son parrain lui aurait tout de même écrit un petit mot. Il voulait croire que Sirius était introuvable tellement il était doué pour se cacher.
Fermant les yeux, il laissa son esprit dériver vers une perspective positive, comme la Coupe du monde de Quidditch qui devait avoir lieu à la fin du mois. Ron, qui passait ses vacances en Roumanie avec son frère Charlie le dresseur de dragon, lui en rapportait des descriptions si terrifiantes et excitantes qu'elles lui en donnaient l'eau à la bouche. Mais la Coupe du monde était encore plus délirante que les dragons, et le père de Ron avait pu leur obtenir des billets grâce à son poste au Ministère de la Magie. Et son oncle n'avait curieusement émis aucune protestation à ce qu'il y assiste, y voyant là l'occasion rêvée de se débarrasser de son encombrant neveu.
Se laissant bercer par le chant des oiseaux et le murmure des arbres, Harry finit par s'assoupir sans même s'en rendre compte.
ooOOoo
Lorsqu'il rouvrit brusquement les yeux, il se redressa contre le tronc rassurant de l'arbre avec la sensation de s'être endormi quelques minutes, sensation que démentait la vieille montre de Dudley autour de son poignet. Il avait dormi plus de trois heures... Le fait de s'être réveillé la nuit précédente, et la nuit d'avant encore, du même cauchemar horriblement réaliste, avait dû jouer...
Il n'était pas certain que le craquement qui l'avait réveillé ne provienne pas de son sommeil, et pourtant il avait ouvert les yeux avec si peu de naturel que...
A la surface de l'étang d'un bleu lagon, les nénuphars ne paraissaient pas avoir changé de place. Pourtant aux aguets, et sans s'expliquer ce pressentiment au fond de sa poitrine qui le poussa à se lever, il parcourut du regard les buissons qui l'entouraient sans rien y trouver quoi que ce soit d'anormal. Il fronça les sourcils. Avait-il eu la berlue ?
« Dobby ? » hasarda-t-il avec hésitation, se remémorant une époque où l'elfe de maison l'espionnait depuis le jardin des Dursley. « C'est toi, Dobby ? Montre-toi ».
Il eut le temps de se sentir stupide tandis qu'aucun Dobby ne surgissait de derrière une marguerite.
Alors qu'il passait ses yeux attentifs sur les berges ombragées, il perçut cette fois distinctement un bruit de pas sur les branches cassées, quelque part sur sa gauche.
Son cœur se mit à battre un peu plus fort tandis qu'il fixait les fourrés près de lui.
Il y avait quelqu'un d'autre ici, ça ne faisait aucun doute.
Compte tenu de l'interdiction de pratiquer de la magie en-dehors de l'école, il ne portait pas sa baguette sur lui quand il était chez les Dursley, et maintenant qu'il en aurait bien eu besoin pour se rassurer, ce raisonnement lui apparaissait bien naïf.
Un bruit de pas précipités s'éleva entre les arbres et en tournant la tête, il aperçut soudain à une vingtaine de mètres de lui une ombre s'enfuir à travers bois. N'écoutant que sa témérité, il se lança à sa poursuite.
« C'est qui ? Reviens ! ». Vraisemblablement un ami de Dudley venu en éclaireur...
La silhouette se dissimula derrière un arbre et disparut dans le claquement caractéristique d'un transplanage.
Définitivement pas un ami de Dudley qui, il venait à l'instant de s'en rappeler, avait prévu de se rendre cet après-midi à la piscine.
Un frisson glacé courut le long de sa colonne vertébrale pendant qu'il tournait plusieurs fois sur lui-même, ses yeux sautant entre les arbres et les berges calmes de l'étang, s'assurant qu'il était à nouveau seul. Une seconde durant, ses cheveux se dressèrent sur sa nuque. Et si Lord Voldemort... ? Mais non, ça ne pouvait pas être Lord Voldemort, sinon sa cicatrice l'aurait chauffé à blanc. Et sa cicatrice ne l'avait pas brûlé depuis qu'il avait croisé la chose abominable qui se nourrissait du sang de licorne dans la Forêt Interdite, pas depuis que le faux professeur Quirrell l'avait touché pour tenter de s'emparer de la pierre philosophale.
Par réflexe, il se passa une main sur le front, mais sa cicatrice ne chauffait pas.
Cependant il arrivait qu'elle le picote parfois la nuit, ces derniers temps, mais pas de quoi s'en alarmer.
Cela faisait quelques nuits qu'il faisait le même rêve.
Un rêve avec un escalier dans une maison délabrée et un vieil homme tué d'un Avada Kedavra, un éclair vert aveuglant... Et dans la pièce éclairée par un feu mourant, il avait reconnu ce traître de Peter Pettigrow près d'un fauteuil. Un Pettigrow rampant et servile, songea-t-il avec dégoût. Mais il y avait un autre homme qui parlait à la chose sur le fauteuil. S'il n'avait pas vu ce qui s'y trouvait, il se souvenait en revanche très bien de la voix de Lord Voldemort... La voix aiguë qu'il entendait à l'approche des Détraqueurs, la voix aiguë et mortelle qu'avait eu l'horrible visage caché sous le turban de Quirrell...
Mais ce n'était qu'un cauchemar, balaya-t-il en se hâtant de quitter les lieux.
Les arbres s'agitaient déjà autour de lui, et la surface assombrie de l'étang se ridait. Plus noirs que jamais, les énormes nuages s'étaient vite rapprochés de la ville et il devenait urgent de rentrer s'abriter.
Harry piqua un sprint jusqu'à Privet Drive, préférant encore se réfugier chez son oncle violent plutôt que de risquer d'être anéanti par la foudre, et accélérant davantage quand les premières grosses gouttes lui rafraîchirent le visage. Il respira à pleins poumons l'odeur de la pluie sur une terre aride. Merlin que l'eau était bienvenue...
Il arriva en trombe sur le palier de la maison au moment même où un éclair fendait les nuages, suivi quelques instants plus tard du roulement lointain du tonnerre. Les Dursley finissaient de charger la voiture et Dudley était déjà confortablement assis à l'arrière, l'ordinateur sur les genoux.
« Te voici enfin, toi ! » l'accueillit Pétunia qui enfilait sa veste dans le vestibule. « Où est-ce que tu étais passé ? Nous sommes sur le point de partir à l'aéroport ! ».
Vernon claqua sans ménagement le coffre de la voiture, l'œil sombre et rancunier. Harry recula prudemment dans le hall d'entrée en le voyant serrer des poings, mais il dut estimer qu'il n'avait pas le temps de réparer l'affront que constituait un coup dans le ventre puisqu'il se contenta d'aboyer :
« On y va Pétunia, nous ne devons pas être en retard, ce n'est pas le moment de rater l'avion. La plage et les palmiers n'attendront pas !».
« Je suis prête ! » répondit sa tante en donnant à Harry les clefs de la maison. « Ne t'avise surtout pas de les perdre, ne te fais pas remarquer, tiens-toi tranquille et ne fais pas de... » elle baissa la voix, « Ne fais pas de magie en notre absence ».
« Tu sais bien que je n'ai pas le droit de faire de magie en dehors de l'école, tante Pétunia » soupira Harry.
« Encore heureux ! » gronda son oncle. « Cette haie devra être taillée à notre retour, mon garçon, et la maison bien entretenue. Auquel cas ce qui s'est passé ce midi risque de n'être qu'un amuse-bouche, je te le garantis ! ».
L'estomac noué, Harry hocha la tête. Les Dursley démarrèrent au moment précis où une forte averse s'abattait sur le quartier, faisant claquer les volets et trembler les bosquets de fleurs.
Priant pour que le soleil des Canaries fasse passer les velléités de vengeance à Vernon, il se barricada dans la maison, se composa un dîner appétissant et investit le salon où il alterna les programmes qui passaient à la télé. Il finit par tomber sur une série contant l'histoire de deux frères chassant des créatures surnaturelles, ce qui lui rappela vaguement le monde sorcier, et se tassa plus confortablement dans les coussins moelleux du canapé. Autant dire qu'il n'avait jamais vraiment l'occasion de profiter seul du salon, et que l'absence des Dursley était une véritable bénédiction qui venait embellir le quotidien déprimant de l'été qu'il passait à Privet Drive.
Lorsque la tempête commença à brouiller l'écran, il abandonna le canapé et alla se poster en sentinelle devant la baie vitrée, observant l'orage qui se déchaînait dehors. La pluie martelait les vitres et fouettait les toits des maisons, le tonnerre grondait de plus en plus fort et les éclairs étaient spectaculaires, tandis que d'énormes mares se formaient au sol, inondant la rue.
Puis un éclair plus foudroyant que les autres frappa le quartier. Il était phénoménal, d'une clarté aveuglante, et il s'accapara tout le ciel tel une toile d'araignée géante.
C'est à ce moment que Harry l'aperçut.
« Qu'est-ce que… ».
Une silhouette humaine se tenait près d'un arbre au bout de la rue.
Étonné que quelqu'un s'aventure sous un arbre en plein orage, il cligna les yeux et approcha son visage de la vitre, mais l'éclair s'éteignit aussi brutalement qu'il était arrivé. Un formidable craquement déchira le ciel, assourdissant, et Harry recula instinctivement, surpris par sa violence. Quand il reposa son regard vers la silhouette, il n'y avait plus rien. Ni sous l'arbre, ni dans l'allée centrale entre les rares voitures garées, ni dans les jardins.
Il était pourtant certain de n'avoir pas halluciné... Le mauvais pressentiment qui l'avait pris plus tôt dans l'après-midi revint flotter au creux de son ventre, et il gravit les escaliers quatre à quatre. D'abord quelqu'un qui l'espionnait près de l'étang puis transplanait, maintenant ça... Cela pouvait être une coïncidence, bien sûr, mais...
Il rédigea à la hâte un petit mot qu'il attacha à la patte de sa chouette.
« Hedwige » chuchota-t-il en la caressant gentiment. « J'ai une mission pour toi, Hedwige. C'est important, il se passe quelque chose de bizarre dehors, et j'ai besoin que tu envoies ce message au professeur Dumbledore au cas où il serait au courant. Peut-être que je me fais des idées, mais j'aimerais en être sûr ».
Sa chouette le scruta de ses grands yeux ambrés et hulula.
« Il y a de l'orage et beaucoup de vent, comme tu l'as bien évidemment remarqué. Ça te changera de tes vols infructueux sous le soleil ».
Harry ouvrit la fenêtre et une grande masse d'air s'engouffra dans la chambre, renversant la lampe de chevet dont l'ampoule survécu miraculeusement.
« Je me demande ce que je ferais sans toi, Hedwige » soupira-t-il. « Reviens-moi vite ».
Elle lui mordilla affectueusement le doigt et déploya ses ailes pour s'envoler par la fenêtre, affrontant la pluie et le tonnerre. Harry la regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'elle devienne un vague petit point blanc dans les nuages noirs, puis s'allongea sur son lit, un exemplaire d'Envol avec les Canons de Chudley ouvert sur sa poitrine.
Longtemps, il contempla le plafond et les murs illuminés par les éclairs, avant de s'assoupir doucement, bercé par le fracas de l'orage et le crépitement de la pluie. Il espérait que Hedwige ferait vite et que Dumbledore lui répondrait rapidement.
ooOOoo
Pour ne pas changer, il fut pour la deuxième fois de la journée tiré de sa somnolence par une détonation lointaine et il dut cligner plusieurs fois des yeux pour s'accoutumer à la pénombre de la chambre.
Dehors l'orage s'était levé et Privet Drive était inhabituellement plongé dans l'obscurité. Sa lampe de chevet refusa de s'allumer, confirmant ses soupçons : le disjoncteur avait sauté, en même temps que tous ceux du quartiers.
Disjoncteur qui se trouvait à la cave, à laquelle il fallait accéder par une trappe.
Or il n'avait aucune envie de déambuler dans une cave obscure, ni de chercher une lampe de torche à l'aveuglette. Ça attendrait le lever du jour, pour l'heure sa place était dans son lit.
Son tee-shirt de pyjama à la main, il s'immobilisa en percevant du mouvement dehors.
Plus par curiosité que par réelle crainte, il jeta un œil intéressé par la fenêtre et son cœur rata brutalement un battement lorsqu'il repéra des ombres qui bougeaient sur la pelouse près du bosquet de roses qu'il avait taillé le matin même, dans le jardin. Des ombres qui n'appartenaient pas aux Dursley et qui à l'évidence ne souhaitaient pas être vues.
Paniqué, il pensa de suite à des cambrioleurs et s'apprêtait à foncer au rez-de-chaussée prévenir la police lorsqu'il se rappela que l'électricité était coupée. Il se mit à tourner en rond dans sa chambre dans une tentative peu concluante de contrôler sa nervosité qui allait grandissante. Hedwige n'étant pas revenue, qu'était-il supposé faire ? Peut-être pouvait-il s'appliquer à rester silencieusement sous son lit sans faire de bruit et faire croire que la maison était vide ? Ce n'est pas comme s'il n'avait pas de l'entraînement avec le nombre de fois où il avait dû jouer le jeu quand les Dursley recevaient des invités prestigieux. Des cambrioleurs ne venaient pas pour tuer, juste pour cambrioler, n'est-ce pas ? Encore que c'était un méfait que les Dursley pouvaient bien lui mettre sur le dos...
Alors qu'il envisageait très sérieusement de jeter son matelas par la fenêtre et sauter dessus pour se précipiter dans le commissariat le plus proche, le déclic de la porte d'entrée l'obligea à prendre une décision sans plus tarder.
La porte ! On venait de forcer la porte !
Ce ne pouvait qu'être des sorciers, déglutit Harry avec terreur. Des Moldus auraient été incapables de forcer aussi rapidement les multiples verrous que l'oncle Vernon y avait fait apposer. Est-ce que Pettigrow venait terminer le travail ? L'idée que le rat soit là dans la maison lui donna les mains moites.
Il devait sortir de là, et vite.
Prenant son courage à deux mains, il récupérera sa baguette et tourna délicatement la poignée de sa porte, parvenant miraculeusement à ne pas la faire grincer.
La maison était plongée dans les ténèbres.
Contrôlant sa respiration, il s'aventura à pas feutrés dans le couloir jusqu'aux escaliers où il pencha la tête par-dessus la rambarde, l'oreille tendue. S'il ne vit personne, il entendit toutefois des chuchotis en provenance du salon.
Sa baguette le long du corps tandis qu'il se remémorait le sortilège de Désarmement pour se rassurer, il descendit les marches à pas de loup avant de réaliser avec angoisse que les intrus, qui qu'ils soient, avaient pris le soin de refermer à clefs la porte d'entrée derrière eux, comme pour l'empêcher de s'enfuir.
Le sang commençant à bourdonner dans ses oreilles, il se courba et longea furtivement le mur, dépassa le placard sous l'escalier et se glissa dans la cuisine. Il entendait les intrus chuchoter dans le salon, très manifestement à sa recherche. Par chance, ils ne semblaient pas avoir remarqué sa présence toute proche.
Les mains tremblant de fébrilité, Harry traversa silencieusement la cuisine tandis que ses hôtes indésirables s'engageaient dans les escaliers. Ils n'étaient plus très discrets à présent, ils devaient savoir qu'ils allaient lui mettre la main dessus. Il ouvrit précautionneusement la porte du garage puis s'autorisa à relâcher la tension qui lui tétanisait les épaules. Le plus dur était fait ! Maintenant, il suffisait de quitter le garage avant que les autres sorciers ne repèrent l'entourloupe. La liberté était à quelques mètres… quelques secondes…
C'était oublier trop vite que Piers Polkiss, le meilleur ami de Dudley, avait cassé un carreau cette semaine lors de leur partie de football improvisée dans le jardin.
C'était oublier trop vite que Vernon, pourtant si intraitable sur les travaux exécutés par son neveu, ne l'ait pas encore fait changer.
C'était oublier trop vite le courant d'air qui se faufila par le carreau manquant.
La porte du garage qu'il n'avait pas pris la peine de refermer en songeant que moins il bougerait de choses moins il risquait de se faire repérer, claqua avec la force d'un gong qui résonna dans la maison. S'ensuivit une cavalcade effrénée dans les escaliers.
« Oh non, non… ».
Harry se jeta contre la porte coulissante qu'il tira à l'instant même où les autres débarquaient en trombe dans le garage.
« STUPEFIX ! » hurla aussitôt une voix d'homme dans son dos. « Ne bouge pas ! ».
Un flash lumineux lui passa au-dessus de la tête et il se rua dans le jardin, parcourant quelques mètres jusqu'à se jeter dans un buisson bordant l'aile ouest de la maison. Il n'avait pas le temps de s'échapper dans la rue qui était trop à découvert... Dans son dos, la porte du garage explosa en de multiples morceaux de bois.
S'aidant de ses coudes et de ses genoux déjà rendus douloureux par les coups de ceinture, Harry s'attacha à ramper sous les buissons, et il fut rapidement couvert de boue tant les sols s'étaient gorgés des pluies diluviennes de la soirée. Les branchages et les fleurs lui fouettèrent le visage et il manqua perdre ses lunettes plus d'une fois, ce qui aurait sifflé la fin de la course compte tenu de sa vue désastreuse. Il salua, non sans en mesurer l'ironie, la manie de Pétunia à mettre un point d'honneur à être la reine du jardin le mieux tenu et le plus fleuri de tout le quartier - passant sous silence, il allait de soi, l'implication de Harry à ce sujet : au moins le jardin était vaste et lui permettait de se cacher de ses assaillants.
Avec une bonne étoile, il pourrait s'évader en passant par les jardins des voisins.
« Potter ! Sors de ta cachette, gamin ! On te retrouvera tôt ou tard, et mieux vaut tôt plutôt que tard ! ».
Ils le connaissaient, donc. Le contraire l'aurait étonné.
Il tenta un regard, et ce qu'il vit ne fut pas pour le rassurer : trois silhouettes sombres vêtues de robes de sorciers et de capuches fouillaient minutieusement les buissons et parterres de fleurs dans la direction opposée. Ils avaient allumé leurs baguettes et s'il ne se hâtait pas de quitter les lieux, il était inéluctable qu'ils se rencontrent. Le souffle court, il s'extirpa des rosiers non sans se faire méchamment griffer les bras et le visage par les épines, et traversa la pelouse. Comme Dobby deux étés plus tôt, il se faufila dans la haie du fond, celle qui avait besoin d'un sérieux débroussaillage, et s'enfonça entre les branches et les feuilles avec l'intention claire de franchir le mur qui s'y cachait.
A genoux, le cœur tambourinant dans sa poitrine, il s'accorda toutefois quelques secondes le temps d'observer les trois sorciers qui parlaient avec animation, manifestement dépités de la tournure que prenaient les événements et du temps qu'ils perdaient à le chercher. Qui diable étaient ces gens ? Aucun ne paraissait être Pettigrow, en tout cas.
« Magne-toi Potter, je n'ai pas la nuit devant moi ! » aboya l'un des hommes.
La baguette levée contre son torse et les yeux plissés d'anxiété, Harry ne prêta pas attention au bruissement qui s'éleva près de lui dans le feuillage.
Grave erreur.
Une main impérieuse vint soudain le bâillonner par derrière. Dans un éclair de frayeur et d'incompréhension pure, il remua pour se dégager mais le bras qui tenait sa baguette se retrouva immobilisé dans son dos et il comprit que quelqu'un était en train de le maîtriser. Un torrent de panique s'engouffra dans ses veines et il se débattit désespérément, tentant d'échapper à l'étau de fer qui le retenait. Il donna un coup de tête en arrière mais le coude de son agresseur lui enserra le cou pour le bloquer sans l'étrangler.
Il voulut hurler pour, a minima, alerter les sorciers qui vadrouillaient dans le jardin. Mieux valait encore être kidnappé que mort.
« Cessez donc de bouger M. Potter, votre légendaire inconscience va nous trahir » murmura une voix grave dans son oreille, et il arrêta de se débattre.
Snape ! Severus Snape, le Maître des Potions de Poudlard, la Terreur des cachots, l'homme chauve-souris ! Que fabriquait Snape, l'homme qu'il détestait et qui le détestait, planqué dans une haie du jardin des Dursley ?
« Calmez-vous M. Potter, je ne vous ferai aucun mal. Si je vous lâche, vous vous taisez, est-ce bien clair ? ».
Harry hocha fébrilement la tête et Snape desserra prudemment sa prise. Luttant contre l'envie de tourner le cou pour s'assurer qu'il ne délirait pas, il demeura bien sage, les questions s'entrechoquant dans sa tête. Pour récupérer son sang-froid évaporé, il se concentra sur ses assaillants dont les faisceaux lumineux des baguettes balayaient l'herbe et les buissons, de plus en plus proches. Lorsqu'ils passèrent devant leur haie, Harry ferma les yeux, retint son souffle et serra les poings sur ses genoux boueux. L'un des hommes laissa libre-court à sa colère :
« Bon Dieu, tu es sûr qu'il est parti par là ?! Je ne vois rien ici ! ».
« Il n'a pas pu s'enfuir par la rue, on l'aurait tout de suite repéré ! Arrête de te plaindre et continue à chercher ».
« On perd beaucoup trop de temps, l'alerte a dû déjà être donnée... ».
« Ferme-là, il n'est pas question de partir sans lui ! ».
Harry ne s'autorisa à respirer de nouveau que lorsqu'il vit les lueurs des baguettes s'éloigner, ce qui ne l'empêcha pas de sursauter de frayeur quand une main se posa sur son épaule.
« Nous allons contourner la maison par l'autre côté » murmura Snape à sa droite. « Ils ont installé un périmètre anti-transplanage autour de la propriété, mais nous pourrons transplaner dans un lieu sûr une fois que nous aurons gagné la rue. Prêt, M. Potter ? ».
« Comment... ? ».
« Taisez-vous et ne faîtes pas de bruit » lui intima l'homme avec agacement. « Êtes-vous prêt, oui ou non ? ».
« Oui » répondit Harry entre ses dents. Qu'il ne lui pose pas de question s'il ne voulait pas l'entendre parler !
Sa baguette levée et prêt à intervenir, Snape quitta prudemment le couvert sécurisant de la haie, et Harry sentit son ventre se nouer en reconnaissant la silhouette haute et vêtue de capes noires de son professeur.
Snape dans son jardin... Le monde devenait de plus en plus fou, songea-t-il en le suivant le long des carrés de plantes.
Passant derrière l'abri de jardin bringuebalant, il se prit bêtement le pied dans une racine et trébucha. Sa chute aurait pu passer inaperçue s'il n'avait pas malheureusement tenté de se rattraper au mur du cabanon : sa main glissa par mégarde sur les outils de jardinage qu'il avait lui-même posés contre l'abri qu'il devait remettre en état, et la pioche et la pelle tombèrent de concert dans un bruyant tintement de ferraille.
Snape fit immédiatement volte-face, et malgré l'obscurité Harry perçut clairement l'incrédulité passer dans son regard. Le Maître des Potions ouvrit la bouche, s'apprêtant à lancer une remarque sans nul doute lapidaire, mais n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot.
« Là-bas ! Ils sont à côté de la cabane ! » cria quelqu'un.
Les faisceaux lumineux s'agitèrent dangereusement. Ils étaient repérés !
« Courez ! » ordonna Snape en lui agrippant le bras.
Sans s'embarrasser de discrétion, ils s'élancèrent sur le côté ouest de la maison pendant que les trois sorciers se répandaient en exclamations surexcitées. Des sortilèges fusèrent de toutes parts, et Snape attrapa Harry par le col de son tee-shirt de pyjama, le jetant derrière le coin du mur. Il riposta en lançant plusieurs informulés coup sur coup, l'un d'eux touchant sa cible à en juger le bruit de chute étouffé qui s'ensuivit.
« Vers la rue, Potter ! » tonna Snape en poussant brutalement le Gryffondor devant lui. « Allez, courez ! ».
Harry serra les dents. Le Professeur n'arrangeait pas ses nombreux hématomes. Il obéit cependant et longea le mur tandis que Snape couvrait ses arrières. Un autre assaillant s'écrasa contre l'une des haies dans un enchevêtrement de branches cassées, et le Serpentard revint près du garçon pour quitter la zone d'anti-transplanage.
C'est à ce moment-là que le troisième larron encore debout surgit de l'autre côté de la maison pour les assommer de sorts avec une rapidité effarante.
« À plat ventre ! » siffla aussitôt Snape, joignant le geste à la parole.
Il attrapa le tee-shirt terreux du garçon et l'allongea d'autorité sur la pelouse humide, lui faisant mordre l'herbe et lui donnant le sentiment humiliant de n'être rien d'autre qu'une stupide marionnette sans libre-arbitre.
« Rampez vers les voitures et attendez-moi là-bas. Je vous couvre. Protego !».
Un bouclier argenté se déploya autour d'eux, renvoyant de justesse un maléfice à l'adversaire. Un autre assaillant relevé de sa chute vint à son tour prêter main forte à son complice et un combat acharné s'engagea.
Ils attaquaient sans relâche, lançant sort sur sort, décidés à avoir le dessus. Sans se départir de son calme, Snape répliquait avec une rapidité stupéfiante, parant, renvoyant et évitant les sortilèges, dans des gestes fluides et assurés.
Dans son dos, Harry l'observait combattre, à la fois effrayé et admiratif.
Il détestait le Serpentard, mais il fallait admettre que le Professeur était excellent combattant, maîtrisant le duel en s'appuyant apparemment sur une stratégie défensive face aux attaques simultanées. Il reculait cependant, ce qui l'inquiété. Malgré toute l'antipathie que lui inspirait l'homme, il ne pouvait pas le laisser en difficulté sans agir.
Alors il se releva, fit quelques pas et brandit sa baguette, attaquant leurs agresseurs de côté :
« Expelliarmus ! ».
Si le sort de Désarmement ne toucha pas sa cible, il eut le mérite de prendre les sorciers encapuchonnés par surprise. L'un deux se désintéressa de Snape et se tourna vers Harry, qui enchaîna :
« Petrificus totalus ! Expelliarmus ! ».
Les sorciers dévièrent les rayons lumineux dans un rire moqueur. Oh, non...
« Par Merlin, Potter ! » rugit le baryton furieux de Snape.
Un sort puissant envoya voltiger un ennemi qui s'écrasa dans un buisson et Harry plongea dans une roulade pour éviter une pluie de traits rouges. L'assaillant doubla ses insultes d'un « Diffindo ! » qu'il aboya hargneusement.
La seule chose que vit Harry fut un jet de lumière violette arriver droit sur lui et se faire intercepter par un autre rayon venu de sa gauche. Tout explosa en étincelles, la chaleur lui léchant le visage.
Snape venait très visiblement de lui sauver la mise.
L'instant d'après, l'expéditeur du Diffindo s'effondrait dans un cri de douleur, une main sur l'épaule de son bras armé. A la faveur de la lune, Harry vit du sang ruisseler abondamment de sa blessure.
Un autre bouclier doré se matérialisa autour de lui, puis Snape conjura un sort qui fit s'envoler le troisième et dernier sorcier sur le toit de la maison des Dursley dans un fracas de tuiles. Sitôt fait, le Maître des Potions se précipita sur Harry et lui saisit les épaules, une fureur contenue brillant dans les yeux noirs obsidienne.
« Avez-vous déjà expérimenté le transplanage d'escorte ? » demanda-t-il durement, au lieu de l'assassiner en règle comme il s'y était attendu.
« Non, je... ».
« Taisez-vous ». Avait-il conscience d'être contradictoire ? Harry s'abstint de tout commentaire.
L'homme attendit quelques secondes, et une grimace de frustration passa sur son visage anguleux.
« A l'évidence, nous sommes toujours dans le périmètre anti-transplanage. Dépêchez-vous, vous avez déjà assez fait de bêtises ainsi ».
Sans baisser sa garde, Snape traîna Harry avec lui plus loin dans la rue près d'un lampadaire éteint, lui serrant le bras d'une poigne de fer.
« Accrochez-vous, ça va sérieusement tourbillonner. Et ne vous avisez surtout pas de me lâcher, vous n'aimeriez pas que je vous perde en route et je n'ai pas le temps de gérer une désartibulation ! ».
« Une désarti...quoi ? ».
La dernière chose que vit Harry fut le regard méprisant de son Professeur, qui ne daigna même pas s'abaisser à lui répondre.
