Hi girlz !

Comment ça va bien ?

Quoi, deux chapitres en dix jours tout pile d'intervalle ? WOW ! Mais c'est NOEL en plein mois d'août ! J'ai carburé en cette fin de vacances ! (Oui, je reprends jeudi déjà et j'veux pas y retourner mamaaaaaaan ! C'était trop bien, mais vraiment trop court !) En bref, profitez-en car ce ne sera pas comme ça lors des prochains mois !

Sans spoil ni transition, je vous laisse avec les 26000 et quelques mots du jour !

ENJOY !


Bon.

S'il devait se montrer tout à fait honnête, (pour une fois) Haizaki aurait volontiers admis que le fait qu'Asami se révèle être un sale bâtard obsessionnel ne l'étonnait pas plus que cela.

Mais que Kise soit l'étrange objet, le réceptacle de cette affection aussi démesurée que déplacée, et que le chef yakuza ait choisi de s'enticher d'un mannequin écervelé, ça, en revanche, ça le surprenait.

Pour commencer, Haizaki n'aurait jamais cru que le blondin puisse être le type de l'autre brun. Voyons... tout d'abord, Asami ne s'affichait qu'au bras de femmes toutes plus belles les unes que les autres, lors de ses sorties en public ou non. Jamais des hommes. Des étrangères, la plupart du temps. Et oui, le Wakagashira de la « famille » aimait les filles exotiques ! C'était même son péché mignon, à vrai dire. Les demoiselles typées. Qu'elles soient métisses ou blanches de peau. Cheveux d'ébène crépus ou cheveux lisses, couleur brasier sauvage. Il aimait tout ce qui sortait de l'ordinaire. La rareté.

Sûrement son côté conquérant et collectionneur...

Alors certes, Kise n'était pas exactement ce que l'on pourrait qualifier de banal non plus, en particulier pour un type d'ascendance Japonaise, mais...

Et bien tout d'abord premier point de tension, il s'agissait d'un mec. Et les mecs comme lui, Asami avait plutôt tendance à les voir en cachette et non pas à leur sortir le grand jeu, en les invitant à dîner au su et la vue de tous, pour leur faire officiellement la cour ! Alors ouais, indéniablement, il paraissait insolite de l'entendre avouer qu'il était désireux de... conter fleurette à un autre gars ! Parce qu'Haizaki avait compris sans la moindre ambiguïté que le PDG était AFFREUSEMENT sérieux.

Tellement sérieux en fait, que ce dernier avait failli lui broyer la mâchoire en serrant un peu trop fort. Avant que ses mains ne glissent le long de sa nuque pour la serrer à son tour, à tel point que le corniaud arborait à présent de belles marques rougeoyantes de la même forme que les doigts d'Asami... Inutile de préciser qu'Haizaki avait allègrement chié dans la colle en osant tenir des propos avilissants sur le compte de Kise, devant son « boss ». Mais en même temps... Il n'en savait rien et ne se doutait même de rien, à ce moment-là. M'enfin... à supposer l'inverse... pas sûr qu'il aurait tenu sa langue.

Déjà, parce qu'il adorait jouer avec les nerfs d'Asami.

Un jeu dangereux, passe-temps mortifère. Parfait en somme, pour le masochiste qu'il assumait totalement être. Mais surtout parce que baver, cracher sa bile acide sur son ancien camarade de collège restait son activité favorite. C'était sa nature profonde et dernièrement, il fallait bien l'avouer, les occasions de le faire se présentaient de plus en plus sporadiquement. Au compte-goutte. Un comme le dernier train du soir pour se rendre en banlieue de Tokyo, celui qu'il ne valait mieux surtout pas rater, sous peine de rester LONGTEMPS à quai, à devoir attendre le prochain comme un con !

Tout juste Asami avait-il desserré sa prise totalitaire pour le laisser parler, qu'Haizaki sauta donc fort logiquement sur l'opportunité. Il avait bien compris ce que son « patron » attendait de lui, cependant... subsistait tout de même un dernier problème. De taille, celui-ci :

« Quand bien même je voudrai t'arranger un rendez-vous avec lui et tout en admettant qu'il accepte de m'écouter, bien-sûr... ce serait présentement impossible parce qu'il ne se trouve plus au Japon... »

Se doutant que sans avancer la moindre preuve, Asami avait à peu près autant de chance de le croire que lui de se réveiller soudainement éperdument amoureux de son ex-Némésis Kise Ryota, (... lol, si tu savais... t'es vraiment nul en probabilités mon pauvre Zaki, tu devrais vraiment laisser ce domaine à Momoi, à l'image des autres Skittles !) Haizaki exhiba de nouveau son smartphone, qui affichait toujours aussi fièrement la page du compte Instagram de Kise. Et au niveau de sa localisation actuelle, ce dernier avait indiqué avec son exubérance habituelle « L.A., U.S.A. » (ponctué de plein de smiley ridicules et kawaii over the top !)

« Et alors ? En quoi est-ce un problème ? »

... ? Non mais il était débile ou quoi !? Même un enfant de cinq ans intellectuellement limité aurait été capable de COMPRENDRE où se situait la douille !

« Bah c'est un problème dans la mesure où tu désires te le taper, si je comprends bien, mais que lui se trouve physiquement sur un autre continent actuellement, alors ça risque d'être difficile... »

« Je ne veux pas me le « taper » comme tu dis, enfin... pas tout de suite. Je suis un gentleman, d'un naturel patient et par conséquent, je saurai prendre le temps nécessaire pour le courtiser en douceur, à son rythme, et finalement gagner son cœur. »

... Heu ouaiiiiiis... « PRENDRE LE TEMPS NECESSAIRE » dixit le mec qui l'avait forcé à gober sa queue sur un parking, à peine quelques heures après l'avoir rencontré pour la toute première fois ! Enfin, Haizaki ne pouvait sûrement pas prétendre au qualificatif « élu de mon cœur », lui, et tant mieux d'un côté... C'était là que se situait la différence bienvenue entre le brun et son éternel rival, parce qu'Haizaki ne tenait ABSOLUMENT PAS à devenir l'objet de l'affection d'Asami, merci bien, mais non merci !

« D'accord, admettons... Reste toujours que Kise se trouve en Amérique en ce moment, tandis que toi tu te situes au Japon... Et je n'pense pas qu't'ai envie d'lui proposer un dîner en distanciel, même par cams interposées ?! »

Nan et puis, jamais cette diva de Kise n'accepterait un tel manège, fallait pas rêver non plus... (D'ailleurs, savais-tu cher lecteur qu'avant l'invention du téléviseur en couleur, la plupart des gens rêvaient en noir et blanc... ? C'est sans doute de là que vient l'expression « rêver en couleur » d'ailleurs...)

Car attention, Môssieur avait des standards !

Des standards dignes de la p*te de luxe qu'il était !

Du genre à exiger de se sustenter dans un restau quatre étoiles, en mode caviar-homard, mais en laissant son prétendant s'acquitter seul de l'addition salée ! Pour au final ne même pas écarter les cuisses dès le premier soir, en plus ! Ah putain... Haizaki avait horreur de ce genre de pimbêches qui refusaient de payer avec leur corps, quand lui de son côté, payait leurs caprices avec son portefeuille... Or, Kise était de ces michetonneuses-là. Comment le savait-il ? Pffff... parce que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, tiens ! Et oui, le motard était CATEGORIQUE sur la question, quand bien même il n'avait jamais invité le blond à sortir auparavant... Et puis quoi, encore !? Comme si Haizaki avait une quelconque envie de le pécho... Tssss !

...

... Bon, d'accord ! Peut-être un TOUT PETIT PEU quand même ! Juste un chouia !

Mais GRATUITEMENT !

Pas question de faire le kéké/simp et de lui offrir quoi que ce soit dans le but d'obtenir son cul.

Non, si cela devait arriver, ce serait Kise qui le lui servirait sur un plateau d'argent, de son PROPRE et PLEIN gré !

Or, apparemment, il s'agissait aussi de l'objectif que visait également Asami, ainsi que ne tarda pas à l'apprendre Haizaki, bien que le maffieux soit prêt à faire quelques concessions en ce sens pour cela, lui...

« En effet, c'est pourquoi tu vas te rendre aux Etats-Unis et le convaincre de rentrer avec toi, afin de pouvoir m'accorder un rendez-vous galant. »

QUOIIIIII !?

PAAAAAAAAARDON !?

Il avait du mal entendre là...

Est-ce qu'Asami comptait réellement sur lui pour... ?

SE TAPER DES MILLIERS DE KILOMETRES, DES HEURES D'AVION POUR QU'IL PUISSE TREMPER SA BISCOTTE DANS LE POT DE NUTELLA DE KISE ?!

Non mais c'était quoi ce sketch de taré !? Qui faisait ça, à quel moment et dans quel monde !?

« Entends-moi bien. » Reprécisa le chef, devinant son scepticisme. « Qu'il se trouve à l'autre bout de la planète ou dans la même ville que moi actuellement ne change rien au plan initial. Je t'ai demandé de me le ramener et tu vas donc le faire bien gentiment. Même si tu dois traverser la moitié du globe pour cela. »

De la folie, c'était de la PURE folie ! Ce gars était FOU ! Fou de croire qu'Haizaki allait daigner déplacer son cul pour lui rapporter son nouveau jouet sexuel sous forme de colis Amazon ou FedEx ! Et encore plus fou de croire que Kise allait accepter de le suivre sans broncher, lui entre tous, son ennemi juré, son rival, sa Némésis, la personne qu'il détestait le plus au monde, celles pour laquelle il ne ressentait que du mépris !

« Ah ouais ? Et j'fais comment pour le convaincre, moi ? J'y vais et j'lui en colle une pour l'assomer !? Puis, je te le renvoie ligoté et bâillonné (très important le bâillon pour éviter de l'entendre GEINDRE pendant tout le trajet...) dans une caisse, par bateau ? »

« Bien-sûr que non, imbécile ! Il va sans dire que tu as interdiction formelle de lui faire le moindre mal. Ou même de le toucher. Aucune partie de ton corps pouilleux ne doit entrer en contact avec lui, sous peine de le souiller irrémédiablement. » (Ok lol bon bah trop tard pour ça ahaha... petite revanche perso au moins de ce côté-là et puis, on dit que c'est le résultat qui compte, non ? Peu importe la méthode utilisée !)

« Ouais, c'est bien c'qu'il me semblait et c'est bien beau tout ça, mais... je te l'répète : ça n'me dit toujours pas comment j'suis censé m'y prendre au final pour le convaincre ! »

« Ce n'est pas mon problème. Débrouille-toi, tu le connais alors tu trouveras bien quelque chose pour contourner sa méfiance et obtenir son consentement. Du moins, je l'espère sincèrement pour toi... parce que s'il te venait l'idée saugrenue de te représenter devant moi les mains vides... il pourrait t'arriver quelques bricoles... »

Sur ces paroles menaçantes, prononcées sur un ton doucereux afin de les accentuer, Asami caressa la nuque d'Haizaki, sentant chaque muscle se tendre, chaque veine se gainer sous ses doigts puissants. Ah ! Il serait si aisé pour lui de la faire craquer d'un coup sec...

« N'oublie pas à qui tu m'appartiens. Je te possède, je te détiens tout entier dans le creux de ma paume. Ainsi que ta pute de mère et ton bâtard de frère. Qui sait ce qui pourrait advenir d'eux en ton absence, hmmm ? »

Haizaki comprit – si ce n'était pas encore déjà fait à ce stade – qu'il n'avait pas intérêt à refuser et à faire échouer cette mission (quand bien même l'envie était très forte de son côté...), sous peine d'envoyer sa famille apprendre à nager la brasse coulée dans la baie de Tokyo...

Il serra les dents, effrayé et contrarié.

« ... Ça va être compliqué... Comme je te l'ai déjà dit, Ryota ne peux pas m'voir en peinture ! »

Et en parlant de « peinture », c'était assez ironique parce qu'il lui semblait justement que l'arrogant portrait de Kise était en train de se moquer de lui à présent... Se moquer de son impuissance. De sa servilité... Sans compter que toute cette situation ubuesque, ce guêpier, ce traquenard, avait commencé à cause de cette fichue peinture débile ! Pourquoi ne s'était-il pas abstenu de faire un commentaire en la découvrant !?

« J'vois vraiment pas comment j'vais bien pouvoir... le convaincre de me venir avec moi... sans avoir recours à la violence... ou au chantage... »

« Tu trouveras une solution pacifique, j'en suis persuadé. Dans ton intérêt. Après tout, tu es plutôt doué lorsqu'il s'agit de sauver ta peau, c'est une des rares qualités que l'on peut te reconnaître. Tu as un instinct de survie très développé, le plus développé même auquel j'ai pu être confronté dans ma chienne de vie... »

Et c'était BEAUCOUP dire, parce que des malfrats sans foi ni loi, sans honneur, prêts à tout et accrochés à la vie, Asami en côtoyait quotidiennement. Des types du genre à ne rien lâcher si ça pouvait les préserver, qui ne lésinaient pas sur les sacrifices et les compromis pour pouvoir passer ne serait-ce qu'un jour de plus à la surface de la Terre et non... en dessous pour l'éternité... Prêts à vendre père et mère, femmes et enfants, maîtresses et amants pour se sauver eux-mêmes.

« ... »

« Deviens proche de lui, Shogo. Comme un ami. » Il brossa le dos de sa main sur sa joue, d'un geste presque... tendre. Geste qui fit trembler Haizaki. D'une peur authentique cette fois, pas d'excitation. « Gagne sa confiance, même si pour cela tu dois lui mentir et jouer un rôle. Sois un bon chien envers lui, comme tu l'es pour moi. Sers-le comme tu me sers moi. Obéis à ses moindres désirs, aussi farfelus puissent-ils être. Fais tout ce qu'il te demande, sans broncher. S'il t'ordonne de sauter d'un pont, fais-le à pieds joints et avec le sourire, quelle que soit la hauteur de celui-ci. Même si c'est le vide qui t'attend en bas ou de la lave en fusion. Car dans le cas contraire, je serai obligé de débarquer par le premier avion afin de t'en pousser moi-même... Et tu risques de ne pas aimer que je m'en charge... »

...

Et ça, Haizaki n'y tenait vraiment pas, merci bien !

Ce serait encore moins douloureux de le faire lui-même, parce que se prendre en prime le pied d'Asami au cul... le Chairman serait capable de chausser des crampons d'ESCALADE (mais si, vous savez, les machins munis de PICS pour percer la roche et s'y agripper !) exprès pour l'occasion...

Alors... il ne pouvait faire mieux que se résigner. Oui, il s'agissait indéniablement du meilleur choix...

« La survie du plus fort. La survie du plus adapté. » Tel était le crédo d'Haizaki, après tout selon Wikipedia :p. « L'Homme est un loup pour l'Homme et Asami est un loup pour le loup lui-même. » C'est ce qu'il avait appris à la dure pendant ces quelques cinq années et des poussières passées au contact d'Asami, à fréquenter l'excentrique Wakagashira et le monde du grand banditisme.

Abdiquer.

Se soumettre.

Il n'avait guère d'autre option.

Sa mère et son frère... ils se fichaient bien de lui. Ils l'avaient rejeté de leurs vies... mais cela ne signifiait pas pour autant qu'ils devaient la perdre. Or, si Haizaki ne coopérait pas, ils se trouvaient en première ligne et seraient donc les premiers à payer les caprices d'Asami.

Et les siens...

Il ne pouvait donc pas faillir.

Il n'en avait pas le droit.

« Ok... J'imagine que... je n'ai pas le choix de toute façon. »

C'était presque... une question. Histoire de s'assurer qu'il n'avait pas compris de travers. Comme pour vérifier qu'il ne subsistait pas une toute petite chance, aussi infime soit-elle, d'échapper à cette tâche ingrate. Parce que mine de rien, Haizaki n'avait pas la moindre envie de faire le voyager aller-retour dans le but de (faire semblant de) se rabibocher avec Kise. Non merci. Il y avait d'autres façons de se donner la mort beaucoup moins douloureuses et lentes, que d'écouter geindre et brailler une égoïste peste blonde !

« Tu imagines décidément bien. Tu as toujours eu une imagination très fertile, c'est aussi ce que j'aime chez toi. Mais dis-toi que si par malheur je décidais de te tomber dessus, alors rien de ce que tu ne pourrais imaginer ne serait à la hauteur de ce que je te ferai subir... » Ricana Asami, avant de le relâcher et de retourner de s'asseoir pour finir son... Bourbon finalement. Et pas Brandy. « Rassemble les affaires que tu peux, ça ne devrait pas être trop long, puisqu'un sans le sou comme toi vit plus frugalement qu'un moine Shinto. Ne prends que le nécessaire, tu pars demain matin à la première heure. »

« Quoi !? Si vite !? »

« J'ai déjà trop attendu... S'il y a des gens à qui tu souhaites dire aurevoir, tu as le reste de la nuit pour le faire. Aussi, ne saurai-je que trop te conseiller de ne pas perdre de temps, parce que le compteur tourne. »

« Et comment je suis supposé m'y prendre une fois là-bas, pour retrouver ton cher et tendre !? J'sais pas si tu t'rends compte à quel point c'est IMMENSE Los Angeles, putain ! Et j'ai aucune indication précise, ni ne serait-ce que le moindre indice pour savoir où chercher ! Si ça se trouve, il parlait du comté entier de Los Angeles dans son post et non pas seulement de la ville en elle-même ! Or si tel est le cas... autant carrément se mettre à chercher une pucelle de trente ans dans un bordel ! Et un bordel originaire de Sodome et Gomorrhe, hein ! On aura sans doute plus de chance d'en trouver une et ça ira plus vite qu'avec lui ! »

Pourquoi ne pas lui avoir demandé de trouver le secret de l'immortalité ou le Graal, tant qu'à faire !? Non mais réellement, ce type était un MALADE ! Il n'avait aucune notion de ce qu'il demandait à Haizaki. De l'ampleur des recherches. Mais bon. Au moins, il n'avait pas évoqué de deadline, c'était déjà ça de gagné. Même lui devait réaliser que partir de quasiment zéro allait nécessiter du temps... Et puis, même à supposer qu'Haizaki tombe miraculeusement sur sa proie, à la sortie de l'avion... il allait devoir deviser d'une méthode, d'un plan, pour l'approcher en toute sécurité sans que la grande gigue dorée ne se méfie, sa braque et finisse par lui filer entre les doigts.

Parce que c'était bel et bien CA qui lui pendait au nez ! En le voyant débarquer avec ses gros sabots, sa cible risquait de se carapater sans attendre! Oh que oui, même le brun n'était pas assez con pour croire que Kise l'accueillerait à bras ouverts pour faire la paix ! Sauf qu'au moindre faux pas, ç'en serait fini de la famille Haizaki... alors Shogo n'avait pas intérêt à se louper et il le savait mieux que quiconque. Il avait déjà vu de quoi était capable Asami. Il ne s'agissait pas de paroles en l'air...

« Pour la énième fois, cela m'est égal. Use de tous les stratagèmes qui te sembleront appropriés, même les plus vils. Surtout les plus vils... Mais rappelle-toi : interdiction d'abîmer ou de toucher à la marchandise. Et elle doit te suivre de manière libre et consentie, sinon elle pourrait se braquer contre moi ensuite. »

« Mais... ! »

« Pas de mais. Je sais ce que tu vas dire. Sauf que si je voulais le faire venir à moi de force, je le ferai enlever par l'un de mes hommes, tout simplement. Je n'aurai alors pas besoin de toi. N'importe qui d'autre serait plus compétent qu'un imbécile de ton espèce et crois-moi, cela me coûte affreusement de devoir me reposer sur toi pour mener à bien cette mission. Mais si j'agissais ainsi, ce serait contreproductif... Jamais un être aussi exceptionnel que Kise Ryota ne tomberait amoureux de son bourreau. »

« Pas sûr. Tu connais le syndrome de Stockholm ? »

Kise était moitié Suédois par sa mère, après tout...

« Non parce que j'ai l'impression d'en avoir développé un avec toi. Enfin, partiellement du moins... » Se retint d'ajouter Haizaki.

Peut-être même que c'était le but recherché par Asami depuis le début... Ce ne serait pas étonnant venant d'un tordu tel que lui...

« Si c'est là ta meilleure suggestion, je te suggère à mon tour de la retirer avant que je ne décide de t'expédier aux U.S.A. avec un second doigt en moins... »

La prothèse d'Haizaki le démangea et il fronça des sourcils. Il avait déjà perdu une phalange par la faute de ce taré, pas la peine d'augmenter encore l'addition.

« Remarque, cela ferait un cadeau de fiançailles très original... Et si Kise Ryota te déteste autant que tu le clames, je suis sûr qu'il serait ravi de le recevoir dans un écrin de velours... pourquoi pas ton annulaire serti d'une bague de demande... ? »

...

Ce type était vraiment un psychopathe de la pire espèce ! (Mais un cadeau aussi sordide serait bien capable de plaire au top model...) Il envisageait déjà sérieusement un mariage avec Kise !? Sans même le connaître réellement ? Erk... remarque, s'il tenait à se retrouver coincé avec l'asperge (pas du tout sexy... ou si peu...) aux cheveux d'or pour le restant de ses jours... grand bien lui en fasse !

Deux fous narcissiques ensemble, parfait, couple du siècle !

« ... J'ai compris... Je vais me démerder... je te tiens au courant... »

Après tout... ils avaient bien quelques « contacts » aux Etats-Unis... il pourrait sûrement compter sur leur aide pour localiser Kise. Hmm... Bonnie par exemple, il avait pensé à elle en premier, instinctivement... Même si elle se vivait à Vegas. Mais bon, ce n'était pas siii loin de son lieu de chute... A peine quatre heures de route, ce qui, à l'échelle des States, ne représentait vraiment pas grand chose. Sans parler qu'il y avait également une personne qu'Haizaki souhaitait revoir plus que tout, et qui elle, se trouvait vraisemblablement du côté de la Cité des Anges aussi, le destin faisant bien les choses...

« De façon régulière. J'exige au moins un rapport par semaine. N'oublie pas ou je serai alors contraint de dépêcher quelqu'un sur place pour te surveiller. Et à ta place, j'éviterai. Une tierce présence risquerait d'effrayer mon cher Ryota et s'il venait à se montrer suspicieux, ce serait comme de signer ton arrêt de mort... »

« Ok, ok ! Pas la peine de m'faire la bad ending, j'ai compris j't'ai dit ! »

« Bien. Si tu remplis ta part du marché... et que tu me le ramènes sans heurt... » ... Puisque de toute évidence, il semblait INCONCEVABLE pour Asami qu'une fois le poisson ferré, celui-ci puisse ne pas instantanément tomber amoureux de sa personne et inversement... « ... Tu seras amplement récompensé. »

« Comment ça ? »

« Ta liberté totale. Tu pourrais envisager de la récupérer. Avec une généreuse compensation à la clé en prime, pour bons et loyaux services. »

!

Alors ça... il ne l'avait pas vu venir !

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise...

Puis, son regard s'illumina.

C'était l'occasion parfaite, celle qu'il attendait depuis si longtemps ! Enfin, la roue allait pouvoir tourner en sa faveur ! Du moins, il semblerait. Et si en plus, Haizaki parvenait à reconquérir la personne qui l'attendait à Los Angeles, il ferait alors d'une pierre deux coups ! Ouais, finalement ça valait la peine de tenter... Avec un soupçon de chance, ce qu'il voyait jusqu'ici comme une « corvée » allait peut-être lui apporter du bon. Pour une fois que Kise Ryota ne serait pas synonyme d'ennuis et de déception...

Ohhh Haizaki allait le traiter EXTRA bien dès qu'il serait parvenu à reprendre contact avec lui !

Comme une PRINCESSE !

Le chouchouter, le cajoler, faire ses quatre volontés pour mieux l'amadouer et PAF au moment où il s'y attendrait le moins, le brun enverrait Kise au casse-pipe !

Parfait ! Ce serait également l'occasion pour lui de se venger personnellement de tout ce que le blond lui avait pris et qui lui revenait de droit ! De régler leurs comptes après toutes ces années ! Ahahah... cet abruti de Golden Retriever n'allait rien voir venir ! Il ne comprendrait même pas le torrent de merde qui allait s'abattre, non, déferler sur lui, avec une violence incommensurable car trop longtemps contenue !

Ah ça, il ferait moins le malin lorsqu'il serait devenu la catin d'Asami !

Tant mieux, ça lui ferait les pieds à ce sale vantard qui cachait bien son jeu sous ses airs innocents de gendre idéal...

Gonflé à bloc, Haizaki quitta donc la résidence, le « manoir » du boss.

Et peu importe s'il baragouinait tout juste quelques mots d'anglais et s'il n'avait pas un kopeck sur son compte en banque. Tout ça, ce n'était que des détails qu'il gérerait les uns après les autres, en temps voulu une fois sur place.

Qui aurait cru qu'un jour son détesté rival se muerait en porte de sortie... ? En sauveur providentiel ?

Certainement pas lui en tout cas !

Asami de son côté, resta en arrière pour continuer à siroter sa boisson alcoolisée. Il jeta un coup d'œil au magnifique tableau qui trônait avec une si fière allure au-dessus de sa cheminée. Bientôt, très bientôt, ils seraient enfin réunis. Ce ne serait plus juste une image. Il pourrait serrer Kise dans ses bras, en chair et en os. Lui faire l'amour... Le traiter comme sa reine et satisfaire tous ses désirs, même les plus fous et illégaux.

« Boss... » Souffla tout à coup une voix caverneuse, pour se signaler au propriétaire des lieux.

La silhouette à laquelle elle appartenait, semblait avoir observé en silence et tapis dans l'ombre, la scène depuis le début sans se faire remarquer par aucun des deux interlocuteurs.

« Pensez-vous réellement qu'Haizaki soit digne de confiance ? Ce n'est qu'un sale bâtard des rues, indiscipliné et capable d'oser mordre la main qui le nourrit. Ne souhaitez-vous pas que je me charge à sa place de cette mission ? Je pourrai la mener à bien avec les informations obtenues, si je m'emparais de son identité... »

« Kira. » Fit calmement Asami.

« Kira », soit le diminutif d'« Akira ». Mais « Kira » pouvait également correspondre à la prononciation japonaise du mot anglais « Killer », comme « assassin », ce qu'était effectivement le bien nommé Kira pour leur clan.

« Ce ne sera pas nécessaire. Car même si tu arborais le visage d'Haizaki, tu l'as entendu toi-même... » Poursuivit le sémillant PDG, peu surpris d'apprendre que sa conversation avec l'autre brun avait été épiée. « ... lui et mon adorable Ryota se détestent cordialement. Et puis, il risquerait de découvrir la vérité ou de se douter de quelque chose en réalisant vous ne partagez aucun souvenir en commun. L'issue en serait alors tragique. Mon ange se sentirait piégé et il m'échapperait à tout jamais, si près du but ultime de mon existence... Or, je ne puis le permettre. »

Asami se resservit un verre de Scotch cette fois.

Histoire de varier les plaisirs.

« Ton talent à copier le physique d'autrui n'est utile que si tu n'es pas amené à échanger avec ta cible directement ou de manière approfondie. Et ici... ce ne sera pas possible hélas... En revanche, si Haizaki venait à échouer... je te laisserai tenter ta chance, après t'être débarrassé de lui. Il ne m'a en effet pas échappé que tu en mourrais d'envie depuis longtemps. »

« Je ne vous le fais pas dire, Boss. J'ai toujours adoré mater les corniauds irrespectueux... et je me ferai un plaisir d'inculper à celui-ci la bienséance. »

En vérité, depuis son intégration officieuse au sein du clan, le dénommé Kira ne pouvait tout simplement pas sentir Haizaki. Ce vaurien attirait beaucoup trop l'attentionné sur lui et monopolisait celle du maître, ainsi que d'autres membres importants et plus âgés de la meute, comme Youngsan. L'attachement de ce dernier envers l'instable jeune homme avait d'ailleurs coûté la vie... Kira n'avait donc pas vu d'un très bon œil l'arrivée de ce jeune chien fou dans leurs rangs...

« Mais je n'en doute pas. Cependant, laissons-lui le bénéfice du doute, même si ses chances de réussite sont quasi nulles. » Il secoua doucement son verre, le liquide ambré tourbillonnant dans le fond de celui-ci. « J'aimerai autant que faire se peut éviter de m'en séparer trop vite. Il est... divertissant. Et puis, je compte l'offrir à mon ange de pureté en guise de cadeau de mariage. Il fera un esclave très capable, j'en suis certain. Un gentil toutou bien docile que Ryota prendra sans nul doute plaisir à dresser lui-même selon ses propres goûts et penchants. »

Asami se pencha alors pour sortir un cigare de sa boite et il l'alluma pour le fumer lentement. Doucement. Savourer et prendre son temps, tout comme il le ferait avec Kise...

« Kira, connais-tu le mythe de Pygmalion ? »

Surprise par la question, l'ombre cligna des yeux. (Kuroko n'avait qu'à bien se tenir... ou tenter de faire carrière auprès d'Asami, pourquoi pas ?)

« Heu non Asami-sama, je... »

Pour quelle obscure raison lui parlait-il de cela, maintenant ?

« Pygmalion était un sculpteur de Chypre. Révolté contre le mariage à cause de la conduite répréhensible des femmes de son île, les Propétides. Les légendes les présentent souvent comme des prostituées ou des sorcières, voire les deux, qui se livrent à des sacrifices humains en dévorant leurs hôtes. La déesse Aphrodite décide de les punir car elles refusent de célébrer son culte et les métamorphose donc en statues de pierre. Ce mythe, relié à celui de Pygmalion et Galatée, condamne en fait l'indépendance de mœurs des femmes, déjà à l'époque associée à la prostitution ou la sorcellerie. »

« Je ne suis pas sûr de comprendre... » Avoua son interlocuteur, confus.

« C'est parce que je n'ai pas encore abordé le cœur du mythe, mais j'y viens justement maintenant que je t'ai un peu posé le contexte. Notre brave Pygmalion donc, décide de façonner de ses propres mains la femme idéale à ses yeux. Il la modélise, la créée, lui donne vie, en quelque sorte. Elle est tellement parfaite qu'il tombe irrémédiablement amoureux de son oeuvre et décide même de lui attribuer un prénom, comme s'il s'agissait d'une véritable personne humaine : Galatée. Mais ce n'est qu'une statue inerte, figée et sans âme et les femmes de Chypre le tournent en ridicule, se moquant de son fantasme. De son labeur. De sa fascination. »

Il cessa de faire tourner le liquide dans son verre et en but une gorgée avant de reprendre.

« Un beau jour, désespéré par la solitude et les brimades, il supplie la déesse de l'Amour et de la beauté, Aphrodite, de la rendre vivante. Ce que, prise de pitié, elle finit par lui accorder. Ou alors tout simplement aura-t-elle été touchée par la pureté, la sincérité et la profondeur de son amour, en tant que déesse l'incarnant... ? Ainsi donc, Galatée devient une véritable femme et Pygmalion l'épouse. Elle lui donnera deux enfants, tandis que de leur côté, les viles Propétides sont enfin punies par la déesse Aphrodite, qu'elles refusent toujours obstinément de vénérer et sont changées par elle en statues, inversant de fait leur place avec la précieuse Galatée. »

Après avoir décliné sa tirade à la manière d'un cours magistral, il se tourna vers là où se trouvait Kira. Même si l'assassin était « invisible » pour les autres, Asami n'avait jamais aucun mal à le localiser, lui. C'était même un jeu d'enfant pour le Wakagashira de la famille. Kira n'avait nullement besoin d'ouvrir la bouche pour qu'Asami le repère à l'écoute.

« Alors, à ton avis... Haizaki Shogo endossera t-il le rôle d'Aphrodite ou celui d'une Propétide ? »

« Puisqu'il a commencé par se moquer de ce portrait, votre Galatée en l'occurrence, je dirai que dans cette histoire... il sera sans nul doute une Propétide. » Comprit le tueur à gages.

« Et bien espérons pour lui que tu aies tort. Parce que s'il ne devient pas mon Aphrodite en me ramenant Kise Ryota en chair et os, il connaîtra un sort nettement moins enviable que celui d'avoir l'honneur d'être le chien personnel de mon angelot blond... »

Oui, Kise était la Galatée d'Asami. Perfection incarnée et objet de tous les fantasmes. Par conséquent, cela faisait d'Asami son Pygmalion. Cependant, aujourd'hui, le blond n'existait dans la vie du gangster que sous la forme d'une peinture inanimée. Inachevée, incomplète et presque blasphématoire par la faute de souvenirs flous et imprécis. Elle ne lui faisait vraiment pas honneur. Mais demain, grâce à Haizaki – si le délinquant choisissait de se changer en déesse de l'Amour pour eux – Kise deviendrait réel et non plus une élucubration de sa mémoire défaillante, un fantôme de son passé. Comme Galatée là encore. Il ne s'agirait plus d'une illusion.

Enfin réunis. Le sculpteur et sa création.

Libres de s'aimer et de se chérir.

Jusqu'à la fin des temps.


Encore une fois, le tumultueux ex-délinquant n'était qu'un prix de consolation.

Asami l'avait utilisé, faute de mieux, faute d'avoir Kise. Encore Kise... et à nouveau, il était sur le point de perdre sa place au profit du blond. Comme s'il s'agissait d'une malédiction qui le poursuivait, malédiction dont il ne pouvait se défaire. Toujours Kise. Ce mannequin au rabais qui lui collait à la peau, de bien des façons, semblant le suivre, le poursuivre même.

Mais cette place-ci... il la lui laissait bien volontiers par contre. Il ne se battrait pas pour elle, ni pour un quelconque titre à la con cette fois. Que Kise aille croupir avec Asami et qu'ils lui rendent sa liberté. C'était tout ce qui lui importait à ce stade. Qu'on le laisse enfin tranquille.

Idiot d'Asami...

A aucun moment il ne s'était posé la question de savoir si Kise lui retournerait ses sentiments. Non, pour lui, il paraissait inconcevable qu'il en soit autrement. Dès que le jaune poserait le regard sur lui, il se souviendrait instantanément de leur première rencontre comme par magie et le coup de foudre aurait lieu, en attendant le coup de foutre qui suivrait... Puis, à la manière d'un conte de fée, ils vivraient enfants et feraient beaucoup d'heureux. Ou quelque chose comme ça...

Mais ça, c'était sur le papier.

Le rêve.

Or, Kise avait surtout toutes les chances de s'enfuir en courant dès lors qu'il réaliserait le côté obsessionnel d'Asami... A moins que ce ne soit quand le top model comprendrait que son prince des ténèbres était à la tête d'un syndicat du crime organisé. Asami gérait d'ailleurs plusieurs domaines. Immobilier, casinos, clubs... Drogues, occasionnellement... Mais en particulier, le boss roulait sa... bosse justement, dans l'industrie du divertissement. Ah ça... Ouais, c'était son dada au Asami ! Il semblait même à Haizaki que le requin possédait une agence de « talents » avec de gros guillemets et tout ce que ce terme volontairement... vague... impliquait également. Mannequinat, chanson, acting, danse... ben tiens, il s'agissait de sa société de production qui tournait et montait justement « Danse avec les Stars » au Japon, ainsi que d'autres émissions de ce genre. (... Ce qui rendait l'ironie qu'il n'ait pas su reconnaître Kise encore plus douce et mordante... 3) Le sombre brun avait tissé des liens puissants avec certaines chaînes de télévision, presse ou radio, bien évidemment et bénéficiait donc « d'entrées » privilégiées dans le secteur.

Un sacré gros poisson que n'importe quelle personne normalement constituée rêverait d'attraper dans ses filets.

Beau, riche, intelligent, cultivé, bien éduqué, bon coup, généreux...

Un bachelor des temps modernes.

L'une des plus grosses fortunes du Japon et célibataire parmi les plus en vue du pays.

Et puis à côté de cela... il possédait d'autres business, toujours plus ou moins légaux, dont deux maisons de retraite, (!) une à Yokohama et l'autre à Nagasaki. Ainsi qu'une résidence pour personnes dépendantes, établissement de soin situé à la bordure de Tokyo...

... Où la mère d'Haizaki était retenue en otage, sans le savoir...

Enfin... disons que c'était ainsi que l'ancien argenté voyait les choses. Mais là-bas... même si ça ne lui plaisait pas de l'y laisser parce que non seulement Asami s'en servait allègrement pour maintenir son pouvoir et continuer à le faire chanter, sans compter que l'endroit était prohibitif niveau prix, au moins... Akane était soignée et bien suivie par l'équipe médicale.

Choyée, même. Elle recevait un traitement expérimental pour son Alzheimer précoce et montrait... certains signes... alors peut-être pas de rémission, mais à minima d'amélioration, ce qui lui permettait de mieux vivre au quotidien. Presque normalement. Et c'était tout ce qui importait à Haizaki, dusse t-il faire le tapin pour le chef yakuza, afin de pouvoir étaler les paiements astronomiques inhérents à la santé de sa génitrice...

Alors...

Il n'avait pas le choix.

Pour le moment, il devait simplement serrer les dents et avancer.

Envers et contre tout.

Et tous.

Sans se préoccuper du reste.

« Shogo... ? » L'interpela la voix douce de Kise.

Merde... il avait dû avoir une absence pendant qu'il se remémorait les raisons profondes de sa venue ici. Comme un mantra. Et Kise n'avait pas manqué de le remarquer et de s'en inquiéter.

Haizaki le lâcha ou plutôt, le relâcha, délestant sa prise.

« C'est d'accord. Fais c'que tu veux, j'en n'ai plus rien à foutre de toute façon. » (Mythooooooooo !)

Quoi ? Kise eut un mouvement de recul. Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire... ? (Lui y avait cru autant que le jambon de pays par contre...)

Bien-sûr, à sa décharge, il ignorait tout de ce qui se tramait en coulisses, (et heureusement...) notamment à propos du fait qu'Haizaki n'ait pas d'autre choix que celui d'accepter tous ses caprices. Et il est vrai qu'à de rares exceptions près, le brun s'était montré conciliant à l'extrême avec lui depuis qu'ils s'étaient retrouvés un peu (non, pas du tout en fait...) par HASARD...

Mais là... l'indifférence du brun... ç'en était trop...

Encore un mensonge de plus au compteur d'Haizaki...

« Mais bon sang ! » S'énerva soudainement Kise. « Tu ne comprends pas que je puisse être en colère ? Déçu par ton comportement !? Tu refuses de reconnaître tes torts, tu fais preuve d'une mauvaise foi confondante et d'une hypocrisie à peine croyables pour justifier tes minables choix de vie et le pire, c'est que tu les revendiques... ? Tu en es fier ! » Il se mit alors à parler tout bas, la flamme dans ses yeux s'éteignant quelques instants. « J'en ai assez que tu me mentes, Shogo et que tu cherches à te donner le beau rôle... J-je ne peux juste pas continuer à vivre comme ça... dans un monde où tu n'assumeras jamais... »

« C'est toi qui parles d'assumer ? » Contre-attaqua Haizaki. « Ahaha ne me fais pas rire, Ryota... Si tu assumais ce que tu ressens pour moi depuis longtemps, on n'en serait pas là tous les deux ! »

« Non, c'est justement là que tu te trompes... Ça ne changerait rien en réalité. Encore une fois, tu te caches derrière des excuses bidons, tout en essayant de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre que ta petite personne... Je suis fatigué par ta lâcheté Shogo... Parce que même à supposer que j'assumerai, même si nous étions ensemble toi et moi, tu continuerais à mener ce genre de vie décousue et pire encore, à me mentir je le sais... Mais tant que ce sera le cas... je ne pourrai jamais rien assumer te concernant. C'est un cercle vicieux... Un cercle sans fin dont il faut que je me sorte et que je brise pour y mettre un terme définitif, une bonne fois pour toutes... »

Exactement comme il l'avait déjà fait au sujet de sa relation avec Aomine, soit dit en passant. Bon d'accord... il avait reçu un peu d'aide extérieure à ce sujet... celle d'un certain ex-bagarreur brun, pour ne pas le citer... Mais tant qu'Haizaki resterait un gigolo, peu importe que ce soit de luxe ou de bas étages, Kise ne pourrait pas pleinement être avec lui. Se donner, sans concession et sans réticence. Et inversement, tant que Kise refuserait de devenir officiellement son petit-ami/amoureux/amant, Haizaki n'avait aucune véritable raison de mettre un terme à cette activité.

Soudain, le téléphone de Kise vibra dans sa poche et il le dégaina pour regarder de quoi il s'agissait.

« C'est mon Uber, il vient d'arriver... Désolé, mais cette fois j'ai vraiment plus l'temps de bavasser avec toi, faut que j'y aille... »

Ça l'arrangeait à vrai dire, car il n'avait plus aucune envie de poursuivre cette conversation stérile, qui tournait en rond sans mener nulle part et qui avait déjà bien trop duré.

« Non, t'es pas obligé... R-reste avec moi... J'te promets que j'trouverai une solution qui nous conviendra à tous les deux ! » Promit le loup, main sur le cœur pour se donner plus de poids.

Tiens, tiens... changement de stratégie...

Mais pas question pour le renard de céder sans aucune garantie.

Il l'avait déjà trop fait et à chaque fois, il s'en était mordu les Fingers...

« Oui, tu vas la trouver. Je le sais. Pendant que je serai aux Maldives. Comme je te l'ai déjà demandé, commence par trouver un nouvel appart' et un boulot honnête... A compter de ce soir, il te restera cinq jours pour agir. Utilise-les à bon escient, car à mon retour on s'expliquera et je pourrai voir si et comment ta situation a évolué... De là, j'aviserai nous concernant. »

Mais un simple effort de la part d'Haizaki risquait de ne pas suffire, il allait falloir tout donner et s'y mettre à fond s'il souhaitait « reconquérir » le Kitsune ! Mouiller le maillot, en quelque sorte. Or, cinq jours pour tout changer, c'était extrêmement court ! Même dans les émissions de téléréalité à la con, les participants qui repartaient de zéro disposaient de plus de temps !

« Ryota... t'es en train de commettre une grave erreur là... Si tu m'laisses en plan comme ça, si tu t'en vas... C'est la débandade assurée ! Plus aucun garde-fou ! Plus de limite ! Et je n'aurai alors plus la force d'avancer, ni d'essayer de faire bouger les choses... Tu comprends pas qu'c'est toi qui me donnes ce courage, putain ! » Prévint-il.

... Dixit celui qui affirmait n'en avoir « rien à foutre » i peine deux minutes... ET MON CUL SUR LA COMMODE, OUI !

Hélas, Kise n'y vit qu'une tentative de chantage supplémentaire...

Tout dans son discours... sa posture... son ton... ses suppliques, presque... absolument tout sonnait FAUX. Le Miracle n'était pas dupe. On aurait presque dit... qu'Haizaki avait peur... ? Peur de quelque chose ou... de quelqu'un...

Et si... ?

Bien-sûr, Kise se doutait bien que Miss R. possédait un ascendant un peu trop fort sur Haizaki pour n'être lié qu'au sexe et à l'argent d'une potentielle rémunération. Et si c'était plus grave que ça en fin de compte ? Et si la raison de leur partenariat insolite était d'un tout autre ordre... ? Parce qu'en toute sincérité, l'ancien natté paraissait si effrayé et pourtant, on parlait d'Haizaki Shogo, les copaiiings ! Aka Monsieur le fouteur de merde, Monsieur j'ai une grande gueule, mais je laisse d'abord parler mes poings et seulement ensuite je discute avec ma bouche, si je veux ! Alors peut-être... que Miss R. était au courant d'un SECRET tellement terrible le concernant et qu'elle le tenait à sa merci comme ça... en menaçant de tout révéler s'il ne lui obéissait pas au doigt à l'œil...

OMG ! Mais de quoi pouvait-il bien s'agir ? Une sombre histoire de frère jumeau maléfique abandonné à la naissance ou élevé en cachette dans une cave ? Dans un grenier, peut-être ? A moins que ce ne soit lié à une affaire d'espionnage gouvernemental ou industriel pour le compte d'une nation ennemie ? (Préférablement communiste...) D'une fiancée lâchement abandonnée devant l'hôtel/l'autel ? (... Tu regardes vraiment trop de télénovelas Mexicaines sur ton temps libre Kise...) Mais quoi que cela puisse être... ça devait être une casserole sacrément grave que se traînait Zaki !

« Sans toi... j'y arriverai jamais... Reste, je t'en prie... » Tenta t-il de l'amadouer à nouveau.

Avec le regard humide et les trémolos dans la voix qui vont bien pour se donner plus de crédibilité.

Mais c'est qu'il avait l'air PREEEEEEESQUE sincère, cet incorrigible faux-cul !

MOUAIS.

BEAUCOUP TROP GENTIL ET CONCILIANT POUR ETRE CREDIBLE LA !

Pas naturel du tout ! Et pourtant, le brun était un excellent MENTEUR, chez lui, c'était inné même alors imaginez l'ampleur du désastre. Ce qui incitait donc encore plus Kise à la méfiance.

Le jeune homme plissa les yeux, suspicieux.

« Gneugneu Ryota, sans toi je ne suis rien, je ne peux rien faire tout seul, jamais je n'aurai le courage de me sortir les doigts, ni de me prendre en main comme un grand garçon ! (sauf pour me masturber frénétiquement en pensant à toi et encore, même ça je préférerai que ce soit toi qui le fasses !) Et puis les autres enfants, ils font rien qu'à m'embêter et être méchants avec moi ! Oh mon héros, mon preux chevalier, aide-moi, je t'en supplie ! Viens me délivrer de ma tour d'ivoire et terrasse le vilain dragon femelle qui la garde à ma place ! Tssss... et puis quoi encore !? Il ne veut pas que je me décarcasse les miches pour lui dégoter un taf et un toit, ou tiens, mieux encore : que je « rompe » avec SA cougar à SA place, tant qu'il y est !? »

!

Ohhhh... Mais attends... ! Quoi que... ce dernier point lui plaisait bien, tout compte fait ! Ce n'était pas une si mauvaise idée après tout... Kise pourrait très bien s'en charger lui-même ! En effet, lui n'avait aucune attache particulière envers Miss Robinson... il n'aurait donc aucun scrupule à l'envoyer bouler Mémé ! Ça lui ferait même le plus grand bien, à n'en point douter, conférant un petit côté très cathartique à toute cette sordide affaire... Lui qui avait tellement besoin de se DEFOULER en ce moment justement, à cause de cette FOUTUE frustration sexuelle qui devenait ingérable !

« Alors comme çaaaa, tu veux que je m'en occupe Shogocchi ? T'es vraiment sûr de toi ? Et bah j'vais m'en occuper alors et à ma manière, tu vas voir ! Ça n'va pas être triste, mais faudra pas t'plaindre après ! »

Heuuuu nooon Kise, Haizaki n'avait jamais clamé ni même ne serait-ce qu'insinué ou pensé cela, m'enfin... XD Comme dirait l'autre : « Je suis responsable de ce que je dis, pas de comment les autres l'interprètent ! » (Je vous invite fortement à adopter dorénavant cette excuse pour vos prochaines disputes !) Et ce léger malentendu était l'exemple PARFAIT !

Rowi, ça allait lui faire tout drôle à la m(a)omie qu'il s'occupe de son cas !

Bwahaha !

L'ex lycéen de Kaijo avait hâte !

...

... Mais ça attendrait son retour, non mais !

Histoire que Shogo, tel un chiot têtu encore en plein apprentissage de la propreté et pris en flagrant délit de « pipi dans les chaussures en cuir neuves de son maître », réfléchisse aux conséquences de ses actions ! Et puis, sait-on jamais, peut-être la racaille serait-elle soudainement PRISE de remords et prendrait le taureau par les cornes seul, sans l'intervention de Kise, pendant son absence. Bah quoi, on pouvait bien espérer ! Les Miracles, ça existe et puis Haizaki ne voulait-il pas en être un à une certaine époque... ? (Heu... pas ce genre là Kise...) Bah voilà ! L'occasion était parfaite ! Laissons-lui donc au moins le bénéfice du doute à ce sale petit corniaud mal éduqué...

De toute façon la question ne se posait même pas, Kise n'ayant plus le temps de mettre un terme à cette relation quasi-incestueuse et contre-nature, avec l'art et la manière. Il lui restait en effet un peu moins de trente-six heures avant le grand départ. Le règlement de compte attendrait donc son retour et si Haizaki ne s'était pas bougé les fesses d'ici là, alors, il assurerait la besogne. Avec un entrain non dissimulé, certes mais on n'est jamais mieux servi que par soi-même, paraît-il !

Cependant, Kise n'agirait pas tant pour récupérer le brun ou dans l'intérêt de ce dernier, mais plutôt parce que notre mannequin international avait TRES envie d'en découdre avec Mémé Perverse ! Hmm... peut-être même que si d'aventure à la fin de son séjour Haizaki s'était déjà acquitté de cette tâche ingrate, Kise en repasserait tout de même une couche, juste pour être sûr qu'elle ne reviendrait pas les importuner hein et aussi un peu (seulement) par plaisir !

« Pas maintenant. Réfléchis plutôt à ce que je t'ai dit et mets à profit notre semaine de séparation pour faire bouger les lignes. Allez, j'me sauve. »

Il se pencha vers lui plus pour la forme qu'autre chose. Peut-être par pure provocation, il fallait bien l'avouer et pour bien lui montrer ce qu'il « perdait », il déposa un rapide et bref baiser sur la tempe de son ex-rival. Ben quoi ? Kise avait appris très tôt à « encourager » ses fans ! La plupart des gens ne fonctionnent pas au bâton, aux menaces, mais bel et bien à la carotte. Hors, il voulait s'assurer qu'Haizaki avait conscience de celle, merveilleuse, sans commune mesure (que de superlatifs encore bien trop modestes...) avec toutes celles qui avait pu connaître jusqu'ici et qui l'attendait au bout du chemin, s'il choisissait de coopérer : LUI ! (Insérez fond étoilé et cœurs roses qui flottent dans les airs façon shojo manga.)

Allez, comme disaient les jeunes : à plus dans l'bus !

Et comme leurs répondaient ensuite les plus anciens : à plus tard dans l'square. (Pas « Enix » par contre, merci bien !)

Kise fila donc, telle Cendrillon qui risque de se gauler après avoir trop dansé au bal, si elle ne rentre pas avant le couvre-feu. A deux détails près tout de même : pour commencer, il était déjà presque deux heures du matin - mauvais calcul, on avait très largement dépassé la permission de minuit donc – ah et aussi, Shogo n'avait RIEN du prince charmant !

Laissant son cavalier planté là, Kise se dépêcha d'aller trouver refuge dans le carrosse son chauffeur. Celui-là ne risquait pas de se retransformer en citrouille, au moins ! N'empêche, heureusement que Kise n'avait pas opté pour des pantoufles de vair... J'te raconte pas l'mal de pieds, sinon ! Et le doré était TRES fier de ses PETITS petons sensibles (... pointure quarante-six tout de même, je n'appelle pas vraiment ça « petit » moi...), si fins et adorables. D'ailleurs, aussitôt se fut-il éloigné de Shogo, que l'un d'eux se mit justement à le lancer... hmm... toujours le même, le rebelle, celui que le tatoué sans doute confondu avec un cafard, pour l'avoir écrabouillé aussi fort sur le terrain au lycée... Non, un ver de terre plutôt ! Brruuh Kise les détestait par-dessus tout ceux-là ! Bon, les cafards aussi hein, pas de discrimination mais... il y avait un classement, un ordre de grandeur tout de même ! Enfin, ce n'était pas bien difficile, Kise avait une sainte horreur de TOUS les insectes, sans exception... à paaaart les papillons et les coccinelles. Ceux-là encore, il pouvait les tolérer ! Les mignonnes petites abeilles aussi ne le dérangeaient pas, tant qu'elles volaient en solo... (et loin de lui et de son assiette...) Mais pour le reste de cette faune dégoûtante, sa phobie irrationnelle se trouvait à un point tel que quand il était enfant, il demandait toujours à Irumi de passer l'Arène de type « Insecte » dans les jeux Pokémon à sa place.

...

Oui, on en était là.

Quel courage ! Même face à des insectes seulement virtuels...

Mais la palme de ceux qu'il exécrait le plus revenait sans effort aux vers et autres machins qui se tortillent sur le sol pour avancer, type chenilles et asticots ! D'ailleurs, fun fact mais maintenant qu'il y repensait... les immondes cornrows (et ouiiii « rangées de maïs », c'est bien le nom scientifique de ce type particulier de tresses, avouez que vous l'ignoriez !) qu'Haizaki arborait à Fukuda ressemblaient à de gros vers grouillants ! Le retour de Méduse la Gorgone ! (Non, c'étaient des serpents qu'elle avait à la place des cheveux, elle... M'enfin, ça rampe aussi...) Pouah ! Kise était à présent persuadé que l'instable capillaire de service avait fait EXPRES de se coiffer aussi affreusement pour l'emmerder, lui, spécifiquement, tiens ! Insultant par la même occasion son sens de la mode ET sa peur panique des insectes ! (Mais oui, Kise, mais oui. Tout tourne autour de toi, c'est vrai... et on a tendance à l'oublier, alors merci pour ce rappel.)

Non mais je vous assure ! C'était un coup à se retrouver CHAUVE avant ses trente ans, de porter des trucs pareils en guise de tifs ! Heureusement qu'Haizaki avait renoncé à cette partie de sa panoplie de bad boy, c'est moi qui vous l'dis, parce que les cheveux ne devaient plus pouvoir respirer en rangées de nattes aussi serrées ! Et puis, ça devait faire mal au cuir chevelu et tirer la peau du crâne par-dessus l'marché, j'te raconte pas les migraines de la morkitu qu'il devait se payer au lycée, le délinquant ! Ah ben tu m'étonnes qu'il était tout l'temps de mauvaise humeur et énervé celui-là aussi ! (Ben quoi, Kise était également un psychologue de renommée à ses heures perdues, vous l'ignoriez... ?) Qui ne l'aurait pas été pas à sa place, en ayant le sentiment de se faire scalper par ses propres tifs !?

Enfin bref...

Une fois installé sur la banquette arrière, il se massa la cheville en geignant, dans l'espoir de rapidement chasser la douleur.

Maudit Haizaki !

(Tiens, un jour, il faudra que je compte pour m'amuser combien de fois Kise l'a dit, ça : « Maudit Haizaki »... Oui, j'ai une vie très chiante, pourquoi... ?)

Sauf que pour le moment, il y avait plus urgent car il était déjà super tard, alors il s'en voulait de faire cela mais... Avec un peu de chance... le week-end arrivant... Hmm... ça valait le coup de tenter, même si honnêtement, ça le faisait suer de devoir formuler une telle requête... Mais... plus encore, il n'avait surtout pas envie de passer la nuit seul. Et où, en plus ? Dans un hôtel de passe bruyant et inconfortable ? Sûrement pas !

Alors...

Il décida de tenter sa chance...

Erf... pourvu qu'il ne la réveille pas... Il allait s'en vouloir sinon...

Or, maintenant que la pression retombait, il réalisait la portée de ce qui s'était passé ce soir... et les conséquences que cela impliquait. Les événements se bousculaient dans sa tête, le percutant de plein fouet... L'alcool (triste...) aidant, il sentait les larmes monter irrémédiablement au fil de la pellicule qui repassait dans sa tête...

« Je t'en prie, décroche... » Murmura t-il en se mordant l'ongle du pouce nerveusement. « S'il te plaît... Je n'ai vraiment pas envie... de demander cette faveur à Daikicchi ou à Kagamicchi... »

Oh, ils étaient adorablement serviables les deux fauves (l'un plus que l'autre quand même, devinez lequel ahaha...), là n'était pas la question, mais... connaissant Aomine, il allait sauter sur l'occasion pour lui faire la morale. Kise pouvait déjà presque l'entendre d'ici : « Gnagnagna je te l'avais bien dit ! J'ai essayé de te prévenir, mais tu ne m'as pas écouté ! Haizaki est un irrécupérable enfoiré ! Bien-sûr que c'était un gigolo depuis l'début, ça ne t'a pas semblé louche qu'il puisse mener un tel train de vie ? Tu croyais vraiment que c'était JUSTE parce qu'il avait fait ami-ami avec sa patronne ? »

Mouaiiiiis non merci, très peu pour le blond ! Quant à Kagami... Même si le tigre savait se montrer plus conciliant, Kise l'avait déjà bien assez sollicité dernièrement. Et puis, même si le rouge s'abstiendrait probablement de formuler tout jugement à l'emporte-pièce contrairement à sa moitié, il subsistait tout de même une infime chance pour que cela arrive... Alors Kise ne voulait pas prendre de risque. D'autant que s'il entendait Aomine blâmer aussi ouvertement Kise, il se rangerait sans doute à l'avis de la panthère...

Heureusement, le miracle eut lieu et la personne mystère décrocha finalement.

« Allô ? » Fit la voix à moitié endormie.

Ah...

Une voix d'homme, basse. Pas celle, féminine, que Kise attendait...

« A-allô, Himurocchi ? Je... je suis désolé de te déranger... S-Satcchi doit déjà être en train de dormir j'imagine ? »

« En effet, je te confirme qu'elle vient tout juste de s'endormir contre mon épaule là. On se regardait des vieux films en noir et blanc sur le canapé du salon. »

« Oh... » Légère déception dans la voix, avant de se ressaisir. « Je suis désolé... j-je ne voulais pas vous déranger tous les deux ! J'vais raccrocher ! »

« Mais non, allons, quelle idée ? Tu ne nous déranges pas du tout ! Satchan a du mal à dormir dernièrement le soir, avec l'accouchement qui se profile... Il semblerait que notre bébé soit un futur teufeur ! Un vrai noctambule ! Je t'assure, il n'arrête de pas de bouger, de donner des coups de pieds et de se retourner dans son ventre toute la nuit haha ! Résultat, ça la réveille sans arrêt et comme elle a le sommeil très, très léger... Le seul truc qu'on a trouvé pour les rendormir elle et le bébé à tous les coups, ce sont les vieux films muets... va savoir pourquoi, mais ça marche du feu de Dieu ! Je crois que même le petit arrive à se rendre compte jusque dans le ventre de sa mère d'à quel point c'est ennuyeux ! »

Himuro avait un sourire chaleureux dans la voix. On sentait toute la tendresse qu'il éprouvait à l'égard de sa petite famille sur le point de s'agrandir prochainement. Pas de doute, Momoi avait de la chance d'avoir un mari si attentionné rien que pour elle. Pourtant, au lycée, elle ne le calculait pas du tout et réciproquement. Marrant de voir qu'en à peine une année seulement, passée ensemble à l'UCLA (l'université de Los Angeles quoi), la nature profonde de leur relation avait radicalement changé et évolué. Même encore aujourd'hui, leur coup de foudre mutuel et inattendu restait un inexplicable mystère pour tout le monde, y compris peut-être même pour les principaux intéressés également...

« Oh un futur cinéphile alors également ! » Sourit à son tour Kise.

« En tout cas, ne t'inquiète pas, sache que tu ne nous déranges jamais Ryota. Tu es un vieil ami de la famille, après tout ! Enfin... « vieil », dans le sens « ancien »... pas « vieux » hein ! » Rectifia le brun, sachant Kise pointilleux sur son âge, mannequin oblige. « Et puis, je me doute bien que si tu téléphones au beau milieu de la nuit, ce n'est pas juste pour prendre des nouvelles ou par gaieté de cœur. Il doit se passer quelque chose de grave, je me trompe... ? »

« Grave... peut-être pas, mais... » Il se mordit la lèvre inférieure. Si, c'était grave. Il ne trompait personne en prétendant le contraire... Pas même lui. « Pour faire court... disons que... je me suis disputé avec Shogo... »

OH COMME C'EST BIZARRE, n'aurait sûrement pas manqué d'affirmer Eric Zemmour, mais par chance ou par décence tout simplement, Himuro s'en abstint. Oh, il n'en pensait sans doute pas moins, ne portant pas vraiment Haizaki dans son cœur. Comme à peu près les trois quarts de la population de cette planète, m'enfin... le brun avait des raisons de lui en vouloir, après tout. Leur première (et unique, à ce jour...) rencontre avait été... plutôt « musclée » dirons-nous, afin de ne froisser personne.

« Oh mais ça arrive à tous les couples de se disputer, tu sais ! Parfois pour des broutilles. Très souvent, d'ailleurs même maintenant que j'y pense... C'est normal et d'autant plus quand on vit sous le même toit. Je suis certain que ça va s'arranger ! » Tenta de le rassurer le dragon.

Le cœur meurtri du mannequin se serra.

Bien-sûr, Kise était conscient que l'époux de Momoi essayait de lui remonter le moral et il appréciait l'intention, seulement... sa situation était autrement plus compliqué que cela. Il ne s'agissait en rien d'une triviale scène de ménage. Non, c'était bien plus sérieux... Mais ça, Himuro ne pouvait ni le savoir, ni le deviner.

« Sans doute... à un tout petit et insignifiant détail près : Sho et moi, nous ne sommes pas un couple... »

« Et nous ne le serons probablement jamais au train où vont les choses... » Sembla presque regretter mentalement Kise.

« Ah... Je n'étais pas au courant de cette information... juste... de la version « tout public », disons. Celle que m'ont servie Taiga et Satsu. Excuse-moi, je ne voulais pas faire de gaffe... »

« Non, non ! Tu n'y es pour rien hahaha ! Ce n'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas deviner ! Surtout dit comme ça hahaha ! C'est moi qui t'ai induit en erreur ! » S'empressa de le rassurer l'ancien small forward. « M-mais du coup... hmm... je me retrouve un peu comme qui dirait « à la rue » pour cette nuit... Bien entendu, je pourrai sûrement aller crécher chez Daikicchi ou Kagamicchi sauf que j'en ai aucune envie... Alors eurrm... désolé de te demander ça comme ça, surtout pris au dépourvu, mais est-ce que tu crois que je pourrai... ? »

« Venir à la maison ? » Comprit instantanément Himuro. « Evidemment ! Tu es toujours le bienvenu, tu le sais ! En plus, je suis sûr que ça fera plaisir à Satchan de te voir demain au réveil ! Vous aurez sans doute un tas de chose à vous dire et puis, ça tombe bien parce qu'on a laissé un sofa dépliable dans l'ancienne chambre d'amis qu'on est justement en train de réhabiliter en chambre de bébé, donc y a d'la place, pas d'inquiétude ! Est-ce que tu as besoin que je vienne te chercher ? »

« Non, ne t'en fais pas pour moi ! Tu en fais déjà bien assez pour moi, reste avec ta petite femme ! Je suis dans un taxi au moment où je te parle, de toute façon... Hmm... je pense que je serai chez vous d'ici un quart d'heure, c'est bon ? »

« Pas de souci. Je vais laisser le verrou ouvert et la porte d'entrée de la résidence aussi. Comme ça, tu pourras directement entrer sans sonner à l'interphone. Je ne voudrai pas réveiller ma Belle aux bois dormants, tu comprends... Oh ! Et je préparerai ton dodo aussi dans l'intervalle ! Tu verras, il est plutôt confortable notre vieux canapé ! Même Atsushi a réussi à dormir dedans sans le casser ! »

... Heu on parlait toujours d'un sofa là où d'un PANIER POUR ELEPHANT D'ASIE !?

Enfin bon, c'était plutôt rassurant de savoir qu'il ne risquait pas de s'écrouler dans son sommeil. Si Kise arrivait à s'endormir, bien entendu. C'est qu'il avait pris un peu de poids dernièrement notre mannequin ahem...

« Merci, c'est vraiment top ! Je ne m'installerai pas longtemps de toute façon, promis ! C'est juste l'histoire d'une nuit ou deux, tout au plus ! Je parsaprès demain pour un shooting aux Maldives. »

« Wow sérieux ? Mais c'est génial ! Ça faisait un moment que tu n'étais pas parti en plus, pas vrai ? » Himuro n'avait pas dit cela dans le but de le vexer ou méchamment et puis c'était la vérité, alors pourquoi nier ? « T'y étais déjà allé avant, il me semble ? »

« Oui, deux fois ! Ce sera la troisième, je suis tellement excité, tu n'peux pas savoir ! J'adooooore voyager et voir du pays ! Et puis, on n'va pas s'mentir : changer d'air me fera l'plus grand bien, alors j'ai plutôt hâte... Besoin de réfléchir à l'avenir... »

« Ça peut se comprendre au vu des circonstances... Et ce sera un shooting pour quel genre de produit ? Combinaisons de ski ahaha ? Nan, je plaisante, plutôt maillots de bain, je suppose ? Ce serait un peu l'endroit parfait pour ça... Tellement paradisiaque... »

« Haha presque, t'es pas loin du tout ! » Sourit à nouveau Kise, reprenant du poil de la bête.

Il réalisa qu'il avait toujours bien aimé Himuro. BON HEUREUSEMENT D'UN COTE TU ME DIRAS, VU QUE LUI ET LE BRUN A LA MECHE AVAIENT JOUE A TOUCHE-PIPI DANS LES TOILETTES DE L'APPARTEMENT DE KAGAMI ET LE JOUR SON DIX-HUITIEME ANNIVERSAIRE EN PLUS ! Mais il n'en demeurait pas moins QUE parler à l'ancienne pop star s'avérait toujours aussi aisé. Himuro était un garçon facile à vivre, accessible et bourré d'humour quand on se donnait la peine de le connaître. Des traits de caractère qu'il partageait d'ailleurs avec son homologue scorpion, Takao, que Kise considérait comme sa meilleure amie. Oui, au féminin. Parfaitement. Oh mais après Satcchi évidemment ! Erf... Pourquoi Haizaki ne pouvait-il pas un peu plus leur ressembler ou du moins, prendre exemple sur eux !? Il était scorpion lui aussi, pourtant que diantre !

Quel chieur celui-là alors, à ne jamais rien faire comme les autres !

« Il s'agit en réalité d'une grande campagne pour de la lingerie fine à l'échelle internationale ! Victoria's Secret ! »

« Ah ouiiiiii ! » Il siffla. « Ça ne plaisante pas du tout ! Mais attends heu... Victoria's Secret... depuis quand ils font des sous-vêtements pour mecs aussi ? »

Et puis de la lingerie pour hommes, en plus... ? Hmm... Bizarre...

« Je ne sais pas trop. » Confessa Kise en haussant des épaules. « Enfin, je veux dire, je n'en sais pas plus... mon agence ne m'a pas encore donné tous les détails à vrai dire, mais à mon avis, ce seront plutôt des modèles pour femme qui sont présentés. La campagne est sûrement à destination des femmes et ils ont juste besoin de quelques apollons beaux et musclés à demi nus pour la mettre en valeur en arrière-plan. Ça se fait souvent dans le milieu, rien d'étonnant à cela. Du moins, à ma connaissance. »

Rien d'étonnant DU TOUT, ah bon, tu en es sûr Kise ? Ça n't'a pas mis la puce à l'oreille qu'on t'annonce que la publicité dans laquelle tu serais était pour Victoria's Secret ?

Mais bref, paaaaaaaaassons... !

« Ok, tu m'raconteras tout ça à l'appart' ! Et on pourra également mieux discuter de ta situation heu... « sentimentale » actuelle aussi... Enfin, seulement si tu veux hein, je ne te force pas et je comprendrai très bien que tu réserves cela à Satchan. »

« Ça marche, j'arrive bientôt de toute façon et oh heu... ça ne me gêne pas de te parler de ma colocation avec Haizaki ! je n'ai jamais cherché à t'exclure d'ailleurs... Mais disons que... dernièrement, les événements se sont enchaînés à une telle vitesse, que je n'ai eu le temps de rien... Excuse-moi, je réalise que je n'ai pas franchement été un ami exemplaire pour toi... »

Il n'avait pas pris de nouvelle du dragon et de sa récente « retraite » depuis un moment... et de Momoi non plus, même si leur dernière entrevue était légèrement moins datée...

« Non ça va, y aucun mal. On a tous été pas mal occupés de toute façon, chacun à notre manière et chacun de notre côté. Et puis rassure-toi : même Taiga ne m'a toujours pas expliqué par quel miracle, après dix ans de stagnation à se tourner autour comme des chiens en rut, il s'était finalement retrouvé en couple avec Aomine ! Enfin, il a bien essayé, mais on n'a jamais trouvé le temps de se poser pour réellement en discuter en profondeur. Or, je t'avoue que cette situation m'inquiète infiniment plus que ta cohabitation avec ton ancien rival à vrai dire et sans vouloir te manquer de respect, naturellement ! »

« Hahah tu m'étonnes ! Même moi j'ai toujours du mal à y croire et je ne suis pas non plus sûr d'en avoir saisi tous les détails... bien que l'on m'ait rapporté que, aussi incroyable que cela puisse paraître, l'évolution soudaine de leur relation avait un rapport plus ou moins direct avec Haizaki apparemment ! Mais ce n'est vraiment pas à moi de te le raconter, alors je n'en dis pas plus ! »

« D'accord, de toute façon j'arriverai bien à choper Taiga entre quatre murs et dans le blanc des yeux un de ces jours prochains... Quitte à devoir l'appâter avec mon fameux cheesecake maison et ensuite l'attacher à sa chaise en mode interrogatoire pour l'obliger à me fournir des réponses non évasives ! »

« Tu es tellement diabolique Tatsuyacchi, c'est ce que j'ai toujours aimé chez toi ! Allez, à tout de suite, j'ai hâte de te voir ! »

Et en parlant de fameux cheesecake maison, dont rien que l'évocation suffisait à faire saliver Kise, ce dernier fut surpris de trouver Himuro en train d'en préparer un justement, lorsqu'il pénétra dans l'appartement du couple. Rien que pour lui ! Awww si adorable ! Le brun savait toujours comment s'y prendre pour le réconforter ! Il est vrai que depuis leur déménagement à L.A., Himuro agissait à la manière d'une mère louve envers eux, toujours aux petits soins, quitte à devoir interrompre ses tournées ou ses concerts à la dernière minute pour soigner leurs peines de cœurs à coup de... talents culinaires ! Et comme chacun avait ses petites préférences personnelles, il adaptait ses recettes en conséquences.

Parfois, ils ne parlaient même pas. Simplement, ils s'installaient et dévoraient des sucreries jusqu'à développer un diabète fulgurant et après, en général, ça allait mieux. Comme par magie. Pour Kise ce soir, ce serait donc cheesecake au yuzu ! (Avec extra-dose de chantilly en plus !) Yeay, son favori ! Même avait quelques suspicions quant au fait que cela suffise à panser les plaies parsemant son petit kokoro...

Himuro lui expliqua que de toute façon, il n'arriverait pas à se rendormir tout de suite là, donc autant se rendre utile. Momoi l'avait en effet sorti du lit vers vingt-trois heures et insisté pour mater un film d'époque, cassant ainsi son cycle de sommeil réparateur... Dire que maintenant, elle pionçait comme une bienheureuse dans le lit conjugal sans se douter de rien. Oui, parce que quand même, Himuro avait eu la courtoisie (et la force) de l'y porter, en mode princesse de contes de fées ! A ceci près que lui l'avait plutôt comparée à « une baleine échouée » et non pas à une gente dame, mais chut, pas la peine d'aller le répéter à la rose !

C'est qu'il tenait à la vie et surtout à connaître son fils avant de mourir quand même le vaillant dragon !

Kise lui fit donc la conversation, le mettant au courant des derniers potins en vogue, pendant qu'il pâtissait et c'est ainsi que les deux ex-amants d'un soir se retrouvèrent tous les deux à deviser sur l'amour et les secrets de l'existence humaine, à refaire le monde dans la cuisine, sur un coin du plan de travail à trois heures du matin tapantes...

Et cela dura jusqu'à environ six heures. Puis, Kise finit par regagner son lit de fortune vers et quart, puis par s'endormir vers la demie...

Erreur fatale !


« Chéri, je suis rentré ! »

Lança une voix enjouée qui... lui appartenait ? Mais alors, pourquoi voyait-il la scène à la troisième personne, tel un spectateur externe ? Kise avait l'impression de regarder la télévision... Hmm... non, l'image était bien trop nette, presque palpable. Le son trop proche aussi. Plutôt... comme s'il se trouvait au théâtre, en train d'assister à une représentation en direct.

Il (son alter ego sur scène...) déposa son manteau... sur un porte-manteaux en bois... (logique, jusque là.)

L'intérieur de cette maison (?) ne lui rappelait rien qu'il connaisse. Mais lui évoquait pourtant vaguement quelque chose... La déco... semblait hors d'âge pour commencer, fleurant bon les années quatre-vingt. Tapisseries immondes à motifs géométriques et immonde divan floral en velours pour parachever l'horreur. Couleur jaune, le sofa. Sa couleur favorite en théorie, sauf que là non. Vieux jaune. Genre moutarde périmée, mélangée à du caca d'oie.

Quel était cet endroit d'une LAIDEUR confondante ?

N'importe quel décorateur d'intérieur aurait fait une syncope face à cet environnement figé, démodé, hors du temps.

Et puis cette tenue qu'il portait... ! Celle d'un étudiant... Peut-être... un lycéen ? Mais l'uniforme semblait assez différent de ceux qui se portaient au Japon. Il avait un écusson brodé sur son blazer, blazer qu'il avait ôté dès qu'il était rentré d'ailleurs. En dessous, il portait une espèce de pull jacquard sans manches assez infâme et informe et sous cette première couche d'oignon, encore une chemise bleutée fermée jusqu'en haut du col et une cravate ROUGE pétard assortie.

Beurk !

Et alors que dire de son informe pantalon à pinces marron ? On aurait pu croire qu'il avait chié dedans et ce n'était pas que sa couleur qui pouvait prêter à confusion... Il lui tombait littéralement des fesses, tout juste tenu par une ceinture moche en PLASTIQUE, même pas en cuir ! Quelle abomination ! Oui, Kise arrivait à le déterminer et à faire la différence entre les matières depuis les gradins, pourquoi... ? Douteriez-vous des talents d'analyse du modeur ?

Toujours était-il qu'il paraissait heu... étrangement âgé pour jouer les écoliers ! (Peut-être même, collégiens... ?) Et pour cause : il arborait le même visage qu'aujourd'hui ! Enfin... pas qu'il soit en train de se traiter lui-même de vieux ! On lui répétait souvent qu'il faisait moins que son âge, mais sûrement pas au point de passer pour un étudiant... MINEUR ! Faudrait voir à pas exagérer non plus hein !

Semblant enfin apercevoir l'objet de son (ses) attention(s), le bien nommé « Chéri » appelé un peu plus tôt, un sourire satisfait s'étira sur le visage mutin du blond, dévoilant une rangée de dents blanches...

... défigurées par un atroce appareil dentaire !

ARGH !

Encore une fois, sans doute dans le but de le rajeunir artificiellement pour le rôle !

En effet, Kise n'avait jamais porté de bagues durant son adolescence, son sourire avait toujours été parfait et ses dents toutes aussi parfaitement alignées sans avoir à recourir à cet instrument barbare de torture, redresseur de quenottes et de torts, le grand Karl Lagerfeld lui en soit témoin !

Mais revenons-en plutôt au mystérieux « Chéri » en question...

... Qui n'était autre que...

« Haizaki !? » Se surprit à penser Kise. (le spectateur.)

Kise (les deux) le vit enfin arriver en dandinant le bout de ses fesses sur scène...

Et OMG... comment dire... ?

Le brun était en apparence(s) très semblable à aujourd'hui, à ceci près qu'il était vêtu d'une tenue de SOUBRETTE (YEAAAAY !) féminine des plus révélatrices ! Jupette noire extra courte, jupon, tablier et bas blancs, décolleté plongeant, dentelle... tout y était ! Il passait le plumeau sur les meubles en surjouant exagérément du poignet. A croire qu'il cherchait à se le déboîter. A moins que ce ne soit déjà le cas...

...

Non mais, on nageait en plein DELIRE là !?

Kise avait l'impression de se retrouver dans un vieil épisode de « Madame est servie » ! Ah mais... Quoi que... c'était peut-être bien ça, au final ! Disons que cela expliquerait pas mal des choses... A commencer par le décor vintage et son look d'une absolue ringardise !

« Maître Ryota, vous êtes en avance ! J'espère que vous n'avez pas encore séché les cours... sinon, c'est Madame votre mère qui risque de vous SECHER aussi... mais sur place LOL ! »

Eclats de rires forcés du public.

Ah ouais plus aucun doute n'était permis à présent : Kise venait d'avoir la confirmation qu'il se trouvait bel et bien téléporté dans une sitcom datée... et pas drôle du tout.

Sacré pléona(ze)sme...

« Mais nooooon allons donc Zacchi, que vas-tu chercherrrr-là ? Notre prof de chimie nous a tous renvoyés à la maison, après que Sheldon (nom de nerd par excellence, quelles que soient les époques et les médias, apparemment...) ait fabriqué par accident des boules puantes en mélangeant par erreur du sulfure d'ammonium avec du sulfure d'hydrogène ! Ça sentait les œufs pourris dans tout le bâtiment, encore pire que le vestiaire des garçons, après le jeu de la biscotte LOL ! »

...

Wow...

Mais c'était quoi ces blagues NAVRANTES !? Nulles, même ! Les dialoguistes avaient sept ans d'âge mental !?

Cependant, Kise (le « jeune ») vint se coller amoureusement à sa maid, l'enlaçant par la taille et posant son menton sur son épaule.

« Dis... tu ne voudrais pas m'épousseter le %ù /!§% tant que tu y es ma belle Zacchi ? Ça fait longtemps... »

« Je ne sais pas si vous le méritez Ryota-sama. Avez-vous remonté votre moyenne ce semestre, comme Madame vous l'avait demandé ? »

« Mais oui, bien-sûr ! Je suis un garçon très sage... et obéissant... D'ailleurs, il n'y a pas que ma moyenne qui a remonté, si tu vois ce que je veux dire... »

« Non, je ne vois pas, mais par contre je le sens très bien en ce moment même, pressé contre mes fesses ! »

Nouveaux rires provenant du public.

Heu... drôle d'humour quand même !

Ah ben d'accord... Il s'agissait donc d'une version PORN de sitcom, en fait !

... JACKPOT !

Et mieux encore : la soubrette cochonne commença à frotter son affriolant fessier à peine couvert par sa jupe mini... maliste et son napperon, contre l'entrejambe du blondinet.

« Alors Maître Ryota, comment voulez-vous que je lustre votre %ù /!§% aujourd'hui ? »

« J'aimerai que tu le fasses bien reluire avec ta jolie bouche... »

« Vos désirs sont des ordres Maître. »

Il aimait bien le son qu'avait ce mot dans la bouche d'Haizaki « maître » ! Ça semblait si... naturel !

Mais soudainement, l'employé s'agenouilla et d'un coup de dents habile, il fit descendre la braguette du jeune homme entre ses lèvres par la même occasion. Ah ouais, quand même... Belle performance. Non mais, vraiment et sans ironie, hein ! Kise (le spectateur) en était admiratif !

...

Wokayyy là par contre, on avait carrément dépassé le simple stade de la frustration pour que Kise se mette à rêver de trucs aussi débridés. (Parce que c'était bien de ce dont il s'agissait : un rêve érotique...) Il avait complètement lâché les chevaux sur ce coup !

Les chevaux de course même, les étalons excités qui galopent derrière une jument en chaleur !

La bonne regardait Kise droit dans les yeux, d'un air aussi cochon qu'affamé. (Enfin, pas lui : celui qui jouait son rôle et... raaaah vous avez compris quoi !) Et le blondin n'eut pas le temps de dire « LANCER FRANC », (en même temps, vu le contexte...) que son sexe érigé disparut dans la bouche du brun, à défaut de son panier de basket... rectal. Mais avec un peu de chance... il n'était pas exclu que ce soit la prochaine étape. S'accoudant bien contre le dossier du canapé, Kise bascula la tête en arrière, haletant d'extase. Pas de doute, sa mère avait choisi l'employée de maison la plus dévergondée du quartier, pour son plus grand plaisir ! De toute façon, il était de notoriété publique que tous les riches proprios se tapaient leurs bonnes dès qu'ils avaient les moyens d'en embaucher une, mais Kise figurait parmi les plus jeunes à posséder ce privilège !

Dire que tous ses camarades de classe étaient encore puceaux ! Peut-être pas tous, d'accord, mais ceux qui ne l'étaient plus avaient payé des professionnelles pour cela. Tandis que lui et bien... techniiiiiiiiquement, c'était sa mère qui payait pour cela et non lui ahah ! Pas sûr d'ailleurs que ce genre de « tâche » fasse partie de la fiche de poste d'Haizaki, mais ce n'était qu'un détail insignifiant ! Si l'homme à tout faire désirait effectuer des heures supplémentaires pour arrondir ses fins de mois, sérieusement, qui était Kise pour lui refuser une dévotion ?

D'ailleurs, ce n'était pas une bouche qu'elle avait la bonne, mais un ASPIRATEUR ! (On restait dans le thème de son métier au moins...) La vaaaache ! L'impression de succion était... tellement agréable... Et les bruits humides de salive, sa langue piercée qui claquait sur son gland et puis cette façon débridée qu'avait Haizaki de le téter comme un bébé veau accroché au pis de sa mère pour lui provoquer une montée de lait... OMG c'était juste trop boooooon ! Kise prenait un pied MONSTRUEUX, surtout lorsqu'Haizaki effleurait ou venait masser ses bourses pleines, sans jamais baisser le regard. Hmm... Tiens, ce serait pas mal que l'écolier demande à ce que Mère accorde une augmentation pour cette brave travailleuse ! A la hauteur de son implication, pas d'économie pour le petit personnel !

Mais alors que l'étudiant allait enfin atteindre les berges du pays de l'Orgasme, la porte d'entrée claqua brusquement et le public se mit à applaudir et à siffler LA véritable star du show : j'ai nommée Miss Viviane Robinson ! Vêtue d'une gabardine beige maintenue fermée par une ceinture et ajustée à la taille, façon espionne soviétique, elle se dirigea vers son « fils » fictif et, mains sur les hanches, elle adopta une posture visant à le gronder :

« Ryota ! Puis-je savoir ce que tu es en train de faire exactement au beau milieu du salon avec la servante ? »

« Ciiiiiiiiel, c'est ma mère ! » Lança Kise d'un regard complice vers le public. DES FOIS QUE QUELQU'UN N'AURAIT PAS ENCORE COMPRIS AU BOUT DE TROIS CENT EPISODES QUE VIVI ETAIT CENSEE INCARNER SA DARONNE ! « Olalala... vite, il faut que je trouve une excuuuuuse ! »

Rangeant à la hâte le matos, il aida Haizaki à se relever en l'attrapant par le bras pour le tirer vers le haut. Ce dernier s'essuya la bouche encore toute collante avec son tablier, comme si de rien n'était.

« M-mère ! Ce n'est pas du tout ce que vous c-croyez ! » Putain qu'il jouait mal... C'était navrant... « Miss Zacchi m'aidait juste à nettoyer une tâche sur mon pantalon ! »

« Mais oui, EXACTEMENT ! Une GROSSE tâche toute DURE... A faire partir, bien-sûr ! Il faut dire qu'elle est tellement bien incrustée, la vilaiiiine ! » En fit des caisses Haizaki, qui jouait tout aussi faux que celui à qui il donnait la réplique, façon Marion Cotillard au moment où elle simule sa mort dans « The Dark Knight ».

Pour gagner en crédibilité, le brun se mit alors à FROTTER avec insistance la bosse qui pointait toujours durement sous le tissu, à l'aide de son napperon blanc. Et Kise de couiner de plus belle, hyper sensible sous la caresse.

...

Non mais ces deux abrutis avaient-ils déjà oublié que Miss R. venait de les chopper en flagrant délit, à l'instant même... ? Ils possédaient moins de mémoire qu'un poisson rouge amnésique ou quoi ?

Mais loin d'être dupe, la vieille rombière tomba soudain le trench coat...

... dévoilant sous le regard HORRIFIE de Kise (les deux là encore...) un strap ELEPHANTESQUE accroché à sa taille.

Un gode-ceinture, si vous préférez.

Aussitôt, Haizaki délaissa le godemichet de chair de Kise pour s'intéresser à celui en latex de sa maîtresse, d'une taille il est vrai, bien plus inspirante hélas. Il se passa même rêveusement la langue sur la lèvre supérieure, tremblant d'excitation.

« Désolée mon poussin, mais je suis la seule à avoir le droit de baiser la bonniche ! » Décréta fièrement Mamie-Maman, bassin tendu vers l'avant. (... Non mais à quel âge elle l'avait pondu son gamin, sérieusement... ? Jamais les spectateurs n'allaient trouver cela crédible, enfin, vous me direz, voir un ado joué par un adulte de vingt-six ans ne semblait visiblement pas les déranger ou éveiller leurs soupçons...)

Le pauvre Kise... (celui sur scène, nul besoin de le préciser) s'écroula à genou de désespoir, s'arrachant les cheveux et hurlant au ciel :

« NOOOOOOOOOOOOOOON ! »

!

... De même que le vrai cette fois, celui qui émergea des bras de Morphée l'enfoiré de strangulateur, en se redressant d'une seule traite, façon vampire dans son cercueil.

Oh bordel... quel affreux un cauchemar ! Juste un cauchemar, pas la réalité, certes... Mais sacré cauchemar quand même ! Kise haletait, trempé de sueur. Sa cage thoracique le lançait par à-coups, il avait du mal à respirer et à recouvrer calmement son souffle. Merde... où était-il ? Le renard effectua un scan rapide autour de lui. Ah oui... chez Satsucchi et Tatsucchi, c'est vrai... Il avait fuit comme une poule mouillée et s'était réfugié chez son couple d'amis...

... Qui avait sans doute autre chose à faire que de l'écouter geindre et se plaindre au sujet d'Haizaki. Après tout, ils étaient sur le point d'accueillir le premier nouveau-né... Pour quand était-ce prévu déjà ? Hmm... quelle honte, Kise ne le savait même pas pffff... Tu parles d'un camarade ! Quel piètre ami il faisait, lui... A ne s'intéresser qu'à sa petite vie perso...

« Kichan ? » Fit une voix féminine inquiète derrière la porte. « Tout va bien ? »

« O-oui Satchi ! Ne t'en fais pas, ce n'est rien ! »

« Tu t'es cassé la figure du canapé-lit ? C'est arrivé à Atchan aussi ! »

Oh la vache ! Et il n'avait pas fait un trou dans le sol, ni écrouler l'immeuble en tombant... ? Respect !

« Non... J'ai juste fait un cauchemar... »

« Ah !? Est-ce que je peux entrer maintenant que tu es réveillé ? Tu dormais tellement bien que je n'ai pas eu le courage de te faire te lever... T'es pas tout nu hein !? »

Il vérifia en effet brièvement qu'il était dans une tenue décente pour la recevoir, ne se rappelant pas dans laquelle il s'était endormi hier soir... Bon... il était torse poil et en boxer, mais avec la couverture tirée sur lui, elle n'en verrait rien. Ses beaux vêtements de la veille – ceux prêtés par Miss R. – étaient soigneusement pliés sur un fauteuil non loin de lui.

« Oui, viens. La porte n'est pas fermée à clé. »

Hmm... quelle heure il était... ? Ah déjà si tard !? Dix heures passées ! Mais hmm... il n'avait pas beaucoup dormi finalement et s'il se pointait au shooting avec des cernes de six pieds de long... les maquilleuses allaient le pendre haut et court ! Enfin, il avait encore le temps de récupérer dans l'avion... Dix-neuve heures de vol quand même ! Presque une journée, ça lui laissait bien le temps de taper sa meilleure sieste et d'afficher une tronche à peu près potable au moment du débarquement.

Momoi déboula donc dans la chambre avec un plateau délicieusement garni dans les mains. Wow. Il avait même droit à la formule petit-déjeuner au lit ! Quels amis formidables, décidément ! Kise en aurait presque versé quelques larmes d'émotion, tiens ! ... Si ça n'avait pas risqué de lui filer encore plus de cernes...

Rouges, elles.

Or, du rouge sur du noir, ça fait du violet. Et cette couleur ne lui allait pas du tout au teint ! Sans parler des charmantes veines éclatées à l'intérieur des yeux, façon lapin atteint de myxomatose.

En tout cas, ça se confirmait : il ne les méritait vraiment pas elle et Himuro...

Il y avait même une petite rose dans un verre d'eau posée au milieu du plateau mais tellement trop miiiiiiiignon ! Voyant que cette délicate attention suscitait l'intérêt du blond, Momoi précisa :

« On a un super fleuriste juste au bas de l'immeuble. Un vrai passionné, alors j'ai pris la liberté de demander à Tatchan d'aller te chercher un petit quelque chose histoire de te remonter le moral ! Au départ, mon gentil mari voulait prendre des tournesols, parce que ça te ressemblait davantage, mais apparemment on lui a déconseillé parce que c'était trop gros... Dommage. »

Des tournesols, hein... ?

Hmm... Les fleurs de la gaieté par excellence, toujours tournées vers le soleil, cherchant sa présence où qu'il se cache...

« Sunshine... »

La voix d'Haizaki résonna dans sa tête.

Finalement, ce n'était pas plus mal qu'Himuro ait opté pour une rose au final. Son choix initial n'aurait fait que remuer le couteau dans la plaie, mais si involontairement...

« Haha ! Vous me traitez beaucoup trop bien Tatsuyacchi et toi ! » Il essaya de donner le change, s'efforçant de sourire. « Faites gaffe, je vais vraiment finir par vouloir poser mes valises ici de manière définitive et ne plus jamais vous quitter ! »

« Oh mais ça ne nous dérangerait pas ! On s'amuserait trooooop bien ensemble, comme au bon vieux temps ! Mais attention, je préfère te prévenir : si tu décidais de rester avec nous, il faudrait mettre la main à la pâte ! On n'aime pas trop les tirs au flanc Tatchan et moi ! » Plaisanta t-elle.

Enfin, la connaissant... seulement à moitié !

Aomine, le roi incontesté des feignasses patentées, en avait déjà fait les frais plusieurs fois.

« Hmm... je pourrai t'assister dans la gestion de ton agence matrimoniale pendant la durée de mon séjour, qu'en penses-tu ? Je suis un éminent spécialiste de l'amour moi aussi après tout ! »

PAYE.

TA.

STREET.

CRED !

Lui, l'éternel célibataire, papillonnant, butinant, de fleur en fleur sans jamais parvenir à se poser réellement. Oh ! Pas qu'il ait déjà été infidèle, ni même que cela lui ait déjà traversé l'esprit. Mais disons qu'il n'avait jamais de chance en amour... Essuyant les ruptures comme un plongeur, des assiettes à la fin d'une soirée buffet à volonté.

La remarque du blond fit donc beaucoup rire Momoi.

Mais ce n'était pas totalement un mensonge, puisque trouver quelqu'un qui s'était fait plus plaquer que le jaune au cours des dix dernières années ahahaha... erm... tenait de la mission suicide.

« A vrai dire... je visais l'un de tes autres talents ! Je me disais que tu pourrais m'aider avec le bébé... » Le recala t-elle gentiment. « Tu sais changer des couches, je crois ? »

« Oui et même donner le biberon et le bain. Je le faisais souvent avec ma petite nièce au Japon... »

« Oh pour le biberon, ce ne sera pas nécessaire étant donné que je compte allaiter Tatsuya Junior ! » Fit-elle en se caressant tendrement le ventre.

... Ah ben force était de constater qu'Haizaki avait raison la dernière fois : il ne risquait pas de mourir de faim ce veinard de marmot avec deux distributeurs automatiques pareils...

« Heu... tu comptes vraiment l'appeler Tatsuya Junior ? » S'étonna Kise.

Pas qu'il ait quoi que ce soit à dire sur la question, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir un avis.

« Bien-sûr que non ahaha ! Mais c'est son nom de code pour le moment, parce qu'on a la flemme de lui chercher un nom avec Tatsuya ! »

« La flemme ? Mais hmm... t'es pas supposée accoucher bientôt ? Va p't'être falloir commencer à y penser... »

Parfait, belle transition ! Ça allait lui permettre d'en apprendre à ce sujet, plus sans avoir l'air d'y toucher !

« Oh... on en a encore pour environ trois bons mois tu sais ! Ça laisse bien le temps de se décider d'ici à ce qu'il pointe le bout de son petit nez tout rose ! »

« Ok, mais vous avez des pistes déjà ? Sinooooon... Ryota est une toujours une valeur sûre au cas où hein ! Un indémodable intemporel ! »

« Hihi ! Désolée Kichan, mais tu es unique ! Il n'y en a pas deux comme toi ! »

Bien rattrapé, mais en réalité, elle souhaitait sans doute éviter de le vexer en masquant ainsi son refus.

« Et sinon oui pour te répondre, on a quelques idées déjà, je te rassure. En fait, je te faisais un peu marcher tout à l'heure. On n'a que l'embarras du choix, mais encore faut-il que nous arrivions à nous mettre d'accord... Et c'est ça le plus compliqué, tu peux me croire ! Alala... tout aurait été tellement plus facile si ça avait été une fille, crois-moi ! C'est tellement plus compliqué de trouver un joli prénom pour un petit gars, tu peux pas savoir ! » Ah bon ? Bah... si elle le disait... « A ce propos, on très vite été au courant de sexe ! Ça évite les mauvaises surprises au moins ! Enfin « mauvaises », façon de parler, je voulais dire... niveau prénom à devoir trouver à l'improviste... »

« Oh mais... est-ce que tu as envisagé à un nom mixte, sinon ? Et puis, tu es sûre qu'il n'y aura pas d'erreur de sexage ? Parfois, c'est difficile à voir, même avec l'instrumentation moderne... Tu sais, pour ma petite nièce par exemple, jusqu'à la dernière échographie, le gynécologue était convaincu que ce serait un garçon... » Expliqua Kise en attaquant son jus d'orange fraîchement pressé hmm... un délice...

« Ça ne risque pas d'arriver avec Junior ! Impossible de se tromper sur les échos, crois-moi on voit déjà qu'il sera aussi bien monté que son père ! Ça promet ! » Lâcha t-elle casuellement.

!

Celle-là, il ne s'y attendait pas !

Kise manqua de recracher son jus (ou de s'étouffer avec...) face à tant de hmm... franchise !

« Ah et bien errmmm je suis... ahem... ravi pour toi... enfin pour vous... t-tous les trois quoi ! »

Non mais de quoi faisait-il mine d'être ravi, d'ailleurs !? Ce n'était pas comme s'il ignorait d'où Himuro tenait son surnom fort approprié de « dragon » ! Et bien que ce ne soit pas la seule raison, c'était en grande partie grâce au « Shenron » qu'il cachait dans son froc ! Kise pouvait en témoigner, puisqu'il avait déjà eu le privilège d'y goûter auparavant ! Et au passage, quand on frottait ses boules de cristal, ce dragon-là aussi réalisait des vœux... (mais pas de chasteté !)

« Roooh Kichaaan ! Je t'en prie, ne fais pas ton coincé ! On s'est toujours tout dit toi et moi, sans tabou ! Et d'ailleurs, à ce sujet... »

OULA.

ELLE ARBORAIT SON FAMEUX REGARD COQUIN.

PAS BON CA. PAS BON DU TOUT !

DANGER IMMINENT !

Quelle dinguerie allait-elle encore bien pouvoir lui demander !?

« Dis-moi, Zakkun... est-ce qu'il en a une grosse aussi ? »

AAAAAAAAAAAAAH !

Putain, il l'attendait au tournant, celle-là ! Ça l'étonnait aussi qu'elle se soit contenue aussi longtemps avant de la poser cette question fatidique... Mais il fallait reconnaître qu'il s'agissait d'une interrogation tout à fait légitime. (Ou pas.)

Cash.

Brute de pomme !

Zéro censure, nature et découvertes ! Kise se demanda l'espace d'un instant son ancienne manager pratiquait quand même l'art de la langue de bois avec ses clients... Il fallait l'espérer, car certains risquaient de ne pas apprécier son franc-parler... Lui, il trouvait cela assez rafraîchissant de ne pas y aller par quatre chemins, CONTRAIREMENT A UN CERTAIN LOUP QUI ADORAIT EMPRUNTER CEUX DE TRAVERSE !

...

... Enfin, Kise supposa que si Momoi n'était pas capable de mettre de l'eau dans son vin, son affaire aurait coulé depuis bien longtemps...

« Olaaaaaaaa ! Tu n'vas jamais m'croire, mais elle est E-N-O-R-M-E et encore, je pèse mes mots ! »

Ben quoi ? Ce n'était presque pas un mensonge ! Haizaki se situait largement au-dessus de la moyenne en la matière ! Car pour votre bonne information Mesdames, sachez que pour celles qui espèrent s'exporter un jour au Japon, la taille du pénis de ces messieurs n'est que de treize centimètres, en érection. (Je vous laisse donc imaginer au repos... Tu commandes un baobab et tu te retrouves avec un cure-dent, moi j'appelle ça tromperie sur la marchandise...) Or, pas besoin d'avoir une licence de mathématiques pour comprendre qu'Haizaki survolait allègrement ce chiffre.

« D'ailleurs, si tu veux tout savoir, la première (et unique...) fois que je l'ai sucé, j'ai même cru que j'allais devoir la plier pour la faire rentrer et surtout tenir dans ma bouche ! »

Carton plein, car aussitôt cette glorieuse anecdote inventée de toute pièce suscita l'admiration de la rose, des étoiles plein les yeux.

« Waouh c'est fantastique ! Quelle chance tu as ! (Elle pouvait parler elle, elle se tapait littéralement Falcor de « L'Histoire sans Fin »... ! Même couleur saumonée et forme longiligne.) Tu sais, au collège, toutes mes copines rêvaient secrètement de sortir avec lui ! » Ah bon, déjà... ? Il était à ce point-là populaire ? Kise ne s'était aperçu de rien, trop centré sur son propre cheptel de prétendantes. En tout cas, elles étaient salement précoces les gamines... « La rumeur même courait qu'il était sacrément bien pourvu à ce niveau-là, si tu vois ce que je veux dire ! Je constate donc avec joie que ce n'étaient pas que des bruits de couloir sans fondement ! Et en parlant de « fondement »... J'espère qu'il s'amuse bien avec le tien ! »

Oh mon Dieu.

Par le saint duvet de la moustache de Donatella Versace, ils étaient vraiment en train d'avoir cette conversation au saut du lit ? Apparemment, oui.

Kise préféra donc piocher dans la pile de pancakes encore fumante, histoire de s'occuper la bouche, pour éviter d'avoir à répondre pendant un certain temps au moins... Ce serait toujours ça de gagné ! Ben quoi c'est vrai, on ne parle pas la bouche pleine, c'est malpoli !

Erf si ce n'était que ces fichus pancakes... lui rappelait ceux qu'Haizaki avait préparé spécialement pour lui le premier jour...

Snif...

Ils avaient été succulents !

Force était de constater que pour une fois, ceux du prodige culinaire Himuro faisaient pâle figure en comparaison... semblant bien fades à côté de ceux de l'autre brun...

« ... Il faut dire à Tatsuyacchi de rajouter de la bière dans la pâte la prochaine fois... » Indiqua t-il machinalement, en fixant son assiette.

« Ah bon, tu crois ? »

Belle opportunité de changer de sujet, que Kise ne manqua pas de saisir !

« Oui, ça leur donne une texture moelleuse, du goût et une jolie couleur dorée... Là, tu m'excuseras, mais ils sont un peu secs... »

Bon... il n'irait pas jusqu'à dire qu'il avait l'impression d'être en train de bouffer du carton, quand même. Mais pas loin.

« Et comment tu sais ça toi ? Depuis quand tu t'intéresses à la cuisine Kichan ? » Sourit-elle, intriguée.

Se doutant bien que ce soudain revirement était lié à Haizaki...

« Oh heu... je ne m'y toujours intéresse pas, rien n'a changé de ce côté-là, mais... C'est juste Shogocchi qui me l'a dit une fois... »

Et il se trouvait que son cerveau avait simplement retenu et enregistré l'information.

CE QUI NE PROUVAIT ABSOLUMENT RIEN, OK !?

« Hin hin hin... 'Shogocchi', tiens dooooooonc... Comme c'est mignon ce p'tit surnom ! »

En particulier parce que Kise n'ajoutait le suffixe « cchi » qu'au nom des personnes qu'il respectait et appréciait réellement. Il n'en fallait pas plus pour que Momoi fangirlise à mort, ce petit détail en apparence anodine en disait bien plus que de longs discours !

« Je suis contente pour vous deux en tout cas ! »

« N-non... c'est vraiment pas c'que tu crois... Ecoute... c'est compliqué... m-moi-même, je ne sais pas où nous en sommes... et si on peut réellement parler de « nous », d'ailleurs... »

« Oui, je me doute. Sinon, tu n'aurais pas débarqué à l'improviste, au beau milieu de la nuit et à la hâte ! Et tu ne serais pas non plus présentement en train de squatter cette inconfortable banquette, en te forçant à manger des pancakes tous secs et même un peu cramés ! »

Elle en profita pour en piquer un du dessous, moins brûlé.

Ah. Elle était perspicace la guêpe ! A l'image de son mari. Pas étonnant qu'ils forment un couple si soudé et bien assorti ! DEUX CERVEAUX REMPLIS DE MATIERE GRISE ! (OUPA. Mais nous aurons l'occasion de les voir en action dans quelques instants.)

« Hmm... »

« C'est ok, ne te sens pas obligé de m'en parler maintenant si tu ne te sens pas prêt ! Mais n'oublie pas que j'ai été votre manager à tous les deux ! Or, quel est le travail d'une bonne manager ? »

Question piège !

« Heu... là comme ça, au pied levé je dirai de manager... ? »

Mais ouiiii Kise ! Et un chef, c'est fait pour cheffer !

« Mais non triple buse : c'est de veiller à faire régner la cohésion et la discipline au sein d'une équipe ! Pour que tout le monde s'entende bien et puisse jouer ensemble ! Alors s'il t'a embêté, tu n'as qu'à me le dire et je n'hésiterai pas à aller lui tirer les oreilles, en guise de rappel à l'ordre ! » Elle retroussa ses manches et lui tira la langue. « Oh il ne me fait pas peur, malgré ses airs de petite frappe ! » Pas que des « airs », hélas... « Ni avec sa grosse *BIIIIIIIIP* ! » (à ce stade, je préfère censurer...)

« Merci Satcchi... mais c'est à moi de régler cela avec lui... et à personne d'autre. Ça ne nous concerne que tous les deux. »

Enfin techniquement, pas juste eux deux. Ça concernait également la Viviane, la Vilaine Sorcière de l'Ouest ! Malheureusement, Kise-Dorothy n'avait toujours aucune idée de comment arracher Toto à ses griffes. (Oui, il venait bien de comparer Haizaki à un clébard. Encore.)

Mais finalement, la solution tant espérée se présenta d'elle-même et vint contre toute attente... de la part de Momoi ! Car en effet, le téléphone portable de celle-ci se mit à sonner dans sa poche de pyjama en satin. Elle soupira d'exaspération et le plaça sur « mute ».

« Raaaah, ça suffit ! On est samedi, bon sang ! » Pesta t-elle. « Le week-end, c'est réservé aux amis et à la famille ! »

« Un client ? » Comprit Kise.

« UNE cliente... » Rectifia la belle demoiselle. Avant de fournir quelques explications : « Du genre... collante. En fait, je l'ai set up sur un date la semaine dernière avec un garçon beaucoup plus jeune qu'elle... Quelle erreur ! Je savais pertinemment que c'était voué à l'échec pourtant ! Mais j'ai voulu laisser une chance, après qu'elle ait insisté comme une dingue... Voilà ce qui arrive quand on veut se débarrasser d'une fauteuse de troubles... Résultat, on finit par céder et... Depuis, elle n'arrête pas de me relancer... »

« Mais pourquoi ? Ça s'est si mal passé qu'elle veut que tu la débarrasses du type à présent ? »

Et par-dessus le marché, elle devait probablement travailler Momoi au corps afin qu'elle lui arrange un autre rendez-vous au plus vite avec un mec de son âge cette fois, en guise de dédommagement...

« Ah pour elle non, il n'y a rien qui s'est mal passé ! Ce serait même tout le contraire ! Elle a la culotte en feu depuis qu'elle a rencontré ce garçon, passe-moi l'expression, mais... je ne peux vraiment pas le dire autrement ! Lui, en revanche... On ne peut pas en dire autant ! Le pauvre biquet n'a pas accroché du tout... Et maintenant, elle me harcèle pour que je reprogramme un RDV avec lui et comme elle me sent sur la défensive, elle essaie de me mettre la pression pour que je lui lâche le numéro de ce gars... Grrrr... je t'assure, elle me rend chèvre ! Le problème, c'est que mes clients signent pour un nombre minimum de rendez-vous arrangés... Et il m'en reste encore deux à lui planifier... Il va donc falloir que je trouve un remplaçant à son goût... Heureusement, les mecs jeunes et mignons, c'est pas ce qui manque dans mon catalogue pfffiouuu ! Mais laisse-moi te dire que je n'apprécie pas du tout son impatience, ni ses manières ! Malheureusement, elle a un côté un peu procédurier, alors j'ai intérêt à la satisfaire au plus vite... je sais que je ne pourrai l'esquiver éternellement, hélas... même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque crois-moi uuurgh ! Mais ce sont les risques du métier aussi... »

A ces paroles, Kise bugua.

Ou plutôt, les connexions se firent brutalement dans son cortex cérébral.

C'était comme si on venait de rallumer la lumière, alors qu'il se trouvait dans le noir total.

A tous les étages.

« Qu... Qu'est-ce que tu viens de dire Satcchi !? »

« Que j'en avais assez que cette dame me harcèle sans arrêt... et que j'avais peur qu'elle finisse par me coller un procès pour rupture unilatérale de contrat... ? »

« Non... juste avant ça... »

« Ah ! Que j'allais être contrainte de lui prévoir un nouveau rendez-vous avec un autre garçon célibataire de mon catalogue ! » Sourit-elle.

« Et... tu fais souvent ça ? Je veux dire, ça arrive souvent ce genre de trucs ? »

« Les clients insatisfaits ? Hmmm oui, dans mon métier, c'est même monnaie courante. Tu sais pour que ces relations fonctionnent, il faut être deux. Et si ne serait-ce que l'une des deux personnes sélectionnées refuse de continuer l'expérience, même si l'autre en a envie, c'est voué à l'échec alors on arrête tout. C'est ma politique, en tout cas. J'estime que ça ne vaut pas la peine d'insister. Aucune seconde chance n'est donc accordée et pas de remboursement non plus ! Il faut que ça matche directement, dès le premier rendez-vous ! Sinon, c'est limite de l'acharnement thérapeutique ! »

...

En entendant à nouveau les mots magiques du Magicien d'Oz, le Kitsune se mit à trembler sans pouvoir s'en empêcher.

Nerveusement.

Mais pas de peur, non.

D'excitation.

Ça y est.

Il le tenait ENFIN son plan.

Grâce à Momoi.

Or, bien qu'il était décidé à ne pas intervenir jusqu'à il y a peu, le cauchemar qu'il venait de faire avait rebattu et redistribué les cartes alors en sa possession.

Car à présent, il savait comme agir. Ça pouvait marcher s'il s'y prenait bien, mais il allait devoir jouer serré... Parce qu'il ne lui avait pas échappé hier que...

Hmm...

En tout cas, il n'avait pas une seule minute à perdre alors, car le temps œuvrait contre lui !

Après tout, Haizaki attendait de l'aide de sa part, non ?

Et bien soit, l'ex joueur de Fukuda allait en recevoir.

Et regretter d'en avoir souhaité.

Pas question de subir cet affront et cette situation ubuesque plus longtemps. Sinon, Kise savait qu'il ne partirait pas l'esprit tranquille. Alors avant de s'envoler pour les Maldives, il allait débarrasser Haizaki de Vivi, une bonne fois pour toutes et Momoi venait de lui donner sans le vouloir la clé de l'énigme qui consistait à remplacer la perte par un gain équivalent.

Kise était conscient de ce qu'il lui restait à faire.

Et il ne reculerait devant rien ni personne cette fois. Cette mascarade avait trop duré à son goût et à ses dépens. Pas étonnant donc, que sa fierté le pousse à quitter le pays sur une victoire. Serein. Car hélas, s'il attendait trop, son cauchemar de la veille pourrait bien devenir réalité... Et plus tôt qu'il ne le pensait, ça en prenait le chemin d'ailleurs... Haizaki semblait sur le point de lui échapper à cause de cette vieille radasse libidineuse... Et le subconscient de Kise ne s'y était pas trompé. Il la voyait comme l'ennemie à abattre. L'ennemie toute désignée, ultime rempart dressé autour du cœur d'Haizaki. Pas qu'il tienne tant que ça à le (re)conquérir, détrompez-vous, mais question de fierté !

« Satcchi, tu peux me passer mon portable qui doit se trouver la commode derrière toi stp ? Y a pas une minute à perdre ! Et hmm, tu crois que Tatsuyacchi accepterait de me prêter quelques vêtements ? Et de m'emmener quelque part ? Non... quoi que ça, je dois pouvoir me débrouiller seul... »

« Oh mais ça ne le dérangera pas de jouer les chauffeurs ! Toi, tu m'as l'air de partir en mission ! Quand tu prends cet air déterminé là... c'est que ça va chauffer ! Alors, quel est l'plan ? Va falloir prendre quelqu'un en filature ? Suivre un autre véhicule en mode planque ? J'adore, hihi ! »

Elle le connaissait décidément trop bien ! C'était presque trop facile avec elle... Il lui avait suffi d'un seul coup d'œil en sa direction pour comprendre qu'il se tramait quelque chose...

« Allez steuplé, raconte-moi tout ! Je veux des détails ! Ça a un rapport avec Zakkun, n'est-ce pas ? Je parie que oui ! Ha et dis-moi, est-ce que tu crois que pourrai t'aider d'une façon ou d'une autre moi aussi ? J'aimerai faire quelque chose pour toi, c'est pas parce que je suis enceinte que je suis soudainement devenue impotente ! Il s'agit d'une affaire super excitante, j'en suis sûre et moi et le bébé, on ne veut pas être laissés de côté ! Alors je t'en priiiie laisse-nous participer ! Pas juste Tatchan ! Moi aussi j'ai envie de me rendre utile et de m'amuser un peu par la même occasion ! Ça me changera un peu de ma routine et de tous ces célibataires asociaux, incapables de se remettre en question ! »

Pour marquer son intérêt, elle lui adressa un regard de chiot battu. Or Kise y était particulièrement faible et puis son instinct ne la trompait pas... Effectivement un gros coup se profilait... Un gros coup de filet...

Décisif.

« C'est d'accord, je viens en effet de penser à quelque chose et c'est justement une mission qui ne peut être menée à bien que par toi seule... »

« Trop bien ! » S'enthousiasma la rose en sautillant sur le matelas. « Que dois-je faire ? »

« Mais pour cela... il va falloir m'écouter attentivement et répéter mot pour mot tout ce que je te dirai, sans impro, ok ? »

« Hmm hmmm ! Oui, suivre un script ça je peux faire, sans problème ! ^^ Avec plaisir, même ! Ce sera un peu comme si Tatchan était ton conducteur et moi, on n'aura qu'à dire que je suis ta secrétaire, d'accord ? »

« Si tu veux, en quelque sorte, ouais ! » Gloussa Kise, aussi amusé qu'elle par cette distribution improvisée des rôles.

En tout cas, l'enthousiasme de la jeune femme était franchement contagieux et communicatif !

Sans compter que ça lui redonnait le moral de voir deux de ses plus fidèles amis se montrer si dévoués à sa cause. D'autant que Momoi avait spontanément proposé son aide sans contrepartie, mais surtout sans savoir qui se trouvait en tort entre lui et Haizaki...

Kise estima donc qu'elle avait au moins le droit de savoir, de connaître le fin mot de cette histoire. Ce en faveur de quoi elle allait agir. Il lui fit en conséquence un rapide résumé de « l'affaire ». (Et c'est marrant parce qu'en anglais « Affair » signifie « adultère », « tromperie », ce qui tombait plutôt juste ici.) La version courte, sans entrer dans les détails, allant droit à l'essentiel, à savoir l'événement choquant de la soirée : VIVI QUI JOUE AU SHAMBALLA SOUS LA TABLE AVEC LES BOULES D'HAIZAKI ! ET JUSTE SOUS SON NEZ EN PLUS ! RAAAH MAIS CE CULOT SANS BORNE !

CE SCAAAAAANDAAAAAAAAALE !

Momoi resta suspendue à ses lèvres pendant toute la durée de son récit sans oser l'interrompre, l'écoutant même religieusement, yeux écarquillés...

... De même qu'Himuro, qui les avait rejoints entre temps, appuyé contre l'encadrure de la porte.

Ah ouais, c'était du lourd là !

Ils avaient encore du mal à en croire leurs oreilles !

Pas étonnant que Kise ait ressenti le besoin de s'enfuir sans se retourner, sur un coup de tête... N'importe qui d'autre en aurait sûrement fait autant... Enfin, la grande majorité des gens, en tout cas.

There is only so much bullshit humans can take...

Mais d'un commun accord tacite... visuel... Momoi et Himuro décidèrent de ne pas enfoncer davantage le clou. Kise n'avait pas besoin de les entendre s'indigner, ni même en rajouter une couche. Haizaki avait sûrement ses raisons, quelles qu'elles soient, il avait dû faire ce qu'il jugeait... opportun, disons, sur le moment. Ou dans le feu de l'action. Même si c'était indéniablement sacrément con ! Mais le décoloré n'était pas connu pour ses talents de stratège, ni pour être une flèche. A vrai dire, cela n'étonnerait pas le moins du monde Momoi qu'Haizaki ait pu volontairement choisi la pire option possible. Juste pour faire chier Kise au maximum.

Cela lui ressemblait bien. Il était capable de se saborder complètement uniquement pour avoir le dernier mot. En avoir l'illusion, en tout cas. Et pour ce faire, assumer le rôle du grand méchant ne lui faisait pas peur. D'après ce que la fine analyste des Miracles comprenait de la situation – pourtant complexe et bourrée de fausses routes et autres culs de sac – il lui apparaissait clair qu'Haizaki tentait autant d'attirer Kise, que de le repousser. Constamment. Inversant tout le temps les positions pour mieux brouiller les pistes. Pour autant, cela ne pouvait pas simplement être dans le but d'affaiblir sa proie... Mais alors pour quelle raison ? Hmm... lui seul le savait... Dans le meilleur des cas. Car il se pouvait très bien que même Haizaki ignore ce qui le poussait à agir de la sorte.

Bon... et bien, il semblerait que Momoi allait devoir avoir une petite conversation en tête-à-tête à cœur ouvert avec le principal concerné. Très prochainement. Et pourquoi ne pas justement profiter du voyage d'affaires de Kise pour cela ? Haizaki n'allait tout de même pas oser lui refuser cette humble requête, pas à une FAIBLE femme enceinte quand même ? D'autant qu'elle cherchait à l'aider lui aussi dans tout ça ! Quel gros crétin n'empêche, non mais je vous jure... Pas possible d'être aussi borné ! Tous les autres qui croisaient sa route tombaient peut-être dans le panneau, facilement trompés par les apparences qui jouaient clairement en sa défaveur, mais pas elle. Oh, elle ne pouvait pas leur en vouloir, c'étaient des mecs après tout ! Ils étaient simplement moins sensibles à ce genre de choses qu'elle. Mais Momoi savait.

Et depuis longtemps.

A l'époque, elle était même la seule à avoir compris qu'Haizaki voulait être stoppé. A tout prix. C'est pour cela qu'il n'avait pas cherché à se venger ensuite, ni d'Aomine, ni de Kise, après que le basané l'ait allongé au sol d'une bonne droite bien placée. Ce soir-là, lors de leur altercation, Haizaki souhaitait juste que quelqu'un l'arrête. Mette un terme à sa noirceur. Le remette à sa place, comme Nijimura en son temps et agisse comme un garde-fou. C'était juste sa façon à lui de l'exprimer... d'appeler à l'aide... maladroitement... Le brun natté se faisait peur. Il n'avait plus de limite et il savait pertinemment que s'il continuait ainsi... qu'est-ce qui l'attendait, au final... ? Rien de bon. La prison. Au mieux. Sinon, se faire assassiner dans une ruelle comme un animal, poignardé à de multiples reprises par une lame appartenant au premier type armé un peu soupe au lait, qu'il aurait chatouiller d'un peu trop près... ?

Pas terrible comme issue... Suite à cette écrasante défaite par K.O. vs One Punch Aomine Man, le tressé n'avait plus jamais fait reparler de lui en mal. Ni en bien d'ailleurs, mais ça, c'était une autre histoire. Il avait simplement disparu de la circulaire... comme évaporé... dans la jungle urbaine. Momoi savait pourtant de source sûre qu'il avait continué le basketball après ça, mais elle ne l'avait plus recroisé jusqu'à la fin du lycée, l'équipe de Fukuda n'allant jamais très loin lors des matchs de qualifications ou officiels. Dommage. Haizaki avait du potentiel. Si seulement il ne possédait pas l'attitude merdique qui allait de paire avec... Mais il n'avait pas eu ce fameux déclic, contrairement à Aomine qui avait su se ressaisir grâce à l'aide de Kagami et de Kuroko. Encore une fois, Haizaki n'avait pas eu cette chance. Celle de pouvoir compter sur quelqu'un et de remettre les compteurs à zéro.

Principalement par sa propre faute, certes. Mais tout de même... Quelle triste perspective... Être ainsi voué à la solitude. Entouré par la vide. N'avoir personne qui compte pour vous et ne compter pour personne en retour... Momoi ne pouvait pas s'empêcher de ressentir de la pitié. D'autant qu'elle le connaissait et il n'était pas si méchant dans le fond ! Bon d'accord, il fallait pas mal creuser et faire preuve d'un certain sens de l'observation pour le comprendre, mais depuis que Kichan vivait avec lui, le blond se montrait ouvertement plus souriant. Il avait même (re)pris du poids et du poil de la bête.

Sans compter qu'au moins, avec l'ex-racaille, on ne s'ennuyait jamais ! Peut-être un peu trop d'ailleurs. Ce qui expliquait son besoin impérieux et légitime de faire un break. Sauf que Momoi était persuadée qu'Haizaki ne pensait pas à mal et qu'il n'avait donc réellement pas fait exprès de se faire prendre la main... heuuu dans le slip... ? Nan, même pour lui, cela aurait été beaucoup trop cruel et radical comme méthode. Et puis, s'il voulait vraiment se débarrasser de Kise, comme il pouvait parfois être tenté de le faire croire, Haizaki n'aurait pas cherché à le retenir lors de la fête.

Non, il y avait DEFINITIVEMENT quelque chose d'hyper louche dans son comportement ambivalent, voire contradictoire, et en tant que statisticienne Satsuki était bien décidée à mettre le doigt sur le grain de sable qui grippait la machine ! Sans compter sur son honneur d'ENTREMETTEUSE de génie était en JEU ! Il fallait qu'elle trouve un moyen de rabibocher ses deux-là ! Déjà qu'elle avait complètement raté le coche avec Dai-chan et Tai-chan, il fallait donc au moins qu'elle se rattrape sur ce coup-ci ! Ce serait sa plus belle réalisation si elle y parvenait ! Réconcilier et mettre en couple les deux crétins-rivaux (surnom qui pouvait également s'appliquer à Kagami et Aomine, notez...) les plus entêtés et destructeurs de la planète ! Oh oui, elle en faisait une affaire toute personnelle, même ! Super Satsuki, à la rescousse !

... Ahaha c'est pourquoi, elle se sentit presque MAL à l'idée de tromper Haizaki comme elle s'apprêtait à le faire. Sur demande Kise, certes. Mais tout de même ! Cela la mettait légèrement mal à l'aise, à dire vrai... il s'agissait d'une forme de crasse, si on poussait un peu...

Elle s'installa donc en tailleur sur le canapé-lit toujours déplié et mit son téléphone sur haut-parleur pour que ses camarades masculins puissent entendre et suivre toute la conversation en direct.

« Allô Zaaaaaaakkun ? » Elle avait adopté son ton le plus MIELLEUX pour l'occasion. Quelle actrice incroyable, pas du tout suspecte ! Surtout lorsque sa tonalité monta soudainement dans les aigus, comme si sa voix allait dérailler. La faute au stress, évidemment... « C'est Satsuki Mom-... heuu Himuro ! »

« ... Comment tu as eu mon numéro ? » Répondit une voix passablement... agacée ? Surprise ? Peut-être un peu des deux à la fois... Sans dire ni quoi, ni merde et surtout pas bonjour !

ZUT !

La douille !

Premier obstacle !

Qui arrivait d'entrée de jeu !

Car ni elle, ni Kise n'avaient prévu cette question pourtant banale et toute légitime...

Ah ben bravo !

Ahaha les nuls... paye le niveau de tes comploteurs !

Leurs regards paniqués se captèrent, pas un pour rattraper l'autre.

Heureusement, la véritable éminence grise de la pièce, le GENIE DU MAL, SAURON EN PERSONNE, comme aimait l'appeler Aomine fût un temps et nonobstant le fait qu'il s'agisse DOUBLEMENT de son beau-frère, se décida à intervenir. Puisqu'Haizaki avait changé de numéro depuis le collège, elle ne pouvait décemment pas invoquer cette excuse. Il fallait donc improviser et vite, de préférence.

Avant qu'il ne se décide à leur raccrocher au nez, quoi. Pour ne pas se faire entendre par leur nerveux interlocuteur, Himuro fit donc des signes à sa belle. Signes qu'elle était la seule à savoir interpréter correctement de toute évidence, parce que Kise ne bita rien. (Comme d'habitude, ça ne changeait pas !)

« Ah ! C-c'est heuuu Kichan qui me l'a donné la dernière fois, tu te souviens, quand on s'est vus tous les trois dans ce café que tu nous avais recommandés ?»

Allait-il gober cette explication un peu bancale et bricolée à la va vite... ? Le suspense était insoutenable et Momoi serra son téléphone dans sa mimine moite.

« Ouais, je m'en rappelle très bien merci et encore heureux : c'était y a même pas un mois... Ce serait carrément grave si j'avais déjà oublié... »

OUFFFF !

Tous les trois soupirent de soulagement et Kise manqua même de s'écrouler par terre, tenant un coussin blotti contre lui.

Ce n'était pas passé loin !

« J-je m'étais dit que j'aurai peut-être besoin de te joindre à l'occasion, sait-on jamais et puis BAM, ce jour a fini par se présenter et il se trouve que c'est justement aujourd'hui hahah ! »

« ... Qu'est-ce que tu me veux ? » Demanda t-il, au comble de la méfiance.

Même pas « que puis-je faire pour toi ? » Non, blaaah direct dans l'agressivité !

« Si c'est Ryota qu'tu cherches à joindre... » Reprit Haizaki sans laisser l'opportunité à la rose de poursuivre sa petite comédie. « ... Il est pas avec moi et non, j'sais pas où il est, j'y peux rien s'il décroche pas et je sais pas non plus quand il compte rentrer... D'autant il part pour un shooting aux Maldives demain... Alors j'sais pas quoi t'dire de plus, essaie de continuer à l'appeler. Il finira bien par te répondre à toi, insiste encore un peu... »

Il semblait... crevé à l'autre bout du fil. Apparemment, la nuit n'avait pas été de tout repos pour lui non plus...

ET BAH TANT MIEUX, C'ETAIT TOUT CE QU'IL MERITAIT CE SALE GIGOLO ECO + ! CE POINCONNEUR AU RABAIS DE VIEILLES BIQUES EDENTEES + ! Pas de raison que Kise soit le seul à faire des cauchemars horribles et traumatisants par sa faute !

« Noooon, tu m'as mal comprise ! Ce n'est pas à Kichan que j'ai besoin de parler, mais bel et bien à toi ! Je t'appelle concernant une certaine heuuu Viviane Robinson... Tu la connais, je crois ? »

Pas de réponse.

C'eut été trop facile aussi... Where would be the fun in all that ?

A nouveau, Momoi jeta un regard affolé en direction de son chéri. Ce dernier lui signala de continuer à « broder », en faisant tourner ses index ensemble pour dire « enchaîne » ! Autant dire qu'elle n'avait pas intérêt à gaffer, lâchement livrée à elle-même !

« Du moins, c'est ce que Kichan m'a dit ! En fait, je l'ai eu au téléphone juste avant de t'appeler ! »

Mince, elle aurait directement dû dire que c'était à ce moment-là aussi que Kise lui avait passé ses coordonnées. C'eut été moins compliqué comme plan. Tant pis, occasion manquée ! On dit qu'il ne faut pas pleurer sur le lait renversé, ou quelque chose comme ça... En espérant qu'Haizaki continue donc à gober la pilule...

« Lui aussi il la connaît, alors pourquoi t'as spécifiquement besoin de moi au juste, j'comprends pas bien du coup ? »

« Parce que j'ai pas ses coordonnées ! Je t'explique ! Il s'agit en réalité d'une de mes nouvelles clientes ! Elle est venue s'inscrire à mon agence heu... » Elle attrapa un calepin qui traînait sur la table de chevet et en fit tourner les pages, pour faire penser qu'il s'agissait d'un agenda, pas bête ! Momoi approcha son téléphone pour qu'on entende bien le bruit du papier qui se froissait et ainsi mieux faire illusion. « ... avant-hier, jeudi donc ! Tu sais que je possède ma propre agence matrimoniale, n'est-ce pas ? Bon bah au cas où tu l'ignorais, tu es au courant maintenant ahaha ! Bref, quoi qu'il en soit, les nouveaux inscrits doivent tous remplir un formulaire avec leurs coordonnées et je leurs fais passer un petit questionnaire de rien du tout également dans le même temps. Ce qui, basé sur leurs préférences et grâce aux statistiques, me permet de déterminer ensuite le partenaire idéal pour eux, parmi ceux qui figurent dans ma base de données et... »

« ... Une agence matrimo... ? » La coupa t-il, un peu sèchement. « C'est quoi c'délire, pourquoi Viv' ira t'elle claquer sa tune dans une arnaque pareille ? C'est une vraie pompe à fric ces machins-là et en plus, elle n'a pas besoin de cela pour... »

Cette fois, ce fut la jeune femme qui l'interrompit, remontée comme un coucou Suisse !

« NAN MAIS HO ! Je m'insurge espèce de malotru mal embouché ! (Essayez de le dire vite, vous allez voir c'est marrant !) Sache que mon agence est une entreprise très professionnelle et très sérieuse, pas une arnaque ! Je peux me vanter d'obtenir d'excellents résultats, figure-toi ! Pour ta gouverne, sache que 98,6 % de mes inscrits trouvent un partenaire durable ! Et tu peux me croire les yeux fermés, les statistiques, c'est mon domaine et je revois scrupuleusement mes chiffres toutes les semaines, pour qu'ils soient toujours à jour et représentatifs ! Satisfait ou remboursé, c'est la politique de la maison et je ne transige pas avec mon taux de réussite, qui est également ma carte de visite ! » Cria Momoi, de quoi lui percer un tympan... Leur percer un tympan à tous, en fait... « Alors je t'interdis d'insinuer quelque chose d'aussi méprisant ! En plus, il s'agit d'une agence ultra, giga, méga, sélective ! Uniquement réservée aux personnes aisées, disposant d'un certain niveau de vie et de revenus ! Tu n'imagines même pas le nombre de dossiers que je recale chaque jour pour continuer à rendre un irréprochable service de qualité ! Ah çaaaaa, si tu savais, c'est sûr : tu ferais moins le malin, Monsieur j'ai la critique facile et infondée ! Enfantin de juger les efforts des honnêtes travailleurs qui cravachent dur, quand on n'a soi-même pas de vrai boulot ! »

Ouille.

Note pour plus tard : ne jamais mettre une femme enceinte en rogne... Les hormones tout ça... Encore moins lorsqu'il s'agissait d'une self-made woman émérite, auréolée de succès telle que Momoi. Haizaki venait d'en prendre pour son grade et il risquait de s'en souvenir pendant un bon moment, surtout s'il était devenu sourd entre temps...

Mais ce fut pourtant un sourire sournois dans sa voix qui accueillit la rosée...

Mince, Haizaki se doutait-il de quelque chose ? Pourtant, le discours de Momoi avait été parfaitement calibré ! A croire qu'il était resté aussi imperméable qu'insensible à sa plaidoirie !

« Ah ouais ? Tellement sélective et professionnelle apparemment que tu acceptes les femmes mariées... ? J'savais pas que tu gérais ce genre d'établissement Satsu... »

Avec le petit ton méprisant qui va bien.

ARRRRRGH !

Bien joué, il l'avait coincée le joueur de Poker ! Jolie répartie !

Il venait d'abattre son Joker OKLM ! Et personne n'avait rien vu arriver !

BORDEL ILS ETAIENT FOUUUUUUUUTUS COMME LE TITANIC QUI VIENT D'HEURTER L'ICERBERG, LA !

Touchés, certes, mais pas encore coulés !

Tout juste avaient-ils encore le temps de sortir les canots de sauvetage !

Les femmes enceintes et les mannequins d'abord !

« Mais heuuu ! Je n'y suis pour rien moi, si les gens mentent sur leur statut ! Et elle... Elle a biiiiien indiqué « VEUVE », oui, c'est ça, je le vois : c'est écrit en gros et tout, souligné en rouge même ! Trois fois, en plus ! Tu crois vraiment que j'ai le temps de vérifier leurs affirmations et de leur demander une photocopie de leur livret de famille, en guise de preuve !? BAH NON MON PETIT PERE, PARCE QUE J'AI UNE AFFAIRE HONNETE A FAIRE TOURNER, MOI, J'AI PAS QU'CA A GERER ! ALORS SI MAINTENANT HEIN, ON N'PEUT PLUS FAIRE CONFIANCE SUR PAROLE AUX GENS FORTUNES ET SE BASER SUR LEURS SEULES DECLARATIONS CERTIFIEES CORRECTES, MAIS OU VA-T-ON, JE TE LE DEMANDE !? » Improvisa une Momoi aussi rouge que les cheveux de Kagami. « MAIS CE MONDE DE DINGUE EST FOU, (non tu crois... ? Sacré pléonasme. Ou euphémisme, je ne sais pas...) TOUT FOUT LE CAMP ! JE SUIS SCANDALISEE ! AH MAIS ELLE VA M'ENTENDRE CELLE-LA TU VAS VOIR, ATTENDS SEULEMENT QU'ELLE REMETTE LES PIEDS DANS MA PRESTIGIEUSE AGENCE CETTE MEGERE MYTHOMANE, ELLE VA M'ENTENDRE AAAH CA TU PEUX EN ETRE CERTAIN ! NON MAIS J'HALLUCINE, QUELLE GARCE, OSER ME MENTIR AUSSI EFFRONTEMENT ET DE MANIERE EHONTEE, MENACANT AINSI DE COULER MON BUSINESS FLORISSANT, POUR LEQUEL JE ME SUIS TELLEMENT INVESTIE, A CAUSE D'UN MANQUE TOTAL DE TRANSPARENCE ! »

... Ola elle en faisait un peu trop, là non ?

Mais c'est bien connu : plus c'est GROS, plus... bah... c'est gros en fait !

Heu non ! C'est « plus ça passe » la suite correcte du dicton !

« Hey là, d-du calme ! J'veux pas qu'elle ait des ennuis à cause de ma grande gueule et de mon incapacité à la tenir fermée ! J'en ai trop dit, alors en souvenir du bon vieux temps, fais-moi une fleur et prends en charge son dossier normalement, comme si t'étais au courant de rien, ok ? Sinon à tous les coups, ça va encore m'retomber d'ssus ! Ce serait bien son genre de m'reprocher de ne pas avoir pu s'inscrire par ma faute... Me balancer que je suis responsable pour avoir gâché sa vie sentimentale et sexuelle... Et j'tiens clairement pas à m'en mêler... ! » Se rétracta illico le gigolo. (Ça rime.)

MAIIIIS QUOIIIIIIII ? (Quoicoubehhhh !)

Ils avaient bien entendu là ? Ils n'étaient pas tous victimes d'une hallucination auditive collective hein ?

HOURRA !

Terre, terre droit devant !

Nous sommes sauvés !

Haizaki avait marché ! On ne sait pas quel MIRACLE, mais le coup de colère de Momoi avait porté ses fruits !

Kise s'éventa frénétiquement avec le carnet de Momoi, il commençait à avoir chaud là...

Trop d'émotions...

« T'as b'soin d'quoi exactement ? Adresse mail, numéro de téléphone ? »

Pfff... comme si cette vieille peau née au temps des pyramides savait se servir d'un ordinateur ! Kise voudrait bien voir ça, tiens !

« Tél ça ira très bien pas besoin de plus, je te remercie. »

« Ok, bouge pas. J'te file ça tout de suite. »

« Ça marche, j'attends. »

Si proches du but ! Himuro s'en rongeait même les ongles à présent. C'était presque trop beau pour être vrai...

Et soudainement, l'illumination.

« Hé mais juste comme ça au fait... J'devrai p't'être la contacter avant pour m'assurer... » QUE T'ES PAS EN TRAIN DE ME MENER EN BATEAU EN ME RACONTANT DES GROSSES CONNERIES ! « ... qu'elle est bien ok avec la diffusion de ses données persos... »

MERDOUILLE, que répondre à ça maintenant !? La salvatrice méfiance de dernière minute !

« J'veux dire, si ça s'trouve, elle est pas du tout v'nue te voir... »

...

Non mais le mec lisait dans les pensées, c'était pas possible autrement !

« ... et t'es en train d'essayer de la démarcher comme ces VRP dont il est impossible de se débarrasser... Histoire de l'avoir dans ton carnet d'adresses et de la plumer le plus possible, en ne lui arrangeant des RDV qu'avec des vieux croulants incapables de bander... »

!

Kise mordit carrément dans le pauvre oreiller innocent qu'il tenait toujours en otage, cette fois.

Mais heureusement, Momoi garda son calme. Ce serait bête de perdre son sang-froid maintenant. Haizaki essayait de la provoquer, mais était-il vraiment nécessaire et utile de rappeler qu'elle avait supporté Aomine pendant DES ANNEES ? Alors à côté de la nonchalante panthère, le loup était du pipi de chat !

« Et bien vas-y, tu n'as qu'à le faire si tu ne me crois pas. Je n'y vois aucun inconvénient à vrai dire. C'est tout à fait normal de vouloir vérifier les informations que je t'ai données ! »

Mais QUOI ? Mais OU ? Dans quel monde !? Qui disait des trucs pareils !? Qu'est-ce que c'était que cet argument à la pompe-moi le nœud ? Momoi venait-elle soudainement de retourner sa veste et de les trahir ?

En réalité, son aplomb était tel qu'il eut l'effet escompté et Haizaki relâcha sa garde.

Elle n'avait aucune raison de lui mentir, pas vrai ? Et le fait qu'elle coopère montrait clairement qu'elle n'avait rien à se reprocher... Qu'elle ne cherchait pas à le tromper.

« Mais si tu choisis de le faire, laisse-moi te prévenir qu'elle avait l'air extrêmement pressée de pouvoir participer à son premier blind date. Elle risque de ne pas apprécier que tu la déranges pour rien... surtout de si bon matin... et que tu lui fasses perdre de son temps précieux ! Parce qu'elle m'a eu l'air d'être femme très occupée ! »

Et BIM l'argument final, celui qui fit pencher la balance du côté des vivants !

« Nan c'est bon, pas la peine... J'te crois sur parole... » Il ne tenait pas vraiment à vérifier tout compte fait... Viviane faisait bien ce qu'elle voulait de son cul, après tout. Et puis, elle laisserait peut-être le sien enfin tranquille grâce à Momoi. « Alors son numéro c'est... »

Il lui dicta soigneusement, prenant même la peine de le répéter, articulant bien et tout. Ce qui ne manqua pas de surprendre Kise. Jamais il n'avait vu sa Némésis aussi conciliante !

Haizaki, sautant sur l'occasion de se débarrasser de Miss R. ? ALLONS BON, MAIS QU'ALLEZ-VOUS CHERCHER !?

« Mais juste... tout c'que j'te demande en échange... c'est de n'pas lui dire que c'est moi qui te l'ai passé... Sinon, je risque d'avoir de gros problèmes... »

« Ne t'inquiète pas, je protège toujours la confidentialité de mes clients et de mes amis ! Je ne dévoile jamais mes sources, alors elle n'en saura rien du tout, je te le garantis. Tu as ma parole, même ! Elle ne doit de toute façon pas se rappeler qu'elle a oublié d'indiquer ses coordonnées à ma secrétaire... »

... Oups...

« Ta secrétaire ? Tu n'm'as jamais parlé d'ça... Attends une seconde, j'comprends pas là : je croyais qu'elle avait zappé de remplir la case d'un formulaire !? C'est bien ce que tu m'avais dit, non ? C'est quoi cette histoire de secrétaire tout à coup !? D'où est-ce que ça sort !? »

OOOOOOOOOOOHHH !

L'ERREUR DE DERNIERE SECONDE DANS LES ARRETS DE JEU ! Celle qui pourrait leur coûter le match et la victoire ! Apparemment, le brun n'était pas le seul à avoir abaissé ses défenses, en faisant preuve de trop d'assurance... et pas assez de prudence...

« Oi Satsuki ! Fais pas semblant d'm'ignorer, j'ai horreur de ça ! Putain, réponds-moi ! C'est quoi c'plan qu't'es en train d'essayer d'me mettre !? J'aime pas trop ça, m'faire enculer par des nanas... (... heu ce n'est pourtant pas ce que révélera Miss Robinson dans un futur proche...) Surtout sans m'faire inviter à dîner au préalable, quitte à être celui qui s'fait baiser ! »

Le ton monta drastiquement et dangereusement... Haizaki ne semblait pas du tout amusé par la tournure prise par la situation... ayant flairé le coup fourré un peu tard certes, mais... juste à temps quand même.

« Hahaha... c'est riiiiiiiien, j'ai dû m'tromper ! Désolée, mais j'dois vraiment y aller là, Tatchan m'attend pour aller au marché ! Ils font une super promo immanquable sur les fruits du dragon en c'moment ! Byyyyyyyyyyyye ! »

« Sat-... ! »

Elle lui raccrocha au nez en vitesse, lâchant son téléphone sur le matelas comme si elle venait de se brûler avec. Après cet incident, ce petit « fourchage » de langue qui avait failli leur coûter cher, ils contemplèrent tous les trois le petit appareil comme s'il était... possédé ! Et sursautèrent ensuite tel un seul homme (ou une seule femme, ne soyons pas sexistes...) lorsqu'il se remit à sonner furieusement, moins d'une demi-seconde après la fin de l'altercation... (la sonnerie de Momoi étant « Heart beat, Heart break », le plus célèbre single du groupe pop rock acidulé/glam punk d'Himuro... Mais ça leur fit plutôt tous penser à la « Marche de Satan », dans ce contexte précis...)

Personne n'osa le toucher, le prendre pour vérifier de qui il s'agissait...

Pas la peine de toute façon puisque le nom de l'interlocuteur s'afficha directement sur l'écran.

Sans surprise, hélas...

HAIZAKI SHOGO !

« Ah ! C'est encore lui ! Que dois-je faiiiire les garçons !? » Paniqua Momoi. « Et surtout, qu'est-ce que je lui dis cette fois ? »

Surtout qu'avec sa gaffe incontrôlée, elle s'était trahie et probablement compromise pour toujours !

« Hyaaaa Tatchaaaan-chéri, fais quelque chose je t'en suppliiiiiiiiiie ! »

Comme bien souvent, c'était le brun à la mèche que sa petite femme appelait à la rescousse... Enfin non, il était mauvaise langue, Momoi n'était pas la seule à profiter de ses largesses. Alex aussi et régulièrement. A croire que c'était un réflexe de filles de solliciter son aide avant toute chose.

Déterminé à agir FOR THE GREATER GOOD, l'ancien chanteur et guitariste attrapa courageusement le smartphone d'une main ferme et autoritaire.

Même pas peur !

Nom d'un Christian Lacroix, qu'allait-il oser faire !?

SE SACRIFIER POUR LE GROUPE !?

« NOOOOOOOON TATSUYACCHI ! Je t'en conjure, repose ce téléphone, c'est d'la FOLIIIIIIE ! » Essaya de l'en décider le beau mannequin.

« Aaaaah j'peux pas voir ça, c'est trop affreuuuuuuux ! » Hurla Momoi en se cachant les yeux.

Et là...

Le temps suspendit sa course...

Himuro leva son index...

Et d'un geste sûr, impérial, il l'abattit sur l'écran tactile sans faillir, ni même vasciller.

Et un nouveau miracle eut lieu ! (Y a tellement de miracles dans ce chapitre, que je vais finir par le renommer « LOURDES » !)

L'engin du DEMON cessa immédiatement de sonner et de convulser sur le lit dépliable, façon « l'Exorciste ».

« Voilà, j'ai bloqué l'appel entrant. Il ne devrait plus pouvoir nous importuner maintenant. »

... Laissant les deux imbéciles bouches bées l'espace de quelques salutaires instants...

Avant que la Nature ne décide de reprendre ses droits et que Momoi se jette dans ses bras pour un câlin de réconfort.

« Kyaaaa Tatchan, mon héros ! Aaaah j'ai tellement qu'on fasse l'amour pour te récompenser de ton courage exemplaire, mon preux chevalier servant ! »

Heu... ouais ! Pourquoi pas, après tout ? Mais peut-être pas devant Kise quand même...

... Qui vint se prendre au cou du beau dragon à son tour...

« Nyaaa je sais pas ce qui m'arrive, mais moi aussi j'ai soudainement très envie de te faire l'amour tout à coup Tatsuyacchi, c'est trooooop bizarre comme sensation ! Je comprends totalement le besoin irrépressible de Satcchi ! Qu'est-ce qui nous arriiiiiiiive !? »

Bon... après que le couple eut gentiment (mais fermement, néanmoins) repoussé cet élan d'affection déplacé de la part du renard en calmant ses ardeurs, Momoi se réinstalla près de lui et lui communiqua à son tour le numéro de Miss Robinson.

« Tu crois qu'il nous a donné le bon ? »

« Il n'avait aucune raison de nous mentir... Pas à ce moment-là, du moins. »

« J'espère qu'il ne va pas la prévenir avant... » S'inquiéta l'ex-manager.

« Je pense que non... Parce que s'il le faisait, elle saurait que c'est lui qui est à l'origine de la fuite et qui a vendu la mèche. » Il lui adressa un sourire sucré, touchant sa main gentiment. « En tout cas, encore merci pour tout ce que tu as fait, tu as été parfaite ! Mais maintenant, c'est à moi de prendre le relais... »

Et en toute honnêteté, il appréhendait pas mal son tour.

Parce qu'il s'était confié la tâche la plus délicate. Un seul faux pas de sa part et il ruinerait les efforts de ses amis.

Ce fut avec cette immense pression sur les épaules qu'il appela son agence, pas du tout serein...

Mais ce n'était rien en terme d'angoisse par rapport à ce qui l'attendait en cet instant...


Kise consulta nerveusement l'heure sur son téléphone.

Hmm... quatorze heure vingt-six. Il était clairement venu en avance... En même temps, il ne voulait pas risquer de la rater, mais cela faisait déjà bien une demi-heure qu'il poireautait et en était à son quatrième verre de jus de fruits. Ah et une bière au compteur aussi ! Ben quoi... ? Il fallait bien qu'il se donne un peu courage et l'alcool aidait bien dans ces cas-là ! A condition de ne pas en abuser attention hein, sinon ce serait contreproductif : il allait encore finir ivre comme hier et tout faire capoter. Mais résultat des courses : maintenant, il avait envie de s'absenter aux toilettes pour soulager sa vessie enflée par la boisson ! Elle lui semblait même sur le point d'exploser à tout moment ! Glamour, je sais... sauf qu'il ne pouvait pas se permettre de quitter son siège. Même pas une seule toute petite micro seconde !

Himuro avait bien essayé de le mettre en garde pourtant... de ne pas venir trop tôt. Que ça ne servait à rien. Mais Kise n'en avait fait qu'à sa tête comme d'habitude et il avait insisté pour que le bro de Kagami le dépose hyper tôt sur le lieu de rendez-vous. L'affable ancien leader des « Amazing Three Pointers » s'était donc plié à sa volonté sans broncher. L'endroit était coquet. Un petit café situé dans une rue piétonne peu passante, pavée. Légèrement à l'abri des regards. Avec des tables et des chaises en fer forgé absolument charmantes. Une jolie devanture agrémentée de plantes fleuries aux couleurs douces. Blanc et rose se mélangeaient harmonieusement. On ne se croirait pas du tout à Los Angeles, mais plutôt loin du marasme et de la pollution de la grande ville. Un véritable havre de paix au milieu de la jungle urbaine. Ah en fait... Aucune mauvaise surprise possible de ce côté-là, Kise avait justement sélectionné ce lieu exprès. Parce qu'il s'y était déjà rendu et savait donc à quoi s'en tenir.

Et pour cause : il s'agissait du Cheesecake Factory, le café familial que lui avait recommandé Haizaki en personne !

Il était d'ailleurs fort probable que ce soit Miss Robinson qui ait fait découvrir cet endroit à Haizaki au départ, même...

Mais au fil des minutes, sa patience commençait à s'égrainer. Et si cette VIEILLE TCHOUIN décidait finalement de ne pas se pointer au dernier moment !?

Argh, elle n'en avait pas le droit, tant il avait été tellement difficile de la convaincre de venir la rombière !

URGH.

Vous n'avez pas idée de ce à quoi Kise avait dû s'abaisser pour cela !

Il avait été obligé de lui lécher les pieds brrr... bien entre les orteils... de jouer les gentils, de prendre sa voix la plus douce et joviale pour qu'elle ne se doute de rien. Et vous savez quoi ? Le pire dans tout ça, c'est que ça n'avait même pas fonctionné ! Elle s'était directement méfiée de lui, comme si elle soupçonnait quelque chose ! Pourtant, Kise s'était assuré de lui servir son plus beau d'acteur, celui qui faisait craquer toutes les filles en temps normal...Mais pas elle. C'était comme si cette carne périmée était immunisée contre son charme ! Mais Kise ne trouva même pas la force de s'en offusquer ou de s'en vexer.

Il n'était clairement pas à son goût, (bizarre, il était au goût de tout le monde d'habitude !) pour une raison qui lui échappait totalement, mais dans le cas présent, cela jouait en sa faveur. Ne restait donc plus qu'à l'exploiter à son avantage. Ce qu'il comptait bien faire. C'était même la raison de sa venue...

Kise avait beaucoup de défauts, dont celui d'avoir un peu trop la tête dans les nuages et d'être extrêmement vola...tile. (Et non pas « volage) Comme l'air, ouais, tout à fait ! Sûrement à cause de signe astrologique, dont c'était l'élément conducteur. Mais comme tous ceux doués du talent de copie, il possédait également un sacré sens de l'observation (lorsqu'il ne se trouvait pas dans le déni...) et hier... une certaine information ne lui avait pas échappé... Or, il comptait bien s'en servir contre Miss Robinson...

... Dès qu'elle aurait daigné pointer son gros pif crochu, cette satanée sorcière bien entendu !

Ah mais voici donc qu'elle arrivait ! Justement vêtue d'un élégant trench coat beige, doublure intérieure à carreaux, (sûrement un Burberry...) assez semblable à celui qu'elle portait dans le cauchemar du blondin. Elle était chaussée d'échasses... heu de talons aiguilles rouges vernis et son visage se trouvait dissimulé derrière de grosses lunettes mouche estampillées Elie Saab. Comme d'habitude, elle ne quittait jamais son ENOOOOOOOORME sac couleur moutarde : l'iconique Birkin d'Hermès. (D'une valeur flirtant avec les huit mille dollars tout de même, soit une broutille pour elle.) Vivi avait d'ailleurs noué un célèbre carré de soie assorti, de la même marque autour de sa nuque fine pour compléter son look si chic, mais tout en sobriété.

Ah...

Quel dommage...

Kise l'observa un moment d'un air rêveur. Cette femme ne commettait jamais aucune faute de goût, elle avait un sens inné et aiguisé de la mode. La classe incarnée.

... Alors oui, DOMMAGE, que ce soit une GROSSE MORUE !

Ils auraient pu tellement bien s'entendre tous les deux et même se faire des virées shopping d'anthologieensemble, qui sait ?

« Faites vite, je n'ai pas beaucoup de temps à vous consacrer ! » Lança t-elle avant même de s'asseoir.

Ah direct le coup de pression. Kise décroisa, puis recroisa les jambes et attrapa lentement son verre pour le porter tout aussi lentement à ses lèvres et en boire encore plus lentement son contenu... Histoire de l'obliger à attendre la mocheté ! Non mais ! C'était lui qui décidait, lui qui impulsait le rythme de ce rendez-vous ! A peine arrivée qu'elle commençait déjà à essayer de le castrer en cherchant à s'approprier le commandement de leur entrevue !

Mais ça ne se passerait pas comme ça avec lui !

Oh que non !

Il ne s'appelait pas Haizaki, lui !

« Aaaaah... Ça fait du bien par où ça sort ! » Soupira t-il de bonheur, sans la moindre gêne, avant de...

...

Lui lâcher un rot bien gras à la figure. Un rot de compét' dont il n'était pas peu fier en cet instant. Dingue d'imaginer que ses si mignons et délicats poumons aient pu renfermer un monstre pareil !

« Oups, veuillez m'excuser ! C'est ce qui arrive inévitablement hélas quand on boit un peu trop VITE... »

Il se massa le ventre d'un air arrogant et suffisant. Voici qui devrait la remettre à sa place et marquer la domination du top model par la même occasion. Effectivement, cette impolitesse suscita chez la rombière une moue de dégoût, son nez se retroussant sur son minuscule visage pour signaler son mécontentement.

« Vous voulez boire quelque chose ? Leurs jus de fruits pressés sur place sont excellents, mais je ne saurai que trop vous les déconseiller, car comme vous avez pu le constater, ils ont tendance à donner quelques gaz... »

Il rota à nouveau dans son poing, plus doucement, davantage pour la forme et pour appuyer son propos cette fois. Rien de très impressionnant comparé au précédent Godzilla.

Pas de réponse. Elle se contentait simplement de serrer contre elle son précieux sac. Heeeu elle avait peur qu'il ne lui vole ou quoi ? Kise lui adressa donc un signe de la main :

« Mais asseyez-vous, je vous en prie. A votre ÂGE, rester debout trop longtemps risque d'aggraver votre scoliose déjà bien prononcée ! »

ET PAN DANS LES DENTS LA CROULANTE !

Alors qu'est-ce que tu dis de ça, hein !?

La bienséance aurait pourtant voulu que Kise se lève pour lui tirer sa chaise et l'inviter à prendre place comme un parfait gentleman. Tel Haizaki hier soir. Mais il n'était pas Haizaki. Et accessoirement, il emmerdait les conventions datées. Les femmes avaient voulu l'égalité des sexes et bien, elles l'avaient eue. Normalement, il n'aurait pas été contre faire preuve de la plus élémentaire des politesses, surtout envers son aînée, sa mère l'ayant particulièrement bien éduqué et dans le respect des personnes plus âgées, mais ehhhhhhhhh pas envie là !

MEGA FLEMME.

Si elle voulait poser son gros cul, elle n'avait qu'à se démerder toute seule la matrone !

Ce qu'elle fit donc, toujours sans lâcher son sac à main.

Baaaah alors Vivi, on est toute tendue... ?

C'est quoi le problème ?

Mais qu'importe, tant mieux même ! Parce que Kise comptait bien s'la faire... (Heu... pas dans ce sens-là, vous l'aurez compris, évidemment...)

« Ça va, pas rentrées trop tard hier soir ? Désolé, j'admets qu'il était un peu cavalier de notre part à moi et à SHOGO de ne pas vous raccompagner, mais à nos âges... on a du mal à supporter l'odeur de la naphtaline trop longtemps. Ça a tendance... à nous taper sur les nerfs, vous comprenez je suppose ? »

Et vas-y que j'te rentre dedans d'entrée de jeu !

« Mais je reste néanmoins persuadé que vous avez bien dû trouver un pauvre naïf pour s'acquitter de cette tâche ingrate, hmmm... ? »

« ... Qu'est-ce que vous voulez ? Vous feriez mieux d'aller cuver, vu la façon dont vous vous êtes lamentablement donné en spectacle hier soir et dont vous continuez à le faire encore aujourd'hui... » Riposta la harpie.

Cette fois, Kise ne put s'empêcher de voir aussi rouge que les chaussures de créateur de Viviane.

Au départ, il ne comptait pas trop la bousculer. Cela étant, si elle avait fermé sa gueule... Mais comme même quelque chose d'aussi basique semblait être au-dessus de ses forces, Kise décida de s'en charger lui-même.

« Ecoute-moi bien la VIOQUE, j'ai ni le temps, la patience d'écouter ton petit numéro de grande dame outragée. Pseudo respectable. Pseudo bien sous tous rapports. Alors qu'on sait tous les deux très bien que t'as vu passer plus de kilomètres de saucisses qu'un rayon boucherie... Donc épargne-nous ça, tu veux bien, et fais-nous gagner du temps ok ? Parce que ça n'prend pas avec moi. »

Choquée, la « grande dame », tressauta légèrement sur sa chaise.

« Comment osez-vous me parler de la sorte, espèce de... »

Et en plus, il avait le culot de la tutoyer !? Ils n'avaient pas élevé les cochons (ni les cochonnes...) ensemble ! S'adresser ainsi à une femme de sa stature, ignorait-il donc QUI elle était !? Un rappel à l'ordre s'imposait...

« Bah vas-y, qu'est-ce que t'attends ? Balance-la moi ta saloperie si t'en es capable et qu'on en finisse ! Allez, dépêche-toi, parce que t'en auras plus l'occasion après quand j'aurai commencé à parler ! D'autant que le temps qui te reste à passer sur cette Terre ne va pas aller en augmentant, l'ancêtre... »

Kise la défia du regard, ses prunelles virant lentement, mais sûrement au doré. Signe que le feu de la colère bouillonnait au fond de lui... et qu'elle était en train de monter, monter, monter... Et c'était vraiment... flippant à voir. D'ailleurs Viviane ne s'y trompa pas. Le renard attendit, attendit, attendit... mais rien ne vint. Aucune remarque. Aucune réflexion malvenue.

« Ouais... c'est bien c'que j'pensais. » Fit Kise en gobant cul sec le fond de son verre comme s'il s'agissait d'alcool fort... « Que d'la gueule. Bien, maintenant que t'as fini ta petite crise de la soixante-dizaine, on va peut-être enfin pouvoir discuter toi et moi... comme deux adultes responsables. Enfin, essayer du moins. Parce qu'en ce qui me concerne, je ne peux pas promettre que le dialogue restera cordial jusqu'au bout... »

Se penchant vers elle, il appuya son menton dans le creux de ses mains jointes...

« Je sais tout. J'ai tout vu hier, alors laisse-moi te prévenir tout de suite qu'il est inutile de nier. Ça risque de me foutre encore plus en colère et à ta place j'éviterai. T'as vraiment pas envie d'voir ça, crois-moi Vivi... Je disais donc... que je suis au courant que Shogo te saute et également que vous avez une sorte d'accord qui vous lie tous les deux. J'ignore encore lequel et je ne suis pas sûr de vouloir le savoir, rassure-toi, c'est pas pour ça que je t'ai fait venir aujourd'hui... »

Elle l'avait vraiment pris pour un con jusqu'au bout, maintenant qu'il prenait quelques secondes pour y réfléchir...

Enfin, elle n'était pas la seule...

Combien de temps Miss Robinson et Shogo l'avaient-ils baladé ? Prétextant s'occuper de son jardin, tailler ses rosiers, arroser sa pelouse, entretenir son gazon... Que de métaphores végétales visant à le tromper et à se jouer de lui pour le guider sur une fausse piste, tandis qu'eux, s'envoyaient tranquillement en l'air dans son dos... Riant de lui et de sa naïveté. De sa stupidité.

« T'en fais pas Viv' ! » Devait fièrement clamer Haizaki. « Ce gars-là, j'en fais mon affaire. Je l'connais bien tu sais, il gobe les couleuvres comme des queues ! »

A cette idée, son regard s'assombrit soudain, sans prévenir. Comme s'il venait de switcher d'humeur en un battement de cil.

« En fait... et sans même avoir besoin de savoir de quoi il s'agit vous concernant, je peux d'ores et déjà t'affirmer que j'ai justement dans ma besace un deal encore plus intéressant à te proposer... Et je suis persuadé que tu as très envie de l'entendre maintenant que je t'en ai informée... »


Oh la vache, WHAT A RIDE ! Il s'en est passé des trucs dans ce chapitre !

- Le mythe de Pygmalion... Et ouais, on est comme ça ici ! Il fallait absolument que je le place et c'était le moment parfait pour cela, l'analogie était trop belle, trop adéquate !

- L'entrée en scène de Momoi et Himuro : J'ai été tellement heureuse d'écrire avec eux, vous ne pouvez pas savoir ! J'attendais juste la bonne occasion pour les "sortir" et je ne regrette pas le résultat qui, je trouve, est allé au delà de mes espérances ! J'ai vraiment aimé rédiger leur dynamique individuelle et collective avec Kise. Tout le monde aurait bien besoin d'amis comme eux dans sa vie..

- La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de penser que noyer ton chagrin et ton cerveau dans l'alcool est une bonne idée, Kise... Sous peine de refaire un cauchemar de ce genre...

- Alors à votre avis, quel est ce fameux DEAL que notre Kitsune (inter)national souhaite passer avec la Méchante Sorcière de l'Ouest pour sauver Toto, son chien (pauvre Haizaki... toujours à se faire comparer avec un clébard par tout le monde...) adoré ? (eeeeeeeeeeetttt je réalise que les plus jeunes d'entre vous n'auront certainement pas la référence...)

- NON, JE NE SUIS PAS GERONTOPHOBE ! Je tenais à le préciser, je n'ai rien contre les femmes ou les hommes à plus âgés qui sortent avec des jeunots, tant que c'est consenti et que la relation est équilibrée. Cependant... on ne va pas se raconter de salades non plus, ce genre de relations repose souvent sur des rapports de domination où le plus âgé use de son pouvoir, de son argent ou de son influence pour contrôler le moins expérimenté... Je ne cherche pas à le dénoncer ici, n'oubliez pas qu'il ne s'agit que d'une histoire fictive, qui n'est en rien le reflet de mes opinions personnelles. J'essaie juste de me mettre du côté de chacun, ce qui m'intéresse c'est de comprendre ce qu'on peut ressentir, quelle que soit sa position.

- WOW. KISE EST ENCORE PIRE QUE SON MEC, SERIEUX ! Je suis choquée, j'étais pas prête ! (Ouais, la meuf qui le découvre en écrivant ahemmm... encore une fois, mon cher renard m'a échappé...)

- Neuf. C'est le nombre de fois où Kise a dit ou pensé "Maudit Haizaki" tout au long de ces vingt-sept chapitres. Faites ce que vous voulez de cette info, mais savez également que dans le sens inverse, cela donne onze "Maudit Kise" ! SA FE REFLECHIRE comme diraient les jeunes de la génération Z :p

Sur ce, à bientôt et merci de m'avoir lue jusqu'au bout ! J'espère sincèrement que ce chapitre assez riche vous aura plu... Le prochain devrait être assez décisif et dépeindre la nature du deal qui unit Miss R. à Zaki, sous forme de flashback. Et on devrait également en apprendre plus sur l'une des motivations "cachées" de Kise, à mettre un terme à cette situation. Une motivation que je n'ai, volontairement, pas abordée jusqu'ici... mais que j'ai déjà pu évoquer dans un chapitre antérieur ;) pour les curieuses ! (Indice : ça a un rapport avec le métier de l'un des anciens copains de Kise...)

BISOUILLES !