Résumé du chapitre précédent :
Pour Pamela, il est temps de tourner la page. Elle veut affronter Nott et rétablir la vérité. Elle est comme toujours soutenue par Severus, un ami précieux qu'elle est heureuse d'avoir décidé d'aborder sur un coup de tête. Elle ne pensait pas que leur histoire qui avait débuté sur quelque chose de purement physique finirait par devenir une amitié inestimable.
Il la soutient et elle se sent prête à aller au bout malgré les manigances de Nott. Malheureusement avant le procès, elle doit annoncer la terrible nouvelle à sa famille et cela l'angoisse.
Du côté de James, tout va étrangement bien, il est sur son petit nuage. Il adore sa nouvelle vie et ne veut pas déprimer parce qu'il est devenu un loup-garou. Il se jette à corps perdu dans la création de son magazine et partage sa joie avec Regulus. Il ignore ce que lui cachent ses amis au sujet de la dernière pleine lune et les dernières dispositions prises par Jedusor. Heureux est l'ignorant.
Regulus lui ait contaminé par la joie de son petit-ami et veut faire confiance à Hugo pour trouver une solution à leur problème. Il s'inquiète néanmoins pour son frère qui ne semble pas dans son assiette. Il le trouve différent sans arriver à comprendre pourquoi. De plus sa rupture avec Remus l'interpelle, il ne le comprend plus.
Les Aspics approchent, la fin de l'année scolaire également et bientôt le gagnant du classement de Pouldard sera connue. Mais en attendant, une invitée de marque s'est rendue à Poudlard. Il s'agit de la spécialiste en lycanthropie Monica Martin ! Regulus comprit vite que c'est avec elle qu'il échangeait des lettres. Il apprend qu'elle connaissait Greyback dans sa jeunesse avant qu'il ne devienne un meurtrier, qu'elle était l'amie de la femme qu'il aimait. Monica lui révèle un secret que les dirigeants du monde ne veulent pas entendre, les loups-garous ne sont pas tous des criminels. Regulus pense alors qu'il y'a un espoir pour James.
Après avoir été menacé par Jedusor, Hugo change de stratégie pour démasquer le psychomage. Il comprend qu'il lui faut quelqu'un capable d'élaborer des plans et qui a des contacts, mais aussi une personne qui pourrait comprendre le but de l'homme à travers ses actions. Il pense alors à son ami l'auror Maugrey et lui rends visite. S'il n'est pas bien reçu, il est tout de même heureux d'apprendre que Maugrey était sur la piste du psychomage. Les deux sorciers feront donc équipe pour le faire tomber !
Comme pour Pamela, ce n'est plus l'heure à la déprime pour Remus Lupin. Bien décider à comprendre comment Jedusor a pu leur tendre un piège et connaitre la vérité sur la vraie nature de James Potter, il s'en va voir Pomfresh pour lui parler de ses étranges symptômes. Si d'abord celle-ci ne le prend pas au sérieux, devant son insistance, elle lui fait subir plusieurs examens et analyse. Elle découvre alors avec stupeur que le Poufsouffle est frappé d'un mal autrefois disparu. Un mal qui reflète la cruauté de son exécuteur.
Chapitre 54 : Le bout du chemin
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Pomfresh exerçait depuis des années dans l'école de magie de Grande-Bretagne. Elle avait vu bon nombre d'élèves défiler et considérait Poudlard comme sa maison. Malgré son implication, elle s'était pourtant toujours tenue éloignée des réunions et des décisions importantes pour l'école. Pendant longtemps, elle avait cru que son seul rôle était de prendre soin de la santé des élèves, et que cela passait par le fait de soigner des blessures physiques occasionnées la plupart du temps par les matchs et entrainements de Quidditch ou encore toutes sortes d'accidents lors de cours ou impliquant les escaliers du château.
Elle avait mis du temps à se rendre compte qu'elle était dans l'erreur. Une part d'elle considérait que jusqu'à présent, malgré sa bonne volonté, elle avait simplement fait le minimum. Si chacun était à son poste et effectuait son travail correctement, les choses ne pouvaient que bien aller. Qu'elle avait été naïve de penser ainsi ! À croire qu'elle avait oublié comment le monde fonctionnait. Elle avait travaillé pour Albus pendant des années et l'avait vu parfois se tromper, manquer de compassion ou démontrer un déficit de communication, mais elle n'avait rien dit, parce que ce n'était pas son rôle.
La vérité était surtout qu'elle avait craint de mal faire, de se tromper et que ses décisions amènent à une situation plus grave encore. Elle n'avait pas voulu qu'après coup, on puisse reporter la faute sur elle. C'était ridicule. De plus, nombre de ses collègues professeurs lui avaient parfois demandé conseil. Ils discutaient souvent entre eux. Poudlard était comme une famille, et cette affirmation valait autant pour les élèves que pour les adultes.
Après avoir détourné les yeux durant si longtemps, après s'être tue pendant des années, elle se retrouvait dans une situation catastrophique qui demandait d'elle qu'elle agisse vite et qu'elle fasse les bons choix. La pauvre infirmière n'avait pas l'habitude de tenir un rôle si important, elle qu'on ne venait voir que pour soigner les petits bobos. Elle était paniquée.
Elle espérait simplement avoir réussi à le cacher au Poufsouffle.
Malheureusement, elle avait encore en mémoire le visage effrayé de Remus Lupin. Elle avait dû le laisser seul, sans même pouvoir lui apporter le soutien et les réponses aux questions qu'il se posait. Mais elle avait dû partir car il s'agissait d'une situation d'urgence et qu'elle n'avait pas les épaules pour gérer une crise d'une telle ampleur. Il lui manquait également les compétences pour débarrasser le Préfet-en-chef du mal dont il avait été frappé.
La seule solution qu'elle avait dans l'immédiat était de prévenir les directrices. Elle voulait les voir en personne pour correctement leur expliquer ce qu'elle avait découvert. S'assurer que le nécessaire serait fait.
Une partie d'elle avait aussi besoin de s'éloigner quelques secondes, de digérer ce qu'elle avait découvert. Même si la situation n'était pas la même, cela lui rappelait ce qu'il s'était passé avec Pamela Alton.
Qu'était donc devenu Poudlard pour que les élèves n'y soient non seulement plus en sécurité, mais surtout en grand danger ? Albus Dumbledore lui avait promis qu'après ce qui était arrivé à la Serdaigle, tout était réglé, et que Poudlard redeviendrait paisible. Il n'était plus là, le système n'était plus le même, mais le danger était toujours bien présent.
Elle se demanda un instant si le danger n'avait pas toujours été là…
Pomfresh grimpa les escaliers quatre à quatre et arriva devant le bureau des deux directrices, essoufflée et les joues rouges.
— Ce n'est plus de mon âge, lâcha-t-elle difficilement.
Elle entra directement sans prendre le temps de reprendre son souffle. Elle atterrit au beau milieu du bureau et fit face au regard interloqué des deux femmes qui étaient en plein débat sur le déroulement des jours offerts aux élèves avant les examens.
— Mais voyons ! Ce ne sont pas des manières ! s'agaça la brune, son accent russe très prononcé.
— Pomfresh que faites-vous là ? s'étonna la co-directrice.
— Nous avons un problème.
L'infirmière de l'école s'en voulut de commencer avec une phrase si bateau. Elle ne savait pas comment leur annoncer la mauvaise nouvelle alors elle se lança simplement, jugeant qu'il n'y avait pas de bonne manière de dire quelque chose d'aussi grave.
— Un élève est en danger. Son organisme et sa magie présentent de fortes traces de poison et de magie noire.
— Quoi ? hoqueta Elvi Mundock. Qu'êtes-vous en train de dire ?!
La brune plissa les yeux et retint sa respiration. L'infirmière continua sans s'occuper de l'interruption de la directrice.
— D'autres examens plus poussés permettront de mieux diagnostiquer le sort qu'on a tenté de lui réserver mais à l'heure actuelle, je pense qu'il s'agit d'un affaiblissement pour extraction d'information.
— Vous n'êtes pas sérieuse, Pomfresh, s'inquiéta la blonde et Pomfresh se tritura les mains sans répondre. Vous parlez d'un sortilège interdit depuis des années et qui n'est plus utilisé depuis la précédente guerre magique ! À l'époque déjà, cette méthode pour obtenir des informations de l'ennemi était décriée car cruelle !
Amélia croisa les bras pour tenter de camoufler sa panique. Elle avait un poste à haute responsabilité, la confiance du ministre. Il fallait qu'elle se montre à la hauteur. Peu importe si elle n'était pas formée pour gérer ce type de situation. Elle était encore jeune et n'avait jamais appris à diriger un établissement scolaire, surtout de la trempe de Poudlard. Elle savait que le mieux à faire était de se fier à sa collègue qui avait plus d'expérience et plus de poigne qu'elle.
— Eh bien, répondez ! s'impatienta Elvi Mundock.
— Je peux me tromper, admit l'infirmière. C'est à ça que serviront les examens.
Mais dans sa voix, dans son regard, l'infirmière semblait pourtant sûre d'elle.
— Je préviens tout de suite St-Mangouste ! décida l'envoyée du ministère.
— Nom d'une bouse de dragon fertile ! Pourquoi les choses doivent-elles toujours mal se passer ici ?! éclata la brune.
Pomfresh se posait les mêmes questions.
-Qu'allons-nous faire ? lui demanda-t-elle au moment où Amélia quittait le bureau pour contacter les médecins.
Car le problème était bien là. Une fois Remus Lupin prit en charge, qu'allaient-ils bien pouvoir faire pour que Poudlard soit une fois pour toutes un endroit sûr ? Fallait-il fermer de nouveau le temps qu'une enquête soit menée ? Prévenir les parents avant ou après l'enquête ? Il y avait également la possibilité d'évacuer Poudlard. Ou peut-être que le suspect était encore présent dans les locaux et ce serait alors une mauvaise idée car cela pourrait permettre au coupable de s'enfuir. Mais s'ils n'étaient pas suffisamment méticuleux et que l'information circulait, des indices pourraient être cachés. Pomfresh se posait énormément de questions et attendait simplement que la co-directrice lui assigne une tâche car elle était incapable de réfléchir calmement.
— À partir de maintenant, il va falloir agir avec prudence. À qui avez-vous parlé de la situation pour l'instant ? lui demanda la brune.
— À part vous, personne. Je suis venue dès que j'ai compris ce qu'il se passait.
Elvi hocha la tête comme si elle était rassurée.
— Très bien. Pour l'instant, vous vous chargerez seulement de prendre soin de l'élève en attendant les secours. De qui s'agit-il d'ailleurs ?
— Remus Lupin.
Dans le regard sombre de la Russe, Pomfresh vit comme du soulagement, comme si elle était rassurée qu'il ne s'agisse pas d'un élève dont les parents occupaient un poste important et qui pourraient leur faire payer la situation. Pomfresh préféra ne rien dire et imaginer qu'elle avait mal interprété.
— Il va falloir réunir les professeurs et tenir une réunion d'urgence. Les cours de demain seront annulés. Nous devons savoir ce qu'il s'est passé. L'affaire des fugitifs est censée être derrière nous, je ne comprends pas qui aurait pu vouloir faire du mal à Poudlard une nouvelle fois.
— Un des fugitifs n'a toujours pas été retrouvé de ce que j'ai entendu.
Pomfresh avait des sueurs froides en imaginant que Poudlard puisse être de nouveau attaquée.
— Nous verrons cela, nous ne pouvons pas écarter cette idée.
Pomfresh acquiesça.
— Nous ne voulions pas en venir là, mais si Poudlard est encore une passoire, nous devrons limiter les libertés et déplacements des élèves pour leur sécurité et engager une milice, ajouta la directrice.
— Une milice ? tiqua l'infirmière.
La femme ne lui répondit pas, plongée dans ses réflexions. A cet instant, Amélia revint, essoufflée, et les informa que les secours devraient être là dans moins de dix minutes. On somma ensuite à l'infirmière de l'école de retourner auprès de son patient qu'elle avait laissé seul tandis que les directrices s'organisaient pour tenir leur réunion de crise avec les autres professeurs. Pomfresh, se sentant inutile, allait s'exécuter, mais s'arrêta alors qu'un détail lui sautait subitement aux yeux.
— Je ne crois pas vous avoir entendues parler de joindre les Aurors. Quand est-ce que vous allez le faire ?
Amélia et sa collègue se jetèrent un bref regard.
— Nous débattrons de ce fait lors de la réunion, décida la brune.
A ces mots, Pomfresh perdit le calme qu'elle s'était efforcée de conserver.
— Comment ça ? Il s'agit d'un grave évènement, ce n'est pas quelque chose dont vous pouvez décider lors d'un vote !
— Prévenir les Aurors amènera de graves conséquences, comme la divulgation que malgré les réformes opérées, Poudlard n'est toujours pas sûre. De plus, c'est un évènement tellement grave que le ministre en personne doit être mis au courant, et ce même avant les autres autorités compétentes.
— Ce que vous dites n'a aucun sens, s'indigna l'infirmière.
— Je le sais bien, mais c'est ce que nous imposent les règles, se désola Amélia.
— Je pars faire un saut au Ministère, chargez-vous de commencer la réunion, décida la brune.
L'infirmière se sentit ignorée, comme si on jugeait qu'on lui avait suffisamment accordé d'importance. Ça avait souvent été le cas. Son travail n'était pas reconnu à sa juste valeur et on la maintenait en dehors des grandes décisions. Elle était consciente que c'était en partie sa faute. De son temps, Dumbledore l'avait souvent invitée aux réunions mais ne se sentant pas assez intelligente, pas assez réfléchie, elle avait décliné. Pomfresh prenait toutes ses décisions avec son cœur. Elle était émotive et les situations qui demandaient beaucoup de sang froid lui donnaient du mal. Elle ne pensait qu'au bien-être des élèves, elle faisait toujours en sorte d'être là pour eux. Elle s'inquiétait sincèrement pour ces enfants dont certains n'avaient parfois pas de famille pour le faire. Elle n'était peut-être qu'une simple infirmière avec un pouvoir de décision limité, mais elle avait néanmoins accumulé une certaine expérience et il était sans doute temps de la partager.
— Je ne vous laisserai pas commettre la même erreur qu'Albus ! tonna-t-elle. Ce n'est pas à vous de décider si c'est suffisamment grave pour prévenir telle ou telle personne ! Contrairement à vous, je ne suis tenue qu'à un seul protocole, soigner les élèves et veiller à leur santé, mais aussi prévenir tout cas de maltraitance ou d'attaque à leur encontre, et c'est ce que je vais faire. Vous voilà prévenues et si ça ne vous plait pas, vous pouvez me renvoyer. Sur ce, je retourne m'occuper de ce pauvre petit ange !
Elle tourna ensuite rapidement les talons de peur qu'on tente de la rattraper et de l'empêcher d'agir. Elle entendit ainsi la porte s'ouvrir puis Amélia parler à sa collègue. Elle comprit alors que la blonde demandait à sa collègue de la laisser agir. Elle était étonnée. Elle pensait que comme la blonde était à la botte du ministre, elle était incapable de prendre une décision sans l'en avoir informé avant. Peut-être avait-elle réfléchi au fait qu'il valait mieux enquêter sérieusement maintenant pour pouvoir arrêter plus vite le coupable. Ou encore qu'il était inutile de vouloir cacher la vérité, car tout finissait par se savoir un jour.
Alors que Pomfresh s'approchait de l'infirmerie, elle sentit une sorte d'euphorie la gagner ainsi que le sentiment du devoir accompli. Elle avait eu le dernier mot, et ce sans trop de difficultés. C'était plutôt agréable. Pomfresh aurait dû s'affirmer bien plus tôt. Avec Dumbledore, elle n'avait pas osé parce qu'elle avait été tellement fascinée et admirative qu'elle avait bêtement cru qu'il était infaillible. Mais elle s'était trompée. Tout le monde était faillible.
xXx
Remus ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Pomfresh avait bien essayé de lui expliquer la situation mais dès qu'elle avait commencé à parler, Remus avait eu le sentiment de suffoquer. Son cerveau s'était bloqué et il avait eu peur. La manière dont tous ces professionnels de santé l'avaient regardé, avaient semblé le prendre en pitié, l'avait encore plus angoissé. Quand les médecins de St-Mangouste étaient venus le chercher à Poudlard, ils avaient décidé de l'embarquer aussitôt, sans même lui laisser le temps de prendre ses affaires ni même de prévenir ses amis.
Arrivé au sein de l'hôpital magique, la pression était redescendue et la suite des évènements s'était passée moins dans l'urgence. On lui avait refait des analyses. Il avait été vu par un médecin et une psychologue qui lui avait parlé si longtemps que ça avait été dur pour lui de rester concentré et éveillé jusqu'au bout. À l'inquiétude avait succédé la fatigue. À présent, le Poufsouffle était dans sa chambre d'hôpital et réalisait seulement ce qui lui arrivait et ce à quoi il avait échappé grâce à Pomfresh.
Cela lui donnait presque envie de pleurer. Il aurait pu mourir. Il avait bien senti depuis des jours que quelque chose n'allait pas avec son corps. Mais obnubilé par sa séparation avec Sirius, il avait mis du temps à rassembler les pièces du puzzle. Il avait beau en avoir les preuves, il n'arrivait néanmoins toujours pas à croire que le psychomage de Poudlard s'était servi de lui pour les espionner. Car tout était logique à présent. Grâce à son sort sur Remus, Jedusor avait découvert tous leurs plans et ce qu'il savait de ses méfaits.
Le châtain s'en voulait car même si ce n'était pas sa faute, c'était tout de même grâce à lui que Jedusor avait pu tenter de faire tuer Regulus. Il n'avait même pas pu prévenir les frères Black. Peut-être pourrait-il leur envoyer une lettre le lendemain. Il fallait aussi qu'il prévienne ses parents. Remus sentit son cœur se serrer en imaginant leur peine. Mais peut-être que l'école les avait déjà tenus au courant ? Il ne savait pas ce qui allait lui arriver demain, allait-il encore passer des examens ? Ou alors peut-être qu'on ferait enfin en sorte que tout cela cesse ?
On avait beau avoir découvert ce qui lui arrivait, Remus n'était pas certain qu'on l'avait débarrassé du poison qui coulait dans ses veines.
Le Poufsouffle s'allongea sur son lit et observa sa chambre vide. Il aurait aimé ne pas être seul dans cet instant difficile. Il était majeur alors ni Poudlard ni St-Mangouste n'avait été tenu de prévenir ses parents dès son entrée à l'hôpital. Mais il imaginait mal que l'école ne l'ait pas fait car sauf en cas de demande expresse de l'élève, la direction prévenait toujours les proches des évènements importants de leur vie. Remus n'imaginait pas que ce soit différent. Peu importe que son cas soit particulier. Finalement, il était seul mais ce n'était peut-être pas plus mal. Au moins, Jedusor ne pourrait pas l'espionner une fois de plus. Même s'il était probable qu'il ait déjà découvert ce qui lui arrivait.
Vu la gravité de ce qu'on lui avait fait, il y aurait forcément une enquête. Que devrait-il faire alors ? Pouvait-il continuer à se taire sur tout ce qu'avait fait le psychomage en utilisant l'excuse qu'il ne serait pas cru ? Mais avait-il seulement essayé avant d'affirmer cela ? Avant James, Regulus, Sirius et lui n'avaient pas eu de preuves ou alors très peu, mais avec ce qui lui arrivait, c'était différent. Il devrait coopérer. On accorderait du crédit à ses dires car il ne pouvait pas mentir sur un sujet aussi grave. Il y avait des preuves.
Une part du Poufsouffle angoissait à l'idée de tout révéler. Y aurait-il des représailles ? Si Jedusor avait pu lui faire s'en prendre à lui de cette manière, de quoi d'autre était-il capable ? Le châtain resserra son oreiller contre lui et ferma les yeux. Il écouta le calme des lieux et se concentra pour ralentir les battements frénétiques de son cœur. Il avait su dès le début dans quoi il s'engageait en aidant les frères Black et James, il ne pouvait pas faire marche arrière maintenant. De plus, il voulait montrer qu'il était suffisamment fort et courageux pour faire face au psychomage. Remus ne doutait pas que si celui-ci l'avait choisi, c'était bien parce qu'il le considérait comme faible et naïf.
Il allait lui donner tort.
xXx
Pamela serra les dents et fit de son mieux pour faire comme si elle n'entendait pas les deux filles assises dans la salle d'étude deux tables derrière elle. Depuis deux jours, c'était incessant. Elle se sentait épiée, jugée, analysée. Elle n'y avait pas fait attention au début car elle avait l'habitude d'être au centre de l'attention pour de mauvaises raisons. Mais c'était jusqu'à ce qu'elle surprenne une conversation qui n'avait rien à voir avec les ragots habituels.
On parlait d'elle, de ce qu'elle avait subi et du procès qui allait bientôt se tenir. Elle avait failli défaillir en apprenant que son secret n'en était plus un pour grand monde. Elle ne comprenait pas comment les gens avaient pu l'apprendre. Comment osaient-ils en parler comme d'un sujet banal et faire leur pronostic ?! Mentait-elle ou disait-elle vrai ?
Elle n'avait pas mis longtemps à comprendre que peu de personnes étaient de son côté. La jeune femme trainait une réputation de croqueuse d'hommes et beaucoup pouvaient en témoigner. C'était une séductrice et donc forcément, elle l'avait bien cherché. Pamela n'aurait pas dû être surprise de ce déferlement de haine qu'elle subissait, cela avait toujours été ainsi.
« C'est Nott, il peut avoir qui il veut, il n'a besoin de forcer personne. »
Au bout du compte, elle ne savait pas ce qui était le pire.
Ne pas être crue ou qu'on puisse penser qu'elle l'avait bien cherché. Et dire que le procès n'avait pas encore commencé et qu'elle n'en avait pas encore informé ses parents. Il y avait également cette histoire d'avocat qui l'empêchait de dormir la nuit…
Elle était à bout.
Nott l'avait prévenue qu'il allait le lui faire payer et bien entendu, elle n'avait pas de preuve formelle qu'il s'agissait de lui. Mais qui d'autre aurait pu répandre la rumeur ? Il n'y avait que lui d'aussi tordu pour aller aussi loin. Cela montrait aussi l'extrême confiance qu'il avait en lui et dans le fait qu'il ne serait pas puni. Malheureusement, il avait toutes les raisons de l'être, la blonde était bien obligée de le reconnaître. Ce n'était pas à lui de prouver qu'il était innocent, mais à la partie adversaire de démontrer qu'il était coupable. Le problème était que Pamela n'avait que sa parole pour elle.
Autant dire qu'elle n'avait aucune certitude que cela suffise.
Elle s'apprêtait à mener une bataille avec des armes émoussées et en infériorité numérique. La Serdaigle pensait s'y être préparée, mais que tout le monde sache ce qu'on lui avait fait et en parle comme si de n'était rien, qu'elle doive subir les regards et les jugements, c'était trop.
Du mieux qu'elle put, Pamela rangea tranquillement ses affaires. Elle n'avait plus le cœur à travailler. Néanmoins, elle ne devait pas montrer à tous ses détracteurs qu'elle quittait les lieux à cause d'eux. Le problème était qu'en toute circonstance, elle devait sourire et faire comme si tout allait bien, car ce serait pour eux la plus belle des victoires de la voir enfin s'effondrer.
La Serdaigle n'eut pas l'impression de mieux respirer en sortant de la salle d'étude. Elle savait que son calvaire ne pouvait être enfermé entre quatre murs dont il lui suffirait de s'échapper.
Allait-elle tenir bon jusqu'au procès ? Celui-ci n'aurait pas lieu avant juillet.
Elle n'en était pas sûre. Elle se sentait parfois si seule qu'elle se demandait pourquoi elle s'infligeait tout ça. Après tout, le mal était déjà fait et rien ne pourrait effacer cette nuit maudite. Et puis, elle voyait Nott heureux et libre. La blonde se rappelait alors qu'elle se battait pour la justice, pour qu'enfin on lui dise qu'elle était crue et que son agresseur n'allait pas s'en tirer si facilement. Lily et Severus étaient présent pour elle, mais elle se refusait d'être éternellement un fardeau pour eux.
xXx
À quelques jours de la sortie de son magazine, James était surexcité. Il ne dormait pas la nuit et avait selon lui une idée révolutionnaire toutes les heures. Son équipe, loin d'être aussi excitée que lui, avait du mal à canaliser ses emportements. Ses parents avaient fini par se faire une raison et avaient dû reconnaitre qu'il ne s'agissait pas d'une énième lubie de leur fils. Cela ne voulait pas pour autant dire qu'ils le soutenaient et étaient ravis, mais au moins n'étaient-ils plus contre et son père avait même accepté de l'aider pour inscrire son magazine au registre officiel. Il avait également fallu le faire pour sa société pour pouvoir inscrire ses collègues en tant que salariés et leur verser leurs salaires afin de leur permettre de cotiser.
Cela avait fait tout drôle à l'ancien Gryffondor qui avait été bien heureux d'avoir pu compter sur son père. Tout seul, il n'y serait pas arrivé. Il aurait probablement abandonné à cause de la difficulté de la tâche. Devant ses employés, il voulait se montrer confiant et rassurant pour que ceux-ci ne se mettent pas à douter de leur implication dans ce projet hors norme. Frank était un ami de longue date, alors probablement qu'il ne le jugerait pas trop si jamais il avouait qu'en vérité, tout ça lui faisait assez peur. Il était excité et ce projet comptait beaucoup pour lui, mais c'était bien parce que ça comptait qu'il se mettait la pression. La plupart du temps, il le cachait parfaitement avec de l'exagération. Il avait régulièrement de nouvelles idées puis se demandait dans la foulée s'il ne courrait pas à la catastrophe.
Si James arrivait si bien à le cacher, c'était aussi parce qu'il essayait de relativiser. C'était normal de stresser à l'approche de la sortie du numéro 1 de son magazine. Il en parlait avec sa mère qui ne le jugeait pas et ne profitait pas de l'occasion pour lui suggérer d'abandonner, mais le rassurait et lui disait comment gérer les évènements.
La présence d'un ami avec lui dans l'aventure était une bénédiction pour l'ancien Gryffondor. Il savait qu'il pouvait compter sur lui. Il pouvait également parler plus librement avec lui. Cependant, il faisait tout de même en sorte de ne pas trop s'épancher. Il avait proposé à Frank d'intégrer son équipe pour lui changer les idées, lui donner un nouveau but. Il ne voulait pas qu'il se mette à penser que tout ça n'était pas pour lui.
Déjà, l'ancien gardien avait émis des doutes sur la présence de la Serdaigle Rita Skeeter et James avait eu bien du mal à lui expliquer les raisons de son choix. Comme beaucoup, Frank avait une mauvaise image de la Serdaigle mais au fond, il ne la connaissait pas vraiment. C'est ce qu'avait avancé James et Frank était un Gryffondor au grand cœur, il n'était pas du genre à mettre les gens dans des cases. Il avait donc fini par accepter. James étant le grand patron, il n'avait de toute façon pas eu d'autre choix. Mais savoir que son ami acceptait son choix avait tranquillisé le brun. Il voulait que tout se fasse de manière apaisée et qu'il n'y ait pas de tensions dans le groupe.
Rita serait compliquée, voire impossible à contrôler, mais il ne le désirait pas réellement. C'était pour sa spontanéité, ses idées et son sens du marketing que James l'avait recrutée. Mais aussi parce que c'était une femme et qu'elle était à Poudlard, qu'elle avait grâce à son père des connaissances sur le milieu people et journalistique. D'ailleurs, il arrivait souvent à l'ancien capitaine de Quidditch de se prendre la tête avec la blonde. Mais il n'y avait bien qu'avec elle qu'il pouvait partir dans des délires inimaginables au sujet du magazine. Dans une certaine mesure, ils partageaient le même grain de folie. Qui l'aurait cru ?
Avant de l'approcher pour l'intégrer à son équipe de rédaction, James et Rita ne s'étaient presque jamais parlés et ne se connaissaient pas vraiment.
La dernière personne qui composait l'équipe était une sexologue plus âgée encore que ses parents. Elle s'appelait Marilyn et n'avait emménagé en Grande-Bretagne que depuis deux ans. James l'avait rencontrée par hasard alors qu'il méditait les conseils de son petit-ami. Regulus lui avait dit qu'il lui manquait un vrai professionnel du sujet et que s'ils n'écrivaient qu'entre adolescents, les gens ne les prendraient pas au sérieux. Il avait été dans l'obligation de reconnaître qu'il avait raison !
Il avait donc mis une annonce mais les gens ne s'étaient pas bousculés. Il s'était aperçu que les Anglais étaient pudiques et que trouver un sexologue allait être plus compliqué que prévu. Après avoir augmenté le salaire, il n'y avait pas eu plus de candidatures et James avait dû reconnaitre qu'il n'y avait pas beaucoup de personnes pour exercer cette fonction. Au bout du compte, il n'aurait pas dû être surpris. C'était bien pour cette raison qu'il s'était lancé dans cette aventure, parce qu'il y avait un manque, que parler de sexe était encore tabou et que beaucoup de jeunes manquaient d'information que ce soit sur les moyens de contraception, les dangers qu'ils encouraient ou encore les différentes identités sexuelles.
Il avait failli abandonner mais sa merveilleuse mère lui était venue en aide. Involontairement, bien sûr. Un jour où elle l'avait forcé à l'accompagner pour faire le marché, il avait fait une incroyable rencontre. Habituellement, James n'aimait pas cette activité car sa mère s'arrêtait toutes les cinq minutes pour parler pendant presque un quart d'heure avec quelqu'un. La plupart s'extasiaient alors devant le charmant jeune homme qu'était l'héritier Potter et toutes ces vieilles femmes voulaient lui pincer les joues alors qu'il avait clairement passé l'âge.
Mais l'une d'entre elles était sortie du lot. Déjà parce qu'elle n'avait pas tenté de lui caresser les cheveux ou le visage, mais aussi parce qu'elle n'avait rien du stéréotype de la retraitée. En écoutant leur discussion l'air de rien, il avait appris que c'était parce qu'elle travaillait. Elle n'avait pas évoqué son métier et les deux amies avaient parlé de tout et de rien et alors, James s'était désintéressé. Plus tard en repartant du marché, il avait pourtant interrogé sa mère.
— Cette dame travaille encore à son âge ! s'était-il exclamé.
— Jeune homme ! l'avait aussitôt repris sa mère.
— Désolé, mais c'est juste que ça m'a surpris. A son âge, la seule chose que je voudrais, c'est me la couler douce et m'amuser avec mes amis, profiter de la vie !
L'ancien Gryffondor avait pensé à Albus et à la fin de sa carrière. Il avait eu l'air si fatigué et dévasté. L'amie de sa mère était différente. Elle respirait la joie de vivre alors peut-être que contrairement à une quantité importante de personnes, elle n'avait pas l'impression de travailler, mais vivait simplement de sa passion.
— Qui sait, elle est américaine, lui avait appris Euphémia.
James avait froncé les sourcils. Sa mère l'avait dit de la même manière qu'elle lui disait de boire de l'eau quand il avait un peu mal au ventre. Ou encore quand il disait qu'il avait un mauvais pressentiment ou qu'il avait mal dormi et qu'elle répondait que c'était à cause de la pluie. Des raisonnements sans fondement ni logique qu'il ne cherchait même plus à comprendre.
— C'est quoi son travail à cette dame ? lui avait-il demandé.
Sa mère avait souri en haussant les épaules.
— Aucune idée.
— Maman ! avait-il geint, déçu. C'est ton amie et tu ne sais pas ce qu'elle fait dans la vie ? Tu sais quand je mens, quand j'ai mangé un bonbon en plus et quand je prépare un mauvais coup et même quand je reviens des toilettes mais tu ne sais pas ce que fait cette femme pour gagner sa vie ?!
— C'est parce que tu es mon fils, avait-elle expliqué.
James l'avait fixé longuement, las.
— Pour de vrai, mon chéri, je n'en sais rien. Je ne la connais pas depuis longtemps. Elle n'est pas de Godric's Hollow. Je sais simplement qu'elle travaille dans une branche de la médecine peut-être ? Elle dit qu'elle aide les gens à comprendre leurs corps et leurs envies, une espèce de guide ou de coach de vie. Elle a surtout des couples en tant que patients, je crois.
James avait ouvert de grands yeux choqués avant de partir d'un éclat de rire qui avait choqué les gens autour d'eux et effrayé sa mère. Elle lui avait demandé s'il allait bien et s'il fallait faire venir le médecin de famille. Il l'avait de suite rassurée. Après avoir autant galéré, il était simplement soulagé d'avoir trouvé ce qu'il cherchait. Il n'était sûr de rien, mais si sa mère était naïve, il était beaucoup plus réceptif au sens caché des mots. Cette Marilyn, il ne la connaissait pas et elle ne voudrait peut-être pas bosser pour lui, mais James était tenace et avait confiance dans le fait qu'il pourrait la convaincre.
Le jour suivant, il avait demandé à sa mère les coordonnées de Marilyn pour lui écrire. James s'était montré audacieux et n'avait pas pensé une seule seconde à ce qu'il ferait s'il se trompait. Il en avait parlé avec Regulus qui lui avait reproché son inconscience. Mais Rita l'avait félicité et même si ça ne valait pas un sourire de la part de son chéri, c'était comme une pommade rafraichissante sur une vieille égratignure.
Finalement, il s'était avéré que l'amie de sa mère était bien sexologue et que comme son activité dans le village marchait à peine, ce partenariat pour le magazine de James tombait à point nommé.
— C'était le destin ! avait-il jubilé devant elle lorsqu'il l'avait rencontrée la seconde fois pour signer le contrat de travail.
Elle l'avait regardé étrangement et il s'était rappelé de se conduire normalement s'il ne voulait pas qu'elle fuit loin de lui.
Aujourd'hui, c'était la première fois que l'équipe du magazine allait se réunir au grand complet. Bien sûr, Rita étant bloquée à Poudlard et elle ne serait pas physiquement présente mais grâce aux miroirs de Sirius prêtés précédemment à son frère et qui exceptionnellement étaient entre les mains de la blonde, l'exploit serait possible.
— Tu aurais dû voir la tête de Regulus lorsqu'il a dû m'obéir après que tu le lui aies demandé, souriait rêveusement la Serdaigle.
— Arrête d'avoir l'air si satisfaite à ce sujet, c'est étrange. Et c'est aussi l'une des raisons qui font que les gens ne t'aiment pas beaucoup. Ça et tous tes mensonges précédents. D'ailleurs, hors de question que tu retombes dans tes travers !
— Tu serais surpris de savoir que je suis plutôt populaire depuis que tu es parti.
James continuait de préparer la table. Ses parents lui avaient laissé la maison pour qu'il puisse tenir sa réunion mais plus tard, il devrait se trouver un vrai bureau. Il hésitait entre en louer un ou aménager une des nombreuses pièces vides de la maison. C'était nouveau pour lui d'agir en maitre de maison et ce n'était pas comme un après-midi entre amis, c'était une réunion professionnelle. Il ne devait rien oublier et surtout se contrôler.
— Populaire auprès de qui ? Les Poufsouffles, la charria-t-il.
Rita grimaça et James comprit qu'il avait visé juste. Il tenta de ne pas rire.
— Ris si tu veux, se vexa-t-elle. Comme si toi, tu n'étais pas ami avec le plus nounours d'entre eux. Et puis contrairement à ce que les gens pensent, les blaireaux peuvent être cool. Enfin, certains d'entre eux, n'exagérons pas.
— Je sais, je n'ai jamais dit le contraire. C'est comme les Serpentards, ce ne sont pas tous des horribles opportunistes manipulateurs.
Elle haussa les épaules. Pour cela, elle attendait d'être convaincue.
James se déplaça dans le salon et amena le miroir avec lui pour pouvoir continuer leur conversation. Quelques minutes plus tard, Marilyn et Frank sonnèrent. Ils s'étaient croisés sur la route et voyant qu'ils allaient au même endroit, ils avaient fini par comprendre qui était l'autre. L'ancien capitaine de Quidditch les fit entrer et pour que tout le monde soit à égalité, il présenta Marilyn et Rita.
Il était 15 h. La première réunion de l'équipe du magazine Harry pouvait commencer.
xXx
— Je pense qu'on est pas mal, se réjouit Frank.
James le regarda en souriant, heureux de voir son ami plus lumineux depuis quelques jours. Il ne savait pas encore si Frank resterait longtemps pour faire avancer le magazine. Après tout, pour lui, c'était temporaire. Le temps de remonter la pente et de se remettre de la mort d'Alice. Au début, il n'y avait mis que peu d'entrain d'ailleurs. C'était plus pour se donner une raison de sortir et de voir son ami que par réel intérêt. Mais plus la date de sortie du premier numéro approchait, plus il semblait enthousiaste. Cela venait probablement du fait qu'il voyait la consécration de son travail et d'un projet murement réfléchi tous ensemble.
Initialement, l'ancien Gryffondor aurait dû s'occuper d'une section du magazine mais il avait eu du mal à trouver un sujet qui l'intéressait et surtout dans lequel il se pensait bon. Finalement, il avait avoué à James qu'il préférait s'occuper du côté logistique, ce qui allait parfaitement à son ami. James ne pouvait pas demander à son père de s'en occuper indéfiniment, surtout quand il désirait prouver à ses parents qu'ils pouvaient s'en sortir et qu'en plus, Harry serait une réussite.
L'ancien gardien s'occupait donc du relationnel, de l'administratif, des fiches de paye, du visuel du magazine et gérait les impressions et les quantités avec une petite usine d'imprimerie. James lui faisait confiance et lui laissait bien volontiers tout ce travail. C'était beaucoup pour une seule personne, mais ça l'occupait et c'était ce dont il avait besoin.
Marilyn, qui était la seule à vraiment s'y connaitre sur le sujet, s'occupait du concret et prodiguaient des conseils en matière de sexe, des problèmes que pouvaient rencontrer les couples.
James s'occupait de la partie prévention, de contraception et de l'importance qu'avait le dialogue. Il parlerait également du consentement.
Rita quant à elle tiendrait une rubrique axée principalement sur les femmes. Elle démocratiserait le plaisir féminin et parlerait des différences de traitement de la société par rapport aux genres.
-Douze pages pour un premier numéro, c'est plutôt pas mal. On pourra faire plus dans les prochains avec les questions des lecteurs, lança Marilyn.
— S'il y en a, grinça Rita.
James grogna contre elle.
— On devrait mettre quelques photos sexy de mecs musclés, les gens payeraient pour voir ça, comme une sorte de magazine érotique, ajouta la Serdaigle.
— Je ne sais pas, fit Frank, gêné.
James réfléchissait quant à lui sérieusement à l'idée.
— Nous ne sommes pas obligés de mettre des photos mais je pense qu'effectivement, il faudrait quelque chose en plus des articles, quelque chose de sympa qui se dégagerait de Harry. C'est un magazine décomplexé, positif, et les gens doivent le savourer comme une bonne pâtisserie, pas comme un plaisir honteux. Il faut montrer qu'on a de l'humour et que le sexe n'est pas un sujet bouillant et piquant, sauf dans un certain sens, rit Marilyn.
James et Frank échangèrent un rapide regard. Il était toujours un peu perturbant d'entendre une femme de plus de 70 ans dire le mot sexe et en parler comme si de rien n'était.
Frank se racla la gorge et attira l'attention de ses collègues.
— C'est une bonne idée. Les personnes qui liront le premier numéro le feront soit par réel intérêt ou par curiosité. Même si nous faisons un carton, il faudra s'attendre à ce que le numéro suivant fasse moitié moins bien. Il faut que le premier numéro soit accrocheur et parle au plus de monde possible.
Rita se rapprocha du miroir, si bien qu'on voyait à présent son visage en gros plan.
— Il a raison. Il faut de l'intérêt, de l'attachement, et pour ça, il faut faire une annonce choc.
— Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que tu te remettes à inventer des histoires ! intervint James.
— Il ne s'agit pas de ça, pas complètement. Mais crois-en mon expérience, les gens aiment tout connaitre des autres, que ce soit pour juger, se moquer ou même s'en servir comme d'un bon exemple.
— Mademoiselle a raison, acquiesça Marilyn. Il faut une fin accrocheuse pour donner envie aux gens d'avoir la suite, comme pour un roman.
— Je ne vois pas comment on pourrait terminer notre magazine de cette manière. Ce n'est pas comme si on connaissait quelqu'un de célèbre qui avait un truc surprenant à dire et je n'ai pas envie de divulguer un scandale sexuel. Harry est sensé être un magazine joyeux, éducatif et aimant ! s'entêta l'ancien Gryffondor.
— Quelle fleur bleue, soupira la blonde.
— Mettons ce sujet-là de côté et concentrons-nous sur le petit plus qu'on peut apporter au magazine. On doit se revoir à la fin de la semaine et dans la foulée, lancer les impressions, décida finalement James.
Après encore un point de désaccord, deux cafés et un fou rire quand Marilyn expliqua un terme compliqué à Frank, le groupe se sépara. Frank et Marylin s'en allèrent mais Rita ne coupa pas la communication.
— James Potter, fit-elle quand les deux autres furent partis. Ne joue pas à l'ignorant, tu sais très bien de quoi je voulais parler tout à l'heure.
— Tu es vraiment une petite fouine, l'accusa-t-il. Rends ce miroir à Regulus.
— A l'amour de ta vie ? Oh, bien sûr, vous devez vous dire bonne nuit et vous faire plein de bisous lointains ou sinon vous ne passerez pas une bonne nuit loin l'un de l'autre…
James tenta de ne pas rougir. Il soupira cependant. Il ne devrait pas être étonné que Rita sache pour Regulus et lui.
— Quoi ? Tu veux que je dise à tout le monde que je sors avec Regulus Black ? Hors de question. Pas sans son accord et il en a déjà assez bavé comme ça quand les gens ont su pour lui après ce qu'il s'est passé avec Rosier.
— Ce ne serait pas plutôt parce que tu ne veux pas que les gens sachent que tu es bisexuel ?
— Absolument pas. Et d'ailleurs, je suis pansexuel, pas bi. C'est différent.
Rita fit un geste de la main signifiant qu'elle n'en avait absolument rien à faire.
— Donc ton entourage est au courant ?
— Sirius et Remus sont au courant, lança-t-il comme pour se défendre.
— Mais pas tes parents.
James ne trouva rien à dire. Il n'en avait jamais vraiment parlé avec eux mais même s'il n'avait pas dit les mots, ceux-ci devaient se douter qu'il se passait quelque chose avec Regulus. Le brun se passa la main droite dans les cheveux, perdu.
— Je ne vois pas pourquoi ma vie privée devrait être étalée dans notre magazine, soupira-t-il finalement.
— Ce n'est pas tellement ta vie privée l'intérêt, mais l'exemple que tu donnerais. Le fait qu'un garçon si populaire à Poudlard, qui est sorti avec une dizaine de filles, ne soit pas forcément hétéro. Qu'il n'y a aucune honte à ça !
Comme les arguments que Rita avaient du sens, James grogna.
— Et comme je te l'ai dit, les gens se passionnent pour ce genre d'info, ajouta-t-elle.
— Ça va intéresser juste deux ou trois personnes à Poudlard, c'est tout ! Le magazine sera distribué partout dans la région.
— Pas au début, rappela la blonde. Il sera lu principalement à Poudlard qui est une école bourrée d'adolescents. Adolescents qui se passionnent pour le sexe et qui ont les hormones en ébullition. C'est également aussi à cet âge qu'on se pose le plus de questions.
— Je vais y réfléchir mais je ferai ce que je veux, trancha-t-il alors.
Rita semblait vouloir ajouter quelque chose mais l'ancien lion la coupa.
-Maintenant, va rendre ce miroir à Regulus. Je dois lui dire bonne nuit et lui faire des bisous de loin, rigola-t-il.
Rita leva les yeux au ciel avant de couper la communication sans prévenir.
xXx
Anna, la mère de Pamela, était mère au foyer. Elle vivait en banlieue et y était également née. Elle n'avait jamais manqué de rien, mais se souvenait des fins de mois compliqués lorsqu'elle était plus jeune. C'était quelque chose qui l'avait marqué car toutes ses amies avaient toujours été bien habillées et gâtées alors qu'elle-même récupérait souvent les tenues devenues trop petites de sa sœur ainée. Elle n'en avait pas été malheureuse pour autant, cela l'avait simplement forcé à faire plus d'efforts que ses camarades mieux lotis pour avoir les mêmes droits et avantages qu'eux.
Aujourd'hui, alors qu'elle avait sa propre famille, elle faisait de son mieux pour que ses filles ne manquent de rien, et surtout pas d'amour. Ils ne vivaient pas dans l'opulence, n'ayant qu'un seul salaire régulier pour les faire vivre, mais Anna ne se plaignait pas. Elle savait très bien ce qu'on lui dirait si elle évoquait leurs difficultés financières. On lui dirait d'aller chercher un travail, qu'il fallait se donner les moyens de réussir et ne pas attendre que tout lui soit offert. La mère de famille savait comment le monde marchait. Quoi qu'on fasse, on était toujours critiqué. Pour s'absoudre de tous ces jugements, il fallait réussir, être riche, irréprochable. Elle se souvenait également de ces soi-disant amis ou simples connaissances qui avaient remis en question son implication dans son travail du fait qu'elle ait peu de temps à accorder à l'éducation de ses filles. Cela avait duré plus de 8 ans avant, qu'en accord avec son époux, elle décide d'arrêter pour faire ce qu'elle voulait vraiment.
Arrivé à un certain âge, Anna estimait qu'elle n'avait plus de leçon de morale à recevoir. Après tout, elle était libre de mener la vie qu'elle voulait. Les gens qui agissaient ainsi n'étaient pas forcément de mauvaises personnes, elles agissaient de cette manière pour tenter de se valoriser ou d'oublier à quel point leurs vies ne les satisfaisaient pas.
Plus tard, elle avait décidé de ne plus s'en formaliser. Le travail de son mari leur rapportant plus, elle avait choisi d'arrêter de travailler pour s'occuper de l'éducation de ses enfants, tenir la maison et cultiver son jardin. Elle pouvait aussi s'adonner à sa passion qui était de fabriquer de belles robes de mariage, de soirée ou qui serviraient pour des occasions spéciales. Elle ne voyait pas ce loisir comme un travail, elle avait très peu de commandes après tout, mais c'était aussi parce qu'elle adorait ce qu'elle faisait et qu'il n'y avait pas de notion de contrainte.
Elle était heureuse dans sa vie de famille et dans sa vie de femme.
Elle n'aurait jamais imaginé que les choses pourraient changer si vite. Pourtant, lorsque son mari rentra du travail ce soir-là, elle sentit au plus profond de son âme que quelque chose allait se passer.
— On a reçu une lettre de Pamela, lui montra Ronald lorsqu'il passa le pas de la porte.
— C'est étrange. Habituellement, elle nous envoie une lettre en fin de mois pour nous tenir informés de sa vie à Poudlard, nota Anna.
Son mari l'embrassa brièvement avant de sourire et de lui tendre la lettre alors qu'il se débarrassait de ses affaires.
— Il a dû lui arriver quelque chose d'incroyable et elle ne pouvait pas attendre avant de nous le dire, s'amusa-t-il. Emily est dans sa chambre ?
La mère de Pamela acquiesça distraitement et, avec toujours cette boule dans la gorge, ouvrit la lettre que leur fille leur avait envoyée.
Maman, Papa
Je vous aime.
J'ai longtemps repoussé ce moment car il me manquait du courage. Je désirais également préserver l'image que vous aviez de moi. Je savais au fond de moi que vous ne seriez pas déçus, que vous ne seriez pas en colère, mais que vous seriez tristes et que votre regard ne serait plus le même. Vous êtes mes modèles et pour être à la hauteur, je me suis toujours mis une énorme pression. J'avais peur de vous décevoir alors que vous ne m'avez jamais laissé penser que je devais être parfaite.
La vérité était que je me faisais une montagne de pas grand-chose. La vérité est que contrairement à ce que je vous laissais penser, ça ne se passait pas si bien que ça à Poudlard. La vérité est que je n'ai rien d'exceptionnel. Je suis une sorcière moyenne. La vérité, c'est que je n'ai presque pas d'amis.
La vérité, c'est qu'un garçon m'a fait du mal et que j'ai décidé pour une fois de rétablir la vérité. De dire haut et fort que Nott est un violeur et que j'avais dit non.
J'aurais aimé vous le dire plus tôt, mais j'ai tant repoussé les choses que je n'ai plus le choix quant au comment et quand vous le dire. J'aurais pu le faire par téléphone, cela aurait probablement été moins violent pour vous, je le conçois, mais ça ne m'aurait pas épargné moi.
Je suis désolée que vous l'appreniez comme ça. J'imagine votre bouleversement, sachant que vous ne pouvez pas être à mes côtés. Depuis ce qui m'est arrivé, toutes les absurdités du monde magique m'ont sauté à la figure. Le fait que je ne puisse pas m'absenter exceptionnellement pour venir vous voir, ou même organiser votre venue à Poudlard le jour où j'affronterai mon agresseur. Mais cela n'aurait pas dû m'étonner. Pas de moldu dans le monde magique. Ils avaient à peine fait une exception lors de la cérémonie d'adieu…
J'ai donc dû accepter que je devrais être seule le jour du procès. Lily et Severus me soutiennent et Pomfresh, l'infirmière de l'école, m'a mise en contact avec une association qui aide les victimes dans le même cas que moi. Avec Lily et Severus, j'ai pu aller les voir et ils sont vraiment très bien. Ils ont de l'empathie et me soutiennent. L'association m'a fourni une aide financière pour me payer un avocat qui sera avec moi pendant et après le procès. Je ne suis donc pas totalement seule et ça fait du bien. Vous n'avez à vous inquiéter de rien. Je suis plus forte que ce qu'on pense. Si j'ai pu craquer ces derniers temps, j'ai enfin réussi à me relever, car je vois la lumière au bout du tunnel.
Cet été, quand je rentrerai, on pourra mettre cette histoire derrière nous.
S'il vous plait, ne pleurez pas trop à cause de moi.
Ne dites rien à Emily.
Avec tout mon amour, Pamela.
À la fin de sa lecture, Anna tremblait tant qu'elle fut obligée de s'asseoir pour ne pas s'effondrer. Une première larme coula, mais elle ne fit pas un bruit. Son mari, alerté par son silence, se tourna vers elle.
— Qu'est-ce qui se passe ?
Il se précipita vers elle, inquiet. Le regard perdu, elle ne prononça pas un mot et lui tendit simplement la lettre.
Lorsqu'elle avait laissé Pamela partir pour cette fameuse école magique, elle n'avait pas été sereine. Laisser sa si jeune fille partir loin de ses parents, dans un endroit qui limiterait leurs contacts, cela avait été dur. Mais sa fille était spéciale, il lui fallait donc un enseignement spécial pour qu'elle puisse ensuite s'accomplir en tant qu'adulte et en tant que sorcière.
Elle avait confié ce qu'elle avait de plus cher à des inconnus et ceux-ci n'avaient même pas été capables de la protéger. Elle se sentait si en colère pourtant en cet instant qu'elle ne pouvait que pleurer silencieusement.
Anna entendit son mari jurer puis faire les cent pas. Elle pouvait sentir sa colère gronder dans toute la pièce. Elle se leva et le prit dans ses bras. Comme d'habitude, ils feraient face ensemble. La meilleure chose à faire maintenant était de réfléchir à comment faire pour aider leur fille ainée.
xXx
En apparence, la vie à Poudlard n'avait pas changé. C'était toujours l'effervescence avec les examens qui approchaient. Il faisait de plus en plus chaud et ceux qui n'avaient pas à s'inquiéter de cette échéance se concentraient sur les vacances d'été ou désiraient tester leur pouvoir de séduction en vue d'une petite idylle qui leur laisserait plein de souvenirs.
Malgré ce qui s'était passé la semaine passée, la vie à Poudlard n'avait pas bougé. A priori, seuls les enseignants étaient au courant de ce qui était arrivé à Remus Lupin. La seule information qui avait circulé auprès des élèves était que le Poufsouffle avait été admis momentanément à St-Mangouste à cause d'une méchante intoxication alimentaire.
Cela arrangeait bien Jedusor. Il avait toujours su que cela pourrait arriver, mais il avait pensé que ce serait bien plus tard. Même si le Poufsouffle avait commencé à ressentir les effets secondaires du sort, sa santé n'aurait été réellement en danger qu'au milieu de l'été. Cela lui aurait alors laissé le temps d'être loin de Poudlard, de commencer à s'installer en politique et de montrer son envie d'accéder à la plus haute fonction.
À présent qu'il avait arrêté d'utiliser le lien qu'il disposait pour espionner le trio, on ne pouvait remonter jusqu'à lui. Pas dans l'immédiat en tout cas. Néanmoins, il avait beau avoir pris toutes les précautions du monde, il savait que si dans les faits tracer ce genre de sort était difficile, voire presque impossible, cela ne l'était pas vraiment. C'était plutôt que la plupart du temps, vu l'investissement et les dégâts que cela laissait sur la victime, personne ne s'acharnait. Il ne pouvait que compter sur le fait que pour cette affaire, les choses ne seraient pas différentes. Les risques étaient conséquents pour lui mais si le psychomage les avait tout de même pris, c'était bien parce que le jeu en valait la chandelle. À présent, il savait qui étaient ses ennemis. La seule issue pour lui était de quitter Poudlard. Rester ici devenait trop dangereux. De plus, la célèbre école magique n'avait plus rien à lui offrir. Avec l'arrivée des deux co-directrices, il avait dû arrêter les réunions et il avait d'ores et déjà écarté Dumbledore de son chemin. Il n'était plus obligé de perdre son temps à écouter les lamentations d'adolescents.
Il ne désirait qu'une seule chose, se concentrer sur sa carrière. Avec ce qui était arrivé à Remus Lupin, les Aurors allaient très vite faire leur retour à Poudlard pour des investigations plus poussées. Des personnes travaillant au ministère étaient également venues s'entretenir avec les deux co-directrices. Le psychomage avait vu un groupe d'adultes faire des allées et venues dans le château. Il s'était demandé s'il s'agissait d'Auror en civil pour ne pas inquiéter le reste des élèves ou la fameuse patrouille que voulait mettre en place la direction. Il n'avait posé que peu de questions lors de la réunion, de peur de se trahir ou d'avoir l'air plus intéressé par les mesures de sécurité que par la santé du Poufsouffle. Il était évident que Remus Lupin parlerait de lui. Qu'il connaisse la responsabilité qu'il avait dans l'histoire ou non importait peu. Le Poufsouffle en profiterait pour les mettre sur sa piste. La seule incertitude était de savoir quand il le ferait. Au premier interrogatoire ? Lorsqu'ils commenceraient les tests magiques pour débusquer le coupable ? Dans tous les cas, incessamment, les Aurors et la police magique allaient poser des questions, enquêter, faire des perquisitions et avoir des soupçons. Jedusor désirait être loin quand cela arriverait.
Sa lettre de démission en main, le psychomage se mit en route vers le bureau des co-directrices.
xXx
Cela faisait des jours que James pensait à la discussion qu'il avait eue avec Rita. Il détestait l'admettre, mais une partie de lui pensait que la jeune femme avait raison. Pas sur le fait qu'il ne s'assumait pas, mais qu'il n'était pas à l'aise d'en parler avec ses parents. Et aussi qu'effectivement, c'était le genre d'information inutile qui intéressait les gens. Depuis leur première réunion tous ensemble, ils n'en avaient pas reparlé. Pour finir, l'équipe du magazine avait décidé de consacrer une page sur les coulisses de la création du magazine qui permettrait de mieux les découvrir. Cela se voulait à la fois drôle et ludique.
James possédait un exemple test du magazine et devait envoyer le feu vert à l'imprimerie magique pour qu'il se charge de lancer les impressions et que la distribution puisse être effectuée dans les temps. Tout était parfait. Néanmoins, l'ancien Gryffondor ne pouvait s'empêcher de se poser des questions.
Il avait appris par Sirius que Remus était à St-Mangouste et que l'école mentait sur son état de santé. Poudlard avait annoncé que le Poufsouffle était souffrant et qu'il avait dû se rendre à l'hôpital. L'école assurait que ce n'était rien de grave, mai si ça avait été le cas, Sirius aurait dû pouvoir le contacter, prendre des nouvelles. Aucune de ses lettres ne parvenaient au châtain et pour avoir essayé, celle de James non plus. Les parents de Remus Lupin refusaient de lui en dire plus. James s'inquiétait énormément pour le Poufsouffle et se demandait même si c'était le moment de sortir le premier numéro de Harry. N'était-ce pas mieux de repousser sa sortie ? Il n'était pas sûr de pouvoir apprécier son succès – si succès il devait y avoir – si un de ses plus proches amis n'allait pas bien. Toutefois, il n'était pas seul dans l'histoire et Frank le lui avait bien dit, il était trop tard pour obtenir d'autres dates. Tout était déjà programmé. C'était bien pour cela que l'ancien gardien lui avait rappelé un millier de fois de ne pas oublier de contacter à temps l'imprimerie magique.
Déboussolé, James s'avachit sur le canapé du salon en soupirant.
-Par Merlin, mon chéri, tu as l'air préoccupé. Est-ce que tout va bien ?
James tourna la tête vers sa mère qui était blottie contre son père dans le fauteuil près de la fenêtre.
-Non, ce n'est rien… Enfin, j'ai un ami qui ne va pas très bien et je n'ai pas de nouvelles alors je m'inquiète.
-Un ami ? Est-ce que Sirius va bien ? s'inquiéta aussitôt Fleamont.
-Oui, répondit-il, bien qu'il n'en fût pas sûr.
Sirius devait avoir de gros problèmes pour avoir rompu sans raison avec Remus. D'ailleurs, son meilleur ami ignorait ses questions à ce sujet dans ses précédentes lettres. James devrait attendre de l'avoir en face pour le confronter et être sûr qu'il ne tente pas de se dérober. Il n'arrivait toujours pas à y croire. Ils avaient assez de problèmes comme ça, pourquoi Sirius s'en créait-il en plus !
Il soupira. C'était dans ces moments-là que ses amis lui manquaient. C'était parfois frustrant de ne pas pouvoir les voir quand il le désirait, ni de pouvoir parler jusque tard dans la nuit…
-De qui s'agit-il alors ? Regulus ? tenta Euphémia.
James secoua la tête.
-C'est Remus. Il est à St-Mangouste.
-Oh, le pauvre petit ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'effraya sa mère.
Elle échangea ensuite un regard avec son mari et ils se serrèrent les mains.
-Je ne sais pas, c'est bien ça le problème.
-Ne t'inquiète donc pas, mon grand. Si c'était grave, tu le saurais. C'est peut-être un problème délicat ? Ne faisant pas partie de la famille, forcément, vous n'avez pas accès à toutes les informations. Je suppose que ses parents doivent avoir plus de réponses.
-Peut-être. Ils n'ont rien dit à Sirius en tout cas.
James se gratta la tête, perturbé.
-Ne te prends pas trop la tête, mon chéri. C'est ton ami et c'est normal que tu t'inquiètes, surtout si tu n'as pas de nouvelles. Mais en cas d'hospitalisation, l'hôpital prévient les proches et la famille. Les Lupin savent combien Sirius compte pour Remus et inversement. Si c'était grave, ils l'auraient prévenu. S'ils ne disent rien, c'est probablement qu'ils ne le peuvent pas encore.
James acquiesça et ferma les yeux pour se détendre. Il entendit un de ses deux parents se lever et comprit que c'était sa mère quand elle lui embrassa le front. Il ouvrit les yeux et lui sourit pour la remercier. Elle alla alors s'asseoir de nouveau près de son compagnon et ils discutèrent de leur prochain voyage en amoureux. Le couple allait fêter ses 40 ans de mariage et préparait un voyage qu'ils espéraient inoubliable.
Les regarder être toujours aussi amoureux malgré les années qui passaient emplissait James d'un sentiment de bonheur et d'apaisement. Pour l'ancien Gryffondor, ses parents était le couple idéal. Pendant longtemps, il avait cru que ce serait avec Lily qu'il pourrait avoir ce qu'il appelait une famille parfaite. A présent, il était avec Regulus et ne regrettait rien.
Mais alors, pourquoi n'arrivait-il pas à le dire ? Il ne ressentait pas le besoin de l'officialiser. Peut-être parce qu'il savait que ses parents n'étaient pas dupes et avaient déjà deviné qu'il se passait quelque chose avec Regulus ? Mais surtout, il ne voulait pas le faire juste pour les besoins d'un magazine.
Il ne voulait pas faire de grande annonce. Il voulait que s'il en ressente l'envie, qu'il puisse embrasser Regulus devant tout le monde sans avoir besoin de s'expliquer.
Ses parents avaient accepté sa lycanthropie, James n'imaginait pas qu'il le rejette parce qu'il aimait un garçon.
-Tu fais une drôle de tête, mon garçon. A quoi penses-tu cette fois ? lui demanda son père.
James se leva et s'étira paresseusement.
-Rien d'important, il faut que j'appelle l'imprimerie.
-Alors ça y est, souffla sa mère.
Elle semblait résignée, mais elle souriait tout de même.
-Je vous en garderai un ! blagua James.
-On verra ! répondit son père.
Le brun quitta ses parents et se dirigea vers sa chambre pour récupérer le numéro de l'entreprise.
Comme sa mère l'avait dit, il y était. A partir de maintenant, il n'y avait plus de retour en arrière possible.
xXx
Après avoir déposé plainte, la Serdaigle avait petit à petit repris espoir. Elle ne s'était pas forcément dit que son calvaire serait fini et que justice serait rendue ni que d'une certaine manière, la vérité allait éclater… Elle avait simplement pensé qu'il y avait une possibilité que tout se termine bien, une minime, mais qui existait tout de même. Elle aurait pourtant dû comprendre quand Nott était venu la voir que jamais il ne permettrait une telle chose. Sa famille ne la laisserait pas salir leur nom avec un tel scandale. Il ferait tout pour qu'elle n'obtienne pas gain de cause.
En discutant avec son avocat fourni par l'association qu'elle était allée voir quelques jours plus tôt, celui-ci lui avait dit qu'il fallait qu'elle s'attende à être menacée, mais aussi que sa crédibilité soit mise en cause. Les Nott useraient de tous les moyens possibles pour la faire reculer, mais surtout pour que le procès ne tourne pas en sa faveur. Pamela le savait. Son violeur avait déjà commencé à jouer les gros bras avec elle après tout.
Une fois encore, et malgré les mises en garde de son avocat, elle avait pensé avoir déjà tout vu. À croire qu'elle vivait dans un autre monde, dans un monde où les méchants ne pouvaient pas toujours gagner. Pamela avait été reboosté par ses amis et avait enfin pu se confier à sa famille, partager son lourd fardeau. Ses parents avaient été si bienveillants avec elle. Ils l'avaient rassurée et avaient été parfaits. Elle n'était pas seule et c'était bien ce qui lui avait donné la force d'affronter les longs jours jusqu'au procès.
Le temps avait fait son affaire et la majorité de l'école savait qu'elle accusait Nott de l'avoir agressée. Si beaucoup ne s'était pas risqué à prendre parti ou à commenter l'affaire, la campagne de dénigrement du Serpentard avait parfaitement marché sur un bon groupe d'élèves, qui à leur tour avait continué à la rabaisser. Pour encore plus la déstabiliser, la famille du brun avait réussi à faire avancer la date du procès. Ce serait un huis clos angoissant pour la jeune femme. Pour se préparer au mieux, elle avait multiplié les entrevues avec son avocat. Elle lui avait d'ailleurs demandé quelles étaient ses réelles chances. Il n'avait pas répondu, si ce n'est par un regard fuyant.
Parfois, elle avait l'impression d'y croire plus que lui mais malgré ses maigres commissions, il semblait compétent, alors elle ne disait pas grand-chose. Elle n'attendait pas de lui un soutien émotionnel, mais professionnel. En plus de ses amis, d'un membre de l'association d'aide aux victimes, ses parents étaient là pour elle et depuis qu'ils savaient, ils échangeaient régulièrement des lettres. Elle leur avait dit qu'elle ne voulait pas parler de ce qu'il s'était passé cette fameuse nuit de cauchemar. Pamela pouvait évoquer le procès, mais son viol, elle ne le pouvait pas. Avec personne. Avec son avocat déjà, elle devait se forcer car il avait besoin d'informations pour pouvoir au mieux la défendre.
Elle faisait de son mieux, se représentant ses questions comme un entrainement pour le procès. Combien de fois déjà avait-elle imaginé ce fameux moment ? Et voilà qu'elle y était.
Malgré les magouilles du Serpentard, elle était déterminée à gagner. C'est avec cet état d'esprit qu'elle entra dans la salle d'audience à la suite de son avocat. Elle respira un bon coup et observa Nott, bien habillé, le visage serein. Son avocat était à ses côtés et relisait des documents. Plus loin se trouvait la juge qui prenait place.
La blonde échangea un regard avec son avocat et alla s'installer là où on le lui indiqua.
— Rappelez-vous. A partir de maintenant, vous ne devez plus avoir aucun contact visuel avec lui. Ne lui parlez pas directement et surtout, ne répondez pas à ses tentatives de provocation.
Une boule dans la gorge, elle acquiesça.
La juge se leva et tapa sur son marteau magique pour ouvrir le procès. A ce son, la Serdaigle sursauta et put entendre le rire discret de Nott.
La juge Millingar rappela les faits et la raison de leur présence. Son avocat prit la parole, mais elle avait du mal à se concentrer sur sa voix. Elle se sentait complètement submergée. Son cœur battait trop vite et elle avait mal au ventre tant elle était angoissée. Elle prit de lentes et profondes inspirations comme elle avait appris à le faire avec Pomfresh et retrouva peu à peu son calme.
L'infirmière devait témoigner, ainsi que Lily qui l'avait trouvée après l'agression. En tant que directeur de Poudlard à l'époque, Albus avait également été appelé à la barre. Mais la présence physique de ses témoins n'étant pas obligatoire, Albus Dumbledore avait fait parvenir son maigre témoignage par hibou.
Dans celui-ci, il parlait de cette fameuse nuit et de la manière dont il avait tenté de régler l'affaire. Il parlait de son échec à la résoudre et de n'avoir pas pu protéger une de ses élèves. Malheureusement, il n'évoquait aucun élément permettant de confondre Nott.
Ce fut ensuite au tour de Lily. Son témoignage fut recueilli à la barre. La Gryffondor avait l'air déterminé mais impressionnée par l'enjeu et l'endroit. Pamela la regarda marcher et s'installer en silence. Lily jeta un coup d'œil à Nott et la blonde voulut faire de même mais elle se rappela les consignes de son avocat.
Lorsque Lily raconta ce dont elle avait été témoin, Pamela se replongea dans cette nuit cauchemardesque. Elle se sentit vulnérable. C'était bouleversant d'entendre quelqu'un d'autre raconter ce qu'il s'était passé, avec des mots différents des siens. Lorsque c'était elle, Pamela pouvait tenter de rendre la réalité moins dure, moins crue. A la fin du témoignage de son amie, Pamela reprit pied avec la réalité.
-Bien, maintenant au tour du dernier témoin.
Lily fut alors sommée de sortir de la salle. Elle n'était là qu'en qualité de témoin et il lui était interdit d'assister à la suite, l'avocat de la famille Nott ayant demandé que celui-ci se déroule à huit-clos. Lily chuchota des mots d'encouragement à la blonde en passant et quitta la salle d'audience en même temps que Pomfresh entrait.
Celle-ci avait l'air moins nerveuse que la rousse.
L'avocat de Pamela se présenta une fois de plus à la barre pour aller interroger le témoin.
-Est-ce bien vous qui avez soigné et procédé aux examens nécessaires sur Pamela Alton qui prouve le viol qu'elle a subi ?
-Oui. Après son agression, elle a tout de suite été amenée à l'infirmerie.
-Dans quel état était-elle ?
Pomfresh serra ses mains l'une contre.
-Elle était brisée, elle m'a fait beaucoup de peine.
-Pouvez-vous nous parler des blessures qu'elle présentait ? Présentait-elle également des blessures particulières à l'acte ? Des blessures de défense ?
-J'ai déjà fourni les analyses qui prouvent que des sorts d'immobilisation ont été utilisé sur elle. Ainsi qu'un Impardonnable, affirma l'infirmière.
-Maitre Delafray, lança le juge. L'agression dont a été victime votre cliente a déjà été prouvé, ce n'est pas le but du procès. Merci de poser au témoin des questions pouvant permettre au tribunal de clarifier le rôle de l'accusé ici présent.
-Bien. Madame Pomfresh, on sait qu'il est parfois possible de faire tracer la signature magique de certains sorts et de retrouver celui qui les a lancés.
-Oui, je… Ce n'est pas moi qui me suis occupé de ça.
-Des Aurors sont venus enquêter mais n'ont rien trouvé de concret, intervint l'avocat adverse.
Il soupira ensuite et prit une posture hautaine.
-Et si nous arrêtions de faire perdre son temps à cette très chère dame. Elle est occupée après tout. Tout comme les autres témoins avant elle, elle est dans l'incapacité d'incriminer en quoi que ce soit mon client.
Maitre Delafray voulut protester mais le juge donna raison à Maitre Dunker.
Pomfresh ne pouvant donner plus d'informations, elle put quitter la barre. Quelqu'un lui indiqua la sortie et elle suivit le même chemin à pas lents, échangeant par moment de longs regards avec Pamela. La Serdaigle tenta de puiser dans ce regard toute l'affection et le courage dont elle aurait besoin pour la suite. Elle devait se ressaisir avant que ce soit à son tour d'aller témoigner et raconter sa vérité, la seule qui comptait.
Malheureusement, ce ne fut pas suffisant. Quand ce fut à son tour de se lever pour apporter son témoignage, elle était encore un peu tremblante.
Son avocat, Maitre Delafray, commença par l'interroger. Il fut bienveillant et lui sourit pour la rassurer. Elle ne le quitta pas du regard et tenta de faire comme s'ils étaient à une de leurs nombreuses entrevues en préparation du procès.
— Quand avez vu su que c'était lui ? demanda-t-il.
— Lors de l'attaque de Poudlard, j'ai eu de sérieux doutes. Après cette nuit, mes souvenirs n'étaient plus clairs car je voulais oublier. Je pensais même que c'était réglé car l'ancien directeur me l'avait promis. Je me pensais en sécurité.
Elle fit une pause et se mordilla les lèvres.
-Quand on a fui avec Remus et Isabel, il a dit quelque chose qui m'a mis la puce à l'oreille. Quelque chose qui a résonné en moi et qui m'a renvoyé à cette nuit d'horreur.
— Et qu'est-ce que c'était ?
Pamela avala difficilement sa salive, mais un sourire encourageant de son avocat la convainquit de continuer.
— Qu'il aimait le nougat et qu'il n'y avait pas mieux pour se requinquer. Il avait dit la même chose quand… quand il m'a attaqué.
— Était-ce suffisant pour être sûre de vous ? C'est un maigre indice après tout.
— Non, non, c'est un peu après que j'ai été confortée. Je me suis rappelée beaucoup d'éléments et ça a débloqué ma mémoire.
— Pouvez-vous développer ? l'invita-t-il.
Elle acquiesça.
Le bruit d'une chaise attira alors son attention. C'était l'avocat de la famille Nott qui s'était penché pour chuchoter à l'oreille de son client. Elle se détourna avant de ne serait-ce qu'apercevoir le visage du brun.
— Nous nous sommes fréquentés très brièvement. Il voulait plus, ce qui n'était pas mon cas. Je suis sortie avec un de ses amis proches et il ne l'avait pas apprécié. Blessé dans son orgueil, il m'avait montré son vrai visage. Il avait été méprisant et calculateur. J'ai fait l'erreur de penser que ça lui était passé.
— Il vous considérait comme sa chose, comme si vous lui apparteniez. Cette nuit-là, il a donc repris ce qui, pour lui, lui avait toujours appartenu.
— Objection ! s'écria l'avocat adverse. Maitre Delafray fait sa propre interprétation et influence sa cliente !
— Accordé, fit la juge.
— Mais c'est exactement ça ! s'empressa de dire Pamela. Il voulait me faire payer mon refus et me faire comprendre qu'il pouvait faire de moi ce qu'il voulait.
— Très bien, mademoiselle Alton. D'autres questions, Maitre ?
Son avocat secoua la tête.
Pamela resta à sa place et ce fut Maitre Dunker qui vint se placer devant elle. Il avait un sourire de rapace qui ne la rassurait en rien.
Il lui faisait même un peu peur. Elle avait l'impression qu'il allait tout faire pour la faire craquer. Son avocat l'avait d'ailleurs briefé. Elle savait qu'elle devait rester calme et ne pas s'emmêler dans ses réponses car il pourrait les retourner contre elle.
— Vous semblez affirmer sans aucune hésitation que mon client est celui qui vous a agressée, commença-t-il.
— Oui
— Mais avez-vous déjà imaginé que vous pouviez vous tromper ?
Pamela savait ce qu'il essayait de faire. Elle ne devait pas douter.
— Non, je sais que c'est lui. Je me rappelle très clairement de son visage.
— Vous vous rappelez très clairement ? Vous disiez pourtant un peu plus tôt que vous aviez des soucis de mémoire après ce qui vous est arrivé.
— Mais c'était avant, maintenant tout va bien, attaqua-t-elle.
Il était si froid et méprisant qu'elle se sentait obligée de se défendre rudement. Elle faisait tout le contraire de ce que son avocat lui avait dit. Elle devait se calmer.
— Vous pouvez donc me certifier que vous vous rappelez tout d ? Vous êtes sous serment, rappela-t-il.
— Je…
Elle jeta un coup d'œil à son avocat, perdue. Si elle revoyait le visage de Nott lorsqu'il l'avait attaquée et bousculée puis lorsqu'il s'était jeté sur elle, ce qu'il s'était passé avant et après était toujours flou. Si elle répondait à côté, il savait que Maitre Dunker ne la raterait pas. Elle continua à regarder son avocat qui hocha lentement la tête.
— Non, je ne me rappelle pas de chaque minute.
— Je tiens à rappeler que nous avons proposé que ma cliente soit mise sous véritasérum en signe de notre bonne foi et la partie adverse a refusé, intervint Maitre Delafray.
Maitre Dunker ne répondit rien.
— Mademoiselle Alton, j'ai pu vérifier auprès de vos camarades que vous aviez une réputation assez sulfureuse.
Pamela sentit son estomac se tordre. Son avocat lui avait dit qu'elle serait attaquée sur sa réputation de nymphomane.
— C'est vrai que j'ai connu beaucoup de garçons, admit-elle à contrecœur.
— Beaucoup… c'est un euphémisme. J'ai entendu qu'il n'y en avait pas un seul avec qui vous n'avez pas partagé votre couche !
Maitre Delafray s'apprêtait à intervenir, mais Pamela le devança.
— C'est faux ! Il ne s'est jamais rien passé avec Sirius Black, Remus Lupin, James Potter, Edmont Court ou Regulus Black. Ce sont pourtant de bons partis, vous devriez revoir vos informations.
La mâchoire de l'avocat tressauta.
— Vous voyez très bien où je veux en venir. Vous êtes une aguicheuse, une jeune femme sulfureuse. A force d'agir ainsi, vous avez déjà dû vous attirer ce genre de problèmes. Mais là, comme mon client est fortuné, vous cherchez à retourner une simple histoire de coucherie en quelque chose de grave. Vous l'accusez avec de faibles arguments. À part votre parole, qu'avez-vous de concret contre mon client ?
Pamela se retrouva complètement démunie et ne sut pas quoi dire, espérant pendant de longues minutes que son avocat intervienne. Mais il ne le fit pas car tout comme elle, il savait que l'avocat de la famille Nott avait raison. Rien ne prouvait que c'était Nott le coupable et c'était bien tout le cœur du procès.
— Avez-vous d'autres questions, Maitres ? demanda la juge.
Celui-ci secoua la tête.
— Bien, je vais donc me retirer et vous communiquerai le verdict dans moins d'une heure.
La porte claqua, scellant le destin de la Serdaigle. Elle releva ensuite la tête et vit Nott debout en face d'elle. Il respirait l'arrogance et était persuadé d'avoir déjà gagné. Pamela eut envie de pleurer.
— Ne vous approchez pas de ma cliente, l'écarta son avocat.
Nott ne se fit pas prier et suivit son avocat dehors.
— Nous devrions faire de même, vous avez besoin de prendre un peu l'air.
Pamela n'était pas sûre que ça l'aide vraiment, mais elle obéit.
xXx
Assise sur un des bancs du hall du palais de justice, Pamela tentait d'encaisser le choc du verdict. À côté d'elle, elle entendait son avocat avaler sa salive de dépit. Elle ferma les yeux et se souvint du visage triomphant de Nott. Il avait exulté de joie, comme soulagé. Elle savait que c'était vrai seulement en partie. Tout comme elle, il savait depuis le départ qu'il avait une grande chance qu'il s'en sorte. S'il avait surjoué le soulagement à ce point, c'était bien pour l'enfoncer encore plus.
Il avait parfaitement réussi son coup.
Elle était si triste qu'elle n'avait plus de larmes à verser et pas la force de se lever.
La Serdaigle se sentait stupide d'avoir cru un instant qu'elle pourrait gagner. A la fin, elle s'était presque leurrée, d'où les mises en garde de son avocat. Il avait voulu lui rappeler la cruelle réalité.
La blonde renifla discrètement et observa les lieux. Les gens autour d'elle marchaient vite. Elle était presque invisible dans cette fourmilière. Elle était insignifiante.
Dans un sens, elle regrettait de s'être acharnée. N'aurait-elle pas dû écouter les mises en garde de Nott ? Pamela se faisait l'impression d'avoir dépensé énormément d'énergie pour rien. Elle aurait dû faire ce qu'elle savait faire de mieux : étudier d'arrache-pied et souffrir en silence. Maitre Dunker avait probablement soulevé un point important qu'elle avait tenté d'ignorer jusque là. Peut-être que c'était sa propre insouciance qui l'avait mené là. Elle le reconnaissait, elle était une provocatrice, une croqueuse d'hommes, mais malgré tout, n'avait-elle pas le droit de dire non ?
La Serdaigle se leva lentement du banc et fixa son avocat, le regard vide.
— Peut-on partir ? J'aimerais rentrer.
Son avocat se leva, la tête basse, sa longue frange lui cachant les yeux.
— Je suis désolé, soupira-t-il. Je n'ai pas été très bon...
— Non, le détrompa Pamela. Ce n'est pas vous le problème, on savait qu'il serait difficile de gagner.
Elle n'ajouta rien de plus et commença à marcher pour sortir du hall.
— Mlle Alton, l'arrêta Maitre Delafray. Ce n'était pas vous non plus le problème. Vous n'avez rien à vous reprocher. Le problème vient de cette justice qui ne défend pas assez bien les victimes, lui rappela-t-il dans un sourire triste. Ne vous avouez pas vaincue trop vite, nous pouvons toujours faire appel.
— À quoi bon ? souffla la blonde.
— Avec de nouveaux éléments en notre faveur, on pourra faire pencher la balance de notre côté.
— Non, ça ne servirait à rien. Maitre Dunker l'a bien signalé tout à l'heure. Au fond, je n'ai que ma parole.
— Nott n'a pas d'alibi.
— Comme plus de la moitié des élèves ce soir-là.
— Si on pouvait démontrer qu'il n'est pas aussi blanc qu'il veut le faire croire, alors le doute sera présent et alors n —
— S'il vous plait, l'interrompit-elle.
Elle se tourna vers lui et lui renvoya un regard triste.
-Je suis fatiguée, j'aimerais passer à autre chose. J'ai eu ma chance.
Pamela n'attendit pas sa réponse et continua à marcher. Résigné, Maitre Delafray la suivit.
xXx
Cela faisait déjà plus d'une semaine que Remus était alité à St-Mangouste. Il avait subi une lourde opération la veille et il se demandait bien quand il allait pouvoir partir. Il savait que ce ne serait pas pour bientôt malheureusement et cela n'était pas facile à vivre. Il n'avait pu recevoir aucune visite jusque là, mais au moins lui avait-on expliqué ce qui lui était arrivé exactement. Cela l'avait rendu malade et inquiet à la fois. Heureusement, il avait sonné l'alerte assez tôt et grâce à son opération, il n'y avait plus aucun risque pour lui.
Toutefois, malgré ces bonnes nouvelles, il n'arrivait pas à se réjouir. Il pensait à Jedusor. Il ne voulait pas qu'il s'en sorte une fois de plus. Même si ce qui lui était arrivé était bien malheureux, il tenait peut-être là le moyen de faire tomber le psychomage. Il avait entendu dire que le sort qu'avait utilisé l'adulte contre lui laissait une empreinte magique. Plus le sort restait en place longtemps, plus les chances d'identifier le lanceur étaient fortes.
Le Poufsouffle voulait croire en sa chance. Il aurait aimé pouvoir communiquer l'information à ses amis et alliés. Cela aurait probablement tranquillisé Regulus qui avait plus qu'eux tous, à cœur de l'arrêter. Il y avait aussi Hugo Leroy qui se démenait pour trouver des preuves à fournir aux Aurors pour enfin le mettre hors d'état de nuire. Le pauvre faisait de son mieux alors qu'il n'était de toute évidence pas fait pour enquêter. Si on pouvait identifier Jedusor comme étant celui responsable du sort, tout serait fini. Une enquête serait ouverte pour tenter de comprendre ses motivations et alors on donnerait plus de crédit à leurs témoignages.
Remus regarda par la fenêtre de sa chambre. Il faisait jour, et le soleil brillait dans le ciel. À cette heure-ci, ses camarades devaient être en cours de sortilège. En pensant à ses cours, le Poufsouffle se demanda s'il serait remis suffisamment tôt pour pouvoir préparer convenablement ses examens.
Soudain, on frappa à la porte et Remus se détourna de la fenêtre. L'infirmier qui s'occupait de lui depuis son entrée à l'hôpital entra avec son plateau repas. Godran avait une vingtaine d'années et était plutôt costaud si on en croyait la facilité avec laquelle il manipulait parfois Remus pour ses soins, et ce sans magie. Ses cheveux étaient d'un roux très prononcé alors que ses taches de rousseur sur son nez étaient pâles.
— Comment va mon patient préféré ? lui demanda-t-il.
Remus esquissa un sourire et répondit par l'affirmatif.
— Si c'est comme ça quand tu es en pleine forme, je n'aimerais pas te voir quand ça va mal. Je ne veux pas te vexer, mais tu ne ressembles à rien, lâcha-t-il.
Remus tenta de garder la face et de conserver son sourire.
Il n'avait jamais côtoyé quelqu'un comme Godran. Quelqu'un de direct, limite blessant. Il parlait fort et beaucoup. Il avait un regard insistant et ses piques mettaient parfois le Poufsouffle mal à l'aise. Il était plutôt réservé alors que son infirmier était vif et loquace. La plupart du temps, il ne savait pas quoi dire et les tentatives de discussion du roux se terminaient par un rire maladroit du blaireau. Pourtant, Godran n'abandonnait pas, à croire qu'il tenait sincèrement à le sortir de son quotidien morne à l'hôpital. Comme Remus ne pouvait pas encore recevoir de visite, entre ses soins et ses rendez-vous médicaux, il s'ennuyait assez. Il ne pouvait pas réviser et avait déjà lu au moins deux fois les magazines de l'hôpital.
— J'espère que tu as faim ! Au menu du jour…
Godran souleva le couvercle du plateau et Remus observa les différents plats. Il sentit alors le roux s'installer sur le coin de son lit et les doigts de Remus entrèrent en contact avec le tissu de sa tenue professionnelle. Il hésita à bouger sa main mais se ravisa. Cela paraitrait étrange et il n'avait aucune raison d'être mal à l'aise.
— Une bonne soupe, compléta-t-il. Bon, j'avoue que ça n'a pas l'air si appétissant mais après ton opération, tu vas devoir manger léger pendant quelques jours.
— Très bien, fit Remus.
— Il y a un petit plus, un ingrédient secret qui relève le goût de la soupe, tu m'en diras des nouvelles !
Remus ne dit rien et prit une première cuillerée. Il ne sentit rien de spécial par rapport à toutes les autres soupes qu'il avait déjà pu goûter avant mais pour ne pas vexer l'infirmier qui le fixait du regard, dans l'attente de son verdict, il se força à faire semblant.
— C'est plutôt bon.
Godran eut un énorme sourire.
— Vraiment ?
Remus acquiesça.
-Tu veux savoir ce qu'il y a de différent dans ce plat ?
Remus n'en avait pas grand-chose à faire, mais ça ne lui coutait rien de demander.
— Quoi donc ?
— De la salive, rit Godran. J'ai craché dedans avant d'entrer !
Remus eut une moue écœurée et repoussa sa cuillère. Il sentit alors la colère monter en lui.
— Je rigole ! Par Merlin, tu verrais ta tête ! pouffa alors Godran. Tu me prends pour un gamin ou quoi ?
Il se leva et mit les mains dans ses poches, serein.
-Je te taquinais juste un peu, je ne pensais pas que tu tomberais dans le panneau. Je ne sais pas si tu es trop naïf ou tout simplement bête.
— J'aimerais manger tranquillement, répondit sèchement Remus.
— Ne te vexe pas, même si j'avoue que ce petit air sévère sur ton visage te rend séduisant. Je sais que tu t'ennuies et que ce que tu viens de traverser n'est pas facile, je voulais juste te taquiner un peu. Promis, je ne le ferai plus.
Remus tenta de l'ignorer, mais Godran rapprocha son visage du sien. Sa timidité refit immédiatement surface et il ne put s'empêcher de rougir, ce qui déclencha un sourire appréciateur du roux.
— Ne sois pas énervé, je ne peux pas continuer à travailler si mon patient préféré me fait la tête.
Remus détourna le visage.
— Je ne suis pas énervé, souffla-t-il.
— Tant mieux.
Godran n'ajouta rien de plus et s'en alla enfin pour continuer son service. Remus observa son plateau-repas et hésita à continuer de manger. Vu le personnage, il imaginait sans mal que l'infirmier ait pu cracher dans son plat. Mais en même temps, Godran avait raison. Il avait 26 ans, il n'était pas un gamin, mais un bon professionnel. Et puis, il avait faim. Toujours un peu vexé, Remus continua finalement de manger, n'osant pourtant avaler que du bout des lèvres.
xXx
En ce dimanche matin, Regulus avait réussi à faire venir Erd dans la Grande Salle. Ils étaient en train de prendre leur petit déjeuner tranquillement. Ils étaient venus tôt pour éviter la grosse affluence du matin. Le Serpentard avait longtemps douté, mais présenter l'experte en lycanthropie au 2ème année avait été une bonne idée. Le jour de leur rencontre, ils avaient discuté longuement alors que Regulus s'était tenu à l'égard. Il n'avait pas demandé à Erd de quoi ils avaient discuté ensuite. Tout ce qu'il voyait, c'était que le 2ème année avait moins peur et commençait de nouveau à s'ouvrir à lui.
Regulus continuait à écrire à la française. Il savait que Erd faisait de même. Le cadet des Black était soulagé qu'enfin quelqu'un d'autre s'inquiète pour le loup-garou et cherche à l'aider. Surtout qu'il en avait besoin. Il n'en avait pas encore eu la confirmation mais l'année prochaine, Erd ne pourrait pas continuer ses études à Poudlard. S'il avait pu rester, c'était à titre exceptionnel. Déjà parce que l'école se sentait responsable de sa situation, mais également parce que ses parents l'avaient mis à la porte. Mais c'était temporaire. L'année prochaine, il devrait se débrouiller.
Ce n'était pas encore une décision définitive car le comité de l'école devait en discuter et voter. Regulus n'avait pas envie d'y penser pour l'heure, et probablement qu'Erd non plus.
Le Serpentard continua à manger, tout en regardant ce qu'il se passait autour de lui. À un moment, il croisa le regard de Severus qui mangeait à côté de son amie Serdaigle. Depuis peu, ils ne se quittaient plus. Regulus comme les autres élèves de Poudlard était au courant pour le procès et la défaite de Pamela. Nott se croyait au-dessus de tout et respirait l'arrogance. Regulus se demanda s'il avait toujours été ainsi. Certainement. Il montrait simplement enfin son vrai visage.
Il avait beau avoir été déclaré innocent, Regulus le croyait coupable dur comme fer. Il savait mieux que quiconque que malgré une bonne éducation, bien des garçons de la haute pouvaient être de vraies bêtes. Il ne savait pas comment faisait Pamela pour tenir. Si le procès l'avait bien convaincu d'une chose, c'était de ne jamais parler de ce que Rosier lui avait fait. À quoi bon ? Il était déjà mort, que pouvait-il obtenir ? Il n'en savait rien et il ne voulait rien, mais il lui arrivait souvent encore de penser à ce qu'il lui avait fait.
— Est-ce que ça va ? lui demanda Erd.
Regulus posa son regard sur lui, troublé. Il voulut répondre que tout allait bien, mais les mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Soudain, son frère vint le voir et Erd se recroquevilla. Le Gryffondor le calcula à peine.
— J'ai réussi à avoir des informations pour Remus. Isabel ne voulait rien me dire, c'était chiant, grogna-t-il. Je ne sais pas si au bout du compte elle savait grand-chose ou a fait mine juste pour m'énerver. Mais je ne sais pas grand-chose, alors elle doit forcément en savoir plus que moi. Elle a passé son temps coller à lui ces derniers jours. Elle a peut-être vu un changement chez lui ou sa santé se dégrader. Enfin bref, elle avait des arguments pourris comme quoi je devais le laisser tranquille et blablabla. Pour qui elle se prend ? Je le connais depuis bien plus longtemps qu'elle !
— Comment va-t-il ? Est-ce qu'il est vraiment à St-Mangouste pour une histoire d'intoxication alimentaire ? l'interrompit Regulus.
— Je ne crois pas. Je n'ai aucune nouvelle, toutes mes lettres me reviennent. J'ai écrit à ses parents, mais ils m'ont simplement répondu qu'ils ne pouvaient rien me dire à part qu'il allait mieux. Ça me rend fou, lâcha son frère.
Regulus ne put rien dire, il accusait le coup. Tout ça ne sentait pas très bon.
— Il faudrait qu'on demande une visite, mais je crois que ça ne va pas être possible. Même Isabel n'a pas pu le voir jusqu'à présent, soupira encore Sirius.
— Est-ce que tu sais si c'est parce qu'il ne peut pas recevoir de visite ou si c'est seulement parce qu'on ne peut pas quitter Poudlard comme on veut ? voulut savoir Regulus.
— Aucune idée. Mais je vais vite le savoir. Moony est tout seul là-bas et il lui est arrivé quelque chose de grave, je ne laisserai personne m'interdire de le voir.
Sans attendre la réponse de son frère, le 7ème année quitta la Grande Salle. Regulus le regarda partir en soupirant. En voyant Sirius réagir ainsi, il avait du mal à croire qu'il avait rompu avec le Poufsouffle. À chaque fois que le brun regardait le châtain, il transpirait d'affection à son égard. Comment son frère pouvait-il se tromper à ce point ? Avait-il changé d'avis à cause de la réminiscence de ses traumas ou y avait-il une autre raison ?
James avait déjà déclaré qu'il allait s'en occuper et il comptait bien ne pas laisser son ami gâcher une si belle histoire.
Regulus lui souhaitait bonne chance. Il ne comprenait pas son frère. Agir ainsi, ce n'était pas lui. Perturbé, il continua à manger dans le silence. Il espérait que Remus aille bien. Mais s'il était à St-Mangouste, son état devait être très grave. Est-ce que Jedusor l'avait attaqué ? James lui avait dit qu'Hugo avait été menacé par le psychomage. Cela pouvait donc être possible. À cette perspective, Regulus sentit l'angoisse l'étreindre. Jedusor ne s'arrêterait donc jamais ?
N'ayant plus faim, Regulus reposa ses couverts. Il jeta ensuite un coup d'œil à son ami et se souvint de sa réaction face à son frère.
— Tu sais, tu n'as pas à craindre Sirius. Il n'est pas du genre à juger et ne te fera jamais de mal.
— Ce n'est pas…
Erd hésita à finir sa phrase et Regulus fronça les sourcils.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Sirius a l'air gentil et il ne m'a jamais rien fait, admit Erd. Mais je ne suis pas à l'aise en sa présence. Il dégage quelque chose de froid, c'est bizarre.
Le 2ème année lança un regard timide à son ainé. Il semblait craindre que celui-ci s'énerve ou n'apprécie pas ses remarques. Mais Regulus ne dit rien et médita les paroles du 2ème année. Alors comme ça, il n'était pas le seul à trouver qu'il y avait quelque chose de bizarre chez son frère. Pourtant, il ne pouvait pas dire quoi. C'était un sentiment étrange.
— Oh regardez ! s'écria soudain un élève dans la salle.
Regulus se tourna vers la voix avant de lever la tête et de voir une nuée de hiboux surgir dans la Grande Salle puis déposer des centaines de magazines, un pour chaque élève. Regulus eut ainsi la chance d'avoir le sien et Erd aussi.
Le magazine était rouge avec des touches de violet pailleté et le titre était écrit en grosses lettres capitales : Harry. Regulus ressentit un petit pincement au cœur. Il tenta d'en faire abstraction et se concentra sur la couverture. Le magazine avait l'air tout ce qu'il y a de plus normal, si bien qu'il douta qu'il s'agisse du chef-d'œuvre dont lui parlait son amoureux depuis des jours. Il ouvrit une page au hasard et vit différents titres d'articles. Il eut ainsi la confirmation que James et son équipe s'étaient bien lancés dans le grand bain. Le Serpentard entendit alors un garçon à sa table pousser un petit hoquet de surprise avant de rougir en rigolant. Il chuchota quelque chose à sa copine et Regulus ne put entendre que « la page 13 ». Curieux, il alla à la page en question, se demandant bien ce qu'il allait découvrir.
Des illustrations magiques de positions sexuelles les plus pratiquées par les Anglais.
Il referma précipitamment son magazine quand Erd tenta de regarder par-dessus son épaule.
— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda-t-il. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mon magazine a beaucoup de pages blanches.
Regulus ne répondit pas. Il ne pouvait penser qu'à une seule chose : James était incroyable. Son petit-ami ne cessait de le surprendre. Dans la Grande Salle, tout le monde commentait le magazine. Certains riaient, d'autres s'offusquaient et certains encore le regardaient avec attention. Avec un temps de retard, les professeurs tentèrent d'intervenir.
Quelle pagaille le Maraudeur avait-il encore mis !
