Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien et que vous ne mourez pas trop de chaud.
uzzoikulamaday, merci beaucoup pour ta review ! Je me permets d'y répondre juste en dessous :
uzzoikulamaday,: Et oui, beaucoup de choses se bousculent et c'est loin d'être fini dans cette saga ! Je précise pour Hugo et Lily, pour les parents, comme c'est un peu la java avec les plus grands, ils ont l'impression que les plus jeunes sont "au moins plus calmes" (quelle erreur pour le cas de Lily...) d'où le commentaire de Ron. Après, seule la suite nous dira comment Harry et les Weasley arriveront ou non à préserver leur famille... Le thème des conflits familiaux est l'un des plus centraux de cette saga et j'espère en tout cas que cela est assez passionnant pour toi comme pour les autres lecteurs. Merci encore pour ta review en tout cas, au plaisir de te revoir commenter la suite ^^.
Voici donc le chapitre 12, bonne lecture !
Chapitre 12 : Really Really
Jusqu'à aujourd'hui, Lily ne pensait pas que le mot « anniversaire » pouvait rimer avec « malaise ».
Dix jours s'étaient écoulés depuis que la relation entre James et Lucy avait été révélée. En ce treize août, la mère de Ginny y célébrait, avec cette fois toute sa famille, ses quarante-et-un ans. Cela était plus facile pour tous de se réunir un week-end qu'à la vraie date, avant-hier, qui était tombée en pleine semaine. Mais voilà, en une heure seulement, les amuse-bouches étaient à peine sortis que la fête avait été ruinée.
- Quelle misère, déplora Hugo, assit au côté de Lily.
- Tu m'étonnes…une catastrophe, confirma Lily en soupirant.
Pour son anniversaire, sa mère avait été claire : elle refusait que Percy et sa femme s'y présentent. En premier lieu, la raison évoquée était que son oncle avait informé les parents de Ginny et ses frères des évènements chez les Potter, dès le lendemain du drame. Peut-être espérait-il les rallier de son côté, mais cela n'eut que pour effet de créer des tensions supplémentaires, en particulier quand sa fille Molly en parla à son grand-père maternel qui se permit de donner son point de vue et d'être entendu.
À ses yeux, James n'était qu'un délinquant, dont l'objectif était de compromettre la réputation de sa famille et qu'il avait de toute façon une très mauvaise influence depuis le début sur sa « dissidente petite-fille ». Évidemment, les parents de Lily n'avaient aucunement apprécié l'acte de Percy ni que Molly ait rapporté l'incident à Gauthier Lunch si bien que Ginny les avait menacés de leur jeter un sort s'ils se présentaient à nouveau devant elle. Mais ce fut malheureusement le cas. Par la faute de Molly Weasley première du nom. Sans doute avait-elle cru naïvement que ses enfants se réconcilieraient en ce jour de fête mais en tout cas, elle avait insisté pour que Percy, sa femme et leur fille aînée soient présents.
Comble du culot, la jeune adulte Molly avait invité son compagnon Timeo pour l'occasion. Ce dernier comprit bien vite qu'il n'était pas le bienvenu au vu des regards glacials qui l'accueillirent et même en tentant de discuter des Héritiers Noirs pour changer de sujet, il ne fit qu'aggraver son cas. Lily en avait presque de la peine pour lui : il semblait pompeux (sinon sa cousine ne l'aurait pas choisi), mais parfois, il pouvait être un peu plus mesuré et discret que Molly. De leur côté, tout le monde évitait le couple Weasley-Lunch, hormis Arthur et sa femme. Les époux Potter avaient accepté la présence de Percy et sa famille à contrecœur pour ne pas attrister la matriarche Weasley, mais Lily avait entendu son père marmonner à Ron qu'il avait furieusement envie de casser le nez à son beau-frère si le dénommé se faisait remarquer.
Mais surtout, l'élément le plus sensible et la cause véritable de la dispute entre Percy, Harry et Ginny, c'était bien sûr la plainte déposée contre James. Le troisième oncle de Lily avait tenu parole et était parti le plus vite possible pour signaler son neveu au département de la justice. Ginny n'avait pas tout révélé à sa fille à ce sujet, Lily savait juste que James était convoqué au ministère pour un premier point la semaine prochaine. La jeune Potter ne saisissait pas exactement la portée de ce qu'il se passait, car Lucy et son frère ne cessaient de clamer leur consentement quant à leur relation, mais au vu de ce que Rose lui avait expliqué dans sa lettre de la veille, assentiment ou non, James risquait bel et bien des condamnations.
L'affaire heureusement, n'avait pas atteint les oreilles de la presse, Harry et Ginny y veillaient, mais l'ombre de Preciosity Snaper et de ses sbires, prêts à toute info compromettante, les rendaient nerveux de toute fuite. Percy, Merlin merci, avait également conscient de ce problème et voulait plus vite le régler pour éviter le moindre bruit.
Il en résultait ainsi un anniversaire glacial et la situation risquait de s'envenimer à tout moment. Lucy était évidemment absente, séjournant chez ses grands-parents (« plutôt enfermée en réalité ! » blâma Roxanne quand elle en parla avec Lily). James de son côté, avait en outre refusé de descendre. Tous les cousins restants, sauf Teddy et Victoire qui firent poliment connaissance avec Timeo, ce dernier non loin de Molly, étaient rassemblés autour de la table basse, le visage grave. Même Albus, le plus isolé sur un fauteuil, semblait presque concerné par ce qu'il se passait.
Le climat à la maison était devenu comme invivable aux yeux de Lily. Elle avait désormais deux frères dont la communication avec leurs parents était rompue, James se distinguait particulièrement pour sortir et rentrer à des heures impossibles sans que personne ne sache où il allait ni quand il revenait. Ce ne fut qu'aujourd'hui que Lily reçut des nouvelles de Lucy par le biais de Louis. Selon les rares lettres qu'elle lui envoyait (la moindre chouette qu'elle rédigeait était contrôlée par Percy et sa femme de peur qu'elle ne cherche à recontacter James), Lucy était dans un état épouvantable et refusait d'être dans la même pièce que son géniteur. Audrey avait tenté de discuter calmement avec elle, mais Lucy était intraitable et elle profitait dorénavant de sa majorité pour ensorceler sa poignée de chambre qui mordait quiconque voulant entrer sans sa permission. Quant à sa sœur, leurs échanges étaient désormais limités aux insultes et aux cris.
- Je ne sais pas qui va craquer en premier, ton père ou ta mère, murmura Hugo à sa cousine alors qu'elle observait sa tante Ginny qui lançait des coups d'œil assassins à son frère.
- Mamie Molly a été une idiote sur ce coup-là, blâma Roxanne. Ne me regarde pas comme ça, reprit-elle alors que Lily la fixait avec une expression outrée, elle n'aurait pas dû intervenir !
- Tu as des nouvelles de Fred à ce sujet ? lui glissa discrètement Louis en baissant la voix.
- Pas grand-chose, mais c'est le meilleur ami de James, il est impossible qu'il ne soit au courant de rien, ils se disaient absolument tout.
- J'ai entendu Teddy annoncer à Oncle Harry qu'il ira voir James avec Scott tout à l'heure, dit Rose qui avait retrouvé sa confiance habituelle. Ça devrait lui remonter le moral…
Lily en doutait, mais peut-être que la venue de Scott apaiserait ne serait-ce que quelques instants son grand frère. Avant d'exprimer une nouvelle plainte, elle sentit aussitôt le bras de Rose sur ses épaules.
- Que comptes-tu faire du reste de l'été, Lily ? lui demanda-t-elle avec gentillesse.
- Je n'en sais rien… On doit aller chercher des fournitures au chemin de Traverse, il est prévu que je passe une autre journée chez Vic, Teddy et Scott, mais à part ça…aucune idée. Ce sont les vacances les plus déprimantes du monde !
- Tiens bon surtout, essaya de la rassurer Hugo. N'hésite pas à venir à la maison si tu en as besoin, tes parents comprendront !
- Merci Hugo c'est gentil…mais je ne veux pas les laisser seuls face à ces galères plus que nécessaire. Dès qu'ils rentrent du travail, ils doivent de nouveau gérer les humeurs de mes frères en plus de leurs problèmes à eux… J'aurais l'impression de les abandonner si je pars, il n'y a que moi qui fais la discussion pendant les repas, répondit Lily avec peine.
- C'est courageux de ta part Lily, sourit timidement Rose. Tu en as parlé à Solange ou Mary de la situation ?
- Je n'ose pas trop, ça reste récent, dit Lily en haussant les épaules, guère convaincue du compliment de sa cousine.
Ce n'était pas particulièrement brave son attitude, n'importe qui pourrait en ferait de même s'il aimait sa famille. Elle scruta un instant Roxanne qui abordait également une faible mine. La situation devait sans doute lui rappeler les disputes entre son frère et ses parents. Voilà désormais un an qu'elle ne l'avait pas vu. Fred manquait à Lily, mais ce qu'elle ressentait devait être minime comparé aux sentiments de Roxanne.
- Peut-être que venir un peu chez papy Arthur et mamie Molly te ferait aussi du bien ? proposa Louis. On pourrait même y aller à plusieurs, ça nous changerait l'esprit.
- C'est une idée, haussa simplement les épaules Lily bien qu'elle était attirée par cette solution.
- On retourne dans Poudlard dans trois semaines, les choses pourront se tasser d'ici là, conclut Rose.
Lily en lâcha presque un rire amer. Qui aurait cru qu'elle préférait presque revenir à l'école pour échapper à la maison ? Dire que c'était l'inverse six mois plus tôt…
- Tu griffonnes toujours sur ton carnet ? la questionna Hugo à voix basse, étant le seul qui était au courant de ce qu'elle trafiquait avec.
- Petit à petit, lui confia Lily. J'ai également envisagé de rédiger sur l'ordinateur du bureau de mon père, mais il faudrait que je sache mieux m'en servir.
- Je pourrais t'apprendre ! Tu sais sur internet, il y a même des pages consacrées à l'écriture, tu pourrais y publier quelques textes.
- Je ne pense pas que j'aurais le courage, rougit Lily. Peut-être l'année prochaine…
À peine avait-elle retrouvé le sourire qu'une voix s'éleva et mit fin à toutes les conversations.
-…ne m'excuserait pas maman ! J'ai fait ce qu'il fallait dans l'intérêt de ma famille et de ma fille ! L'acte de James est un crime et vous osez le défendre ?!
- Je t'interdis de l'étiqueter comme tel ! reprit Ginny sur le même ton en pointant du doigt Percy. Ils ont commis une erreur, mais si tu refuses de comprendre qu'ils étaient tous les deux conscients de leurs gestes, c'est que tu es bien plus myope que je le pensais !
- Ginny voyons, ne t'énerves pas, entreprit sa mère avec douceur, mais ce fut pire encore, car son unique fille changea d'emblée de couleur et se mit hurler :
- QUE JE ME CALME ?! C'EST SAINT-MANGOUSTE QUI SE FOUT DE LA CHARITÉ ! C'est toi maman qui l'a invité ici alors que j'ai exigé précisément à ce qu'il n'y soit pas ! C'est toi qui révoques le sujet alors que c'est mon anniversaire, comme si c'était le moment avec ce climat ! Il a porté plainte contre MON FILS ! JAMES N'A MÊME PAS VOULU DESCENDRE Á MA PROPRE FÊTE À CAUSE DE LUI ! Je ne suis pas d'accord avec ce qu'il a fait à Lucy, mais cette affaire aurait pu être réglée en privé et non en l'exposant à la justice ou en informant toute la famille pour des stupidités adolescentes !
Les mots de Ginny durent avoir l'effet d'une gifle à la grand-mère de Lily, car elle tomba lourdement sur une chaise, la bouche entrouverte.
- Parce que selon toi ce sont juste des stupidités adolescentes ?! renchérit Audrey avec colère tandis qu'aucun invité n'osait intervenir. Nos enfants ont commis l'inceste sous l'influence de ton fils, mais ce n'est pas grave n'est-ce pas ! Et c'est à mon mari de s'excuser pour sa réaction alors que toi et Harry ne faites rien ! C'est comme si vous étiez d'accord avec ce qu'il s'était passé, que ce n'était pas « important » parce qu'ils s'aimaient, soi-disant !
- Tu dérailles complètement Audrey ! commença Harry, mais Ginny le coupa instantanément d'un geste de la main.
- Ils ne sont plus des enfants Audrey et cesse de prétendre que ta fille pour une victime d'un complot ! Lucy n'est pas plus innocente que James sur cette histoire ! La seule personne qui devait porter plainte au besoin, c'est elle et pas mon crétin de frère juste pour sauver sa fierté ! Si Lucy estimait qu'elle avait été forcée ou qu'elle regrettait, ce serait tout à son honneur d'aller voir la justice et Harry et moi l'aurions soutenu ! Or, ce n'est pas le cas donc ni toi ni Percy n'aviez à ramener ce problème au tribunal et par-dessus le marché, à accuser moi et Harry, d'approuver la situation ! Donc oui, vous nous deviez des excuses !
- C'est la meilleure ça ! Nous établissons le nécessaire pour protéger notre fille et c'est à nous de faire des courbettes ! Mets-les-toi où je le pense tes excuses ! Tu as juste peur que la condamnation handicape James dans son avenir et de reconnaître qu'il est coupable, voilà tout !
- Audrey, n'insiste plus, souffla lourdement Percy qui avait déjà abandonné la bataille, les regards de ses frères et de leurs épouses les dévisageant sévèrement.
Mais Audrey était la fille de Gauthier Lunch et pouvait se montrer incroyablement butée quand elle le souhaitait, les paroles de son mari n'atteignirent même pas ses oreilles.
- On sait tous de toute façon que tu es prête à défendre n'importe quel crime pour le « bien-être » de tes enfants, hein ? cracha Audrey avec supériorité. Toi et Harry l'aviez déjà bien assez prouvé par le passé avec…
- ÇA SUFFIT ! la coupa Harry avec fureur en tapant le poing sur la table. Je t'interdis de finir cette phrase !
Pendant un instant, une étrange atmosphère parcourut le salon. Lily cligna de nombreuses fois des yeux en tentant de comprendre la réaction des adultes, moitié choqués, moitié gênés, mais même pour ses cousins, la situation leur paraissait anormale. Comme si quelque chose dans les propos d'Audrey avait une terrible arrière-pensée.
- J'en ai assez entendu, reprit la parole Harry. Sortez de ma maison, tous les quatre !
- Timeo ne mérite pas cela ! C'est avec cette impression que tu veux qu'il se souvienne de toi ? défendit Molly, scandalisée.
- Il n'a jamais été invité, tout comme l'avis de ton crétin de grand-père, railla sèchement Roxanne, ce qui lui valut une expression assassine venant de sa cousine, suivie de celle sévère d'Angelina.
Timeo eut l'intelligence d'être discret et chercha sans discuter les affaires de ses futurs beaux-parents et de sa compagne. Les jambes visées à sa chaise, la grand-mère de Lily sanglotait la tête entre ses mains.
- Oh bon sang ne te mets pas à pleurer non plus ! craqua Ginny dont les bras retombèrent brusquement contre ses cuisses. Si tu m'avais écouté, on n'en serait pas là !
Ron et Hermione se chargèrent de raccompagner Percy, sa femme, sa fille aînée et Timeo vers la sortie tandis qu'Harry se servit dans son coin un grand verre de scotch. À peine la porte d'entrée fut-elle refermée que Ginny quitta le salon en faisant résonner ses talons contre le sol et monta violemment les escaliers puis clama avant de s'enfermer furieusement dans sa chambre :
- Cet anniversaire est gâché, GÂCHÉ !
Les jambes de Lily tremblaient frénétiquement au moment où elle sentit la main d'Hugo sur son genou, s'efforçant de les calmer. Sa gorge était de nouveau sèche et tout comme sa mère, elle voulait également regagner l'étage pour pleurer toutes les larmes de son corps. Albus lui, fixait le sol, inexpressif. Plusieurs regards embarrassés se tournèrent vers Harry, mais celui-ci, presque démissionnaire, se contenta d'oser les épaules.
- Laissez-la quelques minutes, elle finira par redescendre. Installons-nous attendant.
Hugo et Rose guidèrent Lily qui répondait tel un automate, son cerveau refusant d'adresser le moindre ordre à ses membres. Ils s'assirent sur un des bords de la table, Hugo à sa gauche, Rose en face d'elle. Les conversations reprirent timidement tandis que les entrées apparurent et remplacèrent les plateaux apéritifs. Ce fut au bout d'un quart d'heure que Ginny redescendit, moins rouge, le visage luisant comme si elle s'était passé un peu d'eau sur la figure. Elle ignora sa mère lorsqu'elle entreprit de lui adresser un mot et le repas put ainsi débuter. Seulement, après les premiers coups de fourchette, de nouveaux pas se firent entendre dans les escaliers. James, l'air éteint, s'avança devant la table qui se tut en sa présence.
- Viens t'asseoir, l'appela doucement Ginny en lui pointant du menton une place entre Louis et Roxanne.
Il acquiesça en silence et s'installa entre ses cousins sans un regard vers qui que ce soit. Lily se demandait si sa mère avait convaincu son frère de finalement descendre pour lui faire plaisir ou si ce dernier avait profité du départ de Percy et les autres pour venir. En tout cas, même en mauvais point, sa présence timide réconfortait presque Lily et elle ne devait pas être la seule, car les Weasley semblaient se détendre davantage. Le reste de la journée ne fut guère plus joyeux et lorsque Ginny souffla ses bougies, Lily fit le souhait que plus jamais, un anniversaire ne se déroulerait ainsi et que sa famille, d'une manière ou d'une autre, finisse par se réconcilier.
Suite à cet affreux anniversaire, le mois d'août passa beaucoup plus vite pour Lily. La première semaine, bien que la situation à la maison ne soit guère mieux, James était désormais vaguement plus ouvert au dialogue malgré ses absences et sorties nocturnes qui ne ralentissaient pas pour autant. Il accepta même d'accompagner oncle Ron aux achats pour la rentrée avec Lily, Albus, Rose et Hugo.
Chaque mercredi (et dimanche en compagnie de sa famille), Lily déjeunait chez les Lupin pour voir Scott et le dorloter autant que possible. Teddy était rarement là en pleine journée et Lily savait que sa présence soulageait en réalité Victoire qui profitait pour aller en course ou faire la sieste pendant une heure. Elle avait appris à sa cousine les premiers gestes et soins pour un bébé, mais Scott étant encore petit, les interactions restaient néanmoins limitées. Toutefois, le rythme très mécanique était facile à prendre en main. Le nourrir, jouer un peu avec lui, l'endormir puis le changer avant de tout recommencer. C'était répétitif, mais en réalité, Lily n'avait pas le temps de s'ennuyer.
En tant que parrain, James passait également une fois par semaine, mais avait promis à Teddy et Victoire de séjourner quelques jours en septembre. Le couple accepta sans discuter, d'autant plus que les occasions ne tarderaient pas à se limiter pour James. Il effectuait déjà de nombreux allers-retours au ministère, mais notamment chez son avocat. Harry et Ginny dénichèrent l'un des compétents d'Angleterre pour que James soit prêt lorsque les premières séances du jugement et des témoignages démarraient, fin septembre. Le but était de lui éviter le plus possible l'emprisonnement, en appuyant considérablement sur le consentement mutuel de l'ancien des deux adolescents, en particulier de Lucy, depuis le début de leur relation.
Malgré tout, l'avocat avait rappelé aux Potter que même avec la meilleure défense au monde, il était utopique que James échappe à un casier judiciaire ou une peine de sursis. La presse risquait également d'être informé du procès à tout moment, malgré les essais de blocus d'Harry et Ginny. Lily n'avait plus de nouvelles de son oncle Percy et de sa tante Audrey depuis leur dernière visite durant l'anniversaire de sa mère, mais ne pouvait s'empêcher de craindre les répercussions envers la famille que cette action en justice de leur part, pourrait mener. Lorsqu'elle se confia sur ce cas à Dominique (qui avait été mise au courant par Louis), cette dernière lui rédigea une réponse qui fit cogiter longuement Lily.
« Je n'approuve pas ce qu'ils ont fait, mais je ne pense pas que Percy soit aussi aveugle quant au véritable amour qu'éprouvaient Lucy et James, de ce qu'on m'a raconté. Je ne sais pas pourquoi il s'acharne autant à traîner ce problème en justice. Bien sûr, les lois anglaises condamnent les relations incestueuses (et je ne te détaille même pas du côté Moldus à ce sujet, c'est bien pire), mais nous parlons d'une romance sans doute passagère et voulue entre deux jeunes adolescents (adultes légalement je l'entends, pourtant James sort à peine de Poudlard à l'inverse de Lucy).
Tout cela pour dire que j'ai l'impression qu'il mène davantage ce procès pour lui-même que pour sa propre fille. Et c'est d'autant plus dommageable, car peu importe l'issu finale, il perdra Lucy et peut-être par-dessus le marché, le respect de ses frères et tante Ginny. Je ne sais pas si tu es au courant Lily, mais dans sa jeunesse, il s'est fâché deux ans avec tout le monde pour avoir favorisé le ministère lors du retour de Voldemort. Mon père m'a confié que ce fut sans doute l'un de ses plus grands remords de sa vie, ça et voir oncle Fred mourir sous ses yeux. Percy a toujours été quelqu'un dont l'honneur lui importe par-dessus tout, mais il aime sa famille, pourquoi prendrait-il le risque d'être une nouvelle fois exclu ? Il y a quelque chose qui ne colle pas dans tout ça… »
En plus de ses allers-retours à la maison de son presque frère, Lily séjourna chez divers membres Weasley, sauf les week-ends où elle rentrait systématiquement pour ses parents. Elle passa en premier lieu deux jours à la chaumière aux coquillages en compagnie d'Hugo tandis que Rose et Albus résidaient chez les Malefoy. Lily dormit dans l'ancienne chambre de Dominique et, bien qu'il soit évident qu'elle ne trouverait rien, car la jeune femme avait tout vidé en déménageant, elle ne put s'empêcher de fouiller placards et tiroirs. À la recherche d'un mot, d'un indice, de quelque chose que Dominique aurait laissé et qui évoquerait Teddy. C'était inutile et intrusif, d'autant plus que sa cousine s'échinait de citer de moins en moins le garçon aux cheveux bleus, mais cela avait été plus fort qu'elle.
La semaine suivante, Lily alla chez ses grands-parents, accompagnée d'un Albus résigné. Pendant les deux premiers jours, elle eut pour la première fois de sa vie, une chambre pour elle toute seule, c'était si rare qu'elle séjourne au Terrier sans tous ses autres cousins ! Molly en profitait pour les chouchouter même si Albus s'absentait un peu plus pour aller se promener en paix ou jouer au Quidditch. Non mécontente d'avoir ses grands-parents centrés que sur elle, Lily saisit l'occasion pour apprendre un certain nombre de recettes et les bases de la couture avec sa grand-mère, tandis que son grand-père lui sortit à sa demande, les albums photos appartenant à la famille Weasley. Ainsi, il raconta des anecdotes pendant une soirée, sur ses frères à lui, des cousins éloignés, mais en particulier sur la jeunesse des parents et oncles de Lily.
Roxanne arriva le mercredi matin, suivie de Lucy, le soir même. Ce fut un véritable choc pour Lily qui ne l'avait pas revue depuis. Malgré sa fatigue et une discrétion inhabituelle, Lucy semblait heureuse de venir, bien qu'à l'origine, sa présence serait due à une proposition insistante de son père. Une fois tranquilles après le dîner, Lily et Roxanne s'empressèrent de l'interroger.
- Comment te sens-tu ? inaugura la plus jeune, même si elle se doutait du ridicule de sa question.
- Je ne sais pas…avoua Lucy d'une faible voix. C'est comme si je n'avais plus le goût à rien. En vérité j'en ai assez d'être chez moi, mais mes parents m'interdissent de sortir s'ils n'ont pas un contrôle dessus…ils craignent que je ne vienne retrouver James. J'ai voulu rendre visite à Fred un week-end, mais ils ont trop peur que j'en profite pour m'enfuir ou qu'il s'agisse d'un rendez-vous caché. Je ne vois presque plus le monstre qui me sert de père, il est avec l'avocat quand il n'est pas au travail. Ma mère elle, en est malade de tout ça ne cesse de chouiner, cela m'insupporte. Merlin merci, Molly est trop occupée pour passer à la maison…
- Quel enfer, grimaça Roxanne. Peut-être qu'à Poudlard, tu pourras plus facilement parler à James si besoin ?
Lily lui lança un regard dubitatif. Dans un contexte différent, peut-être aurait-elle approuvé la proposition de rébellion de Roxanne, mais comme il s'agissait de James et d'une relation avec Lucy avec toutes les sollicitudes derrière, cette fois, elle ne pouvait acquiescer passivement.
- Je n'en ai même pas envie, souffla Lucy à la surprise de ses cousines. Il me manque bien sûr, mais je lui en veux de ne pas s'être battu suffisamment pour moi au moment de la confrontation. Je me doute bien que mes parents doivent avoir bloqué les accès à la maison, mais…vous connaissez James, s'il est vraiment motivé pour faire quelque chose, il le fait et au diable les conséquences. Si seulement je n'avais pas raté mon permis de transplanage, peut-être que… Qu'importe finalement, ça me dégoûte cette situation, j'ai dû aller au ministère deux fois et j'ai dû raconter encore et encore tout ce qui s'est passé à l'avocat en livrant des choses dont je n'avais aucunement envie d'en parler ou de revenir dessus. Mon père cherche sans doute des failles pour prouver que James m'a manipulé ou je ne sais pas quoi, mais c'est peine perdue. En plus, je vais devoir m'absenter en septembre à cause du procès, cela me fatigue déjà.
Lily déglutit discrètement. Pas un seul instant elle n'avait imaginé ce que vivait sa cousine ces derniers jours, le ressenti de James prenant toute la place à la maison, cumulée aux disputes provoquées par Albus.
- Louis nous a raconté que tu étais nommée capitaine de l'équipe de Gryffondor, c'est génial, tenta de nouveau Roxanne après un temps silencieux.
- Oui… répondit Lucy avec un sourire peu convaincant. Avec tout ça, j'ai peu d'occasions de me réjouir de quelque chose. Tu le diras aux garçons Rox ? Ils seront contents je pense…
Roxanne acquiesça et changea vivement de sujet en évoquant des potins. Lily et Lucy participèrent sans réelle implication, mais cela permettait au moins de ne pas finir la soirée sur une note trop négative. Le reste du séjour les fit presque oublier la situation, avant que chacun et chacune ne retournent à leur maison aux problèmes respectifs.
Une ultime visite fut organisée à la dernière minute qui combla de joie Lily : elle allait enfin chez sa marraine, revenue un mois en Angleterre avec ses fils et son mari. Les garçons approchaient désormais de leurs dix ans, Lily les reconnaissait à peine tellement ils avaient grandi. Lorcan portait dorénavant des lunettes pour la lecture et Lysander se laissait pousser les cheveux, ils lui arrivaient d'ores et déjà aux clavicules, rattrapant presque ceux de Lily. Ce n'étaient plus les jumeaux indissociables aux boucles blondes et courants partout comme il y a quelques années. Sur plein de points, ils étaient même plus savants qu'elle, Lily se sentait un peu perdue en leur présence, mais Luna elle, n'avait aucunement changé.
Le séjour fut court, mais revigorant pour Lily, elle revint ainsi chez elle la veille du retour à Poudlard. Pour une fois, elle ne mit pas des heures à s'endormir, la fatigue lui tomba rapidement dessus et lorsque sa mère la leva aux aurores, elle fut en pleine forme, comme cela avait été le cas pendant sa première rentrée.
- Je préfère te le dire tout de suite, James ne pourra pas venir pour vous accompagner à la gare, annonça Ginny au moment de quitter sa chambre, après avoir ouvert les volets.
- Quoi ?! s'exclama Lily. Mais pourquoi ? Il n'a pas de rendez-vous aujourd'hui !
- Lily…tu te doutes bien de la raison, secoua la tête sa mère, non sans dissimuler sa peine par la réaction de sa fille. Alors n'oublie pas de lui dire au revoir avant de partir.
L'élan positif de Lily s'écroula aussi vite qu'un château de cartes. Elle se prépara ainsi au ralenti, maudissant cette stupide histoire d'amour avec Lucy et toqua à la porte de son frère, comme convenu, dix minutes avant le départ. Elle craignait qu'il dorme, mais c'est d'une voix claire et distincte qu'il l'invita à rentrer.
- Coucou James…
Les cernes autour des yeux de l'aîné lui rappelèrent un instant ceux de Scorpius à la mort de sa mère, si bien que cela ébranla Lily qui peina à continuer.
- Hum…j'y vais du coup. Je te souhaite beaucoup de courage et…je t'enverrai un hibou si tu veux.
- Merci Lily, répondit-il avec effort, sa voix résonnant comme rauque. Avant que tu ne partes, j'aimerais te donner quelque chose.
Il se leva de son lit et ouvrit un tiroir de son bureau pour en sortir un bout de papier jauni. Sur le coup, Lily le toisa, circonspecte, s'attendant à une étrange blague, mais son visage s'illumina rapidement.
- La carte du maraudeur ! Tu l'as toujours ?
- Oui, papa a dû encore oublier de la réclamer… Tu te souviens qu'il avait mis des mois avant de s'apercevoir que je l'avais chipé ?
- Le nombre de fois où tu t'en étais servi avec Fred et Lucy…avoua Lily avec un sourire, gagnée par une pointe de nostalgie. C'est dommage que les passages secrets de l'époque de nos parents n'existent plus…
- Je suis sûr que d'autres ont dû se créer depuis le temps, haussa les épaules James en esquissant ce qui semblait être un rictus. Tu le vérifieras du coup, enchérit-il en lui tendant le parchemin.
- Quoi tu me la donnes vraiment ? s'exclama Lily avec une pointe de timidité. Mais James, c'est ta carte, je n'en aurai pas spécialement besoin. Tu l'as proposé à Albus avant ?
- Tu rêves ! Tu as bien vu, il est infect maintenant, hors de question que je lui lègue un de mes biens les plus précieux. Tu mérites plus de l'avoir que lui, même si tu le caches, tu es aussi rebelle que nous deux.
- Ne dis pas n'importe quoi, contra Lily dont les joues avaient roussi.
- Je le pense vraiment, appuya James. Qui sait, tu pourrais en avoir besoin à ton tour et tu es encore à Poudlard pour un moment. Garde-la, idiote, insista-t-il alors que Lily allait répliquer avant que son frère ne lui frotte les cheveux. Considère que c'est ton vrai cadeau d'anniversaire en retard. Partage-la avec Hugo, Solange et Mary, fais juste gaffe à ce qu'on ne te la pique pas. Tu te souviens de son fonctionnement ?
- Évidemment, acquiesça Lily malgré tout penaude, en pressant la carte contre sa poitrine. Tu es sûr de toi ?
- Certain…et puis, il vaut mieux que je ne l'ai plus maintenant…conclut-il, en perdant le peu de bonne humeur qu'il possédait.
Lily comprit immédiatement ce qu'il voulut dire. Sans doute lui aussi commençait à renoncer à l'histoire d'amour qu'il vivait avec Lucy. Ne plus avoir la carte, c'était également ne pas céder à la tentation de la regarder pour voir où se déplaçait Lucy.
- Vas-y, les parents t'attendent, lui dit James avec un geste de la tête.
- Tu vas me manquer James, lui avoua Lily sincèrement. Ça va faire bizarre Poudlard sans toi.
- Ne t'en fais pas…le clan Weasley reste grand. Mais merci Lily, ça finira peut-être…par aller mieux.
- J'espère…
Pendant un instant, frère et sœur se dévisagèrent. Tous les deux eurent secrètement l'envie de se prendre dans les bras et de fondre en larmes, mais pas un seul ne laissa transparaître leur véritable intention. Lily entreprit de briser le contact en s'en allant vers la sortie, mais au moment de la franchir, elle se retourna brusquement :
- Albus est déjà passé ?
James eut un petit rire amer.
- Non tu penses bien, je ne compte pas pour lui. Peut-être même que cela l'arrangerait si je termine en prison, il pourrait essayer de devenir le préféré si la notion de famille garde du sens pour lui.
- James, ne dis pas ça ! le reprit Lily bien qu'elle ne reconnaîtrait pas devant lui qu'elle partageait quelque peu sa réflexion.
- Je vais t'avouer un truc, finalement je crois que Malefoy est bien plus endurable que lui désormais, et ça me fait du mal à mon honneur de l'admettre. La façon dont ils arrivent encore à supporter Albus m'échappe vraiment…
Lily manqua de tomber à la renverse à l'entente de ses mots. James qui complimentait Scorpius était aussi improbable que l'idée que Molly se mette un jour au Quidditch.
- Je ne sais pas non plus, peut-être qu'il est en réalité plus sympa quand il est tout seul avec eux ?
- Lily on s'en va, dépêche-toi ! résonna la voix de son père au rez-de-chaussée.
- J'arrive !
Elle fourra rapidement la carte pliée dans sa poche de jean et rencontra une dernière fois les yeux de James.
- Bon j'y vais du coup…bye.
- Salut Lily, passe une bonne rentrée.
Lily fit un petit geste de la main et tourna les talons. Le visage de James continuait de la hanter alors qu'elle prit place dans la voiture.
Le trajet fut bien plus silencieux que d'habitude. Lily éprouva un sentiment de soulagement lorsqu'elle descendit du véhicule et rejoignit King's Cross. Quelque peu en retard suite aux derniers échanges entre James et elle, les aurevoirs avec ses parents furent brefs et les deux plus jeunes Potter montèrent dans le train sous le sifflement du chef de gare. Albus se sépara d'elle rapidement tandis que Lily continuait de saluer sa famille à la fenêtre jusqu'à leur disparition totale. Une fois la voie quittée, Lily s'empressa de retrouver Hugo et ses amies.
- Ah te voilà enfin ! lui lança Hugo une fois que Lily ouvrit la porte de leur compartiment, après une dizaine de minutes de recherche. On vient de croiser Albus, toujours aussi de bonne humeur visiblement…
- Ne m'en parle pas, souffla Lily en s'asseyant à côté de Mary qui l'accueillit avec un sourire. Tu sais que j'ai appris par Rose qu'il aurait passé une partie de l'été, en plus de râler et d'aller voir les Malefoy, à se disputer avec sa copine ?
- Ah bon ? Rose ne m'a rien dit à ce sujet. Tu connais la raison ?
- Elle serait zarb, expliqua Lily avec un geste négligé de la main, mais je pense que c'est lui plutôt. Elle se plaindrait qu'il ne reste pas assez avec elle sauf que lui, il n'aime pas ses amies qui ne papotent que de « trucs de filles » et ça l'ennuie que les rendez-vous ne se résument qu'à des heures à se câliner ou s'embrasser…
- Dispute classique des couples adolescents, annota Mary comme si elle lisait ce cas dans une revue littéraire. Peut-être qu'elle en attend trop de lui ? Ils n'ont que seize ans et ça fait à peine un an qu'ils sont ensemble.
- Tu rigoles ? C'est le minimum syndicat ! protesta Lily. Albus est juste un crétin et puis c'est tout !
- Lily ne l'insulte pas, sollicita timidement Solange à la surprise générale qui se grattait nerveusement le bras gauche. Quand on grandit, les sentiments changent, ils ne sont peut-être pas faits pour être amoureux. Albus l'a peut-être compris au détriment de Judith qui prendrait la relation trop au sérieux.
Personne ne s'attendait à ce commentaire de Solange si bien que pas un seul ne trouva rien d'autre à redire pendant plusieurs secondes. Ce fut Hugo qui finit par reprendre la parole.
- Possible…après si elle réagit comme Lavande Brown à l'époque où elle sortait avec mon père, tu m'étonnes qu'il en ait vite marre.
- On n'en sait rien Hugo, haussa les épaules Mary qui se désintéressa du sujet. Peut-être qu'au fond, ce sont eux deux le problème. Fort heureusement, les relations amoureuses ne me captivent absolument pas.
- Et pourtant vu notre âge, limite tu devrais, ricana Hugo avant de prendre un coup de sac au niveau des côtes par Mary. Aie ! Je plaisantais ! Évite de faire ça à ton futur copain sinon tu ne risques pas de le garder longtemps.
- Pff, au moins j'aurais la paix, sourit malicieusement Mary en regardant Hugo se frotter l'épaule.
Lily pouffa avec Solange et songea un instant à Wilhem. Avec tous les évènements de cet été, elle n'avait pas beaucoup pensé à lui. Comment serait-il avec elle s'ils sortaient ensemble ? Et comment elle-même se comporterait en étant en couple ? L'amour, ça paraissait bien beau dans les livres, mais en vérité, rien que l'action de se confesser l'angoissait déjà.
- N'empêche, ajouta Hugo à l'encontre de Lily, je suis étonné que Rose ne m'ait rien dit à ce sujet. Tu sais bien qu'elle et moi, on se dit tout.
- Ne t'en fais pas, peut-être a-t-elle oublié ? voulut le rassurer Lily en repensant étrangement, à leur discussion dans sa chambre quelques semaines plus tôt.
- Aucune idée, elle paraît bizarre elle aussi depuis peu. Elle parle moins, elle semble souvent fatiguée…et ce n'est pas lié aux devoirs de vacances ou à sa lecture, j'ai l'impression qu'il y a un truc qui cloche, mais elle refuse de m'en faire part ou aux parents, confessa Hugo, visiblement préoccupé.
Bien que très différents, Rose et Hugo étaient néanmoins très proches depuis l'enfance. La distance que devait bâtir Rose devait perturber son frère. Lily n'avait pas vu Hugo dans cet état depuis la première rentrée de sa sœur à Poudlard.
- Cela finira par s'arranger, comme tout, conclut Lily avec un ton rassurant.
Mais elle-même ne croyait nullement en ses paroles. Mécaniquement, elle sortit Boudy de sa boîte et joua sans grand engouement avec lui.
- En parlant de famille, renchérit Mary, Warren nous rejoint cette année.
- Oh déjà ? s'extasia Lily. J'avais complètement oublié ! Pourquoi n'êtes-vous pas ensemble ?
- Ordre de ma mère, grogna Mary qui perdit sa bonne humeur. Il a interdiction de me « fréquenter » quand je suis avec vous.
- Mais c'est idiot, s'exclama Solange avec peine, les yeux ronds. Tu ne nous avais pas dit que tu t'entendais bien avec ton frère ?
- Si, mais…vous ne pouvez pas comprendre, balaya Mary en se calant davantage sur la banquette. Il est incapable de s'opposer à ma mère, elle lui fait peur ou il doit avoir du mal à se défendre je l'ignore…mais il n'ose pas la contredire. Dans son dos parfois, il peut désobéir, mais s'il apprend qu'il est surveillé, comme maintenant, il ne tentera rien, même si ça signifie qu'on doit s'éloigner lui et moi.
- Mais en dehors de la maison, qui l'a à l'œil ? fronça les sourcils Hugo.
- Qui sait…des connaissances d'enfances dont les parents sont en contact avec ma mère, répondit Mary avec dépit. Des bons petits toutous qui répèteront tous quand ils verront le fils Nott commettre la moindre erreur et trahir son « rang ». La fille aînée est de toute façon une cause perdue donc autant se rabattre sur le plus docile.
- Ne dis pas de bêtises Mary, assura Hugo en se penchant vers elle pour lui prendre la main. Tu es tout sauf une cause perdue pour nous.
Lily et Solange acquiescèrent vivement pour montrer leur approbation.
- Ne vous en faites pas, fit la grimace Mary. Ce sont juste les idées débiles de ma mère. Changeons de sujet.
Le trajet fut plus calme qu'à l'habituel. Alice resta avec eux une courte heure avant de retourner voir ses copines. Rose, Albus et Scorpius passèrent leur dire bonjour pendant quelques minutes. Pendant un instant, Lily crut que Scorpius lui adressa un sourire discret, mais elle avait sans doute dû imaginé cela. Roxanne et Louis les saluèrent également durant l'après-midi, Lucy fut la seule absente. D'après Harry lorsqu'il vint à leur rencontre en fin de journée, elle était enfermée dans son wagon avec ses rares amies, dont Perrine, et souhaitait qu'on lui fiche la paix. Cette confession mit mal à l'aise Lily qui ne dit plus un mot jusqu'à l'arrivée à Pré-au-lard. Repenser aux différents états de ses cousins et frères commençait à lui donner la nausée. Cette sensation d'être dépassée par les évènements ne voulait définitivement pas quitter son esprit.
Misérable. Si Drago Malefoy devait choisir un mot pour se définir depuis ces derniers temps, ce serait lui. Misérable, pathétique, ruiné, déchu… Ces caractéristiques se répétaient en boucle dans son esprit, comme pour se convaincre lui-même de cette réalité.
Quand toute cette dégringolade avait-elle démarré ? À l'annonce de la maladie de sa femme, il y a quatre ans ? À la mort de cette dernière ? Ou il y a six mois, lorsque sa compagnie montrait les premiers signes de la faillite ? Son mariage et la création de sa société spécialisée sur les enchères d'objets rares étaient ses uniques réussites. Son fils aussi, en somme.
Le quadragénaire se resservit une nouvelle fois un verre de whisky Pur Feu tout en contemplant avec lassitude la pièce où il se tenait : son petit salon. Des années avant, c'était le lieu où, assit sur son fauteuil, Astoria et lui prenaient le temps de lire, boire un peu tandis que Scorpius, quand il n'était qu'un enfant, jouait silencieusement sur le tapis, au pied du canapé où se prélassait sa mère. Désormais, l'intérieur respirait la poussière et les rideaux empêchaient les rayons du soleil d'inonder le séjour. Son fils avait grandi, s'était éloigné de lui et fuyait l'antichambre lorsqu'il n'était pas à Poudlard et sa femme…était partie. Lui ? Il était devenu comme ce salon : une ombre.
Morte. Depuis presque dix mois, Drago Malefoy éprouvait toujours des difficultés à l'accepter. Astoria avait été son épouse, la mère de son fils, sa sauveuse, l'amour de sa vie, son pilier, sa conseillère. Elle était tout. Elle avait fait de lui un homme, quelque chose de plus que cet héritier mangemort que la société lui placardait sans cesse au visage. De ce monstre emphatique et pédantesque que ses anciens camarades d'école peignaient de lui à l'époque de son procès. Avec elle, il pensait être devenu une meilleure version de lui-même et maintenant…maintenant plus rien.
Sans doute jamais il ne pourrait s'en remettre. À l'inverse, Scorpius reprenait peu à peu goût à la vie grâce à sa jeunesse et son acceptation plus rapide de la santé délicate d'Astoria depuis son enfance. C'était étrange à quel point il ressemblait aussi peu à lui, son père. Les mêmes traits physiques pourtant, sauf la couleur de ses iris, ils partageaient également le statut d'enfant unique et Scorpius possédait une forme d'insolence similaire qu'il abordait tout autant à son âge, mais sinon, c'était bel et bien le fils de sa mère.
Drago ne le reconnaîtrait jamais à voix haute, mais finalement, c'était peut-être un mal pour un bien que Scorpius n'obtienne pas la même éducation que tous les Malefoy avaient eue avant lui. Sa progéniture avait des amis, des vrais et non des alliés d'intérêts ou d'hommes de main stupides. En grandissant, Drago comprit qu'il n'avait personne. Theodore Nott dont il fut le compagnon d'enfance, restait tout aussi solitaire qu'à l'école. Blaise Zabini ne fut qu'un simple acolyte dont il perdit contact, Pansy ne le pardonna jamais son rejet après Poudlard et se consola dans les bras de Marcus Flint lorsqu'il hérita de la société familiale. Quant à Goyle ou Millicent Bulstrode…il préférait ne même plus y penser.
Son entreprise fut en premier lieu un passe-temps avant de lui rapporter de gros sacs de gallions d'or. Pas en Angleterre évidemment, il fut boycotté très rapidement, mais à l'étranger, on était moins regardant sur le casier judiciaire d'un aussi bon vendeur. La plupart de son bénéfice lui était dû grâce aux nombreux trésors, meubles ou grimoires relatés à la magie noire qu'il parvenait à récupérer ou réparer. Après avoir perdu la majorité de la fortune des Malefoy, liquidée dans leurs procès passés ou suspendue par le ministère, son marché au noir était tout ce qui lui permettait de garder une forme de prestige.
Les contrats étaient plus simples depuis la fin de carrière du « si serviable » ministre Shacklebolt, car plus facilement, les aurors trop curieux ou quelques employés de divers départements étaient beaucoup plus maniables à berner ou corrompre. Mais avec la mort d'Astoria, il avait délaissé son travail et ses incapables de sous-chefs ne réussissaient pas à maintenir un rythme décent de ventes. Les dettes s'accumulaient et l'héritage d'Astoria ne risquait pas de faire long feu si cela continuait ainsi. Drago se défendit de piocher dans le coffre de son fils et refusait le peu d'argent que possédait encore sa mère qui ne cessait de s'inquiéter pour lui.
L'alcool était dorénavant son meilleur ami malgré l'état déguenillé auquel elle le laissait à chaque visite. Quand Drago se regardait dans le miroir, ses cheveux sales et ébouriffés, sa barbe de trois jours, ses yeux vitreux, les vêtements tachés et son haleine irrespirable par la quantité de boissons ingérées, cela lui rappelait son propre père avant la fin de la guerre et son arrestation. Le doyen Malefoy étant désormais condamné à perpétuité à Azkaban, il ne restait de sa famille proche que sa femme. Elle lui rendait visite plus régulièrement depuis que Drago était devenu veuf, mais cela ne l'aidait aucunement à remonter la pente. Merlin savait à quel point sa mère devait avoir honte de lui maintenant, tout comme il se dégoûtait lui-même.
Récemment, sa belle-sœur lui avait proposé de nouvelles finances pour garder son commerce sur les rails et il avait accepté à contrecœur. Il n'avait jamais eu confiance en Daphné et son comportement avec lui par le passé ne cessait de lui confirmer ses dires. Depuis les bancs de l'école, elle s'était améliorée dans l'art de la manipulation furtive. Pourtant, au fond du trou, n'importe qui serait capable de pactiser avec l'ennemi. Drago devait signer le contrat le lendemain, elle s'était retenue d'évoquer les conditions qui ne l'inspiraient guère, mais qu'importe qu'elles soient louches ou non, il n'avait désormais plus le choix.
Il refusait que Scorpius subisse une nouvelle fois les conséquences de ses erreurs. Lui était l'avenir de leur famille. S'il n'existait pas, sans doute Drago se serait pendu à la moindre occasion. Son fils était loin d'être parfait, il n'avait cessé de le contredire ou le désobéir quand il lui conseillait sur la voie à suivre (bien qu'avoir sélectionné l'enfant Potter en tant qu'ami fut surprenant), mais il le chérissait. Pourtant, se rendait-il compte de ce que son père faisait pour lui ? À quel point, contrairement à ce qu'il prétendait, Drago Malefoy l'aimait ?
À cette pensée, il eut un rire amer qui se transforma en toux grasse. Il finit donc d'un coup sec son verre de whisky sur cette dernière réflexion.
Et voilà, j'espère que la lecture vous a plu. N'hésitez pas à commenter !
On se retrouve le 31 aout pour le chapitre 13 Full Moon, à bientôt !
