Sirius et Maugrey se regardèrent sans comprendre. Plus personne ne disait un mot. Helena se décida à prendre la parole.
- Je suis désolée papa… Je n'ai pas encore l'habitude de… de demander la permission avant de faire quelque chose… Tu devais bien te douter que je n'irai pas passer mes vacances chez ces… ces…
Elle n'arrivait pas à finir sa phrase et rien qu'à l'évocation d'Ethan, elle sentit ses yeux la picoter. Lorsque Severus vit l'expression de peine sur le visage de sa fille, il s'approcha et la prit dans ses bras.
- Je sais, je sais, désolé… Dumbledore m'a raconté… Tu as de la chance que je ne sois plus celui que j'étais car il serait mort à l'heure qu'il est… Et crois-moi ça me démange encore.
- Donc c'est ta fille ? coupa enfin Maugrey. Celle dont la mère a été tuée par Bellatrix ?
À l'évocation de ce nom, presque tout le monde frissonna de dégoût dans la pièce.
- Parce que tu crois que y'en a plusieurs ? Oui c'est elle. Je lui avais demandé de ne rien dire à personne, mais je pense que l'Ordre doit être au courant pour sa protection. Le Seigneur des Ténèbres commence déjà à se poser des questions. Il a entendu parler d'elle par l'un des parents mais ils ne savent pas encore qui elle est.
- Tu sais qui as évoqué son nom ? demanda Sirius.
C'était la première fois qu'Harry voyait son parrain s'adresser aussi calmement à Snape.
- Pas encore.
- Ce ne serait pas Malefoy par hasard ? questionna Harry.
Helena le fusilla du regard.
- Qu'est-ce que Malefoy à avoir dans l'histoire ? s'étonna Severus.
- Demandez à votre fille, répondit-il calmement.
- C'est rien papa, je suis sûre que ce n'est pas lui. On est amis maintenant.
- Tu es amie avec un garçon qui a essayé de t'agresser ? se surprit son père. Mais qu'est-ce qu'il te passe par la tête ?
Helena avait envie de tuer Harry pour le coup. Heureusement, Hermione vint à sa rescousse.
- Malefoy… enfin Drago, dit-elle en insistant sur son prénom, s'est excusé auprès de votre fille et lui a prouvé sa sincérité plus d'une fois professeur. J'étais là, j'ai bien vu qu'il regrettait.
Cette fois, c'est elle qui eut le droit au regard noir de Harry. Helena quant à elle, la remercia.
- Je vois… Même si ça ne me plaît pas du tout, j'ai confiance en ton jugement, fais seulement attention à ce que tu lui dis… répondit Snape. Sa famille n'est pas du tout digne de confiance.
Pour une fois que son père et Harry étaient du même côté, cela énerva la jeune fille.
- Papa, s'exaspéra-t-elle. Il n'est pas comme son père, fais-moi confiance. Et puis je ne dirais pas que c'est un « ami » pour le moment, juste une connaissance que j'apprends à connaître et qui me prouve chaque jour un peu plus qu'il est sincère, contrairement à d'autres.
- Il essaie peut-être de t'utiliser pour t'approcher de Potter, garde ça en tête petite, répliqua Maugrey.
- Mais vous vous êtes tous passés le mot ou quoi ? s'agaça-t-elle.
- Bref, je voulais juste vérifier que tu vas bien. En plus, je t'ai ramené un petit quelque chose pour ton anniversaire.
Harry, Ron et Hermione se regardèrent.
- C'est ton anniversaire aujourd'hui ? demanda alors Hermione.
- Oui, mais avec tout ce qui s'est passé récemment… J'avoue avoir oublié… En plus, ce n'est pas comme si c'était un jour important… Je n'ai jamais rien fait de spécial ce jour-là… grimaça-t-elle avec une lueur de tristesse dans le regard.
Severus s'approcha d'elle pour la prendre une fois de plus dans ses bras.
- À partir de maintenant, ce sera le jour le plus important de l'année pour moi, sois-en sûre.
Une larme coula sur la joue d'Helena.
- Merci papa.
Il lui tendit un petit paquet qu'elle défit rapidement. C'était une petite boîte contenant un magnifique pendentif serti d'un grenat rouge sombre en forme d'ovale.
- Ce n'est pas grand-chose, mais je l'ai modifié à l'aide de sortilèges. Si jamais tu es en danger, il m'enverra un signal. Garde-le bien sur toi en toute circonstance.
Helena regarda la pierre. C'était le plus beau cadeau qu'elle n'avait jamais reçu. Elle regarda son père dans les yeux et ne sut comment le remercier. Elle le prit alors tendrement dans ses bras, en essayant par cet intermédiaire de lui montrer tout l'amour qu'elle avait pour lui.
- Tu restes ici toutes les vacances ? demanda-t-il.
- Non, je crois qu'on va tous chez la famille de Ron pour Noël.
- D'accord, je leur parlerai pour savoir si je peux venir également. Je vais devoir partir en mission quelques jours mais je vais voir si j'arrive à me libérer.
- En mission ?
- Pour l'Ordre, je vais devoir rester quelques jours à « ses » côtés pour brouiller les pistes à ton sujet.
Une boule apparut dans l'estomac d'Helena, elle savait ce que son père avait à faire, mais elle était terriblement inquiète.
- D'accord, répondit-elle finalement. Fais attention à toi surtout…
- Toujours, répondit-il en l'embrassant sur le front.
Puis il partit aussi vite qu'il était venu.
- Et ben… Je ne pensais pas que notre cher Snape avait la fibre paternelle, je suis sous le choc, s'étonna Sirius. Malheureusement, nous n'avons pas de quoi fêter ton anniversaire ici, nous verrons demain chez Molly.
- Ouais, m'enfin, même si c'est son père, il n'arrive pas à lui faire entendre raison, bougonna Harry.
Helena vit rouge.
- C'est la dernière fois que tu interviens pour un truc de ce genre ! cria-t-elle. Ce ne sont en aucun cas tes affaires Harry ! Ma relation avec mon père ne regarde que moi ainsi que Drago ! Tu m'avais promis et finalement, je vois que j'avais raison de ne pas te faire confiance ! Tu ne peux pas te contrôler un minimum ou quoi ? C'est si difficile de fermer ta grande bouche en pensant toujours avoir raison ? La prochaine fois, mets-la en veilleuse ! Et pas la peine de venir me présenter tes excuses cette fois ! Bonne nuit tout le monde.
Elle sortit en trombe et monta dans la chambre qu'elle partageait avec Hermione. Son cœur battait à fond sous le coup de la colère, elle avait besoin de se défouler. Pourquoi donc la cherchait-il ainsi à chaque fois ? Elle s'allongea sur son lit et réfléchit. Plus le temps passait, plus son coup de cœur se transformait en haine. Elle commençait sérieusement à se demander pourquoi elle l'avait aimé en premier lieu, puis elle se rappela ses premiers jours à Poudlard, la fois où il était venu à son aide après cette terrible soirée, ces regards partagés, sa lettre… Où était donc passé ce Harry là ? Était-ce parce qu'elle était à l'époque Helena Jones que tout se passait aussi bien entre eux ? Maintenant qu'elle était Helena Snape, ne pouvaient-ils pas trouver un terrain d'entente ? En tout cas, le comportement de Harry ce soir n'était en rien celui d'un ami qui respectait ses choix. Elle soupira et s'endormit difficilement.
Elle était à Poudlard et courait pour entrer dans le bureau de Dumbledore. Elle ouvrit la porte en trombe et vit le directeur avec Harry, Ron et Hermione. Tous avaient les yeux rouges et elle les regardait en se demandant ce qui avait bien pu se passer. À côté du bureau, sous un rideau sombre, reposait le corps de Sirius Black. Dumbledore se mit alors à rire, un rire glacial, maléfique, à glacer les entrailles. Puis il se transforma petit à petit, comme si ses traits fondaient, en une femme grande, brune, aux paupières lourdes.
Helena se réveilla en sursaut dans son lit, en nage. Ses vêtements lui collaient à la peau et des gouttes de sueur lui coulaient dans le cou et le dos.
- Tu vas bien Helena ? s'écria Hermione. Tu criais !
- C'est… c'était… un horrible cauchemar.
Les larmes maintenant se mélangeaient à la sueur. La porte s'ouvrit à la volée et Harry, Ron suivis de Sirius entrèrent dans la chambre.
- Tout va bien ? On a entendu quelqu'un crier ! s'exclama Ron.
- Ça va Ron… Helena a juste fait un cauchemar.
- Elle aussi ? demanda subitement Harry.
- Comment ça elle aussi ? répliqua Sirius.
- Toujours le même, expliqua Harry. Je me promène dans de longs couloirs sombres qui se terminent tous en cul-de-sac ou des portes fermées à clefs comme si je cherchais quelque chose.
Sirius le regarda, dubitatif, mais Harry n'y fit pas attention.
- Et toi ? Qu'est-ce que tu as rêvé ?
- Un rêve stupide Harry, rien d'important.
Elle se sentait mal à l'aise, gênée, car son rêve paraissait vraiment réel.
- Raconte toujours.
Elle s'assit alors et commença à leur rapporter ce qu'elle avait vu, tous les détails. Une fois terminé, les autres se regardèrent bizarrement.
- Je vous ai dit que c'était un rêve stupide. Désolée Mr Black, je ne sais pas pourquoi j'ai vu ce genre de stupidités cette nuit, sûrement la fatigue…
- Helena, coupa doucement Harry. Tu sais qui est la femme que tu as vue ?
- Non, c'est la première fois que je la voyais.
- Bizarre… reprit Hermione.
Tous se regardaient comme s'ils savaient quelque chose de plus qu'elle.
- Vous allez enfin m'expliquer oui ? Ou vous allez encore vous regarder longtemps comme ça ?
- Helena… dit Hermione mal à l'aise. Cette femme, d'après la description que tu en as faite, c'était… c'était…
- Bellatrix, termina Sirius.
- Bellatrix ? demanda Helena sans comprendre.
Puis son cerveau eut un déclic.
- La Bellatrix ? Celle qui a tué ma mère ?
- Oui, Bellatrix Lestrange, ma chère cousine… répliqua Sirius.
Helena demeura bouche bée. Elle ne savait quoi dire.
- Tu as déjà fait des rêves prémonitoires Helena ? s'inquiéta Hermione.
- Des rêves prémonitoires ? Mais non, arrêtez, commença-t-elle à rire. Vous me faites une blague c'est ça ? Vous vous vengez car je vous ai réveillé ?
- Helena, on ne plaisante pas, reprit Ron très sérieusement. Tu en as déjà fait ou pas ?
- Mais j'en sais rien moi ! Peut-être quelques-uns oui ! Ça arrive à tout le monde non ?
Ils se regardèrent tous d'un air grave.
- J'enverrai une lettre demain matin à Dumbledore à propos de vos rêves à tous les deux. Maintenant, allez vous coucher. On partira au Terrier demain après-midi. C'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Il sortit suivi de Ron et Harry. Helena regarda Hermione.
- Mais c'est n'importe quoi Mione, c'est pas possible, comment ça pourrait être prémonitoire ? Sirius est ici en sécurité, rien ne peut lui arriver ! C'est stupide de croire en ce rêve.
- Tu n'avais jamais vu Bellatrix de ta vie Helena… Je pense que c'est assez important pour en faire part à Dumbledore. Maintenant rendors-toi, et si tu rêves d'autre chose tu dois nous le dire.
- Je vais prendre une douche d'abord… Bonne nuit Mione.
Elle se leva, prit des affaires propres et se dirigea vers la salle de bain. Elle laissa couler un moment l'eau chaude sur son corps comme pour se laver de ce rêve qu'elle avait fait. Alors c'était donc elle celle qui avait tué sa mère. Rien que d'y penser, elle en avait la chair de poule malgré la chaleur qui l'enveloppait. Elle resta encore quelques minutes sans bouger, les larmes coulant sur ses joues. Elle décida après une bonne demi-heure de sortir et de retourner dans son lit, elle était épuisée. Lorsqu'elle posa la tête sur l'oreiller, elle se rendormit immédiatement, rêvant de femmes brunes au rire diabolique, de sa mère et de sortilèges douloureux.
- Bienvenue chez nous et joyeux anniversaire ! lui souria joyeusement la mère de Ron. Nous sommes contents de te rencontrer enfin !
Elle la prit dans ses bras comme si elle était sa propre mère et un sentiment étrange entre la stupéfaction et le contentement s'empara d'elle. Tout le monde suivit un petit chemin menant à la maison la plus bizarre qu'Helena n'eut jamais vue. Elle était construite en hauteur, si maladroitement qu'elle se demandait comment elle pouvait tenir seule. Le jardin était rempli de mauvaises herbes, mais le tout donnait un endroit vraiment chaleureux. Ils entrèrent et s'installèrent dans la cuisine. C'est la première fois qu'elle entrait dans une maison de sorciers et tout lui paraissait incroyable. Il y avait déjà quelques personnes présentes, certains roux et de différents âges. Ron lui présenta sa famille, ses deux frères qu'elle ne connaissait pas, ainsi que deux autres membres de l'Ordre qui se nommaient Remus Lupin et Nymphadora Tonks. Sirius serra cette dernière dans ses bras et Helena comprit qu'elle était sa petite cousine. Décidément, elle avait l'impression que tout le monde était de la même famille chez les sorciers.
