OCTOBRE
Sous la lune rouge,
Les hurlements du chien fou,
Terreur dans la nuit.
Chapitre 9 – Chien fou, lignes droites
Drago courait à travers l'Enfer, sa silhouette élancée se détachant sur fond de lueurs incendiaires. Ses cheveux blonds, souillés du rouge rubis du combat, avaient perdu toute trace de leur élégance passée. Son visage arborait une expression indifférente, privée de toute émotion, mais ses yeux gris brillaient d'une lueur sauvage glaciale.
Sa respiration haletante se mêlait à l'odeur âcre et métallique de la mort et du chaos qui l'entourait. Il se déplaçait avec une grâce sinistre, tel un danseur macabre au milieu d'un cauchemar sanglant. Il n'avait plus d'ami, plus d'allié, plus de Seigneur. Il errait dans ce chaos, accompagné de sa seule détermination à survivre. L'ombre de sa cape se fondait dans la nuit, ses pas étaient légers comme ceux d'un fauve, ses mouvements fluides. Sa baguette, une extension de lui-même, fauchait les vies avec une efficacité tranchante implacable. Ses sens étaient aiguisés, captant chaque bruissement, chaque signe de danger. Il esquivait les sorts avec une habileté déconcertante, se jouant de ses adversaires, une lueur de défi dans les yeux.
Les rayons verts de sa baguette découpaient l'obscurité, déchirant les ombres pour dévorer ses ennemis. Chaque mouvement, chaque éclat de magie noire, était exécuté avec une précision froide et impitoyable.
Il était prêt à tout, à abattre quiconque se mettait en travers de son chemin, à se frayer un passage dans ce qui restait de sa propre humanité.
Ce n'étaient plus des Hommes qu'il avait en face de lui, mais de simples marionnettes privées d'identité, des silhouettes sans visage dont il devait se débarrasser. Chaque hurlement de douleur semblait lui insuffler une énergie nouvelle, une force brutale qui le propulsait en avant, laissant derrière lui un sillage de destruction. Il ne ressentait plus de compassion, ni de réflexion morale. Il avait embrassé sa nature la plus sombre, celle qui l'avait toujours habité.
Dans cet enfer en feu, il se frayait un chemin impitoyable, tranchant, annihilant tout ce qui se trouvait sur son passage. Il était le bourreau, le Dieu des Enfers, qui punissait ceux qui avaient péché et chaque geste de sa baguette était une sentence sans appel.
Il ne se souciait pas de ceux qui tombaient sous le feu de ses sortilèges mortels, car à ses yeux, l'humanité avait déserté cet endroit. C'était un univers sans justice où la seule loi était celle du plus fort.
Dans cette vision apocalyptique, il ressentait curieusement une sorte d'aise, une familiarité presque dérangeante, un sentiment d'appartenance. Les explosions, le chaos, les flammes qui dansaient, semblables à des créatures vivantes, lui chuchotaient de sombres secrets à l'oreille.
Il avait été éduqué pour être un monstre et ici, dans ce champ de bataille, il assumait pleinement ce rôle, en proie à une férocité qui dépassait toute limite. Drago était un prédateur en pleine action, un chien fou, un loup affamé qui traquait sa proie dans l'obscurité, sans pitié ni remords.
Les cris de terreur et les pleurs de désespoir, plutôt que de le repousser, semblaient être une mélodie qui résonnait harmonieusement en lui. C'était comme s'il avait été façonné par les ténèbres elles-mêmes, comme si son être avait été forgé dans la souffrance et le chaos. Il était dans son élément, un maître parmi les ruines, un démiurge de la destruction.
Il portait les stigmates invisibles d'une vie façonnée par les manipulations de son père, l'omniprésence des Mangemorts et les pressions écrasantes de son lignage. Toute sa vie, il avait été formé pour cela. La noirceur de son enfance l'enchaînait à cette violence, l'empêchaient de s'échapper complètement. Il se sentait à l'aise dans ce tourbillon chaotique, comme si c'était là qu'il était destiné à être. La guerre était son terrain de jeu, bien qu'il n'eût jamais souhaité qu'elle le fût.
Cependant, il restait Harry, un phare fragile dans la nuit opaque de son existence. Les émotions qu'il éprouvait envers le Survivant étaient un enchevêtrement confus, un dédale d'affection, de rancœur et de désir refoulé. Une part de lui se demandait s'il ne méritait pas cette tourmente, si sa place n'était pas ici, au milieu du chaos. Une autre part, plus vulnérable, se souvenait de l'éclat vert des yeux de Harry, de cette étincelle de connexion qu'il avait si longtemps cherchée.
Drago s'arrêta un instant pour essuyer la suie et le sang qui maculaient son visage. Ses yeux parcoururent le ciel. Une nuit sans étoiles semblait s'étendre au-dessus de lui, étouffée par les fumées toxiques.
Bien sûr, c'était un piège grossier. Drago l'avait su au moment même où il avait transplané ici. À cet instant, il avait ressenti un frisson glacial parcourir son échine, une sensation de fatalité mêlée à une étrange forme d'acceptation.
Son regard, froid et imperturbable, scrutait sans ciller l'apocalypse qui se déployait autour de lui. Le tableau d'horreur qui lui faisait face était à couper le souffle. Drago pouvait sentir la chaleur intense des flammes dévorantes, léchant les murs calcinés comme une meute de démons affamés, qui baignaient le paysage d'une lueur écarlate, transformant la nuit en un crépuscule sanglant. Le brasier, crépitant comme un monstre affamé, consumait tout sur son passage. Le village, jadis paisible, était devenu un champ de bataille, les maisons réduites à des carcasses fumantes, les rues pavées de cendres et de débris. Les hurlements déchiraient la nuit. Le bruit sourd des corps s'effondrant sur le sol, la terre gémissant sous le poids du massacre, marquaient le rythme implacable de la tragédie qui se jouait. La subtile odeur de la peur, ce parfum que seuls les combattants connaissent, était un rappel constant de la nature impitoyable de ce monde en perdition. Les sorts sifflaient dans l'air avec une fureur terrifiante, illuminant le paysage et éclairant sporadiquement les visages déformés par la haine. Une rivière vermeille, semblant jaillir de la terre même, serpentait sans fin sous les pieds de Drago, charriant les vestiges des vies perdues.
L'idée de laisser sa vie s'effondrer ici, de mettre fin à ce cauchemar de manière brutale, avait effleuré l'esprit du jeune homme, une tentation séduisante, une échappatoire à toute cette souffrance. Mais, au plus profond de lui, l'instinct de survie avait rugi, un appel primal à l'action, à la résistance. Les flammes n'étaient rien comparées à la fournaise intérieure qui brûlait en Drago. Alors, sans hésiter davantage, il avait pris une décision Il avait plongé dans l'enfer qui s'étendait devant lui, embrassant la folie de la bataille, laissant son propre instinct de survie le guider à travers les débris de ce village ravagé.
Le pub dans lequel Harry, Ron et Hermione avaient élu domicile était à l'image du village : chaleureux, accueillant, chargé de traditions magiques. La lueur tamisée des lanternes suspendues aux poutres en bois, les rires des clients attablés, le parfum enivrant de la cuisine... tout cela évoquait des moments simples, une époque où les ténèbres de Voldemort semblaient encore lointaines.
Harry, à peine assis à la table, se plongea dans la carte des boissons. Une bière au beurre, cela lui rappelait les journées passées avec Hagrid. Il commanda d'un geste de la main, esquissant un sourire en coin. Ron opta pour un whisky pur feu, avec ce mélange subtil de courage et d'audace typique des Gryffondor. Hermione, toujours un peu plus posée dans ses choix, choisit une infusion d'herbes aux arômes envoûtants.
Leur conversation commença par des anecdotes, des souvenirs de leurs années à Poudlard qui suscitaient rires et sourires. Ils évoquèrent la fameuse fois où Fred et George avaient réussi à transformer le buste de la statue de l'entrée en dragon cracheur de feu, provoquant une panique mémorable parmi les premières années. Ron se fendit d'une imitation hilarante de McGonagall, et Hermione secoua la tête en souriant, se remémorant les fois où elle avait dû jouer les voix de la raison au milieu de leurs frasques.
Entre deux gorgées de bière au beurre, Harry s'enquit des dernières nouvelles concernant les membres de la famille de Ron. « Et comment vont les jumeaux ? »
Ron, souriant à l'évocation des Weasley farfelus, répondit avec enthousiasme : « Ils sont toujours aussi ingénieux, toujours de nouvelles idées pour leur boutique. Ils ont même conçu des friandises spéciales pour Halloween cette année, des bonbons en forme de créatures magiques effrayantes. Leurs affaires marchent plutôt bien ! »
Harry, prit une nouvelle gorgée : « Et Charlie, comment ça se passe avec ses dragons ? J'imagine qu'il doit être très occupé. »
Ron hocha la tête avec fierté : « Oh, tu parles ! Il est toujours sur le pied de guerre avec ces bestioles. Mais il adore ça, tu sais. D'ailleurs, il nous envoie régulièrement des photos de spécimens incroyables. C'est fou, il arrive même à donner des noms à certains d'entre eux, comme s'il les connaissait par cœur. »
La conversation continuait dans cette ambiance légère, évoquant les petites joies et les victoires personnelles de chacun, tous soucieux de préserver cette bulle de bonheur dans un monde de plus en plus sombre. Malgré tout, Harry ne pouvait s'empêcher de jeter des regards furtifs par la fenêtre, l'esprit un peu ailleurs.
« Vous savez, je me demande ce que sont devenus Luna et Neville », fit Hermione en souriant, une lueur de nostalgie dans les yeux.
Ron hocha la tête, un air d'approbation sur le visage. « Eh bien, je crois que Neville fait quelque chose en rapport avec la botanique, il faut dire qu'il a toujours été incroyable avec les plantes. Luna, je ne sais pas trop. Son père voulait qu'elle reprenne le journal, mais… je n'ai pas vraiment gardé contact."
Harry, hocha la tête : « Et Ginny ? Comment va-t-elle ? »
Un sourire tendre se dessina sur les lèvres de Ron à l'évocation de sa sœur. « Ginny est super, toujours plongée dans le quidditch. Elle joue pour les Harpies de Holyhead et elle est sacrément douée. D'ailleurs, elle va jouer dans un grand match contre les Frelons de Falmouth dans quelques semaines, tu devrais venir la voir jouer, Harry. »
Harry acquiesça vaguement et changea rapidement de sujet de conversation : « Et toi, Ron, tu continues le quidditch en amateur ? »
Ron hocha la tête avec fierté, ajustant un peu sa veste comme s'il était prêt à montrer un trophée. « Oh oui, je joue toujours, maintenant pour une petite équipe locale. On s'entraîne régulièrement et je dois dire que j'ai gardé pas mal de mon talent, si je puis dire. »
Hermione leva un sourcil d'un air amusé. « Oh vraiment ? C'est drôle car il me semble bien que la dernière fois, tu as failli tomber de ton balai, non ? – elle se tourna vers Harry en souriant – On se fait vieux ! »
« Miiiiione » râla Ron sans trouver quoi ajouter d'autre. Harry répondit au sourire d'Hermione : « Et toi, Hermione, quels sont les derniers livres que tu as lus ? »
Hermione se redressa légèrement, un air excité sur le visage. « Oh, tu ne devineras jamais. J'ai découvert une série de romans de fantasy absolument incroyable. C'est l'histoire d'une jeune sorcière qui... »
La conversation continua, ponctuée de rires, de clins d'œil et d'échanges légers. À chaque instant, ils s'efforçaient de maintenir cette atmosphère de camaraderie et d'amitié, tout en savourant les petites joies de la vie.
Les trois amis, le cœur léger, achevèrent leurs boissons et se mirent à flâner dans les rues pittoresques de Pré-au-Lard. La soirée était douce et les rues étaient remplies d'élèves de Poudlard profitant de la vie en dehors des murs de l'école. Les boutiques et les magasins étaient ouverts, offrant une multitude d'objets allant des gadgets magiques aux friandises les plus exotiques.
« Regardez ça ! » s'exclama Ron, en montrant un étalage de balais miniature à la pointe de la technologie, parfaitement répliqués des modèles originaux. « Ça me rappelle les heures passées dans les vestiaires de l'équipe de quidditch de Gryffondor, à bichonner mon vieux Nimbus ! Tu te souviens Harry ? »
Hermione sourit, se joignant à l'enthousiasme de Ron. « C'est incroyable à quel point ces balais sont bien faits. On dirait qu'ils peuvent voler à tout moment ! »
Harry observait les deux amis avec un air attendri, puis ses yeux furent attirés par une toute petite boutique, nichée dans un coin discret. Il ne se souvenait pas l'avoir déjà remarquée auparavant, mais il fut intrigué par le panneau qui indiquait "Objets Enchantés et Curiosités Magiques".
Poussé par une curiosité soudaine et tandis que Ron et Hermione s'extasiaient sur les objets de la boutique de quidditch, il franchit la porte qui émettait un tintement doux en s'ouvrant.
À l'intérieur, il fut accueilli par un bazar envoûtant. Les étagères regorgeaient d'objets mystérieux, d'antiquités magiques et d'artefacts enchantés. La boutique ressemblait à un cabinet de curiosités, chaque objet racontant sa propre histoire, et l'ensemble formait un kaléidoscope de formes, de couleurs et de lumières.
Le vendeur, un homme au visage bienveillant et à la barbe grisonnante, le salua, une lueur espiègle dans les yeux et un sourire amical accroché aux lèvres : « Vous avez une destinée singulière, mon jeune ami. »
Harry inclina légèrement la tête sans trop savoir comment réagir. Sans plus s'en soucier, il parcourut les allées, ses yeux s'arrêtant sur des choses étonnantes : un miroir qui semblait refléter l'avenir, des plumes dansantes, une boule de cristal qui scintillait de mille feux. Mais quelque chose attira particulièrement son attention : une petite boussole en argent, finement ciselée, ornée de symboles ésotériques. La flèche de la boussole semblait chercher sa direction, tournoyant légèrement, comme si elle attendait que quelqu'un lui confie son désir le plus profond.
Harry observa attentivement la boussole, la faisant rouler entre ses doigts, captivé par l'objet énigmatique entre ses mains. Il en appréciait la finesse des détails, mais il remarqua soudain une partie légèrement cabossée, comme si l'objet avait vécu bien des aventures. Intrigué, il passa doucement le doigt sur la surface usée et, à sa grande surprise, un mécanisme se déclencha. Une minuscule aiguille pointue en jaillit, le piquant au doigt. Quelques gouttes de son sang se mêlèrent au mécanisme de la boussole. La flèche se figea, pointant vers le sud.
Harry reposa rapidement la boussole quand le vendeur s'approcha avec un sourire complice : « Ah, je vois que la boussole vous a trouvé. - dit-il d'une voix riche en nuances - Elle est spéciale, vous savez. Elle pointe toujours vers ce que son porteur désire le plus au monde. »
Harry fut intrigué : « Combien pour la boussole ? »
Le vendeur lui sourit. « Cette boussole n'a pas de prix, mon jeune ami. Elle choisit son possesseur. Si elle vous a trouvé, c'est que vous avez une destination, un désir caché ou un chemin à suivre. Prenez-la, et elle vous guidera. »
Harry remercia le vendeur et glissa la boussole dans sa poche. Il se sentait étrangement reconnaissant pour cette découverte.
Harry continua à parcourir la boutique, cherchant des cadeaux pour Ron et Hermione. Il voulait leur montrer à quel point il les appréciait et combien leur amitié comptait pour lui. Après un moment de recherche, il trouva deux objets qui semblaient parfaits.
Le premier était un balai miniature, sculpté dans du bois d'if, incrusté de pierres scintillantes. C'était une réplique détaillée d'un Nimbus 2000, le balai de compétition légendaire. Lorsqu'on appuyait sur un petit bouton caché, le balai prenait un peu d'altitude, flottant doucement en produisant un doux bourdonnement. Harry était sûr que Ron adorerait cette petite merveille, une sorte de rappel à leur passion commune pour le Quidditch.
Le deuxième cadeau était un grimoire ancien, relié de cuir, aux pages jaunies par le temps. Chaque page était ornée de calligraphies élégantes et de dessins magiques complexes. Hermione, avec son amour pour la connaissance et la magie, serait sûrement enchantée par ce livre. Il savait qu'elle trouverait une utilisation digne de sa valeur, que ce soit pour approfondir ses connaissances ou simplement pour assouvir sa curiosité insatiable.
Reconnaissant d'avoir reçu la boussole, Harry décida de remercier le vendeur en lui donnant un peu plus d'argent que nécessaire pour les cadeaux d'Hermione et Ron. Le vendeur, sans faire de commentaire, s'inclina profondément, les yeux étincelants.
Avec les cadeaux soigneusement emballés, Harry sortit de la boutique. Quand il se retourna pour la regarder une dernière fois, il fut surpris de constater que la petite enseigne "Objets Enchantés et Curiosités Magiques" avait mystérieusement disparu Il revint sur ses pas, regardant autour de lui, mais l'endroit où elle se tenait quelques instants auparavant était bel et bien vide désormais, comme si l'établissement n'avait jamais existé.
Harry ne pouvait s'empêcher de se demander s'il ne venait pas de pénétrer un recoin éphémère et insaisissable du monde magique, un endroit destiné à apparaître lorsque quelqu'un avait besoin de trouver quelque chose de spécial.
Sans plus se prendre la tête, il retrouva Ron et Hermione et leur offrit les cadeaux.
« Je l'adore ! » s'exclama Ron, le visage illuminé en admirant le petit balai. « Ça ira parfaitement entre mes médailles, sur l'étagère ! Merci, Harry, c'est génial. »
Hermione prit le livre entre ses mains, un mélange d'émerveillement et de gratitude sur le visage. « Harry, c'est incroyable ! C'est l'édition originale de 1753 de Malices et Maléfices… – elle feuilleta l'ouvrage et ses yeux s'agrandirent - Et avec les annotations de l'auteur ! Ho ! Harry ! Merci, merci, merci beaucoup ! C'est exactement le genre de cadeau que j'adore. »
Après avoir terminé leurs emplettes, le trio décida de faire une nouvelle pause dans un café, se laissant envelopper par l'atmosphère paisible de Pré-au-Lard. Ils s'installèrent, commandèrent de nouvelles boissons, et se plongèrent dans des conversations légères et animées.
« Vous vous souvenez de cette fois où Fred et George ont transformé les escaliers du grand hall en un immense toboggan ? » demanda Ron, un sourire nostalgique aux lèvres.
Hermione rit en hochant la tête. « Et quand ils ont jeté des feux d'artifice en forme de dragon pendant la finale de quidditch ? C'était tout simplement épique. »
« Ou quand ils ont envoûté les statues de la cour pour qu'elles chantent une chanson ridicule, » ajouta Harry en riant. « Les professeurs n'ont jamais pu prouver que c'était eux, mais on savait tous qui avait fait le coup. »
Les souvenirs s'entremêlaient, chacun rappelant une anecdote, un moment de joie, ou un acte de bravoure partagé à Poudlard. Les rires fusaient, les visages s'illuminaient. Ils discutèrent des cours, des rivalités de maisons, des matchs de quidditch et même des bizarreries de Peeves.
Drago avançait avec une détermination presque effrayante, sa baguette tenue fermement dans sa main, une lueur de fureur dans les yeux. Les mangemorts semblaient être partout, se matérialisant à chaque coin de rue. Ils avaient attaqué ce village moldu avec une brutalité sans merci, ne laissant derrière eux que des rues dévastées, des bâtiments en ruines et des cris de terreur.
Drago n'avait plus le luxe de la réflexion ou de l'hésitation. L'adrénaline lui conférait une énergie surhumaine, le poussant à se battre pour sa vie. Il ne ressentait pourtant aucune peur. Alors que son corps réagissait mécaniquement, il se remémorait les leçons de son père.
Il avait affronté plusieurs mangemorts en chemin, des adversaires impitoyables qui n'avaient pas hésité à attaquer, à chercher à le tuer. Mais Drago avait repoussé les sorts, paré les attaques, sa baguette bougeant presque instinctivement. Il ne pouvait pas laisser de témoin. Personne ne devait savoir qu'un jour, il s'était trouvé là.
Et, alors qu'il se frayait un chemin à travers cette marée de ténèbres, il avait senti, presque par hasard, la présence de l'enfant. C'était une sensation fugace, une intuition inexplicable, qu'il ne pouvait pas ignorer.
C'était ainsi, dans cette lutte désespérée, qu'il avait finalement rencontré ce petit être aux cheveux argentés, âgé tout au plus de 3 ou 4 ans, debout, seul, au milieu des ruines, son regard aveugle le fixant avec une étrange intensité.
Drago se figea un instant, interdit. Comment cette chose, cette petite chose fragile, pouvait se tenir là au milieu de toute cette désolation, entourée de montagnes de chaires pourrissante ? Comment l'enfant ne pouvait-il pas être brisé ? Emporté par le souffle des explosions ? Fauché par un sort perdu ?
Sans s'en apercevoir, Drago s'était approché, tous ses sens aux aguets. Cette rencontre ne suscitait chez lui aucune empathie. Juste un peu de curiosité. Alerté par le bruit des gravats sous ses pieds, l'enfant tourna la tête vers lui, une expression résignée sur le visage.
Drago leva sa baguette d'un geste lent et déterminé et la posa sur le front de l'enfant. Un moldu, évidement. Petit, faible, inutile. Une vermine bonne à écraser. Ses parents, sa famille, devaient être proches, probablement parmi ces corps sans vies qui s'amoncelaient dans le village. Drago se revit quinze ou vingt ans en arrière, seul, malingre et malheureux. Une voix en lui suggérait que tuer l'enfant serait un acte de compassion, une manière d'abréger ses souffrances et de lui éviter un avenir sans espoir.
Il raffermit sa poigne. L'enfant était aveugle, il ne verrait même pas venir la fin. Le silence l'entourait, un silence oppressant qui semblait étouffer tous les sons, ne laissant que son propre souffle rauque. Il commença à murmurer le sort.
Mais à ce moment crucial, quelque chose d'inattendu se produisit. Drago sentit un léger tiraillement sur la cape qu'il portait. Un minuscule poing s'était saisi d'un pan de tissu et l'enfant, dont les pupilles aveugles fixaient l'homme qui le dominait de toute sa hauteur, semblait protester contre le destin que Drago s'apprêtait à lui offrir. C'était comme si l'enfant, avec cette poigne fragile mais déterminée, lui disait que la mort n'était pas la seule voie, que même dans cette tragédie, il y avait un espoir, un fil ténu qu'il ne devait pas briser.
L'impact de ce geste sur Drago fut presque électrique. Il perdit toute sa concentration. Son cœur manqua un battement et il fut submergé par un mélange de confusion et de quelque chose de plus profond qu'il n'aurait pu définir. Il comprit qu'il hésitait. Une vague d'émotions contradictoires déferla en lui.
Tout sembla ralentir autour de lui, chaque détail de la scène prenant une importance incroyable. La manière dont l'enfant tenait sa petite peluche ensanglantée, les éclats de verre brisé autour d'eux, les silhouettes des bâtiments effondrés. Le feu qui hurlait sans répit autour d'eux, maintenant.
L'enfant ne pleurait pas, il ne gémissait pas, il restait là, stoïque, comme si, d'une manière ou d'une autre, il comprenait que sa situation était sans issue. C'était cette absence de larmes, ce silence résigné qui perturba Drago. Il s'attendait à des cris, à des pleurs, à une réaction de terreur, mais l'enfant restait calme et cela le heurtait de plein fouet.
Le geste de la baguette fut interrompu, sa main retomba lentement.
Un sort frôla la joue de Drago pour aller s'écraser sur un mur plus loin. Avec une rapidité presque inhumaine, Drago se retourna et exécuta son assaillant. Puis, il prit l'enfant dans ses bras.
Dans un effort pour se frayer un chemin à travers les décombres, il avançait, tenant l'enfant avec précaution. Une chaleur étrange s'empara de lui. Cette rencontre, aussi improbable soit-elle, bouleversait quelque chose en lui.
Mais à peine avait-il franchi quelques pas dans les ruines dévastées que l'horreur s'abattit à nouveau sur lui. Des ombres sombres et menaçantes surgirent de toutes parts, leurs baguettes pointées vers lui, prêtes à tuer.
La situation était complexe. Drago ressentit une montée d'adrénaline, son instinct de survie en alerte, mais le fardeau de l'enfant dans ses bras limitait sa liberté de mouvement. Il ne pouvait pas se défendre efficacement, ni esquiver les sorts qui se déchaînaient.
Drago tentait de protéger l'enfant, de dévier les sorts, et de riposter quand il le pouvait. Ses mouvements étaient lents et laborieux, chaque pas pesant, chaque geste coûtant une fraction précieuse de son énergie déjà épuisée.
Les sorts de découpe sifflaient autour de lui, des éclairs verts et des éclats lumineux se rapprochant dangereusement. Drago se battait avec l'énergie du désespoir, esquivant tant bien que mal les maléfices qui fusaient vers lui. Mais il ne pouvait pas tous les éviter. Il sentit la morsure brûlante d'un sortilège lui fendre l'épaule, suivi d'un autre qui le toucha aux côtes, provoquant une douleur lancinante. Chaque impact lui arrachait un gémissement étouffé, mais il ne pouvait pas faiblir.
La pensé que la compassion pouvait être une faiblesse lui traversa l'esprit. D'autres sorts le touchèrent, le tailladant de toutes parts. La douleur était déchirante, mais Drago persévérait, serrant les dents, faisant de son mieux pour ne pas lâcher l'enfant et pour repousser les attaques.
Il posa un instant un genou à terre, essayant de reprendre son souffre, rééquilibrant le poids de l'enfant dans ses bras. Puis il repartit à l'assaut, se battant avec l'énergie du désespoir, lançant des sorts avec une précision qui n'avait jamais été aussi vitale. Le sang, gouttant lentement dans ses yeux, brouillait lentement sa vision.
Alors que les sorts des mangemorts pleuvaient sur lui, Drago repéra un pan de mur écroulé, des débris de pierre et de béton empilés en désordre. D'un geste précis de baguette, le pan de mur se détacha du reste de la structure et fila à grande vitesse vers les mangemorts qui s'avançaient, abattant plusieurs d'entre eux en un fracas de pierres et de poussière. Le choc inattendu les renversa, les ensevelissant sous les débris.
Cette manœuvre calculée permit à Drago de gagner un court répit. Il savait que ce n'était que temporaire, mais chaque minute gagnée était un pas de plus loin de la mort. Repérant un morceau de charpente en bois à proximité, Il utilisa un sort de transmutation pour le changer temporairement en une barrière temporaire qui le protégeait des attaques.
Alors que ses assaillants cherchaient un moyen de contourner son bouclier, Drago lança rapidement un sortilège de brouillard dense autour d'eux. Le brouillard se mêla à la fumée et se répandit rapidement, réduisant la visibilité et semant la confusion.
Profitant de ce moment d'incertitude, Drago se mit à courir en direction d'un passage étroit entre les décombres. Le brouillard les cachait, rendant leur fuite moins prévisible, mais le son de ses pas le trahissait.
Il se fraya un chemin à travers les débris, utilisant sa baguette pour éloigner ou désarmer tout mangemort qui s'approchait trop près. Enfin, ils parvinrent à un endroit relativement isolé, une sorte de vieille grange en ruine. Drago poussa la porte entrouverte et entra, se préparant à défendre leur position au cas où ils seraient suivis. Mais, pour l'instant, ils étaient en sécurité et Drago savait que chaque instant de répit était précieux. Il posa l'enfant sur le sol et, le souffle court, jeta un coup d'œil autour de lui, évaluant les options.
Le bâtiment était sombre, les murs craquelés et les fenêtres brisées laissaient filtrer le vent et les fumées. Ils étaient cachés pour l'instant, mais la menace était toujours présente. Drago savait qu'il devait faire vite. Dans sa fuite, ses blessures s'étaient dégradées et certaines parties de son corps n'étaient plus qu'un monceau informe de chaires déchirées. L'adrénaline l'avait un temps anesthésié, mais désormais, il ressentait tout au centuple.
Il avait rechigné à transplaner avec l'enfant, car il n'était pas certain que cette petite chose moldue pourrait tenir le choc, physiquement et mentalement, d'une distorsion spatiale. Ce n'était pas pour rien que l'on utilisait la poudre de cheminette avec les petits.
Sur le coup, dans le feu de l'action, Drago avait pensé que c'était une bonne idée de se cacher ici, mais désormais, il se rendait compte de l'erreur de débutant qu'il avait commis. Cette grange, qui leur avait temporairement servi de refuge, semblait devenir un tombeau dont ils ne pouvaient pas s'échapper.
Drago entendit le sifflement caractéristique d'un sort lancé sur la grange. Une seconde plus tard, la porte en bois explosait, projetant des échardes de bois dans toutes les directions.
La bataille s'engagea à nouveau, les sortilèges fusant dans l'obscurité. Drago protégeait l'enfant de son corps, repoussant les attaques avec une ferveur désespérée. La douleur était presque insupportable maintenant, mais il refusait de laisser la faiblesse le dominer. Il combattait avec une détermination farouche, sachant que leur survie dépendait de chaque mouvement, de chaque choix.
Un sortilège lui entailla la jambe. Un autre le bras. Drago riposta avec une rapidité surprenante. Il esquivait les sorts, lançait des boucliers protecteurs et ripostait avec une précision mortelle. Il remarqua une énorme poutre de bois suspendue au-dessus d'eux, prête à s'effondrer à tout moment.
Avec une détermination farouche, Drago se concentra et lança un sort de lévitation sur la poutre. Il la fit osciller, puis, au moment précis où les mangemorts se rapprochaient, il relâcha le sort, envoyant la poutre massive s'abattre avec une force dévastatrice sur les assaillants. Plusieurs ennemis furent écrasés sous le poids de la poutre, et d'autres furent projetés violemment à terre.
Dans un dernier effort, Drago releva sa baguette, repoussant les dernières attaques ennemies, combattant avec l'énergie du désespoir. Un ultime acte de résistance. Chaque instant avait compté, chaque douleur était devenue une partie intégrante de leur lutte pour la vie.
Enfin, le dernier assaillant s'effondra, vaincu. Un lourd silence s'installa, les mangemorts étaient tous vaincus, étendus inanimés autour d'eux. La bataille avait été remportée, mais les séquelles étaient profondes.
Drago tituba, épuisé, puis tomba à genoux dans la poussière, le souffle erratique, les oreilles bourdonnantes. C'était fini. La douleur le submergea et il sentit que ses forces le quittaient rapidement. Il n'était pas certain de pouvoir se relever. Le sang coulait en rivière, le froid le gagnait et une vague de fatigue insurmontable menaçait de l'engloutir. Sa baguette glissa de sa main pour rouler sur le sol.
Il entendit un pas feutré près de lui. Le bruit ténu du bois raclant sur le sol. Puis deux petites mains froides se posèrent sur son visage, essuyant le sang qui coulait dans ses yeux. Drago releva la tête. L'enfant, sans un mot, lui tendit sa baguette. Alors, puisant dans ses dernières forces, il se concentra, rassemblant tout ce qui lui restait pour un acte désespéré. Il n'avait pas d'autre choix. Il ferma les yeux un instant, se focalisant sur l'image d'un endroit sûr, un lieu où il pourrait fuir avec l'enfant, où ils pourraient être à l'abri. Puis, d'un mouvement presque animal, ils transplanèrent.
La conversation entre Harry, Ron et Hermione, qui avait débuté de manière légère, évoquant des souvenirs et des sujets plus détendus, avait inévitablement fini par dévier sur des sujets plus actuels. Alors que Ron partageait les informations qu'il avait obtenues de son père, une atmosphère lourde de préoccupation envahit le café.
Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Les mouvements des troupes de Voldemort se faisaient ressentir, et le sud du pays était particulièrement touché par les exactions. Un exode massif des sorciers vers la capitale avait commencé, mais le gouvernement semblait envisager des mesures pour limiter l'arrivée de ces réfugiés.
Hermione, toujours encline à défendre les droits et le bien-être des individus, s'offusqua de cette approche gouvernementale : « Je n'arrive pas à croire à quel point tout ça a empiré – soupir-t-elle, secouant la tête. - Les sorciers fuient en masse vers la capitale, c'est compréhensible, mais j'ai du mal à accepter que le gouvernement envisage de bloquer leur arrivée. Ils ont autant le droit de chercher la sécurité que quiconque. »
Ron secoua la tête : « Les nouvelles ne sont pas bonnes, les gars. Mon père est débordé au ministère. Le sud du pays en prend un sacré coup et on ne s'est pas assez bien préparé. La nourriture commence déjà à manquer dans certaines régions et on a peur que l'insécurité augmente si les mouvements de populations sont trop denses."
« Je comprends le point de vue du gouvernement, - répondit Harry en hochant la tête - La famine et les troubles dans la capitale sont déjà un gros problème en temps normal. Mais si les réfugiés ne sont pas accueillis, ça va être encore pire. Ça risque de dégénérer sérieusement."
Hermione s'offusqua, sa colère commençant à se manifester. « C'est inacceptable ! Comment peuvent-ils abandonner les gens dans le besoin ? »
Ron posa une main sur son épaule : « On a envoyé des troupes et des aurors pour aider la population. Il y a aussi des détachements de Magicomages pour soigner les blessés. Mais tout ça nous a un peu pris de court… »
« Je ne peux pas croire que les villages du sud soient en flammes - souffla Hermione, les yeux remplis de tristesse - Tant de vies brisées, de familles déplacées, c'est une vraie tragédie. »
« Je n'arrive même pas à imaginer ce que vivent ces gens. Fuir leurs maisons, tout perdre... et les alliés de Voldemort sont partout, infiltrés dans toutes les couches de la société magique. Ils s'organisent, ils planifient, et ils sèment la destruction à grande échelle...» ajouta Harry d'un ton sombre.
Le silence s'installa un instant, chaque membre du trio absorbant la gravité de la situation. Soudain, un fracas, ponctué de hurlements, les tira de leur réflexion. Ils sortirent précipitamment du café et se figèrent brusquement à la vue de l'horreur qui se déroulait devant eux.
Deux trolls de guerre, gigantesques et redoutables, semaient la destruction dans la rue, abattant leurs massues avec une violence terrifiante. Les cris d'effroi des élèves, des passants et des commerçants emplissaient l'air, mêlés au fracas des vitrines brisées et des bâtiments éventrés.
Harry, Hermione et Ron partagèrent d'un regard la même pensée, sachant instinctivement qu'ils devaient intervenir pour protéger les innocents. Sans un mot, ils se mirent en action, leurs baguettes en main. Leurs années d'entraînement et d'aventures les avaient préparés à affronter des dangers, même dans des moments aussi chaotiques.
"Stupefix !" cria Ron, visant l'un des trolls de guerre avec précision. Le sort toucha sa cible, faisant trébucher le troll et le déséquilibrant momentanément.
Pendant ce temps, Hermione lançait des sortilèges de protection autour des civils effrayés qui se dispersaient, cherchant des abris. Harry, lui, concentrait son attention sur l'autre troll de guerre, cherchant un moyen de le neutraliser.
Un sort bien placé de Harry fit chanceler le troll, le forçant à s'agenouiller momentanément, permettant ainsi aux autres de se rapprocher en toute sécurité.
« Nous devons travailler ensemble ! » cria Hermione, déterminée à mettre fin à cette menace.
Le trio coordonna leurs attaques, utilisant des sorts et des stratégies combinées pour affaiblir les trolls de guerre. Peu à peu, les géants furent contraints de reculer, leurs massues ne s'abattant plus avec la même fureur.
Alors que l'assaut se poursuivait, des renforts du ministère apparurent finalement : des sorciers et des aurors débarquèrent pour contenir la situation. Les trolls furent maîtrisés, désarmés et neutralisés.
Le calme commençait à revenir dans la rue dévastée, et le trio se retrouva, essoufflé mais indemne. Leurs regards se croisèrent, exprimant un mélange de soulagement et de fierté pour avoir surmonté cet assaut imprévu.
« Ça ne s'arrête donc jamais, n'est-ce pas ? » soupira Ron, regardant les dégâts autour d'eux.
Hermione acquiesça, serrant sa baguette. « Nous savions que la guerre était là, mais maintenant elle frappe si près de chez nous. Nous devons rester vigilants et prêts à agir à tout moment. »
Harry fixa l'horizon, songeur. L'attaque était plutôt limitée en termes de destruction physique, mais l'impact psychologique était évident. Les débris et les bâtiments endommagés témoignaient de la puissance des trolls, mais il semblait que Voldemort avait délibérément choisi de frapper là où des civils étaient présents.
« Ils ne cherchaient pas vraiment à faire des dégâts majeurs ici - dit Harry, pensif. C'était plus un message, une démonstration de leur pouvoir. Montrer qu'ils peuvent frapper n'importe où, n'importe quand. Semer la peur et l'incertitude. »
Hermione hocha la tête, comprenant la stratégie. « Ils veulent déstabiliser la population, affaiblir notre morale, semer la panique. C'est ce que font les terroristes. »
Ron fixa le sol, visiblement contrarié par cette nouvelle réalité. « Ils se fichent bien de qui ils blessent. Tout ce qui compte pour eux, c'est répandre le chaos. »
Harry sentit un frisson d'inquiétude le parcourir. Il scruta les environs, s'assurant que les aurors et les renforts du ministère prenaient bien en charge la situation. Bien que la situation à Pré-au-Lard se soit momentanément stabilisée, il avait l'impression que quelque chose d'anormal se passait à Poudlard. Une sensation diffuse, un pressentiment que la sécurité des élèves était en danger. « Je ne le sens pas, les gars. On ferait mieux de rentrer rapidement à Poudlard. Quelque chose cloche."
Hermione et Ron acquiescèrent, partageant le sentiment de Harry.
Le trio avait transplané à l'entrée du parc de Poudlard, mais l'horreur qui les attendait dépassait tout ce qu'ils auraient pu imaginer. Dans le ciel scintillait la marque des ténèbres. Le serpent ne cessait d'entrer et de sortir de la bouche hurlante du crâne. Des flammes ravageaient le parc, créant un brasier dévastateur qui engloutissait tout sur son passage. Les arbres semblaient se tordre sous l'intense chaleur, leurs feuillages consumés laissant place à des squelettes noircis.
Les tourelles du château brûlaient, projetant des étincelles ardentes dans la nuit, tandis que des colonnes de fumée sombre s'élevaient dans le ciel étoilé. Les vitraux des fenêtres volaient en éclats sous l'effet de la chaleur, blessant ceux qui se trouvaient en dessous.
Leur cœur se serra en entendant les cris des enfants, des élèves de Poudlard pris au piège de cette attaque soudaine. Les mangemorts étaient présents, semant la terreur avec une impitoyable détermination. Les professeurs se battaient héroïquement pour protéger les élèves, lançant des sortilèges de défense tout en essayant de coordonner une évacuation ordonnée.
Sans réfléchir, Harry, Ron et Hermione se précipitèrent vers le château, leur baguette en main, se frayant un chemin à travers le tumulte. Ils se joignirent aux professeurs, aidant à repousser les mangemorts, à former des boucliers protecteurs et à guider les élèves vers des endroits plus sûrs.
Les sorts fusèrent dans tous les sens, créant un ballet mortel au milieu des flammes et des cris. Hermione lança un sort qui désarma plusieurs mangemorts, tandis que Ron lançait un sort de désorientation, semant la confusion parmi leurs ennemis.
Harry, de son côté, focalisait son attention sur les plus jeunes élèves, s'assurant qu'ils étaient dirigés en lieu sûr. Il lança un sortilège de bouclier protecteur, créant un dôme magique autour du groupe, les gardant à l'abri des attaques. Il croisa le regard de plusieurs d'entre eux, terrifiés. Il les rassura du mieux qu'il put, les guidant à travers les passages du parc que lui et ses amis avaient autrefois empruntés.
Les enfants en lieu sûr, Harry rejoignit ses amis. Un professeur arriva en hurlant, pointant le château : « Des enfants ! il reste des enfants à l'intérieur ! »
Ron était déjà en mouvement, ignorant les supplications d'Hermione de ne pas y aller. Il se précipita à travers la porte enflammée. Harry, bien décidé à rejoindre Ron, suivit rapidement ses traces, se frayant un chemin à travers les ruines et les flammes qui dévoraient les couloirs de Poudlard. Son cœur battait avec une intensité douloureuse, l'angoisse de ne pas trouver Ron l'envahissant.
Dans le brasier, il repéra plusieurs enfants, apeurés et désorientés. Il les rassembla, utilisant ses compétences pour les guider vers la sortie, loin des flammes dévorantes. Il savait que chaque instant comptait, que chaque seconde passée à l'intérieur était un risque supplémentaire.
Alors qu'il était en train de sortir avec les enfants, le visage en sueur et la respiration saccadée, il s'aperçut avec un sentiment d'horreur que le chemin de Ron n'avait pas croisé le sien.
Hermione, observant tout cela avec angoisse depuis l'extérieur, sentit son cœur se serrer quand elle vit Harry revenir seul, sans Ron. Elle criait, pleurait, mais le fracas des flammes et du chaos semblait étouffer ses appels. Les secondes semblaient durer une éternité alors qu'elle attendait, priant pour que Ron réapparaisse sain et sauf.
Au loin, un clocher sonna 23 heures, et Poudlard explosa.
