Octobre
Un éclair lointain
Le tonnerre gronde en écho
L'orage approche.
Chapitre X - Prémices du chaos
06h24 – Bureau de Dumbledore
La pièce était baignée dans la lumière douce de l'aube et Drago Malefoy se tenait près de la porte, refusant de s'asseoir dans l'un des confortables fauteuils en face du bureau du directeur de Poudlard. Il restait debout, prêt à partir à tout moment, fixant Dumbledore d'un regard perçant, une lueur de méfiance dans les yeux.
Cette visite n'était qu'une formalité, une mission temporaire qu'il acceptait pour échapper au malaise qui planait entre lui et Harry. Il se sentait fuir, et cette pensée le hantait.
Le bureau était empreint d'une atmosphère si solennelle que Drago se demanda un instant si Dumbledore utilisait sa magie pour maintenir cette ambiance, comme une sorte de mise en scène destinée à imposer son autorité. « Dumbledore », dit-il d'un ton détaché en s'appuyant contre le chambranle de la porte, s'adressant au vieil homme assis derrière son bureau. Il n'avait pas ajouté de préfixe honorifique comme « professeur » ou « directeur ». Pour Drago, Dumbledore n'était qu'un personnage avec lequel il avait appris à composer, sans plus de considération ni de respect.
« Drago, mon garçon, il est temps de payer ton loyer. - commença Dumbledore, scrutant Drago comme s'il cherchait à lire dans ses pensées - nous avons une mission d'importance qui nécessite ton expertise. »
Drago ne répondit pas, se contentant de croiser les bras.
« Cette mission te mènera dans le sud du pays, - annonça Dumbledore d'un ton évasif - pour récupérer certains documents... compromettants ».
Drago leva un sourcil, son intérêt piqué. « Compromettants ? - demanda-t-il d'un ton intrigué - Dans quel sens ? »
Dumbledore hésita un instant, semblant peser le pour et le contre : « Disons simplement que ces documents pourraient mettre à jour des secrets bien gardés que je ne vois pas l'intérêt de révéler au grand public. » Un frisson parcourut l'échine de Drago, persuadé que les mots de Dumbledore révélaient quelque chose de bien plus profond que de simples « documents compromettants ».
Il leva un sourcil. « Deux points, - lâcha-t-il d'un ton neutre - la situation est très tendue là-bas, ça ne sera pas une partie de plaisir. Ensuite, pourquoi moi ? Si c'est seulement pour récupérer des documents, n'importe quel imbécile de l'Ordre peut y aller. Ce n'est pas directement lié à mon statut d'espion. »
Dumbledore lui adressa un sourire énigmatique, éludant certaines questions comme s'il avait des raisons de ne pas révéler tous les détails : « Chaque rôle de cette mission a été choisi avec soin, Drago. Il y a des... compétences uniques que tu possèdes qui rendent ta participation essentielle à la réussite de cette mission. Tout est en place pour une raison. La sécurité du monde est en jeu, même si cela signifie que nous devons prendre des risques. Mais sache que cette mission est d'une importance capitale pour notre lutte contre les ténèbres. »
Dumbledore fixa Drago d'un regard intense. Un sourire subtil passa sur ses lèvres : « N'oublie pas, Drago, que parfois, certains sacrifices doivent être faits pour le bien commun. »
Drago leva un sourcil, perplexe quant à la tournure que prenait cette conversation. « Précisez », réclama-t-il d'une voix sans émotion, tout en observant attentivement Dumbledore.
« Les sacrifices nécessaires ne sont jamais faciles - , répondit-il, ses yeux bleus fixés sur Drago avec une intensité presque hypnotique, - Cependant, il est parfois crucial de faire des choix difficiles pour préserver l'équilibre. Assure-toi bien de ne pas revenir, tant que la mission n'a pas été menée à terme. Ho, et bien sûr, assure-toi aussi de ne laisser aucun témoin, afin de protéger ta couverture. »
Les sourcils de Drago se froncèrent. Bien qu'il soit habitué à accomplir des actes sombres en tant qu'exécutant, la demande de Dumbledore soulevait des questions sur la direction que prenait cette mission. Pourtant, sa dispute avec Harry l'empêchait de se plonger dans les détails, il voulait juste s'éloigner de Poudlard, même si cela signifiait accepter une tâche qui lui paraissait plus qu'ambiguë.
Il quitta la pièce d'un pas souple. « Je suis prêt à faire ce qui doit être fait. » La phrase résonna encore un instant dans le silence du bureau encombré du directeur.
10h37 – Parc de Poudlard
Il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre bruit sinon, il la trouverait… elle essaya de calmer sa respiration, mais son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine.
Elle se décida un moment à sortir la tête de sa cachette pour vérifier s'il était toujours là ou si elle pouvait partir. Un souffle de vent fit virevolter ses cheveux blonds. Elle regarda le chemin mais ne le vit pas. Il aurait abandonné ? Elle en doutait ; cela lui semblait trop simple. Il était sûrement caché quelque-part lui aussi, attendant le moment propice pour se montrer, comme un loup guettant sa proie…
Un chat miaula au loin. Le son d'une clochette retentit.
La femme jaugea du regard la distance qui la séparait de l'arbre le plus proche. Il n'y avait que quelques mètres, mais il courait plus vite qu'elle. Il la rattraperait avant même qu'elle n'atteigne le réverbère. Mais si elle restait là, cachée derrière cette poubelle, il la découvrirait aussi, tôt ou tard.
Sa décision fut prise rapidement ; elle se mit à courir en direction du chêne. Elle comptait sur l'effet de surprise : avec un peu de chance, il ne réagirait pas tout de suite, lui laissant le temps de se mettre à l'abri.
Mais c'était mal le connaître. Elle sut qu'elle avait perdu au moment où elle sentit son souffle chaud sur sa nuque. Elle essaya d'accélérer, mais deux bras musclés s'emparèrent de sa taille.
Elle se débattit pour se dégager, mais il resserra sa prise.
« Tu as perdu, admet-le. Je t'avais dit que je pouvais te trouver en moins de deux minutes, Luna » déclara-t-il d'un ton triomphant.
Luna le fixa de ses grands yeux rêveurs : « Tu sais, Neville, le Nargacrou est un maître du camouflage, tout comme moi. »
« Et bien le Nargacrou a encore des efforts à faire… »
Alors que la lumière dorée du soleil baignait l'air d'une douceur irréelle, Luna s'approcha de Neville et l'embrassa légèrement sur la joue. « Neville, peu importe ce qui arrive, je suis reconnaissante de t'avoir dans ma vie. »
Neville souri, touché par les mots de Luna : « Moi aussi, Luna. Moi aussi. »
Un vent doux souffla, faisant virevolter les cheveux de Luna et apportant avec lui le parfum suave des feuilles d'automne. Elle courrait, ses boucles blondes flottant au vent, son rire illuminant l'espace comme si mille soleils éclairaient le parc. La lumière se frayait doucement un chemin à travers les arbres. Quelques feuilles mortes commençaient à former un tapis coloré qui craquait sous ses pas et Luna se fondait délicatement entre les ombres des arbres, sa tenue se mêlant à la palette automnale.
Et Neville ne pouvait pas s'empêcher d'admirer ses yeux qui scintillaient bien plus que les rives du lac.
11h13 – Cachots de Poudlard
Severus Snape se trouvait dans son laboratoire, plongé dans ses préparations alchimiques. Les étagères étaient remplies de fioles, d'ingrédients rares et de parchemins couverts de formules complexes.
Alors qu'il se concentrait sur une potion délicate, il n'avait pas remarqué l'arrivée silencieuse de Poppy Pomfresh, l'infirmière de l'école. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte, observant le maître des potions avec un mélange de fascination et de perplexité. Snape était une énigme vivante, un homme aux multiples facettes, et cela intriguait toujours Poppy.
« Severus, vous passez trop de temps enfermé ici. - déclara-t-elle d'un ton à moitié grondeur, à moitié taquin - Il fait beau dehors, vous savez. »
Le professeur de potion leva les yeux de sa fiole, ses sourcils froncés pas l'irritation. « Je travaille, Poppy. »
L'infirmière soupira, habituée à la rudesse du maître des potions : « Oh, Severus, cessez donc de faire le grand méchant loup. Vous savez que je ne vous dérange que par nécessité. » Elle tenait dans ses mains une pile de dossiers, preuve que son intrusion dans la salle de potions n'était pas sans raison.
Snape haussa un sourcil, curieux de connaître la nature de la visite de Poppy. « Que voulez-vous ? » Il se doutait de la réponse : Poppy venait souvent lui demander des potions pour les élèves.
L'infirmière s'avança vers la table, déposant les dossiers avec soin. "Quelques nouvelles préoccupantes à propos de certains élèves. Le jeune MacCormic est tombé dans de la Sipatule Vénéneuse en cours de botanique et sa peau est maintenant couverte de plaques urticaires bleues. Et je ne parle même pas de Mademoiselle Tudoir, qui a reçu un sort perdu de repousse-membre. La pauvre enfant se retrouve avec trois bras. Vous avez une potion pour eux ?"
Snape s'appuya contre le rebord de la table, observant les dossiers d'un air désintéressé. « Ce ne sont pas mes affaires, Pomfresh. Je ne suis pas médicomage. »
Poppy leva les yeux au ciel, connaissant la réticence de son collègue à montrer la moindre compassion. « Je sais bien, Severus, mais il se trouve que vous êtes doué pour les baumes et les potions. Votre spray Calmant Draconis a fait des merveilles la dernière fois que je l'ai utilisé. »
Snape soupira, agacé par le compliment déguisé de Poppy. « Bien, donnez-moi les dossiers, je vais jeter un œil. »
Poppy sourit, satisfait d'avoir obtenu ce qu'elle voulait. Elle lui tendit les dossiers, puis tourna les talons pour s'en aller. « Merci, Severus. Je savais que je pouvais compter sur vous. » Elle s'arrêta un instant sur le pas de la porte : « Au fait, je voulais vous demander… le jeune Potter… j'ai entendu dire qu'il continuait ses entraînements spéciaux pour vous savez quoi. Je ne le vois plus beaucoup en ce moment, mais la dernière fois qu'il est venu me voir, il était dans un état lamentable. J'ai cru ne pas pouvoir le récupérer et le remettre sur pied tellement il était abîmé. »
Snape haussa les épaules : « Et que voulez-vous que je fasse ? Ce garçon est majeur et vacciné. »
L'infirmière fit un pas hésitant vers lui : « Peut-être pourriez-vous en parler à Dumbledore ? Lui dire de relâcher un peu la pression qu'il met sur les épaules d'Harry ? »
Le professeur de potion se contenta de garder le silence.
15h07 – Parc de Poudlard
La journée était magnifique Le soleil éclairait les murs du château d'une lueur dorée, faisant scintiller les feuilles d'automne des arbres du parc. Tout semblait calme et paisible, mais l'esprit d'Harry était tout sauf serein. Il venait de quitter les cachots, après sa conversation avec Severus au sujet de Drago et son anxiété semblait s'intensifier à chaque pas qu'il faisait.
Ron et Hermione l'attendaient près du lac, se prélassant sur l'herbe et profitant de cette journée ensoleillée. En voyant Harry s'approcher, Ron se leva et agita la main, un sourire aux lèvres.
« Harry, viens prendre l'air un peu, mec! » appela Ron.
Hermione hocha la tête en signe d'approbation. « C'est une journée parfaite pour se détendre, tu ne crois pas? »
Harry esquissa un sourire léger en les rejoignant, mais il était clair que son esprit était toujours préoccupé. Il s'assit à côté d'eux et se laissa tomber sur l'herbe, les yeux fixés sur le lac, comme s'il espérait y trouver des réponses.
« Ça va, Harry? » demanda Hermione doucement, percevant l'agitation qui le tourmentait.
« Ouais, ça va, » mentit Harry. Il voulait garder pour lui son engueulade avec Drago. Il avait l'impression qu'en parler reviendrait à dévoiler un bout d'intimité, de jardin personnel, de son colocataire. Et il était certain que Drago détesterait cela.
Ron et Hermione échangèrent un regard, mais ils ne pressèrent pas Harry de leur dire ce qui le préoccupait. Ils comprenaient son besoin d'intimité et de résoudre ses problèmes par lui-même. C'était ce qu'ils aimaient chez lui, sa détermination à protéger ceux qu'il aimait, même si cela signifiait porter seul le poids de ses préoccupations.
« Quoi qu'il en soit - dit Ron en se levant - nous devrions profiter de cette journée. Pré-au-Lard pourrait être sympa. On pourrait se détendre et passer un bon moment. »
Hermione renchérit : « Nous pourrions passer à la Tête de Sanglier ? Il y a un concours d'échecs sorciers aujourd'hui et je suis déterminée à battre Ron ! J'ai passé tout l'été à m'entraîner et cette fois, il n'a aucune chance ! »
Harry rit : « Ça risque d'être une partie épique ! »
16h41 – Bureau du directeur
Dumbledore et McGonagall se trouvaient dans le bureau du directeur, le regard fixé sur la carte de Poudlard qui prenait vie sur le mur.
« Albus, je comprends l'importance de maintenir la sécurité de Poudlard, mais est-ce vraiment nécessaire de désactiver les barrières pendant une période aussi délicate ? - dit-elle d'un ton préoccupé – Je sais que la situation au sud du pays semble encore lointaine et que nos élèves sont bien à l'abri ici, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que cela peut exposer notre école à des risques inutiles. »
Dumbledore la regarda avec compassion : « Minerva, je partage tes préoccupations pour la sécurité de nos élèves, tu le sais bien. - commença-t-il doucement - Cependant, je crains que ces failles dans les barrières ne représentent une vulnérabilité majeure si nous n'intervenons pas immédiatement. En désactivant temporairement les barrières, nous pourrons les réparer en profondeur et assurer la sécurité de Poudlard à long terme. C'est un mal nécessaire. »
McGonagall hésita, laissant les mots de Dumbledore résonner en elle. En tant qu'adjointe et amie, elle connaissait l'importance des décisions prises par le directeur. Elle avait souvent suivi ses jugements avec confiance, même lorsque son raisonnement était difficile à saisir : « J'espère que vous avez raison, Albus. - dit-elle, acceptant à contrecœur la décision. - Nos élèves méritent la meilleure protection possible, même si cela signifie prendre des mesures drastiques. Je vous fais confiance. »
Un léger sourire apparut sur les lèvres de Dumbledore. « Je t'en suis reconnaissant, Minerva. Sois assurée que tout ce que je fais, je le fais dans le but de protéger Poudlard et ses habitants. Une fois les réparations terminées, nos barrières seront plus solides que jamais, prêtes à affronter tout ce qui pourrait venir. »
McGonagall acquiesça, sentant son inquiétude s'apaiser légèrement en se rappelant de la sagesse et de la bienveillance de Dumbledore. Malgré ses doutes, elle savait que sa décision était guidée par le souci de la sécurité de l'école.
16h53 – Entrée de Poudlard
La mystérieuse femme encapuchonnée avançait d'une démarche légère et résolue, observant de loin les elfes de maison qui s'activaient à l'extérieur du château. Son regard perçant scrutait chaque mouvement, chaque geste des petites créatures, tandis qu'elle tenait fermement le colis, soigneusement empaqueté, entre ses mains.
Les elfes de maison, occupés dans leurs tâches quotidiennes, ne prêtèrent guère attention à cette femme. Pour eux, elle était simplement une étrange invitée.
Ils ne lui prêtèrent vraiment attention que quand elle s'adressa à eux : « Je vous apporte une précieuse contribution au futur. - dit-elle doucement - Vous devez le stocker dans un endroit sûr. »
Un des elfes de maison hocha la tête, prenant le colis avec précaution. En le prenant dans ses petites mains, il ressentit immédiatement son poids inhabituel, bien plus lourd que ce à quoi il s'attendait. Un léger bruit, un tintement métallique, s'échappa du colis.
L'elfe nota vaguement l'étrangeté de la situation, mais cela ne faisait pas partie de ses attributions de poser des questions. L'inconnue lui tourna le dos et s'éloigna sans plus de cérémonie.
18h29 – Village avoisinant
La lumière du soir filtrait à travers les rideaux de la petite maison en périphérie du village. La table était mise pour le dîner et une douce ambiance familiale régnait dans la pièce. L'homme passa nerveusement sa main dans ses cheveux.
« Bien… je dois y aller maintenant, on m'a appelé », déclara-t-il d'une voix légèrement tendue. Sa femme le regarda avec une infinie tendresse.
« Fais bien attention à toi. N'oublie pas que tu as une famille à t'occuper », fit-elle doucement.
« Je serais bientôt revenu, ne t'inquiète pas », répondit-il avec une assurance qu'il espérait sincère. Elle détourna les yeux pour qu'il ne voie pas qu'elle était au bord des larmes.
« Papa ! papa ! Dis dis, tu t'en vas encore ? Où tu vas ? tu m'emmènes dis ? allez ! dis oui ! », s'écria une petite voix pleine d'excitation. L'homme attrapa d'une main la petite tornade brune qui lui fonçait dessus.
« Ahah, ma puce, non, Papa ne peut pas t'emmener aujourd'hui. Il va travailler. Il va être trop occupé pour s'occuper d'un petit monstre comme toi », plaisanta-t-il en la chatouillant légèrement. Il se mit à chatouiller sa fille qui se tortilla pour échapper à l'étreinte de son père. Elle planta ses yeux dans les siens et, avec l'air le plus sérieux du monde, déclara :
« Moi, quand je serais grande, je serais comme toi papa, toujours en voyage. Mais dis, jusqu'à ce que je sois plus grande que toi, je pourrais venir avec toi ? »
« Pourquoi pas un autre jour », répondit-il en souriant devant l'enthousiasme de sa fille.
« Promis ? »
« Promis », confirma-t-il en lui caressant les cheveux. Sa femme eut un sourire tremblant :
« Il est temps que papa y aille, sinon il va arriver en retard et se faire disputer. Tu ne veux pas que Papa se fasse disputer hein, ma chérie ? »
« Non. Mon papa c'est le meilleur ! », s'exclama-t-elle en sautant pour atteindre la joue de son père et y déposer un baiser humide. « À ce soir, P'pa ! », cria-t-elle avant de disparaître dans sa chambre avec l'énergie propre aux enfants.
L'homme se dirigea vers la porte pour partir. Il saisit une cape noire à capuchon accrochée au porte-manteau. Sur le palier, il hésita, sentant le poids de l'adieu dans l'air. Sa femme se précipita et enlaça de ses bras fins sa taille.
« Reviens-nous vite. On t'attendra », murmura-t-elle, les yeux brillants d'émotion.
L'homme sourit, frotta discrètement son avant-bras gauche, un geste machinal qu'il ne pouvait s'empêcher de faire, puis fit un signe de la main à sa femme avant de transplaner dans un claquement sec.
Il était 18 heures 29 minutes et 54 secondes.
C'était la dernière fois que l'homme voyait sa famille.
19h30 – Potager du garde-chasse
La douce lumière du crépuscule baignait le potager de Poudlard, illuminant les rangées de légumes et de plantes soigneusement entretenues par le demi-géant. Hagrid était là, occupé à labourer la terre, son vieux chien Crockdur allongé à l'ombre d'un chêne, surveillant son ami avec une attention bienveillante.
Le sol était riche et fertile et Hagrid y consacrait une attention méticuleuse, enfonçant son outil dans la terre avec un grondement satisfait. Chaque rangée était parfaitement alignée et les plants de citrouilles, de carottes, de pommes de terre et d'autres légumes prospéraient sous les soins de l'homme.
« Voilà, Crockdur, regarde ça », dit Hagrid en souriant, montrant une grosse citrouille qui semblait presque prête à être récoltée. « On va avoir une sacrée fournée de tartes à la citrouille, j'te le dis. Les élèves vont s'régaler. »
Crockdur se leva, s'étira paresseusement, puis se dirigea vers un coin du potager, flairant l'air comme s'il cherchait quelque chose d'intéressant.
Hagrid continua son travail, se déplaçant d'une rangée à l'autre avec une aisance naturelle. Le contact avec la terre, le calme du potager, tout cela semblait apaiser son âme.
Crockdur, ayant apparemment trouvé ce qu'il cherchait, revint vers Hagrid, un petit os dans la gueule, qu'il déposa fièrement près de l'outil que tenait son ami.
« Merci, Crockdur, mais tu sais que j'peux pas manger ça. - dit Hagrid en riant doucement. - C'est gentil quand même. »
Hagrid regarda le ciel rougeoyant, perdu dans ses pensées. Il espérait qu'Harry passerait bientôt le voir. Ça faisait un moment que le jeune homme était revenu à Poudlard et Hagrid se sentait un peu déçu de ne pas encore l'avoir vu. Il avait tant de choses à lui raconter, à lui montrer, comme ce potager qui prospérait sous ses soins.
« J'espère qu'Harry va bientôt passer - murmura Hagrid à Crockdur - Ça me ferait bien plaisir de lui montrer ce qu'on a fait ici. Peut-être qu'on pourrait prendre le thé, comme avant. »
Crockdur aboya doucement en guise de réponse, comme s'il comprenait les mots de Hagrid. Il se leva et frotta sa tête contre la jambe de Hagrid, offrant un réconfort silencieux à son ami.
Hagrid sourit, caressant affectueusement Crockdur. « Oui, mon vieux, tu as raison. Il viendra quand il le pourra. En attendant, on continue notre travail, comme toujours. »
Le regard du demi-géant se posa sur le petit sentier de terre menant au château. Des enfants joyeux couraient ou discutaient paisiblement à l'ombre des arbres. Il crut distinguer, baignant dans les derniers rayons dorés du coucher du soleil, Luna et Neville se tenant par la main, un tableau paisible dans le tumulte du parc du château.
20h02 – Parc de Poudlard
Le vent se leva. Les oiseaux se turent. Un premier craquement retenti, suivit de dizaines d'autres. Un enfant pointa le doigt vers le ciel : « Des feux d'artifices ! » Tout le monde leva la tête.
Scintillant dans le ciel, un serpent se faufilait à travers un crâne, la bouche ouverte en un cri silencieux.
Un frisson d'appréhension traversa le parc. Puis le chaos s'abattit sur Poudlard.
Un éclat de lumière verdâtre traversa les ténèbres, suivi d'un autre, puis d'une infinité. La panique se répandit tel un feu de poudre. Les sorts fusaient, les cris se mêlaient aux éclairs lumineux et le bruit des combats envahissait l'air.
Le château lui-même n'était pas épargné. Les flammes dansaient déjà le long des murs, rongeant la pierre avec une voracité dévorante. Les fenêtres éclataient sous la chaleur, projetant des fragments de verre brisé dans les airs.
Le parc, si paisible quelques instants auparavant, se transforma en champ de bataille. Les élèves, dépassés par la surprise, reculèrent, cherchant à comprendre ce qui se passait. Les défenseurs de Poudlard se rassemblèrent, repoussant avec vaillance les attaques des mangemorts. Les sortilèges se heurtaient, créant des éclairs et des étincelles qui se confondaient avec les flammes dévorantes. La fumée montait, obscurcissant le ciel d'une épaisse couche de ténèbres.
Le feu jaillit de plusieurs points du parc, consumant les arbres, engloutissant les bancs et les allées.
Tout semblait hors de contrôle.
20h19 – Dans les ténèbres
La bataille faisait rage. Les hurlements de sorts et les éclats de magie remplissaient l'air et Severus Snape se trouvait au cœur de l'action, sa baguette dans une main, une fiole de potion dans l'autre. Il se mouvait avec grâce, combinant sa maîtrise des sorts et ses compétences en potions pour aider à défendre l'école.
Il avait déjà lancé plusieurs sorts puissants, repoussant les mangemorts qui tentaient de s'infiltrer dans le château. Son visage restait impassible, sa concentration absolue. À chaque instant, il était conscient du danger qui l'entourait, mais il refusait de se laisser submerger par la peur.
Il devait protéger Poudlard, à tout prix.
Alors qu'il se frayait un chemin à travers le chaos, il aperçut un groupe d'élèves en difficulté. Ils étaient blessés, désorientés, et ils avaient besoin d'aide. Severus savait que sa maîtrise des potions pouvait faire la différence. Il laissa momentanément de côté sa baguette et se concentra sur les blessures des élèves.
Il commença à administrer les premiers soins nécessaires. Ses gestes étaient précis, empreints de l'efficacité froide qui était sa marque de fabrique. L'état des élèves semblaient se stabiliser, leurs blessures guérissant rapidement sous l'effet des potions de Severus.
Pendant un bref instant, il prit le temps de regarder autour de lui. La bataille faisait toujours rage et il savait que le sort de Poudlard était incertain.
21h16 - Dans les ténèbres
La nuit était tombée, engloutissant le château de Poudlard dans une obscurité terrifiante. Le parc était devenu le théâtre de l'horreur, baigné dans une lueur sinistre des sorts lancés et des flammes qui dansaient.
Cachée derrière un buisson, elle retenait péniblement sa respiration. Chaque souffle était une lutte contre la fumée toxique qui emplissait l'air. Il était impératif qu'elle fasse le moindre bruit possible, sinon, il la trouverait. Cette fois-ci, ce n'était pas comme d'habitude. Elle entendait les cris et les hurlements de rage, de douleur et de peine. Les crépitements sauvages du feu, les sifflements des sorts meurtriers lui parvenaient, accompagnés de l'odeur âcre du sang mêlé à celui de la fumée et de la peur.
Comment avait-elle pu être assez stupide pour perdre sa baguette ? Pourtant, de là où elle était, elle la voyait, à seulement quelques mètres, hors de portée…
Elle prit une inspiration, hésita un instant, puis osa sortir la tête de sa cachette pour vérifier s'il était toujours là ou si elle pouvait enfin récupérer sa précieuse baguette. Un souffle doux fit virevolter ses cheveux blonds ternis par la suie, une respiration dans cette cacophonie chaotique.
Elle balaya les alentours du regard, scrutant les ombres, mais il n'était pas en vue. Avait-il abandonné ? Elle en doutait. Cela lui paraissait bien trop simple. Il était sûrement tapi quelque part, attendant le moment propice pour surgir, tel un loup guettant sa proie…
Une silhouette encapuchonnée émergea de l'ombre, se rapprochant dangereusement. Luna s'immobilisa, une vague de terreur glaciale la submergeant.
Elle savait que sa baguette était si proche, à portée de main. Pourtant, elle ne pouvait pas risquer d'attirer l'attention, de se faire repérer : en se découvrant, elle courait un risque mortel. Il devait certainement courir bien plus vite qu'elle et quitter sa cachette la mettrait en danger. Cependant, si elle restait là, cachée derrière le buisson, elle ne tarderait pas à être découverte.
La situation était insoutenable, mais elle n'avait pas le choix.
Un tintement de clochette lointain lui parvint. Elle inspira profondément et se mit à courir. Son plan reposait sur l'effet de surprise : avec un peu de chance, il ne réagirait pas immédiatement et cela lui donnerait un instant de répit pour se mettre à l'abri.
Toutefois, elle réalisa qu'elle avait été trop lente lorsque qu'elle sentit un souffle chaud sur sa nuque. Elle essaya d'accélérer, mais deux bras musclés s'emparèrent de sa taille, la maîtrisant avec une force implacable.
Au jeu du loup, Luna Longbottom avait toujours perdu.
21h43 - Dans les ténèbres
Le chaos régnait autour de Poudlard, la bataille faisait rage et les ténèbres semblaient s'étendre, engloutissant tout sur leur passage. Les échos des sorts lancés et des cris de combat résonnaient dans l'air, créant une cacophonie sinistre. La cabane de Hagrid, qui avait été son sanctuaire pendant tant d'années, était maintenant le théâtre d'une tragédie.
À l'intérieur de la cabane en bois, Hagrid était pris au piège avec Crockdur, son vieux compagnon. Le feu avait pris, se propageant rapidement, dévorant tout sur son passage. La fumée épaisse envahissait la pièce, rendant la respiration difficile. Les flammes dansaient autour d'eux, illuminant la détresse sur le visage de Hagrid.
« Tiens bon ! Crockdur, j'vais trouver un moyen de nous sortir d'ici ! » criait Hagrid à son chien, luttant pour garder une lueur d'espoir dans ses yeux. Il cherchait désespérément une issue, mais la chaleur de l'incendie le repoussait à chaque tentative.
Crockdur, épuisé et effrayé, se blottissait près de Hagrid, ses yeux trahissant la même inquiétude que celle de son maître. Hagrid tentait de protéger son compagnon autant qu'il le pouvait, même s'il sentait que le temps leur échappait.
Les minutes semblaient s'étirer et Hagrid réalisait qu'il était en train de perdre cette lutte contre les flammes. La cabane était désormais un brasier incontrôlable et l'air se raréfiait. Hagrid savait que s'il ne trouvait pas rapidement une solution, il serait bientôt trop tard.
Il jeta un dernier regard désespéré autour de la cabane, cherchant désespérément une échappatoire, mais tout ce qu'il vit, c'était la fumée et les flammes. La situation semblait insurmontable et la réalité s'imposait cruellement.
Hagrid s'agenouilla près de Crockdur, lui caressant doucement la tête, cherchant à lui offrir un peu de réconfort dans ces moments sombres. Il savait que leur temps ensemble touchait à sa fin.
« J'suis désolé, mon vieil ami, - chuchota Hagrid à Crockdur, les larmes aux yeux - J'aurais aimé qu'ça finisse différemment. On a eu de bons moments, hein ? » Il n'obtint aucune réponse de la part de son chien, mais Crockdur leva faiblement la tête, offrant un regard plein de reconnaissance.
Le feu continuait de dévorer la cabane, les flammes dansaient, l'air était étouffant. Hagrid serra Crockdur contre lui, laissant échapper un sanglot de désespoir.
22h13 – Dans les ténèbres
Severus et Neville se battaient avec une ferveur acharnée contre les mangemorts, mais Neville n'était pas totalement concentré. Il jetait souvent des regards inquiets à droite et à gauche, comme s'il cherchait quelqu'un.
Le professeur de potion se battait comme un fauve, protégeant les élèves comme il le pouvait. Une blessure à l'abdomen le faisait souffrir considérablement et il commençait à perdre espoir. À chaque Mangemort qu'il éliminait, d'autres prenaient leur place, créant un cycle sans fin.
La situation devenait de plus en plus critique. Bien qu'il ait Neville à ses côtés, ce dernier semblait absorbé par autre chose que le combat et, à plusieurs reprises, Severus dû le protéger.
Bien sûr, le professeur de potions avait la forte intuition que la distraction de Neville était liée à sa femme, qui avait disparu de leur champ de vision au moment où une vague de Mangemorts les avait attaqués de toutes parts. Cependant, ce n'était pas le seul souci de Snape ; un problème bien plus préoccupant le tourmentait : comment les partisans du Seigneur des Ténèbres avaient-ils réussi à transplaner à l'intérieur de Poudlard ? Les barrières magiques auraient dû les en empêcher, mais visiblement, elles avaient été désactivées.
Distrait par ces pensées, Severus ne vit pas le flash de lumière verte qui se dirigeait vers lui. Il fut projeté au sol, plusieurs mètres plus loin, par une force inouïe. Quelqu'un venait de lui sauver la vie. En relevant péniblement les yeux, il vit Harry se diriger vers lui.
Le jeune homme combattait vaillamment, sa baguette envoyant des éclairs de lumière à chaque sort lancé. Les Mangemorts qui osaient se dresser sur son chemin étaient rapidement neutralisés. Mais c'était son regard qui frappa Severus. Les yeux verts étaient emplis d'une tristesse profonde. On pouvait y voir toute la perte, la douleur et la lassitude accumulées au fil des années.
Arrivant aux côtés de Severus, Harry leva sa baguette et repoussa les Mangemorts qui les encerclaient. « Professeur, ça va ? »
Severus tenta de se redresser, grimaçant de douleur. "Je survivrai, Monsieur Potter…"
22h29 – Dans les ténèbres
Hermione se tenait au milieu du chaos tourbillonnant. Son cœur battait la chamade, mais elle puisait dans sa détermination sans faille. Elle avait toujours été une élève assidue, toujours prête à apprendre et à mettre en pratique ses connaissances. Aujourd'hui, c'était la vie de ses amis, des élèves, des enseignants… qui était en jeu et elle était prête à tout pour les protéger.
Les sortilèges fusaient tout autour d'elle, créant des explosions assourdissantes. Hermione réagit instinctivement, lançant des sorts de protection et érigeant des barrières magiques pour repousser les Mangemorts qui avançaient. Chaque incantation était prononcée avec précision, chaque geste calculé pour maximiser l'efficacité de sa défense.
La pluie fouettait son visage, se mêlant à ses larmes. Elle savait que c'était une bataille qu'ils ne pouvaient pas perdre. Alors qu'elle luttait, elle se souvint des moments passés à étudier dans la bibliothèque de Poudlard, des heures passées à maîtriser les sorts les plus complexes.
Les yeux fixés sur les Mangemorts qui s'approchaient, Hermione canalisa toute son énergie dans un sort de barrage magique. Les étincelles bleues crépitèrent autour d'elle, formant une barrière lumineuse qui semblait repousser l'obscurité. Elle sentait la puissance du sort s'écouler à travers sa baguette, créant un rempart entre elle et les forces destructrices qui lui faisaient face.
Elle se concentra intensément, canalisant toute sa force pour maintenir le bouclier en place. Hermione savait que chaque seconde gagnée était une lueur d'espoir de plus. Chaque muscle de son corps était tendu. Luttant contre la fatigue qui commençait à la gagner, elle refusa de fléchir
Un professeur, la tête en sang, pointa du doigt le château : « Les enfants ! Il reste des enfants à l'intérieur ! »
Une voix familière résonna à côté d'elle : « Je vais aller les chercher, Hermione ! »
Hermione leva les yeux vers Ron avant de saisir fermement son bras, l'empêchant de bouger.
« Ron, non. C'est trop dangereux. Le château est en feu et les Mangemorts rôdent partout. Les secours arriveront bientôt. Tu ne peux pas risquer ta vie. »
Ron la regarda, sa détermination se heurtant à son inquiétude. Même s'il comprenait les préoccupations d'Hermione, il voulait agir, ne pas rester les bras croisés tandis que Poudlard brûlait.
« Je sais que c'est dangereux, Hermione, mais je ne peux pas les laisser là-bas. Il faut faire quelque chose. »
Hermione serra sa main avec force, son regard fixé sur le visage de Ron. Les flammes rugirent derrière eux, projetant des ombres dansantes sur leurs visages tendus. Ron détourna le regard un instant, le cœur lourd d'anxiété et retira sa main de celle de la jeune femme avant de disparaître dans les fumées. « Promis, je reviens vite. »
22h35 - Dans les flammes
Ron se tenait devant l'entrée du château de Poudlard, le cœur serré, le souffle court. La scène qui se déroulait devant lui était apocalyptique. Les flammes dévoraient le bâtiment, laissant échapper des nuages de fumée noire dans le ciel. Les pleurs et les hurlements des élèves et des professeurs résonnaient dans l'air.
Sans hésiter davantage, Ron prit une grande inspiration et franchit le seuil du château en feu. Il avait une mission claire en tête : retrouver des élèves qui étaient peut-être restés coincés à l'intérieur.
Il pointa sa baguette sur le feu crépitant et lança un sort : « Aguamenti ». Mais à sa grande surprise, le feu sembla presque résister à l'eau. Le sort fonctionnait pourtant bien, mais l'effet était étrange : l'eau ne semblait pas agir comme elle le devait. Au lieu d'éteindre ou d'étouffer le feu, elle s'évaporait presque immédiatement au contact des flammes. Comme si le brasier avait acquis une résistance inhabituelle, comme s'il ne voulait pas s'éteindre, comme s'il était animé d'une volonté propre.
Ron redoubla d'efforts, tentant de maintenir le sort pour faire tomber une pluie d'eau sur les flammes qui le bloquait, mais le résultat était le même. L'eau semblait se disperser en vapeur au contact du feu, sans parvenir à l'éteindre durablement.
La chaleur était insoutenable, l'air irrespirable. Les flammes dansaient sur les murs, les débris tombaient du plafond et chaque recoin du château craquait de façon lugubre. Ron avançait avec prudence, un simple léger sort de protection autour de lui, appelant ceux qui pouvaient l'entendre.
Soudain, un cri perça le tumulte. C'était une voix d'enfant, un cri d'effroi qui glaça le sang de Ron. Il accéléra le pas, ignorant la chaleur étouffante et la fumée âcre qui l'entouraient. Il tourna au coin du couloir et le spectacle qui s'offrit à lui fit battre son cœur encore plus fort.
Un petit groupe d'élèves, en larmes et terrifiés, était bloqué dans une salle, les flammes menaçant de les engloutir. Ron n'hésita pas. Il courut vers eux, guidant les élèves hors de la salle en flammes, les rassurant du mieux qu'il pouvait. Une fillette lui serra la main avec une force désespérée et il sentit une lourde responsabilité peser sur ses épaules.
Une poutre s'effondra brutalement devant eux, leur bloquant tout chemin de sortie. Ron sentit la chaleur intense des flammes sur sa peau, entendit le crépitement du feu, vit les étincelles qui tourbillonnaient dans l'air. C'était un véritable cauchemar, mais il ne pouvait pas se laisser submerger par la terreur. Certains enfants pleuraient, d'autres toussaient à cause de la fumée, mais tous suivaient Ron avec une confiance silencieuse. Ils savaient qu'il était leur meilleure chance de sortir de ce cauchemar vivants.
Ron regarda autour de lui, comptant les élèves qu'il avait sauvés, se demandant s'il y en avait d'autres, combien avaient réussi à s'échapper. Il se sentait épuisé, couvert de cendres, au bord du désespoir.
Un souvenir lointain traversa soudainement l'esprit de Ron. Un passage secret, un raccourci qu'il avait souvent emprunté avec Harry pour échapper à des ennuis, pour se faufiler dans le château sans être vus. Un étroit couloir dissimulé derrière une peinture poussiéreuse. Une lueur d'espoir naquit dans ses yeux.
« Ici, suivez-moi ! » annonça Ron d'une voix rauque, entraînant les enfants vers un recoin obscur du couloir. Il fit glisser la vieille peinture d'un mouvement brusque, révélant l'entrée du passage secret. La lumière vacillante des flammes projetait des ombres fantomatiques sur les parois de la cachette.
Les enfants regardèrent avec un mélange de curiosité et d'appréhension. « C'est où ça ? » demanda l'un d'eux d'une voix tremblante.
« Ça va nous emmener à un endroit plus sûr, - répondit Ron avec un sourire rassurant. - Suivez-moi, et restez ensemble. »
Un par un, les enfants se glissèrent dans le passage étroit, Ron fermant la marche pour s'assurer que personne ne restait derrière. La pénombre les engloutit, mais ils continuaient de progresser, guidés par la faible lueur en bout de chemin.
Soudain, l'un des enfants s'exclama, la voix chargée d'inquiétude. « Mais, on descend ! On s'éloigne de la sortie ! »
Ron marqua une pause, comprenant l'inquiétude de l'enfant. Il prit une profonde inspiration et se baissa pour être à la hauteur de l'enfant. « Écoutez, je sais que ça peut sembler étrange, mais pour l'instant, la sortie principale est bloquée. Les fumées toxiques et la chaleur rendent difficile de rester près des étages supérieurs. En descendant, nous aurons plus de chances de trouver de l'air frais et un chemin pour sortir d'ici. Faites-moi confiance. »
Les enfants échangèrent des regards inquiets, mais acquiescèrent finalement. Ils reprirent leur progression, descendant toujours plus profondément à travers le dédale sombre du passage secret. La lumière vacillante s'estompait peu à peu, remplacée par une obscurité presque totale.
À mesure qu'ils continuaient de descendre dans le passage, l'air devenait plus frais, les éloignant des flammes et des fumées suffocantes. L'espoir grandissait en Ron, même dans l'obscurité.
23h00 – Dans les ténèbres
Au loin, un clocher sonna 11 heures.
? – Dans les ténèbres
Un souffle immense secoua Poudlard, une détonation assourdissante qui fit trembler les fondations du château. Les flammes, déjà dévorantes, semblèrent s'intensifier, illuminant le ciel nocturne d'une lueur sinistre. Les arbres enrouant le château furent soufflés par l'onde de choc. Des débris volèrent dans tous les sens, laissant échapper une pluie de cendres et de poussière. L'air devint suffocant, chargé de particules en suspension qui brouillaient la vision et mordaient les poumons.
L'explosion avait été si puissante qu'Hermione et Harry furent projetés au sol, sonnés et désorientés. Les hurlements de terreur des élèves et des professeurs remplirent l'air, créant un vacarme assourdissant de désespoir.
La nuit s'était obscurcie davantage, la silhouette du château, partiellement détruit, se dressant telle une ruine déchiquetée dans le ciel sans étoiles. Les tours décharnées semblaient griffer le ciel d'une main squelettique, des pans entiers de murailles avaient été arrachés, exposant les entrailles meurtries du château.
Hermione, luttant pour se relever, chercha frénétiquement des yeux Ron, priant pour qu'il réapparaisse sain et sauf.
? – Dans les ténèbres
Harry se releva péniblement, chaque mouvement était une souffrance, chaque inspiration lui rappelait la puissance de l'explosion qui venait de secouer le château. Des éclats de verre provenant des fenêtres implosées piquaient son visage et ses bras meurtris, mais c'était surtout la douleur à l'intérieur de lui qui l'assommait. Il sentait son corps, lourd et meurtri, mais surtout, il sentait l'incertitude et le désespoir l'envahir.
Ses lunettes, inutiles à présent, gisaient brisées à ses pieds, ajoutant à son sentiment de vulnérabilité.
Le souffle puissant de l'explosion l'avait déséquilibré et étourdi, comme si son esprit avait du mal à rattraper la réalité chaotique qui l'entourait. Ses oreilles bourdonnaient et la scène devant lui semblait irréelle.
Les arbres flambaient comme des torches infernales, une partie du château était en ruines, des cris de douleur et de panique emplissaient l'air. Les mangemorts semblaient surgir de nulle part, leur présence terrifiante étouffant tout espoir. La bataille était là, en plein déferlement et Harry, les bras ballants, se sentait impuissant. Quelques instants auparavant, il était encore prêt à affronter le danger, mais maintenant il était là, démuni, incapable de savoir quoi faire, paralysé par la situation.
Le poids du destin semblait s'abattre sur ses épaules Il avait tellement voulu protéger ses amis, sauver l'école, lutter contre les ténèbres. Mais maintenant, tout lui échappait et il ne savait plus quoi faire, comment agir, comment continuer. Il voulait se battre, il voulait agir, mais il se sentait pris au piège, paralysé, incapable de trouver la voie à suivre.
Alors qu'il restait là, figé, perdu dans un océan de désespoir, il ressentit soudainement une vibration dans sa poche. C'était la boussole. Dans ce moment de confusion totale, elle était le seul élément qui semblait lui indiquer une direction, un chemin à suivre. Ses doigts tremblants sortirent le petit objet argenté, le mince fil d'espoir qui le reliait à un but, à une direction.
Les regards affolés des élèves, les cris, le crépitement des flammes, tout cela s'effaça momentanément. Il ne voyait que cette petite aiguille argentée, pointant vers une direction mystérieuse.
Le souffle court, les yeux fixés sur l'aiguille, Harry savait qu'il devait la suivre, où qu'elle puisse le mener. Peu importait les risques, les dangers, les incertitudes. Peu importait.
La boussole guidait Harry, l'orientant à travers le chaos du parc dévasté. Il ne savait pas où il allait, mais il sentait que c'était la seule piste, le seul fil d'Ariane dans ce labyrinthe de destruction. Il avançait prudemment, évitant les débris fumants, ignorant la douleur qui persistait dans son corps meurtri.
Soudain, il distingua une scène étrange, presque surréaliste, au milieu de l'horreur ambiante. Un mangemort était penché sur un corps inanimé. À ses côtés, fermement accroché à un bout de cape élimé, presque oublié dans le tumulte, se tenait un enfant en bas âge, regardant la scène les yeux grands ouverts.
? – Dans les flammes
Dans la pénombre de la pièce en sous-sol, Ron essayait de maintenir son calme, malgré les flammes qui dévoraient le château au-dessus de lui. Les enfants, terrifiés, se serraient contre lui, cherchant réconfort et protection.
Ron, assit par terre, le dos appuyé contre le mur tiède, sentait une douleur lancinante dans ses jambes écrasées, rendues impuissantes par les dégâts causés par l'explosion. L'idée de ne pas pouvoir se lever et agir en cas de besoin le torturait, mais il savait qu'il devait rester fort pour ces enfants qui comptaient sur lui.
À travers les murs de pierre épais, les échos des combats lointains parvenaient à leurs oreilles. Les secousses des sorts et des explosions résonnaient dans les profondeurs, comme les battements d'un cœur enragé. Ron se demandait ce qui se passait là-haut, s'il restait encore de l'espoir pour Poudlard, ses amis et même pour lui-même.
Le temps semblait s'étirer dans une tension insoutenable, tandis qu'ils attendaient. Les larmes d'angoisse mouillaient les joues des enfants et Ron leur souriait, cherchant à les rassurer malgré sa propre incertitude. Il leur racontait des histoires, inventant des mondes imaginaires pour les distraire de la réalité brutale qui les entourait. Chaque mot prononcé était une bouée de sauvetage, une tentative désespérée de conserver un soupçon de normalité dans cette situation cauchemardesque.
Ron priait pour que ses amis réussissent à repousser l'assaut des mangemorts, pour que l'aube de ce jour ne soit pas le crépuscule final de Poudlard. Mais pour l'instant, il était coincé, les jambes brisées, attendant et espérant, sans savoir ce que l'avenir leur réservait.
? – Dans les ténèbres
Lucius Malfoy se tourna vers Harry. Ses yeux restaient froids et méprisants, mais quelque chose dans sa posture trahissait une inquiétude enfouie. Sans un mot, il prit le corps inanimé, l'agrippant avec une indifférence glaciale. Puis, d'un geste presque négligent, il le jeta pratiquement dans les bras de Harry.
« Monsieur Potter, - cracha Lucius, sa voix teintée de dédain, - prenez-donc mon inutile de fils et débrouillez-vous. »
Harry tituba, peinant à trouver un équilibre, alors que le corps inerte de Drago pendait entre ses bras. Le poids de ce fardeau, la froideur avec laquelle Lucius traitait son propre fils, réveillèrent une colère sourde en Harry.
« Drago a besoin de soins, il ne va pas s'en sortir tout seul ! » s'écria Harry, presque désemparé, tandis qu'il soutenait le corps inanimé de Drago. « Monsieur Malfoy, aidez-moi !»
La froideur dans le regard de Lucius ne fit que s'intensifier et il afficha un sourire cruel. « Vous aider ? Et que pensez-vous que je sois en train de faire, Monsieur Potter ? Je pourrais vous tuer, ici et maintenant, vous n'auriez même pas la force de vous défendre. Pourtant je suis là, en train de discuter tranquillement avec vous… Il me semble que nous avons un pacte tacite, n'est-ce pas ? - Lucius fixa Harry d'un regard perçant, comme s'il cherchait à s'assurer qu'il comprenait bien la portée de ses mots - Cette faveur, je ne la fais qu'à vous. Notre pacte ne s'étend pas aux autres et je ne vais pas intervenir si l'un d'entre eux se retrouve dans une situation délicate. »
Le jeune homme fulminait, frustré par la manière détachée dont Lucius traitait la situation. Le mépris du père de Drago était palpable, mais il avait confié sa chair et son sang à Harry, la seule personne à portée de main dans ce moment chaotique.
Harry détourna brièvement son regard de Drago, concentrant son attention sur l'enfant accroché à la cape de ce dernier. « Qui est cet enfant ? - demanda-t-il, avec une pointe de préoccupation et d'incompréhension - Pourquoi est-il ici ? »
Lucius laissa échapper un ricanement méprisant, comme s'il trouvait la situation amusante : « Les déchets que mon imbécile de fils ramasse ne me concernent pas. »
Harry sentit une nouvelle bouffée de colère face à cette attitude désinvolte de Lucius envers l'enfant, comme si la vie de ce dernier n'avait aucune importance. Lucius sembla hésiter un instant, comme s'il pesait les avantages et les inconvénients de la situation. Finalement, il s'éloigna sans un mot de plus, s'évaporant dans le chaos de la bataille qui faisait rage autour d'eux.
Harry posa doucement Drago sur le sol, l'observant avec une profonde inquiétude. Le visage de Drago était pâle, couvert de sueur et de suie, ses cheveux en désordre. Ses vêtements étaient déchirés et des entailles profondes tapissaient sa peau pâle, autant de plaies béantes qui saignaient abondamment. Des marques de brûlures zébraient son corps et de gros éclats de verre et de métal s'étaient incrustés dans sa chaire à plusieurs endroits.
Une horreur palpable monta en Harry alors qu'il remarquait les blessures et la posture inerte de Drago. Il comprit que la situation était bien plus grave qu'il ne l'avait imaginé.
Harry lança un premier sort de soin, mais rien ne se passa. Il en essaya un autre. Encore un autre. Drago restait inanimé. Les mains de Harry tremblaient alors qu'il tentait de réanimer le jeune homme blond, essayant de le secouer doucement, de lui parler avec angoisse. « Drago, réveille-toi, s'il te plaît, » chuchota-t-il, la voix étranglée par la peur. « Ce n'est pas le moment de faire le mort, mec. J'ai besoin de toi. Tout le monde a besoin de toi. »
Mais Drago ne bougeait pas. Ses yeux restaient clos, son souffle presque imperceptible. Rien de ce que faisait Harry ne semblait le ramener à la conscience. La tension grandissait en Harry, un sentiment de désespoir le submergeant. Il se mit à secouer Drago plus fort, désespérément, ses mains serrées sur les épaules de ce dernier. « Drago ! S'il te plaît ! Réveille-toi ! »
Rien. Aucune réaction. La bataille au loin n'était qu'un murmure lointain dans l'esprit de Harry. La seule chose qui comptait était Drago, inconscient et vulnérable. La terreur prit le dessus et ce qui avait commencé comme une inquiétude silencieuse se transforma en une crise de nerfs.
Harry poussa un cri de désespoir, un hurlement de frustration, de douleur et de colère. Il martela le sol de ses poings, son visage couvert de larmes, et secoua Drago avec frénésie. « Pourquoi, Drago ? Pourquoi tu ne réagis pas ? Réveille-toi, s'il te plaît, je t'en prie, réveille-toi... »
Le temps semblait s'écouler au ralenti, chaque seconde était un supplice alors que Harry continuait ses tentatives désespérées pour ramener Drago à la vie. Le parc brûlait, la bataille faisait rage, mais tout cela s'était effacé devant la tragédie qui se jouait à cet instant. Harry était convaincu que son ami ne reviendrait pas, que cette bataille venait de lui arracher sa vie.
Le pendentif qu'il avait autour du cou se fissura dans un craquement et, alors qu'il continuait à hurler, perdant tout espoir, Harry ne se rendit pas compte que sa propre magie se déchaînait.
Des vagues de puissance dévastatrices jaillirent de son corps. Une force sauvage et incontrôlée qui semblait défier toutes les lois de la magie. C'était comme si tout ce qu'il avait retenu, tout ce qu'il avait refoulé, tout le pouvoir qu'il possédait, s'était libéré en une seule décharge magique destructrice.
Des éclairs d'énergie s'échappèrent, tourbillonnant autour de lui telles des étoiles filantes illuminant l'obscurité de la nuit, brisant les ténèbres. Des vibrations magiques se propagèrent en ondes sismiques, résonnant à travers le sol, comme si la magie elle-même cherchait à se libérer de ses entraves. Le lac fut secoué de vagues immenses et tempétueuses. Les flammes qui consumaient les arbres et le château furent englouties par cette puissance colossale, s'éteignant instantanément sous l'assaut de cette magie brutale.
Toutes les personnes à proximité, mangemorts comme défenseurs de Poudlard, furent balayées par cette onde de puissance. Leurs corps s'effondrèrent, incapables de résister à une telle force.
La magie de Harry embrassa tout, depuis les nuages chargés de foudre jusqu'aux racines des arbres, des cieux jusqu'aux profondeurs de la terre. C'était comme si l'univers tout entier avait été pris dans cet élan de pouvoir, vibrant au rythme des pulsations magiques.
Puis, brusquement, la magie retomba aussi soudainement qu'elle avait jailli. Les éclairs disparurent, les vibrations magiques s'apaisèrent et la tranquillité sinistre de l'après-tempête s'installa.
Les flammes s'étaient éteintes, les corps gisaient immobiles et un silence complet, effrayant, régna sur Poudlard.
Harry, épuisé et inconscient, reposait au cœur de ce tableau dévasté, son corps enchevêtré avec celui inanimé de Drago.
