Harry regarda attentivement la deuxième femme sur la photo.

- Non, mais je l'ai déjà vue dans l'album que Hagrid m'avait offert pendant ma première année.

- C'est ma mère.

Harry tourna son visage vers elle.

- Ta mère ?

Une expression de totale incrédulité était à présent sur son visage.

- Oui, elles étaient amies à Poudlard. Tu peux la garder si tu veux, j'en ai une autre. En fait, je voulais te l'offrir à Noël mais j'ai pensé finalement que c'était une idée de cadeau stupide.

Harry la fixait attentivement.

- Ce n'était pas stupide, crois-moi.

Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Elle demeura immobile, ne sachant que faire. Avant même qu'elle n'ait pu faire le moindre mouvement de retour, Harry la lâcha.

- Désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, affirma-t-il. Je voulais simplement te remercier.

- Pas de quoi, répondit-elle tant bien que mal.

Elle avait un sentiment bizarre, détaché. D'habitude, le moindre contact avec Harry la faisait frissonner mais là rien… nada… Que lui arrivait-il ?

Avant même que l'un ou l'autre ne put dire quelque chose, un hibou de l'école frappa à la fenêtre. Harry alla ouvrir, s'attendant à ce que la lettre lui soit destinée, mais elle vint se poser devant Helena. Elle reconnu tout de suite l'écriture de Dumbledore.

« Helena,

Je sais qu'il est tard mais rejoins-moi tout de suite dans mon bureau. C'est important.

Albus Dumbledore

PS : J'aime beaucoup les fizwizbiz. »

Elle regarda Harry avec incertitude et ce dernier, qui avait lu le message par-dessus son épaule, lui expliqua que le post scriptum était en général le mot de passe.

Elle le laissa alors seul dans la salle commune et couru à toute allure vers le bureau du directeur. C'était-il passé quelque chose ? Son père avait-il des ennuis ? Lorsqu'elle arriva devant la gargouille, elle dit le mot de passe et monta les escaliers aussi rapidement qu'elle le put. Elle entra sans même frapper et vit le directeur assis à son bureau face à son père. Il se leva lorsqu'il la vit entrer et elle se dirigea rapidement vers lui pour l'enlacer. Une larme de soulagement coula sur sa joue.

- Je croyais… je croyais qu'il t'était arrivé quelque chose !

- Non Helena, je n'ai rien. Mais il y a un autre problème, déclara-t-il gravement.

Il regarda alors Dumbledore et elle remarqua un sentiment de détresse émaner de son père.

- Je suis désolé de t'avoir appelé à cette heure tardive, mais il faut que l'on discute d'une affaire urgente. J'espère que je ne t'ai pas réveillé, demanda-t-il avec bienveillance.

- Non du tout, je ne dormais pas. Que se passe-t-il ? s'inquiéta-t-elle.

- Hum… Je ne sais pas comment t'expliquer ça… Assieds-toi.

Il fit apparaitre un deuxième fauteuil et elle prit place à côté de son père.

- Je vais avoir besoin de toute ton attention Helena, un danger plane sur toi et il te faudra être très vigilante et courageuse. Tu es prête ?

Elle hocha de la tête.

- Ton père a été obligé de rester un peu plus longtemps aux côtés de Voldemort pendant la période de vacances car ce dernier a réussi à découvrir ta véritable identité. Ton père a trouvé que le mangemort qui avait parlé de toi en premier lieu était le père de Gregory Goyle, l'ami de monsieur Malefoy. Voldemort les a donc convoqués tous les deux pour de plus amples explications et crois-moi, il était passablement énervé auprès de Severus. Ton père bien sûr a fait celui qui ne savait pas, et nous avons la chance que Voldemort l'ait cru.

- Donc c'est bien non ? Quel est le problème ?

- Le problème Helena, reprit son père, c'est que maintenant, il connait ta véritable identité et il aimerait te rencontrer.

Un froid tomba dans la pièce. Son corps commença à trembler.

- Comment ça me rencontrer ? Il veut… me tuer ?

- Non ! Bien sûr que non ! Ce n'est pas du tout cela, la rassura Dumbledore. Je pense tout simplement qu'étant la fille de son fidèle bras droit, il veut voir à qui il a affaire. Bien entendu nous ne pouvons pas te forcer, mais je suis d'avis qu'il ne faut pas le contrarier et que…

- Ma fille n'est pas un pion sur votre échiquier Dumbledore ! coupa Severus. Si elle ne veut pas, personne ne l'obligera. On peut la cacher ! Elle pourrait rester avec Sirius quelques temps !

- Vous savez bien que si nous faisons cela, Voldemort ne tardera pas à découvrir la supercherie et à vous tuer mon cher Severus.

- Je préfère mourir que de le laisser toucher à un cheveu de ma fille ! tonna-t-il.

- Papa, calme-toi s'il te plaît. Laisse-le terminer, je veux entendre ce qu'il a à dire.

Un silence régna quelques minutes pendant qu'elle voyait Dumbledore réfléchir.

- Ce que j'aimerais Helena, et crois-moi si j'y voyais le moindre danger je ne te le demanderai pas, c'est que tu acceptes cette rencontre. Je connais Tom depuis bien longtemps maintenant et…

- Excusez-moi professeur, Tom ?

- Tom Jedusor, le véritable nom de Voldemort. Donc je disais que je crois savoir ce qu'il se passe dans sa tête. Pour lui, tu es la fille de son meilleur homme et qui plus est, tu es très proche de Harry. Il espère sûrement faire d'une pierre deux coups en t'emmenant dans son camp afin de lui fournir des informations directement de la source. Ce qu'il faudrait que tu fasses, c'est tout d'abord t'entrainer à l'occlumancie avec Severus, puis le rencontrer afin de confirmer nos hypothèses.

- L'occlumancie monsieur ? Le fait de fermer son esprit c'est bien cela ?

- Oui Helena, affirma-t-il en revenant vers elle. Car s'il cherche à savoir ce qui se passe dans ta tête, je dois dire que nous auront alors un autre grave problème sur les bras.

Elle réfléchit deux minutes à toute la situation. Après tout ce qu'elle avait entendu sur cet « homme » si l'on peut dire, rien que d'entendre parler de lui donnait de désagréables frissons le long de la nuque. Mais elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait se cacher risquant la vie du dernier membre de sa famille.

- Donc si je comprends bien, vous voulez que j'apprenne l'occlumancie, que je le rencontre, et que je lui fasse croire que je suis de son côté, c'est bien ça ?

- Exactement Helena, ton père sera avec toi. Je suis certain qu'il ne te veut aucun mal et qu'il ne s'agit là que d'une curiosité maladive afin de voir si tu es plus comme Severus ou comme ta mère.

À la mention de sa mère, une peur panique s'empara d'elle.

- Et si elle est là ? L'autre ? Comment elle s'appelle déjà ? Bellatrix ? Qu'est-ce que je vais faire ?

Elle se retourna vers son père.

- Je ne pourrais pas faire semblant papa, cette folle a tué ma mère !

- Ne t'inquiète pas, elle est à Azkaban, elle ne peut rien te faire.

Elle soupira, rassurée. Elle avait déjà entendu parler de cette prison et elle se sentit tout à coup soulagée de la savoir dans un endroit si sinistre.

- Parfait, nous sommes donc d'accord. Autre chose, j'ai entendu parler par Sirius du rêve que tu as eu pendant les vacances. Si à l'avenir cela se reproduit, j'aimerais vraiment que tu m'écrives directement d'accord ?

- Bien monsieur.

- Vous pouvez y aller, nous discuterons du reste un peu plus tard.

Ils se levèrent et commencèrent à se diriger vers la sortie.

- Au fait Helena, une dernière chose. Pas un mot à qui que ce soit d'accord ? Ni à Mr Malefoy, ni à Harry et ses amis.

- Très bien monsieur, bonne soirée.

Elle sortit suivie de son père.

- Je vais t'accompagner jusqu'à ton dortoir, lui annonça-t-il le visage fermé.

Ils parcoururent les couloirs sombres dans un silence total. Elle voulait dire quelque chose mais elle connaissait à présent suffisamment son père pour savoir qu'il était furieux. Une fois arrivés devant le portrait, elle le regarda droit dans les yeux.

- Écoute papa…

- Non toi écoute-moi, je te pensais plus réfléchie que ça. Tu ne sais donc pas à quel point ce que tu as décidé de faire est dangereux ? Que ma vie soit en danger, soit. C'est un choix que j'ai pris il y a bien longtemps pour la simple et bonne raison que je n'avais plus rien à perdre. Mais toi ? Tu as toute ta vie devant toi ! Tu…

- Papa, le coupa-t-elle. Je sais ce que je fais, je suis une Gryffondor ! Tu crois que je vais gentiment rester cachée pendant que tu risques ta vie pour moi ? Peut-être qu'avant tu n'avais rien à perdre, mais je suis là maintenant ! Et moi, je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie alors que je viens seulement de te retrouver ! Tu ne me feras pas changer d'avis, je connais les conséquences possibles et j'ai pris ma décision en toute connaissance de cause. S'il te plaît, fais-moi confiance.

Il la regarda, toujours aussi furieux, mais elle put voir aussi une pointe de fierté dans son regard.

- Très bien, je t'attends demain soir après les cours ainsi que tous les autres soirs de la semaine afin de te former à l'occlumancie.

- Mais… Il y a aussi mes cours, mes devoirs, comment je vais faire si je suis avec toi tous les soirs ?

- Helena ! s'énerva-t-il. Tu crois vraiment que ces stupides cours sont plus importants que ta propre vie ?

- Désolée, dit-elle en baissant les yeux comme une enfant de cinq ans qui se faisait gronder. Tu as raison…

Elle se prépara à rentrer dans la salle commune lorsque quelque chose lui vint à l'esprit.

- Une dernière chose papa, maintenant que même Voldemort sait qui je suis, vais-je enfin pouvoir porter mon vrai nom devant les autres ? Je n'en peux plus de me cacher.

Elle le vit réfléchir quelques minutes comme si un combat avait lieu dans ses pensées.

- Très bien, lâcha-t-il finalement. Si c'est ce que tu veux vraiment. Mais ne t'attends pas à ce que tout tes camarades sautent de joie et acceptent la nouvelle facilement.

- Je m'en fou des autres, tout ce qui compte maintenant c'est toi.

Il s'approcha d'elle et l'enlaça. Elle se sentait tellement bien dans les bras de son père. Elle se sentait enfin aimée, complète. Il l'embrassa sur le front et lui souhaita une bonne nuit pendant qu'elle passait à travers le passage. Elle monta directement dans le dortoir et tomba de fatigue dans son lit.

Les semaines passaient, lentement d'un côté, mais rapidement de l'autre. Helena était seule à une table dans la bibliothèque pour rattraper quelques devoirs pendant les rares pauses qu'elle avait en fin de journée. La nouvelle de sa véritable identité avait fait l'effet d'une bombe parmi ses camarades. Certains ne lui adressaient plus la parole, beaucoup se demandaient ce que la fille d'un Serpentard faisait à Gryffondor. Elle avait eu droit à toute sorte de réflexions désagréables de la part de quelques élèves sur le fait qu'étant la fille d'un professeur, elle avait droit à un certain favoritisme. Heureusement, elle avait toujours le trio à ses côtés, plus quelques uns de ces premiers amis comme Luna et Neville, ainsi que Drago. Bizarrement, la plupart des Serpentard ne se montraient plus du tout odieux avec elle, au contraire, comme si maintenant ils voulaient absolument devenir son ami. C'était insupportable de voir l'hypocrisie de certains. Elle avait découvert que Drago n'était pour rien dans l'annonce de son identité à Voldermort, que Goyle les avait suivis un soir où ils discutaient à l'abri des regards et qu'il s'était empressé de tout raconter à son père.

Cela avait fait beaucoup jaser que Harry soit toujours son ami malgré le fait que son père lui faisait endurer un cauchemar pendant les cours de potions. Elle savait aussi que Severus avait été obligé de donner des cours privés à Harry et que cela c'était très mal terminé pour des raisons que ni l'un ni l'autre n'avait voulu lui expliquer. Contrairement à Harry, elle faisait beaucoup de progrès en occlumancie, elle arrivait enfin à fermer son esprit et son père en était heureux.

N'arrivant plus à se concentrer sur son devoir de métamorphose, elle repensa à son premier cours privé qui avait été un échec total. Son père lui avait bien présenté la procédure à venir mais il avait quand même réussi à rentrer dans son esprit. Il avait alors revu la scène du début d'année lorsqu'elle était chez sa famille adoptive et qu'Ethan avait abusé d'elle, et comme si ce n'était pas suffisant, il avait aussi vu son souvenir où un matin, elle s'était réveillée aux côtés d'Harry. Son père était alors entré dans une colère noire en exigeant des explications pendant qu'Helena se sentait tout à la fois violée dans l'intimité de ses pensées et honteuse que son père ait pu assister à ces deux évènements. Cette semaine là, il avait fait vivre un enfer à Harry pendant les cours de potions et Helena s'était sentie vraiment désolée. C'est sûrement grâce à cela qu'elle avait fait autant de progrès en si peu de temps. Elle ne voulait absolument plus qu'il puisse assister aux moments les plus intimes de sa vie.

Le mois de février était déjà bien entamé et le froid était plus présent que jamais dans les murs du château. Elle se prit la tête dans les mains en soupirant et décida de terminer son devoir plus tard. Elle rassembla ses affaires et prit le chemin de la salle commune. Son esprit était en ébullition. Severus avait rapporté ses talents d'occlumens à Dumbledore et elle avait rendez-vous un peu plus tard dans son bureau afin de discuter de la suite des événements. La peur s'empara subitement d'elle, comme si elle coulait dans ses veines, à l'idée de rencontrer prochainement le plus grand mage noir de tous les temps. Elle monta dans son dortoir, vide à cette heure-ci, pour poser ses affaires puis prit le chemin de la Grande Salle afin de dîner. Elle attendait souvent que la plupart de ses camarades aient terminé de manger afin d'y aller à son tour. Elle ne supportait plus les regards dégoûtés ainsi que les chuchotements sur son passage. Lorsqu'elle entra, la plupart des élèves étaient déjà partis et elle repéra Neville seul.

- Je peux m'assoir ? lui demanda-t-elle.

- Bien sûr, répondit-il d'un air absent.

Elle se servit de ce qu'il restait sur la table et observa attentivement son ami. Il avait perdu un peu de poids depuis les dernières vacances et semblait assez préoccupé, voir même triste.

- Neville, tu vas bien ? Depuis quelques temps tu as l'air… tourmenté, s'inquiéta-t-elle.

- C'est rien t'inquiète pas…

- Excuse-moi d'insister mais ça n'a pas l'air rien… Si tu ne veux pas en parler je respecte ton choix, mais ne dis pas qu'il n'y a rien… Je le vois bien et ça me fait mal au cœur. Si tu as besoin de parler à quelqu'un, saches je garde très bien les secrets, termina-t-elle.

Ses yeux bleus se remplirent subitement de larmes. Il regarda autour de lui afin de vérifier que personne ne pouvait entendre leur conversation.

- Tu te souviens de l'évasion d'Azkaban qui a eu lieu le mois dernier ?

Comment pourrait-elle oublier ce jour ? Jamais elle n'avait ressenti pareille fureur. Plusieurs Mangemorts avaient réussi à s'échapper afin de retourner auprès de leur maître… dont celle qu'elle détestait le plus au monde.

- Bien sûr, acquiesça-t-elle sombrement.

- Il y a une personne parmi elle… Bellatrix… tu en as déjà entendu parler ?

Elle ne trouva pas le courage de lui répondre et approuva d'un mouvement de tête.

- Elle a… Tu sais, je parle jamais de mes parents… Je crois bien que c'est la première fois que je vais le dire à voix haute… Elle a torturé mes parents… Elle les a tellement torturés au Doloris qu'ils sont maintenant à Ste-Mangouste… Ils sont devenus… Je sais pas comment dire… Leurs cerveaux ont été détruits… Ils ne peuvent même pas me reconnaître… Rien que de la savoir là, dehors, c'est la première fois de ma vie que j'ai autant envie de meurtre…

Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues. Elle le prit dans ses bras afin de le calmer et lui murmura à l'oreille.

- Tu n'es pas le seul. Peu de personne le savent aussi mais elle a tué ma mère… à l'aide du Doloris…

Neville la regarda, les yeux écarquillés.

- Tu n'es pas seul Neville, on est deux, peut être plus… Elle a sûrement détruit plusieurs familles… Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.

Il la remercia silencieusement.

- Je dois te laisser… Ça va aller ?

- Oui merci… Merci beaucoup…

- De rien Neville. À plus tard. Tu sais où me trouver en cas de besoin.

Elle se leva et se dirigea vers le bureau du directeur.