- Ça va ? demanda Severus.
- Ça pourrait être pire.
- Nous sommes arrivés, annonça-t-il sombrement.
Helena regarda autour d'elle et vit qu'ils avaient atterri dans un vaste jardin, la brume les entourant et l'empêchant de voir ce qu'il y avait autour d'eux.
- Suis-moi, dit Severus.
Ses pieds suivirent le rythme de ceux de son père et ils arrivèrent devant un grand manoir qui avait dû être beau en son temps. La porte d'entrée était immense et entourée de grandes fenêtres finement ouvragées.
- Respire à fond et bloque ton esprit.
Elle ferma les yeux, inspirant afin de se décontracter et de faire le vide dans ses pensées. Après quelques minutes de préparation, ses yeux s'ouvrirent.
- Prête ?
Helena hocha positivement et Severus ouvrit la porte.
La maison paraissait vide, ce qui l'étonna étant donné qu'elle s'attendait à voir plein de Mangemorts s'agiter dans tous les sens. Le hall d'entrée était grand, et l'intérieur assez luxueux. Elle jeta un coup d'œil à son père qui portait maintenant son masque impénétrable. Merlin qu'elle aimerait pouvoir être comme lui. Malgré sa volonté d'être impassible, son cœur battait plus fort et plus rapidement.
Severus s'avança et commença à monter l'escalier face à eux pendant qu'elle lui emboîtait le pas, nerveuse. Arrivés sur le palier, ils tournèrent à droite et arrivèrent devant une porte fermée d'où s'entendaient deux voix distinctes. Une semblait couiner pendant que l'autre ressemblait plus à un sifflement qu'à une voix humaine. Cette dernière lui donna la chair de poule et la paralysa sur place. Severus posa une main rassurante sur ses épaules avant de frapper à la porte.
Elle s'ouvrit sur un homme assez petit et la première chose à laquelle pensa Helena était qu'il ressemblait vaguement à un rat avec son petit nez pointu. Il était corpulent, presque chauve et remarqua en le détaillant qu'il lui manquait un doigt à la main droite. « Pettigrow » pensa-t-elle. Il eut une expression de peur à la vue de Snape et s'inclina tout en ouvrant la porte.
- Severus, mon ami. Bienvenue, dit alors la voix sifflante lorsqu'ils entrèrent dans la pièce.
C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte de la réalité de la situation. Lorsque ses yeux se posèrent sur l'homme face à elle pendant une fraction de seconde, la peur la stupéfixa sur place. Helena avait beaucoup entendu parler de Voldemort depuis qu'elle était entrée dans le monde des sorciers, elle avait dévoré tous les livres de la bibliothèque parlant de lui dans l'espoir d'en apprendre davantage, elle avait écouté les descriptions de Harry, mais elle se rendit compte que rien n'aurait pu la préparer à ce qui se présentait devant ses yeux. Son père se courba devant son « maître » et la jeune Gryffondor en fit de même.
- Bonjour maître, dit-il.
Elle voulut parler à son tour mais sa voix resta bloquée dans sa gorge.
- Je vois que tu t'es enfin décidé à me présenter notre chère amie, tu en as mis du temps, gronda-t-il.
- Dumbledore ne voulait pas la laisser sortir sans une bonne raison, maître.
- Allons, allons, ce n'est pas grave. Queudver, tu peux sortir.
- Oui maître.
Le rat s'inclina et sortit rapidement de la salle, comme s'il fuyait la peste.
Voldemort fixa un instant la jeune fille puis fit apparaître deux fauteuils face à lui. Sans attendre, les deux invités s'assirent.
- Voyons… Helena, c'est bien cela ? demanda-t-il en la fixant de ses yeux écarlates.
- Oui monsieur… maître, se rattrapa-t-elle.
- Monsieur ?
- Pardonnez-la maître, elle n'est pas encore habituée, dit précipitamment Severus.
- Je sais, je sais… C'est donc toi la fille de notre cher serviteur… réfléchit-il. Je dois dire que j'étais très curieux de faire ta connaissance, toi qui as été élevée pendant un moment dans une famille de moldus.
Il prononça le dernier mot comme une insulte.
- Cela doit te faire bizarre après tant d'années dans ce monde d'enfin connaître tes vraies origines. Ta mère devait vraiment être sotte de croire que tu pourrais être heureuse en étant élevée dans un environnement pareil.
Une bouffée de colère l'envahit en entendant l'insulte mais elle garda son masque impassible.
- En effet maître.
- Très bien, très bien. Sais-tu pourquoi je voulais tant te rencontrer ?
- Non maître.
- J'ai ouïe dire que tu étais amie avec Harry Potter ainsi que ses deux camarades, un traître à son sang ainsi qu'une sang de bourbe, ce qui me surprend étant donné la nature de tes origines. Aurais-tu par hasard hérité de ta mère pour aimer la compagnie de ce genre de… vermines ?
Sa voix était calme, mais le ton suffisait à lui faire dresser les cheveux sur la tête. Helena réfléchit rapidement puis répondit.
- Non maître, ce n'est plus le cas. Je ne dis pas que je ne l'étais pas au début mais après avoir découvert qui était mon père, j'ai changé. Je voulais qu'il soit fier de moi et j'ai trouvé d'autres amis.
- Puis-je savoir lesquels ?
- Principalement Drago Malefoy maître.
C'était un mensonge, Voldemort pouvait découvrir la supercherie à tout moment mais elle se concentra afin de bien garder son esprit fermé.
- Voilà qui est fâcheux… soupira-t-il.
- Fâcheux maître ? demanda Severus d'un ton toujours neutre.
- Oui. J'aurais espéré que ta fille pourrait m'aider dans certains… projets.
- Que voulez-vous dire maître ?
- Ce que je veux dire, c'est que j'aimerais qu'elle me serve aussi bien que toi, siffla-t-il. Tu comprends ?
- Vous voulez qu'elle soit votre espion auprès de Potter.
Ce n'était pas une question, simplement une affirmation. Dumbledore avait donc vu juste.
- En effet. Bien sûr, tu seras le messager, je ne peux pas risquer de la faire sortir toutes les semaines du château pour un rapport. Elle te dira donc ce qu'elle a appris, et tu m'en informeras ensuite.
Il se tourna vers elle.
- Acceptes-tu ce que je te demande ?
La question était seulement pour la forme, la jeune fille ne pouvait refuser sous peine de mourir sous les yeux de son père, elle était piégée.
- Bien entendu maître.
- Très bien. Attention, au moindre faux pas de ta fille… Tu connais la suite.
- Elle ne vous décevra pas maître.
- Vous pouvez partir, termina-t-il d'un ton sans équivoque.
Lorsqu'ils sortirent de la pièce après avoir fait une révérence, Helena put enfin respirer. Elle regarda son père, inquiète mais il ne lui répondit pas, attendant sûrement d'être seuls. Au moment de passer la porte d'entrée du manoir, le pire cauchemar d'Helena apparut devant ses yeux dans l'encadrement de la porte.
- Qu'est-ce que tu fais ici Severus, cracha une femme brune.
- Je suis venu à la demande de mon maître Bellatrix.
Helena sentit une certaine délectation dans la voix de son père. Bellatrix allait répondre quand ses yeux se posèrent sur elle.
- Tiens tiens, ne serait-ce pas la petite fille prodigue qui est de retour ? dit-elle d'une voix doucereuse. Celle de ta putain ?
Sa main se serra sur sa baguette, prête à l'attaquer. Pour la première fois de sa vie, elle sentit une bouffée de haine destructrice l'envahir, la poussant à défier cette horrible femme.
- Qu'est-ce que cela peut-il bien vous faire ? répliqua-t-elle avec toute la colère dont elle put.
- Helena, garde ton calme, elle n'en vaut pas la peine, dit alors son père.
- Comment ça je n'en vaux pas la peine ? Tu devrais faire attention à toi, tu n'es plus seul maintenant, tu as quelque chose à perdre… murmura-t-elle, d'un ton doucereux plein de promesses. Tu sais toi-même les dégâts engendrés par certains sortilèges.
- C'est une menace Bellatrix ? Fais bien attention aux paroles qui sortent de ta bouche… Je ne pense pas que le Seigneur des Ténèbres serait très content de t'entendre menacer sa nouvelle recrue.
Sans plus un mot, sous le regard mélangé d'incompréhension et de folie de Bellatrix, ils sortirent de la maison et transplanèrent aux portes de Poudlard.
- Tu vas bien Helena ? s'inquiéta Severus.
La Gryffondor était pâle, comme si elle était sur le point de vomir, les yeux vides.
- Helena ?
Son visage se tourna vers son père.
- Oui… Oui ça va aller, juste un peu sous le choc…
- Tu te sens assez bien pour aller voir le directeur maintenant ?
- Oui, le plus tôt sera le mieux.
Ils marchèrent en direction du château et, une fois entrés, montèrent les étages un à un sous les regards curieux de ses camarades. Severus frappa à la porte et ils entrèrent.
- Cela a été plus rapide que je ne le pensais, s'étonna Dumbledore.
- Il avait seulement quelques questions à poser, expliqua Severus.
Ce dernier raconta alors la conversation qu'ils avaient eue avec Voldemort pendant que Dumbledore écoutait attentivement, les bras accoudés à son bureau et les mains sous son menton.
- Je vois, je ne me trompais donc pas sur ses intentions…
Il se tourna vers la jeune fille, qui n'avait pas ouvert la bouche depuis le début.
- Tu as fait preuve d'un grand courage Helena. Ce que l'on va faire maintenant, c'est que tu viendras ici chaque semaine avec Severus pour faire ton rapport afin que je puisse juger bon de ce qu'il devra savoir ou non.
- Très bien monsieur le directeur.
- Nous avons terminé je pense.
Ils commencèrent à se lever et à partir lorsqu'elle se tourna vers Dumbledore.
- Une dernière chose monsieur, j'aimerais pouvoir faire part de cette rencontre à mon ami Drago Malefoy, qu'il l'apprenne de ma bouche au lieu de celle de son père.
- Cela me semble correct, répondit-il.
- Et à Harry, Ron et Hermione ?
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, répliqua son père.
Dumbledore réfléchit quelques secondes.
- Je suis de l'avis de Severus Helena, désolé mais si tu leur racontes cet épisode, je ne pense pas qu'ils resteront suffisamment naturels à tes côtés.
- D'accord monsieur.
Ils sortirent du bureau et marchèrent un petit moment silencieusement. Il était bientôt midi et ils devaient rejoindre la Grande Salle afin de déjeuner. Avant d'entrer, son père la regarda droit dans les yeux.
- Tu es fâchée contre moi ?
- Non, je pense finalement que vous avez raison, déjà qu'il y a des tensions actuellement entre Harry et moi, je ne pense pas que ça arrangerait les choses.
- Tu veux en parler ?
Son père semblait gêné, mal à l'aise même, comme s'il regrettait déjà d'avoir posé la question. Elle le connaissait assez pour savoir que ce n'était pas vraiment son genre d'avoir une discussion père-fille, surtout quand le sujet principal était Harry Potter. La situation était assez comique et elle aurait voulu pousser le vice encore plus loin mais elle décida finalement d'abréger ses souffrances.
- Non ça ira, mais merci quand même, sourit la jeune fille malgré elle.
Ne voulant pas affronter Harry après leur énième dispute, elle décida de se diriger vers la table des Serpentards afin de manger avec Drago. Elle le repéra facilement, miraculeusement seul sans ses deux gorilles, et s'installa à une place libre à côté de lui.
- Ça te dérange si je déjeune avec toi ?
- Non du tout, tu vas bien ?
Helena vérifia autour d'elle que personne ne faisait attention à eux, ce qui était visiblement trop demandé vu les regards insistant de certains, sûrement surpris de voir la Gryffondor à leur table.
- Oui oui, ça va. Mais j'aurais besoin de te parler un peu plus tard.
- C'est urgent ?
- Assez, j'aimerais que tu l'apprennes de ma bouche. Pourquoi ?
- Bah… J'avais rendez-vous avec Hestia mais… je me débrouillerai avec elle.
- Désolée mais c'est vraiment important, tu sais que je ne te demanderais pas sinon.
Ils déjeunèrent rapidement puis sortirent de la salle. Helena lui annonça qu'elle l'attendait dans une salle de classe vide au deuxième étage pendant qu'il réglait cette histoire de rendez-vous.
Comble de la malchance, elle croisa le trio sur son chemin.
- Salut Helena ! s'écria Ron. Tu vas mieux ? On ne t'a pas vu aujourd'hui.
- Ça va bien et vous ? J'ai été assez occupée ce matin, dit-elle sur un ton d'excuse avec un grand sourire.
- Ça va, on va dans la salle commune faire quelques devoirs, tu viens avec nous ? demanda Hermione.
- Je ne peux pas, mais je vous rejoindrais plus tard si ça vous va.
- Pas de soucis.
Hermione et Ron commencèrent à partir alors qu'Harry ne bougeait pas.
- Allez-y j'arrive.
Ses deux camarades partirent en les laissant seuls. Elle croisa les bras sur sa poitrine, se demandant bien ce qu'il avait à lui dire.
- Une trêve ça te dit ? l'interrogea-t-il sérieusement.
Elle le regardait, perplexe.
- Qu'est-ce que tu entends par une trêve ?
- J'arrête de me mêler de ton amitié avec Malefoy, pour de bon cette fois, et… on repart à zéro.
- Ça me va… Si tu es vraiment décidé cette fois.
- Je le suis, répondit-il fermement.
C'est ce moment précis que choisit Drago pour apparaître. Harry lui jeta un regard noir mais ne fit aucun commentaire.
- À plus tard Helena, Ron et Hermione m'attendent, dit-il en prenant apparemment grandement sur lui.
- À tout à l'heure Harry.
Il partit, laissant les deux jeunes gens seuls.
