Elle se réveilla en sursaut, encore une fois trempée de sueur. Hermione était réveillée, à côté d'elle, l'air apeurée. Les autres filles aussi la regardaient, se demandant bien pourquoi elle avait tant crié dans son sommeil.

- Encore un cauchemar ? chuchota Hermione.

Elle hocha simplement de la tête.

- Tu dois envoyer une lettre à Dumbledore…

- Je sais, mais pas maintenant.

Elle montra d'un coup de tête ses camarades de chambre qui s'étaient rallongées mais qui devaient encore être éveillées.

- Demain matin, promis, conclut-elle.

- D'accord, essaie de te reposer.

Toutes les deux se rendormirent difficilement.

Le lendemain matin, comme promis, Helena envoya une lettre à Dumbledore où elle lui expliqua son rêve. Elle se sentait mal à l'aise, presque paniquée. Ce rêve avait été si réel qu'elle avait encore cette impression d'être piégée, enfermée. Elle avait des difficultés à respirer, une pression lui pesait sur la poitrine. C'est avec soulagement qu'elle quitta le dortoir pour aller prendre son petit déjeuner. L'agitation de la Grande Salle lui permit de se calmer. Elle décida d'aller rejoindre Drago à sa table. Elle n'avait pas eu beaucoup l'occasion de le voir et encore moins de lui parler cette semaine. Il ne l'avait pas vu arriver, concentré dans ses feuilles de révisions. Elle s'assit silencieusement à côté de lui, se versa un verre de jus de citrouille, et commença à manger silencieusement à côté de lui. Elle attendit une minute, puis une autre, et lorsqu'elle comprit qu'il était trop concentré pour la voir, elle lui envoya un coup de coude dans les reins.

- Qu'est-ce que… commença à s'énerver le jeune homme. Ah c'est toi, tu m'as fait mal !

- J'étais bien obligée de faire quelque chose pour que tu me remarques, sourit-elle. Tu vas bien ? Tu as l'air épuisé.

- Tu peux parler, t'as vu ta tête ? On dirait que t'as pas dormi. T'as révisé les potions toute la nuit ou quoi ?

- Non… J'ai fait un… cauchemar…

Quand elle insista sur le dernier mot, il la regarda droit dans les yeux. Il comprit immédiatement le message qu'elle voulait lui faire passer. Elle put lire dans son regard inquiet tout un tas de questions et lui fit signe de partir. Les deux amis se levèrent et se dirigèrent vers le hall d'entrée. La jeune fille lui raconta alors son rêve, tous les détails, ainsi que la détresse dans laquelle elle se sentait à présent.

- Écoute, calme-toi… Ça se trouve on s'inquiète pour rien, c'était peut-être un rêve normal…

- Non, souffla-t-elle tristement. Je commence à réussir à faire la différence entre les rêves normaux et… les autres.

- Helena, regarde-moi.

Il lui prit doucement le menton avec sa main droite et leva son visage vers le sien. Drago remarqua que ses yeux étaient emplis de larmes.

- Le rêve que tu as fait pendant les vacances, celui dont tu n'as pas voulu me parler, il s'est réalisé ?

Elle nia de la tête.

- Tu vois, ils sont peut-être différents tout simplement parce qu'ils sont plus intenses. Ça arrive à tout le monde. Tu sais perso, je fais des rêves parfois vraiment intenses, tellement que quand je me réveille, j'ai l'impression que c'est vraiment arrivé.

Un sourire mi-lubrique mi-diabolique se forma sur son visage et elle ne put s'empêcher de rire devant son expression.

- T'es vraiment un crétin, tu ne penses qu'à ça ou quoi ? dit-elle en s'essuyant les yeux.

- Bah depuis que je suis célibataire, c'est pas facile de penser à autre chose.

- Célibataire ? répéta avec des yeux ronds. Alors ça y'est, je suis de nouveau une briseuse de couple…

- Ne te prends pas la tête pour ça, c'est que des racontars. Tu vaux mieux que ça.

Pendant leur discussion, la plupart des élèves étaient déjà sortis dans le hall en attendant la préparation de la Grande Salle pour l'examen écrit.

- Bon allez, à plus tard et courage même si tu n'en as pas besoin, annonça Drago.

- Toi non plus, lui sourit-elle.

Elle se dirigea vers le trio et entra avec eux dans la salle d'examen.

Mercredi soir

Il restait cinq minutes, Helena relisait attentivement sa carte du ciel. Elle avait reproduit parfaitement les planètes, certaines de constellations, mais pour le reste… C'était vraiment la matière qu'Helena aimait le moins. Les étoiles étaient jolies à observer, mais difficiles à retenir et reproduire.

- C'est terminé, annonça le professeur Tofty de sa voix chevrotante.

Elle regarda avec soulagement l'examinateur, un petit sorcier chauve qui semblait assez âgé. Elle lui tendit sa carte et descendit les escaliers de la tour d'Astronomie pour se diriger vers son dortoir. Helena était épuisée, il devait au moins être minuit passé et c'est en trainant les pieds qu'elle passa le portrait de la Grosse Dame. Le trio n'était pas là, elle les avait sûrement devancés mais la jeune fille n'avait pas le courage de les attendre. Elle monta directement dans sa chambre qui était vide. La surprise se lisait sur son visage. Où pouvaient bien être les autres ? Elle prit une serviette de toilette, se dirigea vers la salle de bain afin de se brosser les dents et ouvrit le robinet d'eau. Soudain, un silence assourdissant s'abattit autour d'elle, elle sentit une pression très désagréable à l'intérieur de sa tête et manqua de s'évanouir.

- Helena, dit alors une voix sifflante, presque glaçante.

C'est comme si le son s'infiltrait dans son crâne. Sa tête était de plus en plus lourde et douloureuse.

- Rejoins-moi immédiatement à l'extérieur de Poudlard.

Devenait-elle folle ? Comment cette voix pouvait-elle lui parler, ici, l'atteindre à l'intérieur de Poudlard, l'endroit le plus sécurisé au monde ?

- Je t'attends dans la forêt qui longe le chemin menant à Pré-au-lard. C'est très urgent, cela concerne ta mission. Ne préviens personne. Je t'attends.

La douleur dans sa tête partit aussi rapidement qu'elle était arrivée laissant place à la terreur qui s'empara d'elle comme un poison coulerait dans ses veines. Elle voulut immédiatement aller prévenir son père mais elle avait peur de le mettre en danger. La jeune fille enfila rapidement une veste légère et sortit du dortoir. La salle commune était quasiment vide, elle passa rapidement devant quelques quatrièmes années et traversa le portrait. Ses pas se faisaient silencieux à travers les couloirs, ses oreilles aux aguets du moindre bruit. Seule sa respiration saccadée s'entendait. Helena arriva finalement dans le hall désert et ouvrit discrètement les portes d'entrée. Une fois dehors, elle marcha rapidement le long du chemin menant aux gargouilles gardant les grandes portes du parc et passa le portail. Une fois hors de l'enceinte de l'école, la panique monta en elle. Qu'était-elle donc en train de faire, seule, hors de l'école… La panique l'empêcha de bouger pendant deux minutes. Helena essaya de se rassurer en se disant qu'elle était la fille d'un des Mangemorts les plus réputés et qu'elle ne craignait rien. Elle reprit sa marche vers Pré-au-lard et chercha du regard la fameuse forêt. La Gryffondor avança prudemment, silencieusement vers la lisière lorsqu'elle entendit un bruissement derrière elle. Elle se retourna et resta pétrifiée sur place.

Il était là, face à elle, ses yeux rouges flamboyant dans le noir.

- Enfin, tu es là. Je me demandais si tu allais venir.

Elle resta quelques secondes hypnotisée par son regard puis, se souvenant soudainement des conseils de Dumbledore, baissa le regard vers le sol.

- Vous m'avez demandé maître, je suis venue, murmura-t-elle.

- Je vois cela. Dis-moi, sais-tu pourquoi je t'ai fait venir ici ? se délecta-t-il.

- Vous m'avez dit que c'était en rapport avec ma mission.

- Mais encore ?

- Je ne sais pas maître.

- Vois-tu, j'ai découvert il n'y a pas longtemps l'existence d'une… connexion dirons-nous entre Harry Potter et moi… Tu ne devineras jamais quelle a été ma surprise quand j'ai lu dans son cœur que l'une des personnes les plus importantes à ses yeux était… toi.

Elle déglutit difficilement.

- Que voulez-vous dire… maître ?

- Que notre cher ami te désire, il te désire tellement qu'il brûle en lui-même d'être près de toi. Étrange n'est-ce pas ?

- En effet…

- Et tellement pratique pour la mise en place de la deuxième étape de ta mission, continua-t-il sans même l'écouter.

Elle le regarda marcher de long en large, comme pris d'une folie inquiétante. Le danger se faisait plus présent et se rapprochait d'elle à mesure que les secondes s'égrainaient.

- Depuis le temps que je cherchais une faille, une information de taille me permettant de l'atteindre, je l'ai enfin sur un plateau devant moi grâce à mon plus grand serviteur.

Elle n'osait pas l'interrompre, la peur s'insinuant par tous les pores de sa peau.

- Je vais donc… t'emprunter quelque temps.

Elle eut un mouvement de recul.

- M… m'emprunter ?

- Oui, tu vas venir avec moi…

- Mais… je ne peux pas ! J'ai encore des examens demain, et mon père ne sait même pas où je suis !

Elle perdit son sang-froid et commença à paniquer réellement face à lui.

- Rien ne peut se comparer à mon plan pour Harry Potter. Tu ne comprends donc pas que grâce à toi, je peux enfin le mettre à exécution ?

Des sanglots se formèrent dans sa gorge.

- Je vous en prie, laissez-moi partir, je dois rentrer à Poudlard.

- Je dois avouer que tu me déçois chère Helena, tu viendras avec moi de gré… ou de force, dit-il avec un sourire diabolique.

Elle perdit le contrôle d'elle-même, se retourna et commença à courir le plus vite qu'elle put. Tout à coup, des sortes de lianes lui enserrèrent les jambes et les bras la faisant tomber sur le sol, puis ce fut le noir complet…

« Une impression de déjà vue ». C'est la première pensée qui lui traversa l'esprit lorsqu'elle se réveilla. La pièce qui l'entourait était sombre, sans lumière, et sa baguette avait disparu… Comme dans son rêve. Elle essaya de rester calme, sachant que crier ne servirait à rien. Longeant les murs du bout des doigts, elle cherchait une sortie, une faille, une crevasse… Mais rien. Elle s'assit alors dans un coin et attendit… attendit… attendit… Les secondes se transformèrent en minutes, et les minutes en heures. La faim commença à s'emparer d'elle ainsi que le sommeil. Elle essaya de lutter mais ses yeux la brûlaient et se fermaient tous seuls.

Helena se réveilla dans une position très inconfortable, la tête sur le sol. Elle avait dû tomber lorsqu'elle s'était endormie. Depuis combien de temps patientait-elle ici, dans le noir total ?

Après ce qui lui sembla durer encore plusieurs heures, une ouverture s'ouvrit face à elle. Un homme au visage pâle, aux cheveux blonds et aux yeux gris s'approcha d'elle. N'ayant plus aucune force physique pour se débattre, c'est sans ménagement et sans difficulté qu'il l'agrippa par le bras, la fit tenir sur ses pieds, puis l'emmena vers la sortie. La lumière vive lui brûla les yeux, qu'elle ferma un instant le temps de s'habituer. Ce lieu lui était inconnu. Il l'emmena vers une grande salle qui semblait être le salon d'une villa ou d'un manoir, où Voldemort les attendait de pied fermes.

- Vous allez pouvoir vous mettre en route, Lucius.

- Oui maître.

Elle le vit prendre le bras de Lucius et approcher sa main vers son tatouage. Lucius pâlit mais ne bougea pas. Voldemort appuya de son doigt long et fin sur l'encre qui s'anima et Lucius se crispa comme si son bras le brûlait. En deux secondes, une dizaine de personnes apparut, le visage caché par un masque. Elle chercha son père des yeux avec espoir. Un espoir vain. Quand Voldemort posa ses yeux sur elle, il se mit à sourire.

- Il n'est pas là ce soir, il a un autre travail pour moi.

Puis il se tourna vers ses fidèles.

- Ce soir est le grand soir, je ne tolérerai aucune erreur. Allez me chercher cette prophétie. Et ramenez-moi le garçon. Vivant.

Tous hochèrent de la tête. Lucius s'approcha d'elle, le même masque que les autres apparut sur son visage. Il enserra sa main sur son poignet et ils transplanèrent.