Ils atterrirent dans une grande pièce magnifique. Les murs étaient recouverts de lambris en bois sombre, deux rangées de cheminées se faisaient face. Une imposante sculpture se dressait devant eux représentant deux personnes et un petit être. L'endroit était vide, silencieux.
Elle avait du mal à tenir sur ses jambes, la fatigue et la faim ayant affaibli son corps. Le père de Drago devait presque la trainer pour qu'elle suive le mouvement. L'un d'entre eux s'approcha d'elle et la gifla violemment.
- Tu vas avancer oui ? siffla une voix qu'elle identifia comme celle de Bellatrix.
- Qu'est-ce que tu fais ? Le Seigneur a dit de ne pas la toucher ! chuchota Lucius.
- Il faut bien qu'elle se bouge ! On a plus beaucoup de temps !
Ils reprirent leur chemin, passèrent par une porte dorée qui devait faire au moins deux ou trois mètres de haut et entrèrent dans un deuxième hall qui comprenait plusieurs ascenseurs. Ils se figèrent tous lorsqu'ils entendirent un bruit dans l'autre pièce. Un petit sorcier entra dans la salle et se figea devant le groupe.
- Que…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'un des Mangemorts lui jeta le sortilège de l'Imperus et le renvoya vaquer à ses occupations.
- Il faut être attentifs, il doit y avoir d'autres gardes, dit l'un d'entre eux.
Ils continuèrent leur chemin mais Helena se sentit de plus en plus faible, le monde tournant autour d'elle. Elle sentit son nez couler et se passa la main libre sur le visage. Du sang tâcha sa robe, elle commença à voir des points blancs devant ses yeux, puis elle perdit connaissance.
La jeune fille se réveilla entourée des Mangemorts, ligotée et allongée. Il faisait froid et sa robe était tachée de son propre sang qui avait dû continuer à couler pendant son inconscience. Elle regarda autour d'elle. Entourée d'immenses étagères, des centaines de petites boules bizarres, comme des boules de cristal, étaient exposées et accompagnées d'étiquètes jaunes.
- Préparez-vous, dit Lucius. Ils ne vont pas tarder à arriver.
Ils la laissèrent seule, au milieu des étagères. Elle avait beaucoup de difficultés à rester éveillée et à garder ses yeux ouverts. Elle se demandait bien de qui parlait le père de Drago.
Elle se sentait fiévreuse et ferma un instant les yeux, la joue contre le sol froid. Qu'est-ce que c'était agréable. Elle se focalisa sur la sensation. Après plusieurs dizaines de minutes, elle entendit des bruits de pas se rapprocher, il devait y avoir au moins quatre personnes.
- Ce n'est plus très loin, dit une voix masculine qu'elle pensait connaître. Au bout de la rangée quatre-vingt-dix-sept.
- Tu es sûr Harry ? demanda une autre voix, féminine, qui semblait inquiète.
Harry ? Que faisait Harry dans cet endroit ? Venait-il pour elle ?
- Ici ! cria Ron.
Elle sentit des mains agripper ses bras.
- Helena ! Helena, réveille-toi ! dit Ron en la secouant légèrement. Ici ! s'écria-t-il à l'adresse des autres.
Elle se débattit difficilement avec elle-même pour soulever ses paupières. Son regard croisa immédiatement une paire d'yeux bleus. Le brouillard qui empêchait son cerveau de fonctionner se dissipa presque immédiatement.
- Partez ! cria Helena difficilement. Partez vite !
Harry prononça une formule afin de défaire ses liens.
- Harry ! s'exclama Hermione. Regarde sur cette étagère ! Il y a ton nom dessus !
Elle aperçut Harry s'approcher de l'étagère derrière elle pendant que Ron la scrutait afin de voir si elle allait bien.
- Ne touche à rien Harry, partez d'ici tant qu'il est encore temps ! implora Helena.
L'adrénaline lui fit reprendre des forces et la poussa à se relever avec l'aide de Ron. Au moment où Harry referma ses doigts sur la sphère et l'observa, elle comprit qu'il était trop tard. Elle voyait déjà les serviteurs de Voldemort sortir de l'ombre.
- Parfait Potter, dit Lucius. Maintenant, donne-moi cette prophétie.
Elle vit Harry se retourner en sursaut en même temps que les autres. Maintenant qu'elle se sentait mieux, elle remarqua que Harry était venu accompagné de Ron, Hermione, Luna, Neville et Ginny. Elle commença à se sentir désemparée. Comment allaient-ils sortir d'ici vivants ?
- J'ai dit donne-moi ça Potter.
- Et pourquoi je ferais ça ? para-t-il.
Les Mangemorts commençaient maintenant à les encercler. Ils se regroupèrent les uns à côté des autres.
- Parce que c'est dans ce but que le Seigneur des Ténèbres t'a fait venir ici.
- Qu'est-ce que Voldemort à affaire là-dedans ?
Elle vit les Mangemorts frissonner au nom de leur maître.
- Comment oses-tu prononcer son nom ? demanda Bellatrix.
- C'est bien comme cela qu'il se fait appeler non ? répondit-il sur un air supérieur.
Bellatrix commença à lever sa baguette quand Lucius l'arrêta.
- Non, nous avons besoin de la prophétie intacte, tu l'as entendu comme moi.
Il se retourna vers Harry.
- Eh bien Potter, pour te répondre, le Seigneur a tout à voir là-dedans comme tu dis. C'est grâce à lui que tu es ici maintenant.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Helena le sentit se raidir à ses côtés.
- Que le petit rêve que tu as vu plus tôt était de son invention.
- Bien sûr que non ! Helena est ici !
En même temps qu'il répondait aux Mangemorts, il donna silencieusement des instructions aux autres.
- Attendez mon signal, chuchota-t-il.
- En parlant du loup, dit Bellatrix de sa voix aiguë. Pourquoi donc ne prendrait-elle pas la prophétie elle-même pour nous l'apporter ?
Helena se sentit chanceler.
- De quoi parlez-vous ? demanda Harry, soudain focalisé sur la Mangemort.
- De quoi je parle ? Tu ne sais donc pas ?
- Harry, je t'en prie ne l'écoute pas ! s'exclama Helena, la panique s'emparant d'elle.
Il se détourna d'elle, fixant Bellatrix du regard.
- Apparemment non.
- Elle fait partie de notre camp. C'est une espionne qui a surveillé tes moindres faits et gestes pendant des mois au service du Seigneur. Tu ne savais pas ?
Helena sentit ses membres trembler.
- Harry s'il te plaît, ne l'écoute pas ! Je t'expliquerai mais ne la crois pas ! sanglota-t-elle.
Elle vit bien que Harry était perdu, ne sachant qui disait la vérité.
- Si elle était vraiment dans votre camp, pourquoi est-elle dans un état pareil ? s'exclama Ron.
- Il fallait bien que cela fasse vrai, répliqua Bellatrix, tout en se délectant du spectacle.
Elle vit un éclat de haine traverser les yeux de Harry.
- Je t'en prie, ne la crois pas ! Je t'expliquerai tout plus tard je te promets ! Mais il faut partir d'ici !
Bellatrix se mit alors à éclater de rire, suivit par les autres Mangemorts.
- Partir ? Je ne crois pas non, intervint Lucius. Maintenant donne-moi la prophétie Potter, qu'on en finisse.
- Maintenant ! cria Harry.
Des sorts fusèrent dans tous les sens de la part de leur groupe et se dirigèrent vers les étagères. Ces dernières commencèrent alors à tomber mais ils n'eurent pas le temps d'observer le phénomène car ils s'enfuyaient déjà. Ils coururent à vive allure, Helena avait l'impression qu'elle n'allait jamais y arriver. Des sorts jaillirent dans tous les sens, ne sachant s'ils venaient de leur côté ou de l'autre. Quand ils passèrent la porte du fond, ils arrivèrent dans une salle étrange, mais Helena n'eut pas le temps de la regarder en détail. Hermione ferma la porte à l'aide d'un « Collaporta ». Quand ils s'observèrent les uns les autres, ils remarquèrent l'absence de Ron, Luna et Ginny.
- Où sont les autres ? demanda Helena, terrifiée.
- Ils ont dû prendre le mauvais chemin, s'inquiéta Harry. Il faut avancer, on n'a pas le temps de traîner.
Quand ils atteignirent l'autre porte, celle qu'ils venaient de passer explosa.
- Stupéfix ! lança Lucius.
Le sort dirigé vers Harry frappa Helena de plein fouet quand elle se jeta entre les deux. Elle tomba sur le sol, inanimée.
- Vous êtes sûr qu'elle va bien ? demanda quelqu'un.
- Oui, c'est ce qu'a dit Mme Pomfresh. Elle ne devrait plus tarder à se réveiller maintenant, répondit une autre personne.
Helena avait l'impression que son corps pesait une tonne. Elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux, elle essayait seulement de se concentrer sur la conversation.
- Quelqu'un a vu Harry ?
- Non… dit quelqu'un avec une voix triste. Je pense qu'il est avec Dumbledore…
Elle l'entendit renifler.
- C'est tellement… injuste, dit la même personne, la voix remplit de sanglot.
Pourquoi pleurait-elle ? Que s'était-il passé ? Où était-elle ?
Elle essaya de réfléchir à son dernier souvenir. Elle revoyait la salle d'examen, puis le dortoir. Son cerveau mit un moment à se remettre en marche, puis tous les souvenirs de la soirée revinrent la frapper d'un coup. Voldemort, la salle aux sphères étranges, ses amis, les Mangemorts, le sortilège.
Ses yeux s'ouvrirent d'un coup et elle essaya de se redresser dans son lit mais elle était encore trop faible.
- Helena ! s'écria Hermione. Tu vas bien ?
- Je me sens… faible…
Elle observa son amie. Ses yeux étaient rouges, bouffis. Elle regarda autour d'elle et vit qu'elle était accompagnée de Ron, Luna, Ginny et Neville.
- Que s'est-il passé ? Où suis-je ? Où est Harry ?
- Calme-toi Helena, tu es à l'infirmerie, Harry est avec Dumbledore. Il va… bien… répondit Ron.
Elle vit qu'il essayait d'éviter son regard. Un silence de mort régna dans la pièce.
- Quelqu'un va-t-il se décider à m'expliquer ce qu'il s'est passé oui ou non ? s'énerva Helena.
- D'abord on aimerait que tu nous expliques toi ! Qu'est-ce que voulait dire Bellatrix dans la salle des prophéties ? répliqua Ginny.
Helena eut l'impression qu'un cube de glace descendait le long de sa gorge pour tomber dans son estomac.
- Je ne sais pas si j'ai le droit de vous en parler… commença-t-elle honteuse.
- Oh ça va, arrête tes conneries cinq minutes ! dit Ginny en perdant patience. Tu étais une espionne oui ou non ? Tu nous as trahis !
- Non ! Jamais je ne ferais ça !
- Ce serait bien si tout le monde pouvait se calmer, dit Hermione. Ginny, arrête de l'agresser, et toi Helena, raconte-nous, que tu aies le droit ou non, je pense que nous, on a le droit de savoir.
Helena soupira puis commença à leur raconter les derniers mois, sa discussion avec Dumbledore, ses cours d'occlumancie, le rôle de son père, la rencontre avec Voldemort, et enfin son piège.
Ses amis l'observèrent inquiets, elle pensa qu'ils n'allaient jamais lui pardonner ce qu'elle avait fait.
Hermione s'approcha alors d'elle, la prit dans ses bras, suivie de Ron, de Luna et de Neville. Ginny quant à elle resta à l'écart.
- Ce n'est pas de ta faute Helena, tu as fait ce qu'il fallait, la rassura Ron.
- Exactement, renchérit Neville.
Hermione regarda alors Helena droit dans les yeux.
- Helena… Tu te souviens du rêve que tu as fait quand on était au square Grimmaurd ?
Une boule se forma dans son estomac, elle ne se souvenait que trop bien de ce cauchemar.
- Oui, déglutit-elle difficilement.
Des larmes recommencèrent à couler sur les joues d'Hermione.
- Sirius… Sirius est… commença Hermione.
Ron s'approcha d'elle, posa tendrement ses mains sur ses épaules.
- Il est mort, termina-t-il.
Helena les regarda l'un après l'autre, ne pouvant y croire.
- Mais non, il… il est chez lui, il ne pouvait pas partir ! Il avait l'ordre de rester là-bas !
Ils lui racontèrent alors comment après le rêve de Harry, ce dernier avait essayé d'expliquer à Severus qu'Helena était en danger, comment ils avaient pensé qu'il ne voulait pas les aider, et qu'ils avaient décidé de partir à sa recherche, alors qu'entre temps, son père avait prévenu l'Ordre. La bataille dans la salle de l'arcade, puis le passage de Sirius derrière le voile, frappé par le sortilège de Bellatrix. Elle se redressa, tout à coup, envahit d'une force nouvelle et sortit de son lit.
- Helena ! Tu dois rester ici, tu es trop faible ! Tu ne devrais pas te lever si vite ! s'exclama Hermione. En plus, le professeur Snape ne va pas tarder !
- Je ne suis pas en sucre Hermione ! Laissez-moi passer !
Elle les bouscula afin de passer et se mit à courir vers le bureau du directeur. Elle passa la gargouille, monta les escaliers et ouvrit la porte à la volée.
-… l'un d'entre nous devra tuer l'autre ? dit Harry.
- Oui, répondit Dumbledore.
Quand ils entendirent la porte claquer, Harry se retourna d'un mouvement brusque, et Dumbledore l'observa au travers de ses lunettes en demi-lune.
- Helena, je vois que tu es remise sur pied, constata Dumbledore.
Elle remarqua que Harry ne pouvait la regarder dans les yeux.
- Pourquoi ? Pourquoi vous n'avez pas répondu à ma dernière lettre ? commença à s'énerver Helena face au vieil homme. Pourquoi après les rêves que je vous ai racontés, vous n'avez rien fait ? Pourquoi vous l'avez laissé se servir de moi quand finalement, mon père avait raison ? J'aurais dû rester en dehors de tout ça ! J'aurais dû me cacher avec Sirius ! Si je l'avais fait, peut-être que Harry n'aurait pas perdu sa seule famille !
- Helena, calme-toi je t'en prie. Il est tout à fait normal de ressentir de la colère face à tout cela. Pour Sirius, nous n'étions pas sûrs de ce qui allait arriver, par contre nous étions certains que ton père aurait eu à faire face aux conséquences face à Voldemort si nous t'avions caché.
- Mais… Mais c'est injuste ! cria-t-elle, désespérée, des sanglots dans la gorge. Tout est ma faute !
- Ne te blâme pas pour une chose dont tu n'es pas responsable Helena. Mais nous en discuterons plus tard. Ton père s'inquiète pour toi et je pense qu'à cette heure-ci, il se demande pourquoi tu n'es pas dans ton lit.
Il se tourna vers Harry.
- Je pense que tu devrais raccompagner ton amie à l'infirmerie. Elle a besoin de repos et de calme.
- D'accord professeur.
Ils sortirent ensemble du bureau du directeur et se dirigèrent silencieusement vers l'infirmerie. Il y avait beaucoup de choses qu'elle aurait voulu lui dire mais n'en trouva pas le courage. Ils étaient presque arrivés quand Helena l'attrapa par la manche de sa robe.
- Harry… Je… Je suis désolée, tout est ma faute…
Harry l'observa longuement.
- C'est toi qui tenais la baguette qui a tué Sirius ? demanda-t-il froidement.
- Non mais…
- Donc ce n'est pas de ta faute. Écoute Helena, je n'ai pas vraiment envie de parler de ça maintenant. En plus, Dumbledore m'a expliqué ce que voulait dire… Bellatrix quand elle a parlé de toi.
- Je suis tellement désolée Harry…
Il soupira en se passant une main dans les ses cheveux désordonnés.
- Helena, répondit-il sur un ton plus calme. Regarde-moi.
Elle n'osait pas relever la tête et lui faire face. S'il n'avait pas été si proche d'elle, si elle n'avait pas été la fille de Severus, rien de tout cela ne serait arrivé. C'était de sa faute si Sirius était mort, c'était elle qui avait fait ce maudit rêve, c'était elle dont Voldemort s'était servi pour attirer Harry au ministère.
Harry s'approcha d'elle et lui releva le menton du bout des doigts. Quand elle croisa son regard, elle y vit toute la tristesse du monde.
- Ce n'est pas de ta faute, dit-il doucement.
- Mais… dit-elle en retenant ses larmes.
- Helena s'il te plaît. On parle de Voldemort, si ce n'était pas toi, il aurait trouvé un autre plan, crois-moi.
Il se rapprocha encore d'elle et la serra contre lui, passant ses bras sous les siens, une main dans son dos et l'autre dans ses cheveux. Helena éclata alors en sanglots, ne pouvant plus s'arrêter de pleurer. Harry ferma les yeux, respirant profondément l'odeur de ses cheveux. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent comme ça, dans les bras l'un de l'autre, mais cela sembla durer une éternité. Finalement, Harry s'éloigna d'elle, la tenant par les épaules.
- Je dois y aller, et toi, tu dois te reposer. Rentre, on se verra plus tard.
Il l'embrassa tendrement sur la joue, se retourna et partit.
FIN DE LA PREMIERE PARTIE
