Chapitre 24 : Quoi qu'il faille affronter
Ville de Selphia, 29ème jour de l'Hiver…
_ Frey, pourrais-je vous parler ?
La princesse de Selphia se retourna, ses couettes vert tendre voltigeant librement dans son sillage. Elle regarda de haut en bas Dylas, emmitouflé dans un manteau noir, les mains enfoncées dans ses poches et un air bougon sur le visage. Il semblait s'être arrangé pour l'interpeler dans une rue déserte, son regard furetait à droite et à gauche comme pour s'assurer que personne ne venait.
_ Dylas, tu es disposé à me donner des explications, maintenant ?
Il hocha la tête d'un air penaud, avant de risquer un regard vers la jeune fille. Elle l'observait avec attention, et il comprit qu'elle ne bougerait pas, qu'il devrait lui donner ses explications ici-même, au milieu d'une ruelle recouverte d'une neige partiellement fondue. Il soupira et sorti une main de sa poche, ouvrant ses doigts pour présenter les deux petits objets cylindrique sur sa paume. Ils étaient noirs, avec des bords dorés.
_ C'est joli… C'est ça que tu fabriquais avec Bado ?
_ Oui… Je voulais… je voulais m'excuser… Je me suis mal conduit avec vous. J'aurais dû réfléchir un peu plus, avant de vous demander de passer la soirée de Noël avec moi, j'ai été stupide.
_ Réfléchir ?
_ Je savais que ça allait vous attirer des ennuis, mais je n'en ai pas tenu compte et j'ai fait preuve d'égoïsme.
_ Je croyais que j'avais déjà mit les choses au clair à ce sujet, Dylas…
_ Mais moi non ! Regardez-moi ! Regardez-moi vraiment ! Comme je suis, pas seulement comme vous me voyez, mais aussi comme les autres me voient ! J'ai été un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire, mais ils ne le savent pas, et s'en moquent bien. Je suis plus proche du monstre que de l'humain, maintenant, et c'est ça qu'ils voient.
_ Je sais…
_ Oui vous le savez, mais vous n'en faites qu'à votre tête. Vous n'avez aucune considération pour ce que moi je ressens ! Est-ce que ça vous est seulement venu à l'esprit que je suis terrifié ? Que l'idée qu'il vous fasse du mal à cause de moi me rend malade ? Ce que vous vous dites prête à endurer, et ce que moi je suis prêt à vous voir subir sont deux choses différentes ! Ils étaient si nombreux au lac, l'autre jour ! Que vous auraient-ils fait si j'étais resté ?!
Frey entrouvrit les lèvres mais fut incapable de prononcer le moindre son. Dylas expira lentement pour reprendre son calme et laissa tomber les barrettes noires dans la main de Frey.
_ Je vous les offre, pour m'excuser de vous avoir blessée… pour vous remercier d'avoir accepté de passer du temps avec un imbécile comme moi… et pour…
_ …me dire adieu ?
Il hocha la tête et soupira.
_ J'ai causé trop de soucis à mon entourage. Regardez un peu, ma simple présence a chassé tous les clients du restaurant de Porcoline. Lui qui a eut la gentillesse de recueillir quelqu'un comme moi lorsque je n'avais nulle part où aller, m'offrir un toi et un travail… des amis, aussi. Je ne veux pas l'embêter davantage. Et vous… vous, vous m'avez tout donné, je refuse de ne vous offrir que de la haine en retour, vous méritez tellement mieux… Vous savez… j'ai toujours honni ceux qui m'ont maudit dans ces ruines… Mais s'ils étaient là devant moi aujourd'hui, je tomberais à genoux devant eux pour les remercier de m'avoir permit de vivre suffisamment longtemps afin faire votre connaissance. Je garderais ce sentiment au fond de moi, où que j'aille.
Frey le regarda s'éloigner et inspira.
_ Dylas !
Il se retourna et la jeune fille releva le menton.
_ Je veux te poser deux questions, auxquelles je veux que tu me répondes en prenant en compte seulement tes propres émotions, ta propre personne. Et quand tu m'auras répondu, je te laisserais partir si c'est vraiment ce que tu veux.
Il hocha la tête, et Frey pouvait voir ses beaux yeux d'or briller des larmes qu'il retenait. Il était courageux, Dylas, lui qui avait déjà tant souffert… Elle refusait que quiconque le blesse d'avantage. Il avait tout donné, tout sacrifié, pour qu'ils puissent tous vivre dans un monde stable, et c'était ainsi qu'il devait être remercié ? Il en était hors de question.
_ Dylas… Ce que tu dis pour moi et aussi valable pour toi. Toi aussi tu t'attirerais de la haine et du mépris à rester à mes côtés, pourtant tu n'en as rien dit, comme si cela t'étais indifférent. Alors je veux savoir… Est-ce que pour être avec moi, tu serais prêt à supporter tout ça ? A encaisser leur bêtise et leur ignorance ? Leur haine et leur injustice ?
Il la regarda comme si sa question était la chose la plus étrange qu'il ait entendu de toute sa longue vie.
_ Bien sûr ! Ils pourraient me jeter des pierres que ça ne changerait rien… Pour vous… pour vous je serai prêt à tout accepter, à tout endurer, du moment que je puisse me tenir… à vos côtés.
Frey inclina la tête une seule fois, regardant le jeune homme droit dans les yeux.
_ D'accord… Alors pourquoi ça devrait être différemment pour moi ? Pourquoi moi je n'aurais pas le droit d'accepter tout ça pour être avec toi ?
Il resta stupéfait, et n'esquissa pas le moindre geste quand Frey s'avança vers lui.
_ Tu crois que j'ai envie d'attirer sur toi cette colère dont tu veux me protéger ? Que je n'y ai pas pensé ? Je sais comment fonctionne mon peuple, Dylas, j'ai grandit dans cette ville qui n'a de cosmopolite que le nom. Les races rassemblées ici sont toutes les mêmes, égoïstes, cruelles, mesquines, toujours prêtes à blesser et à faire souffrir avec un plaisir sadique. Il n'en ira pas différemment pour nous, parce qu'ils n'attendent que ça, des gens contrevenant aux règles édictées à l'aube des temps pour pouvoir cracher leur venin. C'est dans la nature même de la vie qu'existe cette cruauté, et rien ne changera jamais vraiment ça. Je voudrais t'épargner tout ça, mais tu m'as assuré que tu étais prêt à y faire face, alors je ne déciderais pas à ta place. En échange, ne décide pas à la mienne de ce que je peux ou non affronter.
Elle s'arrêta à quelques pas de lui et s'immobilisa.
Dylas la regarda en silence et sentit ses jambes se dérober sous lui. Il tomba à genoux et enfouit son visage entre ses mains. Ses lèvres laissèrent échapper un son étranglé. Il prit conscience qu'il pleurait lorsque Frey s'agenouilla devant lui et le serra dans ses bras, entourant ses épaules tremblantes. Elle caressa doucement ses longs cheveux qui semblaient bien plus gris que mauve dans cette rue déserte. Le jeune homme se raccrocha à elle, laissant de lourds sanglots incontrôlables lui échapper.
_ Je suis désolé… Je suis désolé… je veux… Je sais ce que ça implique, que je vais vous causer des ennuis… je sais que c'est égoïste… mais je veux rester avec vous ! Je ne veux pas partir loin de vous !
Frey le serra un peu plus contre elle avant de s'écarter pour le regarder avec douceur, un beau sourire sur le visage. Elle posa sa main sur la joue de Dylas et chassa les larmes qu'il n'avait pas put contenir.
_ Alors reste… Je ne veux pas que tu sois loin de moi… tu vois, moi aussi je suis égoïste !
Elle lui sourit, et il se surprit à y répondre, un sourire beau comme Frey ne lui en avait jamais vu.
_oOo_
Vishnal soupira en retournant dans sa chambre. La journée avait été longue, et il avait enchainé les erreurs. Lest avait beau dire, il était certain que le fait d'avoir brisé son icône de compétence n'était pas étranger à ses maladresses actuelles ! Il aurait voulu garder les morceaux, mais Volkanon n'avait rien voulut entendre et les avait jeté. Le jeune majordome retira son uniforme pour enfiler des vêtements de nuit bien plus décontractés et se laissa tomber sur son lit.
_ Je suis sûr que c'est parce que je l'ai cassée que je n'arrive pas à aider mon prince dans ses recherches…
Il se sentait minable et inutile, à plus d'un titre.
De discrets coups frappés à sa porte le tirèrent de sa mélancolie. Il se força à se lever pour aller ouvrir et resta muet en découvrant Lest juste derrière, un paquet sous le bras.
_ Mon prince ? J'ai oublié de faire quelque chose ? Vous avec besoin de…
_ Calme-toi, je ne vais pas te déranger longtemps.
Lest lui sourit avec une pointe d'amusement devant la soudaine bouffée de panique de son majordome. Il tendit le paquet emballé dans un tissu épais pour le protéger et Vishnal le prit avec un air intrigué.
_ C'est pour… moi ?
_ C'est surtout à toi.
Il fronça les sourcils et retira le tissu protecteur. Son icône brisée se trouvait à l'intérieur, réparée avec minutie. Les brisures striaient sa surface blanche mais cela lui conférait une sorte de charme ancien plutôt élégant.
_ Mais…
_ Tu avais l'air tellement triste de l'avoir cassée alors… j'ai demandé à M. Volkanon de récupérer les morceaux pour moi et je les ai recollés comme j'ai put… je sais que ce n'est pas parfait et qu'il manque des éclats… et la colle à coulée, et…
Vishnal le serra brusquement dans ses bras, l'empêchant de finir sa phrase. Il ne s'attendait pas à une telle réaction pour une simple statuette rafistolée grossièrement.
_ Merci… mon prince, merci…
_ Je… je t'en prie…
Vishnal s'écarta, gardant son icône pressée contre lui comme un trésor précieux. Lest lui sourit doucement.
_ Je vais te laisser, il est tard et je sais que tu commenceras tôt ta journée de demain…
_ Je viendrais dès la première heure, et je vous jure qu'on finira par trouver ce que l'on cherche dans ces maudits bouquins, quoi que ce soit !
Le prince de Selphia hocha la tête en souriant. Vishnal baissa les yeux vers son icône et l'effleura du bout des doigts.
_ J'en prendrais soin, cette fois je ne la briserais plus. Et grâce à elle je deviendrais le meilleur des majordomes qui soit.
_ Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas besoin de ça pour être un excellent majordome… je ne veux que toi… A… A mon service, je veux dire ! Euh… bonne nuit Vishnal !
Les joues brusquement écarlate, Lest tourna les talons et s'éloigna en se retenant à grand peine de courir. Vishnal attendit de le voir disparaitre à l'angle du couloir pour refermer sa porte. Il s'appuya contre le battant, le cœur tambourinant à toute allure dans sa poitrine. Il regarda son icône et sourit.
_ Je ne veux que vous…
_oOo_
30ème jour de l'Hiver…
_ Frey ! FREY ! Nous avons trouvé !
Frey leva les yeux de son assiette, installée au bar du restaurant de Porcoline et dégustant un curry de poisson préparé par Dylas. Le restaurant était toujours aussi désert mais Porcoline ne semblait pas s'en soucier ; au contraire, il paraissait être enchanté, fredonnant son jingle avec entrain. Il s'interrompit lorsque quelqu'un entra en hurlant le nom de la princesse de Selphia.
_ Lest ?
_ Frey ! Nous savons comment entrer dans la tour de Leon Karnak ! C'est Vishnal qui a trouvé la solution !
_ Lest, tu ne devrais pas rester au lit ?
_ Votre sœur a raison.
Vishnal entra à son tour, un livre extrêmement mince sous le bras. Il jeta un regard réprobateur à Lest.
_ Il est parti avant que je puisse faire quoi que ce soit. Je vais m'assurer qu'il retourne au repos complet au plus vite.
_ Merci, Vishnal, c'est rassurant de savoir qu'il y a au moins quelqu'un de raisonnable, ici.
Elle lança le même regard noir à son frère et prit le livre que lui tendait Vishnal. Il était fait d'un parchemin friable et l'encre était si ancienne qu'elle était presque effacée. Ça ne l'empêcha pas de le déchiffrer.
_ C'est tellement logique… le sort qui isole la tour a été lancé par un Terrami, et donc il n'y aura qu'un Terrami pour pouvoir le franchir. Je n'ai jamais vu une formule aussi compliquée… C'est elle qui rompra le sort ?
Lest inclina la tête.
_ Il parait que j'en suis un, alors j'irais.
Frey l'observa avec attention et posa le livre à côté de son assiette.
_ On en reparlera quand tu seras guéri, Lest. Le Gardien est prisonnier depuis si longtemps qu'il n'est plus à un ou deux jours près.
_ Tu… tu as raison.
La jeune fille sourit et serra son frère dans ses bras.
_ Heureuse de te l'entendre dire ! Vishnal, tu peux le raccompagner jusqu'à son lit et t'assurer qu'il y reste ?
Le majordome hocha la tête et s'inclina avant d'emmener Lest dont le visage commençait à pâlir un peu trop pour que ce soit normal.
Frey les regarda partir et retourna s'asseoir face à son assiette.
_ Dylas, est-ce que tu veux bien me rendre un petit service ?
_ Tout ce que vous voulez.
_ Merci… Je voudrais que tu ailles jusqu'au château, il y a une porte dérobée derrière la glycine sur l'aile ouest. Je voudrais que tu entres et que tu récupères les deux épées qui sont rangées dans le coffre. Tu les reconnaitras, ce sont celles que j'avais aux Ruines Englouties. Il y a aussi des protections de cuir. Tu prendras tout et tu me les ramèneras ici le plus vite possible, s'il-te-plait.
_ Vous n'avez pas l'intention d'attendre votre frère, n'est-ce pas ?
_ Effectivement.
_ Mais il faut un Terrami pour… oh.
Frey esquissa un léger sourire et calla son menton dans la paume de sa main. Dylas inclina légèrement la tête et tourna les talons pour partir chercher ce que Frey lui avait demandé.
La jeune fille termina son assiette tout en feuilletant le livre. Il était si mince qu'il était presque miraculeux que Vishnal est réussi à mettre la main dessus dans la bibliothèque.
_ Vous n'allez pas vous mettre en danger, Frey, j'espère.
Elle leva les yeux et observa Porcoline. Il l'a regardait avec attention, et Frey savait que ce n'était pas une question mais bien un ordre.
_ Pas volontairement, mais il se peut que la barrière ne soit pas la seule protection de la tour. Il manque des pages ici.
Elle referma le livret et le rangea dans une sacoche posée sur le siège à côté du sien.
Dylas revint alors qu'elle finissait son dessert, ramenant tout ce qu'elle lui avait demandé. Frey s'équipa de ses protections de cuir bouilli et rangea ses lames jumelles dans deux fourreaux croisés dans son dos. Elle drapa une cape verte sur ses épaules et remonta le capuchon sur sa tête. Lorsqu'elle releva les yeux, Dylas avait passé un manteau noir et enroulait des bandes de cuir brun autour de ses mains.
_ Qu'est-ce que tu fais ?
_ Vous ne vous imaginez pas que je vais vous laisser partir toute seule, tout de même ?
Elle voulut protester mais réalisa en croisant son regard qu'il ne lui laissait pas le choix. Et puis après lui avoir fait admettre qu'il n'avait pas le droit de décider pour elle, elle n'allait certainement pas le faire pour lui.
_ Je pense qu'Arnaud pourra nous donner des chevaux. On devrait atteindre Leon Karnak en deux jours, si on ne traine pas. Elle est plus loin que le manoir Obsidienne, à l'ouest de la Route de l'Automne.
Porcoline leur tendit un baluchon en souriant.
_ Ma contribution. Vous aurez besoin de manger. Soyez sage en route, et ne faite surtout pas de bêtises !
Dylas le regarda d'un air interrogateur et Frey leva les yeux au ciel. Elle prit le baluchon des mains de Porcoline et le salua avant de sortir du restaurant, suivie par Dylas.
Ils traversèrent les rues sans se faire remarquer, la neige qui avait chassé les badauds aidant. Ils finirent par atteindre la sortie de Selphia, gardée par un Arnaud frigorifié.
_ Tu devrais allumer un brasero pour avoir plus chaud !
_ Votre Altesse ! Vous avez raison… Je peux quelque chose pour vous ?
_ Des chevaux, deux, et des solides.
_ Vous partez en expédition ? Votre frère est au courant ?
_ Non, et j'aime autant qu'il ne soit prévenu qu'une fois qu'il soit trop tard pour qu'il me retienne.
Arnaud sourit avec amusement. Il disparu quelques instants dans une écurie installée à l'intérieur de l'enceinte de la ville et revint avec deux poneys rustiques aux crinières hirsutes et à la robe gris sale.
_ Ils ne payent pas de mine, mais ils vous porteront aussi loin qu'il le faut. Ils sont habitués au climat difficile de l'Empire de Sechs, alors l'Hiver du Royaume de Norad ne va pas leur faire peur !
_ Merci, Arnaud !
Dylas et Frey se mirent en selle, le grand jeune homme paraissant un peu ridicule sur une si petite monture. La princesse de Selphia observa le garde de la porte et lui sourit doucement.
_ A mon retour, je t'interrogerais sur la provenance de ces poneys !
Elle mit sa monture au trot et s'éloigna, Dylas l'imitant avec un léger temps de retard. Il la rattrapa pour chevaucher côte à côte.
_ Qu'est-ce que vous vouliez dire à Arnaud, avec cette histoire de poneys ?
Elle lui sourit avec malice, les yeux plissés.
_ Il a dit que cette race viens de Sechs, or nous ne faisons pas de commerce avec cet Empire puisqu'il passe son temps à chercher à nous envahir. C'est d'ailleurs la véritable raison de la construction d'une ville aussi fortifiée que Selphia si proche de la frontière, on sert de barrière en cas d'invasion. La question que je me pose, c'est comment ce cher Arnaud a réussi à avoir des poneys qui viennent de nos voisins ennemis.
Frey regarda devant elle, resserrant sa cape verte. Elle n'était pas des plus chaudes, mais l'épaisse tunique qu'elle avait en dessous lui tenait suffisamment chaud, en plus du pantalon et des bottes du même cuir blanc que ses gants.
Elle adressa un sourire éblouissant à Dylas et fit accélérer l'allure de son poney. La tour Leon Karnak n'était pas toute proche, et elle ne tenait pas à rester loin de Selphia plus que nécessaire. Quelque chose se tramait dans les bas-fonds de sa ville, elle commençait à le sentir. C'était une intuition diffuse, mais dont elle était certaine de l'existence. Et les mensonges d'Arnaud n'en étaient qu'un vague exemple.
Elle voulait régler cette histoire de Gardiens, et ensuite elle pourrait se préparer à faire face, quoi qu'il se prépare.
