24/08/2023

Bonjouuuur ! j'ai passé des vacances très chargées, je suis épuisée mais vraiment contente. J'ai hâte de recommencer à écrire, en attendant, petit chapitre de fin d'été :)

Eanthy

CW pour ce chapitre : blessures, angoisse, anxiolytique, alcool


À la suite de son accident, Asuna fut alitée. Sa chute lui avait brisé quinze de ses os, provoqué un traumatisme crânien et infligé tant de contusions qu'elle avait apparemment échappé de peu à l'hémorragie interne. L'éclair qui l'avait avait frappée avait brûlé la peau de son dos, de ses épaules et de ses cuisses au troisième degré. En clair, elle était une miraculée.

La première pensée d'Asuna à son réveil fut qu'elle ne comprenait pas. Elle était persuadée d'avoir raison quant à son Alter, elle le sentait dans ses tripes. Elle avait trouvé la vérité, c'était certain.

Pourtant, il semblait évident qu'une partie de la réalité lui échappait encore. D'un coup, la peur la saisit, une terreur viscérale. Les cieux s'étaient déchaînés sur elle, avaient menacé de l'écraser, de la brûler, de la noyer. Elle avait eu si peur ! Elle avait eu si mal ! Elle avait cru mourir… Chaque sanglot qui la secouait était ponctué d'éclairs de douleur, déchirant sa poitrine. Elle avait effleuré le paradis du doigt pour atterrir en enfer. Rien n'avait de sens.

Le lendemain, après une nuit terrible pleine de cauchemars, une simple pensée la tira du sommeil. Il fallait qu'elle trouve une solution. Elle ne pouvait pas se permettre d'être impuissante. Il était là, le sens.

Alors, pendant sa convalescence, indifférente à ses blessures, Asuna employa toute son énergie à réfléchir. Cette fois-ci, elle ne pouvait blâmer personne d'autre qu'elle-même pour son incompréhension. Elle seule pouvait trouver comment son Alter fonctionnait, et elle allait le faire. De toute façon, elle n'avait confiance qu'en elle-même pour cela. L'enfant avait peur, elle était traumatisée, mais elle avait trouvé son but, et rien n'aurait pu l'en détourner. La douleur, l'inquiétude de ses parents, l'arrêt brutal de son quotidien, rien n'avait d'importance. La vision des ballons s'envolant dans le ciel la hantait, comme la défiant de réitérer l'exploit.

Asuna savait qu'elle pourrait le refaire, elle le sentait. Mais elle se souvenait aussi de l'extrême fatigue qui l'avait assaillie quelques secondes à peine après l'utilisation de son Alter. Elle se souvenait des éléments qui se déchaînaient. Qui avaient failli la tuer.

Coincée dans son lit, noyée par les attentions de ses parents, tantôt assaillie par la douleur, tantôt droguée par les médicaments, Asuna ne cessait de réfléchir. Le bonheur extrême et l'intense désillusion qu'elle avait ressentis se tutoyaient sous son crâne, ses neurones s'activant sans relâche pour tenter de donner du sens à ce qu'elle avait vécu. C'était vital.

C'était une matinée pluvieuse. Asuna s'évertuait à achever les devoirs que ses amis lui apportaient régulièrement depuis trois mois, mais son esprit était ailleurs, comme toujours. Incapable de se concentrer plus longtemps, l'enfant poussa un profond soupir qui lui arracha un petit gémissement de douleur. Ses os se ressoudaient, sa peau cicatrisait, sa tête ne lui tournait plus, mais elle avait encore mal aux côtes et son dos la démangeait de manière insupportable. Ses symptômes étaient encore intenses, pourtant elle savait qu'elle pourrait bientôt sortir de son lit et commencer sa rééducation. Asuna se foutait de son corps, elle n'avait toujours pas accompli son objectif. Elle n'en pouvait juste plus de rester coincée au lit. Comprendre son Alter était son moteur, ne pas le comprendre sa plus grande peur. Tout la poussait vers ce seul et unique but.

De dépit, Asuna posa son regard sur la boîte de pièces en chocolat que sa tante lui avait déposé la veille en lui rendant visite. Elle avait besoin de s'occuper les mains, comme elle le faisait toujours lorsque ses pensées tournaient en rond et lui donnaient le tournis. Elle se saisit d'une pièce et la lança machinalement, plusieurs fois de suite.

Pile. Face. Pile. Face. Face. Pile.

Soupirant d'ennui, Asuna se perdit dans la contemplation des deux faces. La première représentait un smiley souriant, la seconde un smiley triste. L'enfant eut un rire jaune. Allait-elle sourire, elle aussi, aujourd'hui ?

Pile. Pile. Pile. Pile.

Amusée, Asuna eut un vrai sourire, cette fois. Elle aimait voir son Alter en action. Elle s'arrêta cependant, sentant que son pouvoir s'épuisait rapidement.

Elle avait eu le temps de réfléchir. Son don, elle l'avait toujours eu. Asuna avait toujours obtenu tout ce qu'elle voulait, et c'était grâce à son Alter. La pièce lui obéissait, comme n'importe quelle chose dans cet univers, il lui suffisait de demander. Le monde entier pouvait s'incliner si elle le désirait. La preuve, elle avait eu le soleil, des ballons et un nuage de coton. Alors à côté de ça, gagner à pile ou face, ce n'était pas bien compliqué. Il ne fallait qu'un petit peu de chance.

Asuna ouvrit de grands yeux.

La chance.

Son Alter, elle l'appelait la toute-puissance, car il pouvait lui donner ce qu'elle voulait, ce n'était plus à prouver, et elle l'avait toujours su. Pourtant, le concept de toute-puissance ne permettait pas d'expliquer qu'elle se soit retrouvée brisée en mille morceaux après avoir fait utilisation de son Alter. Asuna avait l'intime conviction qu'elle avait abusé de son pouvoir, comme si les cieux l'avaient punie d'avoir été trop gourmande en la foudroyant. Mais il y avait deux choses qui la chiffonnaient dans cette théorie : quel Alter de toute-puissance s'épuisait après l'apparition d'un vulgaire bouquet de ballons ? Et plus important encore : pourquoi l'épuisement de son Alter se serait-il manifesté par une punition ? L'évanouissement était logique, si son corps ne pouvait pas supporter la puissance de son Alter, et il était normal qu'elle se soit écrasée sur le bitume en tombant. Par contre, être frappée par la foudre ne rentrait pas dans la catégorie des symptômes courants de l'épuisement d'un Alter.

Si ce n'était pas cohérent, alors la seule possibilité était que son Alter n'était pas ce qu'elle croyait.

Le regard levé vers la fenêtre, en proie à une intense concentration, l'enfant se força à reprendre son raisonnement.

La chance.

La chance était fragile, songea Asuna. Elle pouvait basculer à tout moment, pour la simple raison qu'on ne la comprenait pas. La chance n'était qu'un mot que l'on utilisait pour décrire les évènements sur lesquels l'on n'avait pas de prise, que l'on ne savait pas influencer. Lorsque le cours des évènements, le fil rouge du destin, se pliait à notre volonté, alors on était chanceux. Lorsqu'il allait à l'encontre de nos désirs, alors on était malchanceux. C'était purement subjectif, car dans les deux cas, l'Univers suivait son cours. On ne savait pas pourquoi la pièce était tombée sur pile, simplement si l'on avait gagné son pari ou pas. Le résultat de ce que l'on considérait comme du hasard car au-delà de notre compréhension, était jugé comme étant en notre faveur ou non. Les petits évènements qui nous échappaient et leurs dénouements, étaient rassemblés sous ce concept flou : la chance.

Mais la chance avait des limites. On ne pouvait obtenir vingt avec un dé à six faces, même avec de la chance. On ne pouvait espérer que Terre d'arrêter de tourner, même avec de la chance. On ne pouvait faire apparaître de nulle part un bouquet de ballons et s'envoler sur un nuage de coton, même avec de la chance…

Asuna fronça les sourcils. Peut-être qu'on le pouvait, en réalité. Où était la limite de ce qui était possible ou non ? Peut-être n'était-ce pas impossible mais hautement improbable. Vraiment très, très, très improbable.

L'enfant se prit la tête dans les mains, une migraine pointait le bout de son nez et la tempête faisait rage dans son esprit. Improbable par rapport à quoi ? Par rapport à une référence ? Quelle référence ? Le cours naturel des évènements ?

Un pouvoir permettant de plier le fil du destin à volonté, mais avec des conséquences si l'on y allait trop fort. Un violent retour à l'équilibre.

L'image d'un élastique s'imposa à elle.

Si le destin était un élastique, peut-être était-il possible de l'étirer, de modifier sa forme grâce à son Alter. Dans ce cas, il serait d'autant plus difficile de le déplacer que l'on souhaitait l'éloigner de sa position initiale, du cours des évènements normal ; d'autant plus difficile que ce que l'on souhaitait accomplir était improbable. Et dans ce cas, une fois libéré de la pression de l'Alter, l'élastique s'empresserait tant de reprendre sa position d'équilibre, qu'il y reviendrait avec de l'élan… à l'opposé de ce qui avait été demandé.

Le jour de son anniversaire, Asuna voulait s'amuser et être heureuse. Être cassée en mille morceaux était à l'opposé de ce qu'elle cherchait à cet instant.

Si l'Alter d'Asuna était la Chance, alors il lui permettait de tirer sur l'élastique du destin. En provoquant des évènements improbables, l'enfant s'était trop éloignée de la trame naturelle du cours des évènements. Elle avait goûté au revers de la médaille. Pile était devenu face. Paradis était devenu enfer.

Asuna poussa un long soupir. Enfin, elle avait compris.

Asuna pouvait tout faire, c'était vrai, elle avait eu raison depuis le début. Elle tenait le Destin au creux de ses mains. Il fallait simplement qu'elle en paye le prix.

Asuna Konoe commençait enfin à être raisonnable.


De retour dans sa chambre, le samedi soir, Asuna se jeta sur son lit, et s'effondra en sanglots.

Rien ne s'était passé comme elle l'avait prévu, elle avait perdu le contrôle. Elle avait révélé son secret, et se sentait incroyablement vulnérable et perdue. La peur lui vrillait le ventre, comme si elle était à la merci de tout. Comme si le destin se moquait d'elle, une fois de plus. Un long frisson la traversa de part en part, réveillant la douleur que ses os et sa peau n'avaient jamais vraiment oublié. Haletante, étouffée par l'angoisse, son esprit tournait à mille à l'heure. Les inquiétudes s'enchaînaient, la foudroyaient impitoyablement, sans qu'elle ne puisse arrêter son cerveau incapable de s'empêcher de penser.

À bout de souffle, l'adolescente ouvrit le tiroir de sa table de nuit. Ses doigts fébriles attrapèrent une plaquette, et, s'efforçant de maîtriser ses tremblements, elle en décrocha un comprimé qu'elle laissa un moment sous sa langue avant de l'avaler.

La pilule avait un goût amer. Asuna mettait toute l'énergie qu'elle avait depuis cinq ans à adapter son environnement à elle, car elle ne pouvait supporter l'idée de ne pas être au contrôle, et de devoir s'adapter. De devoir subir quelque chose qu'on lui imposait. De devoir prendre des médicaments pour gérer des émotions qu'elle n'avait jamais demandé à ressentir.

Petit à petit, sa respiration devint plus régulière. La peur finit par se dissoudre, pour laisser place au vide. Allongée sur son lit, stoïque, Asuna put enfin reprendre le contrôle de ses pensées.

Elle avait pris un risque énorme, aujourd'hui, et il fallait qu'elle en assume les conséquences. Pour cela, elle devait faire un état des lieux, et ainsi établir une nouvelle ligne de conduite.

Premier point : Midoriya connaissait désormais son secret. Elle lui avait expliqué le fonctionnement de son pouvoir, et la façon dont elle l'utilisait – sans évoquer son passé. Dans quelle mesure cela était-il un problème ? Essentiellement, il ne fallait pas qu'il en parle. Sur ce point, malgré ses inquiétudes, Asuna pensait pouvoir raisonnablement affirmer que le risque était minime, puisque lui-même avait révélé son secret en échange.

Ce secret, était le deuxième point. Midoriya était visiblement l'héritier d'un grand pouvoir, le One for All, confié par le grand All Might lui-même, transmis de génération en génération pour évoluer et finir par abattre All for One, un vilain qui incarnait le Mal en personne. Midoriya n'avait pas d'Alter il y a de cela un an, et son corps était trop fragile pour supporter l'immense pouvoir qu'All Might lui avait transmis. Maintenant qu'elle avait connaissance du secret de Midoriya, Asuna était étonnée qu'il lui ait confié. C'était une preuve de confiance énorme, et Asuna ne savait pas si ce constat l'inquiétait ou l'apaisait.

L'adolescente avait toujours été seule contre le monde. Personne n'avait jamais compris qu'elle avait un Alter, personne ne savait avec quel pouvoir écrasant elle vivait tous les jours. Changer ses habitudes, n'était pas dans ses habitudes. L'inconnu lui faisait peur. Pourtant, une petite flamme s'était rallumée, au creux de sa poitrine. Elle pensait que Midoriya était peut-être finalement la personne idéale à qui elle pouvait se confier. Lui aussi, portait un poids énorme sur ses épaules. Et puis, il était l'un des seuls à l'avoir vue, telle qu'elle était réellement, à travers les fils du destin qu'elle manipulait à sa guise. À l'avoir remarquée, sans qu'elle ne l'ait décidé.

Lui, et Bakugo. À cause de Bakugo.

Les émotions qu'elle gardait habituellement sous clef, se réveillaient au contact de ces individus qui ne l'avaient pas laissée les garder sous contrôle. Elles la poignardaient avec une violence insoutenable, mais quelque part, Asuna se sentait vivante. L'anxiolytique qui courait dans ses veines l'aidait à voir au-delà de l'angoisse, et ce qu'elle pouvait voir était beau. Peut-être les humains n'étaient-ils pas tous des figurants. Peut-être n'était-elle pas seule.

Ou peut-être était-elle en pleine dissonance cognitive et cherchait simplement à se rassurer alors qu'elle avait révélé son secret.

Asuna soupira, et décida de brancher son enceinte. Elle lança une playlist de musiques douces, puis prit place sur son tapis, au milieu de la pièce. Elle sortit une pièce de sa poche.

Pile.

Pile. Pile. Pile. Pile. Pile. Pile.

Les minutes passaient, et Asuna sentait son Alter qui lui répondait doucement. Cette sensation rituelle l'apaisa, et ses pensées se noyèrent dans la mécanique de ses gestes. Pile, pile, pile, pile…


Pile. Pile. Pile.

Toc. Toc. Toc.

Asuna releva la tête, désorientée. On frappait à sa porte.

Rassemblant ses esprits, la brune se releva et alla ouvrir.

« Konoe ! C'est la teuf ici ou quoi ? »

Ashido se tenait devant elle, tenant dans une main une bouteille et dans l'autre un paquet de chips et des verres. Interdite, Asuna remarqua que la playlist qu'elle avait laissée tourner ne passait plus du tout des musiques douces mais des musiques rythmées et joyeuses, qui ne dénoteraient pas en boîte de nuit. Cela devait faire plus d'une heure qu'elle jouait avec sa pièce, perdue dans ses pensées, et n'avait rien remarqué.

« Salut, Ashido. Je m'étais endormie, mentit-elle. Tu veux entrer ?

– Oh, mais je ne veux pas te déranger, on peut remettre ça à plus tard… »

Le sourire qu'affichait Ashido disait tout le contraire. Son amie avait décidé de faire la fête, et c'était ce qu'elle ferait, avec ou sans elle, ici ou ailleurs. Asuna préférait que ce ne soit pas sans elle. En plus, Ashido avait fait l'effort de ne faire aucun commentaire sur ses yeux qui étaient probablement rouges et gonflés, ce qui toucha Asuna. Celle-ci s'effaça en imitant l'expression avenante d'Ashido.

« Allez viens, ne dis pas de bêtises ! »

Le sourire d'Ashido s'élargit et elle s'avança dans la chambre. Elle déposa ses victuailles sur le tapis, et s'employa à servir deux grands verres.

« Qu'est-ce que tu nous as ramené, Ashido ? s'enquit Asuna avec curiosité en se saisissant d'un verre.

– Du jus de fruits… aromatisé », répondit la rose avec un clin d'oeil.

Mélanger l'alcool et les médicaments ne rentrait pas dans la définition du contrôle qu'avait Asuna. Prendre des médicaments tout court non plus, en fait. Révéler son secret à un gars qu'elle connaissait depuis une semaine encore moins. Aujourd'hui, elle avait brisé toutes les règles. Et malgré la douleur, elle y avait trouvé une forme de réconfort. Alors, elle allait se bourrer la gueule avec Ashido, parce qu'elle en avait marre de se prendre la tête. De toute façon, ça rentrait dans son objectif d'approfondir ses relations sociales, non ?

Asuna retourna son clin d'oeil à Ashido, et monta le son. Les deux amies trinquèrent, et burent une longue gorgée de jus aromatisé. Elles commencèrent à danser, prenant garde à ne pas renverser leurs verres.

« Alors Ashido, qu'as-tu pensé de la première semaine ? lança Asuna en calquant ses paroles sur le rythme de la musique, ce qui fit rire son amie.

– Eh bien Konoe, laisse moi te dire que je n'en peux plus, déclara Ashido d'un ton théâtral. Les cours sont beaucoup plus intenses qu'au collège !

– Ne m'en parle pas, renchérit la brune. J'ai même eu du mal à caler mes séances d'entraînement, heureusement que Kirishima était aussi motivé que moi pour trouver du temps pour les faire.

– Ah, Eijiro, il a la tête dure ! Littéralement, ajouta la rose en riant. Impossible de lui enlever une idée du crâne.

– C'était ton ami au collège, c'est ça ?

– Pas vraiment, plutôt une connaissance, rectifia Ashido. On ne s'est jamais beaucoup parlé, mais comme on ne connaissait personne d'autre en arrivant ici, on s'est rapprochés.

– Je comprends, moi non plus je ne connaissais personne. J'ai été contente de te rencontrer, le jour de l'emménagement, d'ailleurs », dit Asuna avec sincérité.

Ashido lui renvoya un sourire rayonnant. Puis fit mine de réfléchir. Puis leva un sourcil inquisiteur.

« Il me semblait pourtant que tu connaissais Bakugo, non ? Vu comment il t'a parlé au test de lundi… »

Asuna leva les yeux au ciel.

« Pas du tout, il m'a juste prise en grippe parce que je l'ai battu à l'examen d'entrée et que j'ai failli l'écraser avec une tour. »

C'était aussi proche de la vérité que possible. Ashido éclata de rire.

« Ah oui, c'est vrai, je me souviens qu'il avait mentionné ce détail, dit-elle en reprenant son souffle. C'est le genre de gars à ne pas supporter qu'on le dépasse, on dirait.

– Je ne peux pas le blâmer, j'ai aussi un petit complexe de supériorité à mes heures perdues, avoua Asuna.

– Je crois que c'est le cas de la majeure partie des élèves de Yuei… »

Les deux amies pouffèrent et enchaînèrent les verres. L'alcool commençait à monter. La musique résonnait toujours, bien trop forte pour l'heure qu'il était.


« À toi. Action ou vérité ?

– Action.

– Fais le poirier, je vais poser un verre plein sur tes pieds, tu devras le faire tenir », commanda Mina, impitoyable.

Asuna se leva d'un pas incertain, et s'exécuta. Son équilibre était précaire, pourtant Mina parvint sans mal à poser un gobelet sur ses pieds, plein à ras bord d'un mélange bien chargé de jus d'orange et de vodka. La rose s'éloigna, et s'assit en contemplant son œuvre.

« Magnifique ! approuva-t-elle avec contentement.

– Youpi, répondit Asuna, sarcastique. Tu peux me libérer maintenant ? »

Sans pitié, Mina asséna :

« Je n'ai pas dit combien de temps tu devais tenir ! Fais ton maximum. »

Toute imbibée d'alcool qu'elle était, Asuna préférait garder ce qu'elle avait ingurgité dans son estomac, et n'avait pas spécialement envie de tester les limites de son corps à l'heure actuelle. Elle n'eut cependant pas à rompre son défi, puisque la porte d'entrée s'ouvrit brusquement et la poussa dans le dos.

L'esprit embrumé, Asuna vit son verre se renverser dans les airs, alors qu'elle-même atterrissait sans difficulté sur ses pieds. Sans y réfléchir, elle activa son Alter. Le verre retomba droit sur le sol, et le liquide au fond du verre, sans une éclaboussure à côté. Lorsqu'elle releva les yeux, Asuna rencontra trois regards stupéfaits.