Pour aller plus loin: Santa Baby - Eartha Kitt / Solitude - Billie Holiday


Si Lupin avait apprécié la petite blague de Diana, ce ne fût pas le cas de Severus Rogue qui lui avait collé des retenues jusqu'aux vacances avec l'interdiction de se rendre à Pré-au-lard. C'était donc sous la neige que Diana regarda Elisabeth s'éloigner l'air joyeux, de la fenêtre du troisième étage.

- Salut ! Hurlèrent Fred et Georges.

Elle sursauta et frappa les deux frères qui riaient aux éclats.

- Vous n'allez pas à Pré-au-lard vous ? Leur demanda-t-elle, boudeuse.

- Trop peu pour nous, dit Georges.

- On a des choses à faire, reprit Fred.

La jeune femme aquiesça en les scrutant avec intéret. Ils préparaient un mauvais coup.

- Est-ce que c'est en rapport avec les boules puantes que vous inventoriez l'autre jour ?

- Est-ce que c'est vrai que tu as essayé de piéger Dubois à notre insu ? Lança Fred pour détourner la conversation.

Diana grimaça, elle avait été prise la main dans le sac.

- Je ne vous ai pas forcé, argua la serpentard qui tournait les talons pour éviter d'éveiller les soupçons sur ce qui s'était réellement passé dans les vestiaires.

- Attends Fox !

Elle s'arrêta et attendit les garçons qui arrivaient à sa hauteur.

- On doit te demander un truc, lança Fred

- On s'est dit que tu avais ton mot à dire, ajouta son frère.

Diana les observait sans comprendre. Soudain Georges sortit de sa cape un bout de papier qu'elle reconnut aussitôt.

- Vous n'avez pas jeté ce truc ? S'étonna la serpentard.

Sous ses yeux s'étendait le parchemin qu'ils avaient volés quatre ans plus tôt dans le bureau de Rusard. Ils avaient essayé de le faire fonctionner par tous les moyens possibles, mais l'objet ne servait qu'à insulter le sorcier qui tentait de s'en servir. Elle se rappelait parfaitement la première fois que Fred et Georges avaient jeté un sort dessus: des lettres rouges s'étaient inscrites sur le bout de papier et disaient " Mr Lunard, Patmol, Queuedver et Cornedrue, fiers représentants de la confrérie des sorciers facétieux, ont l'honneur de vous apprendre que se dédoubler ne rend pas plus intelligent". Les jumeaux avaient ri de bon coeur et Diana n'avait plus jamais vu l'objet de sa vie.

- C'est pas vrai, hurla la jeune femme, vous avez réussi à vous en servir !

Leur sourire s'étira en une rangée de dents blanches.

- Mais quand est-ce que vous comptiez me le dire, bande d'idiots !

- Jamais, pour tout avouer…

-… mais maintenant qu'on veut la céder il fallait qu'on t'en parle !

- Et qu'est-ce que ça cache ? Les questionna Diana, curieuse.

- Une carte, commença l'un.

- De Poudlard, finit l'autre.

- Rien de très instructif, mentit Georges, mais comme tu es co-propriétaire, d'une certaine manière, on voulait savoir si ça ne te dérangeait pas de céder ton droit dessus.

- Est-ce que vous êtes stupide ? Je ne me souvenais même plus que ce truc existait et vous me rappelez son existence pour que je l'oublie à nouveau ! S'insurgea la jeune femme.

Les jumeaux parurent perplexe, n'ayant apparemment pas raisonné leur stratégie de lègue de la même manière.

- Alors ? Tenta Fred.

- Allez au diable, tous les deux ! Cria Diana en s'éloignant, son majeur levé dans leur direction.

Quand elle arriva dans le bureau de Lupin, il nettoyait l'aquarium de son strangulot et la petite bête couinait dans une bassine d'eau près du bureau. Le professeur Rogue étant parti à Pré-au-lard, elle se retrouvait en retenue avec le professeur de défense contre les forces du mal, pour son plus grand plaisir.

- Bonjour Diana, lança-t-il sans se retourner, vous pouvez m'apporter la potion jaune qui se trouve sur l'étagère ?

La jeune femme s'éxécuta et tendit le flacon vers le professeur qui vida son contenu dans l'aquarium. Quand il eut fini, il s'essuya les mains et descendit de son tabouret, offrant un sourire chaleureux à Diana. Quelques gouttes de sueurs perlaient sur son front et ses cheveux étaient décoiffés, lui donnant un air baroudeur qui séduisait l'adolescente.

Deux boutons de sa chemise avaient sauté dans la manoeuvre et laissaient entrapercevoir la naissance son torse qui semblait lui aussi marbré de cicatrices. Quand Remus s'en aperçut il se dépêcha de couvrir sa peau et Diana tourna la tête, gênée.

- J'ai du travail pour vous, lança-t-il précipitament.

Diana le suivit jusqu'à son bureau où était éparpillés des dizaines de parchemins. Quand elle vit la montagne du paperasse son courage prit la fuite.

- Ce sont les copies d'examen de BUSEs de ces vingt-cinq dernières années, expliqua-t-il, elles ne sont pas classés et j'aimerai les archiver avant de les apporter à .

Il disparut dans l'arrière pièce et Diana s'installa sur le siège, classant les papiers un par un. Au bout de trentes minutes, elle avait seulement trié quatre ans de sujets que son dos la fasait déjà souffrir. Lupin n'était pas réapparut et elle jeta un regard circulaire dans la pièce en s'étirant. Rien n'avait changé depuis sa dernière visite et aucun objet insolite l'interessa assez pour détourner son attention de la tâche qui lui avait été confiée.

Quand elle replongea la tête dans ses papiers, quelque chose lui sauta aux yeux et sa bouche s'étira en un "o" de stupeur. Le rouleau de parchemin vieillit qui se trouvait devant ses yeux était signé Remus Lupin. Elle parcoura en diagonale les réponses de son ancien professeur et les remarques du correcteur écrites dans les marges à l'encre rouge. Il avait obtenu un Optimal.

- Professeur ! Cria Diana.

Elle attrapa la copie du dessous qui était remplit de ratures et de petits schémas fait à main levée. Les remarques du professeur étaient plus fréquentes que sur celle de Lupin mais l'auteur avait tout de même reçu un Effort Exceptionnel. Diana chercha le nom de l'élève et faillit tomber à la renverse. Sirius Black.

Un frisson parcouru le dos Diana qui se leva d'un bond pour informer le professeur de sa découverte. Dans sa précipitation, elle ne vit pas la bassine d'eau du strangulot et se prit les pieds dedans. L'eau valsa à travers la pièce et la bête sauta sur Diana qui se débattait en hurlant, tandis que le monstre essayait de la mordre de ses petites dents pointues.

- Stupéfix, cria Lupin en arrivant, alerté par le bruit.

La bête tomba au sol, inerte, et Diana se redressa en comprimant son avant-bras de la main. Rémus fit léviter la bête jusqu'à la bassine qu'il re-remplit d'un coup de baguette et approcha de son étudiante, l'air inquiet. Quand il souleva sa main, une vilaine plaie ensanglantée recouvrait sa peau d'albâtre. La jeune femme grimaça sous la douleur et lança un regard implorant à l'enseignant.

- Je vais mourir ?

- Rappelez-vous vos leçons miss Fox, lança Lupin d'une voix rassurante, les strangulots n'ont pas de venin.

Il partit chercher sa malette de premier soin et revint rapidement, matériel en main. Il l'aida à s'asseoir et compressa la plaie d'un tissu pour arrêter le saignement. Le contact de ses doigts fins et gracieux sur la peau de Diana la fit frissonner. Il appliqua un onguent épais avant de couvrir la plaie d'un bandage qu'il attacha solidement.

Elle leva les yeux vers lui et il ne vit pas son regard, concentré sur ses gestes. Ses cicatrices étaient encore plus impressionantes vue d'ici et elle scruta chaque détail de son visage. Ses lèvres finement sculptées n'en était pas moins charnues et ses yeux noisettes étaient parsemés d'éclats ambrés. Il fini par sentir la brûlure du regard de Diana sur sa peau et leva la tête vers elle, leur visage n'étant à présent séparé que de quelques centimètres.

- Vous devriez passer voir avant de rejoindre votre dortoir, souffla-t-il d'une voix douce.

- Je suis désolée, dit-elle d'un signe de tête vif, dissipant le nuage de torpeur qui l'enveloppait.

Lupin se redressa et ramassa les copies que Diana avait échappé en glissant, brisant leur proximité. Quand il comprit pourquoi la jeune femme voulait lui montrer sa trouvaille, un mince sourire se dessina sur ses lèvres.

- Attention au départ ! Hurla la voix d'Hagrid alors que la locomotive rutilante vomissait de la vapeur blanche.

Diana sauta dans un wagon in extremis et le train se mit en route, quittant la gare de Pré-au-lard sous la neige. C'était le début des vacances et les élèves se chamaillaient et discutaient gaiement dans les couloirs. La jeune femme réussit à se frayer un chemin jusqu'à son compartiment ou Elisabeth l'attendait avec Flint et sa bande.

- Salut Fox viens t'asseoir, lança Gemma Farley qui partageait sa classe.

Il était rare que Diana voyage en compagnie de ses camarades, préférant flâner dans les couloirs où elle arrivait toujours à obtenir quelques potins sur la vie secrète des élèves. Cinq ans plus tôt elle avait même surprit Bill Weasley, alors capitaine de l'équipe des Gryffondors, entrain de fricoter dans les toilettes avec la batteuse des Poufsouffle.

- Comment s'est passé ton examen d'arithmancie ? Demanda Therence Higgs en ouvrant un paquet de dragées surprises.

- J'ai reçu un Effort Exceptionnel mais je suis sûre que je méritais un Optimal, Mrs. Vector à probablement reçu un sortilège de confusion, répondit Diana avec toute la mauvaise foi dont elle pouvait faire preuve.

- En tout cas elle est certainement plus sensée que le professeur Lupin ! Rétorqua Vertoine qui semblait de mauvaise humeur.

- Je le trouve intéréssant…

- Tu as pris un coup sur la tête Fox, rajouta le garçon, avec ses guenilles et son air maladif il n'a rien d'un bon enseignant.

Il fronça les sourcils.

- Tout ce qu'il va nous apprendre c'est comment attraper l'éclabouille si ça continue !

Marcus fixait Diana du coin de l'oeil, la mine renfrognée. Depuis qu'elle lui avait offert les chocolats ensorcelés de chez Zonko, il avait passé la plupart de ses journées caché à l'infirmerie ou dans les toilettes des garçons. L'histoire avait circulé rapidement dans les couloirs du château et le malheureux se voyait moquer par les gryffondors à longeur de temps. Diana avait envie de prendre pitié pour le serpentard, mais il avait été si affable avec elle les semaines précédentes qu'elle en était incapable, du moins en apparance.

- A la semaine prochaine! Hurla Elisabeth en rejoignant sa mère qui l'attendait sur le quai de King Cross.

Diana fit un signe de la main à Mrs. McCarthy, qui lui répondit par un sourire bienveillant, et sortit de la gare. Les flocons de neige épais saupoudraient de magie les rues de Londres et la jeune femme s'enfonça dans le coeur de la ville. Elle passait la dernière semaine de vacances chez Elisabeth et se rejouissait de ne pas s'attarder au 35b Williams Road. Dans les vitrines, les guirlandes moldus brillaient de mille feux, éclairant les décorations de Noël. Diana bifurqua dans une petite ruelle étroite et transplana.

- Tu as une petite mine ma fille, lança Rosie de la cuisine.

La jeune femme était assise dans un fauteil moelleux du salon et écoutait le disque de Bille Holliday qui tournait sur le gramophone, l'odeur fleurie du thé blanc chatouillant ses narines.

- Je passe mes examens cette année.

Rosie apparut dans la pièce avec un plateau de cookies au gingembre qu'elle posa sur la table basse avant de se redresser, les mains sur les hanches. Elles avaient fêté Noël toutes les deux et les plats succulents s'étaient enchainés, obligeant Diana à débouttonner son patalon pour pouvoir respirer.

- Ils ne te nourissent pas assez, dit-elle en scrutant la silhouette de Diana, emmitouflée dans son pull.

- Je mange bien Rosie…

- Si seulement tu voulais bien me donner la fichue adresse de ton école je pourrais t'envoyer de quoi te nourrir correctement !

Diana aurait rigolé du ridicule de la situation car elle savait qu'elle était loin d'avoir la peau sur les os, si la conversation ne tournait pas autour de sa vie de sorcière.

- Rosie c'est plus compliqué que ça, tenta Diana.

- Es-tu même inscrite dans une école ?

Son regard dur trahissait l'inquiétude qu'elle tentait de dissimuler. Diana voulait la rassurer mais elle était trop vexée d'avoir été prise pour une menteuse qu'elle se renfrogna et croqua férocement dans un biscuit. Rosie ne comprenait pas et elle ne le pourrait jamais. Parfois, la jeune femme se sentait seule, trop seule. Son père ne se souciait plus d'elle depuis qu'elle était en âge de répondre à ses besoins primaires et elle devait constamment mentir à la seule personne pour qui elle existait vraiment.

Ce fut donc un soulagement quand Diana arriva chez Elisabeth deux jours plus tard. La famille McCarthy était une famille de sang-pur qui avait fait fortune dans l'import/export de matières premières essentielles à la fabrication de baguette magique, à l'époque de l'arrière-arrière-arrière grand-père d'Elisa.

Ses parents avait quitté l'Angleterre pour la Bolivie vingt-ans plus tôt et étaient rentrés pour les études de leur fille unique. Ayant quitté le pays peu après leurs années à Poudlard, ils avaient peu fréquenté les grandes familles de sorciers du pays et n'avaient développé aucun préjugé sur la valeur du sang.

- Tu verras Didi, tu ressembleras à un joli bourgeon prêt à éclore dans celle-ci !

Diana fixait son reflet dans le miroir de la cabine d'essayage, éffarée de voir qu'on pouvait porter des robes si prêt du corps sans qu'elle n'explose en artifice de tissus multicolores.

- Je ne suis pas trop sûre de celle-là Mrs. McCarthy, lança la jeune femme de l'autre côté du rideau.

La mère d'Elisabeth avait absolument tenue à acheter un robe de soirée à la jeune femme avant la fête de fin d'année. Diana adorait Mrs. McCarthy mais elle detestait s'entendre appeler Didi et se voir autant pouponner par quelqu'un. Elle ne s'était jamais sentie enfant pour qui que ce soit, et se sentait mal à l'aise d'être le centre des conversations lors des repas.

Elisabeth vantait sans cesse les mérites de la jeune femme alors que ses notes atteignaient tout juste la moyenne et que sa seule experience hors de Poudlard avait été de travailler comme serveuse dans un pub. Mais cela semblait suffir à Mr et Mrs. McCarthy qui lui posait des tas de questions et s'extasiaient à chacune de ses réponses.

- Au fait, lança Elisa en remontant l'escalier principal de la maison jusqu'à sa chambre.

Diana entra dans la pièce et se jeta sur le lit, reput du délicieux dîner qu'avait préparé les elfes de maison.

- Ma mère a invité les Dubois demain soir et je compte tenter ma chance…

Dans la pénombre de la chambre Diana vit Elisabeth rougir légèrement, avant de partir prestemment chercher sa robe de chambre, loin du regard de son amie. Pourtant, si elle s'était retournée, elle aurait vu que la serpentard, allongée nonchalemment, semblait avoir attrapé la dragoncelle.