« Bilinski, votre téléphone » ordonna Finstock, debout devant le bureau de l'hyperactif.
Stiles discutait depuis plus d'une demi-heure avec Peter par message et s'étonna que le professeur ne l'ait que remarqué maintenant.
« Téléphone confisqué. On en parle se soir. » tapa rapidement l'hyperactif avant que le professeur ne lui arrache le smartphone des mains.
Finstock rangea le téléphone dans un tiroir de son bureau avant de reprendre son cours. Stiles soupira et plaqua sa tête contre sa table. Il savait que ce n'était pas très malin de parler des recherches sur les manticores maintenant. Mais l'hyperactif était si excité à l'idée de recevoir l'avis du loup-garou expérimenté sur ses notes qu'il n'avait pas réussi à attendre le soir. Stiles se rendait maintenant compte que ça avait été stupide de sa part.
Scott posa une main réconfortante sur son épaule, ce qui lui rendit quelque peu le sourire. Bien que n'ayant pas dit la vérité à son meilleur ami, ça leur avait fait du bien de discuté. Leur relation était revenue à la normale depuis la veille et Scott avait enfin cessé de le fixer avec inquiétude.
L'hyperactif patienta avec difficulté jusqu'à la fin du cours. Dès que la sonnerie retentit, Stiles fila jusqu'au bureau de son professeur afin de pouvoir récupérer son téléphone. Finstock rangeait ses affaires dans son bureau et son sac que Stiles le soupçonnait de le faire si lentement. Les autres étudiants sortaient quant à eux calmement de la salle de classe.
« Je t'attends dehors » lui souffla Scott en passant à côté de lui.
Rapidement, il ne resta plus qu'eux deux et Finstock le fixa quelques secondes avec un air faussement surpris.
« Il vous fallait quelque chose, Bilinski.
- Mon téléphone. Monsieur. » ajouta l'hyperactif en serrant les dents. Ce professeur avait beau être son préféré, il avait le don de le mettre sur les nerfs.
« Vous ne vous attendez pas à ce que je vous rende votre téléphone aussi facilement après avoir sécher mon cours trois fois en moins de deux semaines. Ne parlons même pas de la fois où vous êtes parti en plein cours à cause d'un appel sur ce même fichu téléphone. »
Stiles serra les dents, mais ne tenta pas de s'expliquer. Ce n'était pas comme s'il pouvait expliquer à son professeur que s'il était parti, c'était pour répondre à une boutique où il avait postulé. Stiles était dotant plus museler qu'il savait que Scott pouvait parfaitement entendre leur conversation depuis le couloir, même avec la porte fermée.
« Non, je vais garder votre téléphone et si vous voulez le revoir un jour, il va falloir demander à votre père de venir le chercher. »
Stiles pâlit. Finstock n'était pas surpris, tous les étudiants réagissaient ainsi. Il ne pouvait pas se douter que le garçon devant lui avait fugué depuis trois semaines et dont le pire cauchemar était de fêter ses retrouvailles avec son père dans le bureau d'un professeur mécontent.
Stiles était en colère. Contre son professeur, son père qui l'avait poussé à fuir, Peter pour lui avoir parlé alors qu'il savait très bien qu'il était en cours, Scott qui écoutait la conversation depuis le couloir. Mais surtout, Stiles était en colère contre lui-même. Il se haïssait tant pour ne pas avoir fait plus attention malgré sa situation précaire, d'avoir cru que se rabibocher avec son meilleur ami et avoir un toit sur la tête résolvaient tous ses problèmes. Comment avait-il pu oublier qu'il était mineur et qu'au moindre soucis, l'école appellerait son tuteur. Stiles s'en voulait d'avoir été si naïf.
« Mon père travaille beaucoup en ce moment. Je ne pense pas qu'il aura le temps de venir. » tenta Stiles, la gorge nouée.
Mais l'air sûr de lui de Finstock ne le rassurait pas.
« Je l'ai eu au téléphone mardi et il semblait plus que disponible pour une réunion avec le directeur. » Stiles se pinça les lèvres, il n'était pas au courant de ça, évidemment. « Donc s'il ne vient pas chercher votre téléphone ce soir, il va falloir attendre lundi. »
Stiles quitta la salle de classe sans même un au revoir pour son professeur. C'était trop pour lui, il était à bout de nerfs. L'adolescent passa comme une flèche à côté de Scott, il ne l'entendait même pas l'appeler.
Stiles jeta son manuel d'économie dans son casier et tira sur celui d'histoire, faisant s'écrouler le brique-à-brac entasser depuis des mois dans son casier. Il s'accroupit pour ramasser ses affaires, pestant intérieurement. Pourquoi est-ce que rien ne pouvait se dérouler comme il le souhaitait ne serait-ce qu'une seule fois ?
D'abord la dispute avec son père et ce qu'il pensait être une petite fugue d'un week-end qui en devenait une de plusieurs semaines. Ses économies qui disparaissaient du jour au lendemain. Ses entretiens d'embauches infructueux parce qu'il était incapable de présenter une autorisation parentale et une copie des papiers de son père. Sa Jeep qui rendait l'âme au pire moment alors qu'il se détendait pour la première fois depuis plus de deux semaines. Sa relation emplie de mensonge avec son meilleur ami. Et maintenant, son tout nouveau téléphone qui allait bientôt se retrouver entre les mains de son père.
C'était trop pour Stiles, il n'arrivait plus à supporter la situation et pour la première fois, il envisageait sérieusement de rentrer la queue entre les jambes chez son père. Ses mains tremblaient tant qu'il n'arrivait même pas à attraper ses affaires éparpillées à ses pieds.
« Putain ! » s'énerva-t-il en fondant en larmes, accroupit devant son casier.
Stiles s'en fichait de sentir les regards des étudiants sur lui, des chuchotements d'un groupe de fille un peu plus loin dans le couloir et des regards noirs que Scott devait très certainement lancer à quiconque le fixant trop longtemps. Stiles voulait juste pouvoir évacuer toute sa colère et sa peine, même si ce n'était qu'un instant.
« Laisse, je vais le faire. » chuchota Scott en attrapant les manuels que Stiles tentait vainement d'empiler pour les remettre dans son casier.
L'hyperactif resta prostrer accroupi devant son casier alors que Scott ramassait ses affaires, l'enjambant difficilement pour les remettre dans son casier. Ce fut seulement lorsqu'il entendit le loup-garou pouffer que Stiles sortit de sa transe. Ses larmes s'étaient taries, mais il ne fit rien pour essuyer ses joues. Il s'en foutait comme d'une guigne d'avoir l'air minable à cet instant, c'était le cadet de ses soucis.
« Vraiment Stiles ? Un bâillon ? »
L'hyperactif leva les yeux pour voir ce que Scott tenait dans ses mains. Il s'agissait d'une boule en métal dont il avait remplacé les lanières en cuir par une chaîne en fer.
« C'était pour ta première pleine lune, au cas où les chaines ne suffisaient pas. Je suppose que j'ai oublié de jeter ce truc.
- Ou de ranger ton casier. » s'amusa Scott en ramassant cette fois-ci un magazine d'astronomie datant de l'année passée.
« Ouai, faudrait que je le fasse un de ces quatre. » soupira Stiles en se relevant.
Scott fourra les dernières affaires dans le casier. Il tendit le manuel d'histoire qui était à l'origine de toute cette pagaille à Stiles avant de le pousser vers leur prochain cours, un bras par-dessus ses épaules. L'hyperactif essuya enfin son visage avec la manche de sa chemise, reniflant d'un air gêner.
« Merci.
- Pas de soucis. » Scott balaya ses remerciements d'un geste de la main, ce n'était pas nécessaire entre eux, ils étaient toujours là l'un pour l'autre après tout. « Je sais que ce n'est pas toujours facile avec ton père depuis… et bien, tu sais. Depuis que j'ai mes problèmes menstruels. » Stiles pouffa, Derek ne serait pas content de savoir que Scott comparait la lycanthropie aux menstruations. « Si t'as besoin d'en parler, je suis là.
- Hmm. »
Scott s'arrêta au milieu du couloir, faisant se tourner son ami vers lui.
« Je suis sérieux Stiles. Tu sais que je serai toujours là pour toi ?
- Je sais. » sourit doucement l'hyperactif. « Je t'en parlerai un de ces quatre, quand ça sera un peu plus clair dans ma tête. »
Scott hocha la tête. Il n'était pas du genre à garder ses problèmes pour lui. Il était incapable de garder un secret et encore moins lorsqu'il s'agissait de lui-même. Scott était le genre de personne qui avait besoin de raconter à ses proches la moindre petite chose qui lui arrivait, qu'elle soit positive ou non. Mais il comprenait aussi que Stiles n'était pas comme lui. L'hyperactif préférait réfléchir au problème de son côté avant d'en faire part à quelqu'un et surtout, il détestait se montrer dans un état de faiblesse ou de doute.
Alors Scott se contenterait de cette réponse pour l'instant. Même s'il savait que pour faire craquer ainsi son meilleur ami, il avait dû se passer quelque chose de grave avec son père. Ils en parleraient plus tard, lorsque Stiles serait prêt.
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Lorsque Stiles rentra à l'appartement, il était près de vingt heures. Il s'attendait déjà à se faire rouspéter pour son retard alors qu'il n'avait pas prévenu Peter en amont. C'était après tout la seule règle qu'il lui avait donnée, l'avertir de ses absences.
Pourtant lorsqu'il poussa la porte de l'appartement, Stiles fut accueilli par le silence. Peter n'était pas à la maison pour l'instant. L'hyperactif se dit que finalement, cette journée avait bien un peu de positif, son premier faux-pas n'allait pas être remarqué.
Un sourire aux lèvres, Stiles rangea ses affaires dans sa chambre avant de prendre une douche. Puis, il prépara rapidement le dîner, laissant la casserole de côté lorsqu'il eut fini. Il ignorait à quelle heure allait rentrer Peter, mais il se voyait mal manger sans son hôte, ça lui paraissait impoli de sa part.
A la place, il s'installa sur le tapis du salon, étalant ses notes sur la table basse. Stiles alluma la télé sur une chaîne au hasard avant de baisser le son, histoire d'avoir un fond sonore pendant qu'il travaillait. Il haïssait le silence et ça faisait des années qu'il ne se séparait jamais de ses écouteurs.
L'hyperactif sortit quelques surligneurs avant de débuter la relectures de ses fiches, mettant en valeurs les infirmations importantes. Puis, il réécrivit le tout sur une feuille vierge mais cette fois-ci, en ordonnant ses pensées et d'une écriture quelque peu plus lisible.
Après sa journée au lycée, Stiles était passé au cabinet vétérinaire de Deaton. Il était celui qui s'y connaissait le mieux en surnaturels et bien que ne comprenant pas souvent ses réponses tournées sous la forme d'énigme, l'hyperactif avait besoin de son aide sur ce coup. S'il s'avérait effectivement que les manticores craignaient la belladone, il lui faudrait les conseils d'un druide pour plus d'informations.
Etrangement, Deaton l'avait invité à d'asseoir dans son bureau, lui offrant même une boisson que Stiles n'avait pas réussi à toucher. Ce n'est pas qu'il ne faisait pas confiance au druide, mais il préférait ne rien tenter face à cette étrange gentillesse qu'il lui offrait. Pendant deux heures, Alan avait répondu à ses questions sur la belladone, les manticores et même sur le Rhodium, un métal potentiellement mortel pour les créatures.
« C'est la première fois que j'en entends parler pour affronter des manticores, mais je vais faire des recherches sur le sujet. En attendant, on peut toujours se baser sur la façon d'affronter un Bonnacon qui craint aussi ce métal. » lui avait expliqué le druide.
Stiles supposait donc qu'ils allaient se concentrer sur un empoisonnement à la belladone pour vaincre les manticores. Ce n'était pas ce qu'il avait attendu de cette entrevu, c'était la solution la moins pratique à mettre en action. Au moins, avec le rhodium, il aurait suffit de donner une arbalète à Allison pour affaiblir les bêtes avant que les loups-garous ne les achèves avec un poignard ou toute autre objet tranchant fait de ce métal.
Mais avec la belladone, rien n'était évident. Il était impossible d'empoisonner leurs réserves d'eau, au risque de contaminer la population de Beacon Hills. Leur fourrer directement dans la bouche était suicidaire aux vues de la puissance des créatures et empoisonner un cadavre humain avant de leur donner en pâture était inconcevable. Stiles n'était même pas certain qu'une manticore s'intéresserait à un cadavre, même s'il était encore chaud ou si elle ne serait pas capable de sentir le poison.
Stiles fut soudainement sorti de ses pensées lorsqu'une mallette fut jeter sur ne canapé derrière lui. Il se tourna pour faire face à Peter qui l'observait curieusement. L'adolescent lui offrit un sourire en se relevant, secouant ses jambes pour en chasser l'engourdissement.
« Je vais réchauffer le repas, tu peux prendre ta douche en attendant si tu veux.
- Tu n'as pas encore manger ? Je t'ai envoyé un message pour te dire de manger sans… Ah oui, ton portable a été confisqué. » soupira Peter, perdant son air confus. « Ton professeur ne te l'a pas rendu ? »
« Mouai. » grogna Stiles en rejoignant la cuisine.
Peter le suivit au lieu de prendre la direction de la salle de bain. Il s'adossa au chambranle de la porte, l'air songeur.
« Pourquoi ? Quand j'étais au lycée, les profs le rendaient à la fin du cours ou de la journée.
- Ça existait déjà à l'époque ? » s'étonna Stiles ce qui fit grogner Peter.
« Bien, quand Derek et Cora était au lycée. »
Stiles eut un petit rire vainqueur face à l'air rancunier du loup-garou avant de se renfrogner. Avec tout ça, il avait complètement oublié son problème de téléphone et la réunion entre son père, le proviseur et Finstock.
« C'est mon père qui doit aller le chercher. Autant dire que je vais devoir aller en acheter un demain. »
Peter croisa les bras, un sourire au coin des lèvres qui ne disait rien de bon à Stiles.
« Ou alors, on peut s'introduire en douce dans ton lycée pour le récupérer.
- Je suis déjà en pyjama.
- C'est la meilleure excuse que tu as trouvée pour dire que t'en as pas le courage. » se moqua le loup-garou.
Stiles secoua la tête, amusé. Il était ridicule d'être effrayé par la proposition de Peter. Après tout, c'était lui qui avait eu l'idée d'embarquer son meilleur ami en pleine nuit pour attirer le même Peter au lycée alors qu'il était encore un alpha incontrôlable. Au moins, il aurait le loup-garou comme allié cette fois-ci et pas en ennemi.
L'hyperactif hocha finalement la tête se dirigeant vers le couloir pour enfiler sa paire de baskets.
« Tu es en pyjama. » releva cette fois-ci Peter.
« Ça ajoute un suspens en plus à ta mission, il faut que personne ne me voit. »
Peter éclata de rire en attrapant les clés de sa voiture. Il ne comprendrait jamais le fonctionnement de pensé de l'humain.
Ce ne fut qu'une heure plus tard qu'ils purent finalement profiter du dîner préparer par Stiles, à minuit passé mais dans une bonne ambiance certaine. Cette petite escapade les avait bien détendus et ils en rirent jusqu'à ce qu'ils se séparent pour aller se coucher.
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Malgré la bonne humeur de la veille, Stiles était dans un tout autre état d'esprit le lendemain matin. Il avait fini de manger depuis plus d'une heure et depuis, l'hyperactif attendait avec impatience que Peter se réveille en rafraichissant toutes les deux minutes la page internet de son ordinateur.
« Qu'est-ce qui t'angoisse cette fois-ci ?
- Il n'y a aucune disparition, aucun corps retrouvé à moitié dévoré, rien, nada.
- Et en quoi est-ce mauvais ? » fronça des sourcils Peter en attrapant le café que Stiles lui tendait. C'est qu'il allait s'habituer à avoir un homme à tout faire à la maison.
« Les manticores chassent tous les deux mois. Mais ça fait deux mois et trois jours. Et si je m'étais trompé ? Ce n'est peut-être pas ça la créature qui rode dans le coin et j'ai fait perdre trois semaines de recherches à la meute. J'étais pourtant certain que c'est des manticores, tout concorde. Mais j'ai peut-être oublié un détail ou je me suis trop focalisé sur cette option en oubliant de garder un point de vue objectif.
- Stiles, ça ne fait que quatre jours et non, elles ne chassent pas tous les deux mois. Quelle est la durée entre les deux dernières attaques.
- 29 jours. » soupira Stiles, comprenant où Peter voulait en venir.
« Bien. Il est possible qu'en grandissant, les jeunes manticores espacent leurs repas. Que leur cycle passe à 33 jours n'est pas étonnant en soit. »
Stiles se calma doucement. Oui, Peter devait avoir raison, il avait paniqué pour rien. Toujours est-il que Derek avait avancé d'un jour la réunion de la meute pour le jour même en fin d'après-midi lieu du lendemain. Stiles n'avait toujours aucun plan d'action sûr à lui donner et il doutait y arriver en quelques heures seulement. De plus, le temps pressait puisque la mère manticore risquait de se montrer d'une nuit à l'autre.
« J'ai vu tes notes sur la table basse, tu as bien avancé sur la belladone.
- Oui, j'ai vu Deacon hier. Il m'a dit de passer avant la réunion pour me donner quelques potions et des pousses de belladone. Selon lui, c'est le meilleur moyen à notre porter. Le rhodium n'est pas assez fiable, surtout qu'il faudrait s'en procurer d'une façon ou d'une autre et on n'a pas le temps pour l'instant. Ça ne deviendra qu'une option envisageable si on n'arrive pas à arrêter la prochaine attaque. »
Stiles s'étrangla sur sa dernière phrase. Il n'imaginait même pas cette option, ils devaient absolument venir à bout des manticores le soir-même ou au maximum, le lendemain.
« Bien, ça nous laisse la journée pour bricoler un plan. »
Peter ramena du salon les fiches de l'hyperactif avant de s'installer à ses côtés. Les deux garçons ne quittèrent pas la cuisine avant quinze heures, heure à laquelle ils devaient se rendre à la réunion.
