Résumé
Dans la première partie, nous avions suivi les aventures de Perle, une prostituée de la Rue des soupirs et découvert le petit monde interlope de cette célèbre avenue.
En 94 (T4) Severus ayant remarqué la jeune femme pour sa ressemblance avec Lily, il organise quelques chastes séances avec elle mais au retour de Voldemort, il l'enjoint à quitter le pays de crainte que les mangemorts ne s'intéressent à elle.
Perle fait fie de ses avertissements et deux ans plus tard (T6) c'est ce qui se produit. Elle passera à un cheveu de se faire tuer mais finalement elle deviendra l'esclave de son ancien client. Rogue se montrera le maître froid et cruel que l'on connaît jusqu'au jour où sans raison apparente, il la prend dans son lit. Perle croit qu'il l'aime mais le lendemain il se charge de la détromper en la torturant pour son mauvais comportement. Sans explication il emmène ensuite Kassie, une enfant moldue dont Perle devra prendre soin.
Après la mort de Rogue, ce sont des membres de l'Ordre du phœnix qui viennent inspecter lieux qui découvrent les deux prisonnières.
Dans cette histoire, nous reviendrons un peu en arrière pour faire une entorse classique au canon : Rogue n'était pas tout à fait mort, il est retrouvé, soigné et survit. Mais bien sûr, pour le reste cette histoire respectera le canon autant que faire se peut.
Alors ? Comment notre sorcier préféré se comportera-t-il s'il n'a plus besoin de faire semblant d'être un mangemort ? Un indice : il ne sera pas beaucoup plus commode qu'avant ;)
Tout au fond de l'impasse du tisseur, dans la maison de Severus Rogue, Perle et Kassie étaient en pleine séance de lecture. Dans la petite chambre en haut de l'escalier, la fillette assise sur le lit tenait un roman titré « La revanche du gobelin » tandis que la sorcière couchée près d'elle l'écoutait lire et la corrigeait lorsqu'elle butait sur un mot.
Au moment où Nix le gobelin hésitait à boire dans la coupe que venait de lui passer Goron, le roi tyran du royaume de Véredan, elles entendirent la porte d'entrée s'ouvrir. Kassie cessa de lire à haute voix pour regarder Perle d'un air inquiet. Un frisson désagréable courut le long de l'échine de la jeune femme qui se leva rapidement.
- Dépêchons-nous. Tu sais qu'il n'aime pas attendre, dit-elle en caressant doucement les cheveux de la petite.
Comme d'ordinaire, elle prit les devant et Kassie la suivit dans l'escalier. Elle poussa la porte de la bibliothèque et se figea avec surprise. Rogue était bien là mais avec lui se trouvait une femme inconnue. C'était la première fois qu'il emmenait quelqu'un à la maison et Perle fut tout de suite sur ses gardes. Elle sortit avec Kassie et comme toujours, se plaça devant la bibliothèque, les mains jointes devant elle.
- Bonjour maître, dit-elle comme d'ordinaire.
Il la regarda gravement.
- Ne m'appelez pas comme ça. Je ne suis plus votre maître. Je ne l'ai jamais été.
Perle le fixa interloquée. C'était quoi ce délire ? … Et est-ce qu'il l'avait vraiment vouvoyée ?
- Voici Beranette Newton. Elle vient chercher Kassie pour la rendre à ses parents.
La sorcière se pencha vers l'enfant et sourit gentiment.
- Bonjour Kassie. Tu aimerais retourner chez toi ?
Perle frissonna d'horreur. Elle n'en croyait pas un mot. C'était un piège. Forcément. Ils venaient pour l'emmener et la tuer. Rien de plus certain. Elle s'était demandé mille fois ce qu'elle ferait lorsque ce jour arriverait et elle fit exactement ce qu'elle avait imaginé. D'un mouvement vif, elle s'avança devant la petite en pointant la sorcière de sa baguette. S'ils voulaient prendre Kassie, ils devraient d'abord lui passer sur le corps !
Rogue la regarda impassible puis il se pencha et ouvrit son sac. Il en sortit le journal du matin plié en deux et le lui tendit.
- La guerre est finie, dit-il simplement.
Perle le dévisagea comme un animal pris au piège.
- Lisez, ordonna-t-il.
La jeune femme hésita un moment puis saisit le journal d'une main incertaine.
- Kassie, retourne en haut, dit-elle en fixant toujours les sorciers.
La petite fila dans l'escalier et Perle la suivit en fermant la porte derrière elle.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Kassie visiblement effrayée.
- Je ne sais pas ma chérie, dit Perle qui ne savait pas quoi penser. Le maître dit qu'il faut lire le journal. Tu veux le lire avec moi ?
Elle s'assit sur le lit et la fillette vint se blottir contre elle. Elle ouvrit le journal et fit de grands yeux.
La première page titrait « Ce qui reste de Poudlard après Voldemort ! ».
Bon sang ! Voir ce nom tabou imprimé en grande lettre majuscule ça faisait tout de même un choc. La photo qui couvrait les deux-tiers de la page représentait un château à la devanture pratiquement démolie.
Quelques sous-titres accompagnaient la photo. « Hommage aux héros disparus », « Shakelboth nommé ministre intérim » et « Lucius Malefoy sous enquête ! »
Kassie pointa l'énorme nom des gros titres.
- C'est un sorcier méchant ? demanda-t-elle d'une petite voix.
- Oui. Et là tu vois, c'est une école. C'est là qu'il a été tué, expliqua Perle.
La jeune femme fronça les sourcils comme si elle songeait à quelque chose.
- Kassie, tu vois mon tatouage ?, demanda Perle en relevant ses cheveux.
La petite fille se leva sur les genoux pour bien voir.
- Non, il n'est plus là, dit-elle étonnée. Attend … et bien un peu mais on ne le voit presque plus.
Perle réalisa soudain que c'était vrai. Le Seigneur noir était mort. La guerre était finie.
Elle ouvrit le journal et fébrile se mit à lire les détails de ce que la Gazette disait de la bataille jusqu'à ce qu'un encadré attire son attention.
Severus Rogue, une allégeance douteuse.
Le directeur de Poudlard se trouve à l'hôpital Ste-Mangouste où on ne craint plus pour sa vie. Il aurait été attaqué par Voldemort. Nos lecteurs se souviendront que le mangemort était soupçonné d'avoir tué Albus Dumbledore mais Harry Potter aurait confirmé devant de nombreux témoins que Severus Rogue était bel et bien un espion au service de l'Ordre du Phoenix. À l'heure actuelle, le ministère de la magie ne s'est pas prononcé officiellement sur ces rumeurs et des doutes planent toujours sur l'allégeance du sorcier.
Perle referma le journal stupéfaite.
Un espion … C'était un espion …
Elle secoua la tête comme pour se convaincre que tout ça était bien réel. Si c'était dans le journal, ça ne pouvait qu'être vrai. D'ailleurs, s'il avait voulu prendre Kassie pour la tuer, il l'aurait prise. Il n'aurait pas perdu son temps à la convaincre de sa bonne foi ; et il l'aurait encore moins vouvoyé ce faisant. Et puis s'il y avait d'une autre preuve, il y avait sa marque disparue.
Alors ça voulait dire que toute cette merde d'esclavage c'était juste …. une couverture ?
- Perle ?
La jeune femme se secoua. Peu importe tout ça. Ses problèmes, on s'en foutait. L'important c'était Kassie. Elle regarda la petite et lui sourit.
- C'est vrai Kassie. La dame qui est en bas est là pour te ramener chez toi, dit-elle doucement.
- Tu es sûre ?
- Oui. Sûre et certaine. Tu aimerais retrouver tes parents et tes frères ?
Les yeux de la petite se remplirent de larmes.
- C'est vrai ? Je vais retourner chez-moi ?
Elle semblait soudain si fragile …
- Viens là ma chérie, dit Perle en lui tendant les bras.
La petite s'y jeta pour s'accrocher à elle. Perle caressa doucement ses cheveux. Elle allait perdre sa petite sœur qui allait l'oublier pour toujours. Mais elle avait fait des milliers de vœux pour que ce jour arrive alors ce serait stupide d'être triste. Elle la serra tendrement contre son cœur, consciente qu'elle lui disait adieu.
- Tu vas venir avec moi ? demanda Kassie en la regardant effrayée.
Perle se fit rassurante.
- Je ne sais pas mais je peux te promettre que personne ne te fera de mal. Je suis sûre que si nous allons voir la dame, elle va tout nous expliquer. Et en plus elle avait l'air très gentille. Tu ne trouves pas ?
- Et le maître ? dit Kassie qui en avait une peur panique.
- Tu crois vraiment qu'il veut nous garder ici avec lui ? dit-elle avec une grimace moqueuse qui fit sourire la petite. C'est lui qui a emmené la dame alors sûrement qu'il a très hâte de se débarrasser de nous.
L'argument eut l'air de convaincre la fillette qui lui sembla un peu rassurée.
- Alors ? On y va ?
Kassie hocha la tête en souriant au travers ses larmes.
La jeune femme se leva, plia le journal qu'elle fourra dans sa poche et prit la fillette par la main. Elles descendirent et Perle poussa la porte de la bibliothèque. Elle ne vit Rogue nulle part et en remercia Merlin. La dame du ministère se leva du fauteuil où elle s'était assise pour les attendre et leur sourit.
- Venez vous asseoir, nous serons plus à l'aise pour discuter. Vous avez sûrement des questions, dit Beranette aimablement.
Perle et Kassie prirent place sur le divan tandis que la dame se rasseyait.
- Comme je le disais tout à l'heure, je suis ici pour ramener Kassie chez ses parents, dit-elle en regardant la petite avec un sourire.
La fillette prit l'air grave.
- Perle peut venir avec moi ?
- Mais oui. Bien sûr ! dit Beranette comme si ça allait de soi.
Kassie la regarda ravie et Perle lui sourit.
- Tu vois ? Tout va s'arranger.
La sorcière leva les yeux sur la jeune femme et lui adressa un regard sérieux. Perle hocha la tête comme pour lui donner son consentement. Beranette pointa discrètement la petite de sa baguette.
- Oubliette.
Kassie battit des paupières et un air rêveur se peignit soudain sur son visage.
- Qu'est-ce qui va se passer ? demanda Perle qui ne pu empêcher les larmes de lui monter aux yeux.
- N'ayez aucune crainte. Kassie est entre bonne main, dit la sorcière en remarquant son air inquiet. Je fais partie d'une unité spéciale qui s'occupe des petits moldus comme elle. Nous avons toutes les ressources nécessaires pour ce genre de cas. Je suis venue en voiture roulante moldue, ajouta-t-elle comme pour le prouver. Notre budget a été drastiquement augmenté. Il y a eu beaucoup d'enlèvements d'enfants moldus et nous travaillons jour et nuit pour les retrouver.
Perle hocha la tête. Cette femme lui inspirait confiance.
- Je la ramènerai au quartier général des oubliators, continua-t-elle, ensuite nous la confieront aux autorités moldues. Elle croira avoir été enlevée et gardée dans un sous-sol sans avoir jamais vu son ravisseur.
Soudain, Perle songea aux autres petites moldues de la Rue des soupirs.
- Le Palace. Sur la Rue des soupirs. Ils en gardent dans une cage pour les donner aux loups-garous, s'empressa-t-elle de lui dire.
- Merci je prends note mademoiselle.
- Qui êtes-vous ? Où est-ce que je suis ? demanda Kassie qui revenait doucement à elle.
- Tu ne te souviens pas ma chérie ? dit Beranette. Tu t'étais perdue.
- Perdue ?
- Oui. Nous allons prendre ma voiture et aller au poste de police. Les policiers appelleront ta maman et elle viendra te chercher. Tu es d'accord ?
Perle haussa un sourcil. Poste de police ? Qu'est-ce que c'était que ce truc ?
Kassie se tourna vers elle et la regarda comme si elle ne l'avait jamais vu. La jeune femme eut un pincement au cœur. Tout était fini. Elle n'avait plus de petite sœur. Elle baissa la tête pour cacher ses larmes.
- Tu veux bien venir avec moi ? demanda la sorcière se levant.
Kassie la prit docilement par la main et elles sortirent sans plus de façons. La porte se ferma derrière elles et Perle s'assit comme pour encaisser le choc. Elle était partie … mais c'était pour le mieux. Évidemment. Rien ne pouvait lui arriver de mieux.
Elle sortit le journal qu'elle déplia comme si elle avait besoin de se convaincre encore que tout ça était vrai. VOLDEMORT. Elle frissonna en lisant le nom tabou. La guerre était finie. Il n'y avait aucun doute possible. Mais maintenant que tout ça était terminé, elle connaissait quelqu'un qui lui devait de foutues explications ! Et pas qu'un peu !
Elle se leva d'un bond et trouva Rogue dans la cuisine assis devant une théière fumante. Elle lui mit le journal presque sous le nez et il eut un mouvement de recul, appréciant peu d'avoir le nom de son ancien maître en plein dans la figure.
Perle baissa le journal brusquement.
- Vous êtes un espion ? dit-elle d'un ton abrupt.
- J'étais, corrigea-t-il.
- Ça veut dire que comment vous m'avez traité, tout ça c'était du bluff ? dit-elle d'une voix blanche.
Il la dévisagea un moment puis baissa les yeux.
- Je devais être crédible. Pour votre sécurité et la mienne. Mais c'est terminé. Vous êtes libre désormais.
Elle mit les poings sur ses hanches les yeux exorbités.
- Non mais bordel de merde ! Vous croyez que vous allez vous en tirer comme ça !? Je suis un espion, singea-t-elle. Je vous ai traité comme un chien juste pour être crédible. Vous voulez rire ?! Vous m'avez torturé !
Il pinça les lèvres.
- Je n'avais pas le choix.
Il la regarda, sérieux.
- Je vous ai protégé.
Perle le fixa bouchebée.
- Protégé ? Non mais je vous emmerde avec votre protection ! Vous m'avez fait vivre un putain de cauchemar !
Elle était hors d'elle et il la fixa un long moment. Visiblement, il ne s'était pas attendu à une telle réaction.
- Vous m'avez fait endurer tout ça juste pour faire croire que vous étiez du genre à torturer un esclave c'est ça ?! Je vous aie servi de couverture ?!
Il la regarda comme si elle délirait complètement.
- Dois-je comprendre que vous avez oublié pourquoi je me suis retrouvé coincé avec vous ? dit-il froidement. Je vous aie sauvé la vie.
Elle le dévisagea un moment puis soupira brusquement. Il était vrai qu'on lui avait forcé la main. Elle s'appuya au comptoir de cuisine comme si elle avait besoin de quelque chose de solide à quoi s'accrocher. Elle prit quelques bonnes inspirations en tentant de se calmer.
Okay … Elle pouvait saisir qu'il avait fait semblant d'être un mangemort et qu'il avait été forcé de la traiter en esclave. Mais il y avait quand même une chose qui défiait toute explication. Elle le fixa d'un regard noir. Il gardait les yeux baissé sur sa tasse comme s'il réfléchissait.
- Monsieur … pourquoi vous avez couché avec moi ? demanda-t-elle brusquement.
Il battit des paupières, pris au dépourvu. Troublé, il garda le silence un moment.
- Vous aviez des pensées suicidaires, dit-il enfin.
Elle le fixa, incrédule.
- J'avais des … Ah oui. Alors en me lisant dans la tête sans permission vous vous êtes dit ben voilà. Je vais la baiser et tout va aller mieux.
Une lueur de colère passa dans l'œil du sorcier.
- Je voulais que vous sachiez que je ne vous voulais aucun mal, dit-il sèchement.
Perle fit de grands yeux puis elle pouffa, ironique.
- Attendez … Vous êtes en train de me dire que vous m'avez brisé le cœur pour me dire qu'au fond vous m'aimiez bien ? C'est ça ? Non mais putain de merde vous êtes con ou quoi !? cracha-t-elle.
Il releva la tête et lui jeta un regard glacial qui signifiait que les limites de sa tolérance étaient atteintes.
- Peut-être que si vous n'étiez pas aussi écervelée, vous auriez compris ce que j'essayais de vous dire et que je n'aurais pas été forcé d'héberger une moldue de compagnie pour vous empêcher de vous pendre dans votre chambre, lui asséna-t-il.
Perle le dévisagea stupéfaite.
- C'était pour ça ? Kassie ?
- Quoi d'autre ? Vous croyez peut-être que je m'amusais à jouer au maître et à l'esclave ? dit-il cinglant. Je vous assure que j'avais autre chose à faire que de m'occuper de vous.
Perle secoua la tête comme pour se forcer à revenir à la réalité.
- Non mais bordel. Comment vous avez pu penser une seconde que je pourrais comprendre tout ça juste en me baisant ?!
Il la dévisagea avec mépris.
- Je ne pouvais pas parler, dit-il en appuyant sur chaque syllabe. C'était le seul moyen. Ça ne vous est jamais venu à l'esprit que si j'agissais de façon aussi exceptionnelle c'est qu'il y avait sûrement une raison ?
Elle le regarda comme s'il était le pire crétin que la terre ait porté.
- Mais bordel qu'est-ce que vous vouliez que je pense ? J'ai pensé que vous agissiez enfin comme un homme normal avec des besoins normaux !
Il expira d'un coup sec, cynique.
- Ne me faites pas rire. Je n'ai pas agi « normalement ». Il était évident que je tentais de communiquer avec vous.
- Oh, vous n'avez pas agi normalement … Vous croyez ? Et qu'est-ce que vous en savez ? Hein ? Parce que sans vouloir vous vexer vous n'aviez pas l'air très expérimenté !
Il releva la tête, hautain.
- Justement. Vous auriez comprendre d'autant plus que je n'aurais pas couché avec vous sans raison.
- Non mais bordel ! Il n'y a qu'à vous regarder pour savoir que les filles ne vous sautent pas dans les bras et vous aviez une esclave sous la main ! Ça ne veut rien dire du tout !
Il eut un rictus narquois.
- Il me semblait que je vous avais « brisé le cœur ». Pourtant à vous entendre, je ne vois pas pourquoi vous vous formalisez. Je ne suis qu'un homme repoussant qui a abusé de son esclave pour assouvir des besoins bestiaux. À moins que vous ayez un faible pour ce genre de personnage ?
Perle s'étouffa presque d'indignation.
- Ne faites pas semblant de ne pas comprendre !
- Pour ce qui est de la vitesse de compréhension, je crains que vous ne soyez guère en position d'en remontrer à quiconque.
- Non mais putain de merde c'est quoi ton problème espèce de SALOPARD !
Sans avertissement, les armoires s'ouvrirent à la volée et toute la vaisselle de la cuisine vola vers lui. Il eut à peine le temps de lever sa baguette que les assiettes, les bols et les tasses explosèrent contre son bouclier. Les tiroirs furent expulsés de leurs niches en tombant par terre avec un boucan infernal et les couteaux foncèrent sur le sorcier. Ils furent changés en plumes avant même d'avoir pu l'approcher et Perle enragée se fendit de divers maléfices qu'il n'eut aucun mal à détourner.
Incapable de lui faire le moindre mal, elle le fixa en tremblant de rage puis abandonnant la partie, elle cacha son visage dans ses mains et éclata en sanglots.
Severus baissa sa baguette en soupirant sombrement.
La situation lui avait complètement échappée.
Dans les faits, il avait ressentit une certaine hâte à revenir pour la libérer. Il aurait cru qu'elle serait heureuse d'apprendre la vérité mais il avait plutôt reçu toute la vaisselle de la cuisine à la tête. Les hommes disaient souvent que les femmes étaient difficiles à comprendre et à n'en pas douter c'était la pure vérité.
Bien sûr il était prêt à reconnaître que c'était un peu de sa faute. Il n'avait pas voulu perdre son calme mais se faire injurier de la sorte après tout ce qu'il avait fait pour elle … Néanmoins, elle était hystérique alors il semblait évident que c'était à lui de dire quelque chose pour calmer le jeu.
- Je ne voulais pas être rude avec vous, dit-il en faisant de son mieux pour avoir l'air désolé.
Perle releva la tête.
- Vous pouvez vous mettre à ma place une seconde ? Hein ?, pleura-t-elle. Je suis enfermée ici depuis des mois. Je ne sais rien de ce qui se passe. Et soudain vous apparaissez comme une fleur pour m'annoncer que vous faisiez semblant d'être mon maître et que tout ce foutu cauchemar infernal c'était que de la frime ! Vous pouvez imaginer un peu quel choc ça fait !?
Severus la regarda avec une certaine compassion puis fouilla dans sa poche et s'approcha d'elle pour lui tendre un mouchoir gris soigneusement plié.
- Que diriez-vous d'un verre ? demanda-t-il comme pour se faire pardonner.
Elle leva les yeux vers lui. Un verre …. Bordel ça faisait des mois !
- Je dirais que deux serait mieux, dit-elle en prenant le mouchoir.
- Vu les circonstances vous pourrez vider la bouteille si ça vous chante, dit-il bon joueur.
Il fit quelques mouvements de baguette gracieux. La vaisselle se réassembla et s'envola dans les armoires pour s'y empiler, les plumes retournèrent dans le tiroir et avec un pop reprirent leur forme de couteau puis les tiroirs s'élancèrent à leur place en faisant s'entrechoquer les ustensiles. Une fois que la cuisine eut retrouvé son aspect normal, il sortit sans rien dire tandis que Perle séchait ses larmes et reprenait son calme.
Peut-être parce que son métier lui avait appris à s'adapter à tout -peut-être aussi parce que lorsqu'on avait survécu à la Rue des soupirs version mangemorts plus rien ne pouvait vous surprendre- Perle accepta le fait qu'il était un espion et qu'il l'avait protégé.
C'était le fin mot de l'histoire et elle devait maintenant composer avec ce fait.
Elle s'était simplement trompée sur son compte. Ça arrivait aussi avec les clients. Elle avait déjà vu de grosses brutes viriles lui emprunter des robes, de bons pères de famille réclamer la fessée et des sorciers irréprochables sombrer dans les fantasmes douteux, comme par exemple ce type qui voulait aller dans des latrines publiques et se métamorphoser en toilette pour se faire faire dessus.
Lorsque le masque tombait on pouvait avoir de sérieuses surprises et depuis le temps elle était rompue à l'exercice, aussi troublant soit-il.
Elle renifla en se tamponnant les yeux puis passa au salon où, bien qu'elle ne le sache pas encore, elle allait vivre l'un des moments les plus imprévu de toute sa vie.
