Chapitre 16 :

Amitié improbable

Ce fut pendant un long moment que tous regardèrent l'adolescent cajoler sa chouette avec la plus grande des douceurs, l'air visiblement très heureux de la retrouver. L'oiseau se serrait d'ailleurs contre lui, émettant de petits couinements satisfaits et jouant avec une mèche de cheveux de son bec. Il était évident en les regardant qu'ils étaient presque fusionnels. Épuisé, Nathaniel se mit bientôt à tanguer et Emmet se rapprocha de nouveau de lui, lui offrant un appuis pour lequel il fut remercié avec gratitude.

- Elle est à toi ? demanda finalement Alice en s'approchant un peu plus.

- Oui, répondit-il. Je l'ai depuis que j'ai onze ans, répondit-il avec une affection évidente pour l'oiseau. Hedwige est ma meilleure amie, dit-il doucement.

- C'est surprenant qu'elle reste là, remarqua Rosalie. Les animaux n'aiment pas les vampires en général.

- Hedwige vient du monde magique, expliqua-t-il. Elle a croisé toute sorte de créatures dans sa vie, alors elle a l'habitude, dit-il alors qu'il l'effleurait délicatement du revers de ses doigts. Je suis tellement heureux de te retrouver ma belle, bredouilla-t-il ensuite en posant son front contre elle.

- Nous devons parler Nathaniel, remarqua Severus après un moment. En privée.

- Dans ce cas, il va falloir user de votre baguette encore une fois, remarqua le jeune homme tendu.

- Une dernière fois et je vous promet de ne plus la ressortir si ce n'est pas nécessaire, assura-t-il en sachant que la moindre présence de magie lui était désormais douloureuse.

Nathaniel acquiesça et il tenta sans grand succès de se relever pour le rejoindre mais très vite, il se retrouva soulevé de terre par la force tranquille d'Emmet qu'il connaissait désormais par cœur.

- Reste tranquille crevette, je vais t'aider, dit-il doucement.

- Merci Emmet, bredouilla-t-il en posant une main sur sa chouette agitée.

Le brun alla le déposer délicatement près du maître des potions, le calant confortablement dans le canapé. Après avoir jeté un regard un peu méfiant vers le nouveau vampire, il retourna auprès de sa famille en face d'eux. Severus se tourna vers l'adolescent, ressortant sa baguette.

- Je vais lancer un sort, expliqua-t-il pour les vampires. Vous ne pourrez ni nous entendre, ni lire sur nos lèvres, dit-il. Je préfère avoir une discussion en privée avec lui et comme il n'est pas en état de s'éloigner d'ici, nous allons utiliser cette manière.

Ils acquiescèrent en silence, heureux de pouvoir garder un œil sur Nathaniel le temps de leur échange. Le nouveau venu semblait extrêmement méfiant et il était évident qu'il voulait s'assurer auprès du jeune homme de leur position vis à vis de lui. Severus prévint son protéger puis il lança son sort, personne ne manquant de voir Nathaniel se tendre et serrer les dents. Sa chouette vint alors effleurer sa joue de son bec et il lui sourit doucement, la caressant d'une main tremblante. Le vampire prit alors la parole, mais aucun Cullen ne l'entendait plus désormais.

- Dîtes moi Nathaniel, commença-t-il doucement, avez vous confiance en cette famille ?

- Oui, dit-il avec un sourire ému qui termina de le convaincre. Ils sont de véritables anges gardiens pour moi, expliqua-t-il. Ils ont fait pour moi en trois mois beaucoup plus que n'importe qui si on vous exclu vous, mes parents et Sirius. Carlisle et Esmée sont formidables avec moi. Je ne serais plus là sans eux.

- Ils m'ont parlé de votre crise cardiaque, remarqua-t-il précautionneusement.

- Je ne parle pas de ça, répondit-il. Ils m'ont sauvé bien avant ça. Carlisle m'a sauvé bien avant ça. Il est... je n'ai même pas de mot pour dire à quel point il est formidable. Comme toute sa famille. En trois mois, ils m'ont donné tellement, tout ce dont j'aurais pu rêver.

- Que s'est-il passé après ma pseudo mort ? questionna-t-il avec calme.

Nathaniel cajola un moment sa chouette avec tension avant de finalement prendre la parole. Il commença à lui raconter la longue et interminable bataille finale. Il lui expliqua comment Voldemort avait cru gagner lorsqu'il avait pris le sort d'Ether et comment il en avait profité pour le vaincre. Il parla ensuite de la perte de sa magie brusque et violente, puis de comment on l'avait ramené à l'infirmerie, testant son état sans lui apporter le moindre réconfort des heures durant avant de le laisser seul à bout de force et perdu dans la douleur. Il passa ensuite à la manière dont-il avait été abandonné sous la pluie, sans soin, sans aide, seul, aveugle et perdu. Vint ensuite l'intervention des Gobelins et celle de Julius Ranton, le médicomage. Il raconta ensuite comment il avait appris son nouvel état, ce que lui avait raconté le directeur de la banque sur ce qui était en train de se passer. Il parla de tout ce que les Gobelins avaient fait pour l'aider, les décisions qu'il avait prise avant de se retrouver finalement ici, à Forks.

Durant tout son récit, Severus resta silencieux, l'écoutant attentivement sans l'interrompre. Cela lui permit de remettre en place toute les pièces du puzzle qui lui manquaient. Et il comprenait tout désormais. Il saisissait pourquoi Dumbledore et le Ministère le croyaient mort. Ils l'avaient abandonné sous la pluie dans un état catastrophique et probablement dans un endroit perdu. S'il n'y avait pas eu les Gobelins à cet instant, l'adolescent aurait succombé en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Et qui pouvait croire que les Gobelins se seraient portés à son secours ? Personne ne pouvait imaginer cela venant d'eux. Les petits êtres devaient vraiment être reconnaissants envers lui pour avoir vaincu Voldemort. Cela sans compter que le jeune homme s'était toujours montré courtois, poli et respectueux avec eux comme peu de sorciers de son rang le faisaient. Le maître des potions savait d'ailleurs que bien des peuples de créatures magiques l'admiraient, le respectaient et estimaient avoir une dette envers lui depuis sa victoire. Eux n'étaient pas aussi dupes que la population sorcière alors que cela faisait longtemps qu'ils avaient droit à leur manipulations en tout sens. Il pouvait maintenant comprendre comment Nathaniel avait fait pour s'en sortir et comment il avait atterri ici. Mais le plus horrifiant était d'imaginer ce qu'avait dû ressentir l'adolescent en subissant tout cela. Il l'entendait dans sa voix, percevant sa souffrance, son désarrois, son incompréhension de tout de ce qu'il s'était passé mais aussi sa colère face à cette trahison sans nom. Il n'osait imaginer, connaissant parfaitement le jeune homme, ce qui avait pu lui passer par la tête et ce qu'il devait encore penser suite à cela, à la cécité et surtout suite à la perte de sa magie si précieuse.

Il ne fit pourtant aucune remarque, regardant Nathaniel cajoler sa chouette en parlant d'une petite voix. Il le voyait perdu dans son récit et il savait que s'il l'interrompait, il se refermerait comme une huître et qu'il aurait bien du mal à obtenir des précisions. Il continua donc de l'écouter, apprenant comment s'étaient passé ses premiers jours à Forks. Nathaniel lui parla de sa rencontre avec le Shérif puis de celle avec Carlisle. Alors qu'il parlait du vampire blond, Severus pouvait percevoir toute l'affection qu'il avait pour lui, toute sa gratitude. Il suivit l'évolution rapide de leur relation et tout ce que le médecin avait fait pour lui. Puis ce fut au tour de sa rencontre avec Esmée qui avait elle aussi toute son affection de manière très évidente. Il entendit comment le couple l'avait aidé à guérir, comment ils avaient veillé sur lui. Régulièrement, Nathaniel parlait aussi de ce Shérif qu'il considérait visiblement comme un ami. Vint ensuite ce fameux épisode où il avait perdu l'ouïe quelques jours, où la famille l'avait accueilli chez elle, où il avait fait la connaissance des enfants du couple. L'adolescent raconta la semaine qui avait suivis, son anniversaire et sa crise cardiaque qu'il conta avec peine, lui expliquant qu'il pensait que son anniversaire magique n'y était pas pour rien. Sa reconnaissance fut une nouvelle fois palpable lorsqu'il révéla comment Carlisle l'avait sauvé et comment tous s'étaient soigneusement occupés de lui ensuite. Arriva le jour où il avait compris qu'ils étaient des vampires, celui où il avait rencontré Sam, les examens qui lui avaient révélé son état présent, celui où il s'était laissé convaincre de rester vivre ici. Il ne parla pas de Bella et il arriva finalement au jour présent, un silence tombant lorsqu'il eut terminé.

- Vous aimez beaucoup cette famille n'est-ce pas ? posa finalement Severus.

- Oui, sourit-il. Ils m'ont tellement donné et ils m'ont offert ce qu'il y a de plus précieux : une famille. Carlisle et Esmée se comportent comme un père et une mère pour moi. Ils sont formidables. Ils s'occupent de moi sans rien demander en retour alors que je leur cause bien des problèmes, je les mets en danger, bredouilla-t-il. Je ne voulais pas rester mais... mais...

- Vous n'avez pas pu vous séparer d'eux, termina l'ancien professeur.

- Non, répondit-il. Ils sont devenus tellement pour moi. Et je ne fais que les mettre en danger.

- N'exagérons rien Nathaniel. Ils sont des vampires et des vampires même moldus ne sont pas si fragiles même face à des sorciers ou des créatures magiques. Vous le savez, vous l'avez déjà constaté plus d'une fois, s'amusa-t-il. Cela sans compter que le monde magique vous croit davantage mort qu'en vie. On ne vous cherche pas, on fait semblant juste pour l'image. Les seuls susceptibles de vous chercher réellement sont vos véritables alliés et jamais ils ne vous causeront le moindre mal. Et de toute manière, vous retrouver ici, caché dans cette zone sans magie relève de l'impossible, assura-t-il. Je suis une exception parce que je vous connais bien et que je connaissais cette porte de sortie que vous avez prise. Ne vous en faite pas, vous êtes en sécurité ici et je doute fort que l'on vous retrouve à moins que vous ne vous manifestiez vous même. Si vous vous tenez caché, les choses se tasseront d'elles mêmes rapidement dans le monde magique et vous passerez à l'arrière plan pour eux. On vous laissera tranquille.

Alors qu'il expliquait cela, il pouvait largement voir et sentir l'immense soulagement de l'adolescent qui baissa un moment la tête, remerciant on ne savait qui en caressant sa chouette hululant doucement.

- Donc, il ne leur arrivera rien ? demanda-t-il d'une petite voix.

- On ne peut jamais être sûr, répondit Severus, mais les chances sont infiniment minimes. Ne vous en faîte pas. Il faut vous occuper de vous désormais. Rien d'autre n'importe, dit-il en posant une main sur son épaule.

- Qu'est-ce qu'il se passe depuis que... je suis parti ? demanda-t-il tout de même.

Le maître des potions hésita à lui répondre mais il le fit finalement, sachant qu'il était mieux pour lui de savoir plutôt que de se torturer en essayant de le deviner.

- Dumbledore et le Ministère ont repris le complet contrôle du pays, dit-il. Ils ont mis en place des purges pour arrêter tout ceux qu'ils disent de mèche avec les forces des ténèbres. Bien sûr, peu le sont vraiment. Ce n'est qu'une excuse. Il y a eu beaucoup d'arrestations, de simulacres de procès et d'emprisonnements. De nouvelles lois ont été édictées contre les créatures magiques mais aussi contre l'utilisation de la magie elle même soit disant pour des raisons de sécurité. Les enfants seront maintenant testés dés le plus jeune âge, des scellés posés pour que leur pouvoir ne dépasse pas un certain seuil. Seul certains auront droit à plus de magie sous condition de passer certains permis. Les Aurors font partis des rares qui pourront les passer, comme les hauts placés de l'état. Les baguettes seront davantage tracées et contrôlées. Tout ce qui a un minimum de rapport avec la magie noire est proscrit et le simple fait d'avoir des convictions qui ne sont pas celles du gouvernement peut être prétexte à emprisonnement. Ils ont tourné tout cela en mesures de protection et de préservation pour éviter de nouvelles guerres et la population se laisse faire. Les conflits récents et ses conséquences sont encore trop frais aux esprits pour qu'ils se rendent compte de la dictature qui s'installe. Et malheureusement, cette dictature commence à se propager à l'étranger aussi. Beaucoup ont eu à subir des guerres et des drames de ce genre et après la terreur de Voldemort qui avait commencé à étendre son emprise partout dans le monde, tous suivent malheureusement lentement ce chemin.

Il se tut ensuite, ayant vu l'adolescent se figer alors qu'il serrait les dents de choc, d'effrois et de dégoût.

- Mais tout cela n'est plus votre problème, Nathaniel, dit-il en insistant sur le nouveau nom synonyme d'une nouvelle vie. Vous avez fait plus que votre part pour le monde magique et vous en avez beaucoup trop souffert. Vous serez en sécurité dans le monde moldu et vous pourrez y vivre tranquillement. Vous devez penser à vous dorénavant. D'ici peu, tous croiront complètement à votre mort et vous n'aurez plus rien à craindre. Laissez cela derrière vous et n'y pensez plus. Vous n'avez plus à le faire.

- Et vous Severus ? Qu'allez vous faire désormais ?

- Je reste avec vous bien entendu, comme je vous l'ai dit, répondit-il.

- Vous ne me devez plus rien. Vous avez tellement fait pour moi. Pourquoi ?

- Au début, parce que j'avais promis à Lily, répondit-il. Je dois avouer que protéger une copie de James fut quelque peu pénible au début, dit-il avec franchise en faisant sourire l'adolescent qui comprenait. Mais comme vous l'avez si souvent dit, vous n'êtes pas votre père. Vous êtes vous et vous êtes quelqu'un de bien. Vous méritiez que l'on vous aide alors que vous étiez dans cette situation injuste sans le mériter. Comme je vous l'ai fait passer dans mes souvenirs, vous êtes tout ce que j'ai Nathaniel, je n'ai plus de raison de vous le cacher ou de vous mentir. Je ne vous laisserai pas tomber et encore moins maintenant alors cessez de poser ces questions idiotes, demanda-t-il d'un air faussement agacé qui amusa une fois de plus l'adolescent. Je resterai ici. Une petite vie tranquille avec vous dans ce coin perdu me semble tout à fait enviable après tout ce qu'il s'est passé.

- Je risque de vous causer bien des problèmes, remarqua le jeune homme.

- Vous ne savez faire que ça, ricana-t-il avec légèreté en lui tirant un sourire de plus. Mais j'y suis habitué. Tout ira bien pour moi. Je ne vous ai jamais demandé de veiller sur moi et je ne vous le demanderai jamais parce que c'est moi qui veille sur vous depuis toujours. Je suis assez grand pour m'occuper de moi alors ne vous en faîte pas avec cela.

- Merci Severus, répondit-il simplement mais avec une gratitude et une reconnaissance immense qu'il perçut nettement.

- Pourquoi ne pas avoir dit la vérité sur vous à cette famille ? demanda-t-il alors. N'avez vous pas confiance en eux ?

- Si, énormément. S'ils avaient voulu, ils auraient pu me faire plus de mal que n'importe qui et pourtant, bien que je ne représente aucun intérêt pour eux, ils ont tout fait pour moi. Ils m'ont sauvé la vie et ils m'ont donné ce qu'il y a de plus précieux. Ils me le donnent chaque jour. Dans un sens, j'ai vécu les plus beaux moments de ma vie avec eux depuis trois mois, dit-il avec affection. Mais comment pourrais-je leur dire ce que je suis vraiment ? Que penseraient-il ? En plus, ils détestent les sorciers.

- De quoi avez vous peur Nathaniel ? Vous n'avez rien fait de mal, vous avez sauvé tant de vies, fait tant de bien. Et vous n'êtes pas un sorcier tel que ceux qu'ils détestent.

- J'ai beaucoup de sang sur les mains.

- Comme tout ceux qui se battent dans une guerre, soupira Severus. Moi aussi. Cela n'est que la preuve que vous vous êtes sacrifié pour sauver les autres. Je ne dis pas que tuer n'est rien, mais je dis que les raisons pour lesquelles vous l'avez fait vous différencient nettement de Voldemort et des meurtriers sans cœurs tels que lui. Contrairement à eux, vous n'avez jamais voulu tuer, vous n'avez jamais pris plaisir à le faire et vous avez toujours éprouvé bien de la tristesse et de la culpabilité à l'avoir fait. En cela, vous n'êtes en rien comme ces monstres que vous avez arrêtés. Vous ne vous en êtes jamais pris à des innocents loin de là et vous le savez. Vous savez pourquoi vous avez fait tout ça. Et si personne n'a su voir tout ce que vous avez fait et sa valeur, il n'en n'est pas moins que vous l'avez fait et que vous savez pourquoi et comment. Alors cessez de penser que vous êtes en faute, vous ne l'êtes pas, vous n'avez pas eu le choix et vous l'avez fait pour le bien de tous. S'ils sont tel que vous les décrivez, dit-il en regardant le clan de vampire, alors ils comprendront et ils ne vous rejetteront pas.

Le jeune homme resta silencieux et immobile, semblant réfléchir. Après plusieurs minutes, il n'avait toujours rien dit et Severus reprit, sachant parfaitement ce que son protégé si émotif pouvait avoir en tête. Il avait tellement pu le constater ces dernières années, il savait bien ce qu'il pensait de lui même :

- Je sais ce que vous pensez et pourquoi vous n'arrivez pas à leur dire, pourquoi vous avez peur pour eux, dit-il. Vous n'êtes pas obligé de leur dire si ce n'est pas ce que vous souhaitez. J'aimerais que vous ne soyez plus contraint à rien. Peut-être que cela viendra un jour ou peut-être pourrez vous vivre en tant que Nathaniel Douglas et laisser tout ceci derrière. En attendant, vous avez besoin de vous reposer, remarqua-t-il en le voyant épuisé.

Non loin d'eux, et si les Cullen n'avaient strictement rien entendu, ils avaient pu suivre la discussion à travers Jasper et les émotions de Nathaniel qu'il sentait toujours. L'empathe avait senti son immense douleur, son désarrois et sa colère au début de la discussion, sa tristesse immense, son sentiment de trahison déchirante, son incompréhension. Malgré tout, il ne pouvait dire ce qu'en pensait Severus, ne percevant rien de lui. Au bout d'un long moment, il y eut plus de douceur, de la reconnaissance, de la gratitude, de l'affection et même de l'amour émanant de l'adolescent, les apaisant un peu alors qu'ils se demandaient ce dont-il parlait. Ses émotions changèrent de nouveau pour de la culpabilité, de la peur, de la confusion. On aurait pu dire qu'il passait par toute les émotions dans cette discussion mais il eut alors aussi de petits sourires sincères comme ils ne lui en avaient jamais vu. Il fallut un long moment mais finalement, le nouveau vampire sortit de nouveau sa baguette et fit un geste simple. Immédiatement, tous purent entendre le gémissement de douleur de l'adolescent qui se recroquevilla sur lui même, le souffle erratique. Carlisle bondit sur le champs vers lui alors que Severus rangeait sa baguette d'un geste rapide, une main toujours posée sur l'épaule de son protégé.

- Il est grand temps d'aller te reposer, constata le médecin. C'est déjà beaucoup pour une seule journée, dit-il en caressant le dos de Nathaniel dans un geste réconfortant.

- Je suis d'accord, approuva Severus. Vous devez aller dormir un peu au calme, cela vous fera du bien.

Nathaniel acquiesça et Emmet se chargea de venir le prendre délicatement dans ses bras et de l'emmener vers sa chambre avec Rosalie, celle-ci surprise de voir Hedwige se poser sur son épaule. Elle l'observa un instant avant de lui adresser une caresse douce et de reporter son attention sur Nathaniel. Dans le salon, tous restèrent silencieux, les Cullen observant Severus qui en faisait de même avec eux. Le maître des potions étaient désormais fixé après avoir entendu toute l'histoire de la bouche de l'adolescent. Si cette famille de vampires n'avait pas été là, son protéger ne serait plus et mieux encore, ils lui avaient donné ce dont-il rêvait le plus : une famille. Ils lui avaient sauvé la vie, ils l'avaient soigné et ils l'avaient accueillis. Nathaniel avait toute confiance en eux et il était évident qu'il les aimait beaucoup. Il savait aussi qu'il n'y avait quasiment aucune chance que le clan ne soit pas sincère. Ils étaient des vampires moldus après tout et cela faisait longtemps que ceux-ci ne côtoyaient plus les sorciers ni le monde magique. Il s'agissait en plus de vampires végétariens, marquant un peu plus leur intégration au monde humain. Ils semblaient parfaitement honnêtes. Cela se voyait et il le sentait. Ils se préoccupaient vraiment de l'humain et s'ils avaient su qu'il était Harry Potter, s'ils lui avaient voulu du mal, cela ferait longtemps qu'ils auraient agis. Ils avaient eu mille occasions et même celle de le laisser mourir. Il était évident qu'ils ne savaient rien, qu'il prenait vraiment Nathaniel pour Nathaniel et personne d'autre. Ce n'était pas une mauvaise chose à ses yeux. Peut-être qu'ainsi, le fils de Lily aurait enfin la vie qu'il méritait.

Il se réinstalla dans le canapé, la famille en face de lui assise à l'exception de Carlisle qui se tenait debout non loin, le regard dirigé vers l'escalier alors que tous écoutaient Emmet et Rosalie mettre Nathaniel au lit. La blonde passa un moment à le rassurer et à le détendre comme elle en avait l'habitude, son compagnon poussant ensuite son petit frère à dormir tranquillement. Finalement, tous purent entendre la respiration du jeune homme se faire bien plus calme et profonde, signe qu'il s'endormait et un moment plus tard, Rosalie et Emmet revenaient, le confirmant. Tous reprirent alors leur place dans le salon et ce fut le nouveau venu qui brisa le silence :

- Pourquoi l'avoir aidé autant de cette façon ? demanda-t-il avec curiosité. Vous n'aviez rien à y gagner.

- On n'aide pas les autres en attendant d'y gagner quelque chose, répondit Carlisle en le faisant sourire. Je suis devenu médecin parce que je voulais sauver des vies, végétariens parce que je ne voulais pas tuer malgré ma nature. Nous avons aidé Nathaniel parce qu'il est quelqu'un de bien et que nous l'aimons. Au début, je l'ai aidé parce que je ne supportais pas de voir un enfant seul dans une telle situation. Quoi qu'il en dise, je n'ai jamais douté du fait qu'il ne mérite certainement pas tant de malheur. Je me suis attaché à lui parce qu'il est une belle personne. Esmée s'est ensuite rapprochée de lui à son tour. Malgré son état, il pense toujours à nous au lieu de penser à lui, remarqua-t-il. Nous le considérions déjà comme un fils avant de l'amener chez nous et toute la famille l'a adopté. Nous l'aimons et il n'y pas besoin d'autre raison, dit-il en le fixant dans les yeux sans ciller.

- Je vois, répondit Severus convaincu.

Un tel regard ne mentait pas, il le savait pour être un fin psychologue.

- Il vous aime beaucoup, remarqua-t-il, et il éprouve une immense reconnaissance pour vous.

- Nous le savons, remarqua Esmée. Vous... connaissiez sa mère ? demanda-t-elle ensuite avec hésitation. Pardonnez ma question mais nous avons si souvent entendu votre nom lorsqu'il cauchemardait, nous l'avons entendu souhaiter que vous soyez là alors...

- Vous vous questionnez bien sûr, termina le maître des potions. Et je sais qu'il n'est pas bavard sur sa vie et lui même, ajouta-t-il. J'ai connu sa mère lorsque j'étais enfant. Nous n'avions pas dix ans. Nous étions amis d'enfance. Savez vous comment ses parents sont morts ?

- Il nous a dit sans précision qu'un fou les avait tué et qu'ils l'ont protégé, répondit Carlisle.

- Il avait à peine un an, ajouta Severus en approuvant. Il y avait un homme, un meurtrier qui en avait après sa famille parce que le père de Nathaniel était policier et qu'il cherchait à l'arrêter, mentit-il aisément sans vraiment s'éloigner de la vérité. Son père s'est interposé pour tenter de permettre à sa femme de s'échapper avec leur fils. Mais il n'a pas réussi et il a été tué rapidement, conta-t-il. Sa mère n'a pas eu le temps d'aller bien loin malheureusement. Elle s'est interposée à son tour pour son fils. Lily était une vrai lionne lorsqu'il s'agissait de son enfant, dit-il avec un pâle sourire. Le meurtrier, était un sorcier. La Magie n'est pas qu'un pouvoir, elle possède un véritable esprit. Lily la connaissait, elle l'a prié ce soir là pour protéger Nathaniel avant de se sacrifier. Personne ne sait trop ce qu'il s'est passé cette nuit là mais il semblerait que le sacrifice de Lily ait invoqué une certaine magie qui a protégé son fils de ce fou furieux. Il fut mit en fuite et Nathaniel sauvé. Je suis arrivé quelque temps plus tard.

- Et vous avez veillé sur lui depuis, posa Alice.

- Autant que je l'ai pu. Lily comptait beaucoup pour moi et son fils comptait plus que tout pour elle. J'ai fais cette promesse en sa mémoire mais au final, ce n'est plus pour elle que je le fais depuis des années mais pour Nathaniel. Il le mérite plus que tout autre.

- Vous savez ce qu'il lui est arrivé ? demanda Jasper.

- Que sentez vous en lui ? demanda le maître des potions.

L'empathe garda le silence, ne faisant pas assez confiance au nouveau venu pour lui parler des sentiments de Nathaniel.

- Vous tenez vraiment à lui pour ne pas trahir ses émotions ainsi, remarqua Severus. Laissez moi deviner : vous ressentez, une grande douleur, une grande souffrance, de la peur, de la culpabilité, du désespoir, de la trahison, du désarrois. Vous le sentez perdu et brisé. Et le connaissant, peut-être même qu'il pense à mourir. Est-ce que je me trompe ? demanda-t-il.

Extrêmement surpris, Jasper fit finalement petit signe de négation :

- Comment vous... ?

- Comment je le sais ? Je connais Nathaniel mieux que personne probablement. Je sais comment il réagit, je sais ce qu'il pense et comment il pense et je n'ai eu qu'à le regarder et à l'écouter à l'instant pour comprendre dans quel état il est. Il ne serait plus là sans vous, posa-t-il.

- Probablement, appuya Carlisle. Que s'est-il passé ? Il refuse d'en parler et nous refusons de l'y obliger d'une quelconque façon.

- Je ne peux vous compter sa vie à sa place s'il ne le veut pas. Il le fera probablement lui même un jour, avec le temps.

- Pourquoi ne veut-il rien dire ? demanda Rosalie.

- Parce qu'il en est incapable pour le moment. Il ne peut pas raconter son histoire. Cela est trop blessant pour lui et pour ce que j'en ai vu, il est bien trop perdu pour le faire. Il faut lui laisser du temps. Du temps pour guérir, pour faire le point lui même, pour mettre de l'ordre dans ses propres pensées, pour réfléchir. Nathaniel est quelqu'un de très émotif, il se perd souvent dans ses sentiments et même dans ses émotions, il ne fait jamais les choses à moitié. Il a simplement besoin de temps. La seule chose que je peux vous dire et vous assurer, c'est qu'il est quelqu'un de bien, de profondément gentil et généreux. Il pense souvent être une mauvaise personne parce qu'il a vécu des choses très difficiles et qu'il a toujours été seul pour les affronter. Mais il n'en n'est rien quoi qu'il en dise. Il lui faudra aussi du temps pour se rendre compte qu'il en vaut la peine et qu'il ne mérite pas ce qu'il lui arrive. Il est comme ça, mais il est intelligent et fort, il s'en remettra si tant est qu'on lui en laisse le temps et qu'on lui donne un peu de calme.

Il y eut un moment de silence alors que tous étaient déjà convaincu que le cadet de la famille n'était certainement pas une mauvaise personne.

- Pourquoi les sorciers l'ont-ils mit dans cet état ? demanda Carlisle. Que lui ont-ils fait ?

- Pour ses yeux, il s'agit d'un sortilège appelé sort d'Ether, expliqua Severus. Il prive sa victime de la vue, rend ses yeux hypersensibles à la lumière et occasionne des douleurs régulières, des brûlures et le prive de larme. C'est complètement irréversible même avec la magie. Il ne récupérera jamais la vue quoi qu'on fasse. Pour son état de santé... et bien pour faire simple, il a été privé de la majeure partie de son énergie vitale, expliqua-t-il sans trahir le secret du jeune homme. Encore une fois, c'est irréversible. Cela affaibli considérablement son corps et ses fonctions, le prive de ses forces. C'est aussi à cause de ça qu'il ne supporte plus non plus la présence de magie. Quand au pourquoi cela est arrivé, je vous dirais juste qu'il a cherché à protéger des innocents, qu'il était alors sur la route de sorciers profondément mauvais et que comme sa mère, il a refusé de s'écarter.

En face de lui, la famille eut l'air choquée, comprenant parfaitement ce qu'il voulait dire. Nathaniel avait subi cela parce qu'il avait voulu protéger des gens, c'était admirable et cela rendait son état plus dramatique encore. C'était vraiment injuste.

- Il a assisté à votre mort, remarqua ensuite Esmée.

- Oui, d'un côté, ce fut une bonne chose. Il m'a toujours détesté de mon vivant.

- Pourquoi ? s'étonna Alice.

- Parce que j'ai fait en sorte qu'il me déteste, répondit-il en souriant. Je n'ai jamais été comme lui, quelqu'un de bien qui savait quoi faire. J'ai fait de nombreuses erreurs dans ma vie, j'ai fait des choses plus que punissables. Protéger Nathaniel était aussi une manière de me racheter quelque part. Dans tout les cas, j'étais aussi un danger pour lui d'une certaine manière. Je n'aurais fait que le mettre en danger en m'affichant ouvertement proche de lui. Alors je l'ai protégé de loin, j'ai veillé sur lui à distance et pour que personne ne se doute de rien, j'ai fait en sorte qu'il me déteste. Et j'ai réussi. Il ne connaissait pas la vérité, il ne savait pas que j'avais connu sa mère, que j'avais promis de le protéger. J'ai tout fait pour qu'il ignore tout. Le connaissant, il aurait tout fait pour m'éloigner de lui en sachant la vérité. Je n'aurais pas pu l'aider efficacement. J'ai donc fait en sorte qu'il me haïsse et il me l'a rendu. Avant de mourir, je lui ai transmis des souvenirs et des pensées pour lui révéler la vérité. Il avait le droit de savoir même si je savais qu'il s'en voudrait atrocement. Il est comme ça. Mais il n'y pouvait rien, c'est moi qui ai instauré cela, il ne pouvait pas savoir. Il était là quand je suis mort, il me détestait, pourtant, il est venu me tenir la main et accompagner ce qu'il croyait être mes derniers instants. Dans un sens, j'en ai été heureux, ne sachant pas si mon projet fonctionnerait. Dans un autre, j'aurais préféré lui épargner ça mais il n'aurait jamais su alors.

- Il est couvert de cicatrices, pouvez vous nous en dire plus ? demanda Carlisle.

- Je ne donnerai pas de précisions mais pour faire simple, le meurtrier de ses parents n'a jamais accepté de ne pas avoir réussi à le tuer. Il a cherché à se venger de lui des années durant. C'est lui qui a essayé de me tuer en comprenant que je le protégeais et c'est lui qui a mis Nathaniel dans cet état.

- Où est-il maintenant ? grogna Esmée se faisant clairement protectrice.

Il suffisait d'un coup d'œil pour comprendre que la famille redoutait soudain une attaque mais qu'ils étaient aussi prêt à protéger l'adolescent contre vent et marée, touchant le maître des potions.

- Il est mort à présent. Cette histoire est terminée et Nathaniel ne sera plus inquiété désormais, révéla-t-il en les soulageant visiblement.

Après cela, l'interrogatoire de la famille cessa, estimant qu'ils en avaient appris assez et sachant que Nathaniel n'était pas prêt à ce qu'ils en sachent plus. Ce fut alors au tour de Severus de les interroger, se renseignant tout d'abord sur l'état de santé du jeune homme. Ce fut Carlisle qui le renseigna, expliquant aussi qu'il se chargeait de le soigner. Et si Severus était un médicomage fantastique, il savait qu'il ne pouvait rien pour Nathaniel dans son nouvel état. Il était hors de question d'user de magie sur lui désormais. Ils discutèrent un long moment avant que le silence ne retombe, chacun réfléchissant, désormais plus détendu. Severus demanda la permission à Carlisle de rester au moins un moment chez lui et celui-ci accepta immédiatement. Esmée annonça finalement qu'elle allait préparer le dîner pour Nathaniel et le médecin monta voir comment allait son protéger, suivis d'Edward resté silencieux jusque là. Lorsque la mère annonça que le repas était prêt, le pianiste réveilla doucement l'aveugle.

- Severus, appela-t-il en se réveillant un peu brusquement.

- Il est toujours là ne t'inquiète pas, rassura Edward. Il est en bas au salon et il reste chez nous alors ça va ok ?

Nathaniel acquiesça, soupirant de soulagement. Il se redressa doucement, vite aidé du médecin.

- Comment te sens tu ? demanda celui-ci.

- Fatigué, avoua-t-il.

- Tu as besoin de repos, tu n'étais déjà pas en forme ce matin alors avec toute ces émotions, remarqua Carlisle. Esmée t'a préparé à manger, est-ce que tu peux descendre ?

- Oui, murmura-t-il.

Il fut pourtant rapidement évident qu'il était très faible et lorsqu'il tangua sur ses jambes en se levant Edward le souleva dans ses bras avec douceur.

- Repose toi Nathaniel, je t'emmène, dit-il.

L'adolescent ne protesta pas, posant simplement sa tête sur son épaule et se laissant faire. Un instant plus tard, il était au salon, installé dans un canapé encadré d'Edward et de Rosalie qui s'empressa de passer une couverture sur ses épaules en le voyant frissonner. Jasper, Alice et Emmet lui signalèrent leur présence d'une manière ou d'une autre pour qu'il sache qu'ils étaient là. Cela était devenu une habitude pour eux, permettant à l'aveugle de savoir qui était là alors que les vampires n'émettaient presque aucun son sur leur passage. Comprenant, Severus en fit de même alors qu'il était assis en face de lui et tous perçurent le soupir de soulagement du jeune en l'entendant. Rapidement, Esmée arriva avec un repas d'allure plus que succulente que Nathaniel accepta avec une grande gratitude comme toujours. Il mangea tranquillement, peinant encore à trouver toute sa nourriture dans son assiette.

Le nouveau vampire l'observa alors que la famille discutait paisiblement de choses et d'autres, regardant Rosalie l'aider avec attention à terminer son assiette. Ceci fait, la mère de famille le débarrassa et Edward lui proposa de jouer un peu au piano, intriguant le maître des potions. Ce fut donc avec attention qu'il assista à la suite alors que Nathaniel acceptait visiblement avec joie. Edward l'emmena vers le piano, s'y asseyant avant d'attirer l'adolescent sur ses genoux. Plaçant ses mains sur les touches il attendit un instant avant que l'aveugle suive ses bras pour aller poser ses doigts sur les siens. Severus regarda alors Edward se mettre à jouer, ne pouvant que constater qu'il le faisait à merveille. Il vit comment Nathaniel pouvait suivre. Avec intérêt, il suivit le pianiste montrant un court et simple morceau à son élève. En écoutant ses remarques, il comprit que ce n'était pas un morceau nouveau pour Nathaniel qui avait visiblement déjà commencé à l'apprendre. Puis ce fut au tour de l'aveugle de jouer, encouragé par le vampire. Il y eut des erreurs et des hésitations mais Nathaniel s'en sortait plutôt bien, se détendant et souriant aux compliments et félicitations d'Edward. Après un moment et voyant qu'il fatiguait sévèrement, le pianiste le pria de simplement écouter, se mettant à jouer pour lui des mélodies bien plus complexes. Elles étaient pourtant douces et calmes, ne tardant pas à endormir l'adolescent. Lorsqu'il fut sûr qu'il dormait bien, blotti contre lui, le vampire cessa, faisant tomber le silence. Avec la plus grande des délicatesse, il prit Nathaniel dans ses bras, annonçant tout bas qu'il allait le mettre au lit alors que la nuit été tombée.

- Cela fait-il longtemps qu'il a commencé le piano ? demanda Severus lorsqu'ils furent partis.

- Quelques semaines, renseigna Esmée. Il aime écouter de la musique depuis qu'il a perdu la vue. Il dit que ça l'aide à se changer les idées et à ne penser à rien d'autre que ce qu'il écoute. La musique le calme. Il écoutait une radio classique avant d'arriver ici. Edward adore la musique et Nathaniel aime beaucoup l'écouter alors il joue souvent pour lui et depuis quelque temps, il a commencé à lui apprendre. Ces leçons l'apaisent toujours efficacement et ça l'aide à voir qu'il peut encore apprendre de nouvelles choses.

- Je vois, acquiesça Severus.

Dans les jours qui suivirent l'arrivée du nouveau vampire, la famille observa avec intérêt sa relation avec Nathaniel. S'il s'était montré relativement bavard à son arrivée, le maître des potions se fit ensuite bien plus silencieux. Il était toujours très calme et posé, observant tout avec une immense attention. Il était souvent sarcastique et parfois un peu froid. Lorsqu'il parlait à Nathaniel, il semblait toujours sec et dur pourtant, l'adolescent ne le prenait jamais mal, souriant souvent à ses remarques comme si la chose lui avait manqué. Si ce n'était pas évident au premier coup d'œil, en regardant bien, on pouvait voir tout les signes de protection, d'affection et d'inquiétude de Severus à l'égard de l'humain. Il surveillait tout autour de lui, le lâchait rarement des yeux. Il l'observait minutieusement, ne parvenant pas à dissimuler totalement son inquiétude lorsque l'adolescent fut prit d'un malaise. Il se renseigna sur sa santé avec une très grande précision auprès de Carlisle, le priant de lui expliquer les méthodes moldues qu'il utilisait pour le soigner. Il repérait plus vite que personne lorsque quelque chose n'allait pas pour le jeune homme, prouvant qu'il le connaissait par cœur et si c'était parfois avec peu de délicatesse, il tentait toujours de lui faire dire lui même ce qui n'allait pas. Ses gestes affectifs étaient quasi inexistant lorsque l'aveugle était réveillé. Pourtant, ils existaient alors que la famille avaient suivis plusieurs épisodes de cauchemars de Nathaniel qui comme souvent avait appelé l'ami de sa mère dans ses rêves sombres. L'entendant parfaitement, celui-ci ne s'était pas fait prier pour le rejoindre et l'apaiser de quelques caresses et de quelques paroles, le son de sa voix tranquillisant efficacement l'adolescent sans le réveiller. La famille avait alors comprit que peut-être il n'était pas à l'aise pour lui montrer ouvertement son affection. Il était pourtant certain qu'elle était là et que Nathaniel le savait, l'acceptant avec joie comme il était même s'il paraissait peu engageant pour ceux qui le ne connaissaient pas.

Les Cullen tentèrent de faire connaissance avec lui alors qu'il était évident qu'il ne quitterait pas Nathaniel. Il s'en satisfaisait en voyant l'effet bénéfique que son arrivée avait eu. Nathaniel souriait un peu en sa présence et Severus savait le tranquilliser et le rassurer efficacement, détectant rapidement lorsque ça n'allait pas et le comprenant mieux que quiconque. Son aide était précieuse. Il fallait cependant avouer qu'il n'était pas très sociable mais ils comprirent rapidement que c'était certainement dans sa nature. Le maître des potions n'était pourtant pas difficile à vivre, si calme et discret qu'on pouvait en oublier sa présence par moment. Il lisait souvent tranquillement, ne s'éloignant jamais trop de Nathaniel sur lequel une partie de son attention était toujours braquée. Il observait la vie de la famille et il discutait plus avec Carlisle qu'avec n'importe qui d'autre. Ce fut agréablement surpris qu'il assista à quelques unes des activités que le clan avait maintenant l'habitude de faire avec le cadet afin de l'aider à gérer son handicap, constatant un peu plus à quel point ils veillaient sur lui. Emmet semblait d'ailleurs mettre un grand enthousiasme en œuvre pour trouver des jeux à faire avec lui et pour l'amuser. Rapidement, Hedwige trouva elle aussi sa place, nullement gêné par les vampires et sortant chaque nuit chasser avec joie dans la forêt environnante. Elle semblait avoir pris Rosalie en affection et la blonde ne s'en plaignait pas, appréciant de caresser la chouette.

Les jours coulèrent tranquillement avec ses hauts et ses bas. Malheureusement, il y avait plus de bas que de haut pour Nathaniel dont la santé ne s'améliorait pas. La famille l'entourait étroitement, comme Severus à sa manière qui digérait avec mal d'avoir retrouvé le jeune homme dans un état si désastreux. Aussi, il faisait tout pour tenter de le soutenir et de le tranquilliser, ayant parfaitement compris son état d'esprit. Et si sa santé était l'une des ses plus grandes préoccupation, lui redonner goût à la vie l'était tout autant. D'après l'empathe, Jasper, Nathaniel allait un peu mieux depuis son arrivée et il n'osait imaginer alors jusqu'où son moral avait pu tomber. Il pouvait comprendre, il comprenait. Nathaniel avait tenu tout au long de la guerre comme personne n'aurait tenu. Arrivé à la fin de la bataille finale, une pichenette aurait pu le mettre à terre et lui, c'était un coup de massue qu'il avait pris. Il comprenait. Son protéger avait largement de quoi n'avoir plus envie de vivre mais il était bien décidé à le sortir de là, comme tout le clan de vampire.

Il avait d'ailleurs pris soin d'observer cette famille agir avec le jeune homme et il n'était pas étonné que Nathaniel se sente bien avec eux. Ils étaient tout ce dont il avait toujours rêvé: une famille. Carlisle et Esmée se comportaient comme des parents aimants et attentionnés, les autres comme des grands-frères et grandes sœurs doux et protecteurs. Tous veillaient avec beaucoup d'attention, leur affection et leur inquiétude pour lui largement visibles et sincères. Rosalie était plus protectrice qu'une lionne et la plus tendre avec lui. Emmet cherchait par tout les moyens à l'amuser et à l'aider lorsqu'il ne pouvait pas se déplacer seul. Alice était ce feu d'artifice de bonne humeur qui trouvait toujours quelque chose de bon à mettre en évidence pour lui remonter le moral. Jasper était à l'écoute de la moindre de ses émotions, toujours là pour le calmer ou le soutenir au besoin. Et Edward veillait toujours avec douceur, lui enseignant le piano et étant le moment d'évasion. Tous étaient là pour lui et pour tout, toujours. Si en apparence, seul Nathaniel y gagnait, Severus avait vite compris pourquoi ils faisaient tout ça. Ils aimaient le jeune homme et celui-ci leur rendait au centuple, plus humain, plus doux, plus attentionné et plus soucieux d'eux que personne ne l'aurait jamais été avec des vampires. L'ancien professeur le savait bien puisqu'il ressentait la même chose. Mais lui savait depuis longtemps que Nathaniel était quelqu'un d'extraordinaire et il était protégé et aimé comme le trésor qu'il était pour la famille.

Ce fut à la fin octobre de la routine qui s'était installée fut soudain brisée. Cela arriva une nuit, peu avant le levé du jour. Nathaniel dormait, ayant eu une nuit agitée après une journée difficile. Mais il dormait plus paisiblement depuis une heure maintenant et tout les vampires de la maison s'étaient assemblés au salon, une partie de leur attention braquée sur la chambre de l'aveugle. Tous étaient tendus devant l'état de santé du jeune homme que l'on redoutait de voir s'effondrer à chaque seconde. On avait d'ailleurs reparlé de la transformation et Severus n'avait pas pu les avancer sur le fait de savoir si cela était possible pour Nathaniel, s'il y survivrait ou comment il y réagirait. Il avait donc été décidé que cela ne serait tenté que s'ils n'avaient plus le choix si son état se dégradait trop. Cette nuit difficile leur donnait à tous une impression d'impuissance terrible. Ce fut donc dans un silence un peu lourd qu'ils étaient réunis, concentrés sur le sommeil du plus jeune membre de la maison, lorsque Alice se redressa soudain, tous se tournant vers elle pour vite comprendre qu'elle avait une vision. Edward la suivit et son regard s'écarquilla bientôt d'horreur, Jasper se tendant en un éclair en sentant ses émotions. La vision prit finalement fin, Alice reprenant conscience pour avoir l'air complètement perdue et paniquée. Edward s'écroula dans un fauteuil, son regard se perdant dans le vide avec une douleur visible. Sa sœur se tourna vivement vers lui, ses yeux reflétant tristesse et colère:

- Je suis désolé Edward, dit-elle en alertant tout le monde.

- Ce n'est pas de ta faute, bredouilla-t-il.

- Qu'as tu vu Alice? demanda Carlisle.

- Les Volturi arrivent, lâcha-t-elle en les tendant tous. Ils viennent pour Nathaniel, ajouta-t-elle en les paniquant un peu plus.

- Comment savent-ils? demanda Esmée.

- Bella, murmura Edward en prenant sa tête dans ses mains.

- Elle... elle est allée les voir, expliqua Alice en les choquant profondément. Elle est allée les voir pour être transformée et elle leur a parlé de Nathaniel. Ils viennent pour régler ça et ils sont en colère.

- Quand? demanda Carlisle furieux contre la jeune fille.

- Dans moins d'une heure dans une clairière pas très loin d'ici, répondit-elle. Qu'est-ce qu'on fait? demanda-t-elle avec anxiété.

- Pas de panique, tranquillisa Carlisle. Nathaniel est un cas particulier par sa connaissance des vampires à cause du monde magique. Nous n'avons pas enfreins la loi avec lui mais ça, Isabella ne pouvait pas le savoir. Le problème c'est elle et ce qu'il s'est passé avec elle.

- Ils l'ont transformé, elle sera là, signala Alice.

- Il va falloir négocier. Si elle est transformée, cela amoindri le problème et pour Nathaniel, leur expliquer devrait suffire, remarqua le médecin.

- Mais rien ne garanti qu'ils ne lui feront pas de mal, s'angoissa Jasper. Il est humain et s'il a été affilié au monde magique, il n'en fait pas partie. Rien ne les empêche de s'en prendre à lui juste pour l'exemple ou pour nous punir parce que nous n'avons ni transformé ni tué Isabella comme cela avait été convenu.

- Nous le défendrons, assura Carlisle déterminé. Ils ne s'approcheront pas de lui, dit-il avec une hargne que Severus ne manqua pas.

Jetant un regard autour de lui, il vit la famille se consulter du regard, tous acquiesçant fermement, visiblement prêt à se battre pour le jeune homme sans que cela ne soit sujet à discussion. Le blond se tourna finalement vers le maître des potions qui n'avait pas réagi, froid malgré ce qu'il se passait.

- Severus, nous allons aller les intercepter en forêt et tenter de régler ça sans dommage, dit-il. Restez protéger Nathaniel s'il vous plaît. Avec vos pouvoirs, vous le protégerez mieux que nous et vous pourrez le faire partir si ça dérape. On fera tout ce qu'on pourra pour que rien de dangereux n'approche la maison, ceci est de notre faute.

L'homme acquiesça simplement, pas un instant déstabilisé par la situation.

- Edward, si tu préférais rester avec Nathaniel, je comprendrais, dit ensuite le médecin à son fils aîné.

- Non, je viens, dit-il avec un grondement furieux.

Visiblement, il était furax, probablement contre Bella et tous pouvaient comprendre pourquoi, Severus inclus alors qu'il avait finalement appris cette histoire avec cette humaine récemment. Il s'était même proposé pour aller lui effacer la mémoire pour régler ça. Carlisle avait d'ailleurs accepté et ils attendaient juste qu'elle revienne du voyage chez sa mère où tous croyaient qu'elle était. Avec ceci, soudainement, tous et Edward le premier réalisait que la jeune fille n'avait sûrement jamais voulu autre chose d'eux que l'immortalité et cela les révoltait autant que cela les blessait. Et le comble était qu'elle mettait maintenant Nathaniel en grand danger, certainement juste par envie de vengeance.

- Bien, allons-y alors, lança le père de famille. Il n'y a pas de temps à perdre. Severus, nous vous confions Nathaniel, dit-il l'air inquiet pour son protégé.

Severus acquiesça et les regarda partir en trombe. Ce fut lorsqu'ils furent loin qu'il se leva, très agacé que son protégé ait ce nouveau problème sur les bras. S'il trouvait cette Bella, il risquait fort de faire un carnage. Il rejoignit la chambre du jeune homme, énervé d'avoir à le réveiller pour une telle futilité. Mais il devait le prévenir. S'il ne le faisait pas, Nathaniel lui en voudrait alors que protéger sa nouvelle famille était une des seules choses qui réveillait encore son ancien lui. Il se retrouva donc bientôt assis au bord de son lit, posant une main douce sur son épaule pour le secouer légèrement.

- Nathaniel? Nathaniel? Il faut vous réveiller.

Il fallut un moment mais le jeune homme remua bientôt un peu, peinant visiblement après une courte nuit difficile.

- Severus? bredouilla-t-il d'une petite voix. Qu'est-ce qu'il se passe?

L'aîné l'aida à se redresser un peu, inquiet de le voir grimacer et porter une main à sa tête certainement douloureuse. Aussi, il commença par lui donner un anti douleur et un verre d'eau, le laissant ainsi se réveiller un peu plus. Puis il lui raconta ce qu'il se passait, voyant le jeune homme se tendre:

- Il faut y aller, dit-il avec empressement en tentant d'écarter les couvertures un peu précipitamment. Ils risquent d'être blessés à cause de moi si je n'y vais pas, je dois...

- Nathaniel, arrêta calmement Severus. Doucement, vous n'êtes pas en état pour une telle agitation. Levez vous, habillez vous et je vous emmène. Tout ira bien. Calmez vous.

Il acquiesça, se calmant un peu bien que tendu. Severus l'aida alors à se lever et à s'habiller, le soutenant alors qu'il était faible. Il lui fit passer un manteau alors que le temps se faisait de plus en plus froid en cette fin d'octobre puis il le prit dans ses bras comme une princesse et ils se mirent en route, Hedwige les survolant alors que le vampire magique suivait l'odeur du clan.

Il fallut un moment mais les Cullen débouchèrent finalement dans la clairière désignée par Alice, tous très tendus. Il ne se passa pas plus de quelques minutes avant que les Volturi ne soient en vue à l'autre bout. Il y avait les rois, leur nombreuse garde les entourant et il y avait Bella, habillée comme une garde elle aussi. Mais ce n'était pas étonnant, jamais les Volturi ne l'auraient laissé sortir de leur emprise surtout si elle manifestait autant de particularités en tant que vampire qu'humaine. Ils s'avancèrent, fusillant la famille en face d'eux du regard. Et de toute évidence, ils n'étaient pas là pour plaisanter, Caïus arborant carrément une splendide épée dont la poignée dépassait de son dos, chose qu'il ne portait que pour des cas sérieux. Ils stoppèrent lorsqu'il ne resta plus qu'une trentaine de mètres entre eux, Aro s'avançant un peu:

- Je suis très déçu Carlisle, dit-il l'air affligé. Je suppose que tu sais pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.

- Oui Aro, je sais, dit-il avec un coup d'œil furieux pour Bella qui souriait avec arrogance.

- Ne la regarde donc pas ainsi mon ami, chantonna le roi en suivant son regard. Ceci est de votre faute. Nous avions pourtant exigé la transformation rapide de cette chère Isabella. Quelle ne fut pas notre désappointement lorsqu'elle est venue nous expliquer que vous ne le feriez pas. Nous avons rectifié cette erreur. Tu as manqué l'occasion d'avoir une vampire de plus au don puissant chez toi d'ailleurs, remarqua-t-il avec amusement. Mais elle a rejoint notre garde alors je ne vais pas m'en plaindre. Nous avons cependant été contrarié d'apprendre que vous aviez renouvelé avec un second humain, accusa-t-il durement.

- Combien de fois croyez vous pouvoir bafouer notre loi sans punition? gronda Caïus. Pas de seconde chance, j'avais dit.

- Nous n'avons pas enfreins la loi avec Nathaniel, posa Carlisle aussi calmement que possible.

- Vous avez caché un humain connaissant l'existence des vampires, rappela fortement Aro. Qu'il l'ait appris autrefois au contact de nomades et non directement de vous n'y change rien et tu le sais.

- Nathaniel n'a pas appris l'existence des vampires en rencontrant des nomades, répondit le médecin. Cela c'est ce que nous avons dit à Isabella pour protéger un autre secret soumis aux lois. Mais puisqu'elle est transformée... Nathaniel est familier du monde magique, expliqua-t-il, c'est de là que vient sa connaissance de notre race.

- Le monde magique? releva Caïus. Un sorcier?! ragea-t-il en serrant les poings.

- Non, pas un sorcier, corrigea rapidement le chef de clan en sachant que les vampires étaient très loin d'être amoureux des sorciers. Il n'a eu qu'un contact temporaire avec eux et ils les déteste autant que nous. Il est sous le secret magique, il n'est pas un danger pour nous.

- Il n'est pas sorcier, remarqua Caïus. Créature magique? demanda-t-il.

- Non, humain, assura le médecin.

- Il ne fait alors pas partie de la communauté magique et donc, vous n'avez rien à faire avec lui, nota Marcus. Nous n'avons que trop toléré votre effronterie face à nous. Cet humain sera abattu et vous serez tous punis pour vos incartades, dit-il alors que ses deux frères acquiesçaient et que le clan se tendait atrocement.

La garde souriant sadiquement commença à se mettre en position d'attaque mais tous se figèrent lorsqu'une nouvelle personne ou plutôt deux apparurent auprès des Cullen, arrivées à une vitesse ahurissante même pour un vampire. Le clan végétarien resta stupéfié en découvrant Severus près d'eux, légèrement en avant par rapport à Carlisle. Un Severus qui tenait leur petit Nathaniel dans les bras. Ils furent si surpris qu'ils ne dirent rien, fixant la scène avec horreur alors que le vampire magique déposait doucement sa charge au sol, le soutenant le temps qu'il trouve son équilibre alors qu'en face, tous suivaient la scène avec grande attention. Une fois sûr de ses appuis, Nathaniel donna un signe tête à Severus, le remerciant avant de se redresser et de quitter son soutient. L'aîné se redressa alors, portant son regard sur les Volturi.

- Seigneur Marcus, Seigneur Aro, Seigneur Caïus, salua-t-il avec un élégant et respectueux signe de tête.

- Qu'est-ce que vous avez fait?! paniqua Carlisle.

Il voulut s'avancer au devant de son protégé comme sa famille horrifiée de le voir là, voulant prévenir toute attaque mais Severus leva un bras devant eux, leur lançant un regard tranchant, laissant Nathaniel devant.

- Ça va Carlisle, ne vous en faîte pas pour moi, assura Nathaniel en les surprenant profondément. Severus, où? demanda-t-il.

- Droit devant, cinquante mètres, dit-il en le faisant délicatement tourner pour le mettre face aux rois.

Les Volturi avaient attentivement suivis cette scène, pas un mot n'échappant à leurs oreilles vampiriques. La garde fixait l'humain comme un déchet, Bella en particulier, les rois bien plus illisibles. Nathaniel fit quelques pas tremblants et mal assurés, sa faiblesse évidente faisant ricaner quelques vampires en face de lui. Un cri perçant déchira soudain l'air, une chouette blanche descendant du ciel pour venir se poser, sans peur aucune des prédateurs présents, sur l'épaule de son maître, se dressant fièrement en surprenant tout le monde. Nathaniel s'arrêta à quelques mètres des Cullen, un peu tendu bien que loin du stress que l'on aurait pu lui trouver dans cette situation. Derrière lui, la famille était sidérée, n'en revenant pas que Severus ait pris le risque de l'amener ici, plus proche que jamais du danger, dans son état de faiblesse. Tous étaient tendus comme des arcs prêt à bondir, se demandant quelle folie avait pris le cadet de la famille et son protecteur de toujours. Mais ni l'un ni l'autre ne semblait vraiment inquiet.

- Seigneur Aro, Seigneur Marcus, c'est un plaisir de vous rencontrer, dit-il d'une voix plate et polie en surprenant tout le monde.

Venant d'un humain cela avait de quoi surprendre mais il manquait pourtant un nom dans les salutations et tout les Volturi le virent sourire doucement:

- Salut Seigneur Blondie, dit-il alors.

La salutation étrange qui s'adressait évidement au Seigneur Caïus prit tout le monde de court, personne ne s'attendant à ça. Les Cullen se tendirent, se demandant ce qui lui prenait d'insulter le roi avec une telle entrée en matière, surtout ce roi. Et ils eurent raison alors que très vite, la garde se tendit, se mettant à grogner sur l'humain.

- Comment oses tu parler de la sorte au Seigneur Caïus vermine?! s'exclama Félix qui s'élança.

Démétri, Afton, Santiago et deux autres gardes lui emboîtèrent le pas et tout alla très vite. Pourtant, rien ne fut comme on aurait pu l'imaginer. Severus ne bougea pas d'un millimètre bien que sa vitesse soit supérieure à tous ici et qu'il aurait certainement pu les arrêter facilement de ses pouvoirs. Les Cullen voulurent bondir pour protéger le jeune homme mais ils n'en n'eurent pas le temps. À l'ahurissement général de tous sauf peut-être de Severus et Nathaniel, ce fut Caïus lui même qui bondit avec un grondement féroce. Et ce ne fut pas pour attaquer l'humain. Il stoppa plutôt net et violemment trois des gardes avant même qu'ils ne passent le premier rang de leur groupe, les envoyant s'écraser au sol, les enfonçant à moitié dans la terre. Il courut ensuite pour attraper Afton et Démétri, leur réservant le même sort, les envoyant voler loin derrière les Volturi et ce fut à quelques mètres de Nathaniel qu'il attrapa Félix par la gorge sans douceur, l'élevant dans les airs d'une main sans le moindre effort avant de le plaquer au sol. Celui-ci s'enfonça un peu et la scène se figea une seconde après avoir commencée, les capes du vampire blond retombant autour de lui alors qu'il était accroupi, tenant un Félix perdu par la gorge et menaçant de lui arracher la tête de sa poigne. Tous regardèrent cela stupéfait, Aro relevant un sourcil en démontrant ainsi qu'il était perdu lui aussi.

- Comment oses tu prendre l'initiative d'attaquer sans ordre de la sorte Félix? gronda le roi les crocs à l'air et visiblement furieux. Qui t'a permis de ne serait-ce que pouvoir penser lui nuire? Je devrais te tuer rien que pour cela.

- Mon Seigneur? bredouilla celui-ci complètement perdu.

Comme tout le monde d'ailleurs alors que tous intégraient avec peine que le roi Caïus, le plus froid et le plus violent des trois, le plus dédaigneux envers les humains, venait de protéger avec hargne le jeune homme. Tous restèrent sans voix mais Aro brisa bientôt le silence:

- Caïus? interpella-t-il l'air curieux.

Le roi blond releva un regard indéchiffrable sur son frère, se redressant soudain brusquement en tenant toujours Félix par la gorge. Il le balança d'ailleurs sans ménagement, le grand vampire atterrissant dans les bras de quelques gardes.

- Tenez moi ça, ordonna-t-il, je le punirai convenablement plus tard, dit-il l'air sadique.

Il ne donna pas plus d'explications et se retourna vers Nathaniel, s'avançant en tendant les Cullen toujours stoppés par le bras tendu de Severus qui ne bronchait pas en regardant la scène. Caïus s'arrêta juste devant le jeune homme, retirant vivement ses gants de cuir qu'il jeta négligemment sans la moindre attention. Il surprit une nouvelle fois tout le monde lorsque ce fut avec une délicatesse que personne ne lui aurait jamais donné qu'il prit la main de Nathaniel dans les siennes. L'aveugle sourit doucement, les touchant un moment avant de soupirer:

- Je suis heureux de vous revoir, ou presque, dit-il tristement.

- Moi aussi Altraz, répondit-il en finissant de choquer tout le monde. Vos yeux?

- Je suis aveugle, définitivement, à cause de... et bien vous pouvez le deviner, dit-il alors que le blond grondait dangereusement.

- Alors vous l'avez retrouvé Severus, remarqua-t-il avec un coup d'œil pour le vampire sorcier. J'aurais aimé être prévenu.

- Je l'aurais fait dés que Nathaniel l'aurait permis, répondit-il.

- Nathaniel? Nathaniel Douglas j'imagine, comprit-il. Vous avez changé de nom?

- C'était le seul moyen pour partir et me cacher.

- Vous avez bien fait. Mais vous auriez pu venir à Volterra, remarqua-t-il en surprenant une fois de plus tout le monde. Ma porte était grande ouverte et vous le saviez.

- Oui mais je craignais d'être traqué et je ne voulais pas vous amener des ennuis. Et puis tout s'est fait très vite, je n'ai pas eu le temps d'y penser vraiment. Ça a été chaotique.

- J'imagine. Tout le monde vous dit mort, je n'y ai pas cru un instant. Mais cela vaut mieux que tous le croient.

- Oui. Merci de vous être occupé d'Hedwige, dit-il en étonnant les Cullen. Et merci d'avoir sauvé Severus.

- J'avais un accord avec lui, j'avais promis, répondit-il simplement. Et sa transformation n'avait rien d'assurée.

- Merci quand même, c'est grâce à vous s'il est toujours là, dit-il avec une émotion palpable dans la voix.

- J'ai avec moi quelque chose qui vous appartient, remarqua le roi en lâchant sa main.

Tous le regardèrent avec confusion lorsqu'il détacha l'épée qu'il avait dans le dos avec précaution avant de tendre l'arme au jeune homme, reprenant sa main pour la poser dessus. Nathaniel se figea, caressant un moment la garde et la poignée précieuse sertie de joyaux.

- L'épée de Gryffondor, bredouilla l'humain. Je croyais l'avoir perdu.

- Je l'ai retrouvé et je l'ai gardé avec moi pour pouvoir vous la rendre.

- Merci Caïus mais... gardez là, je suis plus capable de la tenir maintenant et vous aimez cette épée, dit-il avec tristesse et douleur.

- Ne dîtes pas de bêtise, cette épée est à vous et à personne d'autre. Vous pourrez toujours la tenir et personne d'autre ne s'en servira. Prenez.

- Je ne suis plus cette personne, bredouilla le jeune homme.

- Qui ça? Altraz ou le Survivant? demanda le roi en le figeant. Quoi qu'il se soit passé, vous êtes vous et pas tout ce que les autres disent. C'est pour cela que cette épée est à vous. Prenez.

Ce fut avec hésitation et la main tremblante que Nathaniel accepta finalement de prendre l'épée qu'il serra contre lui. Il fut lui même surpris par le sentiment de sécurité que le retour de son épée lui apporta soudainement. Son arme fétiche qui lui avait tant de fois sauvé la vie et qui l'avait accompagné dans les combats. C'était comme le retour d'une force perdue même s'il pensait ne plus pouvoir s'en servir. Elle irradiait de cette énergie qui était sienne et qui le réchauffait un peu. C'était comme s'il avait retrouvé une fidèle protectrice.

- Merci Caïus. Pour les Cullen, dit-il alors en attirant l'attention générale. Ce problème avec Isabella est de ma faute. Je ne veux pas qu'ils soient punis à cause de moi. Ils m'ont sauvé la vie et ils m'ont protégé depuis. Ils sont ma famille, murmura-t-il.

- Caïus? interpella de nouveau Aro qui s'était approché avec Marcus. Un ami à toi je présume? dit-il en posant les yeux sur Nathaniel plus curieux que jamais. Est-ce le fameux jeune homme que Severus recherchait?

- C'est tout à fait cela, acquiesça le blond.

- Oh, sourit-il. Puis-je avoir votre main jeune homme? demanda-t-il en avançant la sienne.

Les Cullen se tendirent mais Caïus surprit une nouvelle fois tout le monde en stoppant le geste de son frère:

- Tu ne le touches pas Aro, dit-il le regard ferme. Je ne le permet pas. Tu oublies immédiatement ce que tu as en tête. Il faudra me passer sur le corps avant de ne serait-ce que pouvoir penser interférer dans sa vie mes frères, prévint-il dangereusement en les figeant comme tout les autres autour d'eux. Si tu veux savoir quelque chose, prend la main de Marcus, demanda-t-il.

Aro s'exécuta et Caïus lui donna la sienne partageant quelques pensées avec ses frères qui ressortirent de cela en posant un regard plus compréhensif sur l'humain.

- Je vois, répondit Marcus. Si c'est là ce que tu désires Caïus, c'est justifié Aro.

- Je dois le concéder, approuva-t-il. Avance Carlisle, ordonna-t-il en lui tendant une main.

Le médecin s'approcha sans rechigner lui donnant la sienne.

- Montre moi aussi, exigea Caïus en donnant sa main à son frère qui la prit sans discuter.

Aro regarda alors tout ce qu'il s'était passé depuis la rencontre des Cullen avec Nathaniel, ne manquant pas la raison pour laquelle Bella avait été écarté ni comment Carlisle avait prévu de gérer cela. Lorsque la chose fut terminée, ce fut un Caïus furieux qui se retourna pour fusiller Isabella du regard.

- Toi! Si tu as un jour l'audace de ne serait-ce avoir qu'une pensée de travers de plus à son égard, je t'arrache la tête que ton don soit précieux ou non, prévint-il dangereusement en faisant reculer la nouvelle née de peur et d'incompréhension.

- Allons, ce ne sera pas nécessaire, tempéra Aro. Isabella vit avec nous en Italie maintenant et j'ai comme l'impression que ce jeune homme va rester ici. Alors pas de problème. Au vu de la situation, je pense que nous pouvons raisonnablement te laisser gérer cela mon frère, dit-il au blond.

- Je m'en charge. Ceci change les choses,

Il retourna vivement son attention sur l'humain en l'entendant trembler un peu, comprenant vite qu'il avait froid et il fronça les sourcils, n'ayant rien manqué de son état qu'ils avaient vu dans l'esprit de Carlisle. Il termina de perdre tout le monde lorsqu'il retira vivement sa cape pour la déposer avec précaution sur les épaules du jeune homme qui le remercia.

- Je crois que ce n'est pas le lieu pour parler plus longtemps, remarqua le roi. Rentrez mes frères, je reste à Forks un moment.

- Fort bien, approuva Marcus. Cela semble nécessaire en effet.

- Nous te laissons donc gérer cela, soupira Aro. Je suppose que tu ne voudras pas de gardes autour de toi? demanda-t-il sans grand espoir en sachant qu'il n'aimait pas cela.

Caïus fit signe de négation fermement et les deux autres rois firent demi-tour. Bientôt, les Volturi furent partis sans laisser de trace, ne laissant que le roi blond planté devant un Nathaniel qu'il scrutait l'air indéchiffrable. Les Cullen ne purent s'empêcher de l'observer, complètement perdus après ce qu'il venait de se passer. De toute évidence, Nathaniel connaissait Caïus et ils étaient amis, chose invraisemblable et pourtant... Tous sortirent de leur confusion en voyant le jeune homme tanguer, essoufflé et grimaçant. Le roi le maintint par les épaules, tournant le regard vers le médecin alors qu'Hedwige s'envolait:

- Carlisle, tu le ramènes chez toi et tu t'occupes de lui sans tarder, ordonna-t-il. J'ai à parler à Severus puis nous vous rejoignons.

Le père ne se le fit pas dire deux fois, inquiet pour son cadet qui n'allait pas bien. Il vint le prendre dans ses bras, le calant doucement contre lui alors que Esmée venait couvrir leur protégé de la cape du roi qui avait glissé. Toute la famille partit ensuite direction leur maison, se remettant doucement de leurs émotions.