Eddie avait pris Christopher contre lui et l'avait emmené rapidement à l'intérieur. Buck récupéra Daisy dans ses bras et courut à sa suite. Il entra dans la maison au moment où Christopher régurgitait son déjeuner et son goûter.
– Est-ce que ça va aller ? demanda Buck inquiet en les rejoignant.
– Je pense que oui, répondit Eddie pour le rassurer en soutenant Christopher au-dessus de la cuvette des WC. Peut-être une indigestion. Il a un peu trop forcé sur les sucreries aujourd'hui.
– D'accord, je... Je peux faire quelque chose ?
– Te détendre, lui sourit-il. J'ai ça, Buck.
Il acquiesça et revint sur ses pas pour se rendre compte qu'il avait oublié de fermer la porte d'entrée, dans son empressement à vérifier que Christopher allait bien. Il la referma et la verrouilla par reflexe. Il avait besoin de tout fermer à double tour pour se sentir en sécurité.
Merci Doug.
Il espérait que les collègues d'Athena et le procureur arriveraient à monter un dossier solide contre son mari. Il voulait pouvoir vivre libre et construire son avenir, sans avoir peur que le passé ne revienne dans sa vie.
Il posa Daisy sur le sol alors qu'Eddie revenait vers lui, avec un Christopher gémissant dans les bras. Il le posa sur le canapé et Buck les rejoignit. Daisy grimpa à ses côtés, observant le garçon très pâle.
– Je vais chercher le seau, affirma Eddie.
– Alors, mon pote, souffla Buck. Qu'est-ce qui se passe ?
– J'ai mal au ventre Buck, ça fait vraiment trop mal, pleura-t-il.
– Je sais mon pote. Ça va passer. Tu crois que ça aiderait si je te faisais la soupe de poulet de Bobby ?
Christopher secoua la tête par la négative, peu désireux d'avaler quoi que ce soit dans son état.
– Tu es sûr ? Il me l'a apprise et il a dit que c'était une recette de famille. C'est très efficace les recettes de famille.
– Tu crois ? s'enquit-il d'une toute petite voix qui lui brisa le cœur.
– J'en suis sûr. Tu veux essayer ?
– D'accord.
– Ok, mon pote. Daisy va te faire des gros câlins et moi je vais aller te préparer ça.
Buck se leva et vérifia que sa chienne restait avec Christopher mais il n'était pas trop inquiet. Ils s'adoraient tous les deux. Il entra dans la cuisine et sourit à la facilité qu'il avait à trouver chaque chose, comme s'il était chez lui.
Tout avait été si vite entre Eddie et lui mais curieusement il n'en était pas effrayé.
Il découpa le poulet en tout petits dés et prépara le bouillon avec les légumes. Il entendit Eddie parler au téléphone et il revint vers lui en raccrochant.
– Tout va bien ? s'enquit-il alors qu'Eddie semblait soucieux. C'est Chris ?
– Il ira mieux demain, lui sourit-il. C'était Bobby. Il y a un énorme incendie et tout le monde est mobilisé.
– Ça doit être un sacré incendie, s'exclama Buck.
– Ouais, le vent s'est levé et ça se propage à toute vitesse. Ecoute, je sais qu'on avait prévu une soirée cinéma mais je dois vraiment y aller. Alors, je peux déposer Chris chez mon abuela et...
– Je peux rester avec lui si tu veux.
– Tu es sûr ? Quand il est malade, il se transforme en gremlins, tu sais ? Il vomit partout et c'est un vrai carnage. Je comprendrai que ça soit trop.
– Non, ça va, le rassura-t-il. Et puis, les enfants tombent malade tout le temps. Je ferai mieux de m'y faire.
– J'ai de la chance de t'avoir, sourit-il en l'embrassant tendrement. Qu'est-ce que tu fais ?
– La soupe de poulet de Bobby. Il a dit qu'elle était magique.
– Elle l'est, confirma Eddie. J'en mangerais même sans être malade. Mais tu sais, je doute que Chris avale quoi que ce soit.
– C'est juste au cas où. Dis-moi seulement quand je dois m'inquiéter.
– Je ne pense pas que ça soit très grave et tu sauras quand tu dois t'inquiéter. Fais-toi confiance. Moi, je te fais confiance pour prendre soin de Chris.
– Mais...
– Pas de « mais ». Buck, il n'y a personne sur cette planète en qui j'ai plus confiance pour prendre soin de mon fils que toi. Fie-toi à ton instinct, il est plutôt bon.
Buck colla ses lèvres sur les siennes.
Ça signifiait tellement pour lui. Eddie lui faisait confiance plus que jamais avec la personne la plus importante à ses yeux et Buck se sentait tellement bien à cette idée.
Enfin à sa place.
– Je vais chercher mon sac et ensuite je file, souffla Eddie.
– Ok.
– Tu fais comme chez toi.
– Ça veut dire que je peux dormir dans ton lit ? le taquina-t-il.
– Tu as intérêt à dormir dans NOTRE lit, lui rappela-t-il. Et quand tu seras prêt, tu seras le bienvenu dans NOTRE maison.
Buck fit de son mieux pour retenir ses larmes de joie.
Il ne se demanda pas s'il était prêt pour ça. Il voulait seulement rester avec Eddie pour toujours. Parce qu'Eddie l'aimait, il le voyait comme un être humain, il lui laissait sa liberté, ses choix et surtout il lui faisait confiance avec son fils.
C'était à ses yeux, la plus belle preuve d'amour qu'il pouvait lui donner.
Il embrassa sa tâche de naissance et disparu dans la chambre. Buck arrêta le feu et rempli un bol avec la soupe brûlante qu'il posa sur la table pour la laisser refroidir un peu.
Eddie réapparu avec son sac sur l'épaule et le rejoignit.
– Dernière chance, je peux encore appeler Abuela.
– Je crois que je vais y arriver, lui assura-t-il.
– Je n'en doute pas une seconde.
– Tu seras parti longtemps ?
– Je n'en sais rien. J'espère être de retour dans six à douze heures mais si le vent ne faiblit pas ça peut être plus long.
– D'accord, soit prudent.
– Toujours, sourit-il en le prenant dans ses bras. Quand tu auras passé ta certification, je t'emmènerai en week-end. Rien que nous deux.
– Ça me plairait, confirma Buck.
Ils s'embrassèrent tendrement et Eddie posa ses mains sur ses hanches pour maintenir son corps contre le sien. Sa main rencontra un objet incongru attaché au jean de son petit-ami et il se dégagea pour regarder ce que c'était.
Il s'agissait du porte clé superman de son fils.
– Où as-tu eu ça ? demanda-t-il les sourcils froncés.
– C'est Chris, il me l'a donné tout à l'heure. Il a dit que comme j'étais son héros, il voulait que je porte ce symbole.
Eddie eut un petit sourire.
– C'est exactement ce que je lui ai dit quand je le lui ai donné.
– Est-ce que ça va ? s'inquiéta soudain Buck. Je veux dire, je ne savais pas où il l'avait eu, mais je peux le lui rendre...
– Non, Buck c'est un cadeau, tu le gardes. Juste, tu dois savoir que...
– Papa, appela soudain Christopher de la pièce d'à côté.
Les deux hommes se précipitèrent au salon pour voir Christopher vomir dans le seau. Daisy se mit à gémir et Buck alla les rejoindre avec un verre d'eau.
– Tiens mon pote, lâcha-t-il en l'aidant à boire.
– Je dois vraiment y aller..., s'excusa Eddie.
– J'ai ça Eddie, le rassura Buck avec un sourire. Va travailler et reviens-nous vite.
– Je vous aime tous les deux.
– On t'aime aussi, lui assura Buck avant d'aider Christopher à se recoucher.
Eddie les regarda du pas de la porte avec un sourire amoureux aux lèvres.
Il voulait graver cette image dans sa tête pour le restant de ses jours. Il quitta la maison et verrouilla la porte derrière lui pour que Buck se sente en sécurité et rejoignit sa voiture.
Alors qu'il tournait la clé de contact, il sentit une terrible appréhension le saisir et jeta un œil à la maison. Il pouvait voir Buck dans le salon serrer son fils contre lui et il eut un sourire tendre.
Tout irait bien.
