Voici bientôt 3 ans ans que je n'ai pas repris cette fic et après de nombreuses tentatives, j'ai réalisé qu'il me serait impossible de le faire. Malheureusement, je n'y arrive pas. Néanmoins, j'avais plusieurs passages qui à eux-tous forment une fin relativement acceptable. Le problème c'est qu'il me faudrait relier tout cela et comme souvent, c'est là que le bât blesse. Sans compter un gros chapitre très complexe qui ne me dit rien mais là, vraiment rien du tout. Mais quand je délaisse une fic je ressens toujours une affreuse culpabilité envers les lectrices et lecteurs qui ont suivi l'histoire et se retrouvent laissé.es pour compte. Alors considérant que dans ce cas précis j'ai assez de matériel pour conclure l'histoire, je me suis dit que je pourrais improviser un genre de conclusion-maison en fabriquant des liens manquants entre les textes

Bien sûr ce n'est pas comme une vraie fin dans les règles de l'art mais au moins de cette façon, je pourrais offrir une conclusion plus satisfaisante qu'un « peut-être un jour je l'écrirai » infini.

Faisons donc ainsi. Je ne sais pas trop ce que ça va donner alors lançons-nous sans y penser.

Suite à l'installation de la clinique du Bas de la côte (où on propose les services de minables laveuses moldues), je prévoyais prendre les lectrices et lecteurs par surprise. Pour le chapitre 18 j'avais l'intention de changer de cap sans avertir pour creuser la relation entre Severus et Harry. Quelle aurait-elle pu être si Severus avait survécu à Nagini ? Une question mille fois répondue et une humble théorie parmi tant d'autres cela va sans dire. Mais pour changer j'avais pensé introduire l'affaire en passant par la chambre des secret, une astuce à laquelle personne ne s'attendrait.

Revenons donc dans le temps - disons il y a six ans, un an après que Liz ait quitté Sev sans laisser d'adresse- et imaginons une situation toute simple. Rogue est à son bureau de directeur et son regard se pose sur disons un symbole de serpentard (il y en a sûrement tout plein) ce qui lui fait penser au basilic et une idée en emmenant une autre, à la chambre des secrets.

En tant qu'irréductible serpentard c'est une salle qui a forcément une immense valeur à ses yeux. Néanmoins elle a été laissée pour compte après la mort du basilic et de ce qu'on en sait, personne n'y est entré depuis (en dehors de Ron et Hermione pour récupérer une dent). Il me semblerait logique que presque deux ans après la mort de Voldy la chambre soit toujours abandonnée. Tout le monde avait fort à faire pour remettre le monde sorcier en ordre mais en 2000 la chose est faite et il est bien sûr temps de s'intéresser à d'autres projets.


Chapitre 18

Severus revoyait la porte qui fermait la chambre des secrets et cela faisait monter en lui l'envie formidable d'ouvrir cette porte et de revoir la chambre de serpentard. Malheureusement, Albus s'était toujours fermement opposé à ce que quiconque y remette les pieds et d'ailleurs son portrait s'y opposait encore ; arguant que certaines choses doivent rester hors de portée de crainte que l'on en fasse mauvais usage.

Severus comprenait qu'il puisse voir les choses ainsi. L'histoire de Dumbledore et la sienne avaient assez de points en commun pour cela. Tous deux s'étaient laissés prendre dans les toiles malsaines de l'appétit de pouvoir et tous deux en avaient déboursé le prix fort. Les personnes qui leur étaient le plus chères l'avaient payé de leur vie.

Sur certains points, il était d'accord avec Albus. La dissolution des reliques était une bonne chose mais à son avis, il n'en allait pas de même avec la Chambre des secrets.

Car que restait-il de Salazar Serpentard en comparaison des autres fondateurs ?

Rowena Serdaigle avait laissé des inventions stupéfiantes comme la salle sur demande ou les escaliers mobiles dont s'enorgueillissaient les serdaigles. Tous les jours, les plats d'Helga Poufsouffle trônaient sur la table dans des assiettes d'or à l'effigie du blaireau et tout le monde se battait pour y goûter. Sans parler de Golderic Griffondor dont le chapeau décidait du destin de chaque élève et que dire de sa fichue épée ...

Mais pour la gloire de Salazar Serpentard ? Il n'y avait rien. Rien sinon des rumeurs assez peu flatteuses. Du moins, jusqu'à ce qu'on ait découvert la Chambre des secrets. Le seul et unique leg du fondateur à son école. Un leg troublant sans doute, mais mille ans plus tôt on ne faisait pas dans la dentelle et à l'époque, lâcher un basilic dans l'école avait pu sembler une idée pleine de bon sens.

D'ailleurs, laisser de jeunes élèves gravir de dangereux escaliers virevoltants, bourrer les enfants de sucre confit triple crème au petit déjeuner ou permettre à des trompes la mort sans cervelles sortir une épée tranchante d'un vieux chapeau ne valait guère mieux. Le moyen-âge était le moyen-âge et chaque époque avait son style. Salazar était simplement un sorcier de son temps. Qui pouvait l'en blâmer ?

Mais Severus qui avait longtemps réfléchi à ce problème, ne croyait pas que Salazar ait vraiment créé cette pièce pour débarrasser l'école des nés-moldus. Il l'avait créé pour une autre raison.

À preuve, la légende de la chambre des secrets avait trouvé sa conclusion et chacun devait concéder qu'elle était à l'exact opposé de tout ce qui était prévu.

L'héritier avait ouvert la chambre et en avait libéré l'indicible puissance mais ce qui devait être sa gloire avait été sa perte. La réalité, c'est que loin d'éliminer les nés-moldus, le Seigneur des ténèbres s'était éliminé lui-même.

L'héritier de Serpentard avait été détruit par son héritage. Il avait servi à ses ennemis comme sur un plateau, le seul venin qui pouvait venir à bout de sa malice.

Qui pouvait affirmer que Salazar n'avait pas prévu qu'il en serait ainsi ? Plus encore, qui pouvait garantir que le fondateur était bien l'anti-moldu tant décrié ?

Une chose de certaine, s'il l'était alors c'était un crétin. Un basilic tue tous ceux qui le regardent. Un tel monstre débarrasse l'école de tout ce qui bouge, incluant les précieux sangs purs. Même si l'héritier pouvait contrôler le basilic, il ne pouvait pas contrôler les habitants du château pour autant. À preuve, il avait fini par pétrifier chat et fantôme. Ce choix de créature était donc étonnamment inefficace.

À moins bien sûr que le basilic ait été placé là pour un tout autre objectif.

Il était très possible que, par exemple, une prophétie ait révélé à Salazar qu'un de ses descendants tenterait de détruire le monde. Dans un tel cas, un sorcier de cette époque aurait considéré qu'il devait tout faire pour l'en empêcher sous peine de perdre son honneur. Créer la chambre et sa légende n'aurait pas été trop cher payé pour se débarrasser d'un futur héritier déshonorant.

Cela pouvait sembler étonnant de prime abord mais des indices pouvaient appuyer cette idée. Par exemple, le départ de Serpentard. Il avait construit la chambre puis avait claqué la porte, abandonnant l'œuvre de sa vie pour une simple dispute.

Aux yeux de Severus c'était parfaitement illogique.

Ce sorcier était le premier et le plus grand des serpentards. Il était rusé, fier et ambitieux. Jamais il n'aurait accepté un tel échec et une telle injure. S'il avait cru à la pureté du sang au point d'abandonner son œuvre, il aurait fondé une école rivale et aurait tout fait pour détruire Poudlard.

En revanche si une prophétie avait annoncé l'avènement d'un descendant corrompu, cette machination se révélait un piège redoutable. L'héritier serait forcément alléché par la légende, il découvrirait la chambre, trouverait le basilic, déclencherait la malédiction et scellerait son destin. Peu importe à quel point il se rendrait invulnérable, il pourrait être détruit par le venin le plus puissant du monde. Évidemment, placer un pareil monstre au beau milieu de l'école et le laisser faire son lot de victimes pouvait sembler quelque peu barbare mais du point de vue du XIem siècle, ce n'était que des dommages collatéraux dans un plan tout ce qu'il y avait de solide.

Bien sûr, on ne saurait peut-être jamais avec certitude si c'était vraiment l'idée du maître serpentard. Ou même s'il y avait une prophétie à ce sujet. Par contre ce qu'on savait, c'était que lorsque l'héritier avait ouvert la chambre des secrets, il avait lui-même armé le piège qui l'avait anéanti. Ça, personne ne pouvait le nier.

Et pour Severus c'était là toutes les preuves nécessaires.

Aucun des fondateurs n'avaient fait autant pour l'école que Salazar qui mille ans plus tôt avait sacrifié sa carrière et son œuvre pour pouvoir la sauver quarante générations plus tard. Le monde sorcier devait savoir que sans son héritage, rien ni personne n'aurait été en mesure d'arrêter le Seigneur noir. Tous lui devaient la victoire et il était plus que temps de le rappeler.

C'est à ce moment que Severus comprit que s'il n'y avait qu'une seule chose à laquelle il voulait se consacrer en tant que directeur, c'était de redonner à Salazar la place qui lui revenait parmi les quatre.

Et même si selon le portrait de Dumbledore sa fascination pour le grand sorcier pouvait se comparer à la fascination qu'il avait eu jadis pour Voldemort, il n'avait plus aucun compte à lui rendre et ne ménagea donc aucun effort pour rendre à Salazar Serpentard la gloire qui lui revenait.


Voici donc notre Severus investi d'une mission mais n'entre pas dans la chambre des secrets qui veut. Évidemment il faut parler fourchelangue. Harry a perdu tout talent en cette matière et serait bien en peine de charmer une couleuvre, il ne reste donc qu'une seule personne ayant encore la clef, Ronald Weasley.

Je me suis un peu cassé la tête sur comment Rogue allait bien pouvoir joindre son ancien élève.

Un hibou ? Sans doute pas. Ron aurait considéré que répondre était une déplaisante corvée et dans un tel cas, Sev aurait attendu une réponse des années en vain sans compter qu'il est beaucoup plus facile d'intimider les gens en personne. Une visite ? Le problème c'est qu'à ce moment il n'habite plus nécessairement chez ses parents. Peut-être est-il en pension, en appartement, en chambre chez ses frères ou bien en ménage avec Hermione. Comme nous n'avons jamais entendu parler d'annuaire sorcier et qu'aucun Weasley capable de lui donner l'adresse n'étudie à Poudlard en 2000, débarquer en surprise chez le rouquin s'avère sans doute plus compliqué qu'on pourrait le penser.

Ce qui fait qu'il ne reste qu'un seul endroit au monde ou le redoutable directeur est certain de facilement pouvoir le coincer.


La porte de la boutique tinta et Georges qui était en train de trier de petites boîtes de bonbons sauteurs sur le comptoir, jeta un coup d'œil au sorcier qui entrait, le visage dissimulé par un capuchon. Facile de deviner dans quel coin ce petit monsieur venait fouiner.

- La section pour adulte est au fond, dit-il pour le simple plaisir d'embarrasser le client.

Rogue baissa sa cape. Il avait espéré que Ronald serait sur le plancher mais pas de chance, il devrait se coltiner le jumeau restant. Lequel était-ce d'ailleurs … Il ne se souvenait plus trop. Georges par contre le reconnu sans peine.

- Professeur Rogue ! s'écria-t-il comme s'il était enchanté de le revoir. J'aurais dû le savoir. En vous voyant arriver l'oreille m'a tintée. D'ailleurs si elle était encore là, je parie qu'elle rougirait de plaisir !

Severus savait parfaitement que Weasley était au courant qu'il s'agissait d'un regrettable incident aussi il ne lui adressa qu'un sourire caustique.

- Mais qu'est-ce qui nous vaut le plaisir cher professeur !

Le rouquin le regarda d'un air entendu.

- Sûrement pas les potions d'amour car le sorcier le plus SEEEXYYY d'Angleterre n'en a aucun besoin ! À moins que …, dit-il d'un ton plein de sous-entendus.

Au grand plaisir de Georges, l'expression du directeur s'assombrit à la mention du titre détesté.

- N'est-ce pas dommage que Fred ne soit plus des nôtres, dit-il l'air navré, car pour être honnête aucun événement n'a jamais eu autant de potentiel humoristique. Mais ne vous inquiétez pas, je vous rassure, je m'en donne à cœur joie en sa mémoire !

Rogue approuva.

- Chacun se remet comme il peut de la disparition de ses proches. Certains de façon plus simiesque que d'autres.

L'espace d'une seconde, une lueur étrange brilla dans l'œil du rouquin mais il retrouva aussitôt son air enjoué habituel.

- Cher professeur, je vois que vous n'avez aucun besoin de notre boîte à sarcasme ! Peut-être même pourriez-vous lui fermer le clapet ce qui ne serait pas un mince exploit ! Par contre connaissant votre indicible sociabilité, quelque chose me dit que vous ne pourrez pas résister à ceci !

Il se pencha sous le comptoir et d'un grand geste théâtral, en sortit un bout de tissus gris qui se déploya gracieusement dans les airs avant de se retomber avec légèreté sur le comptoir.

- La cape repousse-sorcier. Fonctionne comme les sortilèges repousse-moldus mais pour nos semblables. Remontez la cape sur votre tête et redevenez aussi insignifiant que vous l'étiez avant !

Rogue le dévisagea de son air le plus constipé mais le sourire du sorcier ne s'en élargit que d'avantage.

- Un item d'une rareté consternante, dit Georges mine de rien.

Pour Rogue, les jumeaux Weasley avaient toujours représenté l'essence même de ce qu'était Griffondor. Aucune retenue, aucune réflexion, impulsifs et trompe la mort. Le cauchemar de tout professeur de potion. De véritables dangers publics dans une classe bourrée de substances dangereuses qui exigeaient la plus grande prudence. Et il avait devant lui une nouvelle preuve qu'il n'y avait rien à espérer de pareils idiots. Sauf que malheureusement, cette cape il la voulait à tout prix. Il releva la tête, feignant l'indifférence.

- Combien ?

- Pour vous ? Le double.

Georges le dévisagea par en dessous.

- Mais dépêchez-vous car je soupçonne que si vous me laissez le temps de réfléchir à toutes les années que nous avons passé ensemble, ce sera le triple, dit-il avec un clin d'œil de connivence.

Rogue le dévisagea avec mépris.

- Toujours aussi insignifiant Weasley.

- En fait, encore d'avantage car maintenant je dois l'être pour deux, dit Georges l'air de se prendre au sérieux.

Le directeur approuva.

- C'est un succès incontestable.

- Bravo ! Cette bonne parole vous vaut une remise de 0,1 % professeur ! Si j'étais vous, je continuerais dans cette veine.

- Je la prends, dit Rogue de mauvaise grâce.

- Un excellent choix ! Ça vous fera donc 150 gallions.

- C'est 50 gallions, dit Rogue en regardant l'étiquette.

- C'est que vous m'avez laissé trop de temps pour réfléchir, dit Georges comme s'il n'y pouvait rien.

L'ancien mangemort lui jeta un regard si noir que le flamboyant sorcier faillit être réduit en poudre. Ceci étant, Georges sembla réaliser qu'il était allé trop loin.

- Oh ! Pardon, votre remise de 0,1%. Où avais-je la tête. Nous disons donc un tiers de noise de rabais ce qui fait, 149 gallions, 9 mornilles, 9 noises et deux tiers.

Rogue serra les mâchoires, aucunement amusé.

- Je peux vous la mettre de côté mais si vous payez comptant immédiatement, je vous ajoute une bouteille de notre plus …

Le rouquin lorgna du côté des crèmes déformantes pour le visage mais il fut brusquement interrompu.

- Georges ! coupa Angela qui s'approchait en catastrophe. Pourquoi tu n'irais pas voir un peu derrière ? Je n'arrive pas à trouver les boîtes à flemme.

Georges hésita un moment, réticent à abandonner la joute mais il dû battre en retraite devant le regard furieux d'Angela.

- Professeur, ce fut un fantastique déplaisir, salua-t-il en ignorant le soupir incrédule de sa compagne.

Angela le regarda s'éloigner comme pour s'assurer qu'il fichait bien le camp puis elle se tourna vers le directeur avec une expression d'excuse.

- Je suis désolée. Parfois il ne sait pas où s'arrêter, dit-elle. Vous faire ça à vous … Bien sûr, ce sera 50 gallions.

Severus reprit sa superbe.

- Je n'ai pas l'argent sur moi. Mettez-là de côté, j'enverrai quelqu'un la chercher.

- Oui, sans problème, répondit Angela un peu trop enthousiaste. Puis-je faire autre chose pour vous professeur ?

- J'aurais voulu parler à Ronald. Est-il présent ?

- Ron ? Heu … oui. Il est en bas. Je vais le chercher, si vous voulez bien attendre un instant.

Severus hocha la tête tandis qu'Angela s'en allait non sans lui avoir adressé le sourire niais typique des demoiselles qui en pinçait pour lui. Et voilà qui expliquait l'attitude puérile de cet idiot de Weastley. Un cocu parmi tant d'autres. Comme s'il aurait pu vouloir de cette fille …

Vraiment, la stupidité du commun était sans fond.


Et nous en resterons là pour cet épisode. Le fait est que je ne trouve pas Ron très inspirant. Sans doute aurait-il accepté de suivre son ancien professeur par lâcheté puis … À vrai dire, je n'arrive qu'à l'imaginer tout angoissé devant la porte de la chambre luisante de postillon, tentant de ssSSsssiffler et SSssssiflouner en vain avec un Rogue de plus en plus impatient à ses côtés. Néanmoins, on suppose qu'il aurait fini par y arriver puis se serait sans doute enfui comme un gnome de jardin libéré par un chat.

En pénétrant enfin dans la chambre, Severus se surprend à ressentir une profonde impression de révérence. Il en fait le tour – ce qui permet de rappeler la disposition de la chambre canon juste pour le plaisir - puis il se jure sur tout ce qu'il a de plus précieux au monde de faire de cet endroit un mausolée digne du grand sorcier.

Et c'est ainsi que se terminerait le chapitre 18.

Revenons maintenant à nos hippogriffes. Nous avions laissé Liz alors qu'elle venait d'ouvrir la clinique du Bas de la côte mais son travail de représentante implique bien d'autres aspects. Pour ce chapitre, je prévoyais esquisser le portrait de la Rue des Soupirs version 2006. On se souviendra peut-être que la rue est chapeautée par un comité qui s'occupe des trois tronçons principaux : le Centre, le Haut-pavé et le Petit village. Je m'étais dit qu'il pourrait être intéressant de remettre le comité sur le tapis mais comme je ne lui avait pas encore trouvé de rôle concret dans l'intrigue, nous lui dirons adieu ici.

Néanmoins, la table est mise pour les véritables patrons. Dans un premier temps, j'avais décidé d'introduire le « big boss » ou « la Haute » comme on dit dans le quartier. L'épisode est assez peu avancé mais il nous permettra de sauter de nouveau dans le présent et de revenir à l'histoire principale.


Chapitre 19

Liz ferma la porte du bureau du ministère et se retrouva sur la rue. Elle embrassa du regard ce qui était toujours l'un des plus beaux quartiers d'Angleterre. Même s'il était trop tôt pour qu'il y ait du monde, le Centre était enchanteur. Elle se souvenait de la première fois où elle y avait mis les pieds, de l'admiration qu'elle avait éprouvée. À l'époque, elle n'arrivait pas à croire qu'elle allait travailler au milieu de tant de grâce et de beauté. Puis la guerre était arrivée et ce petit bout de rue avait été le théâtre de tant d'horreur qu'elle n'était pas certaine de pouvoir autant l'aimer de nouveau.

Elle chassa ces affreux souvenirs et s'engagea sur l'avenue. Les quelques filles qui assuraient la matinée lui envoyèrent la main en lançant quelques blagues auxquelles elle répondit en les faisant rire. On en était encore à s'apprivoiser et les filles ne savaient pas trop encore quoi penser d'une femme représentante. À tout le moins, elles pouvaient dormir tranquille sur les passes gratuites. Liz n'en avait aucun besoin. C'était toujours ça de pris.

Elle bifurqua avant d'arriver sur le Haut-pavé pour enfiler dans une petite venelle discrète aux façades chics et tassées les unes sur les autres. Aujourd'hui, elle allait rencontrer le grand patron. … Du moins façon de parler puisqu'on ne pouvait pas vraiment dire ça comme ça. Pour parler de l'autorité suprême qu'on ne voyait jamais mais qui planait discrètement sur le quartier on disait « la Haute ».

La Haute ne s'occupait pas du travail du sexe - activité légale gérée par le comité - par contre elle dirigeait tout le reste. Potion stupéfiantes, importations louches, prêts à intérêt ; et comme le chaos c'était mauvais pour les affaires, elle veillait aussi à maintenir l'ordre. En bref, la Haute, était l'organe qui s'assurait que les rouages de la Rue des soupirs soient bien huilés et que les commerces illégaux y prospèrent.

Dans cette organisation, le représentant du ministère faisait office d'épine dans le pied. Il avait le pouvoir de fiche un sacré bordel dans cette délicate mécanique et c'est pourquoi dès son arrivée sur la rue, il recevait immanquablement la visite de la Haute. Lors de cet entretien, on lui expliquait ce qu'on attendait de lui : qu'il ne fasse rien du tout. Littéralement. Il devait comprendre qu'il n'était pas un membre utile de la communauté mais une sorte de parasite dont on ne pouvait pas vraiment se débarrasser. Par conséquent, on prenait le parti de le gaver de manière à ce qu'il soit content de son sort et qu'il ne lui vienne pas à l'idée de nuire à la bonne marche des affaires. Et s'il n'était pas d'accord, c'était à ses risques et périls.

… En fait il n'y avait pas vraiment de risques. Que du péril.

Liz pour sa part, connaissait déjà les règles alors elle avait décidé de procéder à sa manière. Bon, il est vrai que c'était un tout petit peu risqué de bousiller le rituel. L'accueil du représentant était rodé depuis des lustres. Un plouc de bonne famille débarquait sur la Rue sans savoir dans quoi il avait mis les pieds, c'était presque trop facile de l'intimider. Dans ce contexte, demander à rencontrer le patron plutôt que de l'attendre sagement au bureau, ça pouvait avoir l'air culotté.

Mais Liz était une fille du quartier alors elle avait droit à la considération qui revenait aux filles du quartier. Ceci étant, la base de la considération c'était de ne pas prendre la fille pour une cruche. Et comme se faire menacer par un sous-fifre qui lui balancerait un sermon dont elle connaissait d'avance tous les détails c'était se faire prendre pour une cruche, on allait procéder autrement.

Elle avait donc sollicité un rendez-vous à Qui de droit en passant par les loups et Qui de droit avait accepté. Et voilà. On était des adultes après tout. Mais malgré sa belle assurance, Liz n'en menait pas si large que ça. Elle était une fille du quartier oui, mais maintenant elle était aussi une fille du ministère. Elle était de retour chez les vilains mais habillée en conasse alors c'était beaucoup moins bon. Il allait encore falloir un sacré flair pour naviguer dans ce merdier.

Elle s'en était bien sortie quand elle était allée voir les Loups qui régnaient sur le Bas de la côte mais la Haute c'était une autre histoire. Pour les Loups elle n'était pas une menace mais pour la Haute, oui. Elle avait le pouvoir de leur nuire alors ils ne lui donneraient pas le bénéfice du doute si facilement. Elle soupira nerveusement. Bordel, elle aurait peut-être dû attendre que le deux de pique débarque pour son sermon finalement. Mais peu importe, il était trop tard pour revenir sur sa témérité. Elle prit une bonne respiration pour se calmer. Elle devait se faire confiance. Si elle avait senti que le mieux c'était de prendre l'initiative, c'était sûrement le mieux.


Malheureusement, la stratégie de Liz s'avérera assez peu judicieuse car dans les faits l'intrépidité ne paie pas toujours.

J'avais imaginé qu'elle entrerait dans un lieu qui, sans en jeter à tout va, serait de bon goût. Elle serait accueillie par Igor, le « big boss ». Un homme grand, mince et très élégant ; du type un peu dandy. Un hôte tout à fait charmant qui semble ravi de la voir. Ils discutent comme de vieux amis si bien que Liz ne doute pas qu'ils s'entendront à merveille jusqu'à ce qu'elle réalise qu'elle a déjà vu ce type quelque part. Soudain, ça lui revient. Au moment où le SAM (Les Sado-Masos et leurs Amis- les dépravés du monde sorcier) avaient pris d'assaut la Rue des Soupirs grâce aux mangemorts, Igor faisait partie des sous-fifres du SAM qui espéraient grimper les échelons.

Ce n'est pas la meilleure des références mais évidemment aujourd'hui ça ne veut peut-être plus rien dire. Après tant d'années, il peut très bien avoir changé. Qui plus est, il est tellement de bonne compagnie que Liz ne voit pas comment il pourrait être encore associé à ces salopards de pervers.

Lorsque la jeune femme aborde subtilement la question de sa contribution, Igor se montre des plus étonnés. Il ne voit pas pourquoi il arroserait un représentant qui est déjà de son côté. À preuve, c'est elle qui a voulu le rencontrer. N'est-elle pas une fille du quartier ?

Et voilà Liz bien attrapée. Même que c'est ce qui s'appelle s'en mordre les doigts. Pour sauver la face elle assure qu'elle ne pensait qu'en appeler à sa générosité pour une œuvre de charité et heureusement pour elle, Igor semble la croire. … Mais à tout prendre Liz ne pourrait pas le jurer. Aussi charmant soit-il, le sorcier est vraiment difficile à lire. En fait, elle n'arrive même pas à cibler ses préférences de clients. Étrange puisque qu'elle est extrêmement douée pour les deviner, même que c'est son seul talent de legilimen.

La rencontre terminée, Igor la reconduit jusqu'à l'entrée. Alors qu'ils se disent au revoir, on cogne et la porte s'ouvre sur une figure tout droit sortie d'un cauchemar: la Pustule. L'un des sorciers les plus retors et les plus crade qu'ait engendré le SAM. Celui-là, nul besoin de lui laisser le bénéfice du doute. Juste à voir ses petits yeux chassieux, non seulement il n'a pas changé mais il est aussi vicelard qu'il l'a toujours été.

L'affreux la reconnait et esquisse un petit sourire méchant à son endroit. À côté de lui se tient un petit garçon qui n'a pas l'air très rassuré mais Igor semble enchanté et remercie chaleureusement la Pustule de lui avoir ramené son neveu. Neveu ? Liz n'est pas dupe car elle perçoit une excitation bestiale au fond des yeux d'Igor. Cet homme adorable est en fait une saleté de pédophile. Et un pédo crado qui se fait livrer des mômes par les pires vautours des alentours ! Liz a un haut le cœur et s'empresse de déguerpir avant que la Pustule propose de lui faire un brin d'escorte et c'est de cette façon fort peu ragoûtante que se terminerait le chapitre 19.

Les événements du chapitre suivant se passent la même journée que la rencontre entre Liz et Igor. Pour continuer sur un rythme échevelé, question d'aller en crescendo, je me disais qu'il serait approprié de changer encore une fois de cap brusquement en introduisant Harry sans avertissement.

Le chapitre commence alors que ce dernier entre sur le terrain de Poudlard. Tandis qu'il s'approche du château avec émotion et nostalgie, nous apprenons qu'il y a quelques temps il a demandé à Rogue un entretien privé et qu'après un long silence, le directeur a finalement accepté de lui donner rendez-vous à Poudlard.

Lorsque Harry se présente dans le hall d'entrée, il est accueilli par le nouveau concierge (car on se souviendra que Russard travaille désormais dans la laverie du bas de la côte). Celui-ci le conduit devant la porte des toilettes où se trouve la lavabo qui cache l'entrée de la chambre des secrets.

Harry s'étonne de découvrir de magnifiques portes de bois à deux battants sur lesquels sont sertis des serpents d'ivoire entourés de runes gravées. Il entre et réalise que la pièce n'a plus rien d'une salle de bain. Les cabinets ont été retirés pour laisser toute la salle vide à l'exception du lavabo magique qui lui a été préservé. Cette disposition met en valeur les impressionnantes fresques en mosaïques de pierres semi-précieuses qui courent sur l'ensemble des murs. Certaines parties illustrent la vie de Salazar Serpentard, d'autres celles de ses ancêtres et d'autres encore, celles de ses descendants. Partout des serpents verts font office de frises et mettent en valeur l'opulent plancher de marbre émeraude qui donne à l'ensemble un accent de grave majesté. Harry doit se rendre à l'évidence. Les toilettes des filles se sont métamorphosées en œuvre d'art à la gloire de Serpentard.

- Harry !

Mimi Geignarde sort du plancher, enchantée de le revoir. Pour une fois, Harry n'est pas mécontent car Mimi est tout ce qui reste de familier dans cet endroit déconcertant.

- Tu as vu ce qu'ils ont fait de mes toilettes ? dit-elle d'un air catastrophé.

Mais elle n'a pas le temps de se lamenter plus longtemps car le concierge lui rappelle que le directeur a juré de l'expulser si elle revenait hanter le hall de Serpentard.

- Tu vois Harry ! Tu vois ce qu'ils me font !

Elle éclate en sanglots hystériques et par habitude, plonge dans des toilettes qui malheureusement n'existent plus. Harry est désolé pour Mimi mais il n'a pas le temps d'y songer davantage car le concierge se penche sur l'évier et susurre le mot de passe en faisant bien attention de ne pas être entendu.

Le robinet s'illumine en tournoyant et le lavabo bascule laissant voir l'entrée du tunnel.

Le concierge lui indique le tobogan et Harry s'y faufile avec une certaine appréhension hantée de mauvais souvenirs. Le tunnel n'est plus visqueux et bosselé comme autrefois. Il a été lissé la pierre semble aussi douce et glissante que du métal. Autre changement, une faible lueur verte qui rayonne des parois permet de voir où on se dirige. La glissade se met à ralentir si bien qu'en arrivant au bout, Harry n'a aucune difficulté à se relever. Devant lui, la grotte se trouve illuminée par d'innombrables torches serties dans de délicates armatures de fer forgé en forme de serpent. Si à l'époque tout lui avait semblé sombre, glauque et abandonné, il avait maintenant l'impression de suivre une voie royale menant à un lieu d'exception.

Lorsqu'il arrive devant la porte de la chambre ouverte, un désagréable frisson parcourt son échine. Il s'avance résigné et se retrouve dans une salle magnifique bien loin de la caverne glauque de son souvenir. Devant les parois de la caverne, de gracieuses arches vertes et or couraient comme un mur tout en laissant voir la pierre brute derrière. En quelques endroits, elles s'avançaient et s'agençaient de façon à créer de petites pièces d'où scintillaient des lumières d'or. De grandes colonnes avaient été montées au milieu de la pièce et derrière …


Chapitre 20

- Monsieur Potter.

Harry sursauta en se tournant vivement vers le sorcier qui s'avançait vers lui. Severus l'observait froidement. En s'approchant il songea que le jeune homme avait eu le bon goût de ne pas se pointer en uniforme d'auror mais qu'il avait enfilé un veston ; sans doute pour se donner de la prestance.

Le revoir après tant d'année ne lui faisait comme prévu aucun plaisir. Et à bon droit.

Après la guerre, Potter s'était fendu de différentes approches, tenant à tout prix à lui parler mais Severus n'avait pas accédé à ce souhait puisqu'il n'en voyait pas l'intérêt. Il savait parfaitement de quoi Potter voulait lui parler : de lui-même comme d'ordinaire. Mais cette fois avec une tournure plus pénible puisqu'évidemment, il croyait qu'avoir vu ses souvenirs changeait tout.

Sauf que « l'élu » ne pouvait pas se tromper davantage.

Il était prévu qu'il lui DISE ce qu'il avait à savoir. Évidemment, il devait lui parler de Lily pour le convaincre. Lui PARLER. De Lily. Qu'elle était son amie, qu'il était responsable de sa mort, qu'elle était la raison de sa loyauté, tout ça, d'accord. Mais qu'il l'aimait ? Qu'elle était tout pour lui ? Ça jamais.

Mais la situation l'avait forcé à révéler bien plus que ce qu'il ne voulait pas dire. Il était mourant, c'était fini pour lui mais Potter devait savoir. Alors il avait fait la seule chose encore possible. Lui donner accès à tout pour le convaincre. Il n'avait même pas eu la force de trier. Il lui avait simplement tout donné ce qui pouvait faire sens. Il avait dévoilé ses pensées les plus intimes à l'une des personnes qu'il détestait le plus au monde. Mais cela n'avait aucune importance. Il ne vivrait pas pour le regarder à nouveau.

Sauf que malheureusement, il avait survécu.

Ça le rendait fou. Savoir que Potter connaissait tout de son histoire la plus intime le rendait malade. En quelque part, il se sentait violé. Et même si ce n'était pas la faute du gamin, ça ne changeait rien.

Il ne doutait pas une seconde qu'avoir pu déballer tous ses secrets l'avait fait changer d'avis à son endroit mais il semblait avoir le plus grand mal à saisir que pour lui, Severus Rogue, rien n'avait changé. Rien du tout. Tout ça, il l'avait toujours su. « L'élu » avait peut-être eu une épiphanie mais lui, il s'était simplement sacrifié une fois de plus à son bénéfice. Le pire des sacrifices. Son intimité la plus privée. À la limite, peut-être aurait-il pu passer par-dessus mais pire que tout, il avait fallu que cet idiot aille déballer ses souvenirs sur la place publique et en informe tout l'univers sorcier ! Ça, il ne lui pardonnerait jamais.

Peut-être croyait-il que parce qu'il était celui qui l'avait envoyé se faire tuer, ils avaient une connexion spéciale ? Et bien le fait était qu'il n'y avait aucune connexion. Pas la moindre. C'était Dumbledore qui l'avait envoyé à la mort. Lui, il s'en lavait les mains et moins il le voyait mieux il se portait.

Il s'arrêta devant le jeune homme qui lui adressa un sourire crispé.

- Professeur, dit-il.

Rogue regarda la caverne.

- Vous reconnaissez cette pièce j'imagine. Bien qu'elle ait été quelque peu améliorée.

- Heu … oui. C'est … différent, dit Harry en jetant un œil rapide autour de lui.

Rogue leva le nez comme s'il admirait des peintures au musée.

- C'est le travail de Youri Tchekovki. Un maître sculpteur que j'ai moi-même sélectionné. Il a fallu plusieurs années pour le convaincre mais comme vous voyez … magnifique n'est-ce pas.

Au-dessus des arches, des serpents ondulaient sur les murs la gueule ouverte comme prêt à morde.

- C'est très …

- Oui. « très » sans aucun doute, dit Rogue avec un rictus hautain.

- C'est plus … Plus habillé comme ça.

- « Habillé » … En fait tout ce travail est amovible et le revêtement original n'a pas été touché. Par respect pour la chambre originale évidemment.

- Évidemment, approuva Harry qui en frais de respect, ressentait surtout l'envie de se trouver ailleurs.

- Ah. Mais j'ai ici quelque chose qui devrait vous intéresser davantage. Juste là, derrière cette arche.

Harry le suivit de mauvaise grâce, parfaitement conscient qu'il l'avait fait venir dans la chambre de Serpentard magnifiée justement parce qu'il détesterait se trouver là.

Et il avait parfaitement raison. C'était même l'unique raison pour laquelle Rogue avait accepté de le recevoir. D'ailleurs l'air ennuyé du jeune homme inspirait à son ancien professeur ce qui avait tout l'air d'une parfaite satisfaction.

À l'intérieur d'arches assemblées qui formaient une petite pièce, se trouvait un opulent piédestal gravé de rune d'argent et serti d'émeraude surmonté d'une élégante cloche de verre. À l'intérieur, des serpents de platine lovés sur eux-mêmes servaient de présentoir à trois gros morceaux de coquilles noires couverts de mousse.

- Un œuf cassé, fini par dire Harry.

- L'œuf du basilic, souligna Rogue. Il était derrière la statue. Nous avons pu déterminer qu'il avait éclot aux tout premiers temps de Poudlard. Il avait donc près de mille ans lorsque vous l'avez affronté. Fascinant n'est-ce pas, dit le sorcier.

Harry hocha la tête, extrêmement peu intéressé par tous ces détails.

- Professeur, je suis venu pour …

- Mais vous n'avez pas vu le plus beau Potter. Permettez …

Il dépassa l'auror et n'ayant guère d'autre choix, Harry lui emboîta le pas à contre-cœur. Il passa derrière les colonnes et Harry sursauta avec horreur. La dépouille de l'immense basilic était suspendue dans les airs et le regardait la gueule grande ouverte comme s'il allait le dévorer.

- C'est le travail de la grande taxidermiste Yasmin Isdal. Elle est venue d'Iran exprès pour redonner vie à cet animal de légende. Qu'en dites-vous ? Après tout vous êtes le seul à l'avoir vu vivant.

Harry tourna la tête, mal à l'aise.

- C'est … très bien fait, dit-il en faisant de son mieux pour ne pas trop regarder le serpent qui hantait encore ses cauchemars.

- Oui, cela nous permet de souligner votre apport. Vous serez évidemment ravi d'apprendre que les élèves sont très impressionnés par votre exploit. Tuer un basilic à douze ans …

- En fait c'est Fumsek, le phoenix de Dumbledore qui …

- N'ayez aucune crainte monsieur Potter, je me fais toujours un devoir de souligner que sans lui vous auriez été transformé en pâté, dit Rogue aimablement.

- Pétrifié, le corrigea Harry. J'aurais été pétrifié.

- Qui peut dire ce qui serait resté de vous à la suite de tant d'imprudence, dit le sorcier d'un ton léger. Mais par pure chance, vous êtes parvenu à tuer le basilic ce qui a permis d'avoir accès au venin et ainsi d'accomplir la malédiction de Serpentard.

- La malédiction de Serpentard .. Ah oui c'est vrai ... J'ai lu cette théorie dans un article de la Gazette, dit Harry pour lui prouver qu'il suivait.

- Ce n'est pas une théorie. C'est une certitude, dit Rogue tranchant.

Harry ne répondit pas mais à son avis, c'était du délire. Serpentard aurait sauvé l'école de Voldemort en toute connaissance de cause mille ans plus tôt ? Ridicule. Mais si Rogue voulait à tout prix glorifier ce psychopathe, chacun ses loisirs.

- Nous avons aussi restauré la statue de Serpentard, continua Rogue en se détournant pour l'entraîner au fond de la salle.

Mais Harry en avait assez.

- Monsieur, je suis venu parce que …

Rogue se tourna brusquement vers lui.

- Très bien, puisque la chambre légendaire où vous avez vaincu un basilic, affronté votre premier horcruxe et sauvé celle qui est devenue votre épouse n'est pas digne de votre intérêt, venons-en à la seule chose qui vous importe, la raison de votre visite, dit Severus avec un sourire fat.

- Ce n'est pas ça ! C'est seulement que … que je n'ai pas de très bon souvenir de cette pièce. Vous pouvez sûrement comprendre.

- Pourquoi vouliez-vous me voir monsieur Potter ? demanda Severus nullement intéressé par ses explications.

Harry était venu avec les meilleures intentions mais le sorcier faisait tout pour le faire sortir de ses gonds. À vrai dire, il avait envie de tout planter là. Juste à voir la tête de Rogue, cela ne servirait sûrement à rien.

Mais il devait au moins, essayer… Parce que c'est ce que sa mère aurait voulu. Il lui adressa une pensée qu'elle lui donne au moins la force de ne pas sortir sa baguette.

- Je suis venu parce que moi et Ginny voudrions vous demander d'être le parrain de notre enfant monsieur, dit-il pressé d'en finir.

Le regard de Rogue se durcit. C'était donc ça le nouveau plan de Potter. Le forcer à l'aimer en lui balançant son marmot dans les bras.

- C'est très touchant monsieur Potter, dit-il avec un rictus. Y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous me proposez ce poste prestigieux ?

Évidemment, ce serait « pour-le-remercier-de-tout-ce-qu'il-avait-fait-pour-lui » et incidemment, réussir à lui imposer son indésirable présence.

- Oui professeur.

- Vraiment ?

- Je vous l'aurais proposé plus tôt mais nous avons eu deux garçons. C'est notre première fille.

Rogue dévisagea son ancien élève comme s'il était encore plus idiot qu'il ne l'avait cru.

- Je crains de ne pas voir de logique à cette intéressante explication, dit-il cynique.

- Une fille aura moins de chances de ressembler à mon père, dit Harry comme si c'était l'évidence.

Rogue eut un rictus narquois.

- Une attention très touchante de votre part.

- J'imagine que vous ne lui pardonneriez pas plus qu'à moi de ressembler à James.

Rogue plissa les yeux d'un air mauvais.

- Dans ce cas, j'avoue qu'il me semble étonnant que vous fassiez courir un tel risque à votre enfant monsieur Potter.

- Elle ne lui ressemble pas du tout, assura Harry.

- Et pourtant qui sait ? Peut-être que « l'élu » est autorisé à se croire au-dessus des humbles mortels mais puis-je suggérer que vous ne risquiez pas l'avenir de votre enfant pour autant.

- Je ne crois pas qu'elle coure plus de risque avec vous que j'en ai couru moi-même.

- Votre sentimentalité fausse votre jugement, comme toujours.

- Je sais très bien que vous ne lui ferez aucun mal, dit Harry sèchement.

- Vous vous abusez. Être un boulet indésirable aux yeux de ses proches n'a rien d'exaltant Potter. J'aurais pourtant cru que c'était une leçon que vous aviez apprise.

- C'est vous qui vous abusez ! dit Harry qui en avait plus qu'assez de ses sous-entendus.

Rogue releva la tête, tout à fait impressionné.

- Édifiant. Je tente d'épargner à votre fille un déplorable rejet et je suis celui qui s'abuse ? Comme d'habitude, votre manque de jugement défi l'imagination.

- Ça n'a rien d'un manque de jugement ! C'est une décision mûrement réfléchie.

Rogue ricana avec mépris.

- Permettez-moi de douter de vos réflexions mûrement réfléchies. J'ai déjà pu en juger.

- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

Devant l'air ravi du directeur Harry regretta immédiatement sa question.

- Voyons … il y a tant de situation navrante que j'ai l'embarras du choix mais l'une des plus exemplaire reste sans aucun doute votre étonnant choix de carrière. Vous aviez un don certain pour l'enseignement, lorsqu'on a réussi à apprendre quelque chose à Londubat c'est indiscutable.

- Neville est tout à fait …

- POURTANT, le coupa Rogue, vous avez préféré suivre les conseils de Barty Croupton Junior, un fidèle mangemort qui vous a dupé et livré à son maitre comme un vulgaire jambon. Vous êtes devenu auror et tout ça pour quoi ? Pour combattre les forces ténèbres qui ont gâché votre vie justement parce que vous avez été obligé de les combattre. Vous vous complaisez dans vos tourments au point d'avoir choisi un métier qui garantit que vous y resterez, dit Rogue.

- Je ne …, dit Harry stupéfait par la hargne du sorcier.

- C'est EXACTEMENT ce que vous avez fait Potter et qu'y avez-vous gagné ? Ou seulement accompli ? Rien de comparable à ce que vous auriez pu accomplir ici … Remarquez ce n'est pas que je me plaigne de ne pas vous avoir à Poudlard, loin de là. Simplement je tenais à illustrer à quel point vous manquez de jugement car c'est particulièrement flagrant en ce moment.

- Vous vous trompez ! Vous croyez que …

Harry souffla brusquement comme pour s'empêcher de dire une bêtise.

- Qu'est-ce que je crois Potter ? demanda-t-il comme s'il parlait à un déficient.

L'auror le foudroya du regard.

- Depuis toutes ces années vous croyez que je veux me rapprocher de vous mais je ne suis pas stupide monsieur. Je sais très bien que vous me détestez. Je crois même que vous me détestez encore plus qu'avant si la chose est possible !

Loin de le détromper, Rogue le dévisagea imperturbable.

- J'aurais vraiment aimé que les choses changent mais ce n'est pas possible. C'est votre choix et il serait temps que vous compreniez que je le respecte !

Rogue sourit avec dédain.

- Et c'est évidemment ce respect pour mon « choix » qui vous a inspiré ce parrainage.

- Je ne vous propose pas d'être le parrain de mon enfant, dit Harry furieux. Je vous propose d'être le parrain de la petite-fille de Lily Evans ! Je ne vous parle pas d'avoir un lien avec moi je vous parle d'avoir un lien avec elle !

Severus resta interdit un instant.

- Et pourquoi feriez-vous une telle chose Potter ?

- Parce que c'est ce que ma mère aurait voulu, dit-il en serrant les dents.

Le directeur le regarda méfiant.

- C'est pour cette raison. Uniquement, insista Harry.

Rogue pinça les lèvres. Il devait en convenir. C'était le genre de proposition dégoulinante de bons sentiments que Lily aurait adoré.

Ils se dévisagèrent un long moment puis Harry excédé hocha la tête en soupirant. Bon sang … Est-ce qu'il allait vraiment insister pour faire entrer ce détraqué dans la famille ? Il ne voulait pas être parrain ? Tant mieux ! Il faillit se retourner sans autre commentaire puis il se souvint.

- Ginny a insisté pour que vous ayez …, grogna-t-il.

Il fouilla dans sa poche de veston et sortit une photo qu'il lui tendit.

- Elle s'appelle Lily.

Rogue ne fit pas un geste et la photo demeura immobile entre eux.

- Elle est rousse comme sa grand-mère, insista Harry.

Silencieux comme la mort, Rogue l'observait sans manifester la moindre intention de prendre le carré d'argentique.

À bout, Harry le dévisagea fixement.

- Vous ne voudriez tout de même pas insulter la mémoire de ma mère ?

Rogue daigna enfin lever la main et prit la photo du bout des doigts comme si elle pouvait le contaminer. Harry éprouva aussitôt une furieuse envie d'en finir.

- Vous ferez connaître votre décision à Ginny. Je ne crois pas que vous ayez de problème avec elle ; au-delà qu'elle soit mariée avec moi évidemment.

Il se retourna en lui adressant un dernier regard.

- Et dans le cas peu probable où vous voudriez voir Lily, soyez certain que je m'arrangerai pour être absent.

Rogue le regarda sortir d'un air sombre.

Lui demander d'être le parrain de sa fille … et quoi encore ? Il avait certes hérité du penchant mélodramatique de sa mère mais ce qui était adorable chez Lily devenait pathétique lorsqu'on était un Potter arrogant. Qu'espérait-il ? Qu'il se pointe aux anniversaires avec des cadeaux plein les bras ?

Il retourna la photo et l'air sévère il dévisagea le bébé qui le regardait en gazouillant. Elle avait une tête de Weasley. Il jeta le portrait aux pieds de la statue et le pointa de sa baguette.

Mais un étrange pressentiment le retint de vaporiser la fillette. Peut-être parce qu'il réalisa que la photo se trouvait exactement là où s'était trouvé Ginny à onze ans, presque morte des bons soins de Jedusor. Lorsqu'il avait inspecté les lieux avec Albus, on voyait encore sa silhouette dans la poussière. C'était à cet endroit précis que le piège de Serpentard s'était refermé, anéantissant son héritier. Et en quelque sorte, marquant de son sceau le couple qui avait donné naissance à la petite fille de Lily.

Avec une certaine émotion, Severus réalisa que la descendance de sa bien-aimée était liée à cette chambre. Particulièrement cette petite fille, qui venait de lui être offerte comme filleule précisément dans cette pièce.

Severus baissa sa baguette. Il lui semblait que les choses venaient de se parer d'une toute autre signification. Cette enfant fermait la boucle. C'était la conclusion de la longue saga de Salazar Serpentard. Et il fallait bien avouer que s'il devenait le parrain de la fillette, il en serait lui le mot de la fin.

Il se pencha et ramassa la photo qu'il regarda à nouveau avec suspicion. Non. Elle ne ressemblait pas aux Potter. C'était une Weasley. À moins qu'elle ne devienne aussi idiote que les jumeaux ou aussi lâche que son oncle Ron, elle aurait sans doute évité le pire question hérédité.

La petite fille de Lily … Il fut prit d'une émotion soudaine mais nia aussitôt qu'il éprouvât quoi que ce soit. Il glissa néanmoins la photo dans sa poche et tout en essayant de se convaincre que tout cela le laissait parfaitement indifférent, il ferma la chambre et regagna son bureau où il fut bien en peine de travailler.

La seule chose dont il avait envie c'était de retrouver celle qui, il le savait, était à lui et l'avait toujours été.

Restait à l'en informer.


Au chapitre suivant, nous nous retrouvons un petit moment plus tard pour assister à la suite de la journée de Liz. Celle-ci est retourné à son bureau de représentante et tandis que Maria est sortie faire une course, elle médite sombrement sa rencontre avec Igor, l'abominable pédophile.


Chapitre 21

Sans avertissement, les doubles portes de bois de la pièce s'ouvrirent à la volée et cognèrent avec force contre les bibliothèques. Liz sursauta si vivement que son thé partit en vrille en arrosant le bureau. Telle une succube de cabaret faisant son entré en scène, une femme entra les bras levés à la façon d'une superstar, aussi à l'aise que si un public transit l'attendait impatiemment.

Elle s'avança dans le bureau en se déhanchant excessivement et à son grand déplaisir, Liz vit que la Pustule entrait à sa suite. La femme était pratiquement nue en dehors des pastilles de fer à pointe qui couvrait le bout de ses énormes seins magiques et d'une ceinture faite de lanières de fouets qui ne cachaient pas grand-chose du reste. D'affreux souliers plateformes à talon aiguille complétaient le tout. Ses cheveux étaient colorés d'un rouge lubrique et agrémentés de deux cornes dorées qui s'enroulaient sur les côtés à la façon des boucs.

Même pour la Rue des soupirs, cet accoutrement était de la dernière indécence.

La femme aux lèvres barbouillées d'un noir luisant lui sourit tout en sortant une langue provocante. La vulgarité lui sortait par tous les pores de la peau. Le doute n'était plus permis, le SAM s'était décidé à venir dire bonjour et un frisson de dégoût monta le long du dos de la pauvre représentante.

- Alors c'est vrai, dit la femme cornue qui visiblement se sentait comme chez-elle. Notre petite Perle est devenue représentante. Sacrée remontée pour une vielle peau telle que toi.

Cette voix lui disait quelque chose. Quelque chose qui ressemblait à un mauvais souvenir.

- Iris …, dit Liz en la reconnaissant enfin. Pour une mauvaise surprise …

La sorcière éclata d'un rire nasillard tandis que la Pustulle qui la suivait comme son ombre, ricanait pour l'accompagner.

- On ne m'appelle plus comme ça depuis que je dirige le SAM, dit-elle en s'assoyant dans un fauteuil. Maintenant c'est Azazel.

Liz eut une moue de dégout.

- Excuse-moi mais pour s'asseoir dans mes fauteuils, il faut au moins porter une culotte, dit-elle peu aimable.

- TES fauteuils ? dit la sorcière narquoise. À peine débarquée et la voilà déjà qui s'imagine qu'elle va pouvoir rester.

Liz la dévisagea fixement. Difficile de ne pas saisir la menace.

L'intruse leva les jambes, les écarta largement et posa ses bottes sur le rebord du bureau. Liz avait maintenant un point de vue exceptionnel qui confirmait hors de tout doute qu'Iris ne portait pas l'ombre d'un sous-vêtement.

- Charmant, dit-elle avec un regard indifférent. Qu'est-ce que tu as l'intention de faire ? Accoucher ?

- Maintenant que tu le dis …

Azazel se mordit la lèvre avec un gémissement et sortant de sa vulve, apparut une petite bulle bleue semblable à une bulle de savon opaque. La bulle grossit alors qu'Iris faisait des mines et sortait la langue. Lorsque la bulle eut atteint la taille d'un cognard, elle explosa, arrosant le fauteuil et le bureau de gouttelettes répugnantes.

- Hou … ça fait du bien, susurra-t-elle.

Pour ça pas de doute, Iris et le SAM, c'était un duo gagnant. Deux atrocités pour le prix d'une.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda Liz en faisant un gros effort pour garder son calme.

- Mais rien. Je passais dire bonjour. Voir comment tu vas, dit-elle d'une petite voix mielleuse tandis qu'une nouvelle bulle –jaune cette fois- lui sortait de l'entrecuisse.

Si elle s'était écoutée Liz aurait fait exploser cette grognasse, malheureusement ce n'était pas très stratégique. Elle venait d'arriver, n'avait pas un seul pion sur l'échiquier, ne savait pas où étaient placées les autres pièces et qui jouait avec qui. Elle n'était pas en position d'en imposer à qui que ce soit et cette grosse salope le savait parfaitement. La bulle éclata et d'ignobles éclaboussures jaunes se mêlèrent aux bleues, arrosant le fauteuil, le devant du bureau et les jambes écartées de la sorcière. Elle lui renvoya un sourire complice tandis qu'une bulle verte lui grossissait à nouveau entre les lèvres.

Sans blague, Liz en avait vu de toutes les couleurs mais ça c'était sérieusement énervant. Elle jeta un coup d'œil à la Pustule qui se décrottait le nez derrière le fauteuil. Il retira une boule moelleuse de son naseau, la tint bien en évidence et l'essuya sur le dossier en s'assurant qu'elle l'avait bien vu.

- Bon et bien maintenant que tu m'as dit bonjour, je ne te retiens pas.

- Ah, mais j'y pense ! s'écria Azazel ce qui fit éclater la bulle verte. Ton versement …

Elle claqua des doigts et la Pustule sortit une enveloppe fripée de sa poche qu'il lui tendit.

- Laisse-là sur le bureau.

- Tu ne regardes pas ce qu'elle contient ? demanda la reine du SAM tandis qu'une affreuse bulle rouge gonflait entre ses cuisses dégoulinantes.

- Non, dit Liz qui n'avait pas la moindre envie de toucher à ce truc.

- Je t'épargne la surprise. Il n'y a rien du tout, dit-elle l'air coquin.

Liz l'observa en silence un moment.

- Et bien on dirait que c'est toi qui n'as pas l'intention de rester, dit Liz qui n'avait aucune envie de jouer à ses petits jeux de merde.

Pliks, la bulle rouge explosa tandis qu'Azazel souriait.

- Je me disais qu'entre vieilles collègues, on avait dépassé le stade des pots de vin.

Liz lui sourit froidement. Ce n'était pas une question d'argent mais une question de respect. Ce qu'Azazel était en train de lui dire c'est qu'elle n'avait pas de pouvoir et ne représentait donc aucun danger pour le SAM. Un client qui n'offrait qu'une noise pour vos services vous faisait le même type d'injure ; il vous montrait que vous ne valiez rien.

- C'est à toi de voir, dit Liz indifférente. Si tu tiens à attirer mon attention dès le départ c'est ton affaire mais je t'avoue que ça m'étonne. Je t'aurais tout de même cru plus maligne.

- J'ai bien peur que ce soit toi qui manques cruellement de cervelle, soupira Azazel en se levant.

Elle l'observa d'un air narquois tandis que des coulisses multicolores gouttaient le long de ses jambes puis de ses bottes jusque par terre.

- J'ai l'impression que tu en as manqué un sacré bout depuis le temps. Les choses ont beaucoup changé ici. Si tu as l'intention de survivre …, elle se pencha vers elle comme pour lui dire un secret, ce serait dans ton intérêt te mettre à jour.

Elle lui fit un clin d'œil aguicheur et se retourna vivement. Elle s'en fut jusqu'à la porte qu'elle ouvrit d'une grande poussée, suivie par la Pustule qui lui jeta un dernier regard l'air de se foutre de sa gueule.

Liz regarda son joli fauteuil barbouillé de couleurs dégoûtantes. Avec un haut le cœur, elle fit disparaître les immondices de quelques coups de baguettes en se demandant s'il ne vaudrait pas mieux le jeter. Puis elle haussa les épaules. Ce fauteuil avait sûrement dû en voir des pire que ça depuis qu'il était là.

- Je rêve ou c'était Iris cette folle ?

Maria avait ouvert la porte et la regardait incrédule.

- Ouaip. C'était Iris, dit Liz d'un ton découragé. Mais maintenant c'est Azazel.

- On va être forcées de l'avoir ici ?! demanda Maria catastrophée.

Visiblement, elle aussi se souvenait parfaitement bien d'Iris.

- Je ne sais pas, soupira Liz.

En fait cette cinglée avait raison, il lui manquait beaucoup trop d'informations. Elle avait passé les deux dernières années sur la Rue des Soupirs mais quand on était en Bas de la côte ce qui se passait en haut, c'était le dernier de vos soucis. Tant que la came débarquait, le pourquoi du comment n'avait que peu d'intérêt.

Elle se laissa tomber dans le sofa devant le foyer et regarda les flammes tournoyer d'un air absent.

Bordel … Qu'est-ce qu'elle allait faire ? Elle pouvait bien se vanter de connaître la rue et savoir comment s'y prendre, avec cette détraquée sur le trône les dés étaient salement pipés. Azazel était retorse et beaucoup trop maligne. Une vraie salope de première. Elle avait tissé sa toile depuis des années, avait des espions et des obligés partout. Impossible de faire quoi que ce soit sans se ramasser cette détraquée dans les pattes … Il fallait voir les choses en face. Pour ce qui était de s'occuper du SAM, c'était mal barré. Et d'autant plus avec ce salopard d'Igor qui non seulement avait déjà fait partie du SAM mais qui profitait allègrement de leur service de livraison de gamins.

Comment ces dégénérés pouvaient être encore là après tout ce qu'ils avaient fait ?

Sans doute que quand les mangemorts s'étaient fait jeter, le SAM avait réussi à conserver quelques têtes dirigeantes en place. On ne monte pas un recel de potions stupéfiantes en deux coup de cuillère à pot. Ils avaient dû réussir à fournir de la came dans les mois creux puis quand les choses s'étaient tassées, ils avaient simplement continué. Mais peu importe comment, le fait était que ces putains de pervers détraqués infectaient encore sa rue.

- Li Heu … Madame Rosenberg, dit Maria en entrouvant la porte. Monsieur Severus Rogue vient d'arriver il demande à vous voir.

Pas de doute c'était sa journée.

- Bon, fais-le entrer.

Severus passa les portes mais Liz ne se leva pas pour l'accueillir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle.

- Il faut que je te parle.

Liz soupira en s'enfonçant dans le sofa.

- Bon, assied-toi, dit-elle en montrant le fauteuil près d'elle.

Il resta un moment immobile comme une pierre puis finalement, il se résigna à s'asseoir dans le petit fauteuil. Liz attendit mais il restait silencieux comme s'il ne pouvait pas se résigner à parler. Finalement elle n'y tint plus.

- Sev … qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle avec une pointe d'impatience.

Il la regarda avec gravité.

- Je t'aime, dit-il sombrement.

Liz le dévisagea incrédule. Putain de merde … manquait plus que ça. Désarçonnée, elle prit quelques secondes pour se remettre puis elle sourit d'un air compréhensif.

- Severus … regarde, voilà ce qu'on va faire. La rue est pleine de minettes, choisis qui tu veux, c'est moi qui paye. Ça ira beaucoup mieux après, crois-moi. Maintenant, si tu veux bien …, dit-elle en désignant la porte.

- C'est la vérité, dit-il avec fermeté.

Elle le regarda comme s'il délirait sérieusement.

- Non mais attend le truc, c'est que j'ai vu – VU!- ce qu'il y avait dans ta tête. Tu t'en souviens sûrement.

Il approuva, nullement décontenancé.

- Bien. Alors maintenant que je sais à quel point tu te fous de ma gueule, tu ne t'imagines quand même pas que je vais croire que tu « m'aimes » ?

- C'est pourtant le cas, assura-t-il sérieux comme un pape. Ce que tu as vu, ça ne veut rien dire. À ce moment-là, je n'avais pas réalisé.

Sans blague … Il ne se sentait même pas honteux pour deux noises. Il la regardait sans ciller, la conscience tranquille. La vivante incarnation du bon sens.

- Non mais qu'est-ce que tu as pris avant de venir ici ?

Severus soupira. Il avait redouté que les choses se passent de cette façon. Il ne savait pas parler avec son cœur. Il ne savait que feindre pour piéger ses proies mais cette fois, il ne voulait pas faire semblant. Par conséquent, c'était ça ou rien.

- Je m'en suis rendu compte après. En arrivant chez-moi, expliqua-t-il. Ça m'a …

Il hésita une seconde.

- Laisse-moi deviner. Tu t'es saoulé comme plâtre et soudain boum ! L'épiphanie.

Il la regarda gravement.

- Non. Je t'aimais déjà avant.

- Ouais je suis au courant mais ça a foiré comme tu sais, dit-elle aimablement.

- Non. Depuis bien plus longtemps.

- Quoi ? À la Lanterne magique ?

Il approuva d'un signe de tête.

- Pffft. Me baratine pas d'accord !? Quand tu me payais pour tes séances, tu me regardais de haut comme ça ! N'essaie pas de me faire croire que tu m'aimais !

Il baissa les yeux et resta pensif comme s'il hésitait.

- Il y eu … une séance.

- Quelle séance ?

- La dernière.

Elle ricana moqueuse.

- Tu veux rire ? Je crois que c'est la séance plus emmerdante qu'on ait jamais eu !

- C'est un faux souvenir. J'ai effacé ta mémoire.

- Quoi ?

- Tu as accepté de boire du polynectar et tu as pris l'apparence de Lily. Quand elle avait dix ans.

- Dix ans ? répéta-t-elle épouvantée.

- Nous avons seulement parlé. Évidemment !

Il semblait tellement indigné qu'elle n'eut pas le moindre doute quant à l'innocence de cet entretien.

Il garda le silence un instant puis fronça les sourcils comme si sortir le chat du sac n'était pas une mince affaire.

- Tu as été ... Tu as touché … quelque chose, dit-il en cherchant ses mots.

Il soupira, inconfortable. En fait ce qu'il aurait voulu lui dire c'est que lors de toutes les autres séances il avait aimé Lily au travers elle mais que ce soir-là, le contraire s'était produit. C'était elle qu'il avait aimé à travers Lily. Il l'avait aimé parce qu'elle l'avait compris. Qu'elle l'avait envouté dans une complicité enchantée. Qu'il s'était senti lié à elle et que quand il aimait une fois c'était pour toujours.

Malheureusement, il était ce qu'il était ; c'est à dire bien en peine de formuler quoi que ce soit d'approchant.

- C'était … Un moment …

Severus savait bien que la seule façon pour qu'elle comprenne était de lui rendre la mémoire mais à ce moment il s'était montré tellement … vulnérable. Comment pourrait-elle le respecter après cela ? Si elle savait, cela anéantirait toutes ses chances alors inutile d'y penser.

Abandonnant la partie il releva la tête, altier.

- Je t'aime depuis ce soir-là, résuma-t-il.

Il la regardait fier, sincère, sans compromis. Un véritable parangon de virilité ténébreuse se jetant dans l'absolu de l'amour vrai.

Liz se dit qu'il fallait lui donner ça. Question approche, il n'avait pas le moindre talent. Zéro pointé. Mais en même temps, il en jetait sérieusement malgré tout. Sacré Don Juan tout de même.

- Écoute, tu comprends c'est …, comment dire … C'est un peu soudain.

Il hocha la tête, agacé.

- Je ne suis pas doué pour ce genre de choses.

- Je sais, dit-elle en souriant. Ça va. C'est juste que … Il faut que j'y réfléchisse. D'accord ?

- Ne me parle pas comme si j'étais un demeuré ! dit-il insulté.

- C'est pas ça ! Tu débarques sans avertir pour me balancer que tu m'aimes. Qu'est-ce que tu veux que je te dise !? Tu peux sûrement comprendre qu'il faut que j'y pense ! Non ?

Il serra les mâchoires. Sombre. Le visage fermé. Puis sans avertir, il se leva brusquement et sortit d'un pas vif sans même dire au revoir.

Liz se laissa retomber dans son fauteuil en fixant la porte d'un air incrédule. Non mais bon sang ! Elle se passa les mains sur la figure comme pour revenir à la réalité. Il était peut-être craquant mais bordel le caractère de merde !

Néanmoins, vilain caractère ou pas, si elle avait pu se souvenir de leur dernière séance, Severus n'aurait eu que peu d'efforts à faire pour la reconquérir. Elle aussi avait eu le coup de foudre ce soir-là. Malheureusement, elle ne s'en rappelait guère et en cette fin de journée, elle avait surtout l'impression de s'être retrouvée coincée au beau milieu d'un défilé de cinglés.

Igor le détraqué pédophile roi des hypocrites puis Iris la reine dépravée de cette saloperie de SAM et enfin Sev, qui lui avait balancé qu'il l'aimait comme s'il lançait un soulier à la tête d'un chien.

Puis soudain, peut-être en raison de cette impression surréaliste, il lui apparut à la manière d'un casse-tête qui se mettrait en place, une idée insensée.

Lentement, elle se redressa dans son fauteuil. Aurait-elle jamais l'audace d'aller jusque-là …

Elle réfléchit un long moment puis elle hocha imperceptiblement la tête.

Si les gamins restaient sur la rue elle ne pourrait pas le supporter alors oui. Elle irait jusque-là et advienne que pourra.


Ainsi s'achève la première partie de cette petite conclusion-maison. J'espère que cela vous aura semblé plus satisfaisant que de ne rien faire du tout et je vous reviens dans maximum une semaine avec la seconde et dernière partie. Elle est complètement écrite mais il manque un tout petit brin de peaufinage. À tout de suite !